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[RP] Un mousse recherche l'Amiral...

Suniva


Nez au vent, boucles auburn dansantes et visage marqué par la longue chevauchée et le manque de sommeil, Suniva déambule dans les rues de St Bertrand.

Le bureau du Tribun, le poste de police, l'Eglise... Hum... Voila la Mairie, la place ne doit pas être loin. Elle trouvera bien quelqu'un pour la renseigner là... Le marché ! Lieu idéal pour flâner et questionner...

Fumet appétissant titillent les narines normandes de la jeune femme qui s'arrête près de l'étal d'un rôtisseur. Tâte sa bourse bien dissimulée au fond de l'escarcelle qui pend à sa taille. Murement réfléchie durant un quart de seconde la décision est prise. Sourire engageant et commande.


" - Le bonjour Sieur ! Hummm... Je voudrais cette cuisse toute dorée là... Non pas celle là... Celle là ! Voui, voila... Non j'emporte pas, je vais la manger tout de suite..."


Tend les deniers demandés pour obtenir sa pitance et l'oeil gourmand se saisit du morceau de volaille rôti à point, s'apprête à mordre à pleine dents mais s'arrête net : Une question quand même avant d'avoir la bouche pleine...


" - Dites moi... Vous connaissez l'Amiral ? Il est grand comme ça... "


Lève le bras élevant la cuisse de poulet au dessus de sa tête, puis la rabaisse légèrement


" - Hum... non plutôt comme ceci. Puis il est blond... et il s'agite et parle tout le temps. Et... Euhhh... Il m'a dit aussi qui sait forger des épées tout exprès pour les dames... "


Le rôtisseur éclate de rire, et entre deux hoquets rétorque que pour qu'il y ait un amiral, faut qu'il y ait une flotte et qu'à Saint Bertrand, bah ya pas de mer, sinon, ça se saurait !


Suniva se renfrogne et rétorque aussitôt


" - Ah bah quoi ?! On peut être Amiral et ne pas avoir de bateau dans la cour de sa maison ! Chuis p'tet naïve mais faudrait pas me prendre pour une oie !"


Haussant les épaules, vexée qu'on se moque d'elle, Suniva mord à pleine dents dans sa cuisse de poulet et s'éloigne de l'étal en mastiquant et maugréant en même temps...

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Subcal


...et...PLOC !

Un bruit sourd, presque un faux bruit...

Un de ces murmures qui, sitôt lancé, s'éteint. Et que l'on oublie aussi vite.

SubCal relève la tête, qu'il penchait dans son feu.

Un feu de forge, des flammes de forgeron, des faux Enfers...une vraie nuit.

Il pose son outil, regarde le début de lame qui, métal cloué sur sa potence d'enclume, renaît de rouge.


"Il y a quelqu'un ? Entrez ! Mais entrez donc !"

Personne ne franchit la porte ouverte par le vent.

Seule, par terre, une plume reluit.

Une plume bouge.

Le vent ? Encore lui ?

SubCal se frotte les yeux, comme pour ne point rêver.

La plume se met en boule, puis s'ébouriffe, puis le regarde...d'un oeil qui semble vouloir dire : "Je te connais, toi ! Et moi, me reconnais-tu ?"


Ah ça ! Mais c'est toi petit...euh...Charlotte...eh ben...j'espère que tu ne t'es point fait de mal en heurtant le montant...c'était donc toi le petit bruit...

Il s'avance et, s'abaissant ensuite, ramasse dans ses mains la belle marouette.
Voyons voir...que Diable fais-tu ici ? Un Vol de Nuit ? Une mission secrète dont l'armée t'a chargée ? Serais-tu devenue espionne à tes heures ? Mmmmhhh...

Eh ben dis-donc...te voila fort grandie...euh...Gargotte...tu n'es plus seulement cette petite chose...tu es grande et tu voles...fort bien...


La voyageuse se blottit dans ses mains ; elle semble y retrouver une odeur de jeunesse... comme l'on se souvient du pain de ses parents.

SubCal la détaille, tout en la caressant, puis, soudain, il aperçoit un tout petit papier à ces pattes accroché.


Un papier, petite Clapotte ? Tu portes une lettre ? Voyons, tu serais donc devenue porteuse de Parchemins ? Regardons cela de plus près...

Tout doucement, il retire la lettre, puis l'entrouvre.

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Suniva
Cuisse de poulet toujours femement tenue et dégustée, Suniva va d'un étal à l'autre posant toujours la même question et recevant toujours la même réponse. Personne ne connait un Amiral blond parmi les marchands du marché.

Ayant terminé son en-cas, la jeune femme se dit qu'on se moque d'elle ou qu'elle a mal compris : Ce n'était pas à Saint Bertrand qu'elle devait se rendre... Ou alors... Il n'y pas plus d'Amiral que de rivière ici ! Mais des forgerons, il doit bien y en avoir quand même ?

S'étant renseignée, la Suniva, d'humeur revêche, se mit en quête d'une personne sérieuse à interroger...

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Subcal


Après avoir retiré le bout de papier d'une main experte, il offre à la marouette un petit bol d'eau.
Celle-ci, comme à son affaire, avale le liquide à force coups de bec.


Tiens donc...je suppose que tu as faim ? Non ? Mais si, tu as faim...je le sais...tu as le bec pendant, les pattes molles...ce voyage t'a éreinté, ne dis pas le contraire Lapotte...je le vois...

Puis, se grattant la tête :

Mais que peut donc manger un animal comme toi ?
Bon sang...que manges-tu ? Des limaces ? Du blé ? Des hérissons ? Du pain ?...
Me voila bombardé Lucullus des oiseaux...la belle affaire...euh...tiens, repose toi donc, jolie Papotte, je vais lire la lettre, et puis nous mangerons...enfin...entre le hérisson et la grenouille, eh bien tu choisiras !


Il pose la marouette sur un nid de sciure, la caresse quelques temps, puis, se souvenant de la lettre, il l'ouvre et la déploie.

Tsss...je n'ai plus de monocle...mais n'en ai pas besoin pour lire au fait ! Même si c'est très petit, cela se lit...voyons voyons...lisons à voix basse...


Dans la campagne d'Armagnac et Comminges,
ce jour 2ème du mois d'avril de l'an de grâce 1457, à la tombée de la nuit

Mes salutations Amiral !

Me voici en route pour votre village. J'ai quitté Eauze ayant eu la chance de rencontrer nobles personnes qui ont bien voulu me faire escorte jusqu'à Saint Bertrand.

J'estime que le dressage de la marouette que vous m'avez offerte en lot de consolation lors de la dernière campagne est suffisant et je voulais le tester. Mais comme mon oiseau est précieux, je veux être bien certaine qu'il sera arrivé jusqu'à vous et donc je viens m'en assurer.
Comme promis donc, vous êtes le premier vers qui elle est envoyée en mission. Accueillez la bien : vous verrez qu'elle chante toujours quand le soir tombe et qu'elle aime les endroits humides. D'ailleurs, elle adore se repaitre des petites bêtes qui vivent dans ces endroits.
Je vous fais confiance pour la nourrir et la récompenser si elle a bien accompli sa mission. Je suis persuadée qu'elle reconnaitra celui qui a pris soin d'elle alors qu'elle n'était qu'un poussin jaune.

Pour ma part, si je viens vous rendre visite c'est que, outre le fait d'avoir envie de découvrir le Comté qui m'accueille et le soucis que je me fais pour mon oiseau, je voulais venir me rendre compte que vous êtes aussi habile à la forge que comme bateleur. Il se peut donc que je vous passe commande. Mais nous en reparlerons...

La nuit est tombée, le feu se meurt et donc il me faut terminer ma prose en vous souhaitant de vous porter bien, Amiral. A très bientôt.

Qu'Aristote vous ait en sa garde, pour ma part, je me réjouis de prendre une leçon de navigation, Amiral.

Mousse pour vous, Suniva pour les autres.


Il lit, plusieurs fois et en tous sens, afin de bien comprendre.

Puis, son visage s'éclaircit d'un large sourire...



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Subcal


Mousse ! Mais quelle folie ! Un voyage à son âge ! J'en frissonne de peur...j'en frissonne de chance...

Il sourit, dévoilant des dents blanches comme la neige qui dort sur les plus hauts alpages.

Un mousse, d'accord Monsieur, un mousse nettoie le pont, un mousse...ça éclabousse tout le monde de ses seaux, et ça frotte de brosses...ça balaie le pont, ça frise l'équipage...ça embaume Monsieur, ça embaume un bateau et ça le fait reluire...

Oui Monsieur : un mousse c'est un délire qui va, se promenant, écouter les complaintes des membres d'équipage. On lui dit tout, il sait tout...et ça se tait un mousse, ça ne peut pas parler, bien sûr...ce n'est qu'un mousse, après tout...qu'un mousse ?

Qu'un mousse, la bonne affaire ! Un mousse ne dit rien, un mousse ne voit rien...un mousse, ça vole de bateaux en bateaux un mousse...ça connait tout le monde...un mousse, Monsieur, eh bien...un mousse, c'est la souris du bateau. Voila tout !


Il regarde la marouette qui, sagement dans son coin, acquiesce d'un oeil fatigué.

Tu voudrais bien dormir, Oblotte ? Mais dors donc, dors ma petite...n'écoute point mes âneries, elles me sont réservées...elles me font vivre, Madame, elles me font rêver...et qu'est-ce donc qu'une vie sans rêves ? Eh bien, c'est un bateau sans mousse : il n'y a plus de secrets qui s'envolent, plus de pont reluisant, et surtout...surtout...

Il s'approche de l'oiseau à pas de loup, tout en parlant de plus en plus bas :

...et surtout, Carotte, il reste du fromage !

Se redressant d'un coup :

Oui M'Dame ! Un monde sans mousse est un bateau qui empeste ! Voila la vérité !

Il se dirige vers l'âtre de la forge, et s'y éclaire - sans le savoir - le visage de multiples flammèches.
Il reprend plus bas, comme s'il parlait à un confident caché là quelque part :


Mais...une Mousse, cela change tout...oui Monsieur...une Mousse...voyons...est-ce aussi de souris dont on parle ? Une Mousse, cela rongerait donc ?

Haussant le ton :

Si Ulysse eût été pourvu...d'une seule Mousse, peut-être eût-il sauté dans la mer des sirènes ? Hein ? Qui le sait ? Qui ! Monsieur !
La souris-Mousse lui aurait-elle rongé les liens dont il s'était drapé pour affronter les chants ? Ulysse a-t-il sauté, Parotte ? Non non non non...point du tout...il hurla et hurla...mais il ne sautait pas ! Sacrée Julie...euh...Ulysse...


Puis, se calmant :

Ainsi donc, Berlotte, tu m'annonces de ta maîtresse l'arrivée prochaine...bien bien bien...il faut que je lave le sol, et que je fasse briller le sol...et que je le cure ce sol...pfff...il me faut...euh...des provisions en suffisance...et du soleil, car on n'accueille pas son Mousse...euh...sa Mousse...sous la pluie. Nous sommes en Armagnac, ici, Madaaaame, pas dans un nuage ! Pas de pluie, pas d'eau, pas d'eau !

Marotte pique sa tête de petits mouvements, comme font les oiseaux qui observent.

Hem...tu as raison, Bigotte, il faut que je me calme...mais bon...que celui-là qui jamais ne rêve éveillé me jette la première pierre...

Allons ! Mangeons ! Et que dirais-tu d'un petit lombric "bien de chez nous" pour commencer ? Mmmmhhh....????



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--Marotte
Un long voyage pour un oiseau à peine sorti de l'état de poussin.
Mais il fallait bien se rendre compte qu'elle était enfin capable de faire ce à quoi la destinait sa maitresse.



Long bec et pattes fines. Ailes déployés au dessus des terres de la Comminges. Partie, lancée vers le ciel par des mains fines. Encouragée d'une voix qui s'est faite douce et lestée d'un fin rouleau de parchemin, Marotte à volé longtemps... Jusqu'à apercevoir enfin cette roche surmontée d'un clocher et les toits lui faisant une mer de maisons blotties à son pied...

L'instinct plus que le souvenir l'a conduite sans faillir à la porte d'une forge contre laquelle elle s'est cognée, poussée par le vent et la maladresse de son vol encore jeune.

Des mains, une voix... Elle est rassurée. Déchargée de son mince fardeau, on la câline, on l'installe dans un nid douillet qui fleure bon le bois.
Marotte ne comprend pas tout : ce n'est qu'une marouette après tout, mais elle dodeline, bercée ; ses paupières s'affaissent de bien-être et de fatigue.

Elle connait peu de mots, mais l'un revient plusieurs fois : manger ! Et c'est ce qui tient l'oiselle éveillée plus encore que le monologue qui s'allonge, volte et fait chanter les sons ; les tresse, les noue pour mieux les délier ensuite... Mélopée tour à tour gaie, rêveuse et délicatement sculptée. Inflexions profondes, modulations soudain désordonnées qui reviennent à de vibrantes ondes s'amenuisant pour mieux éclater...

Le soir tombe, l'heure où les marouettes chantent. Marotte s'ébouriffe les plumes, prend appui sur ses longues pattes repliées au fond du nid, lève le col et gonfle son jabot ; elle va joindre sa voix d'oiseau à celle de l'homme qui soliloque intarissable, le visage illuminé par les flammes du foyer qu'il quitte lentement pour s'approcher à nouveau d'elle... Et le mot magique est à nouveau prononcé : "Mangeons" !

Marotte lance son chant, célèbre le soir, la chaleur retrouvée, sa mission accomplie, la joie qui habite celui qui l'a élevée et la promesse d'un festin longtemps espéré.
Si un oiseau savait exprimer ce qu'est le bonheur, alors c'est une petite marouette au creux d'un nid de sciure auprès du foyer d'une forge qui l'exprimerait le mieux à cet instant.
Suniva
Elle en avait parcouru des venelles, pentues, larges ou étroites. Suniva à la recherche de Subcal découvrait Saint-Bertrand en allant par les ruelles... Elle avait quitté le marché depuis un moment déjà et le quartier trop calme qu'elle traversait l'incitait à se perdre dans ses pensées.

*Grmmbbbllfffff... Et si l'Amiral était en voyage ? Et s'il n'allait pas apprécier ma visite ? Et puis... Si ça se trouve, Marotte ne l'a pas retrouvé, il n'aura pas eu mon courrier... C'est que je me suis mise en route mais je n'avais pas eu de réponse moi, qu'elle oie je suis... *


Arrivée à ce stade de ses réflexions, Suniva était sur le point de rebrousser chemin. Elle s'arrêta un instant, le regard levé vers l'Eglise qui dominait le village. Grand soupir inquiet.
Alors, pour se donner du courage, la jeune normande se mit à fredonner la chanson de son père, transmise de génération en génération.


" - J’aperchévouns lé donjoun
Qui sé démuche dé la breune.
Mes houmes halent sus l’s avirouns
Jusqu’oû pyid des deunes.


J’i rêvaé de Thor, reide enragi.
Gimaez, fémes, j’allouns touot ravagi !


Nous esnéques sount à basse iâo,
Halaez les batiâos oû sé !
Derryire mei, touos à l’assâot !
Assâotouns le châté ! "


D'abord discrètement fredonnée, l'air martial prit rapidement de l'ampleur au rythme des pas et c'est ainsi qu'au bout de la ruelle, la voix claire résonna : Emportée par sa fougue et les paroles de l'hymne guerrier, Suniva en digne fille de soldat, chantait maintenant à pleine voix.


" - J’allouns tuaer, touot machacraer !
Chauntouns, les Viquins, chauntouns !
En avaunt, pouor nous freulaer !
Brésillouns ! Tuouns !


Mei, Lodbrog, jé vyins du Nord.
Mes houmes, des loups qu’ount paé poue !
écoutaez nous caunts de mort.
J’allouns vous tuaer touos ! "


C'est l'attitude étonnée de quelques rares passants qui la fit revenir soudain à la réalité... D'abord rougissante la jeune femme, fidèle à elle-même, choisit d'éclater de rire et en réponse au regard d'un paysan qui la toisait l'air mauvais, elle lança...


" - Madoué !! On n'a pas le droit de chanter pour se donner du courage ou montrer sa joie chez vous ?!!"


Et elle repartit d'un bon pas, l'esprit dégagé de ses doutes pour chercher la prochaine forge et tenter à nouveau de se renseigner...




Mini-lexique :
Assâotouns = assaillons / gimaez = pleurez.

Paroles : Alphonse Allain - Musique : Daniel Bourdelès
Extrait du CD "Les ouées de Pirou" © 2004


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--Lomilo


Lomilo n'est qu'un Valet, mais c'est un Valet qui flâne.
Ou plutôt : qui a reçu, de son maitre, l'autorisation de flâner.

Or donc, Lomilo, ce "jeune à tout faire et à tout défaire", flânait.

Un maitre bon, c'est à dire bien souvent un maitre qui n'a de maitre que le nom, autorisera toujours son Valet à s'occuper de la tâche prioritairement prioritaire des Valets, à savoir le "flanâge".

Tout est donc dit. Tout était dit pour Lomilo. On lui a dit de flâner ? Il flâne...

Ainsi, le voila qui vagabonde ce matin dans les rues de Saint-Bertrand.
Il dira plus tard qu'il "arpentait les courtes et les longues ruelles de sa petite ville à la recherche de quelque nourriture pour son maitre et pour lui".
"D'abord pour lui", serait-on tenté de dire, connaissant le langage codé du monde des valets...

Oh, il n'a pas à s'en plaindre, de son maitre et ami : SubCal n'élève jamais la voix, SubCal le nourrit, SubCal lui donne sa confiance...SubCal le considère comme un frère, après tout.
Mais un petit frère, pas un grand, pas celui qui prodigue les conseils, mais bien celui qui les reçoit...parce qu'il doit les recevoir. C'est en cela la vraie subordination des frères : le grand commande le petit.
Qui le niera ? Sûrement pas lui, Lomilo, jeune enfant de presque seize années et autant de printemps, celui que SubCal, depuis cette rencontre sur les routes d'un endroit maudit nommé - fort justement - La Cour des Miracles, celui que SubCal, donc, protège comme son double.

Et donc, il marche ce Valet. Il marche et il écoute.

Et il mâche.

Il mâche un brin d'herbe, comme tous les valets.

Et il regarde les rues.

Et il écoute.

Il écoute ce chant, bizarre, langue inconnue, chant qui semble élargir les rues de Saint-Bertrand.


"Bizarre mélodie, et bizarres paroles, Cornes du Bouc ! Et cela se rapproche, dirait-on ! Je me demande bien quelle armée est ainsi en route que pour chanter à tue-tête dans nos ruelles ! Une attaque ? Une marche ? Je vais y aller voir ! Au moins, j'aurais quelque chose à raconter à mon Maitre..."





Suniva
Les mains dans le dos, brin d'herbe qu'on machouille, le nez en l'air et l'air de rien... Un homme arrive à la rencontre de Suniva. Suniva qui son chant terminé a repris ses questions intéreures parce que pour ce qui est de sa vraie question, c'est difficile car Saint Bertrand voit peu de monde dans ses venelles... Donc il arrive vers elle, le machouilleur...

L'homme la considère sans animosité d'après les critères qu'elle s'est forgé. Il semble juste curieux, peut-être. Mais d'une saine curiosité, de celle qu'on a quand on rencontre quelqu'un qu'on ne connait pas et qu'on s'interroge sans parti-pris... Elle ne peut pas lui en vouloir pour sa curiosité, elle comprend. Elle est pareille.

Donc, Suniva forte de ses observations sourit. Le sourire qu'elle réserve aux gens curieux mais sans animosité. Et elle arrête l'homme d'un geste.


" - Dites-moi, Sieur. Je cherche l'Am... Enfin un forgeron. Il m'a dit qu'il est spécialiste des épées pour les dames. Le connaissez-vous ? Il est... drôle, gai, plein d'allant : il est un peu troubadour, un peu bateleur aussi. Ah et... Il est blond ! C'est important que je vous le dise aussi."


Puis se penchant, murmure comme si elle dévoilait un grand secret...


" - Il m'a dit aussi qu'il est Amiral... "


C'est qu'elle ne veut plus qu'on la moque, Suniva, mais l'homme lui semble honnête et lui inspire confiance et surtout, elle ne veut pas rater une chance de trouver celui qu'elle est venue voir. Puis reprenant sur le ton de la conversation qu'on prend quand on demande son chemin, toujours souriante...


" - Vous le connaissez ?"

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--Lomilo


Lomilo n'est pas fou. Et il ne rêve pas.

Mais Lomilo est un valet, a-t-on dit ; aussi sa première pensée, à la vue de la jeune Demoiselle, fût-elle une pensée de Valet : "Voila un joli coup à ne pas rater, Messire Lomilo!"

Du coin de la bouche, il sourit.

Il s'était donc déja porté en avantage : torse bombé, regard plissé, faux air important du noble qui réfléchit en se promenant, ou qui se promène en tentant de réfléchir.

Il l'aurait...

Le Don Juan va parler...mais la fille le devance...

Elle parle d'un forgeron blond ? Qui forge des épées uniquement pour dames ?

Lomilo n'a pas à réfléchir, il le connait, bien sûr...

et puis...un bateleur ? Gai ? Troubadour ?...

Là, il retire d'un seul coup son masque de charmeur, et, se penchant vers la brune :


Dame ! La belle affaire ! Vous parlez de mon Maitre, Demoiselle, de mon Maitre SubCal...SubCal de Franchimont...SubCal le forgeron...SubCal le blond...

Il rit, tous ses faux airs envolés.

Bien sûr que je le connais, Demoiselle...il demeure sur les hauteurs de la ville haute, rue du Chat qui pêche, sa porte est ouverte...toujours ouverte d'ailleurs...ce qui nous vaut parfois quelques disparitions d'écus...mais bon...il s'en moque...moi pas...mais je surveille alors, je surveille...et je surveille fort bien me dit-il...

Lomilo repensait à ces quelques écus que, tous les jours, il faisait disparaître afin d'enjoliver sa vie de valet.

Puis, regardant Suniva d'un air soupçonneux :


Vous venez pour une épée, ou bien pour le voler ?
Suniva
Manque d'éclater de rire au nez du valet quand il joue les matamores, mais voila que la description de Suniva porte enfin ses fruits. Il le connait, c'est même son valet ! Envolés les grands airs et Suniva elle, sauterait presque de joie mais pas au cou du valet, bien sûr.

L'adresse est donnée, la jeune femme lève le nez. C'est bien sa chance, la ville haute et bien elle est en haut, la jeune femme elle, est en bas : Ses pas cadencés par sa marche guerrière l'ont entrainée bien loin de son but sans qu'elle l'ait seulement soupçonné. Gros soupir et moue déçue, il va falloir remonter !

Mais voila que le rire du valet, puisque valet il y a, s'éteint aussi soudainement qu'il s'était allumé, effacé par un regard chargé de défiance.
Mais avant tout Suniva vient de comprendre que le "De Franchimont" veut dire "noble". Nouveau soupir. Si ça se trouve, il l'a déjà oubliée, n'a même pas reçu sa missive et donc même pas vu, Marotte. Encore un soupir. Puis les mots l'atteignent. Voler ?! Voler qui ? Voler quoi ?!


" - MAIS DITES DONC VOUS !!! JE-NE-SUIS-PAS-UNE-VOLEUSE !! PALSEMBLEU !!! "


Explosion passée, le ton se radoucit. Et s'il allait la laisser là, hein ! Elle en serait au même point ! Esquisse un sourire contrit...


" - Faut pas me dire des choses comme ça, voyez ! Puis il le sait que je viens votre... Votre.. hum... Maitre, en plus ! Je lui ai écrit et je lui ai même envoyé le poussin qu'il m'a offet... D'ailleurs, c'est une marouette et elle a grandit... Et j'avais promis que je lui enverrai le premier courrier qu'elle porterait quand elle saurait. Et je l'ai fait ! Et oui, je voudrais bien une épée forgés par lui ! Je peux ?!!"


Poing sur les hanches, boucle qui volètent auréolant le chef, Suniva considère l'homme. Se rend compte que sa fougue aidant, elle s'est encore emballée.


" - 'fin voila. Mais par Aristote, emmenez moi jusqu'à lui... S'il vous plait... Sieur le valet... "


Franc sourire teinté d'un soupçon d'inquiétude. Il ne va pas l'abandonner ici, hein ?

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--Lomilo


Un valet, c'est aussi du solide...et ça s'attend à tout.
Pourtant, il est surpris, sous les cris de la fille.

Elle a vu ces sursauts qu'elle vient d'engendrer.

D'un coup, elle se calme et prend une voix un peu plus enrobée de miel :


" - 'fin voila. Mais par Aristote, emmenez moi jusqu'à lui... S'il vous plait... Sieur le valet..."

Il se secoue les oreilles...

Ah ça Demoiselle ! D'abord, vous criez, vous hurlez dans mes pauvres oreilles...puis vous suppliez ! Faudrait savoir, Jeune fille ! - elle était plus âgée que lui, à n'en pas douter - faudrait vraiment savoir !

Il pointe son doigt en l'air, et l'agite dans tous les sens, et, tout en la regardant, il fait son précepteur :

On ne crie pas sur les valets par ici, Demoiselle...

Il croise les bras, et prend un air offusqué. Bouche fermée, il porte son regard vers la gauche...et feint de l'ignorer.
Suniva
La jeune femme arrondit les yeux, surprise et offusquée aussi un peu... Mais ! Ce n'est qu'un valet après tout ! Et elle connait son Maitre !

" - Ah ça mais !! Sachez, jeune valet, que je crie jamais ! Je m'exprime c'est très différent. Et si vous ne me menez pas à votre Maitre, je... je.... je le lui dirai quand je le verrai ! Il sera très fâché à n'en pas douter. Si, si ! Il sera FÂCHÉ !"


Mais c'est qu'il la défierait le godelureau, c'est mal connaitre la caboche de normande qui ne s'en laisse pas conter... Surtout quand elle a décidé quelque chose !


" - Et puis je veux retrouver mon précieux oiseau courrier. Il est à moi et je veux savoir si elle a bien accompli sa mission et puis... et puis je veux voir l'Amiral parce que je le lui ait promis. Alors cessez de faire le bourriquet je vous prie, et amenez moi auprès de lui. Non mais !"


Les prunelles brillent mais est-ce de colère ou d'amusement ? Nul ne saurait le dire..

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--Lomilo


Lomilo la regarde, les yeux grands ouverts, mais un rien amusé :

Dame ! Et vous pensez peut-être qu'un valet n'est qu'un serviteur, jolie Demoiselle ?! Et qu'on lui parle comme on parle aux poules ? ou aux chevaux ? aux ânes ? Mais pourquoi pas...c'est la mode de votre pays, certainement, mais pas du mien, Demoiselle...dans mon pays, on respecte les valets, et comme mon pays est celui de l'homme que vous cherchez...croyez-moi, il est plus qu'un maitre...il est mon ami...

Il ronchonne, pince les yeux et arrondit la bouche. Il contracte son visage, afin de le colorer de rouge :

Fais ceci, fais cela...je le dirais à ton maitre....et il te punira...Hou le vilain Lomilo, qu'il est méchant le Lomilo...on lui coupera la langue au Lomilo...et à tous les Lomilo du monde aussi...

Puis, brusquement, il prend un air paniqué :

Mais...vous avez parlé d'un oiseau ? C'est donc votre oiseau ? Enfin...c'était...le vôtre ? Le vôtre à vous toute seule ? Corne du Bouc !

Il joint ses mains devant lui, regarde le sol, renifle bruyamment :

Pauvre petite chose...pauvre petit oiseau...

Suniva
Nullement impressionnée par la tirade de celui qu'elle prend pour un larbin, ni plus ni moins, Suniva laisse dire... Éclate même de rire qu'il comprenne qu'elle ne l'est pas du tout, impressionnée. Et n'y tenant plus, décide d'en rajouter...

" - Ah mais même si vous êtes son ami, vous êtes son laquais et puis voila tout ! Moi je suis son amie, si ! Sinon... je ne serais pas venue le voir, vous pensez bien !

....

Quoi "Pauvre petit oiseau" ?!! Vous avez vu Marotte ? Elle est donc arrivée ! Racontez galapiat avant que je ne m'énerve pour de bon !"


Les yeux s'agrandissent et se teintent d'une crainte soudaine. Il ne va quand même pas lui annoncer que la brave petite pour son premier voyage, n'a pas survécu ?! Les mains se posent sur les bras de l'homme et Suniva le secoue pour l'inviter à répondre plus vite.

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