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[RP] Il y a des poignards dans les sourires

Iban
Dans la pénombre de la chambre solitaire, deux lèvres gercées vinrent se poser tout contre l’oreille parfumée de la morte en sursis. La lune, haute et froide, qui balayait la pièce de sa lumière sinistrement blafarde, semblait observer cyniquement de son œil sans paupière le crime qui se préparait.

« Hé bien, pauvre pastourelle » susurrèrent les lèvres en un souffle rauque et chaud, « il est fort imprudent de jouer avec le feu, n’est ce pas spécifié dans les Ecritures ? »

Un silence angoissant suivit, tandis que deux bras moites et velus, vinrent enserrer comme deux vivantes racines le corps de leur victime. L’une oppressait la gorge d’une poigne à la douceur du fer, tandis que l’autre osait s’aventurer subrepticement sur le sein apeuré de la jouvencelle. La régularité menaçante de la respiration du prédateur semblait donner le rythme à ce cœur juvénile qui battait une frénétique chamade.

« Il est désolant de constater à quel point l’on peut disparaître pour une broutille. »

Un nouveau silence vint épaissir la ténèbre.

« L’un trébuche sur une mauvaise pierre et s’y fend le crâne, l’autre s’étouffe d’un morceau qu’il avalait trop goulument… D’autres encore sont poussées par une incorrigible curiosité à commettre les plus stupides folies. »

Quatre canines de prédateur vinrent alors s’imprimer avec lenteur sur le lobe auriculaire moelleux de la chaste damoiselle.


« Quel dommage… si jeune… si fraîche… J’ai le cœur serré d’avance à l’idée de tous ces visages défaits et grimaçants que l’on verra pleurer amèrement demain à l’annonce de votre suicide. »

L'étreinte criminelle se resserra encore un peu.

« Que voulez vous...vous n’ignoriez pourtant pas que j’ai les curieux en horreur. »

Ses lèvres, alléchées par l'appel du sang, se trouvaient à présent à hauteur de sa jolie gorge.

« N’ayez crainte, mon amour...N'ayez crainte..."grogna-t-il enfin

"Je vous promets d’être rapide. »

Alors, de l’opaque pénombre, se fit entendre le cliquetis sordide d’une navaja que l’on ouvre.

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Matalena
Dans ses plus sombres cauchemars, même alors qu'elle était enfant et incapable de lutter contres les frasques de son imaginaire, sa crainte n'avait rien de semblable. Celle éprouvée face au spectacle dont on demeure toujours l'impuissante victime, qui crie à s'en déchirer la gorge sans qu'aucun bruit ne s'échappe. Le larynx écrasé, son être de pacotille se voyait chaviré d'une aversion qui lui soulevait le cœur à laquelle se mêlait un enfièvrement si intense qu'il en devenait lascif. Cet affrontement serait le dernier, il l'avait prédit, et la jeune femme retrouvait en lui cet amusement salace qui le caractérisait lorsqu'il s’apprêtait à prendre une vie.
Solidement enserrée par la poigne honnie, le dos contre son bassin, la réformée pouvait constater sans difficulté l'enthousiasme éhonté qui animait le prédateur à cette heureuse perspective. Face à l'horreur de l'inéluctable, incapable d'analyser les tourments de sa pensée, elle se sentait au bord des larmes, au bord de l'éclat de rire incontrôlable, brulante pourtant d'une fièvre charnelle dont chacun la pensait dépourvue.

Il lui parlait à l'oreille, et chacun de ses mots laissaient courir un frisson glacé le long de son échine. Encore. Toujours. Elle ferma les yeux, tentant de récupérer le contrôle de ses muscles, activer ses réflexes, gestes répétés des milliers de fois au point d'en devenir mécaniques.
Il dégainait.
Inutile d'espérer disposer du temps nécessaire pour faire de même.

... Je vous attends depuis si longtemps... Si longtemps...

Alors, dans un geste désespéré, l'infante plaqua sa main sur sa jambe pour faire pivoter ses lames, les inclinant sur le côté... Et tandis que le fil de la navaja, déjà trop connu, s'illuminait dans un éclat nocturne comme le dernier rayonnement d'une existence sans saveur, elle bascula violemment sur le côté, les pointes de ses dagues tendues vers l’aine de son tortionnaire.

... Envoyez-moi en enfer, j'y détruirai votre âme abhorrée...

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« Ne confondez pas le sombre avec l'obscur. L'obscur accepte l'idée de bonheur; le sombre accepte l'idée de grandeur. »
Victor Hugo

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