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Info:
Ce RP traduit l'évolution du jeune Damian. Chaque nouveau chapitre ouvrira une étape dans sa vie, et modifiera donc l'âge et la situation du personnage.

[RP] Comment devenir un grand garçon - Souvenirs d'enfance

Damian
Bien entendu, mes souvenirs ne me sont pas revenus par ordre chronologique. C'est bien normal, car, admettons-le, la vie d'un bébé est bien moins intéressante que celle d'un jeune homme ; que celui qui se souvient de ses premiers pas mieux que de son dépucelage me jette la première pierre.
Néanmoins, je conçois parfaitement qu'il n'est pas forcément agréable pour vous, lecteur, de suivre mon récit au fil de ma pensée, généralement chaotique et perpétuellement désorganisée. Aussi ai-je préféré suivre un ordre logique, au risque de perdre au passage quelques éléments - mineurs, car les plus importants me reviennent à tout moment.

Je vous prie d'apprécier mes mémoires comme le simple récit par un nouvel adulte de son enfance marquante et trop vite terminée. Ces années ont été pour moi si brèves qu'il me tenait à coeur de les faire exister tout au long de ma vie, par ces lignes.


--- Chapitre Premier : Le premier mot ---

Après mûres réflexions, c'est le premier évènement de mon enfance dont je me souvienne. J'aurais bien pu vous parler de ma naissance, qui fut intéressante. Néanmoins, je ne m'en souviens pas, on me l'a racontée. Ce serait tricher que d'y consacrer un chapitre de mes mémoires. Néanmoins, pour cerner un peu le personnage maternel, qui a été d'une grande importance dans mon enfance, et sera donc d'une grande importance dans mon récit, il vous faut savoir que celle-ci a accouché durant le sacre de Sa Majesté Nebisa de Malemort. Je suis donc né dans une calèche sur la parvis de la Cathédrale de Reims. Il existe, convenez-en, des venues au monde moins atypiques.

Durant le sacre et pendant les jours qui suivirent, il paraîtrait que mon père était présent dans mon entourage. Je n'en ai malheureusement aucun souvenir, et, très longtemps, j'ai vécu sans aucune figure paternelle à mes côtés - si ce n'est Ursule, la cuisinière, dont le pelage me rappelait celui du chien, qui avait deux petits -, ce qui a naturellement causé quelques troubles dans mon développement primaire. Néanmoins, je crois m'être, par la suite, bien rétabli, ce qui est tant mieux : notre société ne laisse pas de place aux fâcheuses extravagances.

J'ai, très rapidement, avant même de savoir parler, nourri une curieuse fixation sur ce personnage mystérieux, absent, mais dont tout me rappelait l'existence. Autour de moi, on le peignait souvent comme un salaud, un rustre, un traître, un fourbe avide de pouvoir. Je ne pouvais alors, ni démentir les horreurs que l'on m'assénait, ni les éviter. Néanmoins, je les ignorais, et développais au fond de moi une profonde admiration pour cet inconnu, convaincu que l'homme à qui je devais la vie ne pouvais pas être mauvais. On lui reconnaissait d'ailleurs cette qualité : il se battait pour la Reyne contre les félons. C'est à cela, avais-je compris, que je devais son absence. Même dans le seul défaut que je lui trouvais, mon père était un héros, ce qui acheva de le rendre à mes yeux le plus respectable des hommes.

Il était curieux que la personne que j'admirais le plus fut aussi celle que je connaissais le moins. A vrai dire, ne sachant pas parlé, je n'avais jamais eu de conversation avec personne. Aussi, mon enseignement moral était plus que limité, ma mère préférant m'apprendre le fonctionnement des institutions royales et me câliner à longueur de temps - ce qui était, je vous l'accorde, très sympathique - que les aléas de la vie et la manière de les surmonter. Je n'avais donc pas imaginé que l'on jugeait habituellement un homme sur ce qu'on l'avait vu faire, et non sur ce qu'on l'imaginait faire. De toutes manières, je me complaisais très bien dans ma semi-ignorance, qui me faisait chaque jour rêver de plus grandes choses pour mon père. Il devenait duc, roy et dieu à tour de rôle, et, au fond, c'était très bien comme ça.

Ne me demandez pas par quel miracle ceci a pu arriver. Je ne vous raconte pas non plus la grimace de ma mère. Néanmoins, ce mot est le premier à être sorti de ma bouche.


Pa-pa

Point de point à la fin de cette phrase, je n'ai pas prétention à affirmer que c'en était une. Cependant, elle eut le même effet sur mon entourage que si j'avais prononcé un long discours prônant l'abolition de l'esclavage ou autre absurdité.

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Camille.
Pa-pa


Et voilà! Vous leur consacrez votre vie, vos journées et surtout le peu de sommeil qu'il vous restait de leurs nuits et ils vous sortent un Papa! En attendant, le papa est au loin et à la guerre et il faut gérer seule ce petit Auditore en devenir. Quand on voit les hommes de la famille, on sait que le challenge sera de taille...

Heureusement, ce petit démon est aussi irrésistible que son père et Camille passerait des journées à le voir émerveillé découvrir que le truc, là, au bout du berceau et qui gigote en se moquant de lui depuis des jours, et bien c'est ses pieds! Et en plus qu'il peut les commander et leur dire quoi faire, notamment rejoindre sa bouche pour les sucotter avec plaisir. Commander, c'est le pied! Slogan officiel d'un bébé bien décidé!

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Damian
A part ce premier mot, je ne peux pas dire que ma toute prime enfance fut des plus denses. J'ai eu le bonheur d'être longtemps dorloté par une mère attentive, qui répondait à mes besoins naïfs de petite bête candide. Je n'ai pas dû voler pour vivre, tuer pour voler. Je me complaisais dans mon ignorance.
C'est, lorsque j'avais déjà quelques années, que je me rendis compte que j'étais, au fond, plutôt chanceux.


--- Chapitre Second : Découvrir la vie ---

La guerre battait toujours son plein. J'avais compris que je n'étais pas fils unique, parce que ma mère était aussi la mère de Tours. Je ne savais pas qui était Tours, mais je voulais vraiment le rencontrer, pour pouvoir voir s'il me ressemblait. Un jour, ma mère m'a dit que nous allions nous rendre à Tours, pour son travail. Je n'avais pas trop compris le rapport, mais je la suivis joyeusement, pressé de rencontrer mon frère.

Nous mîmes quelques heures, en calèche, depuis Rigny-Ussé. Il y avait ma mère, ma gouvernante, et moi. Ma mère travaillait sur des parchemins pendant que la gouvernante m'apprenait à lire sur le Livre des Vertus. Ca ne m'intéressait pas trop, mais j'avais compris qu'il fallait que j'apprenne à lire, si je voulais devenir quelqu'un d'important, comme mon père et ma mère.

Lorsque nous passâmes les portes de la ville, j'avais terminé les deux premiers chapitres. Je n'avais pas pour autant l'impression d'en savoir plus sur l'Univers et sur la Vie. Il faut dire que je m'étais plus intéressé à la prononciation des mots qu'à leur sens. Lors de ma seconde lecture, quelques mois plus tard, je sus mieux profiter des Saints Enseignements.
Ma mère rangea ses papiers, ma gouvernante rangea son livre, et je regardai par la fenêtre. De toute cette période de ma vie, ce sont ces images qui me sont le mieux restées à l'esprit.

Ici, un une jeune homme poursuivait un rat ; un peu plus loin, un rat poursuivait un vieillard. Trois hommes se battait au coin d'une rue pour un croûton de pain; à un moment, l'un deux tomba et cessa de bouger. Une jeune femme était penchée sur un chat, qui devait pourrir dans ce caniveau depuis des jours. Un homme en uniforme tentait de séparer deux hommes qui s'entredéchiraient. Je n'en vis pas plus. Ma mère ferma les rideaux de la voiture.

Je la regardai. Elle me regarda. Elle sentit dans mon regard une incompréhension inquiète. Je sentis dans le sien un sentiment d'impuissance navrée.

Je compris que mon frère allait mal, et je compris que, nuit et jour, lorsque ma mère travaillait, c'était pour le soigner. Ce fut à partir de cet instant que ma mère dépassa mon père. Auparavant, j'avais de l'estime pour lui, et de l'amour pour elle. A présent, j'avais de l'amour et du respect pour elle.

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