--Espineux
C'est ainsi que les chroniqueurs retiendraient le début du règne de Natale, Vème Coms de Toulouse par la grâce des urnes. En témoigneraient pour la postérité dames et damoiseaux, gueux et nobliauds. Tous, du serf au seigneur, attendaient que le Coms se présente à son peuple afin d'être acclamé comme il se doit par la foule en liesse.
Hélas, la populace, tant chantée pendant les élections, ne pouvait satisfaire ce souhait légitime. Le Coms Natale restait caché. D'aucuns commençaient à murmurer qu'il avait la face pleine de pustules et ne voulait imposer à personne l'inconfort de sa vision. D'autres disaient que tous les conseillers restaient cloitrés au conseil, faisant des incantations païennes pour ramener à la vie la défunte Galaelle, élue les deux pieds dans la tombe, et dont l'odeur putride commençait à donner la nauséeà tous les conseillers, qui se cachaient le nez dans des mouchoirs en soie parfumée.
Les chroniqueurs, prompts à rapporter ces maints détails croustillants qui font les bonnes chroniques, narrèrent à la postérité cette discussion en taverne
Bah dis tizotre, tu l'as donc vu toi, l'nouveau Comte ?
Dame non, pourtant j'étions venu avec du lait tourné pour lui jeter à la face. Du jour qu'il est élu, ma vache fait moins de lait. Avec l'autre d'avant, là, c'était pas mieux, yavait un rat qui avait empoisonné mon puits, j'ai vomi tripes et boyaux.
Ah oui, c'est qu'on est maudits dans ce Comté avec ceusses qui ont la couronne. Pourtant, l'Natale, et son vice, le Dheimet, ils avaient dit que ça allait changer. On devait être écoutés nous autres. Sinon comment que j'aurai voté pour eux, pardine.
Bah c'est que des parloteurs, tu vois tizotre, des boites à vent tout comme ceux avant eux. Doit bien y avoir quat'jours de passés que l'Comte il est élu, et il s'terre dans son chateau comme s'il avait peur. Maintenant qu'il a le fauteuil, on n'est plus rien.
Allez, aubergiste, sers moi un gorgeon, que c'est pas de causer icite qui fera changer les choses. Faut prendre les fourches, pis les faux, pis l'bouter d'son trône, l'dormeur.
Évitez d'utiliser le vert qui la couleur de la censure. Merci. - Gellone