Belialith
Le bout de la plume tournant sur elle-même au bord de ses lèvres, la jeune Duchesse de l'Alençon se creusait la tête pour trouver une idée de commencement à sa lettre, les brouillons éparpillés sur le bureau et le sol l'avait contrainte à s'exiler sur le rebord de la fenêtre pour pouvoir écrire. Un support sur ses genoux, un énième parchemin par dessus, l'encrier coincé entre ses cuisses au risque de tâcher ses braies.
La Blonde poussa un long soupir avant de reprendre encore une fois le début de sa lettre, son estomac criait famine, des heures qu'elle était enfermée dans ce bureau avec cette impossible tâche à accomplir : Demander de l'aide à un tiers. Quittant le vélin des yeux, elle se perdit quelques instants dans la contemplation de la Caserne où les soldats s'agglutinaient, comme elle aurait voulu les rejoindre à cet instant au lieu d'écrire cette maudite lettre. Replongeant dans ses écrits, la jeune femme laissa la plume manquer de se noyer dans le liquide bleuâtre avant de commencer à arracher des plaintes au parchemin.
La Blonde poussa un long soupir avant de reprendre encore une fois le début de sa lettre, son estomac criait famine, des heures qu'elle était enfermée dans ce bureau avec cette impossible tâche à accomplir : Demander de l'aide à un tiers. Quittant le vélin des yeux, elle se perdit quelques instants dans la contemplation de la Caserne où les soldats s'agglutinaient, comme elle aurait voulu les rejoindre à cet instant au lieu d'écrire cette maudite lettre. Replongeant dans ses écrits, la jeune femme laissa la plume manquer de se noyer dans le liquide bleuâtre avant de commencer à arracher des plaintes au parchemin.
Citation:
Chère Vicomtesse,
quand le pigeon vous trouvera vous serez déjà en route pour la Champagne. Il est vrai que cette missive venant d'une personne que vous n'avez croisé qu'une fois peut paraître étrange d'autant plus quand vous en aurez lu le contenu.
quand le pigeon vous trouvera vous serez déjà en route pour la Champagne. Il est vrai que cette missive venant d'une personne que vous n'avez croisé qu'une fois peut paraître étrange d'autant plus quand vous en aurez lu le contenu.
J'vais encore passer pour une folle soupira la Blonde avant de reprendre
Citation:
Car Vicomtesse, en vérité, j'ai besoin de votre aide au plus haut point si tant est que vous puissiez me l'apporter. Voyez-vous, en allant à Paris lors de ma Régence, je me suis rendue compte d'une chose qui m'irrite au plus haut point, je ne sais comment aborder ces détails si futiles quand on sait que l'Alençon repose sur mes épaules et celles de mon Conseil. Jurez Vicomtesse de ne répèter à quiconque les mots qui vont suivre, car oui, alors que mes 18 printemps ont décidé de se jouer de moi et de faire de moi une femme et une Duchesse, je crois bien en vérité que je ne suis prête ni à l'un, ni à l'autre.
Le bout de la plume à moitié dans la bouche, la Blonde s'interrogea quelques secondes, qu'allait penser la Vicomtesse, une faible et un garçon manqué. Faible, elle ne l'était pas, il faudrait détailler ce point. Elle recommença à scarifier la feuille devant ses yeux.
Citation:
Comprenez là que ce n'est pas tant la tâche qui me fait peur mais plutôt l'aspect social. En effet, après avoir cotoyé certaines personnes, l'évidence m'a frappée, aucune notion de diplomatie, moitié moins de savoir-vivre, je me sens tellement à l'écart sans l'être vraiment par ce manquement, je ne saurais comment expliquer si ce n'est qu'en m'expliquant plus longuement, j'ai été Soldat avant de me lancer dans la politique, je n'ai pas été préparé à plonger dans ce monde. Je n'en connais pas les us et coutumes, le moindre mot, le moindre geste et je sens guetter le faux pas qui n'attend que le bon moment pour se glisser et tout faire basculer dans une catastrophe dont je me sens capable à tout moment.
Ouais, ça c'est bien .. Y a pas à dire, ça reflète parfaitement la situation, maugréa-t-elle, la suite maintenant.. Soupir avant de continuer.
Citation:
S'il n'y avait que ça me direz vous.. Mais il n'y a pas que ça.. Je n'ose tellement cela peut paraître ridicule, oui vraiment ridicule, imaginez vous plutôt me voici assise sur mon rebord de fenêtre les doigts tâchés d'encre, en braies et chemise et coiffée .. si tant est qu'on peut dire qu'une chevelure démêlée est une chevelure coiffée. Je ne suis pas ce qu'on appelle à juste titre, une jeune femme bien comme il faut, et pourtant la nature ne m'a pas oubliée. Il semblerait, non, il est clair que je suis une femme mais comprenez que je n'ai jamais su tirer profit de cette caractéristique qu'on a bien voulu me faire cadeau dès la naissance.
Mordillement de la lèvre, regard pénible aux soldats dehors rentrant dans leurs garnisons respectives. Plus que la conclusion, la requête..
Citation:
Aussi quand je vous ai vu à ce pique-nique, si rayonnante en dépit de la tenue portée pour le deuil royal, je n'ai eu de cesse que de me demander si vous n'étiez pas la plus à même à me .. m'apprendre les rudiments des civilités et des usages en société. Je sais que cette requête peut paraître osée, aussi je m'en excuse éperdument avant même d'oser aller plus loin. Vous êtes mon seul recours en la matière, Vicomtesse, je ne supporte plus d'avoir honte d'entrer dans les salons parisiens parce que la Blonde de l'Alençon n'y fait pas honneur à son Duché en se comportant et s'habillant comme un soudard.
Re-lecture rapide, maintenant les politesses d'usage, et il n'y aurait plus qu'à l'envoyer et attendre ..
Citation:
Dans l'attente de votre réponse qu'elle soit ou non favorable, veuillez accepter Vicomtesse, l'expression de mes salutations les plus sincères et mes souhaits de bonne route vers la Champagne.
Faict en le Château d'Alençon le 5 Avril de l'an de grâsce MCDLVII.
Bélialith Ypriex, Duchesse de l'Alençon
Faict en le Château d'Alençon le 5 Avril de l'an de grâsce MCDLVII.
Bélialith Ypriex, Duchesse de l'Alençon
La Blonde souffla doucement sur l'encre, elle n'osa pas apposer le Sceau Ducal, l'affaire n'en méritait pas tant. Elle manqua tomber et renversa de l'encre sur ses braies en attrapant la clochette sur son bureau, un serviteur arriva à point nommé pour empêcher l'encrier de tomber pour de bon au sol. Vérifiant que le vélin n'avait été tâché la jeune femme le confia à l'homme après l'avoir refermé et scellé au plus simple.
Nul doute que l'encre avait tâché définitivement ses braies, mais tout à la contemplation du ciel alençonnais où déjà un pigeon chargé d'une missive s'en allait vers les routes, la Blonde n'en avait cure.
_________________
¸.'´¯)(´¨`..¤En deuil de celui qui lui aura appris .. Adieu l'Renard ....¤..´¨`)(¯`'.¸