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Aux nobles instincts.

Delta.
[RP semi ouvert] Comprendre qu'un MP est attendu, avec accord de ma part pour pouvoir participer. Une balise [Lieu] sera appréciée également.

[Marseille]

Un pavé dans la mare. Un pavé, y’en a marre. La brune était soucieuse. Elle avait tout fait, des plus sombres emplois dont elle ne gardait qu’un souvenir diffus et un savoir aimer aussi riche qu’une purpurine rose, au pillage de château en se faisant passer pour une pauvre petite oie blanche… Tout. De l’enfantement de chiard de brigand au mariage avec un noble… Et de l’amour, parfois, toujours.
Elle avait souffert, souvent, trop, régulièrement. Trimardeur au point d’encre, Appréciant plus qu’apprécié, brigand aux braies embrasées, Breton (de Bretagne !) gardien de son âme, oiseau de nuit couplé à un pot de miel… Parce que l’oiselle qui se voulait frivole, c’te conne, elle avait le cœur tendre. Et ouais. Trop, beaucoup.
Le cœur tendre et le feu au derche, c’est pas tout à fait compatible. Alliez les tripes en vrac et l’absence, vous retrouverez une femme perdue. Tromper son amant. La pire chose qu’elle n’ait jamais faite. La seule chose qu’elle se reprochait.
Pire, hésiter réellement lorsqu’on lui propose de partir, loin, visiter le nord, visiter, accompagnée, se changer les idées, sourire, vivre, avec quelqu’un qui en a envie. Avoir envie, au fond, avoir envie, mais espérer un retour, une sortie de monastère, une préférence pour l’absence de ses robes plutôt que les robes de bure… Emmiellée.
Maudire le flamand, ils avaient pourtant convenu que ça ne serait que pour quelques semaines, il ne pouvait pas partir proprement ? Il avait fallu qu’il évoque l’envie qu’elle vienne, qu’il brûle la plaine…
Soit, on ne pouvait donc pas faire confiance aux hommes, puisqu’il leur fallait une femme attachée. Soit. Et elle ne pouvait pas se faire confiance, puisqu’elle s’attachait. Rares étaient ceux d’un soir, quelques jours, qui n’avaient pas laissé de marque, de bleu à l’âme. Il faut dire qu’elle était attachante, quand on grattait un peu. Et on grattait, griffait, découvrait, s’installait…
Abstinence ? Elle ? Impossible. Il est des besoins qu’elle ne saurait laisser insatisfaits. Les siens. Comment faire ?
Ainsi songeait-elle lors des absences amantesques. Une idée lui vint. Une idée qui lui parut lumineuse, une idée où les sentiments n’avaient pas leur place, une idée…

Elle écrivit bien des courriers, dépensa sans compter, tant pis. Elle acquit un bâtiment, collé à sa taverne, celle qui n’était pas ouverte, celle qui était réservée à l’amant officiel, le seul qui contait réellement. Celui qui manquait, celui pour qui, comble de l’ironie, elle créait tout cela. Celui pour qui elle voulait garder ses sentiments purs. À défaut d’autre chose.
Elle avait douté, rien qu’un instant, et cela était passé. C’était lui, lui seul qui la possédait réellement, jusqu’aux tréfonds de son âme. Comprendrait-il ? Comprendrait-il que pour lui rester fidèle elle s’adonnerait à encore plus de plaisir ? Elle l’espérait, pour peu qu’il revienne. Elle en doutait, qu’il revienne et qu’il comprenne, elle en doutait, lui qui avait vécu à vif, abstinent, longtemps.

La machine était lancée.

Commandes de vêtements, travaux, beaucoup, une ouverture, masquée d’une tenture, entre les deux bâtiments, entre ses deux chambres, oui, siennes.
Tissus Cianfaranesques, pas de question, des descriptions, une facture, adressée à "Madame".
Promenades dans les rues marseillaises, dénicher une gamine, vierge, peut être, à vérifier, de la chair fraiche, laisser une affichette, expliquer où laisser un message, envoyer la môme, régulièrement.

Pester, officiellement, et retourner en Aix, voir l’avancement.

Se perdre, à trop vouloir paraitre, a fini par réveiller l'être enfoui, Delta est de retour, DeltaMu, Delta mue, se transforme, la Baronne qui était parfois elle-même, rarement, cachée, masquée, se farde et se masque.

Voici "Madame".
_________________
Thufthuf
[Quelques semaines plus tard, mais peu après le pichet de la discorde]


Perdu dans ses pensées plus que dans les rues, ThufThuf se repassait la journée dans la tête. Il n'était pas si sûr, finalement, que le Baron d'Orange lui accorderait un nouvel entretien. Peut-être que sa curiosité l'y pousserait mais ce n'était pas certain. A posteriori, l'idée de le pousser à bout n'était pas la bonne. Quoi qu'il en soit, il était trop tard pour y changer quelque chose.

C'est résigné et distrait par ses plans que notre boiteux poussa la porte des Nobles Instincts, pensant entrer dans une quelconque taverne. Une enseigne, de la lumière, un comptoir entraperçu par la fenêtre, rien de tel pour vous faire croire que c'est un endroit dont le but est d'étancher votre soif.
Il se dirigea instinctivement vers le bar, notant au passage la silhouette féminine accoudée au meuble. Mince, les formes soigneusement dissimulée par une cape, et des cheveux d'un noir de jais tombant en cascade sur ses épaules à moitié dénudées. Blanches, les épaules. Très blanches. A tel point qu'il se dit qu'il les a déjà vues quelque part. Mais vu qu'en ce moment c'est le cadet de ses soucis, il n'ira pas chercher où. D'ailleurs, il s'en fout, il ne court plus les jupons depuis un moment. Notons juste que le tissu semble précieux, indice éventuel sur les origines de la supposée belle.

Au rythme des *poc* étouffés de sa canne sur les dalles de pierre recouvertes de tapis précieux, il est arrivé auprès d'elle sans vraiment chercher à la regarder. Se penche par dessus le comptoir en espérant apercevoir le tavernier puis, interloqué par son absence, se tourne et explore la salle du regard. Foutre! Draperies épaisses rouge grenat, chandeliers précieux, fauteuils assez larges pour recevoir deux personnes et plus si affinités, tables rares mais pourvues de coupes de fruits et autres collations. Certainement, ce n'est pas une taverne. Les lupanars, ThufThuf, ce n'est pas son quotidien. Et un tel clapier de luxe encore moins. Du coup, plus aucun doute à avoir sur le motif de la présence du corps féminin qui s'agite maintenant à côté de lui. Intense et rapide moment de réflexion, mi-stressé mi ennuyé puis:

Hum... Le tavernier est-il taquin au point de jouer à se cacher pour égayer la clientèle ou dois-je comprendre que je ne suis pas le bienvenu dans son établissement?
--Madame.


Madame était plongée dans ses pensées et surtout, dans la dégustation d’un Hypocras préparé par ses soins. Parfait, comme à son habitude… Elle ne se rendit compte du bruit ambiant et de la présence d’un homme que lorsqu’il fut fort proche d’elle. Elle était tellement persuadée d’avoir clôt la porte qu’elle avait cru le son en dehors de son établissement.
D’un geste vif elle rabattit le capuchon de sa cape sur sa tête, allant masquer ses yeux… L’endroit était plongé dans une pénombre douce, avec un peu de chance…
L’homme n’était autre que celui qu’elle avait pris pour un domestique à l’anoblissement de Callas… Le même homme qui était parti avec son époux, discuter Marquisat, quelques temps auparavant. Elle se composa un air, ne laissant rien paraitre. Premier contact avec un potentiel client… Alors que l’endroit n’ouvrirait que le soir même…
Deux jeunes femmes avaient répondu présentes, ce serait leur baptême du feu, pour l’heure, elles étaient en phase nettoyage, Madame avait encore à aller vérifier la chose… Nul droit à l’erreur.

Elle se tourna vers l’inconnu pas si inconnu que cela et le salua d’une voix feutrée.

- Le bonjorn, sieur. Soyez le bienvenu en mon établissement. L’on m’appelle « Madame », je vous invite à faire de même.

Une main douce, présentée, elle l’invita ensuite à s’asseoir, lui indiquant un des hauts fauteuils du bar.

- Prenez siège, je vous en prie… Les nobles instincts n’ouvrent normalement que ce soir, mais il est possible de déroger à la règle.

Elle passa ensuite, face à lui, de l’autre côté du comptoir, lui servit d’autorité un verre de l’Hypocras fraichement préparé.

- Vous ne trouverez ici nul tavernier. Nul homme, en fait, enfin, dans les employés… Et vous êtes ?
Thufthuf
Pas de tavernier, mais une tavernière. Et une hôtesse. Finalement, son erreur pourrait peut-être trouver solution. En jouant bien son coup, il arriverait peu-être à ressortir de là en gardant au moins une bourse remplie. Pour commencer, mieux valait plaire à la maîtresse des lieux et donc honorer la main tendue vers lui. Heureusement pour lui, ThufThuf avait eu l'occasion de fréquenter la Noblesse assez longuement.

Après avoir effleuré des lèvres le dos de la main qui lui avait été présentée il prit place, un peu péniblement, sur le haut tabouret le plus proche et regarda la svelte encapuchonnée faire le tour du comptoir. Quelle idée d'avoir choisi cape aussi ample, pensa-t-il, cela irrite plus que que cela n'intrigue! De face, impossible de détailler son visage. Un menton rond, des lèvres fines mais pulpeuses, la pointe d'un nez légèrement en trompette. Et bien sûr encore cette peau pâle, presque blanche. Déjà vue, aperçue, entrevue. Il serait bon de se souvenir où et sur qui, cela permettrait sûrement d'économiser beaucoup d'écus (qu'il n'avait d'ailleurs pas sur lui). En tant que narrateur, je sais que notre éclopé ne retrouvera pas la mémoire ce soir-là. Pas au comptoir en tous les cas. Et il devra donc trouver autre chose pour garder serré les cordons de sa bourse. Déjà, profiter de l'aubaine de ne pas avoir commandé.

Vous ne trouverez ici nul tavernier. Nul homme, en fait, enfin, dans les employés… Et vous êtes ?

Assoiffé, vous avez bien deviné. Et je vous remercie d'y remédier avec tant de générosité. Je ne m'attendais pas à me voir offrir un quelconque cadeau de bienvenue. Sourire, espérer faire mouche et poser sa canne sur le bar. Noter au passage qu'il serait temps de lustrer le pommeau et de repolir le bois. Mais je déteste boire seul. Peut-être me ferez-vous le plaisir de remplir à nouveau votre verre et de me tenir compagnie? Ensuite, si ma bourse le permet, je tâcherai de faire honneur à la généreuse spontanéité de votre accueil...
--Madame.

Madame esquissa un sourire, elle était tombée sur un marrant. Soit. Elle tendit le verre - fin - à l'homme, se resservant dans le même temps.

- Nulle ne vous a demandé de payer. L'établissement n'est pas ouvert encore, et ce verre est offert.

La main qui reçut le verre futt caressée, effleurée, à peine, rien de vulgaire dans le geste, non. Un œil sur le comptoir et la canne qui y trônait, elle arqua un sourcil invisible sous sa capuche, n'en dit rien. L'homme serait sans gêne ? Il allait falloir corriger cela.

- L'alcool n'est pas la seule chose qui se vend, ici. Bien au contraire, cela est secondaire.

Elle refit le tour du bar, son verre à la main, prit la canne et la posa au sol, appuyée contre le bois du meuble. Elle leva ensuite son verre vers ce premier client qui consommait gratuitement... L'alcool, en tous cas.

- Est-ce par hasard que vos pas vous ont conduits ici ? Ou aviez vous un désir précis en passant cette porte ?

La question fut ponctuée d'une gorgée d'hypocras, teintant légèrement ses lèvres du carmin de la boisson. Elle se souvenait parfaitement d'où elle avait croisé l'homme. À deux reprises. Prudence était donc de mise.

- Pour ce qui est de faire honneur...

Un sourire, lourd de sens, vint garnir ses lèvres.
Thufthuf
Offert. Même pas besoin d'essayer de faire usage de ses talents de persuasion, son hôtesse semblait d'accord avec lui. Ou peut-être avait-elle misé sur sa dégaine pour déduire qu'il ne pourrait pas payer grand chose. Mais si c'était le cas, pourquoi semblait-elle vouloir le garder à l'intérieur plutôt que de le chasser? L'absence d'homme(s) dans son établissement en était peut-être la raison principale. Parce que notre ThufThuf doutait que son charme rugueux, ses mains calleuses et sa patte folle soient au goût d'une femme qui tenait si luxueux établissement.

Et pourtant, elle jouait son rôle, douce et suggestive, tout en finesse. Une caresse, des paroles suaves, des lèvres aguicheuses. Si cela avait été son genre, il aurait sûrement cédé à la tentation grandissante de louer les services de Madame.

J'ai bien peur que le hasard soit responsable du dérangement que je vous occasionne, Madame. Le hasard et ma distraction... Perdu dans mes pensées, je croyais entrer dans une taverne ordinaire. Je crains de n'être pas assez bien doté pour entrer intentionnellement dans un tel temple d'Aphrodite. Il aurait bien ajouté "désespéré", mais si les employées étaient aussi envoûtantes que l'établissement était luxueux, le désespoir ne devait pas être le lot de sa future clientèle. Plutôt l'ennui et la perversité.

Au fil de la conversation, son hôtesse est revenue près de lui. Debout, légèrement en contrebas, juste assez pour lui offrir une vue imprenable sur une gorge magnifique, pleinement mise en valeur par une tunique aussi légère qu'elle devait être onéreuse. Evidemment qu'il appréciait le spectacle, et elle le savait sûrement. Aguichante, aguicheuse, sûrement dotées de moyens financiers énormes. S'il n'était pas marié, père et paysan, il aurait sûrement lancé la chasse. Et après le sourire qu'elle venait de décocher, l'envie qui lui tenaillait le ventre et l'esprit gagnait encore en ampleur. Surtout maintenant que ses lèvres avaient pris la teinte violacée de l'hypocras.

En parlant de ce délicieux vin, il serait peut-être temps d'y goûter, se dit-il en portant le verre à la bouche. Epicé et sucré, picotant le palais juste ce qu'il faut, le breuvage était à l'image du bordel: magnifique. Savourer, les yeux fermés, puis:

Délicieux. A l'image de ce que j'ai sous les yeux... il est regrettable que j'aie toujours préféré compter sur mon charme que sur mes écus pour profiter des charmes d'une femme. Court silence, sourire honnête mais charmeur. Ce point étant éclairci, la question de vous faire honneur se pose à nouveau. Peut-être me direz-vous plus tard quelle méthode appliquer ou quel service vous rendre.
--Madame.

Elle eut un sourire indulgent pour ses dernières paroles. Indulgent car il semblait apprécier la boisson à sa juste valeur : celle d'un vin préparé par ses soins. Elle dégusta une autre gorgée, légère, se laissant enivrer par le parfum envoutant des épices rares, puis reprit la parole.

- À la différence de mes employées, mes faveurs ne se monnaient pas. Qui veut connaitre Madame et lui faire honneur, doit le mériter. Le mériter et accepter quelques règles, dont la principale est qu'il portera un bandeau sur les yeux, et que s'il l'ôtait...

Petite mise en garde, simple, réaliste. Nul besoin d'exprimer la menace, elle est évidente. Sa vie officielle ne pourrait souffrir le moindre écart, la moindre rumeur. Et oui, elle serait capable de maitriser un homme, voire deux.

- Pour ce qui est du charme... Ce n'est pas ici ce qui intéresse mes filles. La plénitude de la bourse pèse bien plus, bien qu'un charmant minois soit un plus non négligeable. Satisfaire un bel homme est bien plus agréable que de se soumettre à un soudard...

Elle sourit, à nouveau, fixant ses billes invisibles, dans celles, brunes, de son interlocuteur.

- Vous souhaitez donc me faire honneur, me rendre un service ?
Je recherche un portier. Nous saurions nous défaire d'un malotru entré ici, mais le mieux serait qu'il soit éconduit dès la porte...
Vous ne connaitriez pas quelqu'un de confiance capable d'emplir cette tâche, par hasard ?
Thufthuf
Un sourire. Encore. A croire que sa compagne du moment ne savait pas faire autre chose de ses lèvres. Non que c'était déplaisant, bien au contraire. Heureusement d'ailleurs, il fallait bien ça pour compenser la frustration de ne voir qu'une partie du visage. Et celle de ne pas se souvenir à qui il appartient. tentation de lui arracher sa capuche, puis une menace. Vague, non précisée, mais néanmoins concrète., et suivie d'un nombre important d'informations. Faire le tri, réfléchir, répondre. Et toujours, TOUJOURS, chercher à la voir mieux. La poitrine est une invitation à la dévorer, la bouche une promesse de douceur... Mais le reste?

Ma bourse n'étant surement pas à la hauteur des tarifs de vos employées, vous seriez donc ma seule possibilité en ces lieux? En un sens, c'est heureux, pour la raison que j'ai déjà évoquée. Mais encore faudrait-il pour cela que les charmes que vous cachez soient à la hauteur de ceux que vous montrez... Qui me dit que sous la cape ne se cache pas une vilaine cicatrice ou une méchante maladie? L'idée du bandeau, alléchante si l'on connaît la personne, l'est moins si la part d'inconnu est trop grande...

Provoquant? Evidemment! S'il ne la déstabilise pas, au moins la fera-t-elle réagir. Nouvelle gorgée du divin breuvage, coup d'oeil sur les lèvres de plus en plus grenat de son interlocutrice, puis sur le décolleté toujours offert à sa vue. Certainement, s'il s'attarde trop, il va vouloir tenter sa chance. Mais pour l'heure, le premier verre n'est pas vidé. Et puis, sa canne est maintenant trop basse pour être ramassée sans maladresse ni risque de choir.

Un portier, dites-vous? Tout dépend... De quelles qualités doit-il être pourvu?
--Madame.

Elle rit, elle rit à sa provocation, un rire léger, libre, nullement contenu. Un rire qui secoua sa gorge d'une façon élégante. S'il avait pu voir ses yeux, il aurait su qu'il l'amusait, réellement. Là où la bouche peut feindre, le regard est sincère. S'il avait pu voir ses yeux, avouons le, pas dit que ce soit sur eux qu'il aurait porté le regard...

Le rire ne s'étouffa pas même à la mention de la cicatrice, non, elle avait appris à vivre avec elle, elle lui appartenait. Seule marque que son très Cher avait laissé en son être, et encore, il n'était que responsable de sa mauvaise forme, pas de la plaie originelle...

Il s'avérait donc que sa bouche savait rire autant que sourire... Et elle savait faire bien des choses encore, ce genre de choses que la morale réprouvait.

- Votre seule possibilité... Pauvre de vous, n'est-ce-pas ?

Le ton était franchement moqueur, elle baissa ensuite la voix en un murmure suave.

- Votre seule possibilité, encore faudrait-il que j'en éprouve le désir. Car cela ne se fait que sur ma seule volonté.

Elle n'attaqua pas sur une éventuelle blessure, la canne parlait d'elle même et il était hors de question de rebuter le client... Qui n'en avait ni la bourse, ni la volonté. Elle surprit ses coups d'oeil, consciente de son effet.

- Il me faut quelqu'un de discret, assez fort pour repousser les intrus, assez délicat pour aider à mon bien être - s'il ne doit y avoir qu'un homme ici, il se doit de savoir manier les chairs pour que je me prélasse - bien mis - je fournis la tenue, il s'agit donc de son apparence propre - propre, d'ailleurs... Sachant manier le langage de façon correct...
Un gentilhomme sachant tenir sa langue, en somme. Encore faut-il qu'il me plaise.

Elle le fixe, prenant le temps, pour cette troisième rencontre, de le détailler.

- Vous connaissez quelqu'un qui correspond ?
Thufthuf
Un rire cette fois. Long, semblant sincère. Mais qui peut savoir, avec ce genre de femme? Il y avait deux points positifs cependant: la maîtresse des lieux savait faire autre chose que rire, et sa cape libre de toute attache laissait entrapercevoir son corps un peu plus à chaque éclat. Pendant le furtif moment où elle avait laissé voir son épaule droite il avait pu repérer une tache sombre sur cette dernière. Blessure ou tatouage, il n'aurait su dire, vu la rapidité avec laquelle elle s'était rhabillée.

Pauvre de lui, en effet. Tiraillé entre ses envies de finir sous les draps avec elle et son serment de fidélité à celle qui partageait sa vie. Et même si elle donnait l'impression qu'il lui plaisait, c'était peut-être pour lui faire délier sa bourse. Ou pas, allez savoir. Lui, en tous cas, n'en devine pas encore assez. Donc... il reste! Pour écouter une nouvelle condition. Il en fallait, des qualités pour avoir droit aux faveurs de celle-ci: aveugle, bien portant, méritant... Peut-être encore un tas de choses, qui sait!

Pauvre de moi, oui, qui n'ai d'autre choix que d'admirer ce que vous daignez laisser voir et ne peux deviner que le trop grand reste... Même le divin nectar dont vous m'abreuvez gracieusement ne suffira pas à faire oublier cette déception. Nouveau sourire, pour appuyer la semi-plaisanterie. Et nouvelle gorgée, pour finir de se délecter de l'hypocras.

Il me faut quelqu'un de discret, assez fort pour repousser les intrus, assez délicat pour aider à mon bien être - s'il ne doit y avoir qu'un homme ici, il se doit de savoir manier les chairs pour que je me prélasse - bien mis - je fournis la tenue, il s'agit donc de son apparence propre - propre, d'ailleurs... Sachant manier le langage de façon correct...
Un gentilhomme sachant tenir sa langue, en somme. Encore faut-il qu'il me plaise.

Discret, check. Fort, check (si on évitait de titiller sa jambe gauche). Manieur de chairs, check. Bien mis, check (s'il fallait en croire certaines). Langage correct, check. Lui plaire... joker. Finalement, la journée ne se terminait pas si mal. Il avait laissé échapper le Seigneur de Lorgues mais il avait trouvé charmante compagnie, pourvoyeuse de boisson et éventuellement d'un emploi stable - et plus si affinités- Le travail serait sûrement plus facile et plus rémunérateur que les corvées qu'il acceptait habituellement.

Et bien... Si jamais j'avais le loisir de plaire à Madame, il est certain que la situation aurait de quoi me plaire. Peut-être m'indiquerez-vous où je peux me débarrasser de la crasse qui stagne dans les rues, pour que je puisse paraître sous un meilleur jour? Il est évident que je vous dédommagerai pour cela, en même temps que je vous inviterai à nous resservir, à mes frais...
--Madame.

C'est qu'on ne travaillait pas pour Madame si l'on était monsieur tout le monde, ou tout du moins, un monsieur tout le monde sans intérêt. Quant aux faveurs... C'était encore différent, ça se faisait au ressenti du moment, à son envie, son instinct. Madame était exigeante, ou pas, c'était selon. Et l'homme en face d'elle ne lui déplaisait pas, elle n'aurait déjà plus été à s'en occuper sinon.

- Survivrez vous à cette douloureuse déception ?

Elle savait, malgré la boutade, qu'elle l'intriguait plus qu'elle ne le rebutait, qu'il s'interrogeait. Elle se demanda s'il la reconnaissait et se jouait d'elle ou s'il ignorait réellement qui elle était, s'il doutait, avait des soupçons... Et à vrai dire, elle s'en fichait. Le peu qu'elle savait de lui tendait à lui donner raison.

Et visiblement, elle ne se trompait pas sur ses intentions à son égard, en témoignaient ses paroles quant au poste à pourvoir.
Nouvelle gorgée, le temps de l'observer encore. Bras gauche cette fois, qui écarta la cape, portant son verre à ses lèvres. Le geste était calculé, répété tellement de fois qu'il en était naturel... Et si le fin vêtement de gaze qu'elle portait sous sa cape ne cachait pas grand chose, la pénombre faisait le reste.

- Ainsi donc, vous seriez intéressé...

Elle laissa la phrase en suspend, volontairement, puis vida son verre et le reposa délicatement. Elle lui tendit sa canne, alla verrouiller la porte d'entrée puis s'éloigna vers une porte contigüe.

- Venez.

Madame ouvrit la porte et pénétra dans un couloir sombre, décoré de la même manière que la salle principale, quelques portes plus loin, - derrière l'une d'elles filtraient quelques bruits d'eau et de rires - elle entra dans une nouvelle pièce, aux murs de pierre polies par le temps. En son centre trônait un large baquet empli d'une eau limpide dans laquelle elle plongea de grosses pierres rougeoyantes. Rapidement, le liquide se mit à fumer.

- Puisque vous souhaitez vous baigner.

Lorsqu'il fut entré, elle referma la porte, restant dans la pièce.

- Les filles sont occupées, je m'occuperai donc de vous personnellement.

La bonne excuse... Mais il fallait bien qu'elle puisse juger de la qualité de la marchandise ! C'est qu'on n'emploie pas n'importe qui, chez Madame !
Thufthuf
[Au bain]


Que ne donnerait-il pas pour voir ses yeux. Il les imagine foncé, presque aussi sombres que la chevelure qui lui tombe sur les épaules. Les yeux, ça ne ment pas. On peut feindre par les gestes et les paroles, mais les yeux trahissent toujours les vraies pensées. Et puis, si la capuche glissait du visage, la cape tomberait aussi. Pas à négliger ça: d'une pierre, deux coups. L'utile et l'agréable en même temps. Et si ce n'était pas de son fait, il trouverait sans doute le moyen d'échapper aux menaces précédemment évoquées. Ah, si seulement la porte avait été mal fermée... Un courant d'air pernicieux aurait pu s'engouffrer dans le vêtement quand, délicatement tout autant que volontairement, elle lui avait laissé voir son autre flanc. Délicieux jeu d'ombres et de lumière qui fait miroiter ses beautés cachées. Mais non! La vie n'est finalement pas si bien faite que cela...

Il me faudra bien y survivre, ma chère, si je veux continuer espérer réussir à transformer la déception en victoire. Nouveau sourire, un de plus, surement pas le dernier. Il plaisante à moitié. Il est de plus en plus certain qu'il l'a déjà vue, croisée, entendue. Il ne désespère pas de retrouver la mémoire et, même si ce n'est pas totalement calculé, inconsciemment, il compte bien sur l'occasion du bain pour la démasquer.

Une main aussi pâle et délicate que sa gorge lui tend sa canne puis c'est tout le corps qui s'éloigne, les enferme, revient. Voluptueuse chorégraphie savamment étudiée. Mouvements de hanches, à peine révélées par le vêtement, mais suffisants pour suggérer les délices qu'elles peuvent prodiguer. Jambes aux mollets fins et aux cuisses généreuses se laissant voir quand les pans du manteau glissent dessus.

Evidemment, qu'il vient. Et même plutôt deux fois qu'une. Plusieurs portes défilent, certaines ouvertes sur des chambres aussi richement meublées que la salle principale, d'autres fermées. L'une est entrouverte, laisse échapper des bruits qui feraient frissonner même le plus dévot des prélats, mais qui cache tout au regard.

La pièce où elle l'a entraîné est spacieuse, éclairée juste ce qu'il faut pour que le gigantesque baquet soit seul à ressortir de la pénombre. A nouveau, les gestes sont précis, calculés, ajustées. Le bas de la robe remonte quand elle se saisit des pierres, fait profiter les yeux de la vue sur ses jambes puis sur sa poitrine quand elle les laisse couler dans la baignoire, laissant le vêtement s'ouvrir un peu plus encore. Enfin, la brume se lève et l'entoure d'un halo mystérieux, la faisant ressembler à une apparition divine (ou démoniaque), juste là pour le tenter.

Elle disparaît derrière lui, nouveau bruit de porte.

Elle m'a laissé seul, la garce! Peste soit de cette tentatrice!

Il avise une table non loin du baquet, s'y dirige au son de la canne frappant les dalles de pierre. L'accessoire posé dessus, il entreprend de se débarrasser de sa chemise, la laisse tomber dessus. Les mains ont presque fini de dénouer les braies qu'une voix suave et connue se fait de nouveau entendre derrière lui.

Les filles sont occupées, je m'occuperai donc de vous personnellement.

Lointaine ou toute proche, impossible à dire... L'écho et la pénombre faussent tout. Mais elle est là. Trop tard pour se défiler. Et de toutes façons, il n'en a pas l'intention. Le pantalon tombe au sol, notre éclopé se penche, le ramasse et boîte jusqu'au baquet. La lumière et l'ombre jouent avec sa fesse manquante et la cicatrice qui atteste de la blessure. Enjamber le rebord du baquet, laisser le corps glisser dans l'eau. Attendre et sourire. L'eau est chaude, la compagnie agréable. Tout va bien.
--Madame.


[Au bain]

Elle n'est pas loin, elle observe le spectacle. L'homme est abimé, Madame s'interroge sur la sensation de ses doigts à cet endroit... Elle sourit, quand bien même il ne la voit pas. Lorsqu'il se glisse dans l'eau, elle s'avance à pas feutrés vers un guéridon situé derrière lui, silencieuse, le peu de bruit masqué par celui du liquide accueillant le corps.

Elle troque sa cape pour une autre, plus légère, plus courte, qui ne la couvre que jusqu'aux coudes, la laissant libre de ses mouvements. Ses épaules sont couvertes correctement, le haut de son visage est masqué également, la profondeur de la capuche est semblable à la précédente. Le reste du corps, lui, n'est caché que par la tunique de gaze qu'elle portait déjà auparavant, la couvrant jusqu'aux pieds. Couvrir est un bien grand mot, elle ne masquerait rien en pleine lumière, mais la pénombre ambiante la pare d'un voile de brume.

Madame n'use pas d'éponge, pas tout de suite. Quelques herbes sont éparpillées sur la surface liquide, dégageant bien vite un parfum agréable. Ses mains se plongent alors dans le baquet, revenant en coupe verser leur tribut sur la nuque de l'éventuel futur portier et accompagner les gouttes d'un massage doux.

Elle réitère, plusieurs fois, rinçant et caressant le corps poussiéreux, la tête, également, toujours derrière lui. Les gestes sont assurés, professionnels, s'il en dégage une forte douceur, nul tremblement ne les guette. Elle sait ce qu'elle fait, et le fait bien.

Madame s'en vient sur le côté de l'homme dont elle n'a, par contre, pas retenu le nom, jamais su, sans doute, et elle recommence son opération sur le torse hors de l'eau. Une mèche est tombée sur le visage masculin, qu'elle écarte avec un sourire.

Un savon fleurant la lavande apparait dans sa main, elle entame alors le nettoyage proprement dit, laissant parfois, souvent, ses mains se perdre dans l'eau... Sur le... ventre - ! - du boiteux.

Elle quête tout de même, sur son visage, les réactions. Si les gestes sont sûrs, cela fait bien longtemps qu'elle ne s'est pas occupée professionnellement d'un homme. Il se fait cobaye, sans vraiment le savoir.
Thufthuf
[Au bain]

Sa tête est restée immergée un moment. Quand il la ressort, l'eau est parsemée d'herbes dont le parfum monte délicatement à la tête. Des mains se posent sur sa nuque et l'aident à finir de se détendre. les yeux mi-clos, il savoure, tête légèrement penchée en avant pour tenter d'apercevoir le reflet de son hôtesse. Peine perdue car elle est resté cachée sous son col, aussi secrète et mystérieuse qu'avant.

S'abandonnant aux bons soins qui lui sont prodigués, il se penche en arrière, nuque posée sur le bord, bras de même. Un sourire se forme sur ses lèvres en réponse à celui qu'elle arbore. Ses mains sont douces, les gestes délicats, et il ne résiste pas à l'envie de mordiller le bras qui passe près de lui quand elle passe sur son torse.

Un moment se passe. Terriblement long ou désespérément court, qui peut se savoir? Toujours est-il que les yeux de ThufThuf sont maintenant fermés, son visage ravi et son corps détendu. Tout son corps? Bien sûr que non. Les caresses précise de la catin sont par trop habiles pour laisser son ventre serein. Un léger gémissement filtre entre ses lèvres tandis qu'une main plus audacieuse descend encore, les yeux se rouvrent.

C'est alors qu'il tente sa chance. Penchée sur l'escabeau par dessus le haut baquet, elle ne peut avoir conservé tout son équilibre. La saisissant sous les bras, il la tire vers l'avant. Une belle pirouette et une magnifique gerbe d'eau plus tard, et voila "Madame" immergée avec lui.
--Madame.


[Au bain]

Madame s'amuse des réactions sous marines, si si, elle s'en amuse. Elle n'insiste pas sur la zone, non, joue, doucement, frôlements et autres caresses vagues... Vaguelettes... Tempête dans un baquet.

Surprise autant qu'appréciatrice de l'initiative du futur portier, elle se laisse choir dans l'eau. Une mèche sombre s'échappe de sa capuche qui reste heureusement en place. Une longue mèche de cheveux d'un noir de jais, qu'elle ne remarque pas et qui vient décorer sa gorge dont la petite cape s'est écartée.

Elle se redresse quelque peu, reprend son travail de récurage de l'épiderme tout de suite plus proche, d'un coup d'un seul. Elle se redresse et la mince couche de tissu qui la recouvre, d'évanescent se fait seconde peau, ne masquant plus rien. Elle reste silencieuse tandis qu'elle continue son œuvre et le rince, libérant la peau et les cheveux des restes de savon.

Un souffle, sa voix, alors qu'elle se lève tout à fait, de l'eau jusqu'à mi-cuisses, penchée vers lui, le haut du visage toujours perdu dans les plis de son couvre-chef. Sa voix, un souffle qui murmure près de l'oreille du boiteux.

- La suite, s'il devait y avoir suite, se mérite, sieur. Mais le méritez-vous ?

Puis elle lui tourne le dos, exposant ainsi, après lui avoir offert le spectacle d'une toison sombre, la vision d'une lune charnue plissée par l'inutile tissu. Elle lui tourne le dos et s'approche du bord du bac, prête à en sortir, s'arrêtant juste un instant, pour lui lancer un regard - certes invisible - mais tout à fait évocateur.
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