Morphee
[Mordieu oui!! "A La Dive Quenouille" renait de ses cendres comme le fit Jadis le Phénix]
Le retour à Carcassonne avait été frileux... Il avait forcément fallu qu'elle aille chez les soeurs avant de pouvoir reprendre goût à la vie de taverne. Ses deux champs avaient été providentiellement vendus, contrepartie étant qu'elle n'avait plus aucune grange pour y entreposer tout son fatras, qui se résumait à bien peu depuis la pénuries de pelotes de laine et de peaux. L'Officier avait repris l'habitude de séjourner en taverne, habitude innée semblait-il dans la famille.
Adossée à la chaise de son secrétaire, la rouquinette pensait à la teneur de sa missive. Trois coups secs donné sur la porte la tirèrent de ses pensées. Pierrick attendait à la porte, ayant enfin pris l'habitude de se présenter avant d'ouvrir la porte en beuglant.
- Dites, ya un marché couvert en ville, j'me disais qu'on pourrait ptet enfin faire comme Au Puy, pasque... Petit instant de silence Jm'ennuie moi!
Le gamin se dandinait sur lui même, sans doute avait-il peur d'un refus de la part de la dentellière. Il vint s'asseoir à côté d'elle et entreprit de faire semblant de lire le velin.
Un sourire naquit sur ses lèvres carmin. Qu'allait-elle donc bien pouvoir faire de cet enfant dont personne ne semblait réclamer la présence? Peut être l'attendait-on, quelque part? Avait-il une famille, un suzerain? Lors de son voyage elle avait cherché une annonce, un avis de rechercher... Mais rien. Pas un seul mot sur le petit Pierrick. D'ailleurs, était-ce réellement son prénom?
- Dis, tu m'apprendras à lire? Pi à écrire?
Sa main vint frôler la chevelure geai du garçon, qu'elle ébouriffa en éclatant de rire.
- Tu pourras travailler à l'étal et apprendre quoi que ce soit quand tu te laveras au moins une fois par jour mon garçon!
- Mais l'boucher y dit que ça rend malade!
- Uniquement quand on ne fait pas bouillir l'eau
- Oui mais quand c'est trop chaud ça brûle!! Pi ça fait des cloques!
- Il suffit de rajouter un peu d'eau froide.
- Après ya des bêtes.
- Suffit de mettre un linge sur le baquet.
- Pi paraît qu'on a des échardes quand on se baigne.
- Forcément, il faut mettre un linge pour éviter le contact direct avec la peau.
- Oui bha l'eau c'est dangereux, t'as bien vu au Puy!
Comment oublier ce tragique moment... Morphée ferma un instant les yeux, oubliant les babillages du petit, tout en glissant ses doigts gauches sur l'intérieur de son poignet droit. L'enfant avait eu son lot de brulures... Dont une conséquente sur l'omoplate droite, qu'il prenait grand soin de cacher. Il avait du souffrir pendant bien longtemps, mais elle n'en avait rien su. Il n'avait fait sa réapparition que bien plus tard, à Carcassonne.
- C'était alors bien différent, et tu le sais aussi bien que moi. Dans tous les cas, l'étal ne sera pas ouvert tant que tu ne seras pas propre comme un écu neuf.
- Et si j'me noie?
- On a jamais vu un moineau se noyer dans un gobelet d'eau.
Le gamin ne put s'empêcher d'éclater de rire, et Morphée fit de même, en ce moment qui effaçait un court instant les inquiétudes et les doutes qui lui trituraient les méninges.
- On va aller voir ce marché, mais avant... Débarbouillage!
Morphée se dirigea vers un guéridon ou était posé un broc dans une cuvette. Elle prit le premier en main et versa un peu d'eau dans la cuvette.
Le gamin fit mine de bouder, mais avança tout de même, conscient qu'ils ne sortiraient pas de la chambre sans qu'il ne fut un tantinet moins crasseux. Surtout qu'il ne se souvenait plus de la dernière fois ou il avait bien pu prendre un bain. Elle trempa un linge dans l'eau, puis le frotta sur un morceau de savon - à l'huile d'olive bien sûr - puis entreprit de débarbouiller le visage et le cou de l'enfant.
- Regarde toi, on dirait un mineur à la sortie du travail.
Précautionneusement, elle redonna sa couleur naturelle à la peau de Pierrick puis lui fit se laver les mains dans la cuvette.
- On peut y'aller maintenant?
- Pour sûr! Même qu'on croisera sans doute Cath, elle doit bien se promener quelque part la donzelle!
Laissant son velin inachevé, Morphée enfila une fine cape d'été et prit son aumonière, laissant là sa grosse besace. Main dans la main, ils descendirent les marches de l'Auberge de la Cité et prirent le chemin du marché couvert, près de la basilique Saint-Nazaire
_________________
Un peu d'elle, et des autres
Le retour à Carcassonne avait été frileux... Il avait forcément fallu qu'elle aille chez les soeurs avant de pouvoir reprendre goût à la vie de taverne. Ses deux champs avaient été providentiellement vendus, contrepartie étant qu'elle n'avait plus aucune grange pour y entreposer tout son fatras, qui se résumait à bien peu depuis la pénuries de pelotes de laine et de peaux. L'Officier avait repris l'habitude de séjourner en taverne, habitude innée semblait-il dans la famille.
Adossée à la chaise de son secrétaire, la rouquinette pensait à la teneur de sa missive. Trois coups secs donné sur la porte la tirèrent de ses pensées. Pierrick attendait à la porte, ayant enfin pris l'habitude de se présenter avant d'ouvrir la porte en beuglant.
- Dites, ya un marché couvert en ville, j'me disais qu'on pourrait ptet enfin faire comme Au Puy, pasque... Petit instant de silence Jm'ennuie moi!
Le gamin se dandinait sur lui même, sans doute avait-il peur d'un refus de la part de la dentellière. Il vint s'asseoir à côté d'elle et entreprit de faire semblant de lire le velin.
Un sourire naquit sur ses lèvres carmin. Qu'allait-elle donc bien pouvoir faire de cet enfant dont personne ne semblait réclamer la présence? Peut être l'attendait-on, quelque part? Avait-il une famille, un suzerain? Lors de son voyage elle avait cherché une annonce, un avis de rechercher... Mais rien. Pas un seul mot sur le petit Pierrick. D'ailleurs, était-ce réellement son prénom?
- Dis, tu m'apprendras à lire? Pi à écrire?
Sa main vint frôler la chevelure geai du garçon, qu'elle ébouriffa en éclatant de rire.
- Tu pourras travailler à l'étal et apprendre quoi que ce soit quand tu te laveras au moins une fois par jour mon garçon!
- Mais l'boucher y dit que ça rend malade!
- Uniquement quand on ne fait pas bouillir l'eau
- Oui mais quand c'est trop chaud ça brûle!! Pi ça fait des cloques!
- Il suffit de rajouter un peu d'eau froide.
- Après ya des bêtes.
- Suffit de mettre un linge sur le baquet.
- Pi paraît qu'on a des échardes quand on se baigne.
- Forcément, il faut mettre un linge pour éviter le contact direct avec la peau.
- Oui bha l'eau c'est dangereux, t'as bien vu au Puy!
Comment oublier ce tragique moment... Morphée ferma un instant les yeux, oubliant les babillages du petit, tout en glissant ses doigts gauches sur l'intérieur de son poignet droit. L'enfant avait eu son lot de brulures... Dont une conséquente sur l'omoplate droite, qu'il prenait grand soin de cacher. Il avait du souffrir pendant bien longtemps, mais elle n'en avait rien su. Il n'avait fait sa réapparition que bien plus tard, à Carcassonne.
- C'était alors bien différent, et tu le sais aussi bien que moi. Dans tous les cas, l'étal ne sera pas ouvert tant que tu ne seras pas propre comme un écu neuf.
- Et si j'me noie?
- On a jamais vu un moineau se noyer dans un gobelet d'eau.
Le gamin ne put s'empêcher d'éclater de rire, et Morphée fit de même, en ce moment qui effaçait un court instant les inquiétudes et les doutes qui lui trituraient les méninges.
- On va aller voir ce marché, mais avant... Débarbouillage!
Morphée se dirigea vers un guéridon ou était posé un broc dans une cuvette. Elle prit le premier en main et versa un peu d'eau dans la cuvette.
Le gamin fit mine de bouder, mais avança tout de même, conscient qu'ils ne sortiraient pas de la chambre sans qu'il ne fut un tantinet moins crasseux. Surtout qu'il ne se souvenait plus de la dernière fois ou il avait bien pu prendre un bain. Elle trempa un linge dans l'eau, puis le frotta sur un morceau de savon - à l'huile d'olive bien sûr - puis entreprit de débarbouiller le visage et le cou de l'enfant.
- Regarde toi, on dirait un mineur à la sortie du travail.
Précautionneusement, elle redonna sa couleur naturelle à la peau de Pierrick puis lui fit se laver les mains dans la cuvette.
- On peut y'aller maintenant?
- Pour sûr! Même qu'on croisera sans doute Cath, elle doit bien se promener quelque part la donzelle!
Laissant son velin inachevé, Morphée enfila une fine cape d'été et prit son aumonière, laissant là sa grosse besace. Main dans la main, ils descendirent les marches de l'Auberge de la Cité et prirent le chemin du marché couvert, près de la basilique Saint-Nazaire
_________________
Un peu d'elle, et des autres