Elyane
Le soleil déclinait doucement en cette fin d'après-midi. Une journée chaude d'un mois de juin finissant qui étirait ses rayons toujours plus loin dans le ciel sans vouloir laisser venir la nuit.
Elle avait plié consciencieusement la lettre, en lissant bien chaque pli. C'était le genre de lettre qu'on garde et chéri, comme un dernier fragment d'un objet cher qui n'est plus. Elle ne savait pas vraiment si elle s'était acharné à la plier comme pour mettre clairement fin à toute cette situation, ou si c'était par peur que cette ultime annonce d'un amour perdu ne se froisse et se déchire sous les coups de la vie. Il y avait de ces retournement de situations bien ironiques parfois. Mais elle y était tant habituée...
Elyane releva le nez. Lorsque le messager était revenu avec la lettre tant attendue, elle s'était précipité et avait décidé d'errer, lettre en main, pour trouver un endroit tranquille où lire. Ses pas l'avaient menés dans un champs de blé près de Chinon, dont le propriétaire lui était totalement inconnu. Là, au milieux des épis, un tronc coupé l'attendait silencieusement dans ce paysage étrangement hors du temps.
La lettre était de taille moyenne, très peu épaisse malgré le papier grossier, sûrement aplatie lors du voyage contre la cuisse du cheval. Une écriture imposante et anguleuse annonçait un très sobre "Pour Dame Elyane, d'Autun" en guise d'adresse et de destinataire et un large sceau de cire, couvert de mots d'une langue latine qu'elle ne comprenait pas mais qu'elle apparenta à de l'espagnol, refermait solennellement la lettre. Elle avait alors sourit, à ce moment-là. Et puis elle l'avait ouverte.
Elle avait plié consciencieusement la lettre, en lissant bien chaque pli. C'était le genre de lettre qu'on garde et chéri, comme un dernier fragment d'un objet cher qui n'est plus. Elle ne savait pas vraiment si elle s'était acharné à la plier comme pour mettre clairement fin à toute cette situation, ou si c'était par peur que cette ultime annonce d'un amour perdu ne se froisse et se déchire sous les coups de la vie. Il y avait de ces retournement de situations bien ironiques parfois. Mais elle y était tant habituée...
Elyane releva le nez. Lorsque le messager était revenu avec la lettre tant attendue, elle s'était précipité et avait décidé d'errer, lettre en main, pour trouver un endroit tranquille où lire. Ses pas l'avaient menés dans un champs de blé près de Chinon, dont le propriétaire lui était totalement inconnu. Là, au milieux des épis, un tronc coupé l'attendait silencieusement dans ce paysage étrangement hors du temps.
La lettre était de taille moyenne, très peu épaisse malgré le papier grossier, sûrement aplatie lors du voyage contre la cuisse du cheval. Une écriture imposante et anguleuse annonçait un très sobre "Pour Dame Elyane, d'Autun" en guise d'adresse et de destinataire et un large sceau de cire, couvert de mots d'une langue latine qu'elle ne comprenait pas mais qu'elle apparenta à de l'espagnol, refermait solennellement la lettre. Elle avait alors sourit, à ce moment-là. Et puis elle l'avait ouverte.
Citation:
Chère Dame,
Tout comme la dernière fois que nous nous sommes vus, les mots que je dois vous rapporter en ce jour me sont difficiles à dire. Hélas le contexte en est diablement différent. Mon seigneur et votre ami, Elek, est à ce jour porté disparu. Nous ne savons pas encore en quel contexte la disparition est arrivée, s'il s'agit d'une fuite solitaire en incognito, d'un enlèvement ou d'un accident malheureux. Cependant, je pense qu'en ce contexte troublé, vous pouvez désormais annuler tout départ vers l'Armagnac. Et je prie pour qu'Aristote nous rende sain et sauf notre prince à tout deux.
Hector, dévoué chevalier de sa Seigneurie
Tout comme la dernière fois que nous nous sommes vus, les mots que je dois vous rapporter en ce jour me sont difficiles à dire. Hélas le contexte en est diablement différent. Mon seigneur et votre ami, Elek, est à ce jour porté disparu. Nous ne savons pas encore en quel contexte la disparition est arrivée, s'il s'agit d'une fuite solitaire en incognito, d'un enlèvement ou d'un accident malheureux. Cependant, je pense qu'en ce contexte troublé, vous pouvez désormais annuler tout départ vers l'Armagnac. Et je prie pour qu'Aristote nous rende sain et sauf notre prince à tout deux.
Hector, dévoué chevalier de sa Seigneurie
Si elle n'était pas déjà assise, sûrement qu'elle serait tombée à genoux. La vie savait lui rappeler ses erreurs et le destin savait la châtier. Encore un mariage qui tombait à l'eau, une promesse de bonheur envolé. Elle en avait vu pourtant tellement, depuis sa jeunesse. Elle aurait dû s'y habituer, se douter qu'elle n'y avait pas droit.
La tête dans ses mains, chiffonnant la lettre, Elyane se mit à pleurer. De lourdes larmes, pleine de remord et de désespoir. Elle repensa à ses rares amours, tous perdus les uns après les autres, elle se souvint de son mauvais il auprès des enfants, elle se remémora Autun, sa presque famille qu'elle avait dû quitter. Rien, elle n'aurait jamais le droit à rien. Aucune famille, aucun amour. Elle connaissait pourtant son destin, mais cette fois, une toute petite fois encore, avec Elek, elle y avait cru. Un faible espoir de renverser le cours de la Vie.
Désormais, elle n'arrivait même plus à se résigner, à se dire que cette vie morne et solitaire n'était que la juste sentence pour son âme souillée. Plus aucune retraite au monastère, près d'Aristote, ne pourrait apaiser sa peine. Méritait-elle vraiment de ne recevoir aucune affection, d'être fuie par tous les êtres plus pures qu'elle? N'y aurait-il jamais de rédemption pour les pauvres idiotes blondes? A quoi bon étudier toute sa vie, être si savante et passer son temps en bibliothèque si elle ne pouvait transmettre ses connaissances à personne?
Ses pleurs reprirent de plus belle, serrant contre elle la lettre imbibé de larmes.
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