Labaronne
Lyon ! Lyon ! une petite pause. A peine arrivée et c'est déjà la panique.
Tout d'abord il faut payer ...
- 'M'daaaame, c'est un écu le passage pour la ville !
- Eh ben ! vous vous gênez pas vous !!
- C'est qu'ici m'daaaame c'est LA capitaaaaale !
- Ah mais j'm'en fou moi ! Capitale, pas capitale ... ça change rien au fait que je veux passer par là pour aller où je dois aller. C'est du racket vot'truc. Capitale ! qu'est ce qu'elle a de plus que les autres villes vot' capitale ? Elle est habitée par les nobliaux ? l'argent que j'dois vous donner, c'est pour les engraisser ?
- Faites pas d'histoire m'daaaaame, sinon aux geoles !!
- J'vais vous le donner votre écu, voleur, mais ça m'empêchera d'avoir les nerfs en pelote. Z'êtes pires que des brigands, parce que vous faites du racket légal.
- Beuuuuuh
- Ouais parfaitement !!! j'ai raison, j'ai toujours raison d'ailleurs !! c'est les nobles et l'église qui organisent ça !! de la racaille j'vous dis !!! et j'le pense !!!
Labaronne donne son écu, et passe la porte. Et là, un pigeon gras, soyeux, bien nourri, des plumes impeccables, il sent la rose et la poudre.
- Beurk, c'est quoi ce truc ? Même à bouffer j'en voudrai pas.
Elle saisit le message :
Citation:Bonsoir Dame Labaronne,
Vous êtes actuellement en territoire du Lyonnais-Dauphiné et compte tenu des troubles actuels, l'état de siège vient d'être déclaré par sa Grasce Thiberina Baccard actuel Duc du Lyonnais-Dauphiné dont vous trouverez l'annonce en gargote dauphinoise.
N'étant point citoyen du Lyonnais-Dauphiné, vous êtes prié de quitter le duché.
Puisque vous vous trouvez actuellement à Vienne, vous aurez pour se faire 3 jours.
Je vous informe également que pendant l'Etat de Siège il est formellement interdit de voyager en lance ou groupe armée. Merci de dissoudre votre lance, ou votre groupe armée.
Cependant je suis certaine que vous comprenez la situation et sachez que vous serez le bienvenu dans notre duché lorsque la situation sera meilleure.
Dans le cas contraire je me vois obligée de vous signaler que vous risquez des poursuites pour trouble à l'ordre publique devant la cour de justice dauphinoise mais je suis certaine que nous n'en arriverons pas là et que vous serez des plus compréhensifs.
Je tiens à vous rappeler aussi qu'il vous est interdit de vous établir en Dauphiné sans autorisation préalable du prévôt des maréchaux, dans le cas contraire, vous risqueriez des poursuites pour troubles à l'ordre publique.
En espérant que vous ferez preuve de compréhension,
Manga, Garde Maréchal de Vienne, le 12 Septembre 1459
Elle lit, hausse par moment un sourcil, fait la moue, grimace, sourit parfois ... et finalement déchire la lettre en marmonant.
J'fais c'que j'veux. Et en plus j'ai payé pour être là, donc je reste. Et s'ils me foutent en taule, pas grave, comme ça je resterai encore plus longtemps. Elle jette en l'air les morceaux de papier, et les regarde retomber.
Tiens ! vent d'Est ... ça sent la pluie. Un sourire satisfait à ses lèvres, Labaronne se retourne à la recherche de ses camarades. Il en manque un. Le prophète, manque à l'appel de son regard. Elle le cherche, ses yeux s'ouvrent tout à fait, où a-t-il bien pu passer ? Avec qui ? Ahl ? t'as pas vu Six ? Bruno ? t'as pas vu Six ? ... il est où ? SIIIIIIIIX !! Rien. Labaronne se dirige vers le campement de fortune qu'ils installent non loin du centre de la capitale, espérant le retour rapide de son prophète. Le vent étant à l'Est, sans lui, elle risquait d'avoir froid.
Au matin, il n'était toujours pas là._________________
Tony.truand
Tout comme de nombreux villageois, Tony s'était avancé pour écouter et voir ce qu'on lui présentait.
Il n'avait jamais vraiment pensé par lui-même... Ses parents l'avaient fait pour lui, des années durant. Mais tout cela avait changé ces dernières semaines. Alors qu'il était parti de la ferme, pour venir en ville. Les décisions lui incombaient maintenant.
Il écouta avec intérêt ce qu'on leur présenta. Il fut surpris, comprenant en partie ce que l'homme disait, puis il écouta ensuite le curé qui avait lui aussi son mot à dire.
Sans attendre la réponse, il tourna les talons, se creusa un passage pour sortir de la foule.
D'un côté, on voulait lui dire quoi penser... de l'autre aussi... Tout ça n'avait donc pas sa place dans la vie actuelle et future de Tony.
Libre... libre jusqu'à la moelle qu'il était maintenant.
Il sourit et s'en alla, humant l'air frais de l'automne qui approchait.
--Le_passant
Un passant, entendant la propagande grotesque, avait vu au loin un homme menaçant un curé avec son épée. Il courut jusqu'à l'endroit où se passait la scène. Entre les joutes verbales contradictoires avec ce que les membres de la réforme prétendaient vouloir, entre liberté annoncée et pourtant menaces faites dont il n'avait pas perdu un instant, le passant osa :
Ah la réforme!
Vous qui semblez en être le porte parole, entendez ces mots :
Alors que vous vous proclamez vous même prophète et que vous dénoncez les fondements aristotéliciens, vous agissez vous même en dictateur en cherchant à imposer votre doctrine aux autres. Certains ont donc même droit au fer et au feu, selon les villages que vous traversez. Preuve en est : vous osez mettre votre épée sous la gorge d'un croyant. Ce programme de destruction auquel vous vous adonnez est l'un des complots vicieux des brigands, qui derrière un visage prêchant la bonne parole, se réfugiant derrière l'image de la religion, sous couvert d'être soit disant défenseur des libertés et de la vraie foi, cache le sombre profil d'un groupe armé cruel, hypocrite et sans aucune pitié pour ceux que vous décrétez opposants à vos idées.
Vous en avez fait la preuve ici même!
Vous croyez tromper qui avec votre propagande?
La réforme, un endroit où l'amour règne? Pourtant vous arrivez avec vos armes, menaçant tout le monde, souhaitant que les ténèbres s'abattent sur tout le Royaume. Quand il y a une telle contradiction entre les mots et votre action, est ce là un comportement prêtant à la confiance? J'en doute!
Rangez vos armes, cessez votre contradiction entre ce que vous montrez et ce que vous faites, et peut être vos mots auront plus de crédibilité! En attendant, je ne crois à aucune de vos belles paroles vantant la liberté et l'amour. Jusqu'à présent, vous avez fait tout le contraire de l'amour!