--Espineux
En ce trente-cinquième jour du règne de Katou-la-Corrompue, Comté se déploya en moults festoyements, chacun rivalisant en toilettes de velours et dentelles, faisant préparer festins savoureux afin d'attirer sur lui attention du bon peuple par sa magnificence. Serments des avocats n'avaient point encore commencé, Sa Grandeur ne daignant point honorer la cérémonie de sa présencetant que coffre empli de bijoux n'aurait point été déposé en lieu tenu secret. Bon peuple fut cependant invité à constater qu'absence patente et manifeste de Katou-la-Corrompue de l'estrade publique n'était point due à fuite d'ycelle auprès de ses bons amis Viny-le-Malhonnête et la perfide Arfadette dont le procès trainait fort longtemps pour de non avouables raisons.
Espineux, chroniqueur, lavé et parfumé, se mêla donc à la foule compacte qui se pressait en les jardins du chateau. Prétendants à la noblesse se pressaient afin de recevoir fiefs et titres. Héraut tentait que protocole soit respecté. Fut ainsi vu Natale-le-Muet paradant avec nouveau blason avant même que de prêter serment. Fut également vue Carmeli, qui devait recevoir seigneurie pour avoir transmuté le blé en or en dansant nue sous la lune alors qu'elle était Bailli. Fut dit, que la dénommée Carmeli, adhérant aux principes "populaires" édictés par l'hérétique Ryan, refuserait publiquement seigneurie, afin qu'il ne fut point dit, cru ou pensé, que nouveau parti se réclamant du peuple serait corrompu dès sa naissance par mièvre nobliaude.
Fut alors annoncé à tous qu'en vertu du Concordat, Evesque Hardouin recevrait fief d'Avignonet, et que dès l'allégeance dument prêtée, paroisses de Castelnaudary, Foix et Toulouse qui croupissaient dans les griffes du Sans-Nom, auraient nouveaux curés afin de ramener à la vraie foy fidèles égarés. Tremblement s'ensuivit lorsque fut dit qu'Evesque Zoélie ne recevrait point fief, irrégularité héraldique entachant un Concordat à l'authenticité hautement controversée. Rumeur se fit immédiatement que ce n'était point erreur, qu'en sa qualité d'ancien héraut, Natale-le-Muet avait choisi cette terre à dessein, cédant ainsi aux demandes de l'Evesque Hardouin qui tentait de toutes forces de provoquer schisme entre les deux évêchés du Comté. Fut dit qu'homme qui refusait par fierté que sacrements fussent donnés à ses paroissiens par la curetaille d'Albi et de Castres, homme qui préférait les voir rejoindre les rangs des cathares, n'avait accepté présence des hérétiques en le Comté qu'en échange d'acte mesquin et nuisible envers son ennemie, l'Inquisitrice Zoélie.
Ainsi allait Toulouse, trahisons succédant aux trahisons. Mensonges et manipulation pavaient la voie de la lutte pour le pouvoir, dupant le peuple crédule par des promesses aux accents populistes savamment dosés, agitant épouvantails et fausses menaces afin de rassembler auprès d'eux ceux qu'ils avaient trahi la veille.