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Une naissance attendue...

Viken
Viken entra dans le bâtiment sombre, cherchant à acclimater son regard à la pénombre de l'endroit. De la poussière voletait dans tous les sens et il ne distinguait pas grand chose. Venant de derrière la charrette, il entendit soudain la voix de Missanges lui répondre et aussitôt se dirigea vers elle le coeur battant.

Elle était là, adossée au mur crasseux de la masure, recroquevillée sur elle même comme une enfant abandonnée. Elle semblait si fragile et démunie. Il s'approcha doucement et la prit dans ses bras le plus tendrement du monde, la couvrant de petits baisers. Il prit son visage entre ses mains, la regardant avec amour. Il avait eu si peur de la perdre que quelques larmes lui montèrent aux yeux.
Leurs regards se croisèrent et elle lui dit d'une toute petite voix.

Chéri le bébé arrive.

Viken l'embrassa à nouveau, la serrant contre lui. Pas besoin de mots, elle pouvait lire dans ses yeux toute l'émotion qui le submergeait sur l'instant.
Il sentait malgré le sourire qui illuminait son visage, qu'elle était épuisée par toutes ces épreuves. La fatigue, l'angoisse et la solitude avait eu raison de son dynamisme habituel.
Il fallait désormais qu'il s'occupe de sa petite femme pour que tout se passe au mieux étant donné la situation.

Derrière eux, les mamettes débarquèrent dans une cacophonie qu'ils auraient reconnu entre mille. Viken était malgré tout soulagé de les savoir à leurs côtés. C'est qu'elles en avaient vues d'autres à elles trois, ces inégalables petites vieilles. Leur expérience serait d'un précieux secours même s'il savait qu'elles allaient lui mener la vie dure.

Il releva Miss, et s'écarta un petit moment avant de se faire piétiner par les mamettes qui voulaient absolument voir comment se portait la petite.
Et que je t'examine, et que je te palpe, et que je tâte les joues, le nez et j'en passe. L'interrogatoire était lancé, en même temps que l'oscultation, à grand renfort de "ma doué" et de regards noirs en sa direction.

Il ne pouvait pas s'empêcher de sourire cependant, de les voir ainsi. Ils s'étaient retrouvés, enfin, et après bien des péripéties, l'accouchement allait désormais pouvoir commencer.

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Missanges
Ce fut des retrouvailles plus que joyeuses. Serrée dans les bras de mon mari, je narrai ma triste aventure. Les visages des trois ancêtres de Kastell prirent des mines horrifiées lorsque je décrivis les crocs du loup. Elles émirent en même temps, dans un long souffle un Oooohh de frisson comme si elles avaient répété maintes fois cette mimique.

Un silence s’établit. Le flot d’émotion étant passé, il fallait prendre une décision. Une nouvelle douleur me fit émettre un léger cri. Aussitôt ce fut un brouhaha. Les Mamettes se donnèrent des ordres, essayant de s’attribuer des tâches afin de se rendre utiles. Elles coururent dans tous les sens allant de la charrette à la pièce ne sachant où poser les affaires.
C’est à ce moment là, les bras chargés, qu’elles découvrirent la pièce.

-Ma doué ! Comment faire pour mettre au monde ce bébé dans un pareil vide !

Lentement, je les dévisageais tour à tour, une par une. Tournant mon visage vers mon mari

-Chéri, un tonneau sur les deux ici présents est vide, coupe le en deux dans le sens de la longueur et rempli-le de prune.
Je vais accoucher dedans !


A peine avais –je fini ma phrase que la voix de Mahestine retentit, je ne sus à ce moment là si de mon ventre ou de mes tempes lequel me fit le plus mal !

-Dans un tonneau de prune ! Ma Doué, elle est devenue folle !
-C’est pas possible ça, Miss ! Il va mourir noyer cet enfant.
-Miss, la peur t’as fait perdre la raison ! Viken dite quelque chose, faite quelque chose.

Et ce fut les grandes explications sur les naissances auxquelles elles avaient participé.
Sur toutes les naissances qu’elles avaient sauvé, sur le voyage qu’elles venaient de parcourir pour entendre ça !
Dans un tonneau de prune !

Je restai là, à les regarder comme une spectatrice qui assiste à une scène de théâtre. Les regardant s’échanger des regards inquiets, me dévisageant afin de savoir si le choc subit ne m’avait pas rendue folle. Elles tournaient en rond lançant une parole à mon encontre puis à l’encontre de mon mari. Mahestine, un bras levé, marmonnait entre ses lèvres fendant de ses doigts et de sa longue coiffe, l’air autour d’elle.

- Bon, je consens à couper la prune avec de l’eau, si cela doit vous faire plaisir et surtout baissez d’un ton !
Je ne sus pourquoi, le volume augmenta…S’ intensifia.

Viken me regarda longuement, il savait que jamais je ne mettrai notre enfant en danger et dans un regard complice assaillit par les voix des Mamettes il sortit préparer la cuve improvisée pour la naissance.

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Viken
Il fallait passer à l'acte sans tarder, l'accouchement approchait à grands pas et rien n'était prêt. Viken enleva son mantel et retroussa ses manches, afin de reculer la charrette au dehors, loin de toute cette poussière.
Non loin de là, la discussion allait bon train entre les mamettes et sa petite femme au sujet de la prune dans laquelle Missanges voulait accoucher.
Tout en se mettant à l'ouvrage, il écoutait en souriant. Au moins, cela dédramatisait un peu la situation, mais il fallait tout de même avancer.
Il trouva ce qu'il cherchait au fond de la pièce en constatant avec soulagement que la grande cheminée de pierre était intacte. Il entreprit d'allumer un bon feu avec quelques morceaux de bois abandonnés ici et là. Plus tard, il se mettrait en quête de trouver de quoi l'alimenter plus longtemps.
Puis il prit l'un des plus grands chaudrons des mamettes à l'arrière de leur charrette et alla le remplir d'eau au puit avant de le disposer au dessus des flammes. Il laissa le soin aux vieilles femmes de s'occuper des linges et autres potions qu'elles avaient à coup sûr apportées.

Viken se mit donc au travail, découpant tant bien que mal l'un des tonneaux en deux comme le lui avait demandé Miss. Il en lima les bords au mieux afin de ne pas laisser apparent le moindre aspect tranchant et consolida les attaches afin que le tonneau ne puisse plus bouger.
Sa tendre épouse lui avait demandé de remplir le tonneau d'eau de vie de prune et de la couper avec un peu d'eau. C'est qu'elle y tenait à accoucher dans sa chère Prunàvampi, au risque de faire hurler les mamettes comme si elles avaient entrevu le diable.
Mais il se contenta de faire l'inverse. Bien sûr, lui savait bien qu'il n'en serait pas ainsi, ils n'allaient pas noyer leur enfant à peine dans l'alcool, même d'excellente qualité. Il déversa donc au fond du baquet improvisé un bon seau de prune. Mélangée à l'eau qui chauffait au beau milieu de l'âtre, elle parfumerait de son odeur les vapeurs du bain sans être nocive pour la mère et le bébé.
Sitôt terminé, il manoeuvra la charrette afin de la placer non loin de celle des mamettes sous un grand chêne des plus majestueux. Cela serait plus pratique pour approvisionner en savons, potions, lotions, pommades, crèmes et onguents en tous genres.

Satisfait de son travail, il en profita pour se servir un verre au passage avant d'aller les retrouver. Mahestine, les mains sur les hanches, ne semblait pas vouloir en démordre face à une Missanges qui lui souriait malgré la douleur qui devait la tenailler. Il se posa là ... imitant la posture de l'ainée des petites vieilles et lança.


Quand vous aurez fini de vous chamailler, on pourra peut être se préparer. Aidez donc Missanges à se relever pendant que j'apporte l'eau.

Joignant le geste à la parole, Viken alla chercher le chaudron dans l'âtre et le déversa dans le tonneau coupé. Une sublime odeur de prune se dégagea alentour. Quelle merveilleuse idée c'était finalement.
Il remit de l'eau à chauffer et s'empressa d'aller rejoindre enfin sa petite femme et la prendre dans ses bras.

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Missanges
La cuve était là !
Emménagée derrière la charrette des mamettes, sous un grand chêne. Un léger vent en faisait bruisser les feuilles.
Une odeur de prunàvampi emplit mes narines. On eut dit une décoction de feuilles de prunes ayant macérée pendant des jours entiers. Viken contempla le remue-ménage des trois ancêtres sortant draps, serviettes et toute une série d’ustensiles datant sûrement de la première guerre.

Dans toute cette effervescence, il essayait de se faire discret, évitant de se faire piétiner. Assise au fond du tonneau, je lui tendis la main. Mahestine roula des yeux noirs incendiaires.

-Ah ! Non, c’est pas la place d’un homme lorsqu’une femme accouche ! Qu’il aille faire les cent pas ailleurs !

Mon regard plongea dans celui de mon mari et mes doigts se resserrèrent sur les siens.

-Grand Aristote ! C’est pas du possible cela !!

Soizig se tenait droite, un carré de tissu épais proprement plié dans les bras. Ambroisine à ses côtés tenait un gros pain de savon prêt à laver le bébé à sa naissance.
Habitude lorsque tu nous tiens !
Je souris de les voir faire, puis mes doigts se crispèrent sur ceux de mon mari…

Les voix se turent un moment puis Mahestine rompit le silence. Elle raconta comment elle avait un jour accouchée sa voisine et toutes les trois se mirent à jacasser tranquillement comme si je n’existais plus.
Mon regard allait de l’une à l’autre, je n’en avais rien à faire de la voisine !
Les mains de mon mari massant mes épaules me rassurèrent. Mon esprit se concentra sur ma respiration afin d’atténuer les douleurs lancinantes. Soudain Mahestine immergea ses mains au plus profond du tonneau.

-Ben, C’est d’un commode cela ! Un accouchement pareil, on se croirait au lavoir tiens ! Je te jure !
-Ne jure pas Mahestine c’est ..
Je n’eus pas le temps de finir ma phrase. De mon ventre, je sentis un poids s’échapper, puis ce fut l’expulsion.

Une petite forme apparue sembla nager au fond du tonneau, goûtant de ses pores la célèbre prune de vampirelo. Mahestine en pôle position semblant être devant les cages, semblant disputer le plus intense match de Soule de sa vie, saisit l’enfant et le leva dans les airs comme un trophée.

-C’est une fille !

Je détaillais chacun de ses petits membres m’assurant que rien ne manquait, goûtant ce moment magique. Elle était bleue ! Puis sa peau devint rose subitement. Ses yeux s’ouvrirent sur les miens. Quatre mains s’avancèrent vers elle. Les miennes, celles de Viken. Mahestine tendit l’enfant vers son père lui souriant heureuse, maintenue par les doigts de son père, son corps vint toucher le mien.
Le temps s’arrêta !

Mahestine s’avança pinça le cordon ombilical telle une professionnelle et tendit les ciseaux à Viken.

-Bande de couple moderne à demi-fêlé, à vous l’honneur..

Soizig enveloppa l’enfant sous le regard d’Ambroisine tripotant son savon de ses mains, puis le tendit au nouveau papa.
Une nouvelle vie qui commence, une vie à trois…


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Viken
Le moment tant attendu était venu. La main dans celle de sa tendre épouse, Viken la sentait lui presser les phalanges à chacune des contractions. Il ne pouvait qu’assister à l’accouchement sans rien dire, aidant juste Missanges du regard lorsqu’elle cherchait le sien. Mahestine ne lui avait d’ailleurs pas laisser le choix, le repoussant au rôle de spectateur, ce qui était déjà pour elle, un énorme effort.

Que le mari assiste à l’accouchement était complètement inconcevable, mais avec ces deux là, elle avait du céder à contre cœur.
Elle savait bien qu’une fois de plus, ils n’en feraient qu’à leurs têtes.
D’un sourire bienveillant, Viken encourageait sa petite femme, alors même que la douleur la faisait grimacer un peu plus chaque fois qu’elle devait pousser. Mahestine, concentrée, attendait l’enfant les mains plongées au fond du tonneau. Malgré la contrariété de ces méthodes pour le moins inhabituelles, elle était à son affaire et n‘aurait laissé sa place à personne d’autre, pas même à Soisig ou Ambroisine.
Elle et elle seule pouvait accoucher la petite, sa petite, celle qu’elle avait toujours considérée comme sa fille. Et elle fut comblée lorsque Miss, après maints efforts, délivra leur enfant.

Tenant le bébé à bout de bras, elle déclara presque fièrement.


C’est une fille !

Troublé, Viken regardait leur enfant sans trop oser y toucher. Il n’eut pas trop le choix lorsque Soisig lui colla dans les bras avec toute l'’autorité dont elle était capable.
Il était ému au plus haut point. Viken tenait désormais entre ses mains lui fruit de leur passion, symbole d'un amour sans faille et chaque jour plus intense. Il n'oublierait pas cet instant magique, le gravant à jamais au plus profond de sa mémoire.
Il posa la petite sur le ventre de Missanges, son regard allait de la maman au bébé alors que l’émotion le gagnait définitivement. Laissant venir sans honte les larmes qui lui montaient aux yeux, il céda bien volontiers à ce trop plein de joie qui le submergeait.
Heureux comme jamais, comblé par tant d’amour et de bonheur, il embrassa tendrement Missanges en lui murmurant.


Regarde comme elle est belle mon ange, notre petite Naelig.

Un avenir nouveau s'ouvrait désormais devant eux. Une nouvelle vie qui commence, une vie à trois ...
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