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[RP] d'un pèlerinage en terre brûlée

Fifounijoli
Voilà que le pire arriva, après un échange de paroles que dis je une tirade des plus osée de la part d’une fille envers son père et celui-ci aimant mais orgueilleux et fier n’aura pas pris le temps d’écouter entre les mots. Voilà que ce qui devait arriva, et bien plus vite que ce qu'aurait pu imaginer Fifou.
A peine eut elle le temps de reprendre ses esprits après la reconduite de son époux que les paroles fusèrent de part et d'autre. Son sang se glaça soudain au son de la gifle qui résonna sur la joue de Clelia.

Fifou se redressa, voulant s’interposer, protéger l’enfant qu’était encore Clelia pour elle. Même si à présent elle savait qu'elle était devenue une jeune femme et cela bien trop vite à son gout. Mais il n’en était pas question.
Certes ce n’était pas une manière de parler à son père mais Charles savait aussi que Fifou ne tolérait pas qu’il lève la main ainsi sur l’un de leur enfant. Trop impulsif, trop entier, trop d’amour et surement aussi trop de culpabilité car tout n’était pas faux dans les paroles de la jeune fille…. Et voilà ce qui l’avait poussé à bout. Clelia n’avait pas à parler ainsi il fallait que Fifou intervienne.


Clelia, Charles ça suffit. Taisez-vous. Fifou avait haussé le ton chose qui lui arrivait que très rarement si on connaissait la rouquine. Reprenant une voix plus douce mais ferme elle continua
Clelia tu n’as pas à parler de cette façon à ton père peut importe les reproches que tu peux avoir à lui faire.
Et toi Charles, ce geste est inutile et tu sais combien tu pourrais le regretter s’il lui arrivait malheur. Vous êtes aussi infernal l’un que l’autre.
Nous faisons tous des erreurs, des choix qui n’auraient pas été celui de l’autre, nous faisons parfois souffrir ceux que l’on aime mais n’oublions pas que nous sommes de la même famille et que quoi qu’il arrive nous nous aimons. J’ai déjà vécu et je ne suis pas la seule ici il me semble, bien trop de souffrances et de déchirements pour vous voir ainsi à présent. Donc calmez vous et tachez d’avoir un minimum de savoir vivre.


Le ton de sa voix était resté clair et franc, elle les regarda pleine d'espoir et d'amour espérant sincèrement qu'ils fassent un effort sinon un choix s'imposerait à savoir quitter les lieux ou se mêler elle aussi de ce jeu de mot et foi de rouquine ça ne serait pas beau à voir.
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Strakastre
Orgueilleux... Si le Strakastre de la Connétablie de France l'était peut-être devenu, et encore... le temps, les épreuves avaient forgé une toute autre personnalité à Charles de la Croix de Bramafan... Certes, ce dernier était devenu hermétique et rebelle aux excès d'hormones féminines, sachant botter le cul aux langues de vipères par l'argument et la détermination... de là à l'assimiler orgueilleux, c'était là un raccourci fort peu à propos...

Si le Comte d'Isle Jourdain laissait son épouse légitimement réagir au geste qu'il venait de commettre, il s'approcha néanmoins de sa "fille", d'un pas lent et le visage fermé, n'exprimant désormais ni colère, ni ressentiment, ni même haine... juste une profonde lassitude qui cachait une blessure franche et béante... un mal profond...

Une fois à portée, il tendit sa main vers sa nuque et enserrer son cou de sa patte d'ours, approchant son visage du sien. Il la toisa avec une indifférence glaciale.


- Faut-il que tu sois à ce point égarée à mon encontre que tu penses que j'aurai voulu me battre, moi ton propre père, contre ma propre fille sous les murailles de Mortagne ? Faut-il que tu nourrisses à ce point autant d'idiotie que tu sois convaincue que j'en veuille à ta vie ?

Mais qui es tu, inconsciente, pour oser l'affirmer ?

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Clelia
Je ne suis qu'une personne que vous tentez de faire plier sous votre autorité quand bon vous chante. Vous avez été absent de ma vie pendant les années cruciales qui ont forgé mon caractère et mon identité. Si je suis partie de Mortagne, c'est parce que les Lunes me l'ont demandé.

Je vous ai demandé déjà de me retirer mon nom, vous n'avez pas accédé à ma demande disant que je serai une de La Croix de Bramafan à jamais, parce que j'étais votre fille. Alors ne venez pas me demander qui je suis, puisque vous m'imposez vous même votre réponse. Qu'attendez-vous donc de moi avec cette question?


Toujours le même regard pour sa part, l'intervention de sa mère avait un peu calmé son rythme de parole. Elle ne voulait surtout pas qu'elle s'énerve ou qu'elle quitte la pièce. De toute façon, elle n'avait pas l'intention de rester longtemps en Anjou, alors mieux valait ne pas l'indisposer.
Strakastre
Ah... la phrase clef... argument sans consistance tellement de fois resservi qu'il n'en n'a plus de gout... Main qui relâche sa "prise" dans une longue inspiration, Ours qui se redresse, le regard sans plus d'expression.

- Mon absence, relative, de ta vie, c'est toi-même qui l'as choisie, imposée et entretenue, Clelia. Tu as quitté l'Anjou avec ta sœur Ayerin, sans nous consulter, alors que ta mère et moi étions retenus par nos obligations politiques d'alors. Tu as toi-même fait le choix d'une vie de bohème et de brigandage sans que nous ayons eu à prendre part à cette décision. Ayerin a même perdu ta trace en cours de route et tu es restée de longues semaines sans répondre à aucun avis de recherche.

J'en viens même parfois à m'interroger sur la gratuité d'un tel argument car tu ne sembles pas reprocher à ta mère ce que tu me jettes à la figure avec dédain. Alors, s'il te plait, ne viens pas m'imputer la responsabilité de tes propres choix en ce qui me concerne. Tu n'as jamais voulu m'associer à ta vie et à tes choix, et même encore aujourd'hui, tu ne m'y associes pas.

Quant à moi oui, tu es de mon sang et tu portes mon nom, comme ce frère jumeau que tu dédaignes tant. Et pour ceux qui me connaissent réellement, du moins qui prennent le temps de le faire, ceux-là savent à quel point les liens du sang, comme ceux du coeur, sont pour moi inaliénables !

Souffre alors, jeune fille, que je te renierai jamais, quels que soient tes choix, qui que tu puisses devenir, comme tu souhaites tant le faire à mon encontre ! Tu te prétends l'héritière spirituelle d'Ayerin ? Eh bien sache qu'en plus d'en être encore loin, que ta sœur d'adoption, tel qu'elle était, aussi loin de moi qu'elle fut, n'a jamais renié, ne serait-ce qu'une demi seconde de sa vie, tout l'amour qu'elle me portait !

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Fifounijoli
Le ton s’était apaisé un peu et le père comme la fille consentaient enfin à essayer de discuter même si cela était encore loin de se qu'attendait Fifou. Il fallait un début à tout, chacun faisait des efforts, même si vu le caractère de l'un comme de l'autre il était évident que la discussion n'allait pas être un simple bavardage qui de toute façon ne crèverait pas l’abcès.

Pour Mortagne Charles avait raison il n'aurait jamais pu prendre les armes contre sa propre fille ou l'un de ses enfants c'est évident et elle comprenait sa déception mais c'est aussi compréhensible que dans la petite tête de Clelia si jeune et loin des siens d'avoir douté il suffisait juste de quelques mots ...

Fifou, soupira doucement, passant une main dans ses cheveux, quelques peu rassurée puis regarda par la fenêtre laissant deux des personnes qu'elle aimait le plus au monde s'expliquer une bonne fois pour toute. Tant de rancœur accumulée, de non dits, d'incompréhension. Il est vrai que les reproches de Clelia fait à son père pouvaient lui être imputés aussi mais malgré ses absences elles avaient su trouver les mots justes,et réussissaient à se comprendre même si parfois il fallait aussi user de patience, de petits heurts et que tout n’était pas toujours rose.


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Clelia
Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres. Mais elle ne dit rien concernant Ayerin, ce qu'il s'était passé en Languedoc resterait en Languedoc.

Libre à vous de penser ce que vous voulez. Je n'ai jamais pensé être l'héritière spirituelle de ma soeur, c'est elle qui me l'a dit un soir. Mais vous ne savez rien de l'affection qui nous lie de toute façon.

J'ai reproché toutes ces choses à ma mère. Seulement, j'ai pu avoir avec elle une discussion bien plus sereine que celle que j'ai à présent avec vous. Elle a su m'écouter, me comprendre, même si elle n'était pas d'accord avec tout. Elle m'a recueillie quand je suis arrivée à Beaucouzé en pleine nuit lors d'un passage en Anjou. Bien loin de me juger, elle m'a épaulée, elle a su être tendre avec moi et racheter ainsi ces années de mutisme. Et pourtant, c'est elle que j'avais réussi à remplacer. Ce n'était plus elle que j'appelais maman...


Et là, elle craqua. Touchée ! elle avait elle même touché sa corde sensible. Sauvane, sa deuxième mère, celle qui lui avait appris la tendresse, la patience, dont elle gardait encore précieusement chacun des cadeaux qu'elle lui avait fait. Mais elle l'avait reniée, quand elle avait appris le nouveau tournant de sa vie. Quitter les Lunes, elle n'y avait pas vu d'objection étant elle -même libre et indépendante. Mais le reste, les élections, les tentatives de reprise du château d'Anjou, la guerre.. Tout cela, elle n'aimait pas. Au terme d'une lettre assassine, elle avait écrit noir sur blanc que si la jeune fille continuait à vouloir entrer dans l'ordre des Dames blanches, elles seraient amenées à se combattre un jour ou l'autre.
Mais cela, ni sa mère, ni son père, ni personne n'en avait eu connaissance. Et pourtant, c'était probablement la plus grande faille affective qu'elle n'ait jamais eue. Aujourd'hui, Sauvane ne répondait aux lettres qu'elle lui adressait. Pourtant, c'était bien pour Clélia qu'elle avait respiré de nouveau, qu'elle s'était reprise. Et, c'était Clélia qui lui « avait porté le coup fatal » comme elle lui avait écrit.
Alors oui, là, elle n'eut pas envie de défendre son engagement pour les Lunes. Elle voyait que son père était à mille lieux de la comprendre et elle avait décidé de jeter l'éponge. Seule comptait sa mère à présent. Au terme de longs échanges, elle avait appris des choses qu'elle ne soupçonnait pas, qu'elle n'imaginait même pas. Elle avait vu les personnes sous un jour différent, avait compris qu'en entendant qu'une seule partie de l'histoire, elle avait été dupée et qu'elle s'était faite une opinion hâtive sur les choses.
Comment en vouloir à sa mère, piégée dans sa propre famille? Elle avait appris douloureusement également l'attitude de la promise de son frère à l'égard de sa petite soeur Mali et tout cela l'avait fortement ébranlée.
Alors, après avoir péniblement ravalé sa salive et respiré un bon coup, elle continua.


.. et pourtant, je n'ai jamais appelé personne d'autre que vous « Père »... comme quoi...

Vous me parlez de choix, alors même que je n'avais que huit ans. Huit ans! Aujourd'hui, oui, je vais aller retrouver d'anciens Libertad, par envie, par choix, par besoin. Aujourd'hui, vous pouvez dire que je fais le choix de quitter l'Anjou. Même si cela n'est que provisoire.

Et que dire alors lorsque vous ne m'avez pas prévenue du baptême et de l'anoblissement d'Anthony et de Mali, je l'ai su incidemment, quand on m'a informée de ce qu'il était arrivé à ma petite soeur. Est-ce cela une famille? Et ce reproche peut aussi bien s'adresser à ma mère qu'à vous.

Et il y a quelques jours? Vous me proposez, fort gentiment du reste, de venir me chercher à Vendôme pour me soustraire aux menaces de mort qui pèsent sur moi. Je vous ai attendu un puis deux jours. J'ai du m'enfuir par la suite, à force de recevoir des lettres de menaces et d'insultes de la part du procureur ou du prévôt. On m'a agressée sur le chemin, j'en porte encore les traces, regardez, entre deux marques de votre main. Je vous aurais attendu, je n'aurais pas sauvé ma tête, alors ne venez pas me dire que vous êtes un père modèle qui aime sa fille... Ces derniers jours l'ont prouvé, je ne vous ai rien demandé, vous m'avez proposé, j'ai accepté, vous n'êtes pas venu.


Elle jeta un regard à sa mère, un peu honteuse de lui infliger une scène pareille. Mais bon, elle aurait tout le loisir de rattraper le temps perdu auprès d'elle dans les jours, les mois, les années qui allaient venir. Elle voyait enfin ses efforts récompensés par l'énergie qu'elle montrait. Pourtant, la partie n'était pas gagnée d'avance, surtout après l'attaque du château quand il avait été pris par Finam. Elle ne voyait pas souvent sa mère en colère mais ce jour-là, elle l'avait découverte sous un autre jour.
Aujourd'hui, elle la trouvait soucieuse et si elle n'avait pas été là à ce moment, elle aurait probablement laissé tomber cette discussion houleuse pour aller rejoindre ceux avec qui elles correspondaient depuis si longtemps, à Saumur.
Pour elle, elle essayait de se calmer, d'arrondir les angles, de peur qu'elle ne s'en aille à nouveau dans son monastère.
Strakastre
Aberrant...

- Ton interprétation des évènements ne va toujours que dans ton sens... Devrai-je te rappeler les combats qui se sont déroulés autour de Saumur au moment où je devais te rejoindre ? Et si je suis resté sur Saumur, c'est pour calmer l'inquiétude de ta propre mère... face au danger encouru si je tentais une sortie. Après tu peux me servir le couplet du père indigne si ça te chante, mais je trouve cet argumentaire bien trop facile...

Ne perdant pas le fil de sa pensée.

- Et tu avais peut-être certes huit ans quand tu nous as quittés, mais ces choix là étaient les tiens ! Même à cet âge, quand on quitte sa famille pour prendre une voie de traverse, ça reste un choix dé-li-bé-ré... Personne ne t'y avait forcée... ni enlevée... J'aurai apprécié que tu conserve une certaine honnêteté intellectuelle de ne pas systématiquement te défausser sur une de mes soi-disantes carences de père...

Encore une longue inspiration... L'esprit de Charles commençait à nourrir une migraine qui dardait de plus en plus fort... Comment pouvait-on être de pareille mauvaise foi ?...

Un détail lui revint.

- "Racheter ces années de mutisme" ? N'oublie pas quand même que nous, tes parents ne te sommes redevables de rien, Clelia... Sont-ce là des paroles digne d'une fille vis à vis de ses parents ? "Racheter" ? Mais de quel droit ?

Sans avoir été parfait en tout, loin de là même, sans avoir été un modèle du genre, avoir été à chaque instant à l'écoute de chacun, passer des heures, des journées, des nuits, des mois à écouter, soutenir, consoler, encourager, houspiller, pousser, conseiller, aimer sans réserve ni jugement, chaque membre de sa famille de sang comme de coeur, SANS EXCEPTION AUCUNE, et être ainsi bassement ramené au niveau de menteur, trompeur, indifférent, orgueilleux et indigne... non là, il y avait des comportements que même le plus philosophe d'entre nous ne pourrait considérer comme normal et légitime...

La première expression d'épuisement moral apparut sur le visage de Charles... signe préliminaire que tout ceci l'avait nettement plus affecté qu'il ne l'aurait préjugé. D'une voix déclinante, il reprit.


- A tes yeux, je ne sais peut-être pas grand chose de ta personnalité et de ton vécu passé, lointain comme proche... Mais je te retournerai aussi la réciproque, si tant est que tu aies cherché à le savoir un jour aussi... vu que tu sembles plus prompte à juger et condamner, qu'à écouter, épauler et être tendre.

Il y aurait une leçon à tirer de tout cela, c'est que de s'acharner sur le passé n'améliore pas mieux le présent, ni même l'avenir... Personne ne peut refaire en mieux le chemin de vie qu'il a déjà parcouru...


Et de conclure :

- Tu es libre, comme tu l'as toujours été, de tes choix de vie... Et si ça peut te consoler, j'ai parfaitement entendu la longue liste de griefs paternels. J'assumerai donc le prix de ton indifférence filiale à mon égard...

Reprenant une voix plus posée.

- Et si vous me le permettez, je vais prendre congé, mon état physique actuel ne me permettant plus de profiter de votre présence plus allant.

Et le Comte d'Isle Jourdain de faire volte-face avec difficulté, le visage marqué du bourdonnement intérieur de son esprit, prenant la direction de la porte pour la franchir sans se retourner...
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Fifounijoli
Fifou était abasourdie. Décidément elle ne comprenait pas qu’on puisse arriver à de telle situation. Peut importe les faits, les mots étaient là pour éclaircir les choses, les actes incompris justement, mais, pas pour aggraver le tout.
Charles avait décidé de rompre le dialogue. Il était ainsi. Ouvert selon ses dires mais quand les choses n’allaient pas dans son sens et cela malgré son immense générosité et son grand cœur il fermait toutes les portes et rentrait dans un mutisme quitte à en souffrir.
Fifou en avait elle-même souvent fait les frais, ils avaient plus d’une fois été dans l’impossibilité de se comprendre mais l’amour avait arrondi les angles.
Aujourd’hui elle était une nouvelle fois seule, rien ne servait d’essayer d’aller parler à son ours d’époux ça serait peine perdue.


Clelia, je crois que tout a été dit cette fois ci du moins pour le moment. Vous avez besoin l’un comme l’autre de prendre du recul. Je n'approuve pas ce qui viens de se passer tu dois t'en douter ni de ta part ni de celle de ton père. Je ne comprends pas comment autant de colère peut vous animer mais je sais que ton père t’aime, tu es notre fille et le restera. Tes choix de vie ne peuvent pas tous être compris et acceptés mais sache que en ce qui me concerne je serais toujours là et je pense pouvoir dire que ton père aussi malgré les apparences.
Parfois les mots dépassent la pensée tu sais...

elle s’approcha de sa fille et l’a serra contre elle.
N’oublies pas que je t’aime, jamais tu m’entends, peut importe où les chemins que tu emprunteras te mèneront.
Elle regarda sa fille, repoussant une mèche de ses cheveux de son visage endolori et marqué par les combats des derniers jours.

Maintenant je voulais te parler d’autre chose même si ce n’est peut être pas le moment je souhaite le faire avant ton départ. J’aimerai te léguer un fief angevin. Je pense que tu le mérites depuis longtemps mais je n’ai jamais eu l’occasion de t’en parler car je voulais faire les choses de manières solennelles, avec tout ce qui va avec tu me connais. J’aurai voulu préparer un beau repas, et annoncer ceci devant toute la famille réunie que se soit une belle fête pour l’occasion mais au vu de la situation je crois que ce ne sera pas possible. Et puis ce qui compte c’est l’intention pas l’emballage. Je m’occupe de voir les démarches héraldiques dés que possible puis même si tu es sur les routes de nouveau je t’informerai des détails et du déroulement des choses. J’espère que tu es contente et je sais que tu seras être digne de ce cadeau. Je suis vassale de mon père est c'est l'un des plus beau cadeau que j'ai reçu dans ma vie et l'une des choses dont je suis le plus fière. J’espère vraiment qu'il en sera de même pour toi.

Sache aussi que ton père est au courant de cette démarche et que je suis honorer en tant que mère de t'octroyer cette seigneurie.
Bien je crois que tu as besoin d'un peu de repos à présent. Un bon bain et une longue nuit de sommeil te feront le plus grand bien. Je ne te demande pas te rester indéfiniment ici je sais que ce n'est pas ce que tu souhaites mais prends au moins le temps de te reposer avant de reprendre la route s'il te plait. Je vais te faire préparer un peu de nourriture et je compte sur toi pour recevoir des missives régulières.


Une nouvelle fois elle serra son enfant contre elle, impuissante face à son départ prochain. L'a retenir n'aurait apporter qu'une rupture définitive entre elle et elle comprenait que trop son besoin de liberté.
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Clelia
Bonheur des retrouvailles entre une mère et sa fille. La soirée fut magique entre elles deux après de si longs moments d'absence et de silence.

Tard dans la nuit, après que mère et fille se soient dit tout ce qu'elles avaient à se dire, elle écrivit à sa soeur, Ayerin, pour lui conter ce qui venait de se passer dans l'après-midi.

La nuit fit son oeuvre, apportant son réconfort, soulageant la fatigue de la jeune fille et surtout lui mettant les idées un peu plus claires sur ce qui venait de se passer la veille.

Au matin, on lui avait posé une lettre de sa soeur sur le rebord de la table de nuit. D'une main, elle la prit et la lut. Rapide, la réponse, mais pas tellement comme elle la voulait.

Dans cette lettre, sa soeur lui confirmait toute l'affection qu'elle avait pour elle. Mais elle lui demandait également de faire amende honorable et d'écrire à son père. En échange, elle lui promettait de détester également la personne qui était la cause sous-jacente des problèmes, disant que cela ne lui demanderait pas un gros effort. Réaction un peu puérile de la jeune fille, un petit sourire qui se dessine sur son visage endormi. Visage et esprits qui se réveillent soudain en pensant à ce qui a été écrit. Une lettre? Et puis quoi encore? Une lettre? Pffff... Et de relire tous les arguments, totalement justes du moins, que sa soeur lui assène. Enfin, et là c'est le coup de grâce, elle lui apprend qu'elle a été grièvement blessée à Montluçon. BA pense-t-elle de suite. BA parce que c'était la terre détestée par beaucoup de Lunes et que, en conséquence, elle n'y a jamais mis les pieds.
Elle lui proposait d'aller la rejoindre, disant qu'elle avait des projets plein la tête.
Mais à la fin de la lettre un « Interdiction de rejoindre les Lunes » était écrit en gros, un ordre donc, qu'elle allait devoir suivre.
Première missive de la journée, au saut du lit, les cheveux ébouriffés mais l'esprit clair.


Citation:

Ma Chère Cabossée de soeur,

C'est avec tristesse que j'apprends ce qu'il t'est arrivé et crois-moi, j'espère bien que nous aurons bientôt l'occasion de nous venger du BA, territoire ennemi et pourri jusqu'à la moelle.
Tu me demandes d'écrire à notre père? De lui dire que je l'aime malgré tout ce qu'il s'est passé? Je me garderai bien de parler de la comparaison avec le lapin ne t'inquiètes pas, mais puisque je dois le faire pour toi, je le ferai. Mais il me faudra du temps avant d'accepter de le revoir, je sais que tu en es consciente.

Cela me prendra sept jours pour aller te retrouver. Je ne sais encore si je pars aujourd'hui ou demain. Il me faut aussi l'accord de ma mère.

Prends soin de toi, reposes-toi bien, ce n'est pas faute de t'avoir écrit qu'il y avait des armées et que nous étions en guerre,

Qu'Aristote te garde,

Ta frangine,
Clélia.


Et là, gros soupir. Pas le moment d'être parjure, cela rajouterai une chose supplémentaire à la liste de ses mauvaises actions qui s'allongent de jours en jours. Et puis tout ce qui touche Ayerin, c'est sacré. Donc elle prend une nouvelle feuille de papier. Pour se motiver à ne pas trop lambiner à la tâche, elle décide de ne pas aller manger avant d'avoir terminé cette fichue missive.
Un brouillon deux brouillons, trois brouillons etc. Elle soupire encore, encore et toujours, ça en deviendrait presque une habitude. Bon, dernière feuille de papier disponible, s'agit de ne pas se louper cette fois. Tant d'essais pour rien au final, c'est du gâchis.



Citation:
Au Comte de l'Isle Jourdain,
A celui qui reste mon père malgré les reproches qu'il peut me faire,
A celui que j'aime malgré les reproches qu'il peut me faire,



Bonne en-tête, pour un peu, elle la copierait à Ayerin! Mais trêve de plaisanteries, le morceau le plus difficile, le corps même du texte.


Citation:
Il arrive parfois que les mots aillent au-delà de la pensée, ce fut le cas hier.
Je crains fort d'avoir affecté ma mère, nos échanges l'ont secouée et j'en suis en partie responsable.

Aussi, je vous écris, afin de prendre congé de vous.

Je vous aime, vous êtes mon père et le serez toujours malgré tout ce que la colère pourrait me faire dire. Je n'aurais pas du vous parler ainsi, ces mots ne sont pas ceux qu'une fille devrait pouvoir dire à son père.

Je m'en excuse.
Néanmoins vos paroles ont été blessantes et je ne pense pas que nous revoir dans les jours qui viennent soit une bonne idée.

Je pars dans le Bourbonnais-Auvergne. J'écrirai tous les jours à ma mère, elle ne sera donc pas inquiète.

Qu'Aristote vous garde,

Votre fille,
Clélia




Nouveau soupir, elle plie la lettre et la confie à qui de droit. Après un bref passage devant le miroir, elle sort et se précipite chez sa mère pour lui annoncer sa décision.
Strakastre
Ce fut l'un des nombreuses mauvaises nuits que le Comte d'Isle Jourdain passa à réfléchir, ressasser, essayer de comprendre... Il repensa aussi à ce geste violent, incontrôlé... Il revit l'expression du visage de sa fille... Il entendit de nouveau ses mots, encore et encore...
Plus la nuit s'avançait encore, plus d'autres images vinrent s'accoler à celles-ci.. celles des enfants disparus, des membres perdus, de cette famille si prometteuse qui, un temps, s'émietta à si grande vitesse que Charles avait failli les rejoindre par désespoir...
Mais demeuraient le vivants, les bien présents, les nouveaux aussi... Alors l'Ours avait repoussé son séjour chez Aristote et reprit le chemin de la vie... Mais à priori, ce retour demeurait encore semé d'obstacles à franchir.

Au petit matin, il reçut la lettre de Clelia. Aucun des mots écrits ne l'étonnèrent vraiment. Mais il ne perdit pas une seconde et s'occupa à lui répondre au plus vite.


Citation:
A celle que j'ai toujours appelé "ma linotte",

J'aurai, et de loin, préféré te serrer dans mes bras plutôt que d'en arriver au geste que tu as subi, duquel je ne puis être fier. J'aurai aussi préféré ne plus te savoir loin de moi maintenant que nous avons l'occasion de retrouver un lien que notre vie d'alors ne nous a pas permis de tisser autant que nous l'aurions souhaité, l'un et l'autre.

Par delà tes actes et les lieux où tu te trouveras, tu resteras toujours ma fille, ma linotte, celle pour qui je tremblais chaque jour de la savoir sur les routes si jeune, exposée à toutes sortes de dangers, même si je n'ai pas su, ni pu te l'exprimer selon tes attentes.

Aujourd'hui, comme hier ou demain, je t'aimerais toujours comme une part de moi sans laquelle je ne saurais être réellement heureux si je venais à la perdre.

Qu'Aristote te garde aussi,
Ton Ours de Père,
mais qui ne t'en n'aime pas moins.

_________________
Clelia
Des nouvelles, enfin... Non, la patience n'était vraiment pas une de ses qualités. C'est qu'elle était à Angers à présent. On l'avait rattrapée avant son départ pour le Bourbonnais-Auvergne, rattrapage qui n'avait pas tellement plus à son oncle Lucius, mais rattrapage auquel elle avait obtempéré.


Un peu stressée par la teneur de la missive, elle repoussa de quelques minutes son ouverture, le temps de se préparer à toute éventualité. Les missives venimeuses, elle commençait à les connaître depuis son séjour en Touraine, les missives mielleuses également depuis qu'on lui en avait envoyé une commençant par « Douce Clélia », qui l'avait ravie et qu'elle gardait précieusement.

N'y tenant plus, elle se décida à l'ouvrir, de toute façon, elle avait l'habitude de ces deux types de missives, restait peut-être l'indifférence, mais cela, elle ne voulait pas y croire.

Un sourire se dessina quand ses yeux parcoururent la missive. Son père devait être à Saumur de nouveau, elle l'avait croisé de loin sur un chemin ces jours derniers.


Citation:
Au Comte de l'Isle Jourdain,
A mon père que j'aime tendrement,


Père,

j'ai longtemps attendu une réponse et je commençais à me désespérer, désespoir que j'ai bien caché du reste mais qui n'en était pas moins ressenti.

Me voici à Angers et non pas sur la route du Bourbonnais-Auvergne. Les prochaines élections me retiennent ici, il faudra que je vous en entretienne. J'ai obtenu toute de même une permission de voyage dès que les formalités seront terminées et je l'emploierai à rendre visite à Ayerin.

Sachez qu'un jugement a été rendu pour mes procès. Pour le premier, je suis relaxée. Pour le deuxième, je suis bannie de Touraine pour les deux mois qui viennent et j'ai du m'acquitter de l'amende d'un écu symbolique. Mon choix de partir rapidement de cette province honnie et détestable était donc pertinent puisque le juge m'aurait condamnée à mort si j'avais encore été présente quand il a rendu son jugement. Qu'Aristote soit loué de m'avoir inspiré cette décision.

Sur ces plaisantes nouvelles, il me reste à vous demander où vous vous trouvez actuellement. Votre épouse s'est retirée pour quelques jours dans un couvent à Angers, j'ai essayé de la voir et l'on m'a vertement fermé la porte au nez. Nous pourrions nous retrouver à Beaucouzé.

Avec toute mon affection,

Votre fille,
Clélia de la Croix de Bramafan
Clelia
Retour à Beaucouzé après quelques jours d’absence.

« Vous auriez vu mes parents depuis que je suis partie ? »
« Non Mademoiselle, ni Votre père ni Votre mère ne sont revenus.
« Ah.. Et y a-t-il des missives à mon attention ? »
« Oui, elles sont posées ici »


Un bref coup d’œil au tas de missives lui apprit que celle qu’elle avait écrite à son père n’avait pas été lue. Il ne l’avait donc pas eue, ce qui expliquait qu’il ne lui ait pas répondu. Mais il n’était pas le seul qui ne lui répondait pas ces derniers jours.

Elle retrouva la missive qu’elle avait envoyée à sa sœur Ayerin. On ne l’avait pas trouvée à Montluçon. Elle devait très certainement s’y cacher sous un autre nom mais dans ces conditions, il n’était plus question de partir à l’aventure, toute seule, en temps de guerre.

Et enfin, elle trouva une missive qu’elle attendait depuis longtemps.
Heureuse devant la perspective de repartir bientôt sur les routes, elle sursauta de joie, fit deux ou trois tours sur elle-même avant d’afficher un sourire béat de joie et de crier à tue-tête de « préparer ses bagages », « apporter de l’encre et du papier » etc.

Une fois en possession de son encre et de son papier, elle rédigea d’une écriture maladroite, trop excitée par ce qu’elle venait de lire pour être belle et régulière.



Citation:
A mon Père, Comte de l’Isle Jourdain
A ma Mère,

Chers parents,

Voici que nos chemins vont se séparer.
Je crains de n’arriver que trop tard après la prise de Bourganeuf mais je vais partir en Bretagne où ils vont tenter de prendre une mairie.
Je vous laisse ici un lapin, cadeau d’un tavernier grincheux, dont je vous prie de prendre grand soin.
Pardonnez par avance mes imprudences. Pardonnez par avance mes silences.

Je vous aime,
Votre fille,
Clélia



Et c’est avec un petit pincement au cœur qu’elle plia la lettre, la referma et la cacheta avant de la laisser dans le bureau de son père. Quelques larmes vinrent mouiller ses yeux, elle qui était si enthousiaste quelques minutes avant.
Tout ce qui venait de se passer les semaines précédentes ne lui apparaissait à présent que comme du gâchis et elle en gardait un sentiment d’inachevé et quelques remords.

Mais comme une émotion en chassait une autre en ce moment, une petite collation la réconforta et elle se décida à aller saluer la Baronne qui réclamait sa présence pour on ne savait quelle obscure raison.
Clelia
Des jours s'étaient écoulés. La guerre s'était précisée. Les "oublis" aussi, par certaines personnes. Clélia avait appris, avec le temps et beaucoup d'auto-persuasion à aller de l'avant et oublier.

Après un voyage imprévu dans le Poitou, embarquée par une armée qui s'était retrouvée perdue sur un noeud, la revoilà enfin de retour en Anjou. Après un bref saut à son bureau, c'est tout naturellement qu'elle prend le chemin de Beaucouzé.


Maman! Je suis rentrée!!! Maman??? Maman??? Mamaaaan???

Répéter n'avait servi à rien, la maîtresse des lieux n'était visiblement pas là. Dommage... Mais elle allait bien finir par revenir. Ne se laissant pas abattre, elle gagna sa chambre et s'endormit d'un sommeil de plomb, trop d'émotions ces derniers jours et il allait falloir repartir très bientôt.

Quelques heures après, elle rouvrit un oeil. Pas un bruit à Beaucouzé, c'était bien inhabituel. Il faisait nuit maintenant.

Elle sortit dans le couloir, à la recherche d'âme qui vive. Mais personne.

Instinctivement, elle partit en direction des cuisines. A cette heure-ci, c'était davantage son estomac qui la guidait que toute autre chose. Elle croisa alors une.. cuisinière? Il y avait bien longtemps qu'elle ne connaissait plus tout le personnel qui s'occupait du château.


Je suis à la recherche de ma mère... auriez-vous vu la Vicomtesse? Non? Hein?

Mais..Depuis combien de temps???

Pardon??

Pas revenue??


Les questions, les frayeurs, les doutes s'enchaînaient à la vitesse de l'éclair.
Et aussitôt, ce fut l'image de Sauvane qui lui revint à l'esprit, celle qui avait veillé sur elle dans ses jeunes années, celle qui était devenue une seconde mère (peut-être même la première dans son coeur), celle qui s'était faite faucher à trois reprises par des armées royales...

Une appréhension terrible. Sa mère le lui avait dit avant de s'engager.. si elle était gravement blessée, elle ne reviendrait pas du front.. Mais dans l'esprit de la jeune fille, il avait toujours été impossible qu'il arrive malheur à sa mère, c'était du domaine des choses inenvisageables. Et si jamais?...

Elle en oublia son estomac qui lui réclamait son dû et se prépara pour aller au duché, chercher des nouvelles de sa mère puisqu'elle n'était toujours pas rentrée. A la hâte, elle remit à son cou le pendentif en forme de demie-lune pour se donner du courage, cadeau sacré, cadeau de Sauvane. Elle prit dans sa poche sa bague de fiançailles ainsi que la dague de son ex-fiancé. Symboliquement, elle se sentait un peu mieux avec ces objets sur elle, comme protégée.

Elle s'enveloppa dans un manteau, se hissa en haut de la monture qu'on lui amena et partit, convaincue qu'elle allait réussir à ramener sa mère dans la soirée.
Anthony_ercibald
Le jeune Seigneur de Montéléger était arrivé à proximité de Saumur. Cela faisait quelques semaines qu'il parcourait les campagnes angevines, au gré des missions qu'on lui affectait. Bien qu'il y trouvait là satisfaction à mettre en pratique l'art familial d'évoluer en terre brûlée, il ressentait néanmoins une profonde solitude. Certes, cette furtivité imposée était l'une des clefs du succès de ses opérations. Mais depuis qu'il avait retrouvé Lexy à Craon et ressentit de nouveau les bienfaits d'une chaleur humaine, le manque des siens finissait par se faire ressentir davantage. Peut-être qu'une fois à Saumur, recroiserait-il un membre de sa famille... en tous cas, il l'appelait de tous ses voeux.

Pour le moment, il avait une dernière tâche à accomplir : approvisionner un camp militaire... qui ne fut guère difficile à trouver, au vu du nombre de bannières qui flottaient aux alentours. Il fut accueilli avec ferveur, mis son chargement à la disposition du chef d'armée puis prit rapidement congé, malgré l'insistance de ce dernier à vouloir lui faire profiter de son hospitalité.
Tandis qu'il repartait vers sa monture, il entendit certaines discussions se vantant des pertes infligées aux défenseurs angevins, notamment une anecdote qui glaça le sang d'Anthony-Ercibald. On y raillait cette noble angevine, à la chevelure rousse de sorcière, sortant seule de Saumur, qui fut reconnue comme la "meurtrière" de certains des leurs, et dont la mort fut alors vengée par un assaut nourri... ne lui laissant aucune chance d'en réchapper.

C'est à cet instant que le visage d'Anthony-Ercibald se figea dans une expression livide, comme s'il venait d'être lui-même transpercé. De longues secondes interloqué, il se reprit péniblement et remonta en selle, le regard vide, perdu, et reprit la direction de Saumur... oubliant totalement les dangers encourus, mais déterminé à savoir... Il fallait qu'il sache, à tous prix... En venant ainsi secourir des soldats affamés, Anthony-Ercibald de la Croix de Bramafan apprenait qu'il était peut-être déjà orphelin de mère....

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Clelia
[A la suite de http://forum2.lesroyaumes.com/viewtopic.php?p=12192410#12192410]

Elle avait averti son père, elle avait fait ce que sa mère avait demandé. Elle avait respecté jusqu'aux derniers instants ses commandements, avait obéi.

Les yeux rougis par les larmes, elle s'était rendue au conseil. Beaucoup de travail en perspective... D'habitude, elle ne rechignait pas devant ce genre de choses mais là, elle aurait voulu pouvoir rester auprès de sa mère.

Mais dans un duché en guerre, quand chaque jour des gens tombaient, quand demain, il risquait d'en tomber tout autant si ce n'est plus, il n'y a pas de place pour le désespoir, pour la tristesse, pour l'abattement. C'était pourtant de cela que la jeune fille avait besoin, mais il fallait "faire face", pour ceux qui vivaient encore, pour Alatariel qui bien que blessée trouvait encore la force de venir soutenir la nouvelle génération de Penthièvre, pour tous ces gens qui devaient manger à leur faim, pour tous ceux qui n'avaient pas encore perdu de parents.. pas encore...

L'abnégation, elle aurait voulu cracher sur cette abnégation qui la faisait quitter le chevet de sa mère pour se rendre dans ce qu'il restait du conseil, dans ce qu'il restait du duché. L'Anjou n'était pas encore ravagée mais bientôt probablement, elle le serait.

L'abnégation.. Ne penser qu'à ce qu'il faut accomplir et pas à ce qui vient de se passer, pas à ce qu'il est peut-être en train de se passer en ce moment. Le temps n'est plus à rire, il ne l'est pas davantage à pleurer. Pleurer, c'est une perte de temps quand l'ennemi est à nos portes, c'est perdre inutilement une énergie dont on aura besoin pour se défendre dans la nuit qui suit. Et dans le cas de Clélia, c'était inonder ses yeux et rendre difficilement lisible les chiffres avec lesquels elle se débrouillait déjà difficilement.

Démissionner? Non, même pas le temps pour ça. Salebete lui avait déconseillé, peut-être avait-elle raison...

Alors qu'elle donnait des ordres, aller transporter telle marchandise chez telle personne, notant scrupuleusement où partait telle ou telle chose, elle entendit vaguement qu'un cavalier était revenu. Trella lui avait dit de passer une annonce en gargote disant qu'elle avait un frère jumeau. Hélas, si les enfants avaient été proches dans leur enfance, ils s'étaient perdus de vue en grandissant. Pire, Clélia avait souvent l'impression que son père et son frère ne faisaient qu'un, comme s'ils étaient calqués l'un sur l'autre. Si elle ne s'entendait pas avec son père, elle aurait pu s'entendre avec son frère mais celui-ci était la plupart du temps inaccessible.

Elle entendit qu'un jeune homme cherchait sa mère. Elle devina sans trop de peine qu'il s'agissait de son frère. Mais où le contacter? Par où commencer? Comment lui envoyer une missive pour l'avertir? Chaque seconde comptait avait-elle écrit à son père...

Entre deux stockages, elle prit une feuille plus jolie que les autres et envoya une missive à Lexy, sa cousine, mais également la promise de son frère. La jeune fille saurait très probablement où trouver Anthony. Il fallait faire vite et elle n'avait pas le temps de courir après chaque silhouette un peu familière.


Citation:
A Lexy de Mauléon Penthièvre,
De la part de Clélia,

Lexy,

la mère d'Anthony (et de moi-même) a été grandement blessée cette nuit par des royalistes en se rendant à Angers. Elle est mourante. Transmets cela à Anthony au plus vite, je t'en supplie.

Chaque seconde compte hélas. Si vous me cherchez, je suis au château en train de compter notre inventaire, je dois tout sortir avant que les royalistes ne nous pillent, alors que j'aimerai tellement être ailleurs.

Qu'Aristote te garde,

Clélia


Les pauses, ce n'était pas une bonne idée, ça permet de réfléchir, de se détendre.. et immanquablement, à se remettre à pleurer. Il fallut quelques minutes à Clélia après l'expédition de la missive pour se reprendre et continuer l'inventaire des denrées du duché.
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Vous êtes accusée d'avoir envoyé des chats à la mine dans votre folie de vouloir réduire la dette à tout prix. C'est l'heure d'aller manger et je n'ai pas le temps de lire votre dossier. Je vous condamne donc à mort.
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