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[RP] Les affaires sont les affaires.

--Marie_


Elle a à peine le temps de voir son jumeau en furie fondre sur elle, que déjà elle ne touche presque plus terre.
Pauvre petite chose dans les serres d'un rapace hargneux. Il lui crache son ire au visage et elle émet pour seule réponse que les râles gutturaux de sa trachée écrasée par sa forte pogne.
Les cils papillonnent sur les saphirs voilés. Est-ce le manque d'air qui lui fait voir tout en rouge ? Ou bien est-ce cette plume colorée qui virevolte sous ses yeux au point de la faire chavirer ?

La main quitte sa gorge pour s'arrimer dans sa tignasse désordonnée et encore moite de leurs fougueux ébats. Il l'oblige à plier son joug colérique.
De maîtresse elle passe à soumise. Situation ô combien jubilatoire pour celui qui s'est fait manipuler par la plus belle des garces.


Je ... Je peux t'expliquer Judas ... Réfléchis bien à ce que tu vas lui dire Marie ... Trouve la bonne parade et évite d'envenimer les choses. C' ... C'était pour te protéger Judas ... Lui soutirer des informations ... Il .. Il te ment et veut te doubler ...

Gémissement de douleur sous la prise qui se resserre encore et toujours. Jusqu'à la faire tomber à ses pieds comme l'une de ses vulgaires chiennes dont il se délecte par vice et sévices.

Mon Amour ... Deux mots suppliés, tandis que les pommettes sont ravagées de larmes. Je t'aime ... Tu es mon seul et unique Amour.

Les saphirs s'ancrent aux hématites, comme un fier navire à son amarrage un jour de tempête.

Ne vois-tu pas le sacrifice que j'ai fait pour toi Judas ? Donner mon corps pour te sauver ?
Réalité ou mensonge ... Les dés sont jetés.
Judas
Tu mens! Tu mens Marie!

Et une fois de plus tu me trahis. Elle ment. Judas n'en doute pas une seconde. Si cette harpie avait vraiment fomenté pour obtenir des informations, et si elle les avait obtenues... Elle serait venue jouer les délatrices en courant, et n'aurait pas attendu pour raconter tout ce qu'elle savait... Si la démarche était réellement axée sur le bonheur et la réussite de son frère, elle n'aurait pas laissé les choses en arriver là. Désillusioné Judas? Pas assez. Ses mains se crispent sur le néant, l'envie de la battre l'étrangle. Il imagine qu'elle a aimé se donner à Marcus, qu'elle a aimé lui cacher la vérité. Les mains vacillent, épousent le cuir de sa badine qu'il brandit implacablement.

Shlack

Le premier coup s'abat, cinglant. Mais ce n'est pas assez.

Shlack

Un second, emporté dans l'élan, il lézarde le cuir meuble de Marie et y laisse sa marque. Rose. Mais ce n'est pas assez.

Shlack

La limite entre la furie et la raison s'est faite ténue, les coups s'enchainent dans une cadence terrible, l'épiderme se pare de nouvelles couleurs, du rose au rouge Marie crie ses remords... Mais ce n'est pas assez.

Shlack


Zèbrons cette peau trop lisse d'avoir été caressée par les traitres! Du pourpre pour cette maudite, que fleurissent sur les plaines des champs de pavots et s'éteignent sous ses mains ses élans licencieux! N'est-ce pas assez?

Shlack


Marie! Arrête-moi avant que je ne t'achèves, offre moi un pardon du laqué de tes lèvres. Je me sens claquer l'ultime coups qui crève! Du bleu sur cette toile, n'a-t-elle jamais connu la virginité?

Shlack!

Il n'en sera jamais assez. Le coeur s'est emballé, il palpite de fatigue, le souffle est haletant et les yeux ne sont plus larmoyants. Implacablement il assène un ultime coup de badine, comme un ultime coup de rein fatigué. Ta chair est tendre ma soeur, à défaut de ton coeur. Au fil des secondes elle se parera de milles ombres bleutées comme celle des fruits exotiques que l'on a trop touchés. Judas essuie ses propres lèvres d'un revers de manche dédaigneux et prend appui sur le mur attenant, chancelant, ivre. L'oeil courroucé se détourne de cette vision déchirante et se ferme, plissé de douleur.

Elle est entrain de le rendre fou. Fou. A lier. Un sanglot exaspéré le secoue lorsqu'il vient poser son visage contre le bras au mur.


Tu vas... Tu vas rester ici.. Jusqu'à ce que la raison te revienne .


Et que je retrouve la mienne.
_________________

Envie de jouer?
--Marie_


Les saphirs supplient mais la folie colérique ravage déjà l'esprit de son jumeau. Il se saisit de l'impitoyable engin de torture qu'il manie avec excellence. Des années de pratique qui lui valent un art sans commune mesure. Autant de chairs blanches, brunes, mulâtre qu'il a zébré avec acharnement et délectation ...

Elle n'est plus que l'une d'entre elle, elle ne vaut pas mieux.
Le premier coup s'abat sur ce visage défiant, dissimulé sous un affligeant masque de pleureuse. Se laissera-t'il attendrir ?
Et le cuir tanné, nourri et coloré par le sang frais, frappe et frappe encore. Boursoufflant la peau si délicate, éclatant cette chair si douce ...

Elle hurle de douleur tandis que lui hurle de rage. Concert paradoxal de ces êtres qui s'aiment trop ...

Il la punit sans autre forme de procès et elle subit comme une vulgaire chienne.
Chaque parcelle de peau se retrouve marquée par la cravache. Douce porcelaine ulcérée de vermeille.

Les cris faiblissent alors que les coups s'espacent. Elle n'est plus qu'un amas sanguinolent et tremblotant prostré au sol.
Et lui souffle comme une bête, la main tremblante et hésitante de s'abattre une ultime fois.
Il crache son fiel avant de se détourner de celle qui désormais lui fait honte.

La porte claque, la clef scelle le sort de la malheureuse puis le dégressif claquement de bottes dans le couloir la libère de son bourreau.
Dans un soubresaut, avant qu'elle ne perde connaissance, elle murmure :


Judas ...
Judas
La tempête s'est calmée dans le flot de son esprit. Ses élans de colères se sont tût, Judas fait preuve d'un calme plus inquiétant lorsqu'il se saisit de ses affaires et remet en place les liens de sa cape. Fixant un point imaginaire, ses sourcils sont arqués de concentration. Les doigts nouent, dénouent, renouent, l'oeil lui est ailleurs. Une vile machination prend de l'ampleur sous ses idées échaudées. Vengeance. Ce qui avait commencé comme un jeu de compétition avait pris une tournure malsaine, et à qui l'enchérirait le mieux revenait le droit de s'apaiser fugacement, jusqu'à la riposte. Chaque coup envoyé à l'adversaire laissait une suture purulente, qui ne faisait qu'enfler un abcès en dormance depuis des années.

La haine.

Jusqu'où peut-elle mener? Lorsque la confraternité n'est plus, et que le coté sombre de l'homme s'exprime... Lorsqu'elle vient de la ressemblance et donne une raison de vivre plus forte que le reste... Que l'amour. L'amour et la haine ne sont-ils pas parents consanguins? De cet hymen, qui des deux prend le dessus lorsque plus rien n'est à espérer? Car Marie ne changera pas, et Marcus ne restera qu'un clampin qui ne la méritait pas. Judas restera toujours le grand perdant de l'équation.

Judas se baissa pour ramasser la lettre tombée au sol dans la tourmente, elle qui pouvait parler tant mais qui resta muette. Ses mains s'en saisirent avec détermination. Il est l'heure de passer à table, Marcus... Le cuir de ses bottes avait été ciré, un claquement de talon et le jeune Judas avait déjà embrassé la liberté de la rue. Et ses dangers aussi. Direction les ports et leurs brouillard matinal. Dans une pièce, là , non loin, se tenait une pénitente qui méritait bien son sort. Une pénitente enfermée pour son bien, dans une cage dorée d'où elle ne pourrait pas s'échapper pour se faire du mal... Leur faire du mal. Ne plus se compromettre...

La criée feulait ses pêches de la nuit à qui voulait bien faire tinter l'écu, Judas se dirigea vers les galères fraichement arrivées du sud. Etrangement, parmi la cohue de négociants et autres marchands d'esclaves, ce matin Marcus avait du retard. Peut-être avait-il peur de sortir découvert, avec son crâne a demi glabre qu'il faisait bien de cacher d'un couvre chef... Judas cracha au sol. L'assidu n'avait pas la tête au travail, obsédé par son envie de laver l'affront fait à son nom. Aussi n'accorda-t-il aucun regard aux sarasins du jour, scrutant l'arrivée de son ennemi. Lorsqu'il se montra enfin, Judas ricana de le voir porter un nouvel apparat, tout aussi ridicule que celui qu'il avait malencontreusement perdu. Mauvais foi de Judas...

La vente d'esclave était régie par un pouvoir méticuleusement rigoureux, et nul ne savait contourner ses lois sans en payer le prix. Or, la missive sur laquelle notre homme avait fait main basse stipulait noir sur blanc que ce félon de Marcus avait doublé l'intendance du commerce portuaire en négociant directement aux prisons un nombre conséquent d'esclaves, sans aucune déclaration. Moyennant quelques pots de vin, il était facile de s'attribuer les meilleurs arrivages et de se faire une marge non négligeable dessus étant donné qu'ils n'étaient soumis à aucun des impôts en vigueur. Le papelard faisait office de reçu lâché par mégarde - ou pas - par un imprudent intermédiaire, pour l'achat de quatre-vingt trois femmes et de trente six hommes. Et dieu savait que ce n'était qu'une affaire parmi bien d'autres, dont personne ne soupçonnerai jamais l'existence. Judas s'était vu ainsi facilement expliquer les quelques absences ponctuelles de Marcus au marché...

Le jeune homme laissa faire, le port s'échauffait à peine, les premières ventes se concluaient. Il ne quitta pas des yeux le fourbe queutard, qui repérait dejà son marché du jour. Apres quelques minutes, il enchérit, le piège commençait donc à se refermer sur lui, sans qu'il ne se doute de quoi que ce soit. Lentement, Judas se faufila jusqu'au bureau de l'intendance qui siégeait à deux pas de la cohue. Quelques minutes plus tard, il en ressorti avec un étrange sourire pour reprendre sa place dans la mêlée. Pas question de rater le clou du spectacle... Chaque fin de vente se terminait par l'arrivée de l'intendant, dont le rôle était de reprendre le registre de vente du jour pour le valider, au regard de la loi. Mais ce matin-ci, il eut du retard, fait inhabituel et ne vint pas seul à la rencontre des acheteurs... Une escorte armée l'accompagna, ce qui fit mugir l'assistance. Regards inquiets, mouvements de curieux, tout le manège ne présageait rien de bon.

Judas Jubila.
_________________

Envie de jouer?
--Marie_


Dur retour à la réalité. Celui glacé du pavé et cette douleur qui lui tétanise tout le corps.
Lentement, elle reprend conscience et se rend compte des dégâts de la folie fraternelle. Il l'a abandonnée, délaissée comme un vulgaire détritus. Exactement comme il a l'habitude de faire avec l'une de ces chiennes vouée à vivre les cuisses ouvertes.

Elle grelotte et gémit. Puisant dans ses ressources, elle rampe jusqu'au lit et parvient à y grimper. Elle s'enveloppe dans le drap qui peu à peu se tâche de son sang à peine coagulé. Et le temps passe ...

Judas rentre comme si rien ne s'était passé, prend soin de fermer la porte de l'entrée à clef et va voir Marie dans sa chambre, le pas léger. Il entre, s'assied sur le borde de la couche en l'ignorant un instant, puis prend le chapeau de Marcus dans les mains, pensif. La plume qui l'orne est arrachée d'un geste vif. Il l'agite un peu et caresse de sa pointe la peau meurtrie de Marie.

Le bruit de la porte qui s'ouvre la fait sursauter. Tout son corps se tend malgré la douleur qui la ceint depuis son réveil. Elle resserre le drap autour d'elle. Médiocre rempart face au courroux de son frère blessé ...

Elle reste immobile, terrorisée à l'idée de ce qui l'attend désormais. Elle se focalise sur le bruissement de ses vêtements, seul témoin de son déplacement dans la pièce, elle tend l'oreille jusqu'à pouvoir deviner chacune de ses respirations.
Il semble calme, apaisé ... Réalité ou leurre ?
Elle le sent se rapprocher dangereusement. Elle se fige, prête à bondir et à fuir si cela s'avère nécessaire.

Paradoxe et torture.

La douceur d'une plume effleure sa peau, la faisant douloureusement frissonner. Luttant contre son aversion, elle relève son regard rougi vers lui ...
Mon Amour ... Dévotion silencieuse face à son bourreau.


- Je voulais te montrer une lettre.
Il se redresse, marquant une courte pause.
- J'ai obtenu moyennant finance une preuve irréfutable de la félonie de Marcus
La plume suit son chemin, sage, douce.
- Il est venu tout fier, tu aurais vu ça... Il n'avait aucune idée de la surprise que je lui préparais
La plume continue son exploration, plus audacieuse.
- J'ai donné la lettre à l'intendant. Juste après m'être assuré qu'il ait enchéri sur un lot
La plume tombe au sol, Judas joue de l'index comme si les bleus et les traces n'existaient pas. Avec lenteur, il reprend:
- Forcément, la maréchaussée a débarqué. ils l'ont attrapé comme un malpropre, direction... Je ne sais où, mais là où il a sa place, assurément

La crainte habite le regard habituellement si sûr de lui et fier. Il l'a brisée, elle la "Reyne" ...
Il se joue d'elle, use et abuse de son nouveau pouvoir ... Tremblante, elle laisse le drap tomber, dévoilant, malgré elle, son corps couvert d'ecchymoses. Et cette plume agaçante et lancinante qui la harcèle.
Il lui raconte son plan machiavélique, sa vengeance face à l'affront qu'elle lui a causé. Il se délecte du visage qui lentement se défait un peu plus à chaque parole.

Et puis ce sont les doigts qui viennent succéder à la plume. Elle aimerait hurler, mais aucun son ne franchit ses lèvres tuméfiées. Pas même une larme qui roule sur sa joue. La source est tarie ...

Il la dégoutte, elle retient un haut-le-cœur. Et ces doigts autrefois si doux, ne sont plus qu'un fer rougi la torturant un peu plus. Il n'y a plus de Reyne, il ne reste qu'un Roy. Un Roy des plus odieux.


- Tu vois Marie, tout le monde paye dans la vie...
Sa déclaration est lourde de sens. Même toi, ma mie. Lorsque l'ardoise est trop chargée, il faut bien régler les comptes.
- Je vais me charger de lui rendre ce qu'il a malencontreusement laissé ici, des fois qu'il aurait l'envie de revenir....
Il prend le menton de sa sœur entre ses doigts, la regarde dans les yeux avec aplomb. Adieu Judas faible. Judas craintif et meurtri. La vengeance l'a chassé pour quelques temps.
- Je vais te faire préparer quelque chose à manger, je suis sûr que tu as grand faim mon amour.
Ironie? Même pas, le jeune homme croit à son speech. A des kilomètres des coups qu'il a donné au petit matin, de sa Marie battue comme plâtre. Versatilité étrange.
- Allez, viens donc. Les issues de la maison sont fermées, mais tu peux toujours t'y aventurer.
Il lui tend la main, froid et imperméable à sa souffrance, se saisit du chapeau et de la plume de l'autre.

Et il continue, plaçant ses pions sur l'échiquier, jusqu'à l'échec et mat.
Le goût de la bile emplit sa bouche. Nauséeuse. Sa tête tourne. Tout est un cauchemar, juste un mauvais cauchemar ...

Mais pourquoi ses paroles, lui font si mal ?

Il est froid et glacial, ignorant son état, faisant comme si rien ne s'était passé. Et elle le regard vide, le fixe sans le voir.

Sa main se tend, telle une bouée de sauvetage, mais plutôt mourir que de lui céder. Statue, elle refuse tout mouvement. Son corps bien trop perclus de douleur.

Oublie moi Judas, tu m'as déjà tuée ...


Judas ne perd pas son calme devant le refus de sa jumelle. L'heure n'est plus au jeu de force. Aussi se lève-t-il, lui baise le front et la laisse en paix. Rejoignant le salon, il repense, encore tout Heureux à sa manœuvre jouissive... Il hèle une esclave, lui ordonne de monter le repas à sa maitresse. La faim viendra, bien au delà de la douleur.

En attendant que la Marie reprenne des couleurs, Judas sort. A la recherche d'un messager particulier dont il loue les talents pour des services bien particuliers.
Le genre de messager auquel on n'aurait pas envie de s'attaquer, quelque soit la teneur du message...

Il lui remet le chapeau et quelques cyniques phrases murmurées avec dédain. Une aumônière, et vaille. Le message sera remis au propriétaire du chapeau, qu'il croupisse dans les geôles ou qu'il dorme à poing fermé chez lui.

Désormais, Marcus connaitra son délateur.


~~ Quelques jours passent ~~

Des jours qu'elle boude toute nourriture, qu'elle reste cloîtrée dans la chambre de son bourreau, même si celui-ci lui laisse l'entière liberté de la demeure.
Elle a perdu tout goût de vivre, n'étant plus que l'ombre d'elle même.
Elle maigrit à vue d'œil, son teint blafard rendant ses meurtrissures plus impressionnantes. Le seul plaisir qu'elle s'est octroyé, c'est un bain, grâce à l'aide d'une jeune servante.

Elle ne dort plus, craignant le retour de son tortionnaire. Ce dernier continue sa vie comme si jamais rien n'avait changé. La prenant dans ses bras chaque soir, ses mains explorant son corps désormais inerte.

Pauvre petite poupée de chiffon qu'il malmène à loisir.


Afin de faire flancher le bras de fer mental qu'elle lui inflige, Judas a décidé de jouer une tactique douce, imparable. Chaque jour, il rend un peu plus les rênes de sa vie à Marie. Quelques cadeaux, quelques attentions de plus, petit à petit. Plus de nouvelles de Marcus depuis des jours, on le dit au vert, ou mort. Judas sait bien qu'on n'élimine pas le chiendent aussi aisément.

Il laisse venir.
--.marcus


Humiliation. Quelle est l'arme des humiliés? la vengeance. Laisser venir la vengeance, quelle imprudence...

Marcus se traine, âme en peine hantant son domaine, un vulgaire chapeau déplumé en main. Les mâchoires serrées, il repasse le moment ou la garde est venu le saisir par les épaules, lui assénant un coup dans le dos afin de le faire flancher. Marcus agenouillé, et le rire chafouin de Judas , là quelque part dans la foule. Judas, ce traitre. La honte qui s'était emparé de lui au moment où l'intendant avait annoncé son renvoi de l'ordre marchand, brandissant un papier qui ne lui était pas inconnu. L'assemblée entière avait pu entendre la sentence, et lui, pauvre condamné qui balbutiait des excuses qui ne tenaient pas. Le ricanement ennemi était devenu fou rire , rire de fou, de ceux qui retournent les tripes.

Judas! Adversaire, enfant de putain. Von Frayner!

Un triste hoquet colérique amena l'image plus douce mais pas moins perfide de son amante. Marie. Ses cuisses en étau, ses lèvres en aveu, son corps en don. Il l'avait eue, pour le simple plaisir de posséder ce à quoi son ennemi tenait le plus. Une poupée avec laquelle on joue, a qui on fait rosir les joues, une de celle qui vous arrache des cris de jouissance et que vous méprisez des cils à la pointe des seins. Un trophée de chair, que l'on manipule pour mieux blesser l'autre. Les femmes sont bavardes, les coups bas encore plus. Le chapeau n'avait pas été oublié fortuitement. Il n'y a pas de place au hasard dans les affaires de haine.

Que sa passait-il maintenant? Le jeu avait fait un perdant, un mauvais perdant. Plus de Marie, plus de statut social, juste quelques esclaves et les galères qui s'en iraient sans lui désormais. Le poing du jeune Marcus s'abattit sur une cruche qu'il brisa. Les morceaux tombèrent non loin d'un nécessaire à écriture. Les yeux noirs du jeune homme s'y figèrent un instant.

La vengeance est un plat qui se mange froid. Les grands jeux se doivent d'avoir de grandes fins.

Il se saisit de la plume, du vélin, et écrivit quelques mots.





Ma douce, ma mie, j'ai appris ce que te faisais subir Judas, je sais qu'il t'enferme. Mon esclave m'a informé que tu avais une permission journalière pour le marché, et bien que tu sois chaperonnée je me dois de te dire que je ne t'ai pas oubliée. Rejoins moi donc, lors de ta prochaine permission , viens donc me retrouver! Je me languis tant de toi, qu'importe les sentiments que me porte ton frère, pense à ceux que je te porte moi. Je t'attendrais , ne m'oublies pas Marie.

M.


Le pli fut confié aux soins d'une servante.
--Marie_


Bras de fer.

Les jours passent et pas un des deux ne cède. Ou du moins pas encore ...
Mais force est de constater que Marie fond comme neige au soleil et, devant sa maigreur alarmante, Judas concède à ce qu'elle puisse sortir un peu, mais sous haute surveillance.

Cela commence par un tour dans le jardin. Le rose regagne alors les joues blafardes de Marie et l'appétit revient lentement.
Au fur et à mesure, Judas lâche un peu plus de bride. Du jardin, la sortie s'étend au marché tout proche. Persuadé que sa sœur baisse les armes et reprend raison.

Son escorte ? Sa fidèle servante, espionne à ses heures pour le compte de Marie et en contact avec un valet de Marcus, puis trois gaillards triés sur le volet par Judas lui même, de fines lames sans aucun scrupules et qui ne reculeraient devant rien. Âmes damnées au service d'un serpent.


Un matin, la servante glisse un vélin dans le linge de Marie afin que Judas ne remarque rien. Celui ayant quitté la chambre après le petit déjeuner. Marie découvre avec bonheur le mot de Marcus.
Sourire de connivence avec la servante. Elle s'habille et s'apprête à sortir.

Dernier baiser à son autre avec une certaine émotion. Ceci est peut-être la dernière fois ...

Je ne serais jamais ton esclave Judas.

Les deux corps de séparent. Déchirement et douleur vrillent le ventre de Marie. Malgré tout elle lui offre le plus beau des sourires ...


Le marché est peuplé ce matin, il y est difficile de circuler. Situation idéale pour échapper à la surveillance des trois molosses.
Un arrêt à un stand de tissus. Les deux jeunes femmes parlent chiffons. Les toiles se tendent, masquant les yeux des gardes du corps.
Un léger mouvement de foule sciemment créé par la participation d'un gamin, rémunéré pour l'occasion pour commettre un vol, et en un clin d'œil Marie disparait dans la foule ...

Les ruelles étroites s'enchainent à une vitesse folle, rien ne pourrait stopper sa course effrénée. Le sang pulse douloureusement sous ses tempes, à un moment, elle croit même que son cœur va défaillir, alors elle trouve refuge sous un porche pour reprendre son souffle.
Oreilles à l'affût. Aucun bruit de course ne lui parvient, elle a réussi.
C'est donc plus calmement qu'elle rejoint son but tout proche. Encore deux ruelles avant qu'elle ne s'engouffre derrière une petite porte. Un escalier tortueux succède et débouche sur une terrasse.

Une autre porte, qu'elle pousse avec précaution cette fois...

Cette silhouette, enfin ... Une voie étranglée qui voudrait crier victoire, mais qui, dans la retenue, s'étouffe.


Marcus ...
--.marcus



La vie fait souvent bien les choses. Elle rétabli un ordre donné, fait et défait des déboires tout en désignant la victoire à ceux qui la méritent. Marcus pense être de ceux là. Pétri de malice, il laisse échapper un rire pernicieux qu'encadre un rictus lorsqu'il constate que la petite souris n'a pas tardé à sortir de son trou pour se jeter dans sa gueule. Appâtée, intéressée, Marie ma pauvre Marie! Que ne perdra pas ton appétit...


Il se tourne vers la jeune femme, lui ouvrant ses bras.

Marie! Ma belle Marie. Le plaisir est fort grand de te voir dans mes appartements... Ton frère sait-il ta venue?


Les lèvres volages viennent fureter sur l'épaule claire de l'attendue, pendant que la question est lancée bien peu innocemment. Derrière eux, le loquet de la porte est refermée par une main avertie, mais dans l'émoi de l'instant, certainement que nul ne l'aura entendu. Il reconnait dans le cou le parfum des Von Frayner, qu'il exècre, qu'il répugne, se fait la réflexions que les plus belles créature ne sont pas les plus saines, de par leur engeances ou simplement parfois leurs idées. Elle transpire Judas par la moindre de ses pores, ou peut-être est-ce la colère aveuglante qui modifie sa perception de celle qu'il fut un temps, il a aimé courtiser.
Judas
Non!

Un objet vola dans la pièce.

Non! Non! Non!!

Par trois fois le poing lisse de Judas s'abattit sur la table, comme pour la briser, comme si c'était Marie qui s'écrasait sous ses doigts.

Tudieu comment avez-vous pu la perdre! Je vous ferai crever les yeux s'ils ne voient pas venir l'inéluctable! Fils de chiennes, retrouvez-là !!

Une main menaçante brandit une lame, les trois sbires détalèrent comme de beaux lièvres. Le Von Frayner les coursa jusque dans la rue, où il stoppa les dents serrées, reprenant contenance à la vue des passants qui s'effrayaient d'un tel spectacle. Un mouvement brusque et il fit volte face, raide de colère. Les chaperons du dimanche s'en étaient revenus sans Marie, l'air penaud et la queue entre les jambes. La nouvelle n'avait su que faire bondir le frère dupé, qui las de voir sa soeur se laisser dépérir par fierté avait fini pas lui céder plus de libertés, sous conditions... Il était évident qu'elle avait profité de la niaiserie des hommes pour se faire la belle, s'il y avait une chose que Marie savait cultiver, c'était bien le gout de la provocation.

Ainsi elle était seule, là dehors. De la colère ou de l'angoisse, Judas ne savait à quel saint se vouer. Pour toute décision il envoya valser le contenu d'un vase qui s'étala sur une peinture dans un cri rageur.


Va au diable Marie! Engeance de malheur! Par mille fois j'aurai aimé que tu ne sois ma soeur!

Et sous cette vérité à double tranchant, le Frayner ploya, fléchissant genoux à terre dans un sanglot désoeuvré.
_________________

Envie de jouer?
--Marie_


Dans un élan de bonheur, elle s'élance dans ces bras ouverts qui se referment sur elle comme une nouvelle prison ... Ce qu'elle ignore encore. Des bras qu'elle croit connaitre.
Naïve Marie ...

A trop jouer avec le feu, on finit par se brûler ...

Son cœur s'emballe sous le contact humide de ses lèvres dans son cou. Elle frissonne et s'abandonne telle une fleur dans la main du jardinier.
Dopée par l'adrénaline de sa fuite, tout autant que par celle de l'interdit et de tenir tête à son frère, elle plane.
Intérieurement, elle jubile, l'imaginant déjà fou de rage, le visage déformé par la colère.

Malgré elle, elle laisse échapper un rire de gorge. Rire qui sera sans doute mal interprété par celui qui détient désormais son avenir entre ses mains.

Pas un seul instant, l'instinct de Marie ne lui indique le danger. Son euphorie la rendant trop volubile.


Oh Marcus ! Si tu savais à quel point tu m'as manqué !
Tu n'imagines pas non plus tout ce qu'il a osé me faire subir ... Marcus ... Marcus ... Aide moi à oublier ...


Et lascivement, elle se frotte à lui, aguicheuse ...

Profite Marie ... Joue. Joue tant que tu peux.
--.marcus


Marcus prend cela pour un non, qu'il reçoit avec un plaisir certain. Si Judas ne sait pas que Marie est chez lui, cela lui laisse le loisir de faire ce qu'il veut sans désir de temps, même s'il n'a pas envie de trainer. Le Von Frayner saura bien assez vite où se sont perdus les pas de sa soeur... Ainsi que sa vie.

Car c'est Marie qui sera l'objet de sa vengeance, et il ne changera pas de projet, ni pour les sourires ni pour les mots doux, ni pour sa bouche de putain.

Elle lui parle, il ne l'écoute pas, fasciné par le forfait qu'il s'apprête à commettre, et plus encore par l'opportunité qu'elle représente. D'une main courtoise il l'invite à le suivre à travers de la pièce, pendant que dans son dos il attrape le premier objet qui se présente à lui. Un reliquaire, petit mais lourd. Un objet qui est fort beau, immaculé et symbolique.

Ma pauvre... Je vais t'aider à oublier... Tout oublier.

Oublier jusqu'à ton existence, un jour auprès de Judas, oublier ces jours où tu courrais le jardin, un sourire mutin aux lèvres. Oublier que tu as aimé, que tu as blessé, que tu ne fut qu'un jouet, une arme vengeresse. Le prétexte à faire mal, pour désigner le vainqueur d'une querelle d'enfants devenue affaire d'hommes. La voix caresse, la main elle, frappe. Assomme. Le reliquaire s'entache de sang.

Achève-la.


L'ombre qui attendait à la faveur d'un coin en retrait s'avance. Les seigneurs ont trop d'orgueil pour se salir les mains... Et pour fermer les portes eux-même. L'éclat d'une lame vient se refléter dans le carmin de l'arme improvisée, les voies de la haine sont impénétrables.
--Marie_


Aveuglée par sa liberté, elle baisse la garde. Naïve, elle se laisse mener vers sa destinée, sans sentir l'ombre de la Faucheuse planer ...
Elle avance, gracile et aguichante ... Elle le fait si bien ... Elle se laisse bercer par le doux venin envoûtant de Marcus.

Puis soudain, une douleur fulgurante la saisit à l'arrière du crâne.
Elle plonge dans l'obscurité et s'effondre telle une poupée de chiffon.


Profite de tes dernières minutes Marie ... Profite du peu de répit qu'il te reste avant de découvrir l'Enfer.
Marcus la livre alors en pâture au Prince des Ténèbres. Il l'abandonne au sadisme d'un esprit dérangé, mais ô combien efficace ...

Il sort enfin de l'ombre, dominant sa proie, un sourire inquiétant au coin des lèvres.
Sans aucune parole, une bourse passe de main en main et Marcus laisse place à l'Artiste ...

Le déclic de la porte qui se referme et sonne comme le glas. Avec facilité, le corps est soulevé avant d'être déposé sur le lit. Des liens viennent enserrer poignets et chevilles, d'une part, et montant du lit, d'autre part.

Et puis c'est l'attente ... Longue. Infinie patience que celle de l'esthète.
Quel plaisir y aurait-il à mutiler un corps lascif ? Toute la jouissance est dans la rébellion sous la lame qui meurtrit les chairs ... Les cris, les hurlements qui conduisent à l'extase, quand à chaque effort pour se faire entendre, le sang jaillit abondamment.


Sensation de lourdeur qui ankylose son corps. Et cette douleur lancinante qui lui enserre le crâne ... Elle peine à ouvrir les yeux, elle grogne et cherche à se tenir la tête ... Mais, ses bras sont comme paralysés, puis elle se rend compte enfin qu'elle est attachée.
Au prix de lourds efforts, elle ouvre les yeux, se tortillant dans tous les sens pour se libérer de ses entraves.
Impossible.

Alors un rire caverneux s'élève d'un coin sombre de la pièce.


Alors "Princesse" ... On a fait un petit somme ?

La grande carcasse se soulève et se met en lumière. Quel délectation que de voir le visage de ses victimes, chaque fois, quand elles découvrent les traits patibulaires de celui qui sera leur bourreau ...

Il se rapproche, un sourire pervers aux lèvres. Sans un mot, il sort une lame dont l'acier reflète les lueurs du couchant.


Ne me touchez pas, où vous aller le regretter !

Le rire moqueur s'envole et s'amplifie.

Tu crois vraiment ça, sale putain ? Je vais te montrer comment je traite les trainées telles que toi, ma jolie ...

Il se rapproche encore, tant et si bien bien qu'elle peut sentir son haleine chargée de tabac à chiquer et de bière brune ...
Elle fixe alors les hématites sans expression qui se posent sur elle. La lame luit et se rapproche, menaçante.
Elle lui crache au visage avant de hurler tout en s'arcboutant en guise de révolte.

Mais la lame reste sage et n'entaille que le carcan de tissu, libérant ainsi la soie diaphane de l'épiderme ourlé d'une fine chair de poule.
Elle cri sa rage d'être ainsi ficelée, soumise à l'ignominie d'un détraqué ...


Et tandis que l'albâtre s'agite sous ses yeux, il grogne de satisfaction. D'une main rugueuse, il vient se saisir d'un des globes de chair qu'il presse et malmène sauvagement.

Continue de résister ma belle ... Mon œuvre n'en sera que plus réussie !

Il soupire de plaisir quand enfin la lame vient éprouver la résistance du soyeux laiteux, après y avoir longuement flirter le long des courbes généreuses ...

Elle hurle à s'en briser la voix, tandis que l'acier pénètre en elle avec une insoutenable lenteur. Elle sent alors la chaleur du carmin qui s'échappe et dévale le long de ses flancs. Puis la lame se retire pour mieux revenir, tour à tour, à l'intérieur de ses cuisses fuselées, épargnant consciencieusement les fémorales ...
Une belle mort est une mort lente ...

Torture.
Agonie.

Et cela durera toute la nuit ... À l'aube, les cris ont cessés, tous comme les derniers râles de la jeune femme refusant de mourir ...


Judas ... Dernières syllabes qu'elle prononcera dans un ultime soubresaut ...

Comme il lui a été demandé par Marcus, il prélève les preuves de son "travail".

Une boucle brune déposée sur le velours d'un coffret d'argent. Juste à côté, une petite fiole et un mot laconique.




          Elle ne valait pas mieux que les autres ...


Ne reste plus maintenant qu'à préparer l'ultime mise en scène ... Révéler aux yeux du monde, l'immensité de son talent ...
--.marcus


Morte. Il a tout vu, ou presque. La curiosité malsaine ou la satisfaction de savoir son désir macabre exaucé... Marcus est revenu aux premiers cris, devenus peu à peu hurlements puis geignements. En proie à une nervosité palpable, il avait parfois détourné les yeux de la scène, mais avait bien vite repris le fil des choses, fasciné, obnubilé par le spectacle sanglant. Chaque coup de lame était un pas de plus vers la jubilatoire victoire, et chaque larme d'effroi douloureux un triomphal revers à l'égo de son ennemi.

Lève moi ça des yeux, débrouille-toi, je veux que Judas la cherche encore, je le vois d'ici.. Il doit être dans tous ses états!

Rire salace, Marcus se sentait si léger... Et sans aucun remord ni scrupule, il fit signe à l'homme de dégager le carnage comme on remballerai un paquet devenu trop encombrant. La pièce porte les stigmates de la barbarie humaine, et l'odeur si significative du sang. Marcus la connait bien, ses galères empestent la mort... Mais ce n'est pas la mort d'un esclave cette fois-ci, le jeune noble a franchit un échelon, et avec l'excitation d'un dépucelage. C'est Judas qu'il a vu se contorsionner et hurler à la mort, ce corps là n'est qu'une barbaque par procuration, un exutoire qui l'aura presque fait pisser dans son froc de plaisir.

Ha, et surtout fais lui porter le coffret avant qu'il ne tombe sur elle hein, laisse le mariner...

Sans un regard pour sa victime, il retourna à ses affaires, comme si rien de terrible s'était joué sous son toit... Son oeil chafouin s'était irisé de malice, le regard figé de Marie lui, ne brillait plus d'aucun éclat.
Judas
Fou. C'est fou qu'il a fini par rejoindre le tumulte des rues aux heures où tous ont leur besogne à fouetter. Il court le pavé, haletant, à bout de souffle, l'oeil fol. Marie, Marie, je te maudis , je t'aime! Marie, ma mie, reviens!

Plus de colère, juste l'angoisse, le désarroi qui étrangle et les remords qui assomment. Où est-elle? Voilà des heures qu'il la cherche. Il a trouvé le coffret à sa porte et son message funeste, il en a perdu le peu de raison à laquelle il s'accrochait, attendant que les sbires s'en reviennent avec la Marie et son arrogance. Mais attendre, pourquoi? Chaque instant sonnait la perte de la soeur maudite, il fallut sortir pour caresser l'espoir ridicule de la retrouver. " Elle ne valait pas mieux que les autres " . Non, elle ne valait pas mieux, pourtant, elle était de sang et de chair, d'amour et de passion. Sa soeur ainée, son tourment, le sien, pas celui des autres. Pas une vulgaire fable d'amourette, l'interdit et les fleurs volées, le défi d'une vie. Battue par amour, aimée par rancoeur. Secret de Judas.

Il stoppa sa course devant chez Marcus, comme une évidence. Défonça la porte avec pertes et fracas, surprenant toutes les esclaves qui briquaient une demeure déjà reluisante. Un rugissement fit trembler les murs, celui de la beste blessée qui sait déjà comment elle sera achevée.


MARCUS!!!

Judas traverse la maison, retournant d'une force décuplée le décor où se cache l'ennemi. Comme si chaque verre lui portait l'insoutenable reflet de Marcus, comme si les meubles se riaient de son désarroi, tout valse, la colère brise. Tout est trop ordonné, trop propre. Tout est trop faux.

MARCUUUUS!!!!

Les femmes crient, mais parmi leur voix terrifiées ne s'envole pas celle de l'être recherché. Lorsqu'au détour d'un couloir il tombe nez à nez avec le fot-en-cul, le geste n'est pas maitrisé, un poing rageur s'abat sur le visage maudit qui fracasse le sourire fallacieux et l'air de ne pas y toucher. Les coups pleuvent, s'enchainant dans une terrible cadence, Judas se brise la senestre sur le faciès désormais exsangue de Marcus. Il n'aura pas laissé à son adversaire l'occasion de justifier quoi que ce soit, le poing s'applique à éclater cette bouche menteuse, condamnant sans procès l'accusé. Adieu contrôle, adieu prestance, le sol fraichement nettoyé du crime de la soeur se voit souillé par les éclats de la vengeance, ironie du sort, le sang du blond tâche son propre mensonge.

Il n'y a pas d'amour heureux. Bien moins celui de l'incestueux. Judas ne lâche le corps battu que lorsqu'il gît, inerte et défiguré, pour se relever en hurlant et éventrer la maison à la recherche des réponses que le jeune Marcus ne lui donnera plus. Oui mais... L'écho de sa rage pour seule réponse, il se rend à l'évidence, meurtri. La maison est vide, et n'a rien à lui rendre. Les murs ne parleront pas, Judas s'étouffe d'impuissance.

_________________

Envie de jouer?
--Marie_


Le diable est un grand artiste perdu par le goût du cocasse et du monstrueux. *

Marie n'est plus ...

Subsiste juste l'enveloppe charnelle suppliciée, jetée comme un vulgaire déchet à l'arrière d'une charrette.
Pauvre corps désarticulé, brinqueballé sur les chemins cahoteux menant à sa destination finale ...


La rumeur lui était parvenue une fois que son premier travail s'était achevé ... Le Von Frayner remuait ciel et terre.

Grognement de satisfaction. Il allait pouvoir atteindre l'apothéose d'une œuvre quasi-parfaite.

La chambrière claque et les chevaux passent au galop. Tout devait être prêt pour le Von Frayner.


Retour à la maison. Ultime affront pour mieux briser Judas.
Investir son territoire, son intimité ...

Dans la maison, la jeune servante perçoit le bruit de la charrette et sort au devant pour accueillir ceux qu'elle croit être les gens de la maison.
En temps normal, il est impossible de franchir les murs de la propriété. Mais ce matin là, elle est seule ...


Il en jubile déjà ... Pauvre naïve que tu es ... Ne sais-tu pas qu'on ne laisse jamais de témoin ?

Il profite que la jeune femme soit éblouie par les rayons solaires, masquant les traits de son visage à contre-jour.

D'un geste assuré, la lame jaillit et tranche la gorge gracile. Pas même un cri, tout se passe dans un silence de mort. Le carmin inonde le tablier de lin avant que le corps frêle ne s'écroule au sol.
Il est tellement facile d'ôter une vie ... Trop.

Bien vite, il se détourne de la misérable servante dont la dépouille est encore prise de légers soubresauts.
Sans ménagement, il se saisit du corps de Marie et pénètre dans la maisonnée ...


La maison est calme comme jamais elle ne l'avait été. Le bourreau gravit les marches et se met à la recherche de la chambre de Marie.
Celle-ci trouvée, il peut enfin travailler sa macabre mise en scène.

Le corps retrouve enfin le moelleux qui l'a si longtemps bercé ... Juste retour aux sources.


Il va passer de longues minutes à disposer comme il se doit son "modèle", lui faisant prendre la pose.

Poignets liés à la tête du lit. Le corps cambré, maintenu par quelques coussins ...
Visage légèrement basculé en arrière, auréolé par les cheveux retombant en pluie sur l'oreiller ...
Cuisses ouvertes laissant entrevoir l'ultime humiliation violant l'intimité autrefois accueillante ...

De son œil avisé de grand artiste, il avise avant d'ajouter la touche finale ... Alors il prend en main son chibre douloureux et se soulage sur le visage de Marie.
Une Marie souriante dont il a agrandi la bouche jusqu'aux oreilles.
Quand enfin sa semence souille les lèvres cadavériques, il quitte les lieux.


De Marie il ne reste que cette chair martyrisée ... Zébrée d'entailles ...
Et dans le seul œil qui lui reste, on peut y lire toute la terreur qu'elle a eu lors de son dernier souffle ...



* Georges Bernanos
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