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[RP] - Quand le noir devient la couleur de l'Espoir.

Yolanda_isabel
Noire, comme l’humeur. Comme le chiot l’accompagnant, déjà de belle taille même si rondouillard. Comme le ciel chargé de nuages prêts à lâcher leurs orages estivaux. Comme la robe qu’elle porte. Noire comme celle qu’elle va voir du reste. Et c’est ainsi que déambule l’Infante angevine pour rejoindre l’Altesse impériale qu’elle n’a bien entendu pas prévenu de sa visite.

Visite imprévue pour elle aussi, une envie, une lubie qui l’a sortie de Corbigny et lui a fait prendre la route de la Capitale. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’elle y songe, ce n’est pas non plus la première fois qu’elle s’y essaye, mais cette fois, serait-ce la bonne ? Affronter sa peur, une de ses peurs, affronter Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg. Pas qu’elle ne l’aime pas, loin de là ! Au contraire, la fillette voue une admiration sans borne à l’éminence noire, mais c’est justement cela qui l’arrête, qui l’empêche. Le teint marmoréen, l’air froid et les paroles souvent trop calmes pour être tout à fait naturelles, du moins, au regard d’une enfant de huit ans. Mais on grandit avec le temps, et le temps aidant, les évènements aussi, l’exubérance naturelle de Yolanda Isabel a muté en un calme étrangement dérangeant pour ceux la connaissant. Un calme résigné d’où ne transparaît qu’à peine l’ancienne boule d’énergie qu’elle était alors, du temps de Marraine.

Mais ces blasons, ces couleurs, voilà ce qui la fait encore palpiter. Ces listes de noms numérotés – et sa famille seul sait à quel point, les chiffres emballent le cœur de la fillette – oui, l’héraldisme, les pigments, un Art parmi tant d’autres, mais l’Art est la dernière branche à laquelle elle s’est raccrochée. Et en parlant de branche, l’une d’elles en généalogie est vacante, elle l’a bien vu, lu avec peine, certes, mais quand même. Et parce qu’il y a deux fois le nom de Phylogène, parce qu’il y a deux fois son nom à elle, c’est vers l’Impériale Auxerroise que se dirige la petite Molières, franchissant les couloirs, guettant dans les alcôves si elle l’aperçoit. Et finalement, quand enfin, elle est trouvée, se plier dans une révérence et saluer.

-« Votre Grâce.. »

Un geste intimé au chiot tourangeau, bien plus obéissant que n’importe lequel des animaux logeant à Corbigny. Chut, Phylogène travaille, il s’agit de ne point trop la déranger, cela viendra bien assez tôt..
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« Que Saint-Louis bénisse le Royaume de France.»
Ingeburge
En somme, noir comme l'espoir? La duchesse d'Auxerre, si la question lui avait été posée, aurait répondu affirmativement. Le noir, c'était la richesse; le noir, c'était l'élégance; le noir, c'était une extravagance; le noir, c'était l'opposé de ce que l'on y attachait ordinairement. Elle savait bien quelle cohorte d'images dépréciatives cette non-couleur traînait derrière elle et et elle se laissait à songer que cela arrangeait fort ses desseins, noirs, cela va sans dire. Il y avait toujours un recul, une question informulée et cela créait la distance qui lui était nécessaire, vitale.

Distance que d'aucuns se faisaient fort de réduire en pénétrant, à toutes forces, dans son intimité. Leur point commun? Leur jeune âge, leur petite taille et leur ascendance parmi la plus noble qui soit. Mais, alors que Yolanda apparaissait devant elle, elle était à mille lieues de songer que le dragée qui avait viré réglisse était là pour accomplir ce qu'Arutha et Charlemagne avaient fait auparavant : envahir son espace. Le premier se faisait fort de l'embêter en lui demandant notamment pourquoi elle ne l'aimait pas et le second l'invitant à devenir Reine de France. Second car il n'y aurait pas de troisième.

Erreur.

Le calame dont elle se servait pour annoter les vieux registres fut mis de côté sitôt la présence de la demoiselle de Molière prise en compte et avec les mêmes gestes lents, elle protégea la page sur laquelle elle travaillait d'un morceau d'étoffe et mis son ouvrage sous le panneau incliné de son pupitre. Son précieux vélin mis à l'abri, elle salua l'enfant :
— Le bonjour, ma demoiselle. Je vous prie, prenez place

La voix était posée, claire malgré la légère raucité et les mains toujours assurée, alors que son regard froid détaillait la fillette dont la vêture, depuis des semaines, s'accordait avec la sienne, elle se saisit d'une plume acérée et de son petit cahier de parchemins. Prête à prendre en note ce qui lui serait confié, elle dit encore :
— Je vous écoute, quel événement concernant votre famille paternelle souhaitez-vous me faire part?

Car il ne pouvait y avoir d'autre raison à la visite de Yolanda. Une héritière, un héraut, une alcôve à Saint-Antoine-le-Petit; la conclusion était d'une logique implacable.
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Yolanda_isabel
Etre dans l’antre d’Ingeburge, c’est comme passer d’une plage ensoleillée à une congère coincée en haut d’une montagne, glaciale, inatteignable et tout à fait déroutant. Mais l’envie est plus forte que la peur, alors elle attend sagement, les mains sur son giron que l’Auxerroise l’invite à s’asseoir et finisse de ranger tout son barda.

Polie, distante et froide, voilà en substance l’image que l’on peut se faire de Phylogène. Yolanda aurait rajouté aussi de bonne composition puisqu’à chaque fois, elle l’accueille sans une grimace, chose que ne font pas tous les adultes, mais aussi, et surtout de bon goût, puisque par deux fois déjà, elle a apprécié les macarons de Yolanda. Appréciés.. Enfin, c’est un bien grand mot, elle l’a remerciée, mais jamais encore Yolanda ne l’a vu en manger. Ce héraut-là est à peu de choses près l’ancêtre des héros modernes, il ne mange pas, il ne boit pas, pas de besoin naturel. Ingeburge est pareille à une statue de sel qui ne vivrait qu’une fois l’an pour poser LA question.

Mais pas la bonne, cette fois, pourtant, bien élevée, elle y répond.

-« Rien.. Rien de plus. C’est pas ça.. »

C’est pas ça.. Non, c’est autre chose plus compliqué, plus dur à exprimer pour elle, plus dur à comprendre pour l’Auxerroise. C’est pas ça et c’est difficile.

-« J’ai vu que vous cherchiez avant des gens qui chevauchent en généalogie. Je sais pas bien ce que ça veut dire, mais j’aime bien.. Les blasons et aussi, les familles. »

La question qu’elle ne pose pas mais qui est implicite, c’est à Ingeburge d’y répondre.
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« Que Saint-Louis bénisse le Royaume de France.»
Ingeburge
Aux premiers mots de Yolanda, le héraut ant(arct)ique avait penché la tête, légèrement, intrigué de voir ainsi ses prévisions déjouées. Il ne s'agissait pas de s'entretenir de la famille Josselinière, c'était donc autre chose et, enfermé dans cette logique qui lui était un repère, il ne parvenait pas à mettre le doigt sur les raisons de cette venue qui devenait inexplicable et il ne voulait surtout pas se répandre en hypothèses qui se révèleraient toutes plus contrariantes les unes que les autres; qu'attendre d'autre que du désagrément de la part d'un si petit être humain. Petit, elle l'avait répété un nombre incalculable de fois au Roi de Falaise et l'adjectif, dans sa bouche, se parait de mépris.

L'éclairage vint, enfin, en demi-teinte, car voilà que Yolanda se permettait de lancer sa petite bombe non sans louvoyer. L'effet n'en était malgré tout pas amoindri et la duchesse d'Auxerre examina in petto toute la portée de ce qu'elle venait d'entendre. Une seule conclusion s'imposait et, avant de la formuler, elle reposa sa plume, écarta son cahier, signifiant qu'elle avait bien compris qu'il ne serait pas question d'affaires de famille. Puis, croisant ses doigts bagués, elle regarda avec attention la petite fille et déclara :
— Vous voudriez donc vous aussi chevaucher.

Ce n'était pas une question pas plus qu'une exclamation et ce n'était même pas un constat, c'était juste une affirmation, naturelle, logique... on y revenait enfin. Nulle réponse n'était donc escomptée, à elles deux, elles avaient posé le cadre et c'était à elle qu'il incombait de poursuivre.

— Il faut les aimer beaucoup, les familles.
Et c'était vrai, il fallait les aimer beaucoup pour en supporter les membres et en déclarant cela, elle ne savait pas à quel point, quelques jours plus tard, son amour pour ses lignées serait rudement éprouvé par la scène que lui jouerait le Tri, en son alcôve.

Un silence de quelques secondes succéda à cette déclaration qui semblait ne sortir de nulle part mais qui constituait un avertissement à l'arc-en-ciel qui avait perdu ses couleurs en perdant son soleil; ne restait que la pluie... et la glace. La Froide demanda finalement :
— Avez-vous apporté des esquisses avec vous? Je serais intéressée par quelques croquis de votre main, un exemple de blason de famille et quelques brisures. Pour le reste, puisque vous suivez avec soin les affaires de votre famille, je sais que vous possédez quelques connaissances.

La duchesse d'Auxerre était loin de s'extasier devant les enfants qu'elle traitait bien volontiers comme elle traitait les adultes; en ce jour, elle ne dérogea pas à sa ligne de conduite, là où d'aucuns auraient certainement renvoyé l'Infante à ses jouets. Après tout, si celle-ci voulait chevaucher à ses côtés, c'est que la question de le faire avait été examinée sous tous les angles et qu'elle était venue en conséquence de cause. Là encore, c'était logique.
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Yolanda_isabel
-« Je les aime les familles. »

Toutes, sans exception. Puisque Yolanda aime tout le monde, même cette femme froide et dure comme la glace. Quelque part dans le cœur de l’infante, il y a bien une place pour la Princezzin, menue, mais elle y est. Parce que, comme tout enfant, elle se rattache à ce qu’elle a toujours connu, et s’il n’y avait cette barrière érigée par les convenances et le caractère altier de l’Ahlefeldt-Oldenbourg, alors Yolanda l’aurait chérie tout comme la Mortain, à cette place privilégiée de tutrice, de parente prévenante. Phylogène n’a-t-elle pas toujours servi ses intérêts et ceux de sa famille ? N’a-t-elle pas toujours pris sur elle de ne jamais froisser la cadette Josselinière ? Il faudrait être stupide pour ne pas s’en rendre compte, et comme on ne peut guère cumuler plus de défauts qu’il n’en faut, Yolanda ne saurait être blonde et stupide.

Elle les aime. Sans exception. Avec assurance même, celle de l’enfance qui lui laisse accroire qu’il n’en sera jamais autrement. Aimer et puis c’est tout. Une faille pourtant dans cette assurance. Il lui faut maintenant montrer ce qu’elle sait faire. La remarque concernant sa connaissance de sa famille n’est qu’un léger baume sur la plaie béante qu’ouvre cette demande. Montrer ce qu’elle sait faire. Prouver qu’elle est capable de faire quelque chose. Elle sait qu’elle peut, on lui a déjà dit, mais les proches mentent si souvent par amour. Marraine avait-elle raison quand elle lui disait qu’elle avait du talent en peinture ? Et son frère quand il parle de ce don pour les couleurs ? Et surtout, surtout a-t-elle eu raison de croire que parce qu’elle trouvait les couleurs jolies, elle pourrait avoir un talent quelconque pour le blasonnement.

Lutter contre le doute qui s’insinue, glacial comme le regard qui la jauge et sortir de son escarcelle plusieurs parchemins froissés par nervosité, par accident. Et finalement, les tendre dans un geste désespéré. Sauvez-moi de l’ennui, sauvez-moi de l’oisiveté qui me fait penser, qui me fait souffrir. Elle aurait voulu savoir prier, elle aurait voulu pouvoir comme eux s’en remettre à un autre, plus fort. Pourtant, dans ses chimères, c’est aux fées qu’elle s’en remet. Cette famille de fées qu’elle s’est inventée dans les jardins de Corbigny, il y a de cela quelques années.

Citation:
FAMILLE CLOCHETTE



Blasonnement : D’argent à la fée de sable.

Devise de la Famille : Bibidibabidibou


  • BRANCHE MERE


    • Prime génération

      Feu Follet Clochette* (1379/1425)
      = épouse feue Trine Paillette* (1370/1412)




    • Seconde génération

      De l'union légitime de feu Follet et de feue Trine Clochette

      1. Feu Lement Clochette* ( 1401 – 1445)
      = épouse feue Yue Kulélé* (1398 - 1444)



      2. Feu Trage Clochette* (1405 - 1431)
      = épouse feue Hiette Touchémoa* (1405/1440)



      3. Feu Dataire Clochette* (1406/1452)
      = épouse feue Mareine Labonne* (1409/1451)



      4. Feue Winx Clochette* (1408 - 1410)




    • Tierce génération

      De l'union légitime de feu Lement et de feue Yue Clochette.

      1.1. Loni Clochette, dict le Félon. (1428 - …)
      = épouse Rié, dicte la Festive.(1432 - …)



      De l'union légitime de feu Trage et de feue Hiette Clochette.

      2.1. Lassion Clochette, dicte la Gourmande. (1431-…)
      = épouse Brile, dict le Poussif. (1429 - …)



      De l'union légitime de feu Dataire et de feue Mareine Clochette

      3.1. Blee Clochette, dict le Fainéant. (1433 - …)




    • Quatrième génération

      De l'union légitime de Loni et de Rié Clochette..

      1.1.1.Lapsus Clochette, dict l’Etourdi ( 1444 - …)



      1.1.2. Lopsion Clochette, dict l’Accident. (1456 - …)



  • BRANCHE ILLEGITIME

    • Quatrième génération

      De l'union illégitime de Lassion Clochette et de Cuny Cunu.

      2.1.1. Sesky Cunu, dicte la Tendancieuse.(1445- …)






  • Chef de Famille : Loni
    Héritier légitime : Lapsus



-« C’est pour de faux.. Elles existent pas en vrai.. Je le sais bien. »

Elle ne croit plus aux fées. Plus maintenant. Pourtant, le parchemin n’a jamais été perdu, comme un espoir qu’un jour peut-être, tout ira mieux et que les fées reviendront peupler Corbigny et sa vie.
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« Que Saint-Louis bénisse le Royaume de France.»
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