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[RP] Le cabanon, face au poulailler

Istanga
1er jour

Voilà, c'était arrivé, ils avaient craqué. Un surprenant verdict était tombé.

Encadrées par des gardes, Muse et moi avons été menées jusqu'aux geôles du château, conduites après la descente de trente-deux marches de pierre, inégales, sur lesquelles nous avons trébuché, dans un cachot dont la voûte haute est percée d'une sorte de fenêtre sans vitres, juste des barreaux.

Un rayon de lumière en tombe encore à cette heure, éclairant notre misérable demeure pour les jours à venir. J'ai vu pire mais ne le dirai pas. Je sens Musartine emplie d'une rage sourde face à l'injustice évidente. Je hausse les épaules, je sais qu'elle canalisera utilement cette colère.

Je regarde les paillasses posées sur le sol de terre battue, grimaçant à l'idée de la vermine dont elles doivent être infestées.

La lourde porte de bois s'est refermée, nous abandonnant à nous-mêmes. J'ai la gorge nouée mais m'interdis de céder à l'apitoiement.


Profitons de ce séjour, Muse. Nous avons du pain sur la planche.
Sous un gouvernement qui emprisonne injustement, la place de l'homme juste est aussi en prison.*



*Henry David Thoreau
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- D'un point de vue religieux, idolâtrer le duc c'est un truc qui me fait frémir d'horreur.
- Ou même la Reine...

"La Duchesse de Clérieux est en sang!
- Elle a ses règles?
- Oui, Dieu soit loué!"
Musartine


Le verdict était tombé. S'il avait correspondu à la demande du procureur, Muse n'aurait pas été surprise en soit.
Elle savait bien ce qu'ils avaient en tête, et elle savait bien quel pourrait être le verdict allant avec une telle logique.
Elle savait bien quelle était la politique de ce duché, et elle savait quel serait le prix à payer.
Et tout en le sachant, elle ne s'était pas arrêtée pour autant.

Certains parlent d'honneur. Mot bien galvaudé de nos jours. Muse n'en parlait pas de l'honneur. L'honneur n'est pas dans un titre qu'on exibe tel un trophée de foire. L'honneur n'est pas dans un serment que l'on énonce sans même en comprendre le sens. Elle se remémore alors le serment qu'elle avait lu sur certains documents lors de ces voyages. et alors qu'elle descend les marches menant au cachot, entourée des gardes,non loin d'Istanga, elle les murmure.


Aucun serment ni antérieur, ni ultérieur, envers qui que ce soit, ne peut me soustraire à cette obligation, sans aucune réserve.
Si je n’observe pas ce serment, que ma main se dessèche, que ma gorge se parchemine, que mes yeux disparaissent, que ma mémoire et ma famille soient maudits.


Elle aimait ces mots ... ils rappelaient ce que doit être l'honneur justement. Le peuple avant tout. Le peuple avant les fonctions. Le peuple avant les titres. Se sacrifier pour lui. L'honneur n'est pas préserver la faveur que nous venons d'obtenir, mais c'est savoir la sacrifier pour le bien d'autrui, et pour les générations à venir aient une meilleure vie que la leur.

Bien sur ce verdict est une abherration. Elles en sortiront affaiblies, blâfarde, affamées ... mourantes. Elles le savent déjà.

Mais c'est un merveilleux titre qui vient de leur être offert.


Profitons de ce séjour, Muse. Nous avons du pain sur la planche.
Sous un gouvernement qui emprisonne injustement, la place de l'homme juste est aussi en prison.*


Oh oui Ista. Nous avons du pain sur la planche.
Et nous aurons le temps pour se faire.
Crois-tu qu'ils ont conscience de ce qu'ils viennent de faire ?
Crois-tu qu'ils mesurent la portée de leurs actes ?
Parfois je me le demande ...
Nous voici maintenant prisonnières politiques. Il n'est pas bon de ne point être en accord avec le Duc en notre duché.
Mais peut être que peu à peu, tout le monde prendra conscience de ces privations de nos libertés d'expressions.
J'en serais presque ravie de ce verdict, s'il permet à tout un chacun de voir où nous vivons.
Car qu'avons-nous fait ? Nous n'avons qu'exprimer notre désaccord. Rien d'autre.


Muse voit alors une ombre passer le long d'un mur... Les rats, elle aurait du s'en douter. Surement leur seule compagnie pour les jours à venir.

dans quelques temps, nous rêverons de pouvoir en attraper un ... pour manger.

Bon tu as raison. Il est temps de travailler. Cessons les rêvasseries. Il y a tant à faire. Philosophons.

Tiens, commençons par une question. Là, nous sommes entre nous, et nous pourrons débattre. Et qui sait, de nos débats, surement des réflexions à venir.

A quoi servent les nobles ? et pourquoi sont-il nobles ?


Muse ne pouvait s'empêcher de sourire, voilà que la maïeutique allait commencer ...

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prisonnière politique
Miette, incarné par Istanga


A l'aube du deuxième jour - Route entre Vienne et Lyon

Dès potron-minet, Miette s'est mise en route, juchée sur une carriole menée par une vieille mule. Elle se rend à Lyon, pour aller aux nouvelles, car sa maîtresse est en prison.

Les ornières des chemins agitent joliment ses seins, qu'elle a petits mais fermes, de cette fermeté qu'ont les pêches à peine arrivées à maturité. Tout en taquinant la croupe de Led d'une légère badine d'osier, elle lève vers le soleil encore bas un visage criblé de taches de rousseur.

Miette est ainsi faite que rien ne l'atteint jamais. Elle se contente de l'instant présent et d'en savourer le parfum, sans contrepartie. Mais là, son esprit revient sans cesse sur les causes de l'emprisonnement de sa maîtresse et de l'amie de celle-ci. Muse, elle s'appelle Muse. Elle ne l'a pas vue souvent...

Elle va aller au tribunal, elle va chercher sur les affiches le nom d'Istanga : elle a appris à le lire. Et elle trouvera bien quelqu'un pour lui lire le reste, pour qu'elle comprenne.


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Tout ici n'est que leurre et balivernes.
Istanga
Le premier jour, fin d'après-midi

Les gardes sont revenus nous apporter une tambouille à laquelle je n'ai pas touché, mais ils ont accepté de m'apporter ma besace. Ils l'ont fouillée, bien sûr, et me l'ont rendue après avoir compté les parchemins vierges qui s'y trouvent,.

Le noble, c'est un personnage qui a un titre plus élevé que le maire, moins d'influence et plus de privilèges,,,

C'est ce que je réponds en souriant à Musartine.

Je vais profiter du rayon de soleil pour écrire, Muse. Si tu veux en faire autant, j'ai cinq parchemins, je peux t'en donner...

Un regard dégoûté vers le seau, dans le coin. J'espère qu'ils le vident tous les jours …

Je choisis l'endroit où la lumière donne le plus à cette heure, repousse la paille de mon pied, enlève le surcot que j'ai passé ce matin, lorsque j'ai frissonné en ouvrant la fenêtre de la chambre où j'ai passé la nuit.
J'aime l'appartement de mon frère. Partout, des feuillets couverts de son écriture emballée. Des phrases, jetées ici et là, comme celle que je donne en réponse à Muse. J'espère qu'ils seront bientôt là.

Je pose le vêtement sur la place dégagée et m'y assieds, dans la même position que les chameliers autour d'un feu de bouses.


Il faut que je prévienne ma fille moi-même.



Aux bons soins de Robert Arctor, à faire parvenir à Miroslav de Lendelin, à charge pour lui de lire la lettre à ma fille.

Anna Lyse, ma pauvre chère fille !

Que vous voilà affublée d'une mère qui vous écrit de sa prison ! Il eût sans doute mieux valu que je réfrène mon empressement à vous adopter et vous seriez encore à l'abri des infamies que l'on subit en ce monde ! Vous seriez alors encore sous la protection de Mère Geneviève .
Au lieu de quoi, vous voici sur les routes, à traverser les régions en armes ! Dieu vous protège, je l'en prie tous les jours, et les nouvelles que vous et votre oncle m'avez données m'ont réconfortée.

Ma fille, je vous en conjure, si je ne suis point sortie de cette geôle lorsque vous arriverez à Valence, n'écoutez pas les racontars, les sournoises médisances que l'on tentera de vous souffler, n'y prêtez pas plus d'attention qu'à une fiente de pigeon tombée sur votre chausse , continuez votre route, continuez de croire que la raison peut faire bon ménage avec la fantaisie et l'imagination.
Apprenez l'essentiel : un Lendelin ne s'en laisse pas conter. Considérez ce nom, non pas comme un fardeau, mais comme un espoir. Des Lendelin qui chantent.

A bientôt, Anna. Je vous recommande à notre bourgmestre, Dame Isabeau, si je ne puis vous accueillir moi-même.

Que Dieu vous préserve !

Votre Mère, Istanga de Lendelin


Je roule le parchemin, sans le sceller, puisqu'il sera lu avant d'être donné à Robert Arctor, toujours fidèle, qui viendra aux nouvelles demain matin.

Tu penses pouvoir dormir ?
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- D'un point de vue religieux, idolâtrer le duc c'est un truc qui me fait frémir d'horreur.
- Ou même la Reine...

"La Duchesse de Clérieux est en sang!
- Elle a ses règles?
- Oui, Dieu soit loué!"
Musartine
Muse la naive, Muse l'influençable, Muse la silencieuse...
Bien mal la connaissait qui la qualifiait ainsi.
Combien de fois avait-elle calmé les troupes ? Combien de fois était-elle apparut comme la calme et diplomate ?

Elle regardait Ista écrire, et s'affairait froidement. La réalité était que celle qui avait la réputation d'être impulsive était la plus calme des deux, et celle qui avait la réputation d'être calme était la plus impulsive.

La journée passant, l'inactivité la gagnant, Muse devenait de plus en plus fébrile. N'avoir rien à faire, n'avoir personne d'autre qu'Istanga à qui parler. Ô bien sur, elle aimait parler avec Istanga, mais c'était bien calme comparé à l'agitation habituelle.

Elle se levait de plus en plus fréquemment, faisant les 100 pas dans l'étroite cellule. Elle regardait à travers le soupirail, sentait la vie continuer au dehors, sentait les idées fuser, mais rien ... rien à faire, rien à préparer. Rien.


Je vais profiter du rayon de soleil pour écrire, Muse. Si tu veux en faire autant, j'ai cinq parchemins, je peux t'en donner

Merci Ista. Merci ...

Muse prit le parchemin, et le regardait. Un seul. Son premier réflexe fut de vouloir écrire à celui qui avait toujours la primeur de ses mots. Mais cela serait-il judicieux en cet instant ? Elle rêva alors, voyant les courbes de son écriture aux traits élancés dessinants tout ces mots qu'elle ne se lassait jamais de lui écrire. Mais ... si elle n'utilisait pas ce parchemin pour lui, pour qui donc l'utiliserait-elle ? Qui donc ?

A nouveau, elle entamma sa ronde cellulaire. Elle devait réfléchir. Elle devait agir. Mais cette situation était pire que tout. Il y avait tellement à faire, et un seul parchemin pour se faire... La soirée se vit bien entamée, quand elle fut sortie de ses réflexions par


Tu penses pouvoir dormir ?

Dormir ?????????????????
Dormir quand je vois que les choses empirent ?
Dormir quand je vois à quel point nous sommes esclaves de quelques hommes ? nous qui ne sommes ni serves, ni métayères, ni même vassales de qui que ce soit ?
Dormir quand je vois que la pensée même est interdite ?
Dormir quand je me demande si demain Gontrant ne sera pas mis en procès pour défaut d'intelligence ? ou tout simplement pour avoir été sorti de la misère la plus profonde par moi-même ?

Je hais l'intolérance Ista.
Je hais l'incapacité de certains à voir autre chose que leur nombril.
Je hais l'ignorance dans laquelle ils plongent autrui.

Comment pourrais-je dormir devant tant de ...


La colère faisait son oeuvre, comme à chaque fois lorsqu'elle apparaissait chez Muse, elle provoquait ces diatrybes qui pouvaient parfois être incisives, mais une fois n'est pas coutume, les mots finirent par se perdre dans la gorge de la jeune femme, et celle-ci s'assit, lasse, sur le tas de paille qui sera son lit.

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prisonnière politique
Musartine
le 2ème jour

Fatiguée, épuisée, lessivée, Muse avait fini par s'endormir ... après avoir passé de nombreuses heures à regarder les étoiles, une étoile.

Paradoxalement, dans ces heures sombres, ses rêves furent d'une douceur incomparable. Des bras rassurants l'entouraient, une odeur connue la rassurait, une voix inoubliable l'aidait à faire le point. Comme en toutes les heures sombres, même s'il n'était pas là, son époux savaient trouver les mots qui la guidait. L'empathie était si forte entre eux, que même alors, elle n'était pas seule. Seuls contre tous, c'était encore plus vrai maintenant.

Aussi, à son réveil, elle savait à qui adresser cet unique parchemin. Elle savait quels mots utiliser, et dès que le soleil le permit, elle s'installa sous son rayon qui transpeçait le soupirail, et écrivit à une amie lointaine.


Citation:
Fait dans les geôles de Roanne, le 26 Septembre 1459.

Aubanne,

A l'heure actuelle, je n'ai qu'un seul parchemin, et c'est à toi que j'ai décidé d'écrire. Mon époux, ma fille, mon fils, tout trois ont des nouvelles de moi, ne serait-ce que par les différentes annonces qui se font ici, le travail des gazettes, et les entrevues de par le soupirail.

Et oui, je parle de soupirail.
Tu as connu notre duché, tu le connais ...
Et je connais ton attachement à celui-ci, je connais les combats que ta famille a mené pour celui-ci. Aussi, il me semblait important de te dire ce qu'il s'y passe ces temps-ci.
Je ne te conterais que mon histoire, anecdotique en soit, mais je sais que tu comprendras tout ce que cela signifie.

Moi et mes proches avons créé, comme tu le sais déjà, un nouveau parti : O.R.G.A.S.M.E. Il est arrivé second aux dernières élections ducales. Thibérian, dont le nom t'es connu, fut élu Duc, et il m'a nommé, au vu des résultats de notre liste, à savoir seconds pour une première présence électorale, 1er conseiller. Il ne pouvait faire autrement.
Bien entendu, ma colistière et moi-même fûment en désaccord avec de nombreux faits au sein de ce conseil. Istanga, ma colistière, fut nommée juge, mais ses verdicts étaient contestés par le Duc, à un point où elle fut sanctionnée pour cela, et où il lui fut ordonné de ne pas tenir compte de certaines lois de notre coutumier. Mais en bon juge indépendante, elle continua de suivre les lois écrites.
Sanction fut donc demandée à son encontre. Et bien entendu, je la défendais. Cela m'a valu une visite du Duc, qui ne m'épargna aucune menace, ni son langage d'une vulgarité sans nom.
Abasourdie d'une telle façon de faire, d'une telle impolitesse, je me rendis chez mon amie Istanga, et lui fis part de la discussion que j'eus avec le Duc. Nous parlâmes alors du Duc, et des sentiments qu'il nous inspire : à savoir mépris et pitié.
Mais vînt alors le pire.
Par je ne sais quelle magie celui-ci eut vent de notre discussion, le conseil ducal décida de lever notre immunité. Les clés du château nous furent retirées, nous fumes traduites en justice pour trahison, puis condamnées à 7 jours de prison, et à la bastonnade.

C'est donc de cette prison que je t'écris ces mots.
Le Lyonnais-Dauphiné est tombé bien bas : les discussions privées, si elles ne vantent pas les qualités de notre Duc, sont prohibées, les votes des électeurs sont méprisés, le peuple est purement et simplement ignoré. Je ne parle même pas des violences dont nous sommes de plus en plus témoins. Où donc va ce duché ? trouvera-t-il un jour la lumière de la tolérance, du respect d'autrui, de l'amour ? Se relévera-t-il de l'abîme où il est plongé depuis fort longtemps maintenant ?

Le soupirail que je regarde souvent me rapelle les étoiles dont me parle si souvent Ghell : elles sont la lumière de la nuit qui nous guident dans l'obscurité. Suivons ces étoiles, et la lumière du Soleil nous apparaîtra.

Sur ces biens tristes nouvelles, je souhaite que ton propre chemin soit bien plus lumineux que le nôtre en ces temps difficiles,

Affectueusement,

Muse.


Elle plia alors la lettre, la cacha sous la paille, et attendit qu'Istanga se réveille afin de la lui remettre.
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prisonnière politique
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