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[RP] Toutes les couleurs s'accordent dans l'obscurité.*

Quiou
Auberge semuroise, au sein d’une coquette chambrée, pour qui sait réellement apprécier sans hésiter les bonheurs d’une pièce savamment constituée, aux fioritures chamarrées.

Mais la Deswaard, animal sans goût qui ne mérite nullement d’être absout, n’avait même pas daigné lever le nez de ses papiers et autres joyeusetés de toute la journée et s’attarder à contempler véritablement les lieux dans lesquels elle logeait.
Son indifférence invétérée l’invitait à ignorer, sa neutralité controversée à ne guère s’intéresser à ce genre de futilité.

Cependant, ainsi installée devant l’âtre de la cheminée, la dextre blanchâtre tapotant avec peu d’aménité l’accoudoir du fauteuil dans lequel elle trônait sans s’émouvoir, le parangon de la misanthropie, la Terreur aguerrie, n’était pas seule, et encore moins uniquement accompagnée du page habileté, Galéran, ainsi nommé.

Non.
Non, car Alwenna Wolback de Montfort-Laval, pâle silhouette amorale, se trouvait à ses pieds, à même le sol et son tapis bariolé, un semblant de mine médusée dévoilée.

Les prunelles glaciales trempées ainsi dans les flammes, tandis que la Noldor jaugeait l’avenir réservé à sa nouvelle protégée, s’inspirant profondément de la danse, de la transe de la seule source de lumière, assurément éphémère, de la chambrée, silencieuse et flegmatique à souhait comme à l’accoutumée.

Seuls les battements irréguliers de la dextre venaient déranger la tranquillité de cette pièce, s’alliant sans ménagement aux crépitements du foyer dans un duo assurément mal trouvé.
Et, comme pour cesser ce ballet désarticulé, la Revêche avait décidé de s’exprimer en ces mots, en ces maux :


Chargez-vous que de me faire la lecture de cette…aventure.

Un parchemin ayant passé bien difficilement les années, venait d’être tendu par la senestre de la Funeste.

Et tâchez également que de répondre à ce questionnement : Pensez-vous que je puis être digne de Maldeghem au vu des légendes du passé ? Que je puis aisément rassembler l’ingéniosité et la hargne de ces Seigneurs inspirés ?

Ça sourit en coin, sardonique et non pas mélancolique.



*Livre de Francis Bacon.

_________________
En construction.
Alwenna
Comme si la chaleur insupportable de l'été ne suffisait pas, le feu avait été allumé, éclairant maigrement la pièce, car il n'y avait malheureusement pas d'autre source de lumière possible, la lune étant cachée par quelques nuages. Alwenna fixait les flammes dansantes, de même que la Flamande, aucune ne parlait, le silence était devenu une habitude depuis les quelques jours qu'elles avaient passé ensemble. Assise au sol même, caressant distraitement du bout des doigts le tapis qui rendait sa position plus confortable, un air songeur qui donnait à la Blanche des yeux vides d'émotion, le tapotement distinct que la Noire excerçait s'était fondu dans le décor au fil des minutes, une ambiance indescriptible régnait. La Wolback n'était pas triste de son départ de Bretagne, car si nous pouvions dire que la famille était loin, ce serait mensonge de raconter la même chose pour les amis, qui s'étaient empressés de rejoindre Lys, et de la suivre jusqu'ici. Les pensées de la jeune fille vagabondaient, mais alors la voix de la Deswaard ramena son attention vers le parchemin qu'elle lui tendait.

Curieuse d'observer de plus près les lettres fines qui couvraient le papier, la Bretonne prit avec précaution ce que Quiou lui demandait de lire, et étudia avec une certaine attention ce qu'elle tenait entre les mains. Quelques petites secondes passèrent, les questions furent écoutées, et après un furtif hochement de tête, la lecture commença. Doucement, avec lenteur et articulant chaque syllabe, prenant le soin d'aller moins vite mais de mettre plus de netteté dans chaque mot, essayant de ne pas bégayer, lire était un bon excercice qui ravissait l'enfant. Chaque phrase, chaque paragraphe, était raconté avec plus d'intonation, avec plus d'assurance, même si la brune ne comprenait pas forcément tous les mots, l'histoire se tissait petit à petit, l'attention d'Alwenna accroissait, et alors que la gorge commençait à devenir sèche, ce fut la fin.


Citation:
On appelle cette légende l’Histoire des trente-six chaudronniers, et le peuple la dit encore dans une chanson flamande qui doit être bien vieille.

Le Roy de France, victorieux à Bouvines, avait emmené le Comte de Flandres à Paris et il l’y retenait captif, avec bien des chevaliers flamands qui avaient partagé le triste sort de leur Seigneur. Pendant ce temps-là, le pays privé de son chef et n’ayant plus qu’une faible femme pour le gouverner, le pays fut en proie à toutes sortes de calamités. La guerre qui venait de se terminer d’une manière si malheureuse pour les Flamands avait laissé dans les campagnes une foule de ces soudards qui n’aiment que le pillage, hommes sans fois ni loi, sans feu ni lieu, et qui ne se plaisent qu’au milieu du trouble et du désordre. Profitant ainsi de la faiblesse de la Comtesse, ces brigands, sûrs de l’impunité au milieu des bois, dévastaient audacieusement les campagnes et rançonnaient d’une manière indigne les pauvres paysans qui refusaient de faire cause commune avec eux. C’était le prélude des scènes terribles et abominables des pastoureaux ainsi que des soulèvements des paysans.

Ils avaient établi leurs repaires au milieu des bois. Là, vivant comme les bohémiens, les zingaris, et autres gens de cette sorte, tantôt ils attaquaient à force ouverte, lorsqu’ils étaient sûrs d’être les plus forts, tantôt ils avaient recours à la ruse, et sous l’apparence d’un métier quelconque, ils s’approchaient des villages, des bourgs, et ne manquaient jamais d’y faire de nombreuses victimes.

Or, le châtelain de Maldeghem était le compagnon de captivité du Comte de Flandres, et son absence avait enhardi les brigands. Ils avaient trouvé le moment favorable pour exploiter l’ambacht de Maldeghem, et ils s’étaient campés dans les bois des environs, sous prétexte d’y exercer leur métier de chaudronniers. En peu de temps ils étaient parvenus à se faire dans le pays des partisans et des complices. L’éloignement du châtelain semblait leur donner cause gagnée ; la terreur qu’ils inspiraient aux pauvres gens les rendait les maîtres véritables de la contrée.

Un jour le château de Reezinghe, qui était désert depuis bien des mois, et dans lequel la châtelaine n’avait point osé rester seule en l’absence de son mari, le château reprit tout d’un coup un air de vie et de fête. Le prisonnier avait si bien travaillé dans l’intérieur de sa prison, il avait si bien miné les murailles, que ses compagnons et lui s’étaient échappés pendant la nuit et avaient réussi à retourner dans leur pays. Le Roy de France, en l’apprenant, avait eu un grand accès de fureur, mais comme il n’y avait pas de remède, force lui fut de se calmer. Rendu à la liberté, le châtelain de Maldeghem commença par rappeler à lui sa femme et il reprit ses vieilles habitudes féodales, ces mœurs de châtelain campagnard.

Dans ces temps-là le plus grand plaisir d’un seigneur châtelain, c’était celui de la chasse : quel autre déduit pouvait plaire à ces hommes qui n’aimaient que la guerre et tout ce qui en rappelait l’image ? Il fallait bien d’ailleurs que le Seigneur de Maldeghem regagnât le temps perdu en prison et renouvelât connaissance avec ces fourrés giboyeux, ces taillis épais, dans lesquels il avait si souvent fait tomber sous ses coups les plus beaux cerfs, les sangliers les plus redoutables. Un matin donc il avait quitté le château de Reezinghe avec ses chiens et ses valets pour aller courir le cerf. Emporté par son ardeur à la poursuite de la bête, il s’éloigna si fort des sentiers battus, qu’il lui devint impossible de retrouver ses gens et son chemin. Il avait déjà vu le soleil décliner à l’horizon et se cacher derrière le feuillage touffu des arbres, il craignait d’être surpris par la nuit au milieu du bois, lorsque, dans une clairière, il aperçut un berger qui semblait fort tranquille et devait par conséquent très bien en connaitre les détours. C’était une rencontre trop heureuse pour que le châtelain la négligeât.

- Que fais-tu là, manant ? lui dit-il.
- Je garde mes moutons, messire, vous le voyez bien.
- Ne pourrais-tu me servir de guide et me remettre dans le bon chemin ?
- Impossible messire, je ne puis quitter mon troupeau.
- Tu me diras au moins si je suis fort éloigné de toute habitation, et si je puis espérer de trouver un abri quelque part.
- Ma foi messire, je n’en sais rien, mais il me semble que vous feriez bien de vous hâter, car si l’obscurité venait à vous surprendre, vous passeriez une mauvaise nuit dans le bois.
- Si du moins tu voulais me servir de guide !
Ce disant, le Seigneur de remarqua un cornet de chasse qui pendait au cou du berger. Cela lui donna envie de l’entendre. Véritable envie de chasseur, peut-être, et qui était sans conséquence ; peut-être aussi espérait-il que le son du cor serait entendu de quelqu’un et qu’on accourrait à son aide.
- Berger, ton huchet semble bon, lui dit-il, tire-moi quelques sons, afin que je puisse en juger.
- Messire, ce n’est guère le moment de vous amuser, songez donc que le temps vous presse.
- Qu’importe, sonne toujours, j’ai une furieuse envie de t’entendre.
- En vérité, messire, vous avez tort, vous feriez mieux de continuer votre route.
- Faudra-t-il donc que je te l’ordonne, manant, et dois-je te dire que je suis ton Seigneur ?
- Oh ! Dans ce cas, dit le berger, je ne puis rien vous refuser, admirez donc les sons de mon huchet.

A ces mots, notre homme, qui sans doute n’avait pas reconnu d’abord le châtelain de Maldeghem, changea tout à coup de manières ; il y avait dans ses traits un air sardonique, auquel ledit Seigneur ne prit pas garde ; il mit le cornet à ses lèvres, et les bois retentirent aussitôt d’un appel étrange qui ne ressemblait en rien aux airs de chasse connus du Seigneur châtelain.

Quelques temps s’écoulèrent et l’on vit bientôt arriver de plusieurs côtés à la fois des hommes à la mine farouche, à la parole menaçante ; ils étaient au nombre de plus de cent. A l’instant, ils entourèrent le Seigneur de Maldeghem en proférant des cris de haine et de mort.

- Arrière, s’écria celui-ci, arrière, misérables, ne connaissez-vous pas votre Seigneur ?

En même temps il tirait son terrible couteau de chasse, décidé à vendre chèrement sa vie à ces brigands. Mais les bandits avaient aussi des armes, et ils étaient trop nombreux pour que le noble et valeureux Seigneur pût espérer une heureuse issue de cette lutte vraiment inégale. Il s’était trouvé cent fois à la guerre dans de sanglantes mêlées où il avait combattu tout seul contre d’innombrables ribauds. De sa lourde masse d’armes, il savait alors se frayer un passage à travers cette vile canaille, qui tombait devant lui comme font les épis devant le moissonneur ; mais ici que pouvait-il faire contre tant d’ennemis furieux ? Son coutelas pourrait-il résister longtemps à ces bâtons ferrés, que l’on brandissait autour de lui ? Encore, s’il avait eu sa bonne armure de guerre ! Il comprit que la prudence exigeait qu’il parlementât.

- Mais enfin, que voulez-vous de moi, leur cria-t-il, vous faut-il de l’or ? Tenez, en voilà, et de la main il leur en présentait trois pièces.
- Rien que cela, messire, c’est bien peu pour un si riche Seigneur.
- Allons, allons, il faut en finir, tuons-le, ce sera plus tôt fait, disaient les acharnés.

Cependant, par un reste de ce respect naturel que les gens du peuple ne peuvent s’empêcher d’éprouver pour les hommes d’une condition supérieure, aucun d’eux n’osait frapper le premier. Ils hésitaient. Pendant ce temps-là quelques-uns des plus prudents de la bande s’étaient concertés entre eux. Ils s’étaient dit qu’il y aurait peut être plus de danger à tuer le châtelain qu’à le laisser retourner au château. Ils avaient réfléchi à l’effet que produirait nécessairement à Maldeghem la disparition du Seigneur, et à quelles poursuites ils ne manqueraient pas d’être exposés. Le châtelain était le cousin de la Comtesse ; indépendamment de ses nombreux vassaux, il aurait pour le venger tous les seigneurs de sa famille et tous les nobles du pays. Devait-on s’exposer ainsi, par sa mort, à être traqués comme des bêtes fauves et à périr misérablement ?
Cet avis prévalut, on dit au châtelain qu’on n’en voulait pas à sa vie.

- Nous sommes de pauvres chaudronniers, ajouta le chef de la bande, et c’est la misère seule qui nous a poussés à l’extrémité où vous nous avez réduits. Montrez-vous généreux, messire, conduisez-vous en gentilhomme. Que peut vous faire à vous la perte de quelques pièces d’or ? Vous en avez de gros restes au château de Reezinghe, et vous ne serez guère plus pauvre après cela. Allons, exécutez-vous de bonne grâce, donnez-nous tout ce que vous avez et nous vous laisserons partir, moyennant une seule condition.
- Laquelle ? demanda le principal intéressé.
- Vous jurerez sur votre part de paradis, sur l’âme de votre père et de votre mère, que vous ne direz jamais à personne, de votre bouche ni par écrit de votre main, ce qui vous arrive en ce moment. A cette condition, vous êtes libre.

Les bandits étaient trop raisonnables pour que le châtelain de Maldeghem pût leur refuser une pareille chose. Il fit le serment qu’on exigeait de lui, et après leur avoir abandonné tout ce qu’il avait de vaillant, il put s’éloigner. On le remit même dans la bonne voie pour qu’il ne se perdît plus.

Il était tard lorsqu’il arriva au château de Reezinghe. Son visage était encore bouleversé par la vive émotion que cette terrible aventure lui avait causée. Sa femme, en le revoyant ainsi, voulut savoir la cause de son air sombre et préoccupé, elle le pressa de questions : tout fut inutile, son esprit semblait toujours de plus en plus agité. La rage et le désir de la vengeance faisaient étinceler ses yeux d’une façon terrible. L’épousée, inquiète et tremblante, n’osait plus l’interroger et entrevoyait dans tout ce mystère quelque grand et affreux malheur.

Tout à coup, le châtelain rompant ce silence obstiné, appelle à grands cris un valet. On dirait qu’une lumière subite vient d’éclairer son esprit et de le tirer d’une incertitude cruelle.

- Qu’on m’apporte du sable, dit-il, et qu’on le sème sur le carreau !

On s’empresse de lui obéir, et alors, sans prononcer une seule parole, sans même rédiger de sa main, il commence à écrire sur le sable avec le gros orteil de son pied droit, qu’il y avait une bande de voleurs dans le bois où il avait chassé le matin, et qu’il fallait incontinent se préparer à les poursuivre. Par cette étrange capitulation avec sa conscience, le Seigneur trouvait un moyen de ne pas manquer à la lettre son serment, peu soucieux d’en violer l’esprit. Son but n’était-il pas de se venger ? Le noble chevalier pouvait-il pardonner à ces brigands la terreur qu’ils lui avaient fait éprouver ?

Les ordres donnés par le châtelain ne tardèrent point à s’exécuter, lui-même il conduisit ses hommes d’armes afin de les guider plus sûrement, et il eut le plaisir de ramener bientôt à Maldeghem trente-six individus qui avaient fait partie de cette troupe de chaudronniers.

Ici les voix de la tradition ne se montrent plus unanimes. Il y a des gens qui prétendent que le châtelain fit pendre tous les chaudronniers devant son château de Reezinghe, et que sans doute il se donna la satisfaction d’assister à leur agonie. On ne dit pas s’il prit soin de leur conter, avant leur mort, l’ingénieux moyen par lequel il avait tenu sa parole, ni si les bandits le trouvèrent suffisant. Depuis ce temps, ajoute-t-on, et même de nos jours, le menu peuple a coutume (par forme de moquerie) d’envoyer les chaudronniers à Maldeghem, de même qu’en Hainaut on les envoyait à Beaumont. D’autres assurent, au contraire, que le Seigneur condamna ces brigands à une prison perpétuelle. Ils disent que ces malheureux furent enchainés dans les souterrains du château. Ils soutiennent que les anneaux de fer auxquels les prisonniers étaient attachés sont les mêmes qui sont encore rivés aux murailles du cachot, et que leurs ossements sont restés dans cet horrible tombeau où le châtelain les avait laissés mourir de faim.


Assez contente, les sombres prunelles se tournèrent vers le froid visage de celle qui l'a écouté, essayant de déceler une ombre de satisfaction, puis au souvenir des questions, la recherche est abandonnée pour réfléchir à une réponse. Un court moment le silence refait surface, vite brisé par la voix Wolbackienne.

Si Maldeghem vous a été légué vous devez sans doute le mériter. Pour ce qui est de l'ingéniosité et la hargne dont vous parlez, je vous vois mal écrire dans du sable avec vos pieds, mais je suis certaine que vous auriez trouvé également une solution.

Une étincelle d'amusement passe dans le regard de Lys, et une éventuelle réponse est attendue.

Histoire tirée de Maldeghem la Loyale, mémoires et archives publiés par Mme la Comtesse de Lalaing, née Comtesse de Maldeghem.

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Quiou
La Nuit faisait silence comme une évidence, et même la grand salle de l’auberge au rez-de-chaussée semblait s’être enlisée en une sérénité que l’on ne pouvait aisément troubler.

Aucun bruit, nul ennui pour déranger les principales intéressées, à savoir l’Inaltérée et la Terreur invétérée douée d’une certaine implacabilité.
Tout cela pour laisser à l’enfant nouvellement dévouée l’occasion de briller en une soirée ombragée, et ce, en lui octroyant le droit que d’affirmer sa propre voix, d’emplir l’atmosphère controversée par ses seules juvéniles tonalités déclamées en un rythme des moins effrénés.

Les paroles coulent, les phrases pleuvent, les paragraphes s’émeuvent, sans que rien ne puisse arrêter cette lancée permettant de dévoiler une histoire renommée.
La Deswaard aurait ainsi pu s’ébahir devant la pureté échevelée d’un récit psalmodié par une môme, mais c’est chose malaisée que d’apprécier pour une Misanthrope économe.

Alors, quand l’intonation enfantine se tait, affaire bénigne en vérité, l’on peut aisément voir se dessiner un rictus sans l’ombre d’un blocus sur la bobine certainement pas mutine de la Teigneuse.


Vous tâcherez de vous améliorer.

Rien que cela. Le jugement de valeur a sonné, sans erreur.
Et, ignorant même la réponse octroyée, elle ajoute, médusée :


Comme énoncé en cette légende reculée, les cachots de fer du Castelet de Reezinghe ont assurément bien traversé les années, et peut être que lorsque nous les visiterons, nous découvrirons non sans émotion qu’ils se trouvent encore occupés par quelques marauds désœuvrés et trop longtemps oubliés.

Il n’a jamais été déclaré que la Deswaard avait le talent que de discutailler avec les enfants, la preuve en est à nouveau en cette ténébreuse soirée, où, passant à un tout autre sujet comme d’habitude, « Sa Sombritude » tendait un papier finement ouvragé à l’adresse de sa Damoiselle de Compagnie à la chevelure brunie.

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En construction.
Alwenna
Le jugement est rendu, et Alwenna l'accueille avec un hochement de tête, une étincelle amusée dans les yeux, elle n'en attendait pas moins. Satisfaite, elle repose le parchemin, imaginant toutes les critiques qui auraient pu sortir, mais non, rien. Lys allait presque finir par être déçue, mais se contenta de la neutre remarque, se disant qu'il fallait profiter de ce moment rare. La Noire continua en proposant d'aller visiter prochainement des cachots, chose qui ne réjouissait pas forcément l'enfant, mais qui ne l'embêta pas vraiment non plus.

Si tel est votre souhait.

Un haussement d'épaules ponctua la phrase lancée avec désinvolture. Puis un autre papier fut tendu. Plus petit. Et de loin, cette écriture ne laissa pas indifférente La Blanche, qui s'empara aussitôt de la lettre. Le nom si connu de l'expéditeur la laissa perplexe.

Citation:
De Nous, Marick de Monfort-Laval, Duc d'Hennebont,

A Quiou Deswaard de Noldor, Vicomtesse de Maldeghem, Dame de Beselare,


La Bretonne n'était pas étonnée que son père parle à sa tutrice, mais elle ne comprenait pas que la missive lui soit dévoilée. Un regard interrogateur se posa dans les yeux froids et impassibles de La Sombre, qui ne répondait pas, qui ne bougeait pas, qui semblait attendre. Une nouvelle lecture commença alors, cette fois silencieuse, plus rapide dans la tête de la Wolback qui s'affolait, anxieuse de ce que cachait ces mots, ces phrases. Phrases qui défilèrent, à une vitesse incroyable.
Pour s'arrêter.
Stop, Boum, Crash.


Citation:
Votre courrier me réjouit, me laissant à penser que ma fille sera entre de bonnes mains pour apprendre ce qui lui sera nécessaire pour subsister dans notre monde. Par là je ne sous-entend pas qu'il serait impossible de l'élever en terre bretonne, mais la disparition récente de mon épouse rendrait triste la vie d'une jeune demoiselle en mon castel.


Tout s'entrechoqua, tout s'écrasa, le vide, plus rien n'existait, tout explosait, le monde d'Alwenna s'écroula. Net. Il se passa une minute, elle demeurait toujours dans la même position. Figée. Le papier tenait par miracle dans ses mains, papier qu'elle voudrait déchirer, mettre au feu, ou alors qu'elle voudrait relire pour découvrir une phrase totalement différente, que ce ne soit qu'un rêve, mauvais rêve. Mais non, quand l'incrédulité qui crispait la Bretonne fut légèrement dissipée, laissant place à l'incompréhension, le début de la lettre fut relu. Encore. Et encore. En vain, les cruels mots narguaient, et ne changeaient pas. Au souvenir qu'avant de s'endormir, elle s'imaginait toujours dans les bras de sa mère, elle savait que maintenant cette image ne pourrait plus la réconforter, au contraire. Que si un jour elle reviendrait en Bretagne, le sourire chaleureux et maternel ne pourrait pas l'accueillir. Bien d'autres choses manqueraient, mais sans aucun doute, il y aurait un manque épouvantable, car pour la deuxième fois de sa vie, la petite venait de perdre sa mère.

Pourtant, aucune larme ne coula. Rien ne rompit ce silence qui pesait tout à coup, toutes les émotions s'étaient tellement précipitées vers la sortie, que toutes étaient restées coincées, la Bretonne sentait qu'un simple coup et ce serait l'averse, mais le visage resta sec.

Les yeux plus sombres que la nuit, se posèrent dans le vert clair, fin rayon de soleil dans l'ombre qu'était la Deswaard. Un question se posa finalement par le regard : "Pourquoi ?".

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Quiou
Clair-obscur totalement brouillé sans la moindre bavure de par la volonté d’une nuit pour le moins agitée. Comme si la Sombre pouvait aisément s’accorder avec la pureté innocente et presque charmante de la Blanche éthérée, et ce, face à cette lumière tamisée de l’âtre déchainé qui dévoilait plus qu’il ne soumettait l’illustre obscurité.
Tout n’était affaire que de couleurs, de contrastes, en vérité, et, en ce bouleversant instant, tout s’entrelaçait, tout s’oubliait du fait de cette bien triste luminosité.

Funeste gris obombré.

Mais voila, Alwenna ne lit pas, ou pas distinctement, fort malheureusement. Ne reste plus à la Deswaard que l’occasion de décrypter les émotions sur ce sauvage visage désenchanté.
Et…Ô Joie ! Il n’y a que peu de doute à soulever quant à l’avancée de la lecture effectuée face à cette figure décomposée. Car oui, plus les mots sont découverts, plus le faciès semble être ouvert.
Ouvert à la détresse, véritable minois de guingois empli de décrépitude sous les yeux de jade de « Sa Sombritude ».
Et la Deswaard de réagir sans coup férir telle une bête assoiffée, de jubiler comme un animal effréné. Cependant la bobine aux babines retroussées en un bref sourire modéré ne se départit pas de son flegme assuré, seules les prunelles habituellement caves se lancent en une brave ritournelle empreinte de joyeuseté.
Ô Joie ! Comme il est doux de voir partout sur ce frêle corps les signes et prémices d’une tristesse incolore.

Elle aurait dû parier que la petite n’était nullement informée.
Elle aurait pu parier que la lettre n’avait pas été lue en son intégralité.
Il fallait y remédier.

Et la Terreur de se saisir avec aigreur du vélin des plus bénins, avant que d’enfin se lancer dans une lecture à voix haute et sans bavure.


Citation:
C'est assuré de remplir mes devoirs de père que je vous confie mon enfant, afin que vous puissiez la faire bénéficier de vos enseignements, et de votre expérience. Comprenez seulement que dans la mesure où ce qui compte par dessus tout pour moi est le bonheur d'Alwenna, si elle venait à être non pas mécontente mais malheureuse de la vie qu'elle mènerait loin des siens, rien ne saurait faire obstacle à son retour à Hennebont. Ces quelques mots ne se veulent aucunement menaçants, ils visent uniquement à vous indiquer ce qui compte pour moi, et qu'en aucun cas je ne me débarrasse de ma *silence, parce qu’elle ne peut décemment pas énoncer un mot aussi peu usité, à savoir « Schpouipouikette »*.

En vous remerciant d'accepter de vous charger d'Alwenna, je prie le Très-Haut de vous accorder toute sa protection.

Ken emberr,
Marick de Montfort-Laval
Dug Henbon


Voyez comme il est aisément précisé qu’une mise sous tutelle est à dénombrer. Ainsi donc ne vous sera-t-il plus jamais possible que de douter de mon…autorité, auquel cas verriez-vous s’abattre mon courroux sur vous.
Et n’oubliez jamais que vous êtes l’unique à avoir décidé de créer cette situation, avec ses déboires et autres afflictions.


Il n’était que temps désormais que de donner le premier coup de pioche à la mioche afin de battre le fer pendant qu’il était encore chaud et costaud, et ce, dans le but de forger cet être encore trop immaculé.

Nourrissez-vous sans gène de cette peine, jusqu’à satiété, jusqu’à la fin de l’éternité, et, lorsque vous vous abreuverez en la coupe de l’ire, buvez jusqu’à en mourir.

Les sibyllines paroles semées telle une bruine en une fine corolle trouveraient-elles seulement le chemin du cœur damné de la petite Inaltérée ?
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En construction.
Alwenna
Mysophobie. Peur de la saleté.
Lentement, Alwenna porte la main à son coeur, espérant percevoir les battements qui l'animent, seul signe de vie chez la fillette qui avec détresse, observe autours d'elle. Les mèches brunes se retrouvent mêlées aux sueurs froides, Lys est prise d'une soudaine chaleur envahissante qui la fait transpirer, sa robe se fait poisseuse, elle se sent sale. Impure. Elle qui prenait plaisir à se soigner se dégoute aujourd'hui.

Nyctophobie. Peur de l'obscurité.
Les yeux dansent, valsent, balayent d'un regard la pièce, pour toujours retomber sur la Deswaard en face d'elle. Les sombres prunelles se plongent dans l'obscurité qu'elle propage, l'anxiété fait crisper la Wolback, comme entourée de noir, perdue, la brune lève les bras, cherche autours d'elle, comme une issue, une sortie dans ce sombre brouillard.

Phonophobie. Peur du bruit
Affolée, sa tête cogne, ses mains serrées toujours légèrement élevées, pour se protéger ? Pour se cacher ? Tout tourne, tout tourbillonne, chaque tremblement émet un bruit effroyable qui broie les oreilles de l'enfant, folle, complètement folle qu'elle est, les voix persistent dans sa tête, les meubles parlent, tout se déforme, elle croit même entendre Quiou rire, de plus en plus fort, le rire couvrant tout, la noyant, tout ceci n'est pas réel, mais le sait-elle vraiment ? Perdue, je vous dis.


Laissez moi ... Laissez moi ...

Paroles lasses, effrayées, tantôt criant, tantôt murmurant, sourde de ce qui se passe, le monde imaginaire dans sa tête l'enveloppe, les yeux couverts par ce voile, une autre vision.

Autophobie. Peur de soi-même.
Les yeux clignent en permanence, comme pour essayer de sortir, Alwenna agite les mains, se bouche les oreilles, souffle par le nez, par la bouche, elle essaye de sortir de son corps. Elle se frappe, et s'insulte, elle pleure, et crie, plusieurs personnages se suivent, tous ont un point commun, la détresse. Désespérée, elle n'a que faire de son entourage, fatiguée d'elle même, elle se pose, une seconde, puis deux, les yeux brillants, les mains qui tremblent.


Qui es tu ?
Toi.
Qui suis je alors ?
Moi.
Et qui sommes nous ?
Deux miroirs se reflétant à perpétuité, deux mêmes visages séparés par une mince barrière.
Quelle est cette barrière ?
Ton corps.

Peur. Alwenna a peur. La barrière qui la sépare d'elle même n'est que son corps. Elle pense cela, elle croit cela, elle vit cela.

Brise cette barrière.

Non. Oui. Hein ? L'image floue de Quiou se dessine, la réalité revenant peu à peu, doigt pointeur, accusateur, se dirige vers la femme, qui semble la chef de cette mascarade.

NON !

Haha. Démasquée, pense Lys.
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Quiou
Stoïque. Flegmatique.
Elle l’est assurément après avoir asséné, martelé sans velléité ces mots, ces maux en la caboche de la mioche. Ainsi est-elle présentement à l’affut d’une réaction tant attendue, imperméable à la moindre émotion des plus abominables, avide d’être enfin confrontée aux sentiments déchainés, sans entrave, sans enclave, de la blanche Inaltérée.
Parce que oui, pour le moment, elle s’est montrée à l’abri du moindre entêtement, étanche aux avalanches de lubies des enfants aguerries, irréfutablement hors de portée de leurs habituelles envies déplacées.
Mais…

Médusée. Déroutée.
C’est ainsi que réagit la Terreur accomplie face à une Lys qui est enfin sortie de sa torpeur d’une bien étrange manière, révélant sans ménagement une détonante avant-première.

Il était assuré que la môme possédait un quelconque syndrome.
Il était assuré qu’un don caché et incertain se trouvait entre les mains de la petite, une véritable pépite.

Dès lors que la crise a commencé, empreinte d’une fureur névrosée, d’une ardeur abusée, la « Reyne Noire », non sans espoir, finit enfin par être fier de la trouvaille déterrée.
Il ne s’agissait nullement là d’une tare, ce n’était plus qu’une vérité dépourvue d’écart.

Ainsi, la Deswaard controversée s’empare du col de la juvénile inaltérée, comme pour mieux lui signifier qu’il ne fallait aisément pas l’oublier.
Et, tout en se redressant avec quelques grognements de son cru, beaucoup trop ardu, elle traine l’enfant sans ménagement jusqu’en la lumière éphémère du foyer à la clarté invétérée afin de mieux révéler ce miteux visage désœuvré.


Vous ne serez très certainement pas comme moi mais…Autre chose…Oui, autre chose.

Durement, elle relâche sa prise, détache son emprise, tandis qu’elle s’attarde à contempler, froide, ledit foyer, roide de colère, plus ou moins emplie de mystères.

Il est temps pour vous que d’aller regagner votre couche.
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