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[RP] La parole est d'argent mais le silence est d'or

--Espineux


En ce dix-huitième jour du règne de Natale-le-Muet, courtisans et conseillers décidèrent d'imiter leur maitre, et entrèrent dans un mutisme total. Reposant silence venant du chateau n'était troublé que par le cri des gorets égorgés par le Bailli, des prisonniers torturés par le Prévot, et des écus tombant dans l'escarcelle du Juge.


Espineux, chroniqueur, flânant pour tuer le temps car il ne pouvait point relater en la chronique discours brillant ou valeureuses actions n'ayant point eu lieu, eut rumeur d'une esclandre publique tenue en l'estrade des criées par des opposants au Comte. N'eussent ils point été opposants, ils se seraient tus comme il se doit, et s'en seraient allés compter les gabarres lourdement chargées sur la Garonne, se demandant ce que le Comté pouvait bien vendre au voisin Guyennois.


En l'estrade des criées avait lieu fort divertissante joute verbale sur moults sujets économiques ayant trait à l'engorgement des marchés du Comté. Femme au nom de pierrerie appelait en vain et à grands cris invisibles autorités commerciales compétentes, se plaignant avoir mis tant de temps à vendre quelques quartiers de cochon que les vers s'y étaient logés, et qu'elle avait du les brader à un prix anormalement bas pour personne ne pactisant point avec le Sans-Nom. Poing fut levé en hurlant le nom de Gotetdeb, Commissaire au Commerce, qui laissait pourrir à dessein avec la complicité des maires les denrées sur les marchés du Comté. Prix étaient baissés par les plus pauvres, marchandise bradée était acquise par la mairie qui faisait gras bénéfices en revendant les fruits du labeur du peuple à de riches marchands de passage, ou au comté vorace.


Rumeur fut faite que les denrées restaient tant sur les marchés que le pain était rassis, le lait caillé, le poisson fort peu frais, la viande grouillante de vers, le blé envahi de charançon et ne donnant plus que 4 sacs pour un arpent de terre. Epidémies suivraient sous peu, et médecins en robe noire menés par le même Gotetdeb, feraient boire inefficaces et couteuses potions aux malades, avant qu'ils ne périssent des traitements infligés.


Rumeur fut faite que pareil complot était ourdi et soigneusement organisé par les autorités économiques, qui savaient qu'un peuple indigent et mal nourri n'a point force pour se rebeller contre l'oppresseur. Nécessité se faisant maintenant de trouver un bouc émissaire à défaut d'une solution à cette surproduction orchestrée, doigt accusateur fut pointé vers les Spinozistes, connus pour être la racine de bien des maux, la preuve en était la rudesse de l'hiver qui avait accompagné la présence de l'un des leurs au conseil, et les catastrophes innombrables qui entachaient le comté à chaque fois qu'un crédule les rejoignait, se détournant de la vraie foy. Rumeur fut faite que grand exorcisme serait organisé en les marchés du Comté afin de chasser vers et surproduction. Défilé serait mené par évêques suivi de prêtres, diacres, enfants de choeur et fidèles des bonnes villes afin que due prospérité revienne en Toulousain.
--Espineux


En ce dix-neuvième jour du règne de Natale-le-Muet, serviles allégeances commencèrent. Courtisans se pressèrent afin de montrer leur mérite par leur empressement, et obtenir ainsi supérieurs offices et moelleux fauteuils de la part du démagogique Comte. Babouches comtales furent embrassées, clameur populaire s'éleva et acclama les hardis. Dame se prétendant noble mais ne portant point blason, vint faire bénir son bâtard à naitre par le Comte Natale. Dérogeance était glorifiée en l'entourage proche du couronné.


Espineux, chroniqueur, entendit patois étrange parlé en auberge, et s'enquit comme il convient à homme qui veut relater faits et gestes dans toute leur exactitude. Ainsi donc patois étrange était parlé par un groupe de femmes, qui expliquèrent que c'était le parler Breton. L'une d'elle, portant haute coiffe en dentelle comme Espineux n'en avait jamais vu, se présenta comme ambassadrice de la Bretagne en Toulouse tandis que l'autre dame qui ne portait pas coiffe mais printanière couronne de fleurs représentait Toulouse en la Bretagne. Espineux, chroniqueur, prit moultes notes sur patisseries bretonnantes et confection de la dentelle, fit croquis maladroit de l'estrangère, et s'immisça fort indiscrètement en la conversation.


Fut ainsi connu que la dame portant coiffe étrange était venue rencontrer le Chancelier Alzarus, mais que ce dernier, trop occupé par hautes et royales affaires administratives n'avait point le temps de la recevoir. Le Chancelier et Secrétaire d'Etat n'entretenait pas moins de seize secrétaires particuliers et vingt-et un coursiers privés, qui ne faisaient que traiter la basse correspondance et affichages sans importance. Onze laquais en livrée lui ouvraient les portes, trois étaient préposés à son habillement, un majordome recevait les petits représentants des contrées lointaines en son nom. Lui même ne s'entretenait qu'avec les plus grands, et rumeur fut faite que depuis qu'il avait cru entrevoir le Roy de dos lors d'un passage au Louvre, il n'adressait plus la parole à ceux ayant rang inférieur à Roy ou Empereur et se voyait réduit à parler seul devant un miroir pour avoir compagnie digne de son rang.

Affaires diplomatiques étaient conduites en ses appartements privés, communications et nominations affichées sur la porte des latrines par le majordome, qui omettait adroitement et contre pourboire d'en d'afficher certaines en place publique. Le bon peuple toulousain n'avait point besoin de savoir que nouveau Vice-Chancelier avait été nommé.


"Savoir pour prévoir, afin de pouvoir", telle était la devise de la Chancellerie, devise dont le corollaire était "tenons le peuple dans l'ignorance, et nous le manipulerons à volonté". Guerres pouvaient être ourdies dans l'ombre, alliances secrètes scellées, épouvantails de fausses menaces agités, l'opaque Chancellerie transformait amis en ennemis sans que nul n'y voie goutte et jetait en pâture aux Toulousains pour faire bonne mesure quelques traités insipides et incompréhensibles dont la lecture provoquait endormissement immédiat.
--Espineux


En ce vingtième jour du règne de Natale-le-Muet, grand festoyement eu lieu en le château pour fêter le tiers du mandat du cinsuième Comte de Toulouse. Bilan fut fort plaisant, le Comté était prestigieux et rayonnant par delà les frontières du monde connu, le Juge acquittait les accusés avec grande mansuétude, impots étaient inchangés, bonnes villes étaient toujours toulousaines, charges diverses étaient remplies à l’identique par les mêmes personnes, clés du château avaient été négligemment perdues par le Comte puis retrouvées. Mauvaises langues auraient crié au statu-quo et à l’immobilisme. Que nenni, le bon Natale, ayant miraculeusement retrouvé sa voix après moults breuvages médicinaux préparés par le mestre herboriste Eric de Mrk, criait à qui voulait l’entendre que ce non-changement était fruit de son travail acharné, lui qui transpirait sur le trône à tel point qu’un page avait été spécialement engagé pour lui essuyer le front lors de ses longues séances de pensée et un qu’un autre noir comme du charbon agitait exotique éventail en plumes d’autruches afin que sa Grandeur ne suffocat point.


Espineux, chroniqueur, délaissant momentanément la monotonie des hommages et génuflexions qui donnaient au Comte Natale-le-Muet ce sourire béat de se croire adulé de tous, fut interpellé par un officier de la douane. Ce vénal fonctionnaire monnaya fort intrigante information, exigeant l’anonymat afin de ne point finir au gibet. Espineux, chroniqueur, recueillit son témoignage pour la complétude de la chronique.


Esclandre avait eu lieu la veille en l’estrade des criées, opposant la comtesse de fer Russocarine au Bon Comte Natale-le-Muet. Propos fort virulents avaient été échangés au sujet du Capitaine Dheimet-le-Petit, ayant pour prétexte dont nul n’était dupe une erreur d’écriture d’un apprenti copiste, alors que grief semblait se situer en un événement connu des seuls militaires.


Il fut dit que de rage, sitôt rentrée chez elle, la comtesse de fer avait mis en vente sa propriété de Foix, et avait quitté le Comté pour repartir en ses terres du Languedoc. Le petit douanier avait noté l’affaire, et comptait en tirer substantielle rente pour ses vieux jours.


L’événement avait été fêté avec bombance par le Comte et ses courtisans. Le Bailli Carmeli avait fait occire un veau gras pour la circonstance, le Commissaire au Commerce Gotetdeb avait fait porter au château six charrettes de vin clairet. Troubadours avaient été mandés, chants et danses avaient duré toute la nuit. Deuil comtal avait bien vite été oublié, pareille occasion devait être prestement saisie.
--Espineux


En ce vingt-et-unième jour du règne de Natale-le-Muet, défilé silencieux pour baiser le bas du manteau du Comte se poursuivit. Cohue ne fut point maîtrisée par les hommes en arme, et groupe de lépreux, bossus et boiteux vint quémander guérison par imposition des mains. Le Comte appela prestement un page pour chasser l'odeur pestilentielle, et se cacha la face sous un mouchoir imbibé d'eau de violette. Du bout des doigts, grimaçant de dégoût, il s'adonna au pénible toucher des écrouelles, maudissant la blonde Sénéchal de son incapacité à lui avoir évité pareil désagrément.


Espineux, chroniqueur, cherchant croquante et croustillante information digne de relever la platitude quotidienne d'un règne somme toute assez morne, vit abondant passage devant une échoppe se disant herboristerie. Enquête lui apprit que la boutique était quartier général de la Guilde des Herboristes, présidée par Eric de Mrk, qu'il enrôlait disciples en la connaissance des herbes et que le commerce était fort florissant.

Espineux, chroniqueur, attrapa par le collet un marmot qui partait livrer un paquet, et contre un plat fumant l'entendit en confession.


Fut ainsi révélé à la chronique existence en l'herboristerie d'une arrière boutique vendant poisons divers et variés. Préparatrice ridée et expérimentée préparait mixtures fort efficaces, et fort couteuses. Charognes étaient hachées menu, herbes sauvages soigneusement choisies étaient bouillies et filtrées, pierres d'arsenic et de plomb étaient broyées. Ingrédients étaient savamment dosé, et effets variés étaient obtenus.

Fut ainsi révélé que certaine dame Maïryan avait acheté préparation pour faire périr dénommé Mandragone en d'atroces douleurs. L'homme se tiendrait le ventre et hurlerait jour et nuit avant de périr.

Fut ainsi révélé que le recteur Mestre Erig avait acheté préparation discrète et efficace afin d'éliminer le remuant Oeildelynx qui ne cessait de se plaindre de la gestion de l'université. Adéquate préparation de colchique et d'if, s'il réussissait à trouver subterfuge pour lui faire avaler, le verrait tomber foudroyé.

Fut ainsi révélé que messer Hulki avait acheté charognes puantes afin d'incommoder une équipe de soule adverse. Affaiblis, ils n'avaient opposé que symbolique résistance.

Fut ainsi révélé que le prévot Mylène faisait régulièrement emplètes afin d'éliminer prisonniers encombrants et éviter de gaspiller brouet de pain sec à nourrir le gibier de potence.


Espineux, chroniqueur, se réjouit de voir que le petit commerce florissait, que chacun était plein d'attentions délicates pour son voisin, et que les croques-morts et fossoyeurs ne manqueraient pas de travail pour le mois à venir. Réputation de la Guilde des Empoisonneurs contribuerait au rayonnement de Toulouse, caravanes de marchands viendraient des confins de l'Europe échanger le yaourt de Bulgarie et le saumon d'Ecosse contre les poisons toulousains. Mestre Eric de Mrk serait décoré de l'ordre de la violette toulousaine pour services rendus, et son portrait serait affiché dans toutes les écoles afin d'être perpétuel exemple aux jeunes apprenants.
--Espineux


En ce vingt-deuxième jour du règne de Natale-le-Muet, foule ébahie vint se prosterner aux pieds du Comte, qui venait d'accrocher une quatrième étoile à l'étendard toulousain. Coût de la chose était tenu en grand secret, mais rumeur courrait en le chateau que le Bailli Carmeli dormait enchainée aux coffres pour ne plus qu'ils soient vidés, et que le Commissaire au Commerce Gotetdeb avait payé de ses propres deniers six chiens de gardes dressés à tuer quiconque approcherait des entrepôts dont il avait la garde. Le Comte paradait. Les finances du comté déclinaient. Le peuple devrait se serrer la ceinture, et compenser par impôt grandioses dépenses à l'utilité fort douteuse.


Espineux, chroniqueur, vint à se demander quelle raison pouvait bien pousser Comte juste, bon et avisé en toutes choses comme Natale-le-Muet à dilapider ainsi le trésor dont il avait la garde. Hypothèse retenue fut celle d'une guerre imminente, où la valeureuse armée toulousaine combattrait plus vite, plus fort, et mieux que ses ennemis.


Espineux, chroniqueur, avait reçu la veille missive d'un lointain cousin demeurant en Gascogne. Celui-ci racontait comment le duché était au bord de la guerre civile, comment le duc avait dissout l'Ost, comment l'université avait été fermée afin qu'étudiants jetassent leurs livres et s'enrolassent en masse dans l'armée, comment les brigands tenaient déjà la bonne ville de Labrit, comment une armée franche semait la terreur de ville en ville.


La Gascogne n'était plus le sémillant duché qui était allé essuyer ses bottes sous les remparts de Bordeaux. Affaiblie de l'intérieur, minée par les pires conflits, elle n'était plus que l'ombre d'elle même et devenait une proie de choix pour tous les affamés de pouvoir.


Nulle information publique sur la situation n'était parvenue en Toulouse. Le Comte Natale-le-Muet et le Chancellier Alzarus avaient veillé à ce que rien ne soit dévoilé. La Connétable Cricriultras fouillait tous les voyageurs en provenance de Gascogne, et détruisait les courriers compromettants. Armées se montaient en secret hors des bonnes villes. Alliance avait été conclue en le plus grand secret entre le Comte de Toulouse et son homologue d'Armagnac-et-Comminges. Rencontres avaient eu lieu la nuit, sur la frontière. Pacte avait été scellé par l'empreinte du pouce de chacun d'eux trempée dans son propre sang. Toulouse et l'Armagnac-et-Comminges uniraient leurs forces, et s'empareraient de la Gascogne, semblables au loup qui s'attaque au mouton le plus faible du troupeau. Terres gasconnes reviendraient à l'Armagnac qui cèderait en échange à Toulouse les bonnes villes de Saint-Liziers et de Muret.
--Espineux


En ce vingt-troisième jour du règne de Natale-le-Muet, peuple en larmes pleura l'étoile du prestige disparue aussi vite qu'elle était apparue. Rumeurs disaient que cette déchéance était due au désaveu des actes du Comte par ses sujets, autres rumeurs disaient que biens et or gaspillés en vains festoyements n'avaient point été présentés au Roy, mais détournés en route. Haut prestige n'aurait été que feu de paille, sursaut d'orgueil, vanité des puissants sur le dos des paysans déjà accablés par l'impot.


Espineux, chroniqueur, battait le pavé le jour, et lisait et relisait chaque soir à la maigre lueur d'une chandelle le bilan de ce premier quart de mandat. Hélas, malgré ses efforts, il peinait fort à y trouver quelconque information. Platitudes, génuflexions, généralités se succédaient. Personne n'ayant rien à dire, subterfuge ingénieux fut trouvé. Courte-paille fut tirée. Echut au Juge Katou la dure tâche de mentir au peuple, chose dont elle s'aquita à merveille.


Espineux, chroniqueur, à force de relectures, avait trouvé évènement notable. Vérifications furent faites au greffe du tribunal, ainsi qu'en la bibliothèque du Comté, puis en le Grand Registre des annonces comtales, paraphé de moult noms désormais célèbres et sceaux comtaux. Registres de loi furent compulsés, annotés, vérifiés trois fois encore. Fut finalement noté l'existence d'un article de loi dénommé "Art. 233-5 – Du paiement de l’amende", le-dit article exposant possibilités avantageuses pour le condamné de voir sa peine réduite, tant en payement d'écus d'ors sonnants qu'en travaux forcés, chaines aux pieds, comme il convient à vile engeance méprisant les loys. Furent comparés le-dit article et le rapport du Juge Katou, conclusion fut tirée que le bon Juge fabulait, inventant pour le peuple ignare débat fictif sur mesure déjà existante.


Fut également notée subtile allusion du Commissaire au Commerce Gotetdeb à pénurie de pain et de fer. Causes ne furent point détaillées, mais rumeur fut faite que le Commissaire au Commerce visitait régulièrement les locaux de la Guilde des Empoisonneurs, et faisait préparer mixture afin d'occire tous les rongeurs du chateau. Fut également dit que le Commissaire aux Mines Antinaelle avait employé pendant cinq jours pleins les carriers de Castres afin de détourner rivière souterraine ayant gâté les réserves de fer.


Fut notée mention par le Bon Comte Natale-le-Muet de fortes sommes versées aux démunis, lesquels démunis ne savaient point de quoi il traitait, car ni annonce ni ouverture de bureau à eux dédié n'était venu soutenir si belles, généreuses et nobles paroles. Ainsi donc, écus étaient dépensés en choses peu avouables, filles de joies, banquets, tenues extravagantes pendant quand tout autre discours était tenu au bon peuple toulousain.


Espineux, chroniqueur, ayant constaté de ses yeux manque flagrant d'information véridique en lequel le Comte Natale-le-Muet tenait le peuple toulousain, fit serment par devant Aristote de faire son maigre possible pour donner une once de vérité en ce Comté rongé par le mensonge.
--Espineux


En ces vingt-quatrième et vingt-cinquième jours du règne de Natale-le-Muet, moults hautes et nobles personnes vinrent rendre hommage au Comte. Foule put enfin voir de ses yeux les puissants du comté, maires, conseillers et nobles, évènement fort rare qui ne se produisait que toutes les deux conjonctions lunaires. Pucelles s'esbaubirent sur les toilettes, jouvenceaux maigrelets sur les armes des fiers soldats.


Espineux, chroniqueur, nota pour la postérité défilé fort pittoresque et exclusivement féminin, fut exception du Bourgmestre de Castelnaudary attiré par le froufrou des jupons. Longues robes, traines, colliers et parures, rien n'était trop beau pour ravir l'oeil du Comte Natale-le-Muet, homme célibataire pour des raisons que la morale ne permet pas de faire paraitre en la chronique. Tissus damassés, brocarts, velours, toute la richesse du Comté s'étalait en vestures. Ne furentt point vu dans la foule des prosternants le Commissaire au Commerce Gotetdeb ou le Capitaine Dheimet-le-Petit, ou le Procureur Leyoun, tous affairés à se faire confectionner majestueuses tenues pour impressionner les jouvencelles attroupées.


Touche de modestie fut apportée par la présence de la veuve Lautrec, toute de noir vêtue, portant voilette, que le Comte s'empressa d'embrasser en public à peine eut-elle juré paroles en latin et offert bourse pleine d'écus sonnants. Public baiser fut agrémenté d'un anneau offert, et cris ébahis furent entendus parmi les incultes croyant être à un mariage sans prêtre de la noble Eglise Aristotélicienne.


Rumeur parcourut la foule, expliquant que telle était la coutume entre nobles au sang bleu, certains plus avertis cherchaient des yeux le Héraut, mais nul ne parvenait à le trouver. Il se dit alors qu'embrassade serait répétée au grand plaisir de tous si héraut venait à paraitre.


Jouvencelle fort bien mise, et suivie de pas moins de treize pages et dames de cour s'avança, l'air hautain envers tous, arrogant sourire aux lèvres. Nulle génuflexion, nul serment, alors que rumeur parcourait la foule que l'héritière de Castelmaure était revenue en terres paternelles et rendait fou tous les gens du domaine. Hommes de tous âges ne pouvaient retirer leurs yeux de la jeune prétentieuse. Jeunots se donnaient des coups de coude en pariant qui oserait l'approcher.


Toulouse vivait dans le faste apparent. Cérémonie ostentatoire était le seul endroit où le Comte Natale-le-Muet daignait honorer le peuple de sa silencieuse présence. Défilé, froufous, banquet, jongleurs, tant que le bon peuple était distrait, il ne pensait point aux affaires du comté, ne posait point de questions embarassantes, oubliait même pourquoi il avait voté un mois auparavant.
--Espineux


En ce vingt-sixième jour du règne de Natale-le-Muet, rien ne se passa en le Comté, phénomène qui était à dire vrai fort ordinaire. Peuple fut heureux de voir que nouvel impot n'était point levé, se réjouissant d'avoir si grand financier à la tête du Comté. Le Bailli Carmeli, avec l'aide des mages venus d'orient, avait découvert le moyen de construire fontaines mirifiques d'où jaillissaient des écus par milliers. Telles fontaines avaient été construites dans la grande cour du chateau, et le Comte y prenait son bain chaque jour, se vautrant dans l'or, les diamants et les rubis pendant de longues heures, pendant que les gueux suaient sang et eau à la mine.


Espineux, chroniqueur, profita de la douceur de vivre ambiante, et musarda toute la journée, taquinant le goujon, chassant les papillons, écoutant des trouvères en taverne.Bonheur ruisselait de toutes parts en ce comté resplandissant de prestige et croulant sous les richesses. Grace à l'effiicace gestion du Comte Natale-le-Muet, augmentation des salaires miniers suivrait prochainement l'abolition des impots. Puis viendrait la gratuité du bétail pour tous les éleveurs, puis la poule-au-pot offerte en taverne tous les jeudi, puis chacun aurait droit de chômer le dimanche et recevrait cependant salaire comme s'il eut réellement travaillé.

Temps béni serait sur Toulouse, gloire éternelle serait rendue à Natale-le-Muet.


Amis Joueurs, Espineux est un PNJ. Personnage Non Joueur. Espineux est un personnage à part entière, et distinct du personnage IG que le joueur nourrit tous les jours.
Soyez cléments et magnanimes, ne confondez point les marionnettes entre elles, ni le marionnettiste avec les marionnettes.
--Espineux


Le vingt-septième jour du règne de Natale-le-Muet, néant apathique étendit son emprise sur le Comté. Le Bon Comte, ses fidèles conseillers, ses amis, ses courtisans, ses vils opposants et le bon peuple, tous furent changés en statue pour une durée d'une journée entière. Les gorets et les poulets errèrent en liberté dans les rues, ravagèrent les récoltes, arrachèrent le linge qui séchait et semèrent la désolation.

Le vingt-huitième jour du règne de Natale-le-Muet, Espineux, chroniqueur, s'étira longuement, trempa son pain sec dans son bol de soupe froide, vit la désolation ambiante et se rendit en ville. Désespoir s'était emparé du peuple toulousain. Impot Comtal avait été annoncé, et point de générosité ou de prodigalité envers le peuple. Le Comte Natale-le-Muet menait grand train, faisait venir tenues de brocard de la capitale, organisait journalièrement festins de pas moins de douze plats accompagnés de vins fins, chaque soir bal était donné au chateau avec jongleries, violonneux, danseuses orientales portant vestures transparentes, mauricauds cracheurs de feu, veaux à deux têtes et singes savants.

Tout cela était fort couteux, les érudits qui étaient embauchés par le bailli et passaient journée entière à tenir les livres de comptes en parlaient à voix basse. Les coffres du Comté se vidaient. Le Bailli Carmeli avait obtenu du Prévot Mylène que les maréchaux dévolus à la garde des villes soient plutôt affectés à la garde du trésor Comtal. Le maire de Toulouse avait été le premier à s'en plaindre, invectivant les passants en place publique sur la désertion des ressources Comtales précédemment attribuées à sa bonne ville.

Impot fut donc augmenté d'un écu entier pour chaque échoppe et pour chaque champ. Personne ne pipa mot. Espineux, chroniqueur, établit que cela était du à l'usage particulier de certaines herbes, qui mélangées à la bière que le Comté livrait aux tavernes, lessivait la cervelle aussi certainement que le jour suit la nuit. En ce vingt-huitième jour du règne de Natale-le-Muet, nulle fourche, nulle faux ne fut brandie en protestation face à l'impot. Le peuple se saignait pour des festoiements dont il ne profitait pas, et il en était heureux.
--Espineux


En ce vingt-neuvième jour du règne de Natale-le-Muet, les gueux jaloux de l'attention que le Comte accordait aux nobles et à ses courtisans décidèrent de lui présenter offrandes en mains propres. Ainsi, légumes variés et avariés furent déposés à ses pieds comme les rois mages avaient déposés les présents venus des terres lointaines devant Aristote enfançon. Craignant que les soldats ne se méprennent sur leurs intentions et ne leur interdise d'approcher le Bon Comte Natale, s'organisa fort légère bousculade durant laquelle cucurbitacé odorant chut malencontreusement. Entrailles cucurbitacéennes se répandirent au vent, et pourpoint comtal fut taché.

Débandade commença alors, menée par la comtesse de fer Russocarine qui parut fort fâchée que sa prosternation ait été interrompue. Aimable à son habitude, elle montra le poing en poursuivant trois généreux paysans, geste qui lui attira représailles méritées. Scène de bonheur champêtre se transforma aussitôt en émeute. Faux et fourches furent brandis, soldats eurent des gestes héroïques, soupirante du Comte fut vue s'offrant à la foule en sacrifice.

Blonde Sénéchal manqua de sang froid, et craignant que le pourpoint du Comte Natale-le-Muet ne termine taché au delà du récupérable, décida prompte évacuation de la garde-robe comtale, ôtant ainsi au bon peuple toulousain l'objet de son adoration sincère. Comte fut rudoyé, jeté sur la banquette moelleuse du comtal carrosse, escorté par des gardes à cheval vers sa tour d'ivoire.

Espineux, chroniqueur, ne savait plus où donner de la tête. Surmenage guettait la chronique. Fut notée pour la postérité fort pertinente parole du Sénéchal, notant l'absence du Capitaine, homme qui sans nul doute s'il avait été présent et fait son devoir aurait évité cette facheuse mésaventure.

Incertitude la plus totale planait sur le futur du Comté. Rumeur fut faite que le Bon Natale-le-Muet finirait comme le Rouergat Ulrich, jeté hors de son chateau par un groupe de mécontents. Autre rumeur fut que juste prix était enfin payé pour les innombrables messes noires organisées la nuit en le chateau. Crédules disaient que le Bon Comte Natale-le-Muet réapparaitrait tantôt vêtu d'une armure brillante et chevauchant son fier destrier, et à lui tout seul, armé de son épée bénie par le Pape Eugène V en personne libèrerait le Comté des agitateurs.
--Espineux


En ce trentième jour du règne de Natale-le-Muet, sonna l'heure du milieu de mandat. Bilan fut prestement tiré, grâce fut rendue à la jacquerie qui resterait pour la postérité seul évènement de la première moitié dudit mandat, marquant la seule décision du Comte: l'augmentation de l'impot pesant sur le bon peuple afin de pourvoir les caisses comtales en écus aussitôt dépensés en festoyements. Nul besoin de résumer en concises paroles les édits et loys venus agrémenter la vie des toulousains, ni l'abolition d'obscurs paragraphes légaux pesants et inutiles qui auraient du être jeté aux orties si l'on avait été assez naïf pour croire les programmes électoraux. Nulle nomination notable, nulle destitution houleuse ne venait égayer la monotonie des jours écoulés. La perfide Arfadette vivait toujours libre et impunie au vu de tous les habitants de la bonne ville de Castelnaudary. Hormis la question fiscale, le statu-quo régnait en Toulouse. N'eut été la question fiscale, le peuple béat aurait continué à embrasser pieusement l'image de Natale-le-Muet avant d'aller dormir.

Espineux, chroniqueur, fut cependant témoin d'un sursaut de vie et de conscience en l'altercation du maire de la bonne ville de Toulouse avec le Prévot Mylène. Sujet avait trait aux promenades printanières de nombre d'agents de la maréchaussée, que le cruel Comte Geoker voulait tenir enchainés à demeure, une chaine au pied, nourris de pain sec et d'eau. A l'opposé, la douce Mylène souhaitait que ses agents soient heureux et batifolent comme moutons en les prés verdoyants, découvrent le vaste monde, et reçoivent indemnité financière quand le devoir les contraignait à rester en leur ville de résidence. Financement de pareille mesure fut glorieusement omis, afin d'éviter d'attirer inconsidérément Jaquouille-le-faucheur et ses amis opprimés.

La douce Mylène justifiait l'absence de maréchaussée en Toulouse par un raisonnement fort teinté de féminine blonditude. En effet, puisque la fuite de son amie Arfadette de Castelnaudary, pauvrette lourdement chargé du butin volé, avait laissé la bonne ville sans agent de la maréchaussée, il était juste, bon et légitime que les autres bonnes villes du Comté soient tour à tour privées des effectifs des forces de police. Pareil raisonnement ne parvenait point à pénétrer le cerveau masculin obtus du Lieutenant et Maire, qui s'insurgeait fort à propos de ne point avoir été averti de la chose.

Comment eut-il pu en être autrement. Natale-le-Muet faisait des émules. Ses fidèles courtisans s'affairaient à l'imiter en ne parlant pas et en ne donnant nulle information. Communications diplomatiques étaient faites par Monseigneur Zoélie, reléguant au grade de décoration poussiéreuse le sémillant Chancelier Alzarus.
Fut dit que certains avaient tenté de se trancher la langue afin de ne plus jamais proférer de paroles, et n'en avaient été empêchés que par le médicastre Gotetdeb qui ne voulait point avoir pour charge de soigner les blessés, leur fourrant dans la bouche des linges humides pour arrêter l'hémorragie tandis que le Bailli Carmeli se jetterait avidement sur les langues coupées afin d'en nourrir les dodus porcins du chateau.
--Espineux


En ce trente-et-unième jour du règne de Natale-le-Muet, prosternations règlementaires continuèrent aux pieds du Comte. Le Capitaine Dheimet-le-Petit, finalement sorti de la chapelle où il avait en vain prié l'ange Al'Lopass de lui donner courage, bonne réputation, et connaissances, s'en vint gros-jean comme devant prêter son hommage de garçon boucher. Pleutre Capitaine n'avait point été vu pendant l'altercation entre les paysans révoltés et les soldats de la garde rapprochée. Rumeur fut faite qu'à la vue des faux brandies il en avait mouillé ses braies.

Espineux, chroniqueur, reçut en ce jour seconde lettre de son cousin Gascon, et apprit ainsi édifiantes nouvelles.
Guerre civile avait bel et bien éclatée. Armée loyale au Duc Estalabou combattait pied à pied pour chaque bonne ville. Traitrises, viols et pillages avaient lieu chaque jour qu'Aristote faisait. Maire de la Capitale avait été vu donnant les clés de sa ville aux félons menés par un dénommé Namaycush, Baron d'Hautpoul, qui se prétendait Capitaine bien qu'ayant été déchu du titre. Combats faisaient rage sous les remparts de la bonne ville de Dax. Cadavres gisaient les tripes à l'air. Corbeaux peinaient à décoller tant leur ventre était plein.

Registres héraldiques furent compulsés, cartulaires furent examinés, habitants des environs de Castres furent interrogés. La Baronnie d'Hautpoul était sise en le Comté de Toulouse. Espineux, chroniqueur, trembla à la vue de ce qu'il venait de découvrir. Grande devrait être sa ruse afin de point être capturé par les sbires cruels du Prévot Mylène. Il en savait maintenant bien trop. S'il était capturé, il serait éxécuté sans témoins, son corps jeté dans le four banal afin d'en faire disparaitre toute trace.

Ordonques, un vassal du Bon Comte Natale-le-Muet, lui même vassal du Grand Roy Levan le IIIème de Normandie, menait campagne de terreur et pillage sur les terres du Duché de Gascogne, lui aussi vassal de Sa Majesté Levan III. Chose était fort incommodante et porteuse de fort sombres nouvelles.
Rumeur fut faite que le Comte Natale-le-Muet soutenait en secret son encombrant vassal, ayant décidé que terres conquises seraient partagées entre eux deux personnellement, et deviendraient fiefs en propre ayant rang de Marquisat. Courtisans obséquieux disaient que le Bon Natale-le-Muet était ignorant de cette chose comme de bien d'autres, oubliant au passage que rapports réguliers sur pareille situation ne pouvaient être tenus à l'écart de la puissante et efficace Chancellerie, à moins qu'elle ne cachât délibérément l'information. Chose n'était point improbable, le Chancelier Alzarus se trouvait être Seigneur de Revel, vassal d'Hautpoul.

Espineux, chroniqueur, comprit alors qu'il tenait affaire aussi juteuse que dangereuse et entreprit au péril de sa vie de la rendre publique, renonçant à cet instant aux écus qu'il aurait pu tirer du Comte en se changeant en maître-chanteur. Vérité ne souffrait point de compromis. Chronique fut affichée.
--Espineux



En ce trente-deuxième jour du règne de Natale-le-Muet, foule retint son souffle quand l'héritière Castelmaure s'avança afin de prester allégeance. Peuple de Toulouse retint son souffle, se demandant si le droit de cuissage avait toujours cours en le Comté. Le Comte Natale-le-Muet avait paru d'humeur badine, et d'auncuns prétendaient qu'il demanderait l'héritière en épousailles, lui le petit seigneur provençal qui ne maitrisait pas encore l'occitan. Fut noté cet emploi répété de "Peuchère", cette expression emblématique du vil Marquisat de Provence, province félone du Saint-Empire que dirigeait le cousin de Sa Majesté Lévan III. Tout toulousain digne de ce nom eut juré "Boudu", ou "Macarel", mais seul un étranger pourvait dire "Peuchère".

Espineux, chroniqueur, se rendant en l'office des douanes de la bonne ville de Castelnaudarry, appris avec grande stupeur que la perfide Arfadette, pilleuse de mairie devant Aristote, avait quitté le Comté avec la bénédiction de son amie de coeur le Prévot Mylène, et de la corrompue Juge Katou. Peuple serait ainsi privé d'un procès tant attendu. Justice ne serait point rendue. Exemple était fait à tous et servirait d'encouragement à tous les coupe-jarrets et apprentis brigands. Personne n'entendrait plus le niais maire de Foix hurler au crime pour un impot non payé et réclamer que mauvais payeurs soient condamnés à vingt coups de fouets en place publique. Force était de constater que le mauvais payeur en question eut il attaqué un passant afin de payer son impot, il eut été immédiatement gracié.

Chauriens pouvaient pleurer, rien ne viendrait changer le cours des choses. Protection avait été achetée jusqu'en haut de la tour d'ivoire où se retirait le Muet. Arfadette ne verrait jamais le cul de basse fosse où elle méritait de croupir.
Rumeur fut faite qu'avec l'argent reçu le Prévot Mylène avait fait organiser grand banquet pour ses amis, alors que la corrompue Juge Katou était allée enterrer le magot une nuit sans lune afin de ne pas en perdre un seul écu. Le Bon Natale-le-Muet, quand à lui, s'était offert courtisanes de luxe, toutes fort honorées de servir le Comté.
--Espineux


En ce trente-troisième jour du règne de Natale-le-Muet, allégeances se poursuivirent, mais la chose n'avait plus l'attrait de la nouveauté et lassitude s'emparait du peuple qui n'acclamait plus le Comte avec l'entrain et les battements de mains du premier jour. Celui ci fut même vu dicter sa correspondance privée devant tout un parterre à ses pieds rassemblé, montrant ainsi le dédain qu'il avait eux.

Espineux, chroniqueur, entendit un homme qui se faisait appeler Guige_la_lune, portant côte de maille et casque à plumet, recruter les passants crédules pour une des ces armées franches qui semaient la désolation dans les Comtés environnants. Propagande faisait état de hauts faits guerriers, discréditant les cultivateurs besogneux et artisans appliqués. Recrutement militaire était à la mode, ordres religieux de tout poil cherchaient également des disciples pour occire l'ennemi au nom du Très-Haut.

Espineux, chroniqueur, écoutant attentivement les paroles de l'étranger au plumet, fut surpris par ce que ce dernier les appelait Guyennois. Il s'en fut converser avec les filles à soldats qui accompagnent toujours pareil équipage, et payant ce qu'il fallait récolta judicieuses informations et maladies honteuses.
Equipage militaire dit des Octavius était fort célèbre en les provinces limitrophes de la Guyenne. Tentative d'unir deux bonnes villes du Périgord-Angoumois à une bonne ville de Guyenne pour en faire territoire autonome avait malheureusement échoué. Complot avait été éventé. Armes avaient été brandies. Guerre s'était embrasée entre le Périgord, l'Angoumois et la Guyenne, et le dénommé Guige_la_lune venait tenter la queue entre les jambes de se tailler son fief en Toulouse.

Le Bon Comte Natale-le-Muet, dans sa grande mansuétude, ne voulant point accabler un homme déjà accusé de trahison par ses propres frères, le laissait recruter armée franche sous les murs du chateau. Soldats des compagnies régulières rongeaient leur frein, attendant ordre du Capitaine Dheimet-le-Petit de bouter ces fourbes manipulateurs hors du Comté.
Rumeur fut faite que tel recrutement, que d'aucuns auraient dit contraire aux loys, n'était pas sans déplaire au pouvoir en place. Accord avait été passé entre le Comté de Toulouse et les Octavius. Tant que durerait le procès de Guige_la_lune, recrutement serait autorisé. Coffre d'or correspondant aux soldes de trente hommes, fourrage pour les chevaux et vivres pour le voyage seraient ensuite baillés par l'Intendant du Chateau. Les Octavius iraient alors prêter main forte à Myrtillia de Hautpoul, vassale de Natale-le-Muet, et à son turbulent époux Namaycush qui tentait de mettre la Gascogne à genoux. Le Bon Comte Natale-le-Muet garderait mains propres et le Chancelier Alzarus, vassal d'Hautpoul, ferait paraitre moults écrits ampoulés cachetés de cire verte expliquant à tous une neutralité qui n'était que façade.
--Espineux



En ces trente-quatrième et trente-cinquième jours du règne de Natale-le-Muet, assoupissement des Toulousains se prolongea. Quiétude bienheureuse étendait son manteau. Prosternations aux pieds du Comte avaient repris, visage rayonnant du Muet ne cachait point le plaisir qu'y prenait un homme qui se disait humble et modeste et agissait avec l'arrogance de ceux qui ont persistant complexe de leur infériorité.


Espineux, chroniqueur, las de noter les détails des toilettes de parade, s'en fut chercher occupation plus légère. Ainsi vit il mestre Eric de Mrk, fondateur et grand prêtre de la Guilde des Empoisonneurs, entrer dans la somptueuse demeure que le Comte Natale-le-Muet occupait avec ses courtisans et proches. Sous peu un conseiller encombrant ou un proche trop bavard se tordrait de douleur, puis trépasserait, et son cadavre serait roué de coups pour faire croire à une agression de bandits de grand chemin.


Espineux, chroniqueur, eut alors vent de grand festoyement organisé en contrée lointaine, en lesquels Toulouse espérait briller de mille feux, à la hauteur de ce prestige acquis en saignant le peuple un peu plus chaque jour. Foule ne se pressait point pour ce Grand Festival, car le Bon Comte Natale-le-Muet prélevait une taxe de trois écus d'or par candidat afin qu'il fut examiné, et s'il était déclaré apte, alors il fallait payer trente écus d'or, acheter vesture officielle aux couleurs du Comté, acheter provisions pour le voyage, payer l'auberge en Saumur, ou quelque autre lieu choisi pour les festoyements et moults autres frais négligeables, mais qui, une fois accumulés, s'ammontaient à une petite fortune.


Espineux, chroniqueur, releva pour la postérité le nom des téméraires engagés à défendre au loin les couleurs du Comté. Rumeur fut faite que dès que la délégation aurait quitté Toulouse, autres festivités commenceraient, afin de commémorer la première année du Comté. "Panem et circenses". Du pain et des jeux. Peuple serait diverti à n'en plus finir, et verrait ainsi son attention définitivement détournée des affaires courantes du Comté, détail financiers et diplomatiques sans importance. Nul ne s'intéressait à une prise de position sur les guerres du Sud, tant que la conscription n'était point levée en Toulouse. Nul ne s'intéressait à l'augmentation des impots pour un prestige qui n'avait d'utilité que dans la guerre. Tel le joueur de flute emmenant les rats se noyer, Natale-le-Muet bernait tous les Toulousains pour les emmener à la ruine. Impot était levé pour la guerre, mercenaires recrutaient impunément en place publique. Jours étaient comptés avant qu'un homme valide sur dix ne soit réquisitionné pour les rêves de grandeur du blanc-bec qui voulait épater ses courtisanes.
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