Dame Pompoko, je suis ravie de vous rencontrer.
Installée sur un tabouret, les mains sur ses cuisses, la jeune femme incline le buste d'un geste un peu trop raide, comme si elle était maintenue par un corset habilement dissimulé, et la regarde en souriant, réfléchissant quelques instants aux réponses apportées.
Je vais m'empresser de saisir votre si gentille proposition et vous demander quelques éclaircissements supplémentaires. Je ne suis point là pour vous mettre en difficulté, mais l'affaire est d'importance, concerne nos plus proches voisins et alliés, qui nous ont déjà, je le répète, aidé. Il m'est important de vérifier que notre Conseil est à la hauteur.
Concernant la phrase étrange... Pourquoi ce besoin de mettre une phrase incompréhensible? Il suffit de quelques mots simples, par exemple, voyons voir... "Qu'il soit sû que la volonté du Conseil se manifeste ici et que nulle concession ne sera tolérée."
Mais,
sourit-elle, je vous accorde que c'est du chipotage. Même si vous n'êtes pas sans savoir combien l'image que nous donnons est vitale dans des négocations diplomatiques, qu'il n'est nulle place au ronflant et l'approximatif...
Juste une toute petite question en passant: vous votez une motion réglementaire pour condamner un tel acte? Pourquoi pas plutôt une missive? Ca n'aurait pas été plus léger?
Ah, le débat de notre cher Ost...
De quel droit? Mais de celui de citoyenne qui lit les procès en cours au tribunal. De celui de citoyenne qui a dû s'engager dans une lance privée pour protéger ses terres d'une vague de brigands en attendant l'aide de nos voisins. De celui d'une citoyenne qui a constaté que par deux fois nos terres furent menacées et par deux fois furent sauvées par nos voisins. De celui de citoyenne qui a lu que deux militaires se sont faits brigander par ceux qu'ils étaient censés massacrer sur nos routes. De celui de citoyenne qui sait que rien n'a été fait pour améliorer la qualité de nos armées et de nos soldats. De celui de citoyenne qui ne peut pas quitter sa ville car les routes sont si peu sûres qu'elle se ferait attaquer au coin d'un bois.
En gros, je me permet de douter en vertu de ma connaissance de l'état des défenses de notre pays.
Alors, je sais que le nouveau Conseil est volontaire et engagé mais je doute qu'il est réglé ces problèmes en quatre jours, sachant que ce fut le délai nécessaire à nous trouver un Coms.
Sachant aussi que la campagne de recrutement a été relancée et que ça sous-entend temps de formation et de tests des soldats. Et, n'oubliez pas que le Languedoc est sûrement plus au courant que nous de l'état de nos troupes...
Donc, oui, je doute de la qualité de nos troupes et je suis plus que consciente, certainement plus que vous, que proposer une aide ne serait que nous affaiblir et nous rendre vulnérables. Et tout le monde le sait. J'espère que vous aussi.
Je me demande si je dois m'appesantir sur l'état de nos réserves alimentaires. Sachant qu'à la fin du mandat précédent, la crise de céréales était telle que la production d'animaux se faisait au coup par coup...
La question concernant la justice mérite d'être posée.
Si, moi, en tant que personne physique, je suis attaquée, je veux régler moi-même mes comptes, c'est exact.
Sauf que nous parlons de la personne morale de notre Comté. Que ces hommes sont des citoyens rouergats.
Une question me vient. Peut-être pouvez-vous me renseigner.
Avons-nous signé un accord judiciaire qui autorise un Comté allié à juger nos citoyens en cas d'infraction? Ne devraient-ils pas être extradés et juger sur nos terres, par notre justice?
Trouvez-vous normal de livrer nos citoyens ainsi? Appliquez-vous la présomption d'innocence ou de culpabilité? Comment envisagez-vous notre avenir judiciaire en autorisant d'autres à faire notre devoir?
A titre personnel, je souhaiterais que nous prenions nos responsabilités, surtout vis-à-vis d'un ancien conseiller qui a sûrement utilisé des informations confidentielles pour monter son coup et que ce soit notre justice qui les punisse. Pour marquer le coup une bonne fois. Mais cette remarque n'est que ma conviction profonde, je vous l'accorde.
Donc?
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Agissons ensemble pour l'entente occitane !
