Karyaan
Qui dit RP Fermé, dit bien entendu que votre marionnette NE PEUT PAS savoir ce qu'il s'y est passé.
Sauf si vous m'envoyez un PM, à ce moment, là, on peut voir ensemble. Merci de respecter cela.
Sauf si vous m'envoyez un PM, à ce moment, là, on peut voir ensemble. Merci de respecter cela.
Et la porte se ferme, laissant les choses en silence, en suspend.
Seule fermant les yeux, elle s'accole contre son bureau, portant sa main à son visage, le massant lentement. Paupières, tempes, front, puis sa main glisse dans sa nuque dans un long et profond soupire.
Ses yeux de brume se posent de nouveau sur la porte close et immobile.
Et la chaleur qui étreignait son ventre quelques minutes auparavant se mue en froid glacial. Cette chaleur au creux de ses bras, envahie par son odeur.
Il a refermé la porte. Le vide reprend ses droits.
Un voile noir passe sur son visage qui se crispe dans une douleur sourde et imperceptible. Elle le sent ce serpent qui danse en elle, qui reprend vie. Ce serpent décadent qui appel à la rage et à la haine. Et le vide devient étouffant. Gouffre vertigineux où tout devient nébuleux. Elle est rien et ne sera jamais. Flottant entre deux univers où elle ne se retrouve pas.
Elle a mal de ne pas être comme eux. Elle envie cette simplicité, ce bonheur facile qui les étreints dès qui les frôle. Elle n'existe plus. Depuis qu'il a reprit avec lui la seule chose qu'elle avait osé donné.
Dans son esprit, perdant doucement pieds, un visage s'impose. Ses poings se serrent, grimaçant légèrement, luttant pour s'en défaire. Le silence devient oppressant, la solitude trop pesante. Elle doit penser à autre chose, elle doit occuper son esprit, elle doit ne plus rien savoir, plus rien comprendre. Elle doit s'oublier.
A Léard elle avait quelque chose pour ça. Évacuer tout ça. Pour avoir l'impression d'être, pour se sentir en vie. Elle qui se sentait si vide, si loin de tout.
Se redressant, elle empoigna sa lourde cape qui tomba sur ses épaules, capuche qui glissa sur son visage. Elle sortit, marchant à vive allure. Il est tard, bien trop tard pour qu'elle croise quiconque et quand bien même. Elle n'avait aucun compte à rendre là. Et valait mieux pas qu'on lui en demande.
Elle est entrée en mode autodestruction...
Les nuages imposent une nuit sans lune, sombre et froide. Elle glisse le long des ruelles, marchant d'un pas déterminée, se dirigeant vers la sortie Ouest de la ville, rejoindre Léard. Même si le domaine était vide depuis des mois à présent.
Elle fit cependant un détour. Quelques minutes à peine. Son allure ralentie aux abords d'une maison modeste, s'arrêtant dans la pénombre d'un haut mur. Ses yeux de pluie rivés sur la lumière des écuries. Elle s'avança lentement et s'arrêta à l'embrasure de la porte. Silhouette étrange d'un être sortie de nul part en plein milieu de la nuit.
Elle ne sait pas combien de temps elle resta là. Regardant l'homme qui travaillait à cirer les cuirs. Elle savait qu'il serait là. Il a toujours aimé travaillé tard, même quand il était employé à Léard. Seul, il y trouvait sans doute cet espace de sérénité qu'il est difficile d'avoir quand on vit en communauté.
Il se leva alors pour reposer le bridon dont il s'occupait. C'est alors que son regard se posa sur la silhouette debout au seuil de la pièce. Immobile, autant l'un que l'autre, le silence s'imposa. Nul besoin de mot, ni même un regard échangé. L'ombre recula et disparu dans la nuit et les ruelles entrelacées.
Elle reprit son pas rapide, sortant des remparts de la ville, se dirigeant vers Léard. Ce chemin, elle l'avait fait des milliers de fois et pourrait le faire les yeux fermés. A l'approche du domaine, elle bifurqua à droite et monta une colline qui surplombait le paysage environnant. Colline coiffée d'une petite forêt de chênes qu'elle retrouve toujours avec plaisir. Tout en s'en approchant, elle décrocha sa cape qui s'étala sur l'herbe. Ses doigts frôlèrent alors l'écorce des grands arbres. Pas de lune cette nuit. Et le vide la rend nauséeuse, même ce qui l'entoure ne l'apaise plus. Elle a besoin d'autre chose. Elle a besoin de s'oublier. Elle a besoin d'avoir mal pour se retrouver.
Le silence de l'isolement n'est perturbé que par ses pas sur le sol boisé. Serpentant entre les arbres, elle les devine, les reconnait.
Et puis...
Une main se pose sur son épaule, glissant le long de son bras, et s'imposant autour de ses hanches la bloquant alors contre un des arbres. Sentant un corps peser sur le sien.
Et tout bascule...
D'un point de vue extérieur, on pourrait croire à un outrage.
Sauf qu'il est voulu, de part et d'autre. Parce que c'est comme ça que ça marche entre eux.
Jamais ils ne se parlent, ne se croisant que pour disposer l'un de l'autre quand le besoin est trop violent. C'était déjà comme ça du temps où il travaillait à Léard. Il en est de même aujourd'hui alors qu'elle est Comtesse et lui un simple palefrenier d'une maison modeste.
Elle a un besoin vital d'oublier. Et c'est dans la folie des corps qui se déchirent qu'elle arrive à se sentir en vie. Même si le sang coule, même si ça fait mal... ça fait du bien.
Il n'y a que la nature qui est témoin de ces ébats animales. Cris étouffés par une main sur visage en sueur.
Plus rien n'existe, que ces sensations de douleur qui se muent en plaisir insoupçonnés.
Et ça fait mal. Les yeux en pleure, rivés sur sa lune qui se montre entre deux nuages, alors qu'un corps puissant martèle le sien.
Elle revit sous ce corps en fusion qui explose à répétition. Plus rien existe, même plus ce vide et ce froid qui l'oppressent.
Ça fait du mal... ça fait du bien...
Et c'est à l'aube qu'il est convenu qu'il la laisse là. Au milieu de sa forêt. Sans un mot ni même un regard. C'est ainsi, même s'il aurait aimé être d'avantage. Elle avait posé ses limites. S'il les dépassait, il perdrait ce privilège qu'elle lui accordait parfois.
Il la laissa donc au petit matin. Alors qu'en elle, le vide, serpent familier, était revenu, niché au creux de ses entrailles.
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"La parole est l'arme du faible, l'épée l'arme du sot, j'ai choisi d'être faible et de m'entourer de sots."