[Rp] Quand le passé demande à être oublié

Son passé avait décidé de ressurgir.

Sans crier gare, elle était arrivée au petit matin dans la ville du bout du monde et s’y était installée avec sa « louve », animal jugé plus que sordide par la Blonde.

Bien que les traits de son visage autrefois si délicat et si « charmant pour certains» s’étaient endurcis et affirmés, la Bartendresse n’avait mis que peu de temps avant de découvrir l’identité de son interlocutrice et de comprendre qui elle était. Izéa avait été forcée de lui donner à boire, de l’écouter parler, raconter sa vie à Valence comme si de rien n’était, comme si elles ne s’étaient jamais rencontrées, comme si elles n’avaient jamais partagées les mêmes immondices. L’envie de lui sauter à la gorge et de l’étrangler avait pourtant fait son chemin mais la bailli était restée digne.

Son châle rabattu sur les épaules, Izéa Salaun de Kerkrenv déambulait d’un pas nerveux le long de la rade de Brest. Il faisait nuit noire. Le temps n’était pas au beau fixe, l’air était frais pour la saison et le vent s’était levé mais peu importe, il fallait qu’elle oublie ce visage. Cependant dès lors qu’il disparaissait quelques minutes c’était pour ressurgir avec plus de férocité. Mais que faisait-elle donc dans SA ville ? Elle s’était déjà appropriée tellement ! Beaucoup trop même ! La Sulfureuse était furieuse de cette présence déconcertante.

Tout le monde la savait libertine. Certains savaient qu’elle avait quitté la ville après une dispute avec son paternel. Peu savait la lourde vérité. Aucun ne savait ce qui la liait à Selena. Et mieux valait que personne ne le sache mais voilà elle était là et comptait rester plusieurs jours en ville. Qu’elle puisse pourrir en Enfer !

Le vent s’engouffra à cet instant dans sa crinière blonde qu’il souleva doucement. La jeune femme s’approcha de l’eau et posa son regard sur l’horizon, fixant un point au loin. Bercée par le bruit des vagues, son âme devint à cet instant plus insondable que jamais.

Qu’allait-elle faire ?
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Le reflet de la lune miroitait dans l’eau bleue de l’océan. Les vagues engloutissaient de toutes leurs forces les rochers. Izéa s’apprêtait à rebrousser chemin et retourner au domaine familial. Balayer sa journée serait son défi du soir.

Alors qu’elle longeait la côte, elle remarqua une silhouette s’avançant prudemment dans l’eau glacée de l’océan. A première vue, la Blonde songea qu’il s’agissait encore d’une folle aux envies suicidaires et puis tout d’un coup elle aperçut l’animal. S’en était trop ! La Sulfureuse releva les pans de sa robe et marcha dans sa direction à toute hâte partant ainsi à sa rencontre, ne prêtant même pas attention aux éclats d'eau qui maculaient sa robe pourpre.

Rien que la vue de son corps qui se rapprochait, ravivait en elle des souvenirs qu’elle avait tant voulu oublier...

C'était il y a quelques années maintenant...

Titubante dans l’obscurité d’une ruelle, l’aguicheuse portait à nouveau le goulot de la bouteille à ses lèvres. L’alcool lui brulait le gosier. Elle toussa, s’étouffa, laissa échapper la bouteille et jura en l’entendant se fracasser.

Elle plongea la main dans sa poche pour tâter son butin du soir. Deux heures plus tôt, elle avait dû se donner que très peu de mal pour convaincre un bourgeois de passage de la goûter. Izéa avait alors le visage d’un ange : une peau rose et douce sans aucunes imperfections, une dentition parfaite, un sourire éclatant et des lèvres pulpeuses. Sa poitrine était ferme et avantageuse ce qui n’avait que décidé le client à accepter encore plus vite. Elle avait exigé qu’il lui offre la bouteille qu’il tenait dans la main avant de commencer. Tout en buvant, elle avait déboutonné son corsage et tandis qu’il jouait des mains elle s’était doucement enivré dans l’alcool. Après son affaire et entière satisfaction du client, elle rajusta ses vêtements puis continua son chemin et sortit de la ruelle pour emprunter la suivante.

Au coin d’une rue, elle fut forcée de s’arrêter, elle voyait trouble et entendait un bourdonnement dans ses oreilles, pareil à un insecte.

Elle ne vit pas l’homme arrêté à quelques mètres qu’au moment où elle se cogna à lui. L’homme la considéra. Elle voulut s’éloigner, suffisamment « riche » pour passer une nuit dans les bas-fonds sans devoir se payer un autre client mais il la retint par le bras. Malgré ses gémissements et son refus d’obtempérer, il la tient fermement et l’obligea à rebrousser chemin dépassant les maisons délabrées.

Il la coinça dans un cul de sac posa sa main sur sa bouche pour l’empêcher de parler. Habituée à ce genre d’ordure qui voulait son corps sans en payer le prix conséquent, elle se laissa faire. Revirement de situation, il se mit soudain à la marteler de violents coups si bien qu’au bout de quelques minutes elle s’était évanouit dans une douleur atroce.

Le lendemain matin, elle se réveilla dans sa nouvelle prison : la Maison Close.

Le temps avait passé et la situation avait changé. Les deux femmes se confrontaient maintenant du regard, ce fut la plus jeune qui prit la parole la première.

Qui êtes-vous?

Un rictus machiavélique se dessina à la commissure de ses lèvres et d’un ton sec l’ancienne prostituée lança.

Mais ton ancienne collègue de bordel ma chère.

La messe était dite. Qu'allait-il se passer maintenant?
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[Quelques années auparavant]

Le soleil se levait calmement et paisiblement. La maison close était encore silencieuse.

Dans son lit de fortune, la prostituée se tournait et se retournait. Le sommeil allait la quitter d’un moment à l’autre. Bien qu’elle se fût habituée à travailler dans ce lieu immonde, les souvenirs de certains clients et les horreurs qu’ils lui avaient fait subir à son arrivée où ils avaient profité de son manque de connaissance, la tourmentait chaque nuit parfois sous forme de cauchemars, d’autres fois sous forme de migraines.

Soudain, des bruits de pas, des voix et des hurlements s’élevèrent. Les portes commencèrent à claquer : les filles allaient chercher leur collation. Encore à demi plongée dans le sommeil, la jeune femme eut un rictus en reconnaissant la voix de la matrone. Point trop fine celle-là. « Un jour tu regretteras de m’avoir enfermé pauvre gourde ».

Au fil des mois, Izéa avait monté un plan machiavélique pour sortir de ce bordel. Elle devrait entreprendre des positions décadentes et user de talents encore jamais expérimentés pour obtenir que tous les hommes ne veuillent plus qu’elle. Quand un homme était entièrement satisfait, les pourboires étaient nettement plus conséquents et ça Izéa l’avait bien saisi.

S’allongeant sur le dos, la Sulfureuse s’étira doucement avant de se redresser et de poser son séant sur le lit. Alors qu’elle s’apprêtait à réaliser le répertoire des bleus de la veille, Izéa surprit une discussion :

« Elle est beaucoup trop jeune !
J’t’avais bien dit de prendre qu’les donz’ d’une quinzaine d’années. Regarde-moi ce corps, ils vont nous la casser en un tour de main et il aura fallu la nourrir pour rien.»

L’interlocuteur semblait rester silencieux. Poussée par une soif de curiosité qui pourtant n’était pas un trait de caractère récurrent chez la Blonde, Izéa se leva et s’approcha à pas de louve de la porte. Elle se baissa pour observer la scène par le trou de la serrure. Une frêle jeune femme inconsciente était étendue dans les bras d’un des hommes de la patronne. En surprenant le visage de la femme en question, Izéa posa sa main sur sa bouche pour s’empêcher d’hurler.

Qui dit jeune dit vierge… Cette nouvelle arrivante venait de contrecarrer ses plans et pour cela elle allait le payer très cher !


[Maintenant]

« Et ma main dans ta tronche c’est une erreur ? » songea t-elle.

Izéa Salaun de Kerkrenv fixait, imperturbable, son interlocutrice. La dague qui s’enfonça dans le sol, chassa tous ses doutes. L’identité de la jeune femme était bien celle à qui elle pensait.

Je ne fais pas erreur.

Son ton s’était adoucit. Pourquoi ? Aucune idée.
De sa main droite, elle releva le menton de la jeune fille et plongea son regard noir et terrifiant dans ses yeux.

Tu ne te souviens pas ? Les hommes se sont battus pour obtenir ton corps. Et un beau jour tu t’es échappé. Tes clients favoris se sont vengés sur nous, sur moi. Les pourboires se sont faits moindre et je suis restée bien plus longtemps que prévue dans ce lieu immonde. Tout cela par ta faute.

Elle relâcha sa main et approcha sa bouche de son oreille.

Je te hais du plus profond de mon être.
Sache que si tu es venue pour semer le scandale ici, tu ne t’en sortiras pas indemne.
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La petiote venait de jouer la carte de la provocation. Pauvre fille, elle ne savait décidément pas qui était son interlocutrice. Elle l’apprendra à ses dépens tôt ou tard.

Izéa prit le parti de rire de ses inepties : un rire narquois et machiavélique. Même si son âme restait insondable, d’ores et déjà la Blonde savait ce qu’elle allait faire.

"- T'aurait préféré que je t'amène avec moi lorsque je me suis enfuit? Désolé j'y est pensée mais je me suis dit que j'pourrais pas"

« Plutôt crever que de partir comme une voleuse. Quand je suis partie c’était la tête haute et fière d’avoir gagné ma liberté. Comment tu as survécu d’ailleurs? Dans la forêt ou dans les bas-fonds ? Dans les deux cas rien ne t’es enviable. »

Un sourire amusé se dessina à la commissure de ses lèvres. Rira bien qui rira la dernière. Pendant que l’ancienne prostituée continuait son discours insensé, Izéa se déplaça d’un mouvement serein autour d’elle tel un vautour qui tourne dangereusement autour de sa proie.

"- Un scandale? Pourquoi je voudrais faire cela? Je suis venu en Bretagne tuer un homme"

« Et tu me dévoiles tes plans à moi pauvre gourde. Qui veux-tu tuer le Grand-Duc ? Haha !!!»

Elle se tut quelques secondes le temps de se replacer devant son interlocutrice et de poursuivre.

« Le lieu en soit n’était pas immonde ce qui était immonde c’était d’être privé de liberté et d’instant de répit. La lassitude était pesante et le danger gondant.

Maintenant sache que je suis issue d’une famille noble mon père est surnommé l’enfoiré de Bretagne pour son très fort tempérament. On ne touche ni ne menace notre famille. Des hommes de mains j’en possède dans les quatre coins de la France ils pourraient te faire revivre ton cauchemar… Il y a une maison close pas loin qui recherche des filles…

Mais dis-moi tu sais que en un claquement doigt je pourrais te jeter au cachot ? Les étrangers ne sont plus autorisés sur le sol breton. Hum ? Je venais te laisser tranquille mais t’avise pas de me jouer un coup foireux. »

Le vautour qui sommeillait en Izéa était de sortie.
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[ Dans cette ambiance particulière]

Vont-elles se sauter à la gorge et s’étriper ?
Vont-elles poursuivre leur provocation mutuelle ?
Qui cèdera la première ?

Izéa Salaun de Kerkrenv campait sur ses positions bien que commençant à trouver le temps étrangement long. Impatience quand tu nous tiens. Elle n’éprouvait aucune peur, presque même aucune honte à avoir été enfermé dans ce lieu où tous les interdits deviennent possibles. Ces quelques années passées là-bas avaient forgé un peu plus son tempérament de feu, principal héritage de son presque défunt paternel. Elle était devenue un mur frigide que seul une ou deux personnes pouvaient se vanter d’avoir ébrécher. Beaucoup savait que derrière ce masque de glace était cachée une femme abimée par les épreuves de la vie mais très peu avait pu apercevoir cette femme là.

Soupirant devant tant de sottises en entendant son interlocutrice rétorquer, la Sulfureuse leva les yeux au ciel pour indiquer clairement sa lassitude devant une gamine qui croyait tout connaitre de la vie et qui croyait pouvoir l’intimider.

« Jeune fille premièrement tu vas commencer par changer de ton avec ma personne. Ton petit air de grande fi-fille sure d’elle commence sérieusement à m’échauffer les esprits. J’ai souvenir que tu n’as pas toujours eu cet air fier… »

L’occasion était rêvée... Le vautour s’en empara !

« Te souviens-tu de cette première nuit ? L’odeur abominable mêlée de sueur et de parfum qui enivrait le bordel, les cris des femmes torturées, les râles heureux des hommes satisfaits, les bruits de pas dans les escaliers, les murmures… et toi de ta prison tu étais loin d’imaginer de tout ce qui se tramait n’est-ce pas ?»

Machinalement elle reprit sa marche autour de la prénommée Selena. Sa bouche pulpeuse s’approcha de l’oreille de Selena.

« Et puis cette première fois où tu es descendu… Qu’as-tu pensé de tous ses regards avides et affamés de sexe ? Rappelle-toi, ils se sont jetés sur toi, tous désiraient la petite nouvelle. Tu m’étonnes une pucelle à se mettre sous la dent ce n’est pas tous les jours qu’ils pouvaient profiter de ça... »

Toujours derrière elle, ses doigts se promenèrent sur l’épaule de la jeune femme. Izéa lui prit délicatement la main et pointa par la suite l’horizon.

« Et cette première nuit… Qui était ce déjà ? Un noble ? Ce sont les pires ceux-là leurs femmes vertueuses et frigides ne sont points capables de les satisfaire alors c’est à toi de t’en occuper. Alors dis t’a-t-il pris comme un simple animal ? T’a-t-il jeté sur le sol ? Et cette proéminence immonde je suis certaine qu’elle te hante encore parfois ? Empestait-il l’alcool ? Et cette douleur de la première fois qui te transperce les entrailles ? As-tu hurlé ? T’es-tu débattue ? Allez fais appelle à ta mémoire...»

Après lui avoir soufflé dans le cou pour réveiller en elle un frisson, elle se plaça en face de son interlocutrice et la fixa de ses yeux intensément noirs. Leurs souffles se mélangeaient presque en un seul.

«A moins que tu as aimé cela… »

Œil pour œil, dent pour dent. Le vautour avait sorti ses griffes, combat avant le combat, lutte avant la lutte, le prédateur traquait sa proie dans ses pensées les plus profondes, les plus intimes assiégeant son esprit et son corps dans le but de déceler sa lueur de victoire.
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[ Parce que parfois l'ambiance change suivant les personnes ]

La blondinette avait écouter sagement ... Sans rien dire ... Vidant ses pensées.
Son sang bouilliner lui ordonnant : " Tue la !! Après tout elle te rappelle de mauvais souvenirs et elle te déteste alors tue la !"
Mais malheureusement pour elle la "guerrière" laissa place à la folle.
Ainsi la folle ne connaissait que peu la peur puisqu'elle ne penser qu'a s'amuser ...
Une lueure vive dans les yeux masquant presque la peur qui était monter en elle.
Elle avait frissoner lorsque la blonde avait souffler dans son cou forcément s'pèce d'idiote de Selena !!

[Petit échange conscience/Selena]

Tue la !!
Rêve idiote !!
Pourriture qu'elle est !!
Elle ne veut pas de scandal et souhaite que je parte c'est compréhensible !!
M'en fou pour la peine tien !!

[Flash-Back]

Il faisait noir et la blondinette avait un poid sur elle.
Elle ne savait ni qui il était ni que faisait-il là.
Enfin elle sentie une douleure déchirante mais ne pu crier ...
Non cela faisait quelques jours qu'elle n'arriver plus à crier.
Parler peut-être? La chose était tout aussi impossible,chaque mot,chaque phrase s'étrangler dans sa gorge.
Bouger? Non un poid pesait sur elle et elle était immobilisée par celui-ci.
Elle n'arriver pas non plus à bouger depuis quelques heures.
Ses jambes ne la porter pratiquement plus,ses bras étaient trop endolories pour espérée se débattre.
En revanche quelque chose d'autre avait était atteint mais quoi?
Son corps elle le senter,il était atteint,la douleure y était pour quelque chose.
Son esprit aussi était atteint? Oui ... Elle le referma comme en temps de guerre.Elle n'y parvint pas et du donc rester observatrice de la scène,les yeux vert de larmes,la bouche crispée de ne pouvoir crier.

[Fin du flash-back & de l'échange conscience/Selena]

Elle regarda Izéa " A moins que tu as aimé cela ..." Comment pourrait-elle le savoir?
La blondinette resta silencieuse.Puis dans sa folie annonça :

"- Comment c'était ? J'ai aimée ! "

Pure mensonge bien sûr.
Elle réfléchit et dit :

"- Si je part de la bretagne me laisseras-tu? Où me poursuivras-tu jusqu'en enfer pour l'horrible crime que j'ai commis?"
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La réponse claquante de l'ancienne prostituée ne tarda pas à se faire entendre: " Comment c'était ? J'ai aimée !". La Blonde ne cilla pas pourtant ses mots la stupéfièrent. Aimer la violence du désir charnel, aimer les fantasmes de l'ignominie, aimer l'intense douleur de la délivrance... Assez imbue de sa personne pour ne jamais dévoiler ses faiblesses, la Salaun de Kerkrenv n'aurait pourtant jamais réussi à associer le mot "aimer" avec le cauchemar des bordels. Bien entendue elle avait saisi que la jeune femme mentait mais tout de même oser clamer cela haut et fort. Étrange...

"Si je pars de la Bretagne me laisseras-tu? Où me poursuivras-tu jusqu'en enfer pour l'horrible crime que j'ai commis?"

L'horrible crime? La Brestoise resta muette quelques secondes songeuse. De quoi parlait-elle? Ce n'était pas un crime d'avoir été condamné à la prostitution, c'était une abjection.

"Pars sans jamais lier ton nom au mien et je te laisserais en paix. Tu en souffres suffisamment sans que je sois là pour te torturer l'esprit, n'est ce pas?"
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