Kirke
Voilà une semaine que le blond était revenu parmi les vivants. Oh non pas qu'une résurrection soudaine était apparue dans la vie de ce jeune Duc, juste que pour lui les moines étaient bel et bien des morts ou mourants, comme il aimait se le dire dans sa chambré tard le soir dans le noir. Sacré moine... Une seule utilité : la confection de la bière !
Il fallait bien une semaine pour se remettre complètement dans le bain de la direction d'un Duché, alors se remettre à diriger l'Anjou devait surement être plus difficile.
La bière du soir, le moment incontournable dans la vie du blond. Moment de tranquillité, ou rien ni personne ne peut vous embêter : c'était sans compter sur une tête blonde en manque d'activité. Il était totalement faux d'affirmer que le Duc d'Anjou passait ses journées en taverne ! A défaut d'être gouverné par un blond, les angevins n'étaient pas dirigés par un poch'tron !
Le moment fatidique ne pouvait éviter de se passer Chez Jacky la main froide, taverne emblématique ayant traversée les âges et les générations, les conflits annuels se déroulant en Anjou... Et il faut avouer que c'est le passage obligé Penthiévriquement parlant.
Ce jour là, et comme à son habitude, après une nuit passée au château à dormir écrasé sur les parchemins ducaux -faute de courage pour rejoindre son lit placé à l'opposé du domaine- il rejoignit le taverne en question pour prendre comme à son habitude sa chopine de bière quotidienne, se mettant ainsi d'attaque pour affronter les rudes épreuves de la soirée (c'est comme le nutella mais c'est le soir, et la bière à l'état liquide ça ne se met pas sur les tartines !). Mais depuis une semaine, une petite bretonne, au passage charmante et aux formes plus que généreuses, venait troubler le calme pesant de l'ancienne prison. Abordant des sujets sans queues ni têtes comme le Duc se plaisait à aborder, tel que la vie sexuelle des fourmis d'Afrique australe mais aussi les impacts géopolitiques de la prolifération des endivophobes dans le monde très kitch des bulots de marée. Et là tout de suite, le monde qui les entourent deviennent plus facile à aborder en débattant sur ces sujets très prenants.
Cela ne dure jamais bien longtemps, puisque BeuBeu -et non pas Boris- et Maï redonnait la tranquillité à l'environnement, même que l'ange, qui passait souvent voir si ce satané de chiffré avait envie de crever une fois de plus pour le recatapulter sur terre, lui aussi appréciait le calme. Il n'était pas très beau en soit : d'une blancheur à en faire pâlir les tomates, drapé de soie de haut en bas. Pour l'Angevin, un ange était un homme fier, beau, n'étant pas toujours du côté de la Justice certes mais cela donnait une allure bien plus cool, et non pas ce semblant de vent qui passait de temps à autre. Vous l'aurez compris, il prend sa propre personne comme un ange -pour les "vantard" et "péteux" et autres merci de faire des dons à sa fondation pour se soigner-.
- Je m'ennuie ta grâce.
et j'ai envie de crêpes au caramel salée...
Petite réflexion... Qu'était-ce une crêpe ?
- Mmh, comment qu'on fait ça ? Ca se boit ? Encore une invention des bretons ?
Pas gagné c't'histoire.
Le couronné était bel et bien tavernier, mais cuisinier était pour lui un tout autre métier.
Kirke
Le Blond était certes breton de par sa mère, mais rien de plus ! Il se revendiquait avant tout angevin, et c'était tout à fait légitime, puisqu'on dit que la nationalité du père primait souvent. Alors quand on lui parle de Demat de Kenavo de crêpes et de mots tous plus imprononçables que les autres, bah lui il n'y comprenait rien.
Il en avait entendu parler de loin, disant qu'on mangeait ça avec le l'alcool de pomme, incomparable aux traditionnels tords boyaux angevins.
Tu n'a jamais mangé de crêpes ? Jamais... Jamais ?! Mais les crêpes c'est... c'est la Bretagne !!
La base de notre alimentation, l'essence même de notre culture. Les crêpes, c'est la vie.
Et au passage c'est nettement meilleure que ces saloperies de macaron que tout le monde gobe en ce moment.
Les crêpes c'est se qu'il y a de meilleur au monde !!! Les crêpes c'est orgasmique !!!
- Hey oh oh on va changer de ton tout de suite hein ! La vie, c'est les bulots et nos alcools angevins !
Défense, tout ce qu'il y a de plus patriote ! Tout angevin est patriote, c'est le BAba. Patriote et têtu, cette dernière chose n'étant pas réservée aux bretons !
- Et franchement de là à dire que c'est orgasmique, c'est un peu osé quand même !
Pourquoi il était venu en taverne lui aujourd'hui ? Le sentiment de jamais s'en sortir lui traversa très vite l'esprit. La cuisine ne le passionnait pas particulièrement. La barbe de trois jours commençait déjà à construire dans sa tête le plan d'évasion : fenêtre sur la rue ou sur la Loire ? La rue est plus simple d'accès mais moins concernant la discrétion. La Loire mouille comme tout fleuve et en plus il ne fait pas beau. Plan annulé, subit mais sourit mon beau !
Il nous faut une cuisine Kirke !! C'est primordiale...
Je peux pas te laissez vivre sans crêpes, je vais t'apprendre et te faire gouter!
Hum, cuisine du château, évasion lors du transfert du détenu ?
Et ne vide pas ton verre on va en avoir besoin !
- La bière ne mérite pas d'être diluée à quelconque autres ingrédients !
Parlé trop vite, on va renforcer sa surveillance, erreur de débutant, c'est honteux !
- Bon bon... Mais c'est bien pour ton joli sourire.
Kirke
Un Penthièvre n'est ni fou, ni brutal : c'est un Penthièvre. Il répond à un caractère très spécial que nous pouvons assimiler à de la folie ou de la brutalité.
C'était une remontée banale vers le château et ses cuisines. Seulement à chaque coin de rue il regardait si l'environnement était praticable pour l'évasion parfaite, à chaque coin de rue le bilan était le même : le bras enchainé à un autre, il ne pouvait prendre la poudre d'escampette. Il dévorait les pavés qu'il connaissait tant, avec un certain rythme qu'il avait eu l'habitude de prendre, les affaires souvent urgentes du Duché le contraignant à marcher vite. Et il sentait bien que cette promenade assez rapide travaillait la Bretonneuse, c'est pour cela qu'il ralentit alors que la pluie était toujours présente. Petit regard en hauteur, les grilles et la lourde porte pointaient le bout de leurs nez, dominantes sur une ville qui représentait beaucoup pour nombre d'angevins.
Des pièces, des couloirs, comme dans un château, une résidence ducale quoi. Toujours en train de marcher, la pluie en moins, le Duc conduit la belle blonde aux cuisines, lieux qu'il ne foulait pour ainsi dire jamais, puisque ce n'était pas lui qui faisait la cuisine, lui, il la dégustait. Alors quand on lui tendit un tablier devant les fourneaux, tablier qu'il portait uniquement Chez Jacquouille, le surpris se manifesta par un haussement du sourcil droit.
Je ne sais pas pour toi... Mais moi, vu le prix de mes robes, je ne tiens pas à les salir.
- Hum, parce que les prêces sont salissantes ?
Vous remarquerez les difficultés à la mémorisation d'un nouveau mot. Il regarde faire la belle blonde : la chose était rare de la voir s'affairer aux cuisines, métier écarté pour tout gens de la noblesse. Lui pendant ce temps, il observait un peu l'environnement qui l'entourait, étude topographique des lieux. Des ingrédients, des bizarres de grigris souvent appelés ustensiles de cuisine. Bref échange de regards entre les deux blonds et un sourire bref fend la jeune barbe ducale.
Bon... Sa grâce est elle prête a apprendre l'art millénaire de la pâte à crêpes?
- Euh, prête je ne sais pas, mais nous allons essayer oui...
Affaire à suivre.
Kirke
- Hum, parce que les prêces sont salissantes ?
Des crêpes, ta grâce, des crêpes...
- Euh ouai ouai, des crêpes...
Le but va être de tout mélanger la dedans...
- Bah c'est parti alors !
Le blond met tous les ingrédients dans le saladier et bat le tout ensemble. Première fois qu'il faisait de la cuisine. Pas pour ça qu'il était né avec des bottes en or et de l'argent dans la bouche. Lui on l'avait éduqué loin de ses parents, parmi les vignobles Bordelais. L'appel de l'aventure l'avait fait quitter l'environnement familial pour finalement revenir en Anjou quelques années plus tard.
Sans les coquilles, mar plij. Les crêpes ça ne croustille pas !
Hum, trop tard, les coquilles étaient déjà broyées par le fouettement énergique du Duc. Il ne dit rien et continua, plus habitué à manier le fer que les ustensiles de cuisine. D'ailleurs il se demanda pourquoi il avait accepté de faire de la cuisine ? Quel était ce sentiment qui faisait qu'il acceptait tout ?
Que de questions qui l'empêcha de voir qu'il se faisait poudrer comme une demoiselle. Il ne s'en rendit compte en faite que quand il en avait dans les yeux, lui brûlant les azurs et le faisant pester :
- C'est quoi c't'invention comme quoi la farine ça pique les yeux !
Le temps d'enlever la farine, il se frotte le visage pour enlever la couche de farine.
Coquilles dans la pâte contre enfariné, 1-1, bal au centre !
Attaque transversale du Duc : bah oui, fallait assurer les arrières, dommage que la farine soit abondante !
Kirke
Et oui, jamais ne sous estimer le Duc. Rancunier, la vengeance n'est que simple formalité qu'il s'empresse à chaque fois de régler. La guerre de poudre était finie, tout le monde comptait ses pertes : le blond, quant à lui, se tapait partout pour secouer ses vêtements. Il lui fallu bien quelques minutes alors que la Bretonneuse elle filtrait la pâte. Un brin de culpabilité fit surface alors que la belle blonde se doutait de la supercherie. Le blond, depuis qu'il était petit, était toujours coupable.
A trois ans, il mettait déjà du sel dans les cheveux à ses cousins.
A trois et demi il optait pour une manière plus efficace : la poignée.
A cinq ans, lorsqu'il changeait de dents, il traumatisait les limaces avec le feu.
A six déjà si beau il courrait les filles de son âge en taverne.
A six ans et un jour, premier coma éthylique après avoir ingurgité du cabernet dans la cave d'une taverne.
A sept il visite les geôles, c'est bien, c'est la classe, lui aussi il sait faire !
A huit ans il deale de l'herbe marocaine avec Ben Arsala
A neuf ans il est déclaré félon à la couronne de sa maison pour avoir proclamé l'indépendance de la cabane au fond du jardin, construite par ailleurs avec Francis.
A onze ans et demi il réunit ses économies et prend la poudre d'escampette, c'est aussi à cette âge qu'il visite sa première mairie, passionné d'architecture mais aussi des souvenirs que l'on peut prendre à la fin
A partir de douze ans jusqu'à seize, c'est un rebeu ! Il organise des caillassages pendant la fronde et brûle une benne à ordure !
A dix-sept ans, il se paye sa première catin et son dépucellement aussi...
A dix-huit ans, il met son éducation par les armes au profit du camping en rase campagne : 300 écus en 2 tentatives, la classe non ?
A dix-neuf il vogue sur le Royaume : toujours coupable, puisqu'il se fait poutrer 3 fois consécutives, avec un intervalle ne dépassant pas 15 jours...
A vingt ans, l'heure est de partir vers l'Anjou : il est rendu coupable d'être reconnu Duc !
Vous le verrez, dès son plus jeune âge et déjà coupable ! Alors pour faire l'innocent il n'a pas le choix, obligé de faire le coupable ! Aussi coupable que ce couillon de Romu ai porté la main sur la Bretonnisante ? Ah cette fois si non ! Le Romu en question serait de toute façon chasser bien loin, peut-être jusqu'à la mort (faut bien dire ça sinon y'a pas de suspens !). Petite pause curiosité, quelques ingrédients dégustés en cachette et une poêle sur le feu prête à l'emploi !
Quelle était cette folie à prendre 2h dans une journée pour cela, alors que la guerre était aux portes de son territoire ?
- Hum, ce retourné est simple, juste une question d'adresse.
Il saisit le manche, souvent agile avec ce genre de spécimen. Il retourne la crêpe dans un mouvement machinal : et oui, les gênes ont cette fois ci parlés...
- Il est simple de lancé un défi à quelqu'un... Seulement je voudrais bien te voir à l'uvre toi aussi, ta grandeur !
Il versa à son tour une louché puis donna le manche à la Kermorial.
- A vous de jouer !
Kirke
Le Duc regardait la scène se dérouler avec un grand intérêt. Il faut dire qu'un tel spectacle n'égayait point les longues journées au château, et que ce moment, certes assez restreint, restait un moment de détente pur. Son habituel temps libre, il restait à bosser ses techniques, ou à observer les berges de la Loire, fleuve lent et majestueux.
Mais ces nombreuses pensées furent interrompues par un bruit visqueux sur le plafond de la cuisine. La crêpe s'était écrasée sur le plafond avant de retomber lourdement sur le sol. La scène, le Duc il ne la loupa pas. Et le rire moqueur manqua de peu de surgir parmi la conversation.
Mais rien. Non, sachant que la jolie blonde était forte susceptible, et l'humilier dans son sport national étant fort suffisant, il ne sombra pas dans le rire, bien que le sourire soit présent :
- Je vois que t'as un peu de mal... Tu manques d'entraînement.
Il sert de nouveau une louché puis redonne le manche à la Bretonneuse, tout en poursuivant :
- Il faut être souple dans le mouvement de poignet.
Le blond repensa à ce qu'elle lui avait dit avant, puis se permit de rajouter :
- Par contre, si tu rates de nouveau, alors oui tu as vraiment de la malchance.
Faire des crêpes est une chose, mais où est donc le meilleur moment de la dégustation ? Comment cela se mangeait d'ailleurs. L'heure courait, bientôt le moment sera venu de reprendre le chemin des bureaux, le soucis de la guerre, une chasse à l'homme à planifier, un fin de mandat aussi. Pourquoi avait-il décider de devenir Duc, un matin de juin ? Incertitude... Surement marcher sur les pas de ses aïeux, une brève recherche de fierté à travers cette fonction. Non, pour devenir Duc, il fallait tout simplement être fou.
Au moment propice, la crêpe s'élança dans les airs, légère et pure... Flottant dans l'atmosphère, la comparaison ne se fit pas attendre dans la pensée du Penthièvre, lui rappelant les bateaux fluviaux traversant le port de Saumur. Mais comment allait-elle arriver ?
Kirke
Les crêpes s'enchainaient aux fourneaux, bientôt le plat gagnait en assurance et en vivres.
Et là, le moment le plus intéressant, le moment que le Duc préférait le plus, et pour cause, aimant les bonnes choses. Il avait d'ailleurs la chance de pouvoir déguster différents mets sans cuisiner, le bonheur de la vie de château était grand surtout sur ce point là. Alors qu'il allait s'assoir pour commencer le bref goûter, la belle blonde prit la parole :
On va pouvoir déguster...
Aurais-tu du miel, du sucre, du beurre salé, des fruits ou de la confiture ?
Il se se balade et ouvre tous les placards, il doit bien y avoir ces choses là quelque part.
Quelques minutes plus tard, il revient quelques pots dans les mains : il avait prit ce qu'il avait trouvé.
En lui même, il ne comprenait pas vraiment pourquoi couvrir le goût de la crêpe nature, serait-ce juste parce que la crêpe en elle même ne soit pas assez bonne ou noble pour qu'elle soit nue ?
Alors, il pose le tout sur la table et les ouvre un à un. Puis, s'adressant à Marie :
- Vous êtes servie !
Il attaque sa première crêpe, la surprise était de mise, première fois qu'il mange cela, c'est ce qu'il cru.
Oui, mais non...
Ce goût si spécial de la crêpe semblait cependant lui rappeler des souvenirs, comme si cette irruption de froment dans sa vie n'était pas la première.
Peut-être dans la lointaine Guyenne, berceau du blond, loin des remous bretonnisants et de l'éducation tordues Penthièvre. Oui, l'éducation Penthièvrique, il l'avait apprise sur le fil.
Encore une, puis une autre, le plat réduit à vue d'il. Hey oui, cuisiner ça creuse !
Voilà déjà deux heures qu'ils s'étaient affairés à cette tâche, et l'heure était maintenant de rejoindre ses quartiers.
Pour le Duc, au programme, gérer un conseil restreint et suivre la guerre qui faisait rage, mais aussi prendre du bon temps, en taverne, réservé pour le soir.
Le blond se lève, puis lance :
- Bien, il est venu le moment pour moi de rejoindre les bureaux. J'espère que nous aurons l'occasion de réitérer ce genre de moments...