Judas.
Les cales exhalaient leur fétides relents sur les berges Angevines, la puanteur de quarante jours de corps en sueur, de peaux usées les unes contre les autres s'évanouissait avec grande difficulté vers l'air pur. Ils étaient vingt, en rang par deux , qui foulaient de leur pieds sombres le pavé du port. Ces chevilles enflées d'être captives de lourds bracelets, se trainaient, s'entrechoquant parfois de fatigue. Il y a peu encore, les femmes se voyaient ceintes d'or et de perles, là où désormais c'était le fer d'opprobre. Dix femmes, dix hommes, tous maures, tous esclaves. Des sarrasins en majorité, ramenés par delà les eaux du sud pour grossir le cheptel humain de leur propriétaire . A leur tête, badine en main se tenait Judas. Un crieur fermait le cortège pour ameuter les clients du soir, juste avant que le jour décline. Sur son sourire édenté, les mots jaillissaient en flot continu, à la place de l'éclaireur silencieux.
APPROCHEZ APPROCHEZ! ARRIVAGE MAURE DE PREMIER CHOIX! POUR VOUS MES DAMES, POUR VOUS MES SIEURS, VENTE AUX ESCLAVES, APPROCHEZ APPROCHEZ!
Discipliné, le troupeau humain stoppa sa progression sur la grand place, avant que le marchand se retourne sur eux. Le visage fermé de Judas inspecta sa marchandise, l'oeil professionnel. Le crieur plaça les vingt erres en rang d'oignon, face au petit attroupement de curieux qui se formait, sans douceur, machinalement. Le brun aux cheveux en catogan tria mentalement les silhouettes, les teints, les sexes et les atouts de ses captifs, rigide. La badine pointa vers un jeune homme au teint mat, tout près d'un imposant noir.
Lui, met lui le collier blanc... Il est pour la Duchesse Angélyque.
Ainsi donc le crieur poussa d'un pas le désigné afin de le sortir du lot, et lui passa autour du cou une ficelle épaisse et drue, signe qu'il était réservé. Riccardo n'avait qu'à obéir, sûr que l'homme de Judas ferait son petit effet.
le manège tonitruant repris, le marchand plissa les yeux sur une femme qui ne tiendrait pas bien longtemps. En appui discrètement sur sa jambe gauche, elle révélait malgré elle une faiblesse à la jambe opposée. Il tiqua. Une légère mise au point s'imposerait avec son fournisseur à la fin de la vente.
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Discipliné, le troupeau humain stoppa sa progression sur la grand place, avant que le marchand se retourne sur eux. Le visage fermé de Judas inspecta sa marchandise, l'oeil professionnel. Le crieur plaça les vingt erres en rang d'oignon, face au petit attroupement de curieux qui se formait, sans douceur, machinalement. Le brun aux cheveux en catogan tria mentalement les silhouettes, les teints, les sexes et les atouts de ses captifs, rigide. La badine pointa vers un jeune homme au teint mat, tout près d'un imposant noir.
Lui, met lui le collier blanc... Il est pour la Duchesse Angélyque.
Ainsi donc le crieur poussa d'un pas le désigné afin de le sortir du lot, et lui passa autour du cou une ficelle épaisse et drue, signe qu'il était réservé. Riccardo n'avait qu'à obéir, sûr que l'homme de Judas ferait son petit effet.
le manège tonitruant repris, le marchand plissa les yeux sur une femme qui ne tiendrait pas bien longtemps. En appui discrètement sur sa jambe gauche, elle révélait malgré elle une faiblesse à la jambe opposée. Il tiqua. Une légère mise au point s'imposerait avec son fournisseur à la fin de la vente.
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