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[RP] Rencontre au plus haut

Ygerne
- Pssschhht faites pas trop de bruit, j’crois qu’elle sait pas encore
- Hum Hum.. Demoiselle…
- Quoi ? Mais quoi !! J’vous dis qu’j’ai rien à déclarer ! J’ai pas le temps de trainer le Poney m’attend
- C’est que..
- Bon, je vais pas devoir me mettre à poil quand même ?
- Vous êtes..
- Ygerne, chambrière d’Erwelyn qui doit sûrement m’attendre en ce moment même, donc je vous demande de faire place et me laisser passer !
- Pas à la douane..
- Mais j’suis ou alors ?
- Là-haut
- C’est quoi ? la dernière chanson d’Elvix
- Non mais.. vous savez.. voyez pas le rouge là ?
- C’est d’un mauvais goût le rouge.. faut miser sur le rose
- …
- HAN ! qui a changé la couleur de ma chemise..
- C’est bien ce que j’essaie d’vous dire !
- Non mais, c’est sûrement à Digoine.. CASSIAN !
- Vous êtes morte
- Mais non, j’vous parle mon bon m’sieur.. vous avez trop bu..
- C’est un cas classique de dénis de mort…
- Hey là vous ! Dites c’est quoi qu’il murmure tout bas dans le coin…
- Bah… euh regardez vos pieds…
- Je… c’est rouge..
- ….
- Non, pas encore… j’peux pas ! J’allais me faire baptiser pour régler ma situation, c’est beaucoup trop tôt !
- …
- Et j’ai même pas pu dire babaille à Cassian ! Même qu’il m’a pas dit qu’il m’aimait !
- Asseyez vous… vous savez l’errance a de bon côtés… vous pourrez toujours voir les gens qui compte pour vous…
- C’est possible d’au moins changer ça en rose ?
- Non..
- Erwelyn va être fâchée quand j’vais revenir…
- Oui oui.. c’est ça…
- Elle s’y fera.

_________________
Ygerne
- L’heure est grave…
- Dites, je trouve que le bleu là, ça vous donne un air malade. Un joli nœud rose fuchsia à votre barbe blanche et ça égayerai le tout !
- Hum… Hum… L’HEURE EST GRAVE
- Oui bon ça va… moi aussi je peux la jouer voix caverneuse : gnagnagna z’êtes morte blabla
- YGERNE !
- Oui voilà j’écoute.. je faisais que vous donner un petit conseil relouque.. d’ailleurs j’ai une très bonne recette de masque à base de men…
- TAISEZ-VOUS
- Oui bon ça va.. j’vous écoute.. pas besoin de monter sur vos grands poney..t’façons j’sais ce que vous allez dire : dossier pas en règle, baptême blabla.. encore une chance sinon c’est l’errance et tout ce qui va avec… AH MAIS NON LACHEZ MOI J’AI PAS FINI… oh une pâtisserie qu’elle bonne idée…
- Donc l’heure est grave…
- Mmmh c’est bon, c’est à la fraise?
- …
- …
- …
- Y en a encore un peu ?
- Ygerne ! Cette fois, il n’y aura pas de nouvelles chances. Vous étiez avertie et vous n’avez pas régulé votre situation…
- Mais Erwelyn a besoin de moi ! Son mariage ? Je dois redescendre !
- Suivante !
- NON mais vous DEVEZ vous tromper ! Dimaro doit me baptiser.. c’est décidé… Non MAIS LACHEZ MOI.. je sortirai par moi-même.. oui voila.. vous voyez.. je pars..


RP ouvert ! Ygerne pourra voir vos différentes activités depuis là-haut et les commenter, peu importe votre endroit IG… Laissez aller votre imagination

_________________
Erwelyn, incarné par Ygerne
Une Lynette assise au bord d'un ruisseau.
Non loin, un petit chemin caillouteux.
A ses côtés, un monticule de pierres et un autre de pain.
A quelques mètres derrière elle, la chose qui jusqu'à présent lui servait de charrette.

Et un chant qui s'élève :


Quand te reverrai-jeeeeee pays merveilleeeeuuuuuuuuux ! Où ceux qui s'aimeeeeeuuuuuuuh vivent à deeeeeeeeuuuuuuuuux.
Oh, un caillou rose et gris ! Je l'avais pas dans ma collection celui là.


Et le caillou d'aller rejoindre le monticule à sa gauche. Il lui fallait bien s'occuper, coincée comme une cruche sur les chemins à cause d'une charrette qui ne pouvait plus avancer et un tas de marchandises qu'elle ne pouvait tout de même pas laisser sur place.
Entre deux parties d'osselets, la mainoise avait écrit aux ponettes pour lancer un osecours. Elle allait quand même pas moisir ici pendant des semaines non plus, même si elle avait un stock de pain qui lui permettrait de tenir aussi longtemps. C'est avec grand espoir qu'elle avait regardé s'envoler sa tourterelle, l'encourageant quand à peine dans les airs, le volatile s'était reposé tranquillement sur une branche pour y taper un petit somme.


Va, va ma petite Gertrude, trouve les poneys.

Finalement elle s'était envolée, laissant une Lynette seule à compter les cailloux et à les classer par taille, puis par couleur, puis par forme, et repensant à longueur de journée à leur rencontre avec l'armée champenoise.
L'impensable s'était encore produit. La seule personne qui s'était attaquée à elle semblait avoir encore plus la trouille que Lynette et lui avait assené deux petits coups qu'elle avait à peine senti. Juste le temps de crier :

Immorteeeeeeelleeeeeeeee !

Et voilà qu'on s'acharnait déjà sur sa chambrière, malgré ses suppliques du genre :

Tain mais tapez moaaaaa !

Les larmes de colère avaient souillé son visage, mais rien n'avait changé. Après la bataille engagée, Ygerne avait encore une fois été blessée, et gravement. Kaeronn encore vaillant malgré ses blessures, l'avait embarqué avec lui pour la ramener vers Sémur, accompagné d'une lettre à l'écriture tremblante en direction de sa cousine.



Griotte,

Je laisse Kaeronn t'expliquer la situation. Je te demande seulement un seul et unique service, que je te revaudrai au centuple : prends soin d'Ygerne, fais venir le meilleur médicastre que tu connais, je prendrai en charge tous les frais, et garde la avec toi à Diguouane.
Je te donnerai des nouvelles sous peu, je n'ai pas d'autre choix que de repartir vers le Maine.

Lynette


Une fois seule, Lynette avait beaucoup crié, oui, oui. Elle avait râlé contre Aristote, sortant tous les noms d'oiseaux qu'elle connaissait.

Mais – censured – de – censured- à – cendured – de Santan de mes – censured !!! Pourquoi y a que moi qui meure pas hein ? Mais faites-moi crever – censured – de biiiiiiip !

Rien à faire. Elle était toujours là, debout, fouettant l'air de son épée et voyant l'armée s'éloigner d'un côté, et sa chambrière de l'autre, dans un nuage de poussière.

Un soupir fendit l'air à cette pensée et son regard tomba sur le monticule de pain. Peut-être qu'elle réussirait à s'en faire une cabane…
.mahaut.
[Poney rose à la rescousse, j'écouuuuuute ?]



- Ne quittez pas, un opérateur va prendre votre tourterelle.
- Pas trop tôt. Je déteste quand les troubadours se sentent obligés de jouer une petite musique d'attente quand on vient récupérer ses pigeons à l'auberge.
- Ne quittez pas, un opérateur va prendre votre tourterelle.
- OHEEEEEEE, J'AI UN PIGEON URGENT A RECUPERER !
- Ne quittez pas, un opérateur va prendre votre tourterelle.
- C'est une tourterelle recommandée, c'est pas comme si c'était urgent.
- Ne quittez pas, un opérateur va prendre votre tourterelle.
- En plus, j'étais chez moi quand elle est arrivée, et votre employé n'est même pas venu me la remettre, il a juste laissé un message pour que je vienne la récupérer le lendemain. Comme si je n'avais que ça à faire.
- Ne quittez pas, un opérateur va prendre votre tourterelle.
- ALLEEEEEEEEEEZ ! ça vient de Lynette, ça m'inquiète.


Enfin, un employé arriva devant la brune, commença une discussion avec sa collègue sur ses dernières retraites durant l'été, sur les gens qui s'impatientaient d'un rien, jusqu'à ce qu'une main gantée vienne lui arracher des mains la tourterelle.
Sans même attendre, Mahaut sortit de l'auberge, balança une torgnole à un troubadour au passage et secoua l'animal pour obtenir le message.


- Je vous ai déjà dit de ne pas secouer les bestioles. Ça les détraque après. Faites comme si c'était une poule, maniez-la avec précaution.
- Je vous en prie, ne comparez pas l'incomparable. Les poules de Barbezieux sont infiniment plus précieuses au monde que des vulgaires tourterelles. Bon bordel, ça vient ou pas ?


Anatole, son écrivain particulier, récupéra la pauvre bête, sortit délicatement le message et commença la lecture à voix haute.

- Titre : "Osecoure"
- Oh. C'est pas bon, ça.




Youhou !

Je suis bloquée sur un noeud à cause qu'on s'est fait poutrer par une armée en Champagne.
Ygerne est gravement blessée et ma charrette est cassée.

Est-ce que tu pourrais viendre me rejoindre et me ramener à Tonnerre pour que je puisse arranger ça et repartir vers le Maine ?
Promis je t'achèterai un vrai poney rose si tu me rends ce service.

Babaille,
Lynette


Le limousin regarda la brune. Encore un poutrage sur Ygerne. A croire que toutes les armées du monde s'étaient fait données comme but de l'exterminer. Et d'épargner les poneys roses. Encore une mise en évidence du manque criant de calcium dans les apports journaliers recommandés de la gent soldatesque.
Mahaut regardait le lointain, les yeux dans le vague. Priait-elle ?


- Je l'appellerai "Bourguignon".
- Hein ? Qui ?
- Mon futur poney.
- Vous pensez au poney avant de penser à Ygerne ?
- Ah non, non. Attendez. Si, en fait, si. Mais je m'occuperai d'Ygerne aussi, hein. A mon retour. Elle pourra essayer Bourguignon quand elle ira mieux.


Elle se remit en marche à sa façon unique, poussant les gens, soulevant sa houppelande, maugréant contre ceux qui ne prenaient pas la peine de la laisser passer, essayant de piquer un truc ou deux au passage. Résigné, Anatole la suivit jusqu'à sa nouvelle propriété sémuroise.

- On part immédiatement.
- Ah ? On attend pas votre soeur ?
- Ma quoi ? Ah oui... Elle est pas au monastère ?
- Elle en sort aujourd'hui, je crois.
- Mais sait-elle sauver les gens ?
- Pourquoi, vous savez, vous ? C'est nouveau, ça.
- Je suis officiellement une sauveteuse en rose. Depuis le courrier. On part. Je laisserai un mot à Orka.


De fait, elle s'assit à un coin de table et griffonna un message rapide qu'elle cala sous une corbeille de fruits.



"Je pars sauver Lynette car je suis Sainte Boulasse et donc c'est mon rôle. Toi tu peux jouer aux cartes si tu veux, de toute façon, tu n'arriveras jamais assez vite. Bon retour chez nous !"


Rien de tel que l'amour entre soeurs. Elle coinça quelques pains dans sa besace, attrapa le double de bouteilles de vin, et sortit dans la cour.


- On prend Petit Tonnerre.
- Ah noooon ! Je passe mon temps à éviter de marcher derrière lui, à cause de ses bouses malodorantes, là !
- Problèmes gastriques mineurs. C'est le terme officiel, souvenez-vous. Vous prenez l'âne Bidule.
- Il est plus grand que votre poney, on va encore avoir l'air de nazes...
- Parlez pour vous.


Elle enfourcha son poney, ajusta son assise, réussit étonnamment à se maintenir en selle et tendit son épée vers la porte de la cour.

- Vers l'infini et l'au-delàààà ! Il faut sauver le poney Lynette ! PLAAAAACE ! Mince, elle a dit où elle était coincée ou pas ?
Kaeronn
Mais non. Aucun problème je te dis!
...
Bien sur que non.
...
Boaaah aller. Même si les champenois se souviennent de moi, ils n'ont jamais osé me mettre la main dessus. Ils ont juste essayé quelques procès, mais sans grande conviction.
...
Je te dis qu'on n'aura aucun problème, on peut passer par la Champagne.

***

Mince. Elle a prit un sale coup.

Kaeronn était penché sur Ygerne, donc les braies viraient lentement mais surement au rouge. Un regard sur Lynette, qui beuglait qu'elle était immortelle. L'ancien tonnerrois secoua la tête, désabusé.

Et ouai. Va savoir pourquoi, nous les vieux, on arrive toujours à s'en sortir. Et plus ou moins sans égratignure.

Il regarda son bras gauche, en sang.

Ouai bon, cette fois-ci, je me suis pris une grosse éraflure. Mais c'est bien la première fois. Même à la soule, je me fais taper plus fort que ça.

Nouveau regard sur la chambrière d'Erwelyn.

Elle a mangé sévère. Je ne sais pas en quoi c'est fait ses braies et sa chemise dit donc, mais comme éponge, y'a pas mieux.

Il reprit ses esprits en voyant les larmes qu'Erwelyn séchait comme elle pouvait.

Euh oui, va pas falloir trainer. Moi, j'y connais rien à la médecine. C'est Jabor qui s'occupe de ça généralement.

Puis il se gratta la tête, avisant ensuite sa charrette.

Pour une fois qu'elle va bien servir...

Peu après, le corps d'Ygerne était déposé dans la charrette.

Hein? C'est moi qui va devoir la tirer? La ramener à Sémur? Oui, tu as raison, c'est le moins loin... Mais pourquoi tu ne m'aiderais pas? Tu m'as battu une fois à la soule, t'es plus for... ah... bon d'accord, tu dois filer dans le Maine. Ben... d'accord, je m'en charge.

Bon, ce n'est pas qu'il se foutait complètement de la jeune rousse. Mais il ne la connaissait pas beaucoup. Certes, ils avaient brillamment entourloupé les chinonais. Mais c'était il y a quelques temps. Et puis la timidité de la jeune femme n'était vraiment pas pour lui plaire. Enfin, c'était la chambrière de Lynette. Et Lynette, c'était quelqu'un! D'ailleurs, l'estafilade qu'il portait au bras, c'était évidemment pour protéger l'ancienne mayonnaise. Euh, mayenne... mayennne... mayennoise? Bref, ancienne habitante de Mayenne. Bon, elle n'avait même pas remarqué qu'il l'avait protégé. Trop occupée à gueuler qu'elle était immortelle. Mais bon, c'était Lynette. Tête en l'air, et capable ainsi du meilleur comme du pire.

Kaeronn regarda à nouveau Ygerne. Les poulaines venaient également à présent de virer au rouge vif. Bigre, lui qui pensait s'en servir pour éponger sa blessure, c'était raté. Il allait falloir qu'il déniche autre chose. Il y avait bien un vieux vêtement dans le tas... ben non. Haussant les épaules, il se contenta d'appuyer sur la couche de vêtements (j'ai nommé un mantel, une robe, une chemise). Voila qui devrait faire l'affaire.


Au fait Lynette! Évite la Champagne hein.

Pas comme je t'ai dit, pensa-t-il tout en soulevant la charrette contenant la rousse. Et de reprendre le chemin de Sémur, un parchemin pour Griotte (il ne savait même plus s'il l'avait déjà rencontré une fois) et une chambrière inconsciente entre les bras.
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"La vie est un long fleuve tranquille...
Mais attention de ne pas s'y noyer..."
Ygerne
Assise sur un nuage elle observait les va-et-vient en bas.
- Mais r’gardez moi ça ! Pourrai faire gaffe en me déplaçant le bougre !
- Oui oui…
- Oh et puis vont venir m’aider Griotte, Mahaut… Anatole
- Mais oui..


Elle lança un regard sur son propre corps allongé et inerte. La pièce était vide.
- Oui ils vont venir, vont pas me laisser m’enterrer vivante
- Mais vous êtes morte
- Mais puisque j’vous parle
- Hum.. c’est que…
- J’dors profondément
- Ah ?


Elle observa son compagnon d’infortune. Un être errant lui aussi. Il avait trébuché dans un champ de blé en pleine moisson et une faux avait accidentellement entaillé sa nuque. Lui était persuadé que c’était un acte volontaire. Son meurtrier avait pu convoler avec sa veuve.
- P’t’être qu’un prince viendra me sauver.
- Ma pauvre fille, vous savez bien qu’ils en ont jamais rien eu à fiche de vous !
- C’est faux ! c’est juste une histoire de niveau… mais y en a bien un à qui j’vais manquer.
- Moi j’crois qu’vous avez un amoureux mais vous voulez pas le voir.
- Cassian ?
- Anatole !
- HAN ! Jamais ! Il est trop heureux de peut-être me piquer ma place !
- Si vous l’dite
- …
- …
- Dite c’est long de rester la à errer pour l’éternité.
- ….
- Je peux chanter une chanson ?
- NON
- Z’êtes sur.. vous savez, fut un temps j’étais une star…
- Oui oui.. avec Elvix.. on sait.. vous l’avez déjà dit.
- Ah…

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Kaeronn
Kaeronn sortait de la taverne, accompagné par une Griotte plus blanche qu'un linge. Un instant auparavant, il se demandait encore comment il allait trouver cette Griotte dont Lynette lui avait parlé. Demander à tout le monde? Boah... chiant. Et puis Ygerne était entre les mains des moines, il avait un peu de temps devant lui à présent. Tant qu'elle ne claquait pas entre ses mains. Bon ce n'était pas bien grave, la faute était celle des champenois. L'idée lui avait effleuré d'ailleurs de s'assurer de la mort d'Ygerne (en l'étouffant avec un vêtement par exemple). Et puis il avait encore repensé à Chinon, revoyant Gandrel converser gaiement avec Ygerne, sur ses genoux. Décidément, elle était l'amie de tous ceux qu'il aimait. Gandrel, Lynette... elle avait de la chance la petite. Enfin de la chance...

Ils ont intérêt à avoir pris soin d'elle. Avec tout le mal que je me suis donné pour la ramener!

Oui bon, trainer une charrette, c'est tout.

C'était pas beau à voir en tout cas. On ne voyait plus les blessures tellement il y en avait. Les vêtements maculés. Non vraiment, pas beau à voir.

Un regard vers la jeune femme.

Enfin, elle a l'air forte hein Ygerne. Elle ne mourra pas, ne vous inquiétez pas. Puis je l'ai bien vu en combattant. Elles étaient émoussées leurs lames aux champenois.

Il tapota l'épaule de Griotte dans un geste se voulant réconfortant. Oui bon, il n'était guère le meilleur pour réconforter quelqu'un des ce genre de moment. Et alors? C'était compliqué d'essayer de donner comme message à une inconnue, que son amie est peut être morte, mais que tout va bien. Ça ne lui arrivait pas souvent en tout cas.

Je vais frapper. Ils connaissent ma tête, ajouta-t-il.

Deux coups de marteau contre le bois de la porte plus tard, Kaeronn attendit.


Le temps qu'ils viennent... ils ne courent jamais eux.

La porte s'ouvrit, laissant place à un moine en bure.

Bonsoir. ... Euh mon père.

Ca, il ne comprendrait jamais. Pourquoi ils l'appelaient mon fils, et pourquoi il devait les appeler mon père. Le sien était pêcheur. Alors il trouvait complètement con de devoir appeler comme cela un moine. Mais bon, c'était la politesse, et il avait besoin d'être poli ce soir.

Nous aimerions voir comment va notre... amie. Ygerne. En particulier dame Griotte.

Un geste de la main pour désigner la jeune femme l'accompagnant.

Elle a fait un long voyage pour venir jusqu'ici.

Ça, il n'en savait fichtre rien, mais peut être que cela pencha la balance en leur faveur. Le moine hocha la tête et les laissa rentrer.
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"La vie est un long fleuve tranquille...
Mais attention de ne pas s'y noyer..."
.mahaut.
- A gauche ? Encore ?

Mahaut retourna la carte entre ses mains jusqu'à ce qu'un "CRAAC" ne vienne mettre fin à ses interrogations. Un morceau dans chaque main, elle contempla le carrefour devant elle.

- Hmm...

Elle remit en place une mèche de cheveux avec la partie est du royaume de France puis agita la partie ouest (reconnaissable aux trous correspondant au Limousin et à la Guyenne, provinces ne nécessitant aucun arrêt de tout voyageur) pour s'aérer.

- Bon, le choix est simple. De toute façon, tous les chemins mènent à Carcassonne, hein ?

Elle secoua la tête pour agiter ses boucles d'oreille à 15 étages, provoqua un départ précipité d'étourneaux à cause du bruit et soupira.

- Techniquement... Elle partait en Maine... Donc elle a dû prendre vers... voyons... Alors...

Elle froissa les deux morceaux de carte et les balança derrière elle.

- Hééé !
- Evidemment, elle doit se déchirer pile à l'endroit qui m'intéresse. Bon. Du pragmatisme. De l'allant. De l'alcool.


Elle but une gorgée de mirabelle et reconsidéra le carrefour en levant le doigt.

- Ne le dites pas.
- J'ai rien dit.
- Le mot "perdus" ne fait pas partie de notre vocabulaire. Et je vous arrête tout de suite, "égarés" non plus. "Retardés" est acceptable. Surtout pour vous.
- Hééé !
- Nous avons eu un fâcheux contretemps. Voilà. A cause des artisans papetiers qui ne font pas leur travail correctement. Qu'on les pende haut et court ! D'ailleurs, l'arbre mort devant nous ferait une excellente potence. Je vais patienter jusqu'à ce qu'un artisan papetier-escroc passe. C'est une juste vengeance en plus d'être un plan machiavélique. Allez y passer une corde, ça nous fera gagner du temps.


Derrière elle, Anatole soupira. Il descendit de sa monture et s'approcha de la future potence.

- Dites, j'aperçois quelque chose dedans...
- Les cadavres d'artisans-escrocs poussés par une populace en rage légitime contre une qualité déplorable de papier ?
- Non. Des panneaux. Avec des flèches et des noms de villes
- Je le savais.
- N'importe quoi.
- Si, je le savais. Je ne suis jamais perdue. J'ai été retardée à cause d'un attardé, nuance. Bon, donc on va par où ?
- A gauche.
- Je le dis depuis le début. Bon, remontez, Anatole, on perd un temps fou avec vos arrêts incessants. Pour des broutilles en plus. Allons, pressons !
--Anatole.
Il la tuerait, un jour. Ou pas. Elle serait capable de revenir le hanter. Mais n'empêche, un jour, he bien... Elle verrait, hein ! Ah ça ! Elle ferait moins la maline quand elle le verra qui... Qui... oui, bon, le plan n'était pas tout à fait au point et le haussement de sourcil narquois qu'elle lui décochait à chaque fois qu'elle se retournait avait le don de l'énerver un peu plus.

- Anatooooole ! Anatole, il faut absolument qu'on pense à acheter du tissu lavande. C'est acceptable pour le deuil vu que c'est bleu mais ça a une pointe de rose et je pense que pour votre livrée, ce serait charmant. Oh, et Anatole, cessez de souffler comme ça, j'ai l'impression d'avoir un éventail humain derrière moi. En plus vous postillonnez et même si c'est plaisant d'avoir un brumisateur humain, cela ne me semble pas très hygiénique. Oh, Anatole, le vent emporte la jolie feuille que je regardais ! Viiite, courrez ! Elle est sur le purin là bas ! Fichtre, vous empestez. Anatole, ayez l'amabilité de marcher loin de moi. Anatoooole ! Mais enfin vous êtes trop loin ! Comment je fais en cas de besoin ? Je ne vais pas m'égosiller comme une poissonnière ! Ne répondez pas ! Anatole !

Ç’avait été comme ça depuis leur départ. Pas celui de Sémur, non. Depuis leur premier départ ensemble, quand il avait eu le malheur de la suivre depuis Rochechouart. Et depuis, sa vie n'était qu'enfer, souffrance et rose bonbon. En plus, il ne s'appelait même pas Anatole.
Il tenta de se remettre d'aplomb sur sa monture. Même pas le droit de voyager à pied. Il était écrivain, écrivain particulier, à aucun moment il n'avait tenu à monter sur le premier canasson venu ! Les écrivains voyagent à pied, la plume aux lèvres, ou en carrosse, les pieds en l'air, afin de discourir avec allégresse des bienfaits de mère nature. Pas sur un âne récalcitrant, partis pour...
Une boule lui bloqua la gorge. Partis pour sauver Ygerne. Et récupérer une ponette ensevelie sous du pain, certes, mais principalement pour sauver Ygerne. En tous cas c'était son seul but à lui. Les ponettes, inconscientes, ne vivaient que pour le drame et la haute couture. Mais lui, lui ! Il était là pour veiller sur Ygerne, pauvre jeune fille victime des décisions arbitraires de son employeuse.
Comment allait-elle ? Était-elle seulement vivante ? Qui allait veiller sur elle ?

- Ooooh le joli papillon ! Vous avez pris mon filet à papillons ?
- Non.
- Mais il me le fauuuut ! Pourquoi l'avez-vous oublié ?
- ELLE N'AVAIT RIEN DEMANDE A PERSONNE !


Voilà, c'était sorti tout seul. La brune stoppa son poney et s'appliqua à lui faire faire un demi-tour (spectacle leur valant moults applaudissements sur leur passage) pour venir le fixer.
Il réprima ses larmes et fixa un point immobile sur l'horizon, histoire de ne pas croiser son regard.


- Alors, je sais que vous tenez à la vie des petites bêtes mais mon petit doigt me dit que vous ne parlez pas du papillon, là...


Il maintint le silence afin de ne pas craquer. La ponette le regarda, tête penchée et yeux plissés. Mayday, mayday.

- Alors, évidemment, si on ne vous connaissait pas et qu'on imaginait que vous étiez un l'inverse d'un membre de personnel concentré et entièrement dévoué à sa tâche, on pourrait croire que vous parlez d'Ygerne. Aristote du ciel, nous savons tous les deux que vous êtes avant tout convaincu que votre devoir est de m'accompagner, tout comme le devoir d'Ygerne est d'accompagner Lynette, n'est-ce pas ?


A force de fixer l'horizon sans cligner des yeux, les larmes commençaient à déborder sur ses joues. A cause du vent (et du vent uniquement !) ses lèvres se mirent à trembler.

- Je suis persuadée qu'on s'occupe bien d'elle.


Un hoquet malheureux le secoua. Aristote... il pleurait devant Mahaut, et même pas de douleur physique... Il pleurait pour Ygerne, devant son employeuse-tortionnaire. Elle allait le massacrer.

- Il est hors de question que vous remettiez en question le fonctionnement de la servitude. Nous, les nobles, dominons le monde parce que nous le valons bien. Les gueux nous servent et c'est leur joie, ne l'oubliez pas.

Il ne parvenait plus à retenir ses larmes, cherchant désespérément un mouchoir digne de ce nom et pas un de ces machins en soie et dentelle, incapables de moucher un nez humain (et pour cause, ils ne servaient qu'à être secoués devant une personne évanouie histoire de s'occuper les mains). Ygerne était seule, blessée, mourante, loin de lui. Lui, le seul être capable de s'occuper d'elle !

- Bien, il était important de refixer cela pour l'éternité. Pour l'amour du ciel, mouchez-vous !

Il s’exécuta tant bien que mal (bordels de mouchoirs en dentelle) et tenta de reprendre le contrôle de ses épaules qui tressautaient encore, toujours à cause de ce satané vent de Bourgogne.

- Néanmoins, il me paraît inconcevable de voyager sans mon filet à papillons. Vous allez donc retourner à Sémur pour le trouver et quand vous vous apercevrez que je n'en ai pas, vous aurez pour mission d'en acheter un et de le tester pour qu'il soit efficace lors de mon retour. Vous en profiterez pour ranger ma chambre, je n'ai pas eu le temps avant de partir. Oh, et tant que j'y suis, allez donc vous occuper d'Ygerne. Allez, déguerpissez, vous allez me mettre en retard.

Stupéfait, il la vit faire reprendre la route à Petit Tonnerre et le talonner pour qu'il entame un semblant de galop. Rapidement, il se retrouva seul sur la route. Libre. Il était libre de retourner voir Ygerne. Même pas ! Il avait ordre de retourner la voir !
Il repartit au galop, bien décidé à trouver la servante et à la tirer des griffes d'Aristote lui-même.
Il n'y avait qu'une chose qui le sidérait. La brune avait fait preuve de compassion. Il allait devoir le payer un jour ou l'autre. Il secoua la tête pour reprendre ses esprits. Il y penserait plus tard. Pour l'instant, il n'avait qu'une chose en tête : retrouver Ygerne, tel un preux chevalier, mais limousin.


- Taïau !
Ygerne
- Pssssst
- Il viendra !
- Hum hum…
- Mais aïiie vous me pincez ! Quoi ? Y a quoi par là-bas ?
- Mais regardez, IL arrive !

Coup d’œil par en bas, froncement de sourcil pour tenter d’apercevoir un grain de sable sur une route en terre quelque part entre la Champagne et Sémur.

- Quoi ?
- Mais là !
- Hum… ce rigolo qui tente de galoper avec un âne ? Non mais vous l’avez vu avec son chapeau de travers à tenter de faire avancer son âne boiteux ! HAHAHA… avec ses allures efféminées… Un peu de bon sens voyons ! Je plains celle qui devra refouler les ardeurs de ce pauvre fou…
- J’veux pas vous vexer mais votre beau prince est pour le moment aux abonnés absents.
- Je ne vous permets pas ! Il viendra !
- Oui il est là.
- Vous divaguez ! Ah mais attendez… cette plume rose sur le chapeau… me fait penser à quelques choses… oui.. l’autre esclave qui s’occupe de Mahaut. Comment il s’appelle déjà ?
- *soupire *
- Ah oui ! Anatole ! Non mais regardez-le.. à cette allure, il sera pas arrivé avant la nouvelle année.
- A votre place je prendrai pas mes grands airs… si vous voulez pouvoir participer au mariage de votre maîtresse… mais j’dis ça, j’dis rien…


Coup d’œil assassin lancé à son compagnon de nuage, esquisse d’une petite grimace puis :

- Hum… si on souffle les deux dans son dos.. il ira plus vite ?
- Hum.. plus fort j’ai pas très bien compris ?
- Du vent pour que.. hum… l’aider.. enfin vous voyez..
- Ah tiens ! vous revoyez vos objectifs à la baisse ! Pourtant il n’est pas blond…
- Oui mais je pourrai toujours dire que j’ai rien vu !
- Taratata
- Oh me regardez pas comme ça !
-
- …
- Qu’est-ce que vous cherchez comme ça.. on dirait que vous avez perdu une épingle dans une botte de foin !
- Je…. Oh rien… il est ou l’autre là… Hum.. Le vent ! occupez-vous du vent !


Et pourtant, en bas, si l’une ou l’autre des personnes présentes avaient posés ses yeux sur la comateuse, peut-être que certains auraient aperçu une certaine rougeur poindre sur ses deux joues blanches. De mauvaises langues auraient sûrement prétendu qu’il s’agissait d’un effet secondaire dû au manque d’alcool… mais qui peut prétendre avoir raison avec cette science approximative qu’est la médecine !

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--Anatole.
- Ygeeeeeeeeeerne !

Aaaah, l'amour... Comment ? Ah oui, pardon. Aaaaah, le sentiment que l'on éprouve envers une jeune fille tout à fait à votre goût et que vous côtoyez au quotidien puisque vous avez sensiblement la même affectation par vos employeuses... Comment ? "Un simple sentiment de devoir, tout naturel à qui a à coeur la préservation du petit personnel des poneys roses, associé au fait qu'en tant que personnel plus expérimenté, le devoir vous impose d'aller vous occuper de cette pauvre jeune fille."? Ben voyons. Anatole, des fois, vous êtes tellement pénible que j'ai bien envie de faire en sorte que Mahaut vous tape une fois de plus. Poursuivons.

- Ygeeeeeerne !
- Hein ? Quoi ?
- Ygeeeeeerne !
- Qu'est-ce qu'il a à brailler comme ça ?
- Qui c'est qui germe ?
- Nan, il dit qu'il gèle.
- C'est vrai qu'il fait pas chaud ce matin.
- C'est pour ça qu'il mettait ses mains sous ses fesses en criant ?


He bien non, ce n'était pas pour ça. Mais avez-vous seulement essayé de galoper sur un âne, vous ? Non mais sérieusement, pas bourré à quatre heures du matin. Déjà, un âne, c'est tellement vicieux que ça fait exprès de vous promener tout près des orties alors si vous le forcez à galoper...

- Aieuuuuuu...


Ben voilà, le pseudo prince charmant avait mal aux fesses. Mais l'amour guidait ses pas ! Et il entra à Sémur comme une tornade, après avoir longuement négocié avec son âne le passage sur les pavés glissants que ce dernier se refusait à traverser, rapport à son contact prolongé et privilégié avec la nature, lui qui était né dans les champs périgourdins.
Après moults supplications, il parvint enfin à entrer et il se dirigea directement vers l'hôpital que tenait les moines. Si elle n'y était pas, il vérifierait dans les auberges, et en cas d'échec... en cas d'échec il irait voir dans les mouroirs. Mais elle n'y serait pas, foi de limousin.
Il toqua donc chez les moines et attendit qu'on lui ouvre en ruminant encore contre la saleté de bestiole qui le narguait en mâchonnant son mors non loin de lui.


- Mon fils...
- Mon père, j'ai chevauché longtemps avant de vous trouver. Je suis à la recherche de...
- Oh, des compresses de camomille. C'est le mieux.
- Pardon ?
- C'est votre postérieur, c'est ça ? Les chevauchées sont mauvaises pour les postérieurs peu habitués aux voyages. Surtout sur un âne.


Interloqué, Anatole regarda tour à tour le moine et l'âne, ce dernier prenant un air presque innocent tandis qu'il se massait machinalement le fessier. Il reprit néanmoins ses esprits.

- Mon père, en réalité je suis à la recherche d'une jeune femme.
- Et vous venez dans un monastère... Si je peux me permettre, nous sommes peu fournis en ce genre de personnes, même si j'ai toujours eu des doutes avec frère Matthias. Personne ne peut parler naturellement ainsi.
- Euh...
- Même après un accident de cheval.
- Je cherche une jeune femme nommée Ygerne. Elle est rousse et les armées champenoises ont honteusement essayé de la massacrer !


Voilà, il avait réussi à le dire, sans bafouiller ni imaginer un frère Matthias en guêpière.
Le moine le regarda un instant puis ouvrit la porte en soupirant.


- Elle est chez nous.
- Aristote soit loué ! Ygerne !!
- Cependant je dois vous prévenir... Elle n'est pas belle à voir...
- Je ne vous permets pas ! Elle embellit votre monastère de sa seule présence !
- Je vois. Vous êtes son fiancé ?
- Je... euh... Je... oui
lâcha-t-il d'une toute petite voix devant le moine qui hochait la tête. Il fallait qu'il la voie.

Lui faisant signe de le suivre, le moine le mena dans des couloirs avant d'ouvrir une petite cellule. Avec le peu de lumière filtrant de l'ouverture (saleté de style roman) il aperçut une forme allongée sur une paillasse. Il se précipita.


- Ygerne !!
- Elle ne vous entend pas... Elle ne réagit pas à à grand chose, d'ailleurs. Au moins elle ne saigne plus... Mais n'ayez pas trop d'espoir...
- Ygerne...


Allongée et pâle, cette dernière gardait les yeux fermés, semblant ignorer que son sauveur était là, pleurant et grimaçant en la considérant.

- Si vous voulez je vais vous chercher de la camomille pour euh... vos parties...
Ygerne
- Snifff…
- …
- Snifff.. c’est émouvant !
- Vous voulez un mouchoir ?
- Vous n’avez pas de cœur
- Normal je suis morte
- Mais puisque je vous dis que c’est pas…
- HAHA ! Vous voyez ! Je vous l’avais bien dit ! Je vis !
- N’empêche regardez ce pauvre homme…. Il vous aime
- Y a sûrement poney sous plume…
- Anguille sous roche
- Si vous voulez… mais j’suis certaine que la il va sortir un couteau, m’achever, pour me piquer mon travail.
- Il a les yeux humides
- C’est le vent…
- Il semble ému à votre chevet !
- Vous allez voir… le couteau, le sang qui gicle.. mais heureusement ! le vrai Prince viendra avec son blanc destrier pour… quoi ? pourquoi vous soupirez ?
- Il est vrai qu’il aurait pu faire quelques efforts sur la monture, que son blond cheveux tire sur le brun et qu’il semble un peu freluquet… Mais ce jeune homme a un travail, une situation, il est propre sur lui et intelligent !
- HAHAHA hi… non mais vous êtes sérieux là ? Vous pensez vraiment que… lui ? et moi ?
- Regardez le : il était là quand vous étiez malade et combien de vos princes sont venu vous voir depuis que vous êtes mortes…
- Ils ont sûrement… à faire
- La vie d’un Etre aimé serait donc moins importante qu’une prétendue élection ?
- …
- Pensez-y Ygerne… Le très haut ne vous donnera plus qu’une chance de redescendre sur terre.


Du haut de son nuage, la gamine posa un tendre regard sur le secrétaire de Mahaut. Pour la première fois, depuis qu’elle était entrée au service d’Erwelyn, elle le vit comme l’homme qu’il est.
Au fond d’elle-même, elle l’avait toujours bien apprécié. Après tout, ils faisaient route ensemble, travaillaient ensemble et leur taquinerie devenue habituelle était un jeu dont ils ne se passaient guère.
Elle du avouer qu’Anatole avait souvent pris sur lui d’assumer les bêtises et fautes de la jeune chambrière, tout comme il se préoccupait de la santé de celle-ci.
Attendrie, elle le regarda se masser les fesses, ces fameuses qu’elle reluquait parfois en silence.
Pourtant…


- Mon prince viendra…
Le ton était moins assuré, le doute s’installait.
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--Anatole.
- Bien, alors...

Perdu, il regardait le corps inanimé de la jeune femme sur la paillasse. Inanimé et pâle, fragile. Que diable pouvait-il faire ? Attendre ? Combien de temps ?

Attirant un tabouret près du lit, il toussota pour meubler un peu le silence pesant. Le moine s'était retiré, et aucun bruit ne filtrait des cellules alentours.
Fixant le visage d'Ygerne, il guetta un tressaillement, quelque chose.


- Ahem. Damoiselle Ygerne ?

Aucune réaction.


- Damoiselle Ygeeerne ? C'est... Je suis venu... Ah oui, pardon. C'est Anatole.

Toujours aucune réaction. Ma foi, c'était peut-être positif, en général tout le monde rigolait quand il disait son nom.


- Je suis venu dès que j'ai su que vous aviez été blessée. Je... J'ai pris sur moi de laisser mon employeuse...

Oh la la. Même inanimée, elle aurait pu hausser un sourcil en entendant ça.

- Bien, enfin, disons que j'ai eu l'autorisation de venir veiller sur vous. Et... Ben, voilà, je veille.

Il toussota de nouveau.


- Je vous prierai de vous réveiller.

Hmm... non. En même temps, il s'en doutait. Comment séduire une femme en parlant comme ça ?
Il fallait instaurer un contact.
Timidement, il lui prit la main.


- Ecoutez, il faut arrêter de défier les armées ! Vous êtes trop jeune pour ça ! Elles sont extrêmement mal fréquentées ! Voyez comme vous résistez mal aux coups d'épées ! Non, non, vous êtes trop fragile !

Bon. Manifestement, le sermon ne marchait pas non plus.


- Et votre maîtresse, hein ?

Anatole, on avait dit stop aux sermons. Tentez la franchise.

- Et à moi, vous y avez pensé ? Je ne savais même pas que vous partiez ! Je viens vers votre résidence un matin pour vous proposer une petite sortie éducative à la bibliothèque et j'apprends que vous êtes partie ! Vous avez pensé à mon angoisse ?

Peut-être un peu moins de franchise.


- Je... J'étais confiant en la décision de votre employeuse mais quand même... Partie sur la route sans la protection d'un homme. Vous savez que ma présence dans la suite des poneys roses est essentiellement liée à la sécurité.

Et un peu moins de mensonges.

- J'étais mort d’inquiétude, voilà. Vous... Vous ne pouvez pas me laisser comme ça. Au fil du temps, nous avons bâti, je le pense, une relation de confiance et... Ygerne, enfin ! Ne me laissez pas !

Pour la première fois, il réalisa qu'il tenait sa main sans qu'elle la retire en riant. Balançant entre plaisir et inquiétude, il garda ses doigts mêlés à ceux de la jeune fille.


- Qu'est-ce que je vais faire si vous mourez, moi ?
Ygerne
- Vous ne dites plus rien ?
- …
- Tiens, tiens… serais-ce une larmichette que je devine au bout de vos cils ?
- C’est la…
raclement de gorge… fatigue
-
- Vous y croyez-vous ?
- A quoi ?


Mouvement de tête de la jeune fille en direction de la scène qui se joue en bas.
- Pourquoi mentirait-il ?
- Ils mentent tous.
- Oh tiens, vous retrouvez vos esprits ?
- Oh ça va…
- Il n’y gagnerait rien à vous mentir.
- Je… j’ai peur
- Je vous croyais experte en prince.
- …
- Vous devriez faire quelque chose
- Mais je suis morte
- Mais essayez, concentrez-vous…


La jeune femme ferma les yeux, fronça le front et pensa fortement au jeune secrétaire.
- Comme ça c’est bon ? Et oh ! répondez-moi ! Ne me laissez pas… !

Oui… ne me laissez pas dans ce corps douloureux… Mais déjà ce monde semble lointain, oublié.
- Ne me laisse pas… aide moi…

Soudain, elle sent à nouveau le mal de sa blessure. Elle prend conscience de son corps allongé sur cette couche froide. Pourtant, elle le sait, elle le ressent, elle n’est plus seule.

- Qu'est-ce que je vais faire si vous mourez, moi ?
Elle aimerait lui dire qu’elle ne le laissera pas. Mais aucun son ne sort de ses lèvres, ses paupières sont trop lourde…
- C’est trop dur, j’y arriverai pas

Elle sent son corps redevenir plus léger, elle repart. Mais elle ne veut plus. Alors elle se concentre à nouveau… Et difficilement, ses doigts se crispent sur la main d’Anatole. Elle a l’impression de s’agripper à lui, pourtant de son côté, Anatole ne sentira qu’une légère pression.
Mais cette énergie utilisée l’épuise et ses muscles se relâchent. Elle se sent repartir.

- Non non… laissez-moi.
Seule, elle n’y arriverait pas.

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--Anatole.
Effondré sur le lit, la tête contre la couverture rêche, Anatole tentait de se souvenir d'une prière ou deux à réciter. Dans l'espoir que ça arrange la chose. Bon, certes, réaliser qu'on ne se souvenait d'aucune prière n'allait peut-être pas aider des masses.
Et si elle ne se réveillait pas ?
Et si elle restait ainsi pendant des jours ? Ou des semaines ? Ou des mois ?
Et si les moines décidaient de cesser de la soigner ?
Et si... Et si... Pff...

Et si elle faisait exprès de ne pas se réveiller ? Et si en fait, elle avait toujours rêvé de se barrer, d'abandonner les ponettes, de... Bon, autant le dire tout de suite, de l'abandonner, lui ?
Après tout, elle s'était toujours moquée de lui. Elle avait ri de ses malheurs plus d'une fois. Mais jamais méchamment ! Mais elle rêvait d'un prince, d'un noble, d'un prétentieux au sourire ulta braillte. Et lui n'était que limousin. Et châtain. Aux yeux marrons. Pas super sexy. Plutôt coincé. Souffre douleur d'une fausse cruche. Et même pas capable de s'enfuir.
S'il était une femme, il ne se choisirait pas. S'il était une femme, il voudrait de l'homme, du vrai, qui sent la sueur, qui coupe des bûches avec une main, mais qui sait garder un goût pour la poésie et qui sait pleurer quand il le faut (les échardes, ces saloperies vicieuses que l'on ne dénoncera jamais assez).
S'il était un homme...


- Je serai capitaine. D'un bateau vert et blanc. D'une élégance rare. Et plus fort que l'ébène.


La main d'Ygerne tressaillit dans sa main.

- Oui bon, ça peut prendre un peu de temps, ne rêvez pas. Je pourrais peut-être commencer par porter une casquette.


Ou un machin avec un pompon. Les filles aimaient bien les pompons. Mais c'était quand même ridicule. Est-ce qu'un capitaine porterait un pompon ?
Ygerne saurait ce genre de choses. Ygerne...

Il se figea soudain.

Elle avait bougé. Elle avait bougé sa main !


- Ygerne ! Accrochez-vous ! Serrez encore ma main ! YGERNE !


Bon, lui brailler dans les oreilles était peut-être un super exutoire mais sans doute pas une pratique médicale reconnue. Ni même une technique de drague aboutie.


- Il faut vous accrocher, même si ça fait mal. Parce que la vie, ça fait mal, croyez moi. Mais ça en vaut la peine. Enfin... Vous le savez, tudieu ! Vous méritez mieux que ça ! Ygerne enfin ! J'irai jusqu'à porter un pompon ! Ne m'obligez pas à m'en servir !
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