Alexander
Le blond regardait à présent lentrée de sa chambre comme sil allait en surgir une bête immonde tout droit sortie de lenfer. La porte tremblait de plus en plus, le bois craquait à chaque coup porté, encore deux ou trois et ce qui le séparait encore de la furie volerait en éclat. Il lui fallait une idée
Et vite!
S'habillant à la hâte sans quitter la porte des yeux, le blond cogitait cherchant autant ce qui avait pu foutre Adye dans dune telle rage quun moyen de lui échapper. Ô bien sur il se savait particulièrement doué pour mettre les nerfs de la brune en pelote et en jouait dailleurs bien souvent dès lors que lennui le prenait. Mais cette fois les choses étaient différentes, il navait rien fait pour déclencher un tel ouragan !
Grimaçant, il déglutit avec difficulté. Petit regard à la porte, puis à la fenêtre genre jtente, jtente pas
Le blond sapprêtait à faire volte face lorsque la porte finit par céder dans un bruit tonitruant qui lui laissa présager le sort quAdye réservait à ses os. Cette dernière savança, poussant ce quil restait de la défunte porte, lair menaçant. Il était trop tard pour fuir, sen était fini de lui
- Euh
Les réparations seront sur ta note! » fit-il en tentant de calmer ljeu tout en reculant dun pas par mesure de sécurité. Sa belle ne sembla même pas lentendre. Le regard mauvais, elle le dévisageait. Linstant sembla durer une éternité et puis soudain, Adye se jeta sur lui, parchemin en main. Tentant alors déviter les ongles acérés de la jeune femme manquerait plus quelle nabime son délicat minois- le blond essaya de lui attraper les poignets dans un échange qui ressemblait à peut-près à « arrête
aiieeuuuhh
Adye !... Lâche
Ca suffit
Lâche jai dit
Mais aieuh ! ».
Léchange était violent, bestiale, nul naurait pu dire qui avait le dessus, pas le blond en tous les cas. En dautres circonstances il aurait adoré une telle situation et en aurait largement profitait mais là, ne rien comprendre commençait à lagacer. Dun geste plus fort que les autres il repoussa alors la brune qui se détacha de lui, loin dêtre calmée pour autant. Moment de latence où les deux adversaires se jaugèrent puis la réponse à tout ce cirque éclata enfin :
TU PEUX M'EXPLIQUER CA?!! POURQUOI MALEUS ME DEMANDE A MOI DES EXPLICATIONS!!!
Re oups
Pensée pour Maleus : Traitre ! Le blond devait maintenant de sortir dune galère quil navait pas du tout envisagée, il devait sortir de ce pétrin
Oui mais comment ? Avouer ? Se faire miséreux pour lattendrir ou au contraire paraitre fort et assumer son acte ? Accuser Maleus de folie ? Nier ? Sourire et sexclamer : SURPRISE !?...
TU MAS TROMPE !
Les mots étaient sortis tous seuls sans que le blond ne sache vraiment pourquoi il venait de dire ça. Dans une telle situation inverser les rôles était souvent une solution très efficace. Certes lâche, mais efficace ! Ne restait plus alors quà détourner la conversation, obliger Adye à se justifier, puis dans un élan du cur lui pardonner son écart et il serait sauvé ! Profitant de la surprise de la jeune femme, il enchaîna alors
Daccord jai fait une connerie, mais en apprenant que tu mavais trompé avec cet abruti de Gabriel
Jétais si mal... que
jen ai eu marre de toute cette mascarade et jai voulu y mettre un terme ! Adye, comment as-tu pu me faire ça ?
Pour un peu il se serait mit à pleurer. Pour paraître plus crédible, il poussa le vice jusquà se laisser tomber lourdement sur son lit, plongeant son visage entre ses mains tout en reniflant bruyamment et ajouta dune voix tremblotante : Comment ai-je pu être assez bête pour penser que ça pouvait sarranger entre nous, que tu reviendrais, que tu maimais encore
Je me sens si... bête et ...
Laissant sa phrase en suspend, il leva ses grands yeux bleus vers la brune et lâcha faiblement : Pourquoi ?...
Évidement il aurait été bien plus simple de demander à la jeune femme de se calmer puis de lui expliquer sereinement quil avait eu envie de reprendre leur ancienne vie, quil sétait rendu compte que la voie quil avait pris depuis une année ne le menait à rien et pire encore quelle ne faisait que les éloigner lun de lautre. Il aurait pu avouer quil avait souhaité renouer des liens avec les autres, avoir des nouvelles, repartir à l'aventure, que ces deux semaines passées sur les routes lui avaient ouvert les yeux mais qu'il navait pas osé lui en parlé de peur de la décevoir. Oui, Armand aurait pu avouer la vérité mais lorsque lon est jeune, blond et prétentieux, avouer un échec nest pas une solution envisageable. Plutôt crevé quadmettre ! Et le blond était cette fois bien partie pour faire de sa devise, une réalité !
Pourvu quAdye se laisse apitoyer
.
Alexander
Non mais ça va pas la tête ! Fit le jeune homme en se levant brutalement alors quAdye venait de faire voler en éclat la psyché. T'es dingue! L'azur s'assombrit prenant des reflets métalliques, cette fois sen était trop ! La porte passe encore mais ça
Tu sais combien ça ma couté ?!
Oubliant alors sa mascarade, Armand s'accroupit et prit en mains deux morceaux du miroir brisé qu'il tenta vainement d'assembler... Peine perdue. Laissant son regard balayer le désastre, le blond fulminait. Satisfaite? ajouta-t- il d'une voix sèche lâchant les débris qu'il avait en main tout en se relevant lentement.T'as décidé de tout détruire? Armand venait de perdre toute envie de continuer à faire l'idiot. Plus question alors d'inventer une de ses histoires farfelues pour échapper à la confrontation. Le visage fermé, il plongea son regard dans celui de la brune. Alors ? ...
«Pour une fois dans ta vie ne me mens pas
»
La requête le prit tellement au dépourvu que bien que furieux, Armand ne su plus que répondre et resta alors à regarder bêtement la jeune femme. Décontenancé, il peinait à trouver ses mots et sa colère se mua peu à peu en profond soupire de lassitude. A dire vrai, il ne savait que répondre, lui-même ignorait pourquoi il avait écrit aux autres. Un coup de tête, voilà ce dont il sétait agit, une envie de balayer lannée qui venait de sécouler et de recommencer comme avant.
Mais Adye lavait suivit dans son délire, lavait soutenu dans son choix et, malgré le mal quil avait pu lui faire et les épreuves quelle avait du endurer en le croyant mort, elle était restée à ses côtés. Comment lui avouer alors quil voulait revenir en arrière, que cette nouvelle vie quil désirait ne lui convenait pas. Quelque chose clochait sans quil ne sache vraiment quoi. La seule chose dont il était certain cest quil avait échoué.
Cétait des rêves de grandeur qui lavaient conduit à Épinal, lenvie de se faire une place dans la haute société, d'avoir argent, luxe et reconnaissance et pouvoir offrir à celle quil aimait tout ce dont elle avait envie. il voulait ce que les nobliaux avaient... Il voulaient en finir avec les bas fond puants, les paillasses crasseuses et les bagarres de rues. Il voulait une meilleure vie Mais voilà, force était de constaté quun an sétait écoulé et rien navait avancé. Même Adye avait mieux réussit à sintégrer que lui. Faut dire que ses absences répétées, ses silences et son air absent naidaient pas
Mais ce quArmand ne comprenait pas, cétait comment il avait pu en arrivait là, lui qui était venu avec tant de rêves
. L'ambitieux avait flanché devant ses propres rêves, il avait eu la trouille et il était bien trop fier pour ladmettre.
Plongeant lazur dans les yeux de son ex-compagne Armand resta silencieux. Comment lui dire tout ça ? Il lui était facile de faire le pitre, de la mettre en colère mais dès lorsquil sagissait se souvrir le blond était perdu. Non hors de question! Plutôt affronter une furie en colère, qu'une Adye simplement déçu...
J'voulais prendre des nouvelles, y a pas mort d'homme si? Le Languedoc et l'enlèvement sont oubliés depuis belle lurette, j'ai plus vraiment de raison de m'cacher d'eux... Et si on veut mener à bien notre projet on peut avoir besoin... d'amis... Non?
Armand lui sourit, charmeur et fit un pas vers elle. Ils commençaient tout juste à se rapprocher, se serait bête de tout gâcher maintenant pour un stupide courrier qu'il suffisait d'ignorer non?
... Non?
Baudoin.
Et voilà, Baudoin avait dit au revoir à Elektra. Elle était partie ...
Trainant des pieds, il rentrait chez lui, quand il entendit des cris venant de l'auberge. Il entra et monta à l'étage, en direction des cris.
Arrivé en haut des marches, il se trouva nez à nez avec la tenancière, qui tenait la sympathique jeune femme qu'il avait rentré peu avant en taverne, ainsi qu'un blondinet devant une porte brisée.
Oh là Germaine ! Quest c' qui s'passe ici ?
Lâchez donc Adye ! Et qui a fait ça à vot' porte ? Cest l'blondinet ?
Il lança un regard soupçonneux à lhomme puis sourit aux deux femmes.
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Baudoin - Tribun dÉpinal
Jeune vagabond de 16 ans
Alexander
Adye
Sonné par les mots de la jeune femme, le blond resta planté au milieu de la pièce à la regarder partir sans faire le moindre pas. « Fais les choses en douce, comme tu as l'habitude de le faire, après tout je ne suis plus rien pour toi. » Lazur semblait s'être ébranlé sous le poids des mots et lassurance burlesque quavait pu témoigner Armand vola en éclat tel le miroir dont les morceaux jonchaient encore le sol. Une fois de plus, sa fierté lavait conduit vers ce quil redoutait le plus : Décevoir Adelinda.
Et merde
Fatigué du marasme dans lequel était plongé leur couple depuis maintenant plusieurs mois, le blond soupira tout en ce laissant tomber sur le lit, tête dans les mains. Pourquoi sarrangeait-il toujours pour tout briser dès lors quils se rapprochaient ? De quoi avait-il donc si peur pour blesser chaque fois celle quil aimait pourtant infiniment ? Le jeune prétentieux était seulement incapable de dire ce quil ressentait tant cela lui apparaissait comme une marque de faiblesse et il choisissait alors lesquive même si celle-ci, cruelle amante, le conduisait souvent à sa perte.
Connerie
Comme si les paroles dAdelinda venaient seulement de faire leur chemin dans la caboche blonde, Armand se releva tout à coup. Hors de question que tout se termine ainsi ! Conscient alors quil avait bien plus à perdre à se taire quà admettre ses fautes, il sélança vers la porte prêt à tout expliquer enfin. Adye devait savoir
Certes, mais Adye était quelque peut occupé là
Vous l'avez bien vu, c'est elle qui a cassé la porte n'est-ce pas?! Je sais que c'est elle, elle vociférait tellement qu'on l'a sans doute entendu au bout du village! J'ai raison hein?!
Perdu dans le labyrinthe de ses pensées tortueuses, Armand navait rien entendu de ce qui se jouait sur le palier. Quelle ne fut pas alors sa surprise dy trouver une grosse bonne femme tenant sa brune par la chevelure. « Quest ce que
». Hébété, Il lui fallut alors plusieurs secondes pour tout remettre dans lordre : la fureur Adelindienne la porte les voisins la proprio les emmerdes !
Un sourire naquit aux coins des lèvres du jeune homme, ce nétait pas tout les jours quil pouvait voir sa belle en telle posture. Voilà une nouvelle diversion qui pouvait arranger ses affaires, nouvelle esquive servie sur un plateau pour ne pas tenir lengagement quil venait de se faire à lui-même quelques secondes plus tôt
Oh là Germaine ! Quest c' qui s'passe ici ?
Lâchez donc Adye ! Et qui a fait ça à vot' porte ? Cest l'blondinet ?
Larrivée du tribun lui fit cependant totalement reconsidérer la situation. En effet, si le jeune prétentieux pouvait samusait de voir sa belle dans des situations cocasses, il détestait en revanche quun autre que lui vienne jouer les troubles fête et plus encore les chevaliers servant. Il fusilla alors le jeune gars qui osait laccuser pour l'inciter à s'la fermer et ne pas se mêler de l'affaire. Bien quil navait pas la moindre idée de qui voulait être ce dernier, il le détestait déjà. Pourtant, Baudouin venait de lui donner une idée qui allait peut-être servir sa cause après d'Adye !
En effet, jai cassé vote porte qui mfaisait chier faut bien ldire ! Et la jeune femme quvous tenez dans vos mains là à juste tenté dmarrêter
Jvous la rembourserai vote porte va quand on partira mais écoutez lsieur là et lâcher ma femme !
Main sur la garde de sa dague, le ton du blond était aussi froid que mauvais et ne laissait guère place à négociation. Adye et lui devaient encore parler et ce nétait pas une grosse follasse qui allait les en empêcher pas plus qule bon Saint-Maritain. La jalousie du blond venait de prendre le pas sur le reste, plus question alors desquive et de pitreries, il voyait rouge le blond.
Faut qujme répète ou bien
. ?
Baudoin.
Baudoin n'avait pas vu le regard que lui avait lancé Alexander, trop occupé qu'il était à faire un sourire charmeur à Germaine, afin quelle lache Adye.
En effet, jai cassé vote porte qui mfaisait chier faut bien ldire ! Et la jeune femme quvous tenez dans vos mains là à juste tenté dmarrêter
Jvous la rembourserai vote porte va quand on partira mais écoutez lsieur là et lâcher ma femme !
Ah !
Tout fier de lui, Baudoin sourirait de plus belle, ravi d'avoir deviné juste ce qui s'était tramé par ici !
Allez, lâchez là Germaine, j'la connais en plus et j'me porte garant d'sa conduite !
Laissant de côté la tenancière rassurée, il reporta aussitôt son attention sur Adye.
Tu vas bien ?
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Baudoin - Tribun dÉpinal
Jeune vagabond de 16 ans