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[RP]La plage

Phonya
Le sourire de Sembre lui noua la gorge.
Elle avait presque oublié ce sourire lumineux, celui qui lui avait redonné le goût de rire à une époque lointaine.
Les mots se refusaient …
Un signe de tête à en guise d'assentiment et elle le suivit.
Son coeur galopait dans sa poitrine, elle redoutait croiser le regard enfantin.
Mais ses doigts rêvaient de toucher la peau de Léandre, ses bras de le serrer à l'étouffer et son nez de retrouver son parfum qu'elle irait chercher dans le creux de son cou.
Elle repoussait au plus loin possible l'avalanche des émotions qui la submergeait … Comme ce manque qu'elle avait combattu chaque jour, doutant parfois qu'elle arriverait à le combler.
C'est ainsi que Phonya s'agenouilla près du petit garçon, tremblante, intimidée …
Elle n'osait un geste de plus et leva des yeux implorants vers Sembre.

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Sembreendevant...
Sembre, dans les yeux que Phonya levait vers lui, retrouva spontanément la compréhension des prières muettes d'Elle. Celles qu'elle lui adressait pour une aide que sa voix n'osait formuler. Il se tourna vers Léandre, toujours les pieds dans l'eau, qui observait les mouvements de l'eau et du sable,



puis regarda Phonya demeurée immobile et tendue.


Le Genevois sourit à nouveau à Phonya. Regard rassurant posé dans les yeux gris bleu de l'une, demi-tour et grande main sur l'épaule et le dos du fils qui, un brin chatouilleux, rentre la tête dans les épaules en riant. Sembre se penche et murmure tendrement à l'oreille du garçonnet.


- Léandre, dis-moi qui est la dame que tu aimes le plus au monde ?


Les yeux gris de Léandre et sa petite voix sur un ton d'évidence


- Lonie


Un instant de surprise, d'un père un brin déconcerté. Mimique vers Phonya qui malgré ses craintes pourrait bien rire.


- Oui ... c'est vrai ... Léonie je sais que tu l'aimes. Mais ... Hum ... Léandre, tu sais, Léonie a ton âge, là je te parle d'une dame, vieille comme moi. Tu comprends ? Quelle dame aimes-tu le plus, que tu voudrais voir là même si c'est compliqué ?


Les yeux gris s'agrandissent et la petite voix hésite un peu.


- Ma..man ... ? Maman Pho



- Regarde derrière toi, mon bonhomme. Parfois les rêves sont. Tourne toi mon Léandre, tu peux.




Et Sembre regarde les visages, aux traits évidemment marqués de ressemblance, de Phonya et de Léandre qui prennent le même air interdit n'osant encore croire pour elle, et bien que souriant à demi demeurant assis, curieux, intéressé, pour lui
Leandre


J'ai bien aimé voyager jusqu'ici avec mon père Sembre, c'est Paaa ou Sem, suivant mon humeur ou même avec un cri bien fait, il accourt quand je le demande.


On a vu de l'eau, beaucoup et bien différente du Léman où d'habitude on va promener et jouer avec Paaa. Les beaux jours au Léman ou en taverne, je vois Léonie. Elle est belle c'est la fille de Précye, une amie de Paaa et Maman du temps où elle était à Genève et de Jeffpower ou un nom comme ça. Precye en a parlé à Sembre qui a sourit en apprenant que Jeff avait demandé un prénom évoquant le Lion et en se demandant ce que ça ferait à Phonya si elle se retrouvait plus ou moins en famille avec Power. Cela m'a plu parce que ça veut dire qu'avec Léonie, on peut rester ensemble longtemps. Pfff pas comme les parents. C'est pas toujours drôle d'avoir une maman de papier mais au moins mes parents ont pas mauvais caractère comme PowerJeff.

Bref, pour en revenir au voyage, on a pris un bateau avec Baaane, sur le grand fleuve Rhône. Baane c'est Aubanne en fait, une amie de Paaa et des provençaux drôles mais qui aiment la bière. Enfin, je vais pas me plaindre, une gentille dame Vero m'a apporté un grand flacon de parfum de rose, avant même qu'arrive Baane. D'habitude, c'est Baaane pour les parfums à la rose.

Après on a vu une grande mer chaude, des chevaux, des taureaux, des grands oiseaux rose sur des pattes plus grandes que les miennes. Et Sem a acheté un beau cheval blanc, un Camarguais qui s'appelle gabian, comme ces grands oiseaux blancs qui volent sur la mer. Alors on est allé vite et on a vu des villes et des villes, des tavernes, des gens gentils qui m'offrent des gâteaux ou du sucre candi. Paaaa s'occupe toujours de moi, mais je préfère quand on est dans la campagne que dans les tavernes, parce qu'il reprend son écritoire de Genève et écrit à des gens importants et quand il est en taverne, il prend peu de bières, pas comme les Provençaux, mais cause avec des mots que je ne comprends pas ... "ambassade", "pléni ... aire", j'ai pas retenu le mot entier, "croisade, succession, élection, mandat, ... pffff. Je préfère quand il prend sa viole et joue et chante pour moi.

Et là, on est à la mer depuis quelques jours. Pas la même que l'autre. Océan, c'est le nom de celle là, elle est plus froide que l'autre mais comme avec un bateau on est allé pécher et comme le vent agite moins la mer, ce qui protège les tas de sable que je fais, on est bien. Et puis mon Paaaa sourit davantage ici.

Je sais pas pourquoi mais après la pèche, quand on est venu, il m'a laissé joué puis est venu me parler avec un air sérieux de la femme que j'aimais. D'abord j'ai crû qu'il parlait de Léonie mais non. Alors, j'aime bien beaucoup de grandes, mais je sais qu'il n'y en a qu'une que j'aime vraiment. Je lui envoie des lettres, enfin c'est mon Paaa qui écrit et des dessins, ça c'est moi qui les fait. Et elle aussi elle m'écrit sur du beau papier mais elle doit écrire près d'une fontaine car parfois, il y a comme si des gouttes d'eau étaient tombées sur le vélin et avait coulé en entrainant un peu d'encre.

Et là, j'ai dit à Paaaaa, "c'est Maman ... Maman Pho ..." j'ai toujours dit Maman Pho mais Sem me dit que c'est mieux Maman parce qu'il n'y en a qu'une et qu'on sait qui elle est. Je crois que c'est elle qui lui a écrit ça. Mais moi, je sais bien que Maman ou Maman Pho c'est la même.

Et Paaa, avec une voix émue m'a dit, Tourne toi mon Léandre

Et ... je la regarde, je cherche à voir si c'est la même que celle du portrait. Peut être que c'est une autre qui me connaît pas bien.

Alors faut que je lui dise et que je me redresse. Je lève les yeux dans ses beaux yeux, à elle et je me tape sur la poitrine, ça fait rire les gens et je dis tout fier :

- Laaaandre grand


Oui, mes parents sont pas malins. Il m'ont appelé Léandre et je sais pas le dire encore.
Phonya
Léonie ?
La réponse de Léandre brutalisa le coeur de Phonya incapable sur le moment de se rappeler de la fille de Precye et Power. Elle était prête à se redresser pour échapper à la douleur et courir vers la dune. Mais la mimique de Sembre l'en empêcha.


c'est Maman ... Maman Pho ...

C'était la première fois qu'elle entendait son fils l'appeler Maman … Elle se mordit les lèvres et essuya ses joues en reniflant légèrement.

- Laaaandre grand

Son fils … celui qui parcourait à quatre pattes les tavernes helvètes, celui qui a fait ses premiers pas en territoire Toulousain. Celui qu'elle avait fait chevalier d'un brin d'herbe, celui qui riait aux éclats quand Dioscoride l'amusait.
Son fils qu'elle dévorait des yeux, et qui les illumina quand enfin elle croisa les siens.


Oh oui ! Tu es bien grand...
Mais je peux t'embrasser quand même ?
Tu sais ? un vrai baiser de maman, pas un de papier que ton papa te donnait.


Sa main se posait avec douceur sur la taille du petit garçon pour l'attirer vers elle … quand ils furent bousculés par une trombe sortie de l'océan et qui après s'être ébrouée longuement en les aspergeant, décida de faire connaissance de son museau fureteur et d'un grand coup de langue avant de filer ventre à terre vers la dune et son maitre.

Phonya saisit un Léandre ébahi et débarbouillé dans ses bras, pour l'asseoir sur son ventre, souriant à voir la mine grimaçante de son fils.

C'est Sien !
Il est … adorable...
Il t'attendait pour jouer, si tu es d'accord.


Les mèches rebelles du petit garçon repoussées, un baiser sur la joue, et enfin elle se laisse aller à l'étreinte qu'elle espérait tant.
Je t'attendais aussi mon ange …
Depuis si longtemps.


Elle aurait voulu lui dire qu'elle rêvait de l'embrasser chaque soir, qu'elle voulait qu'il goûte la crème, qu'il joue avec le borgne même s'ils devaient rentrer boueux et écorchés de s'être battus comme les chevaliers qu'ils étaient, qu'elle désirait revivre et vivre ces instants de bonheur, de ceux qui ressembleraient à ceux qu'ils avaient connus, et que plus que tout au monde, espérait qu'il reste à La Teste.

A travers les mèches folles de Léandre, elle croisa le regard de Sembre.

Serais-tu d'accord aussi ?
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Samsayonara
Sam regarda le soleil couchant sur la grève. Le ciel se teinta de multiples couleurs, tandis qu'un vent léger lui caressa la peau. Elle ferma les yeux, et laissa la paix envahir son âme, tandis qu'elle entendait le bruit apaisant des vagues, les cris des mouettes, et le bruissement du sable sous le vent.

Elle s'assied, et disposa une couronne de fleurs sauvage qu'elle avait cueillit au matin, et d'une bougie à un sou qu'elle avait achetée au marché. Une bien piètre offrande en l'honneur de ses parents, sacrifiés et immolés par un prêtre devenu fou, ayant perdu la foi en Dieu,pour que leur village isolé dans les montagnes reçoive enfin de la pluie.

Une larme coula lorsqu'elle évoqua le souvenir de sa fuite éperdue, du passage du col de la montagne enneigée, des engelures, soignées dans un monastère sur le passage. Elle était arrivée au village depuis une semaine, et enfin l'étau de ses angoisses se libéra, au fur et à mesure que la bougie se consumait.


Merci, Seigneur, de m'avoir montré la voie. Donné un toit, un travail et du pain. Rends moi meilleure, sache que je réalise une bonne action à chaque grâce que tu m'offres. Recueille l'âme de mes parents, et conduis les sur le chemin du paradis. Amen

Elle ouvrit les yeux, et ses doigts dessinaient dans le sable doux. Elle se sentait affreusement seule, si seule...
Sembreendevant...
Sembre avait vaguement appréhendé ce moment, peut être sous l’influence des lettres de Phonya. Et simplement c’était arrivé. Même Sien, un peu chien fou, s’était mêlé à sa manière à ces retrouvailles, venant se présenter rudement à Léandre avant de filer plus loin pour monter une garde près d’une silhouette veillant jalousement.

Léandre retrouvait sa mère qui l’étreignait et les hésitations du garçonnet s'étaient envolées. Sembre, par habitude de son fils, savait que ces moments de tendresses étaient chez lui fréquents mais brefs. Il n’avait pas l’âme câline, le garçonnet genevois. Il préférait les regards échangés, les rires et les jeux en commun aux longues effusions.


Sembre était fier de Léandre, de ce qu’il était devenu. Cet instant, le sourire de la mère émue aux larmes et la tête du fils enfouie contre le visage de Phonya, effaçait les moments de doutes et de craintes de l’hiver et du printemps, de n’être pas capable d’élever cet enfant et de le rendre heureux malgré l’absente. Un instant il revit Genève d'hiver et de printemps, sa vie là-bas, si changée en si peu de mois ...

Serais-tu d'accord aussi ?


La voix de Phonya, tira le grand genevois de sa rêverie plus douce qu’amère.


… hmmmm .. Pho ? D’accord pour quoi ?

… ah oui, le chien ! elle va me trouver toujours aussi distrait.
pensa Sembre

- Pho, Léandre fait ce qu’il veut pour ce genre de choses. Il n'a pas de contrainte pour cela, tu sais ?


Se tournant vers son fils


- Léandre, tu vous jouer avec Sien, ou autre chose ? Avec le chien tu peux s’il le veut bien.


Le petit homme se dresse sur ses pieds, relève la tête, regarde au loin le chien et tend un doigt impérieux.

– Sieeeen vieeeens ! Ici … Sieeeeen ! crie la voix haut perchée

Et comme le chien n’obéit pas, ou pas assez vite à ses yeux, Léandre se tourne vers sa mère et dit

- Lliauuuu

- Lliau c’est l’eau et ça veut dire qu’il va au bain … et le père de se lever brusquement pour suivre le gamin qui file vers la mer en riant. Il le rattrape le soulève, le fait tourner en l’air et le repose les pieds dans l’eau en riant.

Léandre essoufflé et les joues roses de plaisir se retourne vers sa mère …


- Mamaaaan !! Vieeeeens !!!
Phonya
Les chausses abandonnées, et la robe relevée par des mains qui ne pouvaient plus tenir son fils, elle essayait de sourire.
Ce dont elle ne voulait pas se déroulait … Elle aurait dû le deviner, mais elle avait confiance.
Sembre ne lui laisserait aucune chance. Léandre faisait ce qu'il voulait, et le père aussi. Les rêves lentement bâtis, entretenus de peines et d'espoirs s'éboulaient comme un château de sable.
Attirer l'attention de son fils ne fût pas chose facile, mais elle ne pouvait pas partir sans le lui dire.

Maman va rentrer … Elle est fatiguée.
Sa voix s'étrangla
Je t'aime, mon ange ….
Le temps d'articuler quelques mots de tendresse de plus, et l'aventurier heureux repartit à ses jeux, la laissant combattre seule sa détresse.
Son regard triste effleura Sembre.

Répète le lui …
Son coeur se rétrécissait dans sa poitrine, coupant sa respiration et son ventre qui se tendait, pesait sur ses reins.
Elle ramassa ses chausses et s'y accrocha, les jointures des doigts blanchies.

Et si ... il change d'avis, la maison est sur le chemin du village, Sien veille sur l'allée. Tu trouveras.
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Dioscoride.
A croire que Dioscoride s'était égaré en chemin, que la plage n'était pas si rectiligne qu'il n'y paraissait ou qu'il avait gardé ses bottes (ce qui n'était pas le cas) alourdies par le sable qui s'immisçait entre les maudit lacets, mais il arriva enfin à proximité de la joyeuse troupe, qu'il n'avait quitté des yeux dans cette brume dansante d'eau salée caractéristique de l'océan. Deux silhouettes surtout retenaient son attention, plus que trois, la petite et celle dont le profil était aussi son œuvre (ou son méfait pensait-elle parfois en secret).

Plus surement, il avait laissé les retrouvailles se faire sans qu'une ombre plane, sans que Phonya ne s'occupe de lui, ni de savoir si l'enfant le reconnaitrait comme elle l'espérait. Il n'avait pas osé lui dire qu'il n'y avait aucune chance à cela, même si Léandre avait chevauché ses épaules dans leur progression vers le sud, même si le borgne l'avait langé, couché, avait soulagé ses dents naissantes, et il était peu probable que le petit cheval de bois ne soit pas égaré… Le temps de la chevalerie avait été trop court et on avait brisé leurs épées à Foix, renvoyant le borgne à la réalité.

Le visage rayé ne portait aucun sourire, seuls ses yeux brillaient de voir à mesure qu'il s'approchait…lentement…une mère, son épouse, son sang, heureuse de retrouver son enfant, et ce dernier, heureux de jouer avec elle.

Et pourtant arrivé si près d'eux, l'attitude de Phonya changeait…et Dioscoride, sentait sa poitrine se tordre à mesure qu'il gagnait sur elle. Les mots emportés par le vent lui échappaient, mais pas ses traits…pas cette mélancolie ...

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Sembreendevant...
Elle avait tourné les talons sur une vague excuse comme refusant de faire le moindre pas vers son fils et de prendre le temps d'apprivoiser l'enfant un peu surpris par les larmes et bousculé par le chien.

Léandre avait levé la main en signe d'au revoir mais une moue boudeuse était venue à son visage, voyant sa mère s'éloigner.

Sembre en serait resté interdit en des temps d'avant que la diplomatie et la politique ne lui apprennent, un tant soit peu à encaisser les coups du sort. Il n'essaya pas de rattraper la mère ni d'expliquer son geste.


Phonya, si tu ne vas pas vers lui comment veux-tu qu'il vienne ? Si tu ne joue pas avec lui comment veux tu qu'il rie ? Si tu ne l'écoutes pas, comment veux-tu qu'il te regarde ?

Elle ne se retourna pas ni ne ralentit dans sa marche, silhouette frêle et alourdie à la fois. Et toujours émouvante. Il lui cria cependant

Dans ces conditions nous serons là jusqu'après le 18 d'Août, si cette date t'évoque quelque chose.


Sembre avisa une grosse pierre la souleva et la projeta loin dans la mer en criant. Les éclaboussures et les gerbes d'écume firent rire Léandre. Il plongea à la suite du gros caillou ; le sel sur le visage viendrait de l'Océan.


Viens bonhomme, on va faire un château en sable, comme cette grande ville de Carcassonne qu'on a traversé sur Gabian et qui t'a tant fait impression. On jouera à la guerre. Puis je te raconterai des histoires, des histoires de gens qui s'aiment et qui jouent à la guerre. Et puis tu dormiras.*


* Evidemment inspiré de la chanson "le petit garçon" à écouter dans la version originale de Serge Reggiani.
Degessac
Degessac arriva sur la plage émerveillé par une telle magnificence. Que cet endroit est magnifique pensa t il. Il prit une profonde aspiration pour profiter des embruns poussés par le vent d'ouest et s'assit sur le sable.

Il se dit qu'il avait bien fait de venir s'installer à la Teste car les villageois bien qu'assez discrets étaient de charmante compagnie.

Mais alors qu'il regardait quelques mouettes passer, lui vint un sentiment profond de solitude et une tristesse qu'il n'avait jamais ressenti auparavant.

"Père ! Mère ! où êtes vous donc allés ? " l'orphelin de naissance ressentait quelque jalousie envers ceux qui avaient encore leurs parents mais c'était fait une raison. Cependant cette tranquillité qui régnait sur cette plage lui fit ressentir une tristesse comme jamais alors.

Mais il se dit qu'un jour lui aussi fonderait une famille et en prendrait grand soin.

Les minutes s'écoulèrent et il se mit en route pour rentrer dans son humble logis.

Il regarda une dernière fois cette plage fabuleuse et se dit que, malgré tout, il y reviendrait.
Phonya
Dioscoride approchait, tel un havre de paix, un port dans la tempête, ses pas la menaient vers l'homme rassurant. Elle alla à sa rencontre, l'échine hérissée de frissons. Sa main se posa sur la joue rayée un instant, ses yeux quérirent l'Unique pour y puiser le courage qui l'avait fuie.
En elle, se livrait une bataille farouche entre la peur de revoir Léandre partir et celle de ne pas goûter à sa présence même furtive.
Elle savait que la folie née de la douleur emportait vers des extrêmes qu'elle avait approchés.
Ses lèvres se posèrent sur celles de Dioscoride d'un souffle, et elle lui confia ses chausses avant de faire demi-tour pour aller saisir Léandre dans ses bras.

Plutôt qu'un château de sable, et si tu essayais une tarte aux pommes ?
Je ne te raconterai pas la même histoire que ton père, mais des rêves, les miens, et toi mon ange, tu me parleras des tiens.
Je te raconterai ce que Girouette va nous offrir, et je te parlerai de celui ou celle qui sera de ton sang aussi.


Son regard chercha celui de Sembre, alors que Léandre s'installait contre elle, serrant ses bras autour de son cou. L'helvète frémissait au souffle enfantin.
Elle ne voulait plus de nouveaux drames, et s'il fallait encore un sacrifice, elle le reproduirait quoiqu'il lui en coûte.


Tu n'as qu'un mot à dire Sembre … Et Léandre te rejoindra.

Ses yeux brillaient, elle savait que Léandre ne décidait pas de tout, et que ce moment scellerait des avenirs.
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Sembreendevant...
Tu n'as qu'un mot à dire Sembre … Et Léandre te rejoindra.

Phonya était partie puis revenue vers leurs fils qu'elle avait repris dans ses bras, un peu brusquement, comme pour le soustraire à ses jeux de plage. Léandre tenait sa mère et regardait son père, ses yeux gris grand ouverts et cette mine sérieuse qu'il avait parfois lorsqu'il savourait ce qui lui procurait les plus grands plaisirs de son existence.

Sembre sourit à leur enfant et aussi à Phonya.


Phonya, Léandre, j'ai un mot à dire, en ce jour, 18 d'août, et ce mot est ... anniversaire. On pourrait d'ailleurs le compléter par joyeux ou heureux, qui sait ?

Sembre planta ses yeux dans ceux de Phonya ; profondément comme il avait toujours su faire pour capter toute son attention et perdit un instant son regard dans les yeux bleu gris de la jeune femme.

Après tout, tu as peut être oublié ce date, mais tu devrais te souvenir des circonstances ... hum ... particulières de la naissance de Léandre. Et si tu parles de tarte, peut être pourrais tu la porter. Ici ou en un autre lieu moins ouvert à une présence étrangère. Il y a au moins un petit gourmand avec nous.

Sembre sourit à Léandre et lui déposa un baiser bruyant sur la nuque, ce qui fit frissonner et rire le marmot.

Nous avons un grand fils aujourd'hui ...
Phonya
Bien sûr qu'elle se rappelait ...

Mais tout était haché, comme découpé par les instants où elle essayait de ne pas faire peur en criant.
Elle se souvenait de Sembre la portant jusqu'à chez eux, d'elle à quatre pattes quelques instants plus tard cherchant un caillou porte bonheur qui lui avait échappé pour rouler sous le lit. Et lui obeissant aux ordres qu'elle lui aboyait.
Elle se souvenait de son amie Tatoumi pâle comme la mort et qui avait tenté de garder contenance avant de sombrer dans une insconscience peut-être salutaire pour elle. Tatou ... à laquelle, Phonya avait demandé d'être cette seconde mère ... au cas où.
Elle se souvenait de Marlota, la matrone revêche, aristotélicienne acariâtre qui l'avait effrayée lui demandant de dénouer ses nattes et reclamer un verre d'alcool avant de pratiquer ... Et qui avait voulu faire baptiser l'enfant.
Elle se souvenait si bien des cris de Léandre et de ce moment où lavé et langé il avait rejoint ses bras et son sein, que les larmes coulaient doucement sur ses joues.
Elle se souvenait de l'abandon qui avait suivi, emportant tous les rêves et les désirs.

Elle se souvenait des premiers pas de Léandre à Foix, et la douleur était à chaque fois la même.

Sembre lui souriait et la Genevoise était perdue, accrochée à son petit garçon, lui murmurant tous les souhaits qu'elle pouvait.
Un endroit ... moins ouvert ?


La taverne de Dioscoride .... Elle est en ville.
Il faut un peu chercher, mais ... Elle est accueillante.


Elle déposa Léandre au sol, et s'agenouilla devant lui, gravant dans sa mémoire les yeux lumineux et presque jumeaux aux siens. Un sourire tendre ornait ses lèvres quand elle lui répéta:
De la tarte aux pommes, avec de la crème !
Je t'y attends mon ange.


Un baiser léger sur une joue fraiche et déjà il partait, se préoccupant plus des mouettes et des vagues qui déferlaient que de sa mère.
Elle se releva lentement, une main sous le ventre qui faisait plus qu'arrondir sa silhouette, pour croiser encore les yeux de Sembre.
Comme une étincelle, elle aurait voulu qu'il la prenne dans ses bras, qu'il la rassure, qu'il lui dise que Léandre serait encore son fils, qu'elle n'avait pas espéré pour rien.
Mais elle ne voulait plus souffrir encore.


Elle est délicieuse ... Je vous y attendrai.

Phonya contempla un instant encore celui qu'elle avait eu l'habitude d'appeler son Soleil, et lui sourit en baissant légèrement les yeux sur son ventre.

Il faut que je rentre, la tisane a des effets ...qui peuvent être précipités!
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Sembreendevant...
Tel un voile qui se déchire, des regards profonds d’une paire d’yeux bleus-gris, et Phonya, telle qu’il l’avait connue de Montauban, Villefranche, Genève ou Chambéry, fut à nouveau là. Dans son regard, comme un fond de détresse et de fuite devant la possibilité du bonheur, une flamme pas éteinte … fugace et rebelle comme l’espoir.

Ce ne fut qu’un instant, le temps d’esquisser un geste de tendresse appelée et de le réprimer, le temps que se dessinent deux sourires. Un simple instant avant qu’un brouillard vienne éteindre le clair des yeux et qu’une moue venue aux lèvres de Phonya vienne cacher le sourire aux yeux du Genevois.

Sembre, savait en ce moment d’anniversaire de leur fils que Phonya évoquait en elle-même le moment de la naissance. Il s’en ressouvenait pour lui même de ce long jour où il avait accompagné Phonya et aidé, autant qu’il le pouvait, à la délivrance de Léandre. Il se souvenait des mots murmurés à l’oreille de la parturiente, de l’apaisement qu’il tentait d’apporter aux craintes de son épouse et future mère, cachant ainsi ses propres angoisses, il avait en mémoire sa main saisie et mordue dans le gras, portant encore, la légère cicatrice, laissée par les fines dents de Phonya. Et cet instant où il alternait un regard tendre et amoureux sur Pho et des yeux durs de menace sur l’accoucheuse papiste, la main sur le couteau prêt à occire celle-ci au moindre mauvais geste … puis le soulagement, l’enfant apparu, le premier cri après la première tape sur les fesses, le cordon coupé et posé, encore mal lavé du sang de la naissance, sur le sein maternel et le sourire épuisé et heureux de Phonya, tenant contre elle, un Léandre déjà gourmand. Un sourire suivi d’un baiser passionné à l’homme de sa vie disait elle en ce temps ... et ce qui s'ensuivit des jours de silence, de batailles, de tendres réconciliations, de fuite


La taverne de Dioscoride .... Elle est en ville …. De la tarte aux pommes, avec de la crème … Je vous y attendrai …

Les phrases de Phonya parvenaient comme brouillées aux oreilles de son époux, rêveur et distrait, absorbé par le jeu de Léandre et de sa mère. Le fils l’avait retrouvée et, une fois ceci fait et acquis pour lui, vaquait derechef à ses affaires tentant à présent de poursuivre les mouettes en criant. Les grands oiseaux de mer regardaient cet intrus, haut comme trois pomme,. Conscientes que la menace n'était guère importante, elles s'éloignaient en marchant sur le sable sans prendre même la peine de s'envoler.

Hmmmm Pho ? L'attention vagabonde de Sembre revient sur la plage de La Teste.Oui, nous viendrons avec joie même si cette taverne où tu es employée n’est pas un lieu tellement à l’abri que cela d’une présence indésirable. Mais pour de la tarte aux pommes que ne ferait on pas, surtout le jeune messire qui prend soudain grand âge tant il arbore fièrement barbe et moustache blanches de crème ?

Nous y viendrons alors. J’aurais pour l’occasion, ce vêtement si huguenot que je me suis confectionné pour représenter Genève aux funérailles de la Reine Béatrice. Il tranche avec les bocards et les ornements portés par les femmes et hommes de Cour. Le noir y domine et le pourpoint se termine par un col rabattu fermé par la croix réformée d’argent pur. Je remplacerai seulement le ruban violet, couleur deuil royal, noué autour du col pour la cérémonie funèbre par un autre, couleur de soleil. C’est affaire de goût mais aussi d’élégance qui ne peut être que sobriété, épure et évidence bien loin de ces vêtements surchargés d’ornements et qui, au fond ne traduisent qu’une volonté de parade, voire d’exhibition, autrement dit la réunion du vulgaire et du dérisoire. Toi qui portes des robes, devrait te méfier du mauvais goût, le ridicule n’est jamais loin. Ta beauté n'est pas mise en valeur par cette sorte de toilette ... un simple tissu de lumière et des formes fluides prolongeant ton éclat ...



Il faut que je rentre, la tisane a des effets ...qui peuvent être précipités!
Et elle part plus souriante qu'elle n'est venue, regardée par le père et le fils qui finit par murmurer de sa petite voix hésitante.

Maman ... grosse ... ?


Provoquant un Tssss ... mi-grondeur mi-amusé, chez son père.
Phonya
Phonya entendit les derniers mots de Sembre en s'éloignant et ne pût s'empêcher de se retourner.

Attention Sembre ...
La sobriété ostentatoire devient rigide!
Un ruban , et le monde est plus gai.
Et puis, tu me connais !

Quelques pas plus légers, à peine ralentis par le sable et elle posait sa main dans celle de Dioscoride, le sourire aux lèvres, pour l'attirer chez eux et cuisiner la meilleure tarte aux pommes de Guyenne et d'Helvétie réunies.
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