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[RP privé] La nuit tombe, une étoile s’eteint…

Deedee
L’été s’achevait, s’effaçant doucement laissant sa place au premier frimas de l’automne. Les nuits devenait plus fraiche désormais, surtout lorsqu’on les passait dehors, sur les remparts. Mais les ordres étaient ce qu’ils étaient, et appelé, répondant au devoir incombant à son rang, Adeline avait pris la tête de la lance pour rejoindre l’armée et ce village non loin de son domaine. Hasard ou non, elle se réjouissait de se retrouver là non loin de ses enfants qu’elle avait du laisser au soin de leur nourrice et gouvernante. La séparation n’avait pas été difficile, toujours habitué a vadrouiller et se séparer de ses enfants, mais là, tout semblait différent. La petite dernière n’avait pas trois mois, et les dernières nouvelles reçut de sa nourrice l’inquiétait au plus haut point… LA petite avait semble-t-il pris froid et fiévreuse refusait de s’alimenter. Rien de bien exceptionnel chez les enfants, mais cette enfant là… ce nourrisson… Née bien trop tôt, bien trop vite, Adeline se faisait un sang d’encre et rien n’aurait pu la retenir sur le front qui, fallait bien l’avouer, était d’un ennui mortel.

Profitant donc d’un peu de calme, Adeline avait été trouvé le capitaine de l’armée, lui demandant une permission exceptionnel afin de regagner pour la journée sa demeure et s’assurer que tout allait bien. La permission rapidement accordé, Adeline pris deux chevaux à l’écurie du campement pour se rendre plus rapidement chez elle, et accompagné d’Ana.lise, la jeune femme prit la route au plus vite faisant galoper les chevaux sans ménagement, avec un sentiment étrange, terrible que la mort rôdait de nouveau près d’elle.

Elles eurent peu de chemin à parcourir, peu de rencontre également, les gens pour la plupart se terrait dans leur demeurent ou dans les villes pourvut de rempart. La Normandie semblait s’être arrêtée de vivre, attendant son heure. Ici et là quelque personne la saluèrent, signe que le domaine n’était pas loin et tres vite, les grilles se dessinèrent pour finalement s’ouvrir des que la sentinelle l’eut reconnu. Adeline ne pipa pas un mot, le regard grave, soucieux, ses fantômes refaisait surface, venant hanter son esprit et sa conscience et la jeune femme faisait un effort terrible pour se contenir devant son amie, mais sitôt arriver devant les portes, elle sauta de son cheval, laissant le soin à Ana d’appeler le palefrenier pour se précipiter à l’intérieur en direction de la chambre de sa petite dernière.

L’enfant se trouvait là, emmailloté dans les bras de sa nourrice, gémissant doucement, si pale, si petite, si… fragile. La peur au ventre, Adeline posa ses affaires sans plus se préoccuper du reste et s’approcha de sa fille, posant doucement une main sur le front brulant de l’enfant.
La fièvre….m audite fièvre. Sa première fille en avait été victime tout l’hiver, plongeant la jeune mère dans l’angoisse, et aujourd’hui… tout recommençait… encore et encore l’histoire se répétait, mais cette fois…

Elle le savait Adeline, elle connaissait, elle était médecin et des cas comme celui là, elle en avait hélas vu plus d’une fois, connaissant aussi la possible issus. La petite Elya était encore bien trop petite et trop chétive pour résister a cela. Mais pourtant… pourtant elle voulait y croire la Baronne, y croire encore un peu.

Avec une infinie douceur, cette infime douceur que seules les mères savent et connaissent, Adeline prit le petit paquet de lange dans les bras avant de s’assoir sur le fauteuil confortable de la chambre de l’enfançon, et se mit à la bercer tendrement, doucement, chantonnant des douceurs afin de la calmer mais aussi ses propres battements de cœur.


-Marguerite ? Depuis combien de temps est-elle comme cela ?

-Deux jours ma dame, deux jour maintenant.
-Faites moi préparer un bain, pas trop chaud pour elle, et prévenir aussi la duchesse d’Arques et la duchesse de Sedan.

Un signe de tête vers la pauvre nourrice, et Adeline attendit qu’elle sorte pour laissait éclater toute son inquiétude en caressant du bout des doigts, le visage brulant de son petit trésors.

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Anya_de_puycharic
[Avranches, Campement du 6è Corps]

Anya venait de quitter quelques uns de ses compères de camps, dont un qui ne manquerait pas de se faire serpiller d'ici peu s'il continuait. Ou bien tiens, il se ferait couper la langue. Cela serait dommage, car après tout, s'il en était un avec qui il était plaisant de parler, c'était entre autres lui.
Puis quelques taquineries vu les temps qui couraient, cela ne faisait pas de mal.

Entre deux rondes, Marsac s'occupait des dossiers de la Cour d'Appel, Anya, quant à elle, quitta le campement quelques instants, chercher de nouvelles plantes. Elle avait même trouvé, non loin de là, un endroit glaiseux. De quoi aller prendre un peu d'argile, ce qui pourrait servir pour d'éventuels cataplasmes.

Elle se dirigeait vers la forêt, du côté de la rivière, lorsqu'un cavalier l'interpela. La Blanche mit la main sur le pommeau de son épée, mieux valait rester sur ses gardes. Sauf qu'en parlant de garde, elle remarqua que la personne qui venait à sa rencontre portait les couleurs du Puits.

Adeline était venue, quelques heures plus tôt, lui faire part de sa permission de se rendre en son fief, la petite dernière étant quelque peu souffrante. L'inquiétude passa sur son visage, et cette inquiétude se marqua davantage lorsqu'il lui expliqua la raison de sa venue.

Anya le renvoya auprès de la Baronne, lui demandant de lui annoncer qu'elle et Ana venaient toutes deux. La jeune femme fit demi-tour, direction le camp, passa par la tente d'Ana, constatant qu'elle n'y était pas, puis ensuite par la sienne pour prendre le nécessaire, des fois que Adeline manque de quelque chose. Valait mieux prévoir plus que pas assez.

Monture sellée, elle partit rejoindre le Domaine de sa soeurette.

[La Haye du Puits - sombre journée]

Du campement d'Avranches au Domaine, il n'y avait que quelques lieues, aussi, elle y arriva vite. Les gardes la laissèrent entrer sans demander quoi que ce soit. De toute façon, la jeune Duchesse était bien connue des gens du Puits.

Laissant sa monture au palefrenier, Anya entra dans la bâtisse et demanda à ce qu'on la conduise auprès de sa soeurette. Le coeur battant, mais restant calme, peur de ce qu'elle pouvait trouver derrière la porte où on l'avait menée. Elle frappa doucement puis entra.
Adeline était là, berçant la petite aux joues rouges.

Ici, que des chuchotis, tout en s'approchant.

Comment va-t-elle ?

La petite avait une respiration légèrement sifflante, lourde, ce qui montrait son état fiévreux. Déposant une douce main sur le front, la câlinant, Anya ne put que constater que la fièvre était bien trop importante.
Adeline étant médecin, elle se doutait qu'elle avait déjà dû faire le nécessaire.

Il y a du mieux ? Et toi, comment te sens-tu ? As-tu besoin de quelque chose ?

Comment elle se sentait ? Question banale, histoire de briser le silence ambiant cadencé par la respiration de la petite. Mais Anya sentait bien que quelque chose se tramait. Des enfants, à l'Ostel Dieu, elle en avait soignés. Mais quand il s'agissait de ses propres enfants, on avait toujours tendance à penser que le pire ne pouvait arriver qu'aux autres.

D'autant qu'ici, il y avait deux médecins et Ana suivait elle aussi les cours de l'Ostel Dieu.

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Ana.lise
Sigebert, son fils, son unique bonheur depuis que sa fille adoptive s’en était allée rejoindre le Très-Haut et en ces temps de guerre, Ana y pensait dès qu’elle avait un moment de liberté et que son attention n’était pas requise à chasser ce qui était censé être chassé. Et en cette journée, elle avait un sentiment de manque horrible qui la maintenait mal à l’aise, râlant pour un rien, cherchant à se replier sur elle-même plutôt que de regarder son avenir en face. Et comme si tous les malheurs du monde arrivaient en même temps, son amie Adeline avait reçu de mauvaise nouvelle du domaine. Taisant son appréhension, muselant sa peur de voir une épidémie se répandre à la Haye du puits où les enfants vivaient sous bonne garde de Roderic assisté de Marik, Ana faisait confiance à Adeline pour qu'elle lui dise si danger il y avait. Mais franchement, il y avait des jours où la peur faisait son petit bonhomme de chemin et quand Adeline demanda à partir le plus vite possible, Ana décida de l’accompagner.

Les routes n’étaient pas le souci majeur de la duchesse, non elle pensait surtout à son amie, à son état d’esprit, à la vigilance qu’elle n’aurait peut être pas à cause de ses pensées tournées vers sa petite fille. Les chevaux tenaient bien la distance et lancés à vive allure galopaient sans demander leur reste. La brune observait de temps à autre le visage de son amie, cherchant les signes d’inquiétude qu’elle ne saurait pas lui dissimuler. Ana était une experte pour cacher sa souffrance aux autres et connaissait les moindres détails, les moindres tiques qui pourraient la guider et lui faire dire qu’Adeline n’allait pas bien mais pour l’heure il leur fallait arriver sans encombre au domaine.

Les grilles étaient en vue, les chevaux ralentirent la cadence sous l’effet de la main de chaque jeune femme et finalement, les bêtes se mirent à trotter pour arriver tranquillement devant la lourde porte du château. Respirant profondément, Ana laissa Adeline se précipiter vers sa petite fille tandis qu’elle prenait soin d’emmener les chevaux jusqu’à l’écurie où ils trouveraient un peu de repos et des soins appropriés. Trouvant le palefrenier rapidement, la duchesse lui confia les montures et avant de partir en direction de la demeure, offrit une caresse sur chaque animal en guise de remerciements. Et d’un pas lourd, Ana se dirigea vers ce qui devait sans doute être un drame en préparation.

La porte passée, la cape déposée dans l’entrée, la duchesse monta les escaliers afin de se rendre dans la chambre où son fils demeurait avec Hugo et sa mère. Hors de question de séparer ces trois-là. Eliette était la gardienne de la vie de son fils et nul autre ne l’approcherait en l’absence de la duchesse. Ana entrebâilla la porte de ses appartements, passa la tête afin de voir si les petits dormaient et se glissa à l’intérieur de la pièce, un sourire aux lèvres et une tendresse infinie dans le regard. Doucement, pour ne pas éveiller les dormeurs, la jeune femme s’approcha de son fils en premier. Une main sur le montant du lit où il reposait avec son frère de lait, c’était un moment attendrissant qui chahutait une nouvelle fois Ana. La séparation avait été longue et même si elle ne le désirait pas, son devoir faisait qu’elle n’avait pas le choix mais dieu que son fils lui avait manqué. Eliette apparut soudain dans son champ de vision et Ana releva la tête, lui adressant un sourire de béatitude.


Il a tellement changé… deux semaines, deux semaines que je ne l’ai point vue et il a l’air si différent. Et ton fils en fait tout autant…

Sigebert râla dans son sommeil et Ana s’en approcha pour déposer un baiser sur son front ce qui eut pour effet de calmer l’enfant. D’une main délicate, elle caressa le visage d’Hugo quand un coup à la porte résonna. Ana se dressa vivement tandis qu’Eliette allait ouvrir et en voyant la nourrice d’Adeline, le visage pâle à faire peur, Ana comprit que le drame qui se jouait dans une des pièces du château aurait une fin tragique.

Visage fermé, pas lourd, épaules voutées, la duchesse se rendit auprès de son amie rapidement. Quelques coups portés sur la porte, Ana l’ouvrit sans attendre pour voir Anya qui les avait rejointes ainsi qu’Adeline tenant sa fille dans ses bras. Respirant profondément afin de ne pas montrer la peine que la situation lui faisait, Ana s’approcha des jeunes femmes, posa son doigt doucement sur la joue de la petite qui ne réagissait guère avant de serrer l’épaule de la baronne.


Je suis là Adeline… tout comme Anya … vous ne serez pas seule dans cette épreuve…

Quoi dire, quoi faire quand la mort rôde et qu’elle attend son heure pour ravir le souffle de vie qui ne tient plus qu’à un fil ?
Deedee
[Vole vole petite aile
Ma douce, mon hirondelle
Va t'en loin, va t'en sereine
Qu'ici rien ne te retienne…]


Aristote avait du en décider ainsi des le jour de sa naissance, le bonheur ne serait pas pour elle, et elle paierait toute sa vie ses erreurs et celle des autres. Il ne pouvait pas en être autrement sinon pourquoi le malheur frappait-il toujours à sa porte ? La mort, la grande faucheuse elle commençait à la connaitre, la sentir lorsqu’elle passait a proximité maintenant. A force d’avoir voulu la voir de trop près, refusant au dernier moment de l ‘accompagner, celle-ci se vengeait en lui prenant ses proches un par un…. N’épargnant pas les enfants.
N’épargnant pas ses enfants…

Adeline se tenait dans se fauteuil, berçant sa fille tendrement, se raccrochant a cette petite vie en osant y croire ne serait-ce qu’un peu, qu’un tout petit peu. Cherchant au plus profond de sa mémoire ce qu’elle avait bien pu faire pour que cette enfant en paye le prix ?
Son engagement dans cette guerre ?
Ses actions passées ?
Les mots qui avait éclaté il y a peu, mettant fin a sa relation avec son père…
Une erreur, encore une, et qui couterait cette fois la vie de son enfant. Aristote lui faisait comprendre ses erreurs, mais à quel prix ?

Un frôlement s’entendit dans la chambre, mouvement imperceptible d’un pas pénétrant dans la pièce, Adeline ne bougea pas, ne leva pas la tête, elle ne pouvait pas, elle ne voulait pas quitter des yeux sa petite fille, son bébé, sa dernière née.


Comment va-t-elle ?

Silence…
Quand les mots restent coincés dans la gorge…
Silence…
Quand on sait l’issus fatal qui suivrait.


Il y a du mieux ? Et toi, comment te sens-tu ? As-tu besoin de quelque chose ?

Adeline secoua la tête en signe de négation. Du mieux, non, besoin de quelque chose ? Oui, hurler sa haine et son incompréhension, prendre son épée et se battre contre ce mal qui rongeait sa fille.
Mais… non, besoin de rien, de rien du tout.

Une main sur son épaule la décida finalement à lever la tête et elle croisa le regard d’Ana, au coté d’Anya. Des regards qui en disaient long, elles avaient compris, tout comme elle. Elles étaient médecin ou apprenti médecin tout comme elle était médecin elle même. Elles savaient…


Je suis là Adeline… tout comme Anya … vous ne serez pas seule dans cette épreuve…

Adeline secoua la tête plus vivement resserrant le nourrisson dans ses bras. Non !
Non elle n’accepterait pas !
Non elle ne cautionnerait pas cela !
Non elle ne laisserait pas sa fille partir sans se battre, sans tout tenter, elle était médecin après tout, a quoi lui servait toute ces années d’étude, tout ces sacrifice si cela ne pouvait pas servir ?! Si Aristote lui avait permis d’étudier ainsi, il ne pouvait pas lui prendre son enfant maintenant !

La jeune mère se leva vivement, serrant toujours son enfant dans les bras et regarda ses deux amies une pointe de fureur dans les yeux. Cette fureur même qu’on les mères qui sentent que leur enfant est en danger, cette rage et cette colère capable de décupler leur force même lorsqu’elles sont blessés a mort. Adeline se battrait, elle l’avait promis.


-Je vais lui faire prendre un bain frais. Et puis, des tisanes aussi. Anya tu as ce qu’il faut ? Ce n’est qu’une mauvaise fièvre, juste une mauvaise fièvre, elle tombera, il n’y a pas de raison, elle tombera !

Et sans leur laisser le temps de lui répondre, Adeline avait allongé sa fille sur le lit, commençant à la déshabiller tandis que la nourrice déjà revenait avec un bac rempli d’eau.
Ses mains tremblaient, incontrôlable et elle dut s’y reprendre a plusieurs fois avant de parvenir à enlever les langes de l’enfant. Faire baisser la fiève, soigner son enfant, c’était tout ce qu’elle désirait, tout ce qu’elle voulait faire maintenant. Au diable, cette guerre, au diable le duché, ses fonctions, au diable tout le reste, tout ce qui lui importait était d’arracher son enfant des bras de la faucheuse qui se rapprochait irrémédiablement.

Sans un mot, sans un bruit, gardant sa peine, ses craintes et sa haine enfoui au plus profond d’elle même comme elle le faisait depuis longtemps déjà, la baronne plongea doucement le bébé dans l’eau qui malgré la fraicheur de l’eau se mit tout juste a gémir, peinant à réagir…


-Allez mon ange, ma petite étoile, bats toi… bats toi… murmura-t-elle doucement en passant un peu d’eau sur le front et la tete de l’enfant.

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Ana.lise
Le regard posé sur Adeline allant de la mère à l’enfant, de la mère à l’amie, de la mère au vide, Ana voyait défiler devant ses yeux la mort de sa propre fille survenue quelques semaines plus tôt. Bien sur les enfants n’avaient pas le même âge, bien sûr l’une était à l’aube de sa vie d’enfant et l’autre à l’aube de sa vie d’adulte mais elles avaient en commun ce même prénom qui resterait à jamais graver dans la mémoire de ces deux femmes.

Prenant une goulée d’air en voyant Adeline s’obstiner à vouloir sauver ce petit être chétif, le cœur de la duchesse se serra violemment. Elle ne pouvait empêcher cette mère de désirer retenir encore son enfant à la vie, se raccrocher à ces quelques battements de cœur qui palpitaient sous sa peau fine et claire. Ana en aurait fait de même si on ne lui avait pas ramené le corps déjà sans vie de sa petite. Son enfant, leur enfant, leurs filles… Le destin se montrait si cruel avec ces mères qui pourtant faisaient tout leur possible pour concilier leur vie familiale et leur vie pour leur royaume. Mais à croire que ce n’était jamais assez. Encore combien de sacrifice pour espérer voir le vent tourner et leur apporter simplement une touche de bonheur durable. N’avaient-elles pas le droit de trouver la paix et la sérénité dans ce bas monde ?

Question posée à son cœur et à son âme et pourtant, Ana savait qu’aucune réponse ne lui serait apportée. Elle qui ne croyait plus en grand-chose, se contentait d’attendre… attendre qui ou quoi, c’était le mystère qui entourait cette femme qui, une fois de plus retenait ses émotions devant le drame qui se jouait devant elle. Mais comment aurait-elle pu faire autrement, comment aurait-elle pu montrer une once de douleurs et de chagrin à cette amie qui tenait entre ses doigts les derniers souffles de vie de sa fille, comment aurait-elle pu s’effondrait elle aussi tandis que la lame de la faucheuse étreignait une nouvelle fois son corps. Et le baiser froid de la mort se rappelait à elle. Sa nuque la picota quelques instants, un long frisson descendit le long de son échine et Ana sut… relevant le visage vers Anya, son regard d’ordinaire azuré s’était voilé de gris synonyme d’une infinie tristesse. Elle aurait voulu lui faire comprendre qu’à elles deux, elles devaient intervenir mais tout semblait figé sauf cette étrange sensation qu’Elle rôdait entre les femmes qui malgré tout essayait de protéger le nourrisson.

La fin était proche, tout le monde dans la pièce le devinait mais Adeline s’obstinait. Pourtant il fallait l’aider, lui faire comprendre et surtout l’inviter à laisser partir la petite âme pour qu’elle rejoigne le Très-Haut. Quelle douleur de devoir intervenir quand il n’y avait plus d’espoir, quand il fallait faire admettre à ceux qui restaient qu’il était temps, que le voyage avait commencé. Prenant délicatement un linge, Ana le plaça entre ses mains puis vint à côté de son amie la baronne. En choisissant ses mots, elle se devait de lui faire entendre raison pour ne pas l’affoler, pour ne pas l’effrayer pour que tout se passe au mieux. Mais connaissant la brune, Ana savait que sous cette glaciale apparence, son cœur meurtri était prêt à exploser alors doucement, d’une voix qui se voulait tendresse, la duchesse continua lentement.


Adeline… mon amie… il faut sortir la petite de son bain… il fait trop froid maintenant, vous savez comme moi que ce n’est point indiqué…

Ana ferma un court instant ses paupières. Elle espérait simplement ne pas devoir lui arracher le petit corps d’entre ses mains et qu’Adeline le placerait d’elle-même dans cette étoffe qui serait certainement pour elle celle qu’elle emporterait avec elle dans la tombe. Soulevant ses paupières, retenant les larmes qui lui piquaient les mirettes, Ana fit comprendre du regard à la brunette qu’elle pouvait lui faire confiance, qu’elle ne lui enlèverait pas sa fille. Il n’appartenait pas à Ana de recevoir ces derniers instants, Adeline devait aller jusqu’au bout pour réaliser ce qu’il se passait. Mais qu’il était abominablement insoutenable de se placer comme l’empêcheuse de tourner en rond quand il s’agissait de la vie d’une amie.

Les ailes du nez frémissantes, retenant son envie d’hurler que le Très-Haut ne pouvait pas faire ça aux gens qu’elle aimait, Ana attendait le bon vouloir d’Adeline. Rien ne serait fait sans son approbation mais il fallait vraiment qu’elle sorte de cette léthargie qui menaçait de lui faire toucher le fond rapidement. Si Anya pouvait l’aider, à deux, elles seraient plus fortes et plus persuasives face au chagrin de cette mère qui n’allait pas tarder à éclater.

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Anya_de_puycharic
Le bain, oui, c'était une bonne idée, mais pas trop froid tout de même, il ne fallait pas que le contraste de température soit important. La fièvre... Anya avait de quoi la faire tomber. Oui, tout se passerait bien, cette petite, qui avait crié de suite à la naissance et dont les réflexes étaient très bons, même si elle était née un peu en avance.

Anya avait tout inspecté, la petite allait très bien, elle avait même accepté de se nourrir, à peine arrivée au grand jour, dans ce monde plein de bruits, mais là où se trouvait la douceur d'une mère. La douceur de sa mère.

Ely était un ange, certes, mais Anya se refusait de croire qu'elle pouvait les rejoindre. La jeune femme revint avec une tisane. Très indiquée chez les enfants, celle-ci.

Voilà du tilleul. C'est très efficace. La tisane est juste tiède, elle pourra l'avaler facilement. Elle n'aura qu'à tétouiller ceci.

Anya tendit un petit bout de tissu qu'elle avait trempé dans l'infusion de tilleul. Le souci avec les nourrisson, c'était de leur faire avaler ce genre de choses. Ils n'étaient pas assez grands pour boire seuls. Ainsi, avec ce petit bout de tissu, il était plus facile de faire couler doucement le breuvage sur leurs lèvres.
La jeune Duchesse se refusait de voir tout en noir. Non, cela ne devait pas faire partie d'une première vision d'un médecin. Même face à une situation critique, il fallait y croire, espérer et tout faire pour que le malade aille au mieux.

Et là, il s'agissait de sa nièce. Ou du moins, de ce qu'elle considérait comme telle, étant donné que Adeline et Anya étaient tout aussi liées que deux soeurs. Il fallait espérer que ce remède marche...

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Deedee
[ Vole vole mon amour
Puisque le nôtre est trop lourd
Puisque rien ne te soulage
Vole à ton dernier voyage ]


Un bain, de la tisane, des linges humides, Adeline était prête à essayer n’importe quoi pour faire baisser cette maudite fièvre qui ravageait le corps de son enfant. Elle ne regardait plus, n’avait plus conscience de ce qui se passait autour d’elle, refusant purement et simplement d’accepter l’inacceptable.
Il n’y a rien de pire que de perdre son enfant, rien de pire que de le voir s’éteindre impuissante, que d’être là a se battre contre la mort tout en sachant que cette bataille ne sera que pure folie. Il n’y a rien de pire pour une mère que de se rendre à l’évidence que la faucheuse, sournoise a déjà fait son choix, soufflant de son souffle glacial sur le petit être sans défense.

Adeline le savait, le ressentait, quelle mère ne sentirait pas cela ? Même la plus indigne, la plus mauvaise ressentait ces choses. Quand son enfant etait en danger, elle pouvait être capable de braver la mort pour le sauver, et c’était ce qu’elle s’évertuait a faire, là, dans ce bain, chasser le mal, éloigné cette funeste dame de sa fille, la garder pour elle, rien que pour elle, que personne ne lui enlève.
Personne…

La voix d’Ana la ramena à la dure réalité d’un seul coup, et la jeune femme leva la tête vers son amie sans comprendre, sans vouloir comprendre. Son regard était pourtant clair, et si Adeline refusait d’accepter elle avait cependant compris. Bel et bien compris que tout ce qu’elle faisait la était purement et simplement inutile, mais qu’importe. Qu’importe ! Elle se battrait !
Son regard se reporta sur sa fille. Petite fleur à peine éclose, petite perle sortant tout juste de son écrin, elle était venu au monde après bien des tourments, se battant courageusement quand sa mère voulait baisser les bras. Venu trop tôt, elle avait pris la vie à bras le corp pour l’affronter courageusement, montré ainsi à sa mère qu’elle avait hérité de son tempérament a affronter les tempêtes de la vie.
Mais là…. Le combat était sans doute trop difficile. Trop important, ou n’en avait-elle tout simplement plus le courage ou la force comme elle même avait renoncé bien des fois.
Mais non !
Non !
Adeline ne pouvait laisser faire cela !

Rapidement, sans véritablement réfléchir d’avantage, elle sorti l’enfançon de l’eau pour la déposer dans l’étoffe avant de la reprendre dans ses bras.
Non, personne ne le lui prendrait ce soir, personne d’autre qu’elle ne tiendrait son enfant, c’était sa fille, sa petite fille, fruit d’un amour auquel elle avait cru, auquel elle avait espéré mais qui finalement s’était étiolé au fil des jours, des semaines et des mois… Fallait-il que sa fille s’éteigne de la même façon que c’était éteint son amour ? Elle avait perdu le père, devait-elle perdre la fille ?

Frottant énergiquement son bébé pour le faire réagir, la jeune mère finit par l’emmailloté simplement dans l’étoffe choisi avec soin avant de s’assoir a bout de force et de nerf dans le fauteuil pour bercer encore un peu l’espoir qu’elle gardait de voir son enfant ouvrir les yeux et la regarder avec ses petits yeux rieurs…
Mais….

Un regard vers Anya qui revenait avec une tisane, préparé avec soin, se démener encore un peu pour garder l’espoir que tout ceci n’était qu’un rêve, juste un cauchemar qui se terminerait avec le levée du jour.
Du bout des mains elle caresser la tête et les joues du nourrisson avec ce geste que seule les mères peuvent donner, de l’autre, elle tenta de faire prendre la tisane, humectant ses lèvres de ce précieux breuvage qui pouvait lui sauver la vie, mais voila… La vie s’échappait, doucement, comme un mince filet d’eau. La vie lui échappait et sa fille partait, doucement…


-Allez mon ange, il faut que tu boives cela… accroche toi mon étoile… accroche toi….

Juste un murmure, chuchoté comme le vent pour encourager son petit ange a rester, un murmure pour s’encourager elle même a accepter l’inconcevable. Un murmure parce qu’au fond d’elle, elle savait que la fin était proche, qu’elle était là à porter de main. Mais pour rien au monde elle n’abandonnerait son petit trésor aux mains de la faucheuse.

Elle redressa la tête, voulant offrir un visage plus serein à ses amies, essayant de leur faire croire que tout allait bien, alors qu’au fond d’elle, son cœur était prêt a explosé de rage, de colère, et de tristesse.


-On…. On dirait qu’elle est moins chaude. Le bain lui a fait du bien. Déclara-t-elle rapidement en serrant l’enfançon contre elle.
Je réessaierais de lui faire prendre la tisane un peu plus tard, elle semble trop fatiguée pour le moment. Le repos… c’est… c’est les meilleurs remèdes n’est ce pas ?
Du repos... et tout ira bien...


Elle posait des questions la Baronne, n’attendant pas de réponse, ne voulant pas de réponse. Elle était médecin, elle savait ce qu’il se passait, mais elle ne voulait pas l’admettre, pas maintenant, pas tout de suite, pour l’instant elle voulait savourer la chaleur du petit corps dans ses bras, s’imprégner de son odeur de sa douceur en attendant simplement que la Faucheuse fasse son lamentable travaille et vienne lui arracher des mains ce petit corps qui déjà s’éteignait petit à petit dans ses bras.

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Ana.lise
Le cœur de la duchesse se serrait inexorablement devant ce qu’il se passait sous ses yeux mais elle ne disait rien, s’enfermant dans ce mur d’indifférence qui la caractérisait quand quelque chose la troublait ou lui faisait mal. Ne pas montrer aux autres qu’elle souffrait, ne pas baisser le masque révélant toute sa souffrance… surtout ne pas s’effondrer… Et pourtant la mort qui s’approchait à grands pas désireuse d’arracher la petite Elya aux bras réconfortants de sa maman ne semblait pas vouloir prendre un instant de répit, broyant tous les espoirs qu’elles avaient pu émettre chacune en arrivant. Et l’envie d’hurler à cette âme noire de ne pas s’approcher montait en elle. Pourtant elle savait d’avance qu’elle ne ferait rien, respectant le silence que la tragédie imposait.

Après avoir donné l’étoffe à Adeline et pris soin d’en rabattre un coin sur la petite épaule chétive qui se montrait doucement, Ana ne put qu’offrir une caresse toute maternelle au visage du nourrisson dont la vie s’étiolait déjà. Et à cet instant précis, une main se referma sur son cœur, froide et sans pitié, lui écrasant avec brutalité. Cherchant une goulée d’air, Ana se recula, tournant la tête pudiquement devant ses amies afin de cacher ses larmes qui menaçaient à chaque instant de venir s’échouer sur le bord de ses yeux. Les souvenirs l’assaillaient, douloureux et étouffants… Une sensation étrange d’avoir déjà vécu pareil situation même si chacune d’entre elle était si différente. Le visage de la mort qu’elle avait croisé si souvent ces derniers temps semblait se moquer d’elle tandis que ses paupières s’étaient baissées pour préserver cette discrétion qu’elle affectionnait et dont elle avait besoin pour ne pas s’exposer aux autres.

Un mouvement sur le côté attira son attention, sortant la brunette de ses pensées douloureuses, lui évitant de penser trop longtemps à ses chers disparus, à son existence qui prenait une tournure bien différente de ce qu’elle avait rêvé jeune fille. Pourquoi donc la vie s’échinait-elle donc à être si cruelle ? A croire qu’elle n’offrait que du bon à ceux qui n’avaient aucune conscience…

Chassant ses tristes pensées avec humeur, Ana tourna son visage aux ombres bleutés qui marquaient encore sa peau fine sous les yeux dans la direction d’Adeline. Cette dernière venait de prendre place avec son enfant dans un des fauteuils en bois du château magnifiquement sculpté. Et Ana se concentrait sur les détails pour ne pas reporter son attention sur cette petite vie qui perdait petit à petit son combat. Serrant les poings contre cette injustice, pestant intérieurement, rageant contre le monde qui ne tournait pas rond et ne laissait guère de place aux mères de tenir leur rôle, la brune s’éloigna un peu plus de la mère et de l’enfant, se dirigeant vers l’âtre dans lequel elle mit quelques buches afin de le raviver. Elle avait l’impression qu’un froid glacial avait envahit la chambre et sans prêter attention ni à Adeline ni à Anya, la duchesse fouillait les braises pour que la flambée se décide enfin à repartir. Vivement presque méchamment, Ana tournait et retournait ces branches et ces buches qui semblaient recevoir le fureur de la jeune femme. La dame ne pouvait hurler dans cette pièce où le silence était de mise mais elle pouvait massacrer ce qu’elle avait sous la main afin de calmer sa fureur. Et lorsque la colère la gagnait, il y avait à dire sur son comportement des plus agressifs. Et à en croire la façon dont elle essayait de taillader le bois qui se trouvait sous le tisonnier qu’elle tenait, la dame n’était pas loin de la rupture avec le savoir vivre. Mais encore une fois, par respect pour son amie et la douleur dans laquelle cette dernière s’enfonçait, Ana se reprit bien vite en mains, laissant en paix cette flambée qui avait fini par reprendre sa place dans le cœur de cette cheminée. Et doucement, Ana s’approcha à nouveau de son amie, portant ses doigts effilés sur l’épaule d’Adeline, lui signifiant qu’elle était là en cas de besoin. Et besoin il y aurait quand le dernier souffle de vie aurait quitté la petite étoile qui semblait si apaisé contre sa le corps de sa mère.

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Anya_de_puycharic
Sa soeurette refusait de donner la tisane, prétextant que la petite était trop fatiguée pour cela. Certes, elle savait, elle sentait, comme toute mère, ce qui se passait.
Anya sentit son coeur se serrer fort. A la vue de son visage qui avait dû changer d'expression à ce moment là, une des servantes partit lui préparer sa tisane à elle et revint avec, peu de temps après. La Blanche la laissa quelque peu refroidir. Elle commençait à en avoir assez de ne devoir, entre autre, sa vie qu'à ce breuvage. En même temps, cette tisane lui permettait de ne pas avoir mal et d'éviter les crises.

La jeune femme s'approcha d'Adeline et de la petite. Même si elle-même savait, même si elle le sentait, certaines choses ne pouvaient se produire. Aussi, elle se permit d'insister gentiment :

Adeline... elle n'a pas d'effort à faire... Laisse juste couler doucement sur ses lèvres. Elle prendra ce qu'elle voudra. Cela permettra, à défaut... qu'elle ne souffre pas de la douleur que lui inflige cette fièvre.


Cela ne la sauverait pas, certes, mais au moins, la petite pourrait s'éteindre, paisible...

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Deedee
La piqure de la mort, venin mortel qui s’immisce dans le corps et l’âme de sa proie, emportant la chaleur de la vie, glaçant tout sur son passage jusqu'à vous emporter vers son voyage infini.
Adeline sentait son souffle dans son cou, la faucheuse silencieuse danser autour d’elle en se rapprochant inexorablement.
Berçant son enfant encore et encore comme pour la retenir un peu plus sur cette terre, comme pour la garder pour elle, pour arracher à la Mort quelque seconde supplémentaire, Adeline s’était enfermée dans sa carapace. Emmuré dans son monde où plus rien n’existait qu’elle seule et sa fille.

Calfeutrer dans le mutisme, confiné dans un silence, juste pour se protéger, vivre encore les dernières heures en oubliant tout le reste et surtout, surtout que le moment fatidique approchait, oublié que bientôt son petit ange s’envolerait pour toujours, car elle le savait, elle le sentait la jeune mère. Dès qu’elle avait passé la porte de cette maison elle avait su que plus rien ne serait comme avant. La mort rodait déjà même avant qu’elle n’arrive au château. La mort la suivait partout, depuis le camp militaire d’Avranches, la mort était là, la suivant à petit pas.

A flirter avec elle, à l’avoir touché du doigt plusieurs fois Adeline ne pouvait l’ignorer, elle ne pouvait oublier le souffle glacial qui s’était posé sur elle lorsque la faucheuse lui avait pris son premier enfant. La douleur qui s’était infiltré dans son âme et dans son corps quand elle avait su qu’elle ne pourrait rien faire contre Elle. Elle s’en souvenait encore… et le sentait maintenant...

Dans ces bras, la petite étoile ne bougeait plus, respirant faiblement, attendant simplement que sa mère lâche prise enfin pour pouvoir s’envoler paisiblement. Petit corps si pale dans cette étoffe, petite âme qui payait les erreurs de ses parents, petite fleur qui ne verrait jamais le soleil de l’automne, comme les feuilles des arbres dehors elle s’apprêtait à tomber, doucement, emporter par le vent…

L’heure file…
L’heure passe…
Et le moment approche…
La mort se rapproche, encore plus prêt, frôlant du bout des doigts les joues pâle de l’enfançon…

Prostrée dans ce fauteuil, berçant inlassablement la petite fleur, Adeline n’avait pas pu regarder Ana lorsque celle-ci lui avait posé la main sur l’épaule, les paroles d’Anya passèrent à des lieux de son esprit, elle n’entendait plus la Baronne, elle ne vivait plus la Baronne, suivant simplement le rythme de la respiration de l’enfantelet, revivant les quelques semaine qui avait précéder sa naissance, et celle qui avait suivit. Elle revoyait la peur qu’elle avait eu de la perdre lorsque les paluches sale et ragoutante l’avaient battu et molesté, lorsque la lame était venue entailler sa peau, lorsque les heures passé à cheval avait secoué sans relâche cette petite vie qui grandissait en son sein. Elle avait eu peur de la perdre mais elle s’était accrochée quelque semaine encore. Cette enfant était une battante, même lors de sa naissance, survenue bien trop tôt, la petite étoile s’était courageusement battu, surmontant l’épreuve douloureuse de la vie en criant de toute ses forces après des heures de luttes acharné. Adeline ne pouvait oublier les heures qui avait suivit quand les petits yeux du nouveau né avait croisé son regard, quand sa petite main malhabile s’était accroché à son doigt comme pour lui dire : « tu vois maman, je suis là, et j’ai pas l’intention de me laisser faire ! »
Mais là dans ses bras… Elle avait beau glissé son doigt dans la petite menotte de l’enfant, elle avait beau lui caresser le visage, lui souffler des mots tendre que seul les mères peuvent dire à leur enfant, Elya ne réagissait plus… seul sa poitrine se soulevait doucement, irrégulièrement et bien trop faiblement.

L’heure file…
L’heure passe…
La fin… sans doute…

La Baronne leva la tête un instant, sortant de sa bulle une minute pour regarder autour d’elle et se rendre compte que ses deux amies étaient toujours là, près d’elle. Depuis combien de temps étaient-elle là ? Depuis combien de temps s’était-elle enfermée dans son monde ? A quel moment de la journée pouvait-elle être ?
Adeline regarda la fenêtre pour essayer de se repérer. La nuit était tombée, sans doute depuis un long, très long moment et à voir le calme qui régnait dans la demeure, l’heure de la nuit était sans doute tres avancé…

La jeune femme reporta son attention sur la petite étoile dans ses bras, et lui embrassa doucement le front avant de murmurer, dans un souffle à peine inaudible quelque mot :


-Dors ma petite fleur… repose toi maintenant… Envole toi mon ange… Maman veille sur toi…

Le combat inégale s’achevait doucement, du bout des ses doigts de velours, la Mort venait furtivement d’arracher le précieux trésor des bras de sa mère. Sans un bruit, déposant simplement sa brise glaciale dans le cou et le dos de la Baronne qui serra, sans un mot, sans un gémissement, sans un bruit, son enfant dans les bras.

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