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[RP] La parole est d'argent mais le silence est d'or

--Espineux


En ce trente-sixième jour du règne de Natale-le-Muet, nul évènement notable ne se produisit en le Comté. Torpeur comme à l'accoutumée étalait son voile pesant qui touchait un à un tous les habitants du Comté sans exception aucune. Prosternations de la noblesse devant le Comte se poursuivaient, lenteur pareille aurait pu faire croire que cérémonie des allégeances était le point focal, seul et unique réalisation du mandat.


Espineux, chroniqueur, se sentait lui aussi gagné par la lassitude et l'apathie. Effort incommensurable lui était nécessaire pour rédiger sa chronique quotidienne, bien qu'il faillisse certains jours à ce devoir qu'il s'était assigné. Ce jour, il se rendit en le tribunal comtal, fain de s'enquérir des verdicts bienveillants prononcés par la très corrompue Juge Katou. Force lui fut de constater que verdicts à l'amiable, soudoyement du Juge et du Greffier, falsification de preuves et achats de témoins étaient devenus choses du passé.Peuple pouvait danser de joie, justice sous le mandat de Natale-le-Muet avait été réformée en profondeur, pour le bien de tous.


Espineux, chroniqueur, nota pour la postérité et l'édification des générations à venir nouveau fonctionnement du tribunal. Le niais procureur Leyoun siégeait seul face aux accusés que le Prévot Mylène jetait dans le tribunal. Il proférait les accusations, suite à quoi le Prévot Mylène reconduisait invariablement l'accusé à la porte du tribunal, lui demandant d'être sage, et de revenir un jour prochain pour la suite des réjouissances. Accusés ne revenaient jamais, et étaient laissés libres de reproduire méfaits identiques ou variés autant qu'il leur plaisait.

Fut constaté fait prouvé et établi que le Juge Katou ne siégeait plus au tribunal. Dossiers prenaient la poussière sur son bureau, indifférence à ce sujet était des plus complète.

Espineux, chroniqueur, s'enquit auprès des moniales, et ne trouva nul monastère ayant hébergé le Juge Katou ces temps derniers. Espineux, chroniqueur, s'enquit auprès de la douane, et il lui fut répondu que nul n'avait vu le Juge Katou quitter le Comté. Ainsi donc, Justice avait été suspendue depuis un temps inconnu, criminalité augmentait à un rythme extravagant, rumeur circulait parmi les coupe-jarets que tout rien n'était plus puni.


Il fut dit que Natale-le-Muet, Bienheureux, approuvait fort la chose et était fort fier de ses prisons vides et de son tribunal décoratif. Rumeur fut faite qu'intention était de transformer ledit tribunal en salle de bal pour festivités comtales, et que livres de loys seraient alors tous brûlés en un grand bûcher autour duquel danserait le peuple au son des fifres et des tambours. Chacun serait alors libre de voler son prochain, de piller coffres municipaux, de proférer menaces à tout va. Brigands et malfrats respireraient, honnêtes gens trembleraient à chaque pas dans la rue.
--Espineux


En ce trente-septième jour du règne de Natale-le-Muet, furent affichés deux textes de loi que le Conseil avait mis trente-sept jour à élaborer, rédiger, peaufiner, illuminer avec amour. Annonce de pareil évènement secoua la torpeur toulousaine. Aristote soit loué, le Comte avait pondu. Liesse s'empara instantanément de la foule qui se rua sur le crieur public, se jeta à genoux, lui baisa les pieds, et implora la larme à l'oeil d'avoir lecture du texte tant attendu. Nul ne pourrait plus arguer de la stérilité de ce mandat pour discréditer le Bon Comte Natale-le-Muet.


Espineux, chroniqueur, se mêla à la foule pour assister à l'évènement. Texte fut lu. Lourd silence plana sur la foule incrédule. Roulement de tambour précéda une seconde lecture. Incrédulité s'épaissit. Se fit alors entendre la voix courroucée de la borgne mairesse de Castres, qui doutait du bien fondé d'une mesure votée à la quasi-unanimité des conseillers. La borgne n'avait à la bouche que le bien de vagabonds sans défense qui bientôt crèveraient sous les murs de Castres faute de trouver un emploi. Hypocrisie que tout cela, ce n'était que discours de maire avaricieux ne voulant point payer supplément au fossoyeur pour doublement de sa besogne.

Fut ensuite entendu glapissement de la dame Passion, connue pour partager ses nuits avec le Capitaine Dheimet-le-Petit, qui au vu des cris de joie de la belle risquait fort de passer la semaine à l'Hôtel du Cul Tourné, et ses jours en la maréchaussée. Glapissement vint de la charge incommensurable de travail qu'elle allait devoir fournir pour garder son titre en l'institution, car la donzelle se plaignait de ne point vouloir rester nuit et jour à surveiller les embauches de la ville, ayant activités fort diverses par ailleurs, comme il sied à tout un chacun. Deuxième glapissement jaillit à la découverte de l'absence d'arrangement à l'amiable en les embauches du mercredi. Foin de pots de vins, de pattes graissées, de fin de mois arrondies, elle ne gagnerait pas un denier dans cette oeuvre législativo-oppressive. Car c'était bel et bien le procès, puis la prison qui attendaient les contrevenants.

Fut dit que le procureur Leyoun et le juge Katou se frottaient les mains, étant parvenus à un accord de partage des gains. Le niais procureur requerrait la peine maximale de mille écus sonnants, le Juge corrompu ferait preuve de clémence, les deux complices se partageraient cinq cents écus par illettré du mercredi. Leurs poches seraient bientôt distendues par les écus et ils feraient largesse en donnant cinq écus à la quête pour aider les miséreux que la borgne Maïryan avait fait voeu de protéger.
--Espineux


En ce trente-huitième jour du règne de Natale-le-Muet, grande frénésie d'affichage s'empara du Conseil, qui voulant rattraper le temps perdu décidé que la Porte-Parole Lily-Jane devait afficher un parchemin par jour. Courte-paille fut tirée, et fut affiché nouvel impot afin que les écus du peuple finançassent le prestige qui plaisait tant au Bon Comte Natale-le-Muet et à sa cour.


Espineux, chroniqueur, nota l'ironie manifeste des propos du boulanger Gotetdeb, qui vantait d'une main les bienfaits de la jachère et la diminution des revenus associés alors que l'avide Bailli Carmeli réclamait toujours plus d'or aux percepteurs et fermiers-généraux. Arguments étaient invoqués pour défendre cette acrobatique position, qu'un esprit simplet aurait pu résumer ainsi "gagner moins pour payer plus d'impots". Gotetdeb le boulanger-équilibriste n'en finissait pas d'invectiver la foule, expliquant tous les bienfaits que les jeunes paysans pourraient retirer d'une vie ascétique passée en prosternations à l'Eglise. L'aumone leur suffirait à peine pour un quignon de pain rassi, mais pour peu qu'ils fermassent fort les yeux et priassent Aristote de toutes leurs forces, ils gagneraient suffisamment de force pour pouvoir travailler aux champs.


Fut notée fort rude intervention de la comtesse de fer Russocarine, qui rudoya le Bon Comte Natale-le-Muet sur d'obscurs détails légaux. Arrogance de la noblesse se montra dans toute sa splendeur, à exiger avec aplomb que le premier homme du Comté, le Comte lui même, s'abaisse à définir les modalités de châtiment des fourbes créatures qui ne méritaient que les affres de l'enfer lunaire pour embaucher le mercredi. La très corrompue Juge Katou resta fort absente de la dispute, étant concernée au premier chef, discrétion était de rigueur. Fut dit qu'un laquais lui avait livré cinq perruques en crin de cheval ainsi que des vêtements d'homme afin qu'elle puisse se déplacer en le Comté sans être reconnue et harcelée.


Espineux, chroniqueur, se détournant de l'estrade des criées qui méritait de nouveau son nom afin de satisfaire un besoin naturel fort pressant, vit affiche annonçant le début de festivités comtales. Peuple n'était point assez crédule pour que deux ou trois jeux lui fassent oublier impôts, interdits, famine, jachère, travaux forcés et cachot obscur. Le temps des tours de passe-passe était révolu.
--Espineux


En ce trente-neuvième jour du règne de Natale-le-Muet, questions qui continuèrent à fuser en l'estrade des criées ne reçurent aucun écho. Le Bon Natale-le-Muet lassé des piaillements des mécontents, ne souhaitant perdre de temps ni à répondre ni même à comprendre les questions, se retira seul en la plus haute tour du Chateau Comtal, fit mettre deux gardes en faction devant la porte, se remplit les oreilles de cire et joua au bilboquet jusqu'à la tombée de la nuit. Foule attendit en vain réponses, explications. Nul bilan ne vint résumer les autres actions du conseil. Fut dit que n'ayant produit aucun fait notable, le Conseil se refusait à gaspiller vélin et plumes pour écrire des platitudes que personne ne lisait et que ceux qui lisaient ne croyaient pas.


Espineux, chroniqueur, remarqua fort habile et politicienne manoeuvre qui consistait en l'organisation de festoyement afin de distraire le peuple en le détournant de l'estrade des criées où la vraie face du Bon Comte Natale-le-Muet était visible au grand jour. Ainsi donc, tirage à la courte paille eut lieu en le secret du Grand Consistoire. Tâche échut aux conseillers municipaux de la bonne ville de Castres de se vêtir aux couleurs des cinq villes du Comté, de réquisitionner, femmes, maris, amants, enfants du second et troisième lit, cousins aux quatorzième degré, bisaïeux et enfançons à naitre et de défiler en les rues de la Capitale en acclamant le Comte. Journée serait payée vingt-cinq écus d'or, ainsi que vesture neuve et deux repas chauds comportant viande rôtie et soupe de poisson.

Chars défilaient, tambours sonnaient, parade défilait dans les rues, mais nul ne parvenait à faire oublier l'heure fatidique qui pesait sur le Comté. Le lendemain verrait le premier jour de la dictature, de l'écrasement des paysans par la botte de Natale-le-Muet et de son ami le boulanger Gotetdeb. Nul ne serait plus libre de ses actes en sa propriété. Viendraient ensuite d'autres lois pour réglementer la vie des Toulousains. Couleur des vêtements serait limitée au jaune et au rouge. Régime alimentaire serait unifié: lundi serait jour des légumes, mardi jour de la viande, vendredi jour du poisson. Quiconque se nourrirait autrement serait mis aux fers. Récidivistes seraient pendus en place publique afin qu'exemple soit fait pour tous.


Libertés promises il y a cinquante jours de cela avaient fondu comme neige au soleil de Pasques. Fut dit que le Comte Natale-le-Muet disait à ce propos "Ces promesses, je les ai faites, je continuerai à les faire".
--Espineux


En ce quarantième jour du règne de Natale-le-Muet, le Bon Comte resta cloitré dans sa tour d'ivoire et joua au tric-trac avec ses fidèles conseillers. Grand tournoi fut organisé, perdant devant se rendre en l'estrade des criées expliquer au peuple fort agité bien fondé de la controversée réforme des embauches. Nul conseiller ni le Comte ne voulant risquer lynchage public, parties de tric-trac se succédèrent sans discontinuer jusqu'à la tombée de la nuit. Nul perdant n'acceptant sa défaite, parties se poursuivirent dans le coeur de la nuit.


Espineux, chroniqueur, acquit pour seize deniers exemplaire non enluminé sur vélin recyclé du rapport comtal dont la publication avait failli devenir légende villageoise. Chroniqueur s'installa au bord de la Garonne, compta gabarres lourdement chargées, but liqueur de violette, et lut mirifique rapport, semblable par son tissus de demi-vérités enjolivées à ces récits que font voyageurs des pays fort fort lointains, tel le Royaume du Prêtre Jean sis derrière le grand désert de sable et défendu par géant unijambistes.


Fut compris travail conjoint du Prévot Mylène et du Connétable Cricriultras pour la recherche de lingots d'or par baguette de sourcier, afin de rétribuer maréchaux et douaniers sans augmenter impot.

Fut constatée monumentale ignorance du Bailli Carmeli, ne sachant point encore qu'étoiles étaient accrochées au drapeau comtal par lourde ponction dans le trésor comtal, et non point par l'ardeur des gratte-papiers. Fut noté comme au précédent rapport bonne appréciation par le Bailli de la bonne santé des finances comtales, démentant ainsi justification de la hausse de l'impot et contredisant Gotetdeb-le-Boulanger qui expliquait qu'augmentation de l'impot était due à augmentation du train de vie du Comte et de sa Cour.

Fut noté discours fort peu cohérent du niais procureur Leyoun, déclarant à la cantonade que brigands étaient durement corrigés en le Comté, alors que nul verdict n'avait été rendu par le corrompu Juge Katou depuis le début du mandat.

Fut ainsi constatée et entérinée par sceau comtal existence de créatures d'outre-tombe dénommées fantômes, crédulité contraire aux préceptes de l'Eglise Aristotélicienne. Fut noté haute probabilité qu'exorciste se rende au chateau afin d'extirper le mal à la racine, construisant indispensable bucher pour les faux-croyants.

Fut noté reconnaissance par le Bon Comte Natale-le-Muet de ne rien avoir fait en quarante jours, et s'il y eut un seul mot de juste dans ce rapport, ce fut sans doute celui-ci.


Espineux, chroniqueur, ayant noté que le Bailli Carmeli éprouvait des délices quotidiens en le cotoyement de Natale-le-Muet, ayant noté que le Porte-Parole Lily-Jane tombait en pamoison devant le même Natale, résolut d'investiguer plus avant qui des deux conseillères avait gagné ses faveurs. Rumeur fut faite que l'une d'elle était assignée aux jours pairs, l'autre aux jours impairs, Natale-le-Muet se montrant incapable de choisir. Rumeur fut faite qu'il voyait d'autres femmes en secret, prétextant réunions diplomatiques pour laisser ses prétendantes officielles au chateau Toulousain à broder ensemble et réciter des poêmes comme il convient aux dames bien éduquées.
--Espineux


En ce quarante-et-unième jour du règne de Natale-le-Muet, estrade des criées fut théatre de joutes verbales qui virent s'affronter la comtesse de fer Russocarine au Bon Comte Natale-le-Muet défenseur des impots et du prestige et la douce et borgne Maïryan qui n'avait d'autre but que de contredire son ennemie jurée, s'emportant en propos incohérents qu'elle même ne pouvait suivre.


Espineux, chroniqueur, ne voulant point achever sa vie comme dommage collatéral s'éloigna de l'arène, laissant le Bon Comte Natale méditer sur le nombre de procès accumulés par l'indolente Juge Katou. Décrets étaient modifiés et ajoutés, maréchaussée était en émoi devant titanesque travail. Juge était absent, autorisation de ne point siéger à la cour avait été délivrée par le Comte lui même. Justice en Toulouse était un mot vidé de sa substantifique moelle.


Fut trouvé chemin faisant missive portée par un messager d'Armagnac arguant que dans un souci de paix et de clémence, le Bon Comte Natale avait offert asile en les terres toulousains aux félons qui depuis un mois avaient mis la Gascogne à feu et à sang. Armée en maraude serait en Toulouse sous trois jours, moitié de la route ayant été parcourue. Immunité serait accordée. Gite et couvert seraient donnés. Félons seraient soignés, lavés, épouillés, et vêtus de neuf, et impot trouverait ici sa pleine utilité. Artisans seraient chassés de leurs demeures afin de loger l'armée en campagne. Sénéchal serait démis de ses fonctions et remplacé par le capitaine de l'armée rebelle. Hommes jeunes seraient enrolés de force afin d'apprendre le métier des armes et iraient conquérir la Gascogne, menant Toulouse vers la ruine et le chaos. Déjà voisins fourbissaient les armes et préparaient l'invasion. Nom de Natale-le-Muet resterait gravé comme celui qui avait vendu le Comté aux vautours.
Geoker
GeoKeR s'aperçut en lisant l'Espineux que Katou avait jugé trois affaires une le 28 mars, une le 31 mars et l'autre il y a quelques jours. Il avait pu voir que par exemple Arfadette mise en accusation il y a un mois pouvit faire durer indéfiniment le procès car logiquement ne répondrait pas aux accusations, probablement en fuite dans un autre Comté.
Cela devenait inquiétant et rendait le travail du procureur et du Prévôt complètement inutile.
Bien que la chronique de l'Espineux avait une tendance à éxagérer certaines informations, il y avait une part de vérité. Heureusement les festivités seraient un moyen d'oublier un peu tout ça avant de revenir râler ce que, contrairement aux idées reçues, le Comte de Saint-Gilles n'aimait pas faire.


Si jamais cela casse le topic hésitez pas à demander au censeur d'envoyer ce poste en estrade des criées

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In virtute decor, in labore quies
--Espineux


En ce quarante-deuxième jour du règne de Natale-le-Muet, grande hilarité s'empara du peuple toulousain. Inique décret sur les embauches du mercredi avait été arraché des panneaux officiels et jeté aux orties, remplacé par texte fort diplomatique sans nulle obligation ni punition d'aucune sorte. Peuple n'acclama point le Bon Comte, voyant là que mesure si rapidement enlevée devant la grogne populaire ne pouvait qu'avoir été peu réfléchie. Ainsi le comte Natale-le-Muet et ses conseillers girouettes faisaient et défaisaient les lois en fonction de l'opinion populaire ou plutôt en pensant aux élections prochaines et aux sièges qu'ils voulaient conserver ou conquérir.


Espineux, chroniqueur, nota de façon fort étrange moults conseilles attribuer aux autres la paternité du décret honni. Nul doute que si la mesure avait été acclamée, tous en auraient revendiqué l'idée première, comme poules au poulailler se mettant toutes à chanter ensemble dès que la première a pondu.


Espineux, chroniqueur, se rendant au bureau de poste, lieu où les nouvelles circulaient vite, apprit de coursiers à cheval que l'armée félonne du Capitaine Namaycush, elle même qui avait mis la Gascogne a feu et à sang avait fait halte en la ville d'Agen, venant de Marmande. Prochaine étape était Montauban, à une journée de Toulouse. Rumeur de l'arrivée imminente des rebelles grondait et grandissait d'heure en heure. Natale-le-Muet avait été vice-chancellier du Comté de Toulouse, sans nul doute avait il appris que protéger des rebelles attirerait la vengeance sur le Comté. Rumeur fut faite qu'impot avait été levé et prestige augmenté afin de pouvoir défendre les Gascons félons en versant le sang des toulousains.


Espineux, chroniqueur, se prit à espérer que le Bon Comte Natale-le-Muet retournerait sa veste dans les deux jours à venir, et renverrait dans les geoles de Mont-de-Marsan les fauteurs de trouble. Hélas, en son fort intérieur, il savait bien que sous deux jours armée étrangère essuierait ses bottes sanglantes sur Toulouse comme sur un paillasson. L'à peine nommé Capitaine Leyoun, remplaçant fringant du garçon boucher Dheimet-le-Petit, pouvait compter ses jours. Une semaine ne serait pas écoulée que Namaycush-le-fourbe serait à la tête de l'armée toulousaine, et monterait expédition revancharde en terres Gasconnes, sous le noir étendard de Memento Mori. Dessein de cet homme était noir comme son étendard, et l'ombre qui allait s'abattre sur Toulouse ferait trembler même les plus endurcis.

Natale-le-Muet pactisait avec le maléfique Gascon, vendant l'âme du Comté pour en tirer avantage personnel, car pareilles félonies ne sont jamais gratuites.


Je vous en prie. Lisez, utilisez, intervenez.
--Espineux


En ce quarante-quatrième jour du règne de Natale-le-Muet, vie quotidienne toulousaine suivit son cours. Serments des nobles se poursuivirent. Chancelier Alzarus daigna honorer le peuple de sa présence, lui qui vivait reclus en sa chancellerie, négligeant son travail de Secrétaire d'Etat, tenant ainsi Toulouse dans complète ignorance des évènements extérieurs. Fut noté empressement avec lequel le Bon Comte Natale-le-Muet embrassait ses vassales, laissant croire aux prélats de l'Eglise que droit de cuissage avait été rétabli. Fut dit que Monseigneur Zoélie, venue en grande pompe avec pourpre, chapeau, et bague épiscopale, se consummait d'envie d'être embrassée par blanc-bec couronné.


Espineux, chroniqueur, baguenaudant en les rues de la ville, vit affichette fort intrigante. Meurtre avait eu lieu en Languedoc. Justice corrompue comme en Toulouse laissait pourrir la chose au point qu'âme charitable et généreuse décidait de faire justice elle même. Tant la dame était empressée, qu'elle nommait le coupable par elle choisi, et sans vergogne aucune achetait témoins pour un repas chaud. Récompense de deux coffres emplis d'écus d'or était promise à qui capturerait celui qui avait été désigné par vengeance.

Espineux, chroniqueur, craignit que toulousains au sang chaud et apres au gain ne se missent à dénoncer leur voisin, le faisant passer pour le honni Apperault.


Vengeance une fois de plus ravagerait le Comté, affaiblissant Toulouse en luttes intestines, en faisant une proie facile et désunie pour le voisin de l'Est. Grand Languedoc avait toujours lorgné avidement sur le jeune comté de Toulouse, et tentait cette fois vile manoeuvre pour y dicter sa loi. Hommes justes et innocents seraient traqués. Chasseurs de primes surgiraient comme champignons après la pluie. Délation sans preuves serait encouragée. Prisonniers chaines aux pieds trimeraient à la mine sous les coups de fouet des gardes du Prévot Mylène. Chaos savamment orchestré s'abattrait en le Comté.
--Espineux


En ce quarante-septième jour du règne de Natale-le-Muet, infâme rumeur secoua le Comté. Fut dit en place publique, afin que tous sachent et se méfient pour les années à venir, que le vil Franita s'était fait nommer Tribun-Adjoint par l'arrogant maire de Foix Aldindethau, ayant unique but de satisfaire lubriques envies sur les arrivants au village.


Espineux, chroniqueur, ne crut pas ses oreilles en entendant pauvrette rescapée raconter pareille vilenie. Ogre était présent en le Comté, détournant jeune chair fraiche et abusant honteusement de la crédulité des plus jeunes. Courage des dénonciateurs exposant l'atroce manigance fut noté pour la postérité. Fut également notée pour la postérité la lacheté de l'arrogant Aldindethau, choisissant devant foule innombrable de conserver l'infâme Franita en son conseil municipal et renvoyant l'affaire devant le Juge Katou, dont l'abstentéisme le disputait à la corruption.


Rumeur fut faite que le vil Franita, embrigadant jeunes éphèbes et pucelles en son harem, les maintenait sous influence, et ne les laissait point sortir en ville. Ainsi, par sa perverse manoeuvre, mine de fer était privée de sa main d'oeuvre, Gotetdeb-le-Boulanger devait importer quintaux de fer hors de prix depuis les provinces les plus lointaines, impot augmentait, travaux forcés étaient promis à tout contrevenant qui ne graissait point le bon rouage.

Fut dit qu'Aldindethau, apprenti politicien cherchant à se faire remarquer en parlant trop et réfléchissant fort peu, fut donc dit que la chose lui était fort égale, tant que les embrigadés du harem cochaient son nom sur les bulletins de vote. Instruction fort sommaire leur était dispensée en ce sens, prosternations devant l'effigie du maire et du tribun-adjoint avaient lieu chaque soir, dime était versée du harem à la mairie afin qu'immonde trafic reste toléré.


Peuple fut entendu réclamer pendaison publique pour les abuseurs et leurs complices. Fourches et faux furent brandies. Délégation intrépide s'en fut même tambouriner à la porte des appartements privés du Juge Katou, réclamant qu'elle daigne ne fusse qu'une seule fois accomplir ce pourquoi elle avait été nommée. Crainte que pot de vin soit payé par le vil Franita fut telle que courte-paille fut tirée afin que la Juge soit surveillée jour et nuit.Curiosité de tous était palpable. La garde permettrait peut être de comprendre à quoi le Juge occupait ses journées.


Espineux, chroniqueur, s'en fut se délasser en admirant fort divertissante parodie du Comté, où insectes variés luttaient pour obtenir mainmise sur le pollen et la prairie. Fut noté engouement enfantin pour la fourmi roublarde. Espineux, chroniqueur, échafauda savantes hypothèses sur Fourmi, Cigale, et Sauterelle, et se surprit même à opiner de la tête au rythme de la bastonnade. Plaisir simple de taper son prochain sans raison n'avait pas d'égal en ce monde.
Valou07
Comme il est facile de critiquer Natale en l'appellant le muet quand on se cache derrière un espineux, ne pourrait-on l'appeller Espineux le trouillard ! ou Espineux le couard !
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--Espineux


En ce cinquantième jour du règne de Natale-le-Muet, torpeur et endormissement semblèrent céder le pas à épisodique frénésie comtale. Elections approchaient, partis électoraux fleurissaient comme le muguet au bord des chemins. Anciens anciens, anciens nouveaux et nouveaux anciens, tous cherchaient à aguicher le chaland, brassant les idées, semant la confusion dans les esprits, promettant futurs mirifique ou cherchant à transformer cuisante défaite en épisode glorieux.


Espineux, chroniqueur, revêtit ses plus beaux atours en ce jour. Portant bouquet de muguet, consultation des listes électorales fut faite en la grande salle du chateau, puis visite aux stands commença. Période de propagande électorale permettait à qui savait y faire de manger gratis. Partis installaient comme de coutume tente fort accueillante, servaient vinasse et chopines à profusion, découpaient cuissots, gigots et rotis afin que la populace votât pour le meilleur cuisinier. Espineux, chroniqueur, fit bombance. Programmes furent regardés fort distraitement. Fut cependant noté désinvolture de certains partis, ne disposant pas de programme de propagande ou de stand d'endoctrinement ou proposant soupe d'escargot de mer et non point roti savoureux.


Espineux, chroniqueur, la panse tendue après l'intermède électoral, nota affichette moultes fois griffonnée récapitulant résultats toulousains au Grand Festival de la Couronne. Valeureux archers, épéistes, souleurs, jouteurs et bastonneurs défendaient les couleurs du Comté à l'autre bout du Royaume. Encouragements officiels n'avaient point été annoncés en public. Natale-le-Muet n'avait point défendu les couleurs du Comté lors des joutes. Fut dit qu'il avait voulu s'engager, mais que les médicastres du chateau lui avaient déconseillé ce sursaut d'orgueil craignant que sa délicate constitution croulât sous le poids de l'armure avant que séant comtal soit posé sur le destrier.

Epreuves avançaient, champions toulousains tombaient valeureusement devant adversaires plus coriaces. Souleurs tenaient bon, cassant côtes et dents pour la plus grande gloire du Comté.

Fut dit que participants recevraient couronne de lauriers des mains du Bon Comte Natale-le-Muet, que grand festoyement serait organisé en leur honneur, que vainqueurs recevraient exemption d'impots pour douze mois francs et bière gratuite en tavernes municipales. Marionette à leur effigie rejoindrait le théatre des insectes, et exploits seraient chantés de façon impérissable pour les générations à venir.
--Espineux


En ce cinquante-et-unième jour du régne de Natale-le-Muet, cérémonie des allégeances tira à sa fin. Foule demeura impassible à l'annonce du renouveau des cathares en le Comté, meneur spinoziste Excelsior fut vu battre des mains de joie tandis qu'évêque de Rodez Zoélie-à-la-bague tomba d'apoplexie. Père Oeildelynx fit oeuvre pie, se jeta au sol en prières, implora clémence, battit sa coulpe, fit bruler cierges et porter eau bénite jusqu'à ce que l'évêque ouvre les yeux. Fut dit que bucher avait été commandé pour l'hérétique, et que feu de joie se tiendrait dès la fin de la cérémonie. Le Sans-Nom serait vaincu.


Espineux, chroniqueur, les entrailles endolories de quelque met frelaté mangé la veille aux stands électoraux, se tint loin du brouhaha politique, repoussant au lendemain examen et analyse de menteries et calembredaines. Le brouhaha en place publique eut l'avantage de laisser libre accès à des recoins du chateau généralement mieux gardés, et ainsi Espineux, cherchant latrine afin de se soulager, fut guidé par un garde bienveillant au quartier militaire.

Dame Nature satisfaite, Espineux, chroniqueur, regarda passer soldats en armes ainsi que charrois de victuailles, chargements d'épées et médicastres. Attroupement attira son regard, et jouant des coudes, découvrit situation fort étrange. Courrier du Grand Maréchal de France, portant sceau officiel, circulait de main en main. Soldats poussaient cris de joie. Fut dit que la lettre félicitait l'armée de Toulouse d'avoir occis troupe de félons venus semer le trouble en terres du Sud. Nom de Namaycush fut mentionné. Fut dit que combat avait été rude, et que l'armée Toulousaine comptait blessés en ses rangs.


Espineux, chroniqueur, fut fort étonné. Si pareille chose avait été vraie, le Bon Comte Natale-le-Muet n'aurait point manqué en félicitations et médailles. Ripailles auraient été ordonnées en l'honneur des valeureux. Peuple de Toulouse aurait été informé que danger grave et imminent avait été balayé. Officier Royal cependant ne pouvait mentir. Rumeurs de la venue de l'armée félonne avaient été moultes fois entendues. Bataille avait bel et bien eu lieu. Secret en avait été gardé.
Geoker
Quand il lut la chronique du jour, GeoKeR ne put s'empêcher de sourire : enfin publiquement on saurait ce qui s'était passé quelques jours auparavant ! Enfin quelqu'un reconnaissait quelque chose à l'armée. Pendant ce mandat il n'avit pas vu les soldats aussi dégoutés de servir un tel Comte, même en Languedoc où pourtant il en avait croisé des mauvais comtes. Celui là donnait des ordres farfelus, n'assumait pas ses actes, avait préféré nommé un bizut incompétent à la gestion des armées plutôt qu'un lieutenant confirmé, avait été trainé par la sénéchale en caserne pour s'expliquer, avait insuulté l'Etat-Major en ignorant complètement leurs propos. Ces derniers jours l'armée toulousaine avait débarrassé le Sud du félon Namaycush, Maxi avait failli y laisser la vie et le Comte indifférent ignora les efforts des soldats.
Là étaient réunies la majorité des raisons pour lesquelles GeoKeR se présentait au poste de Comte. L'armée ne survivrait pas à un deuxième mandat qui lui manque autant de respect.
GeoKeR se reprit lorsqu'il s'aperçut que la flasque en métal qu'il tenait avait été déformée. Allez, il y avait du boulot.

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In virtute decor, in labore quies
--Espineux


En ce cinquante-deuxième jour du règne de Natale-le-Muet, armadas électorales tentèrent d'attirer le chaland. Fauteuils comtaux seraient prochainement attribués, et chose à l'accoutumée attirait foule innombrable, saisissant ici occasion de voir de ses yeux, ou même parler, avec les futurs dirigeants du Comté.

Espineux, chroniqueur, s'en fut détailler programmes et promesses, mais temps lui manqua pour visiter tous les stands.

Première visite fut pour TNT, stand fort médiocre en ce qu'il ne proposait point de victuailles. Espineux, chroniqueur, nota que parti était celui de la corrompue Juge Katou, connue pour n'avoir jugé pas plus de deux ou trois procès en deux mois ainsi que du garçon-boucher Dheimet-le-Petit, accessoirement bâtonnier du barreau toulousain, dont le mandat se résumait à une liste d'absences. Fut noté fort attrayant programme juridique, consistant à promettre de résorber le retard fort opportunément accumulé par les élus du TNT en poste. Fut notée méconnaissance avouée du fonctionnement de l'armée et de la maréchaussée, chose qui eut put paraitre cocasse pour une liste ayant en ses rangs le Prévot Mylène et l'ancien Capitaine Dheimet.


Seconde visite fut pour Castor, proposant soupe de bulot qui avait donné la veille maux d'estomacs incessants au valeureux chroniqueur. Espineux, chroniqueur, nota recyclage maladroitement masqué des anciens comparses de la comtesse de fer, fort heureusement absente des festivités. Fut notée obsession paranoïaque aggravée envers les castors, qui, si l'on en croyait le meneur Aldec, rongeaient le Comté de leurs dents musclées. Programme était fort divertissant à lire, promettant renouveau de l'art des troubadours et saltimbanques. Une fois le programme expurgé des bestioles à queues plates, Espineux resta sur sa faim, ne sachant trop où s'arrêtait la farce et où commençait la politique.

Convenances voulaient que listes présentassent des programmes ambitieux remplis de promesses ensuite non tenues, faisant ainsi étal ne fut-ce qu'une semaine tous les deux mois, de leur volonté de comprendre la chose politique. Discours compliqués et alambiqués, abréviations, menteries élégamment tournées, tout devait concourir à persuader le peuple de donner sa voix à la liste faisant le plus ostensible étalage de sa connaissance.
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