Toute à sa course, Suniva manque de percuter le véloce valet qui s'est soudain planté à l'entrée d'une ruelle. Aussi vite, il repart après avoir lancé quelques mots le regard taquin et montré du doigt une porte entrouverte. Entrouverte sur quoi ? Suniva n'en sait rien, si ce n'est que c'est là que loge le forgeron qu'elle est venu voir et que sans doute son précieux oiseau y niche en l'attendant, elle. Et le forgeron, est ce qu'il l'attend ?
Les derniers mots résonnent dans la tête de la jeune femme qui reste les bras ballants à suivre du regard la course de Lomilo qui disparait soudain au détour d'une venelle...
...et quand je vous dis qu'on s'y blesse rapidement, croyez-moi...
Voila ! Moi je m'en vais continuer ma tâche matinale...Adieu jolie enfant ! Ou à bientôt !
" - Bah... Ben... Adieu ou à bientôt... Si vous le dites... Mordiou, pourquoi il me parle de blessures..."
Tourne et retourne dans sa caboche inquiète, les mots sybillins. Pose une main un peu tremblante sur la porte, jette un oeil inquisiteur à l'intérieur sans pousser. Les mirettes mordorées ne perçoivent que les lueurs d'un feu qui se meurt à l'orée d'une nouvelle journée.
" - Ben qu'est ce que tu attends, pousse la porte et entre !"
" - Bah oui mais on entre pas comme ça chez les nobles gens... Pffff foutu valet qui m'a plantée là..."
" - Mais ! Tu vois bien que c'est une simple maison ! Il est plus un poète qu'un noble, je crois..."
" - Voui mais il peut avoir changé d'avis et puis il n'a pas répondu à ma missive. La preuve, Marotte est toujours chez lui.."
" - Et alors, ça ne veut rien dire. Il était sans doute occupé !"
" - Moui... Mordiou ! J'ai pas fait tout ce chemin pour rester plantée devant une porte. Allez, comme disait ma mère : "Laisse parler ton coeur". j'entre !"
Finalement sa conscience aura eu raison de ses doutes ; pousse doucement l'huis qui grince, augmentant l'appréhension de la jeune femme et le coté mystérieux de cette arrivée...
Un pas, un autre.
La voila entrée ; repousse la porte mais sans tout à fait la fermer. Examine la pièce : des outils. Ah ben oui, des outils il y en a ! Et des seaux et leur cercles prêts à être posés, et des couteaux pas aiguisés et puis et puis...
Une forme allongée : un corps tout recroquevillé sur un tas de sciure non loin de l'âtre qui éclaire chichement l'endroit. Et près du corps couché comme un bébé, une marouette qui soudain se redresse quittant le nid douillet de la joue de SubCal endormi.
C'est bien ça ? Il dort ?! Il n'est pas malade ou même... mort ?
Suniva oublie où elle est, ses doutes, ses craintes et se précipite vers la couche improvisée. L'oiselle la reconnaissant, d'un coup d'aile lui saute sur l'épaule et se met à fourrager du bec dans les boucles qui dansent : sa manière à elle de faire la fête. Rapide caresse lissant le plumage blanc et doré et s'accroupit lentement pour observer l'endormi.
Un sourire nait au minois de Suniva à la vue du gaillard : la vision est charmante, sous la tignasse blonde, les traits virils mais fins sont reposés, un sourire flotte sur les lèvres leur faisant dessiner un arc tendre et la respiration est lente, à peine perceptible. Coeur qui rate un battement...
* Ce qu'il est beau... *
C'est la première pensée qui vient à la jeune normande, et juste après une rougeur lui monte aux joues qui n'est pas seulement due à la chaleur de la pièce.
Tend une main vers le visage, retient son geste en décidant de retarder le moment de le réveiller. Il semble perdu dans un rêve agréable... Pourquoi l'empêcher de le terminer ?
Toujours accroupie, Marouette désormais montée sur le haut de son crâne s'y est confortablement installée, Suniva laisse passer quelques minutes de contemplation, la profiteuse, puis se décide à murmurer...
" - Amiral ? Amiral ? C'est moi... Votre Mousse..."
Une tite sonate au clair de lune de Môssieur Beethowen, pour mettre l'ambiance de qui voudra.
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