Blanca_corvinus
En souvenir d'un RP disparu trop vite...
Le cri du coq la réveilla.
L'aube naissante pénétrait à travers les persiennes, éclairant faiblement leur lit et la chambre. Elle mit un moment avant de retrouver quel jour il était, où elle se trouvait... samedi 3 septembre... de retour à la maison... Saint Claude...
Même si elle avait voulu se rendormir, elle n'aurait pas pu. Son cerveau fonctionnait déjà à pleine vitesse, les pensées s'enchaînant... Les yeux grands ouverts face au plafond.
Elle regarda la silhouette allongée à côté d'elle, dont la poitrine se soulevait lentement à rythme régulier, puis retira doucement le drap de sur elle pour s'extirper du lit. En passant devant la chambre du bambin elle aperçut sa petite tête blonde au fond de son petit lit. Lupin dormait encore profondément. Leurs affaires de voyage traînaient dans le couloir, ils avaient tout déposé pêle-mêle après avoir déchargé la charriote. Trop exténués, l'appel de la couette avait été le plus fort à cette heure de la nuit.
Combien de temps avait-elle dormi? Trois heures? Quatre heures? D'un sommeil sans repos pour sa part. Trop de sentiments mêlés, trop de questions dans sa tête qui s'entre-choquaient. Prendre des décisions, les assumer, ne pas regarder en arrière. Et pourtant ses pensées l'amenaient sans cesse vers le passé, encore bien présent.
Pour l'heure elle n'avait pas le courage de se mettre aux fourneaux et de préparer le petit-déjeûner. Moumoute, leur chien-mouton, avait entendu sa maîtresse et vint se frotter contre ses jambes.
Allons prendre l'air, mon ami. Je sens que j'en ai autant besoin que toi! lui dit-elle.
Elle enfila ses braies et ses bottes et plaça une fine cape sur ses épaules, avant de sortir de la maison. Ensemble ils se mirent à marcher en direction de la Bienne, dont le flot tranquille et interrompu était propice aux réflexions corvinusiennes en général. Elle passa devant la taverne "Joie dans les Braies", encore endormie. Elle n'avait pas la force de s'y rendre encore. Pas envie de voir du monde, pas envie qu'on lui pose de questions auxquelles elle ne savait pas répondre.
Passant les remparts, les ruelles firent place à un chemin de terre, que Blanca suivit jusqu'au bord de la rivière, faisant halte de temps en temps lorsque Moumoute allait se perdre dans les fourrés. Lui aussi refaisait connaissance avec son chez-lui. Ils avaient été absents plusieurs semaines et il fallait un petit temps d'adaptation. En même temps, le sentiment d'être là où on avait envie d'être était bien présent. Simplement les choses n'étaient plus tout à fait à leur place, on sentait qu'elles avaient évolué... elles aussi.
Arrivés près de la Bienne, ils prirent un chemin à travers les fourrés, qui longeait le cours de celle-ci. Moumoute trottinait devant, disparaissant et réapparaissant. Sa présence était rassurante, apaisante. Et ce calme, ce silence... Bien loin de tout ce qu'elle avait connu ces derniers mois.
Elle sentit à nouveau un poids sur sa poitrine, une boule dans sa gorge, une envie de pleurs qui ne sortaient pas. Cette angoisse elle n'en voulait plus. Si elle était rentrée à SC, c'était bien pour ne plus la sentir, pour la fuir. Elle s'en voulait, elle n'avait pas été à la hauteur de ce qu'on attendait d'elle. Elle n'avait pas su concrétiser ses belles paroles, du moins pas autant qu'elle l'aurait souhaité. Elle avait perdu ses objectifs de vue et maintenant elle n'avait plus d'envie... une coquille vide.
Elle espérait qu'en revenant à Saint Claude elle réussirait au moins à sauver son couple et sa famille. C'était la seule chose qui comptait désormais. Retrouver une vie normale, loin de la politique, loin des histoires de clans, de familles, de brigands. Une vie paisible, simple... sans fioritures. Sans obligations, sans engagements autres que ceux du coeur.
Moumoute revint vers elle avec quelque chose dans la gueule. Elle l'ouvrit et en retira un vieux chapeau de feutre tout défoncé.
Où as-tu trouvé ça?
Elle regarda le chapeau troué. On ne pouvait plus rien en tirer, la pluie passerait à travers. Elle plia le bras et le lança au-dessus de l'eau, regardant celui-ci retomber dans la rivière, PLOUF!, et être emporté par les flots.
Tu vois Moumoute, parfois il faut savoir laisser couler... Elle se tut un instant, contemplant toujours la rivière, puis ajouta: Bon, on rentre? Mes deux hommes vont s'inquiéter si ils ne me voient pas revenir.
Ils reprirent donc le chemin en sens inverse et revinrent en direction du village.
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