Khal amusée saisit les menottes et se les colle sur ses joues y imprimant de belles empreintes colorées.
Me voilà moi même chef d'uvre et du même temps ton uvre d'art petite grenouille !
La blonde sort alors un vélin qu'elle commence à noircir de sa plume et de sa jeune voix quelque peu rocailleuse la jouvencelle conte tout en se faisant.
Il y a bien longtemps, tout au début du commencement de tout, la terre était aussi lisse que les fesses d'un nourrisson. Rien ne fleurait à sa surface. Point bien embêtant pour les Trolls et les Fées qui s'y promenaient tout du long et n'avaient point d'endroit pour ce cacher autre que tout au fond de galeries souterraines.
Cela convenait à la rigueur aux drôles de gnomes encapuchonnés mais point du tout aux jolies Damoiselles ailées. A quoi servent donc des ailes si ce n'est pour voler et comment se faire si l'on reste terré.
Le Roi des Trolls sire Phélim le ronchon et la Reine des Fées Dame Myliena au verbe exquis, passaient le plus clair de leur temps à chercher solution. Si solution il y avait car mettre ces deux-là daccord relevait plus du rêvé que de lavéré. Le maestre bougon surinant que tout ceci était bien de soucis pour si peu de chose et la belle Dame de lui répondre quà trop fermer les yeux on ne voyait point lessentiel.
Comme il était évident quils narriveraient point à sentendre, les deux comparses décidèrent de nommer à la tâche deux pourfendeurs de leur caste réciproque et de les regarder se dépatouiller de la chose, se délectant davance du spectacle qui sannonçait des plus amusants.
La jeune fée élue pour se faire se nommait Ethée et le farfadet qui lui fut associé Hiverion. Elle navait point la langue dans sa poche et lui la réplique facile, ils le savaient tous deux et les premières minutes de leur association pour le moins surprenante et non consentie, ne furent emplies que déchanges de regards courroucés pour le jeune lutin et moqueurs pour la mutine.
Tous les yeux des deux clans posés sur eux, ils neurent de cesse de se toiser jusquà ce que, sans quun mot ne fût prononcé, ils sélancent tous deux dun même mouvement vers la surface où les attendait la lourde tâche que de rendre ce monde un peu plus accueillant.
Les ailes dEthée étant plus rapides que les jambes dhiverion, se fut elle qui en premier lança les hostilités
Dun coup de baguette magique elle accrocha dans le ciel une grosse boule de feu quelle nomma soleil.
Oh toi astre de beauté, que ta chaleur inonde ce monde de douceur et de clarté
Hiverion tout sourire, prit sa pioche et creusa en moins de temps quil ne faut pour le dire un puits. Sous leffet de la chaleur du soleil, leau ainsi mise à nue, commença à sévaporer et à monter jusquaux cieux y formant de gros nuages qui vinrent bientôt cacher le soleil. Le lutin, armant son arc perça enfin dune de ses flèches le plus énorme des monticules blancs afin que la pluie tombe sur le monde
A la chaleur que succède la fraîcheur comme à la clarté du jour succède la nuit
La jeune sylphide pris alors une énorme inspiration et se mit à souffler du plus fort quelle pu afin de chasser le tapis cotonneux. Ce dernier seffilochant rapidement laissa place à lillustre lumineux qui réchauffa à nouveau de ses rayons la terre
Que chaque larme versée sur ce monde ne soit pas la fin, quun sourire illumine à jamais les cieux
Les deux entêtés, redoublant dingéniosité, bien trop occupé à leur lutte effrénée, ne remarquèrent pas que leur tâche fut bientôt accomplie. La terre devenue fertile offrit bien vite à leurs deux peuples enfin un paradis fait dune nature luxuriante de beauté.
Personne bien entendu ne le leur fit remarquer, léquilibre ayant ainsi été trouvé. On donna tout de même leurs deux noms aux saisons ainsi créées pour que personne noublie que quelque part encore une jolie fée et un farfadet bataille toujours pour quà lhiver succède lété et à lété succède lhiver.
Khaleysi se redresse alors et dépose sur la table son conte écrit, puis saluant d'un sourire les personnes présentes se retire en silence.