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[RP] C'est à Seignelay...

Della
Traversée par le Serein étirant calmement ses méandres, la Baronnie de Seignelay s'étendait sur des forêts, des cultures et bien entendu des vignes.
Ce n'était pas par hasard si la Baronnie avait échu à Della car l'un des fiefs, Beaumont, avait été possession de sa famille, dans un passé pas si lointain. Et récupérer Seignelay était pour elle, une victoire sur le destin qui s'était acharné sur le nom des Renarts. Pour comble de l'ironie, la jeune femme ne portait plus ce nom dorénavant, mais cela n'était pas important, Della était revenue sur les terres qui l'avaient vu naître ! Elle y mourrait probablement, telle était son espérance.

Le château était plutôt grand et assez récent, ne demandant pas encore de grandes remises en état autres que les entretiens habituels.
Flanqué de quatre tours et d'échauguettes, il se voulait château défensif sans pour autant négliger un certain confort pour les ailes habitées, ce qui ne déplaisait à la nouvelle châtelaine, habituée au luxe et au faste de la Noblesse de la Cour.
Une chapelle que l'on disait avoir été construite vers 727 par l'Evêque de Sens était dédiée à la victoire sur les envahisseurs sarrasins. Il faudrait lui rendre fière allure et très certainement demander à ce qu'elle soit recensée comme chapelle officielle auprès de l'Eglise Aristotélicienne afin que puissent y être célébrés baptêmes, mariages et autres sacrements.

Les forêts promettaient de belles chasses qui rempliraient agréablement les réserves de viandes pour l'hiver et garantiraient de somptueux repas si toutefois la Baronne désirait en faire.
A l'automne, on récolterait le blé en quantité largement suffisante pour que des dons soient faits à l'église.
Sur la table aussi, on trouvait du poisson, pêché dans les eaux du Serein, ainsi que quelques écrevisses de rivière et même parfois, quelques moules.
Enfin, à perte de vue, sur des coteaux bien exposés, se déroulaient les lignes rangées de vignes. Là était le véritable trésor, pour Della car là était sa passion primaire et c'est là qu'elle espérait bien revenir.

Pour l'heure, elle n'y était pas.
Paris la gardait encore.
Mais viendrait l'heure bientôt du retour.

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Della
Comme cela avait été prédit, la Baronne de Seignelay rentra au bercail.
Encore rongée par le chagrin mêlé de culpabilité, elle paraissait amaigrie, les traits tirés et les yeux trop bleus, perdue qu'elle était dans une robe noire, noir comme l'était le ciel le jour de son retour, noir comme le voile sous lequel ses cheveux se perdaient, serrés dans un chignon sévère.

Pendant plusieurs jours encore, personne ne le vit à part ses gens qui la servaient.
Elle demeura cloîtrée, priant ou pleurant, les deux en même temps parfois, refusant toute nourriture riche, comme se privant pour se punir d'un acte dont elle n'était pas responsable.
Elle fit mander un prieur qui arriva de Romagne, fief de l'Ordre Teutonique.
Elle lui conta le drame, l'amour qu'elle portait à la Reyne, cette rage qu'elle avait de ne point avoir pu la sauver, son désespoir d'envisager la vie sans elle.
Il l'écouta, la confessa, lui lut des pages et des pages des saintes Ecritures, observant jour après jour le bienfait de la Parole sur la Baronne qui petit à petit recouvra un semblant de joie de vivre.
Lorsque le prieur repartit pour Romagne, il promit à Della de revenir bientôt et elle lui promit de reprendre des forces.

L'arrivée de Kéridil, son époux, finit de remettre la jeune femme sur pieds.
Oh bien sûr, elle serait toujours malheureuse de la disparition de son amie, elle porterait encore longtemps le deuil...mais elle redécouvrait le plaisir de faire des projets et mieux encore, de penser à demain avec son époux, en se promenant avec lui parmi les vignes dont les fruits étaient prometteurs.

Mais sans doute fallait-il encore que le couple éprouve sa solidité car quelques jours plus tard, le Baron de Montpipeau dut repartir pour répondre à une levée de ban, sous la bannière de sa mère Naluria d'Amahir.

Du coup, Della se relança dans le travail : les vignes, la Diplomatie et la politique ! De quoi avoir des journées bien remplies pour tromper l'attente du retour de l'époux !
Cela passa même par une campagne pour les futures élections, ce qu'elle n'avait jamais osé jusque là, elle le faisait ! Pourvu que le Ciel lui vienne en aide...

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Theognis
Il vendit son bois sur le marché de Nevers, debout, les bras croisés. Sa peau sentait encore la sciure mêlée à la sueur. Ses cheveux rebelles formaient des épis en désordre. Ses yeux profonds défiaient les acheteurs potentiels avec ostentation. Ceux-ci, gênés, hésitaient....Mais payaient quand même. La pénurie les prenait à la gorge.

4,20 écu la stère. 36 stères. Cela faisait plus que Théo n'avait jamais su compter. De quoi acheter du pain, du vin, une paire de bottes peut-être? Il se croyait revenu à ses premières heures, à ses premiers voyages, quand sa ligne d'horizon se résumait à Sémur-Mâcon. Les pieds poudreux et des rêves plein la tête.

Seule restait la poussière. Elle blanchissait ses vêtements, son visage, ses cheveux. A moins que ce ne fut le temps? Tout semblait si loin désormais. La vie elle-même était loin de ses préoccupations.

Armé de sa bourse, il choisit une auberge convenable, pour une fois. Son repas expédié, il monta dans sa chambre en évitant tous les regards. La qualité du vin attiraient les noceurs de Nevers comme des abeilles sur du miel. Le brouhaha de leurs chants empêcha longtemps Théo de fermer l'oeil.

Cela ne le dérangeait pas. Le sommeil le fuyait. Il fixait le plafond et des étoiles apparaissaient dans son regard. Quelques bribes de pensées s'organisaient pour tracer son avenir, pour la première fois depuis de longs mois. Par habitude, ses doigts frôlaient les bords de sa cicatrice, une ligne parcheminée sous le nombril, un coup porté un jour de maraude en Limousin par un brigand qui sentait fort le vin.

Cette blessure ne l'avait pas achevé, contrairement à ses souhaits. Chaque jour, en défaisant le bandage, il contemplait les progrès de la coagulation avec une stupeur malsaine. Il se soignait peu, ne se ménageait pas. A peine guéri, que la forêt d'Autun résonnait de ses coups de hache. Epuisé, il dormait à même le sol, sans se méfier des bêtes sauvages et le lendemain, recommençait. Sans se ménager, comme pour vider toute son énergie avant de mourir. Mais l'heure n'était pas encore venue. Aucune infection ne vint compliquer la guérison. Aussi finit-il par s'habituer à la douleur et la douleur s'habitua à lui de sorte qu'un jour elle s'estompa sans laisser de traces. Sauf cette ligne brune, tenace.

Le lendemain, il se trouvait dehors aux lueurs de l'aube. Pour l'occasion, il avait donné ses fripes à brûler et, revêtu de ses plus beaux habits, il se dirigeait vers le relais de poste d'un pas assuré. Son pourpoint grenat à dentelles, son chapeau orné d'un panache de plumes, formaient un contraste saisissant avec le bûcheron de la veille. Ainsi, personne ne le reconnut et chacun s'écarta de son passage. On murmurait à son endroit des paroles suspicieuses. Encore un royaliste réfugié en Bourgogne? Théo s'en amusait, preuve de son excellente humeur en cette matinée.

Devant l'écurie, un bel étalon à la robe sombre eut sa préférence. La selle était médiocre, mais l'effort de guerre, blabla....Passant sur les détails, il lança le reste de sa bourse au tenancier et partit sans se retourner. Talonnant sa monture pour un trot régulier, il choisit un chemin qu'il connaissait bien. Il conduisait à Seignelay, son ancien fief. Il conduisait à Della de Volvent, autrefois sa vassale.

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Les Terres d'Arquian
Della
L'attendait-elle ?
Qu'importe...
L'espérait-elle ?
Sans doute...

Ce fut un jour comme les autres qu'il choisit d'apparaître.
Elle...sans doute était-elle au milieu des vignes car nous étions au début de la saison des vendanges et l'heure était à l'auscultation minutieuse de ces fruits divins auxquels elle sacrifiait tout.

Ceci fut probablement la raison pour laquelle elle le vit arriver, là-bas, sur la route venant du sud.
Elle le reconnut au premier coup d'oeil, sans aucune hésitation, elle sut.
Elle ne broncha pas...elle l'observa...Cavalier en approche, à l'allure encore si fière, Baron éternel pour qui le connaissait, éternel objet de son désir inavoué ou presque.
Alors qu'il entrait au château, alors même qu'elle l'avait perdu de vue, elle l'imaginait s'adressant à un quidam, demandant à la voir.

Elle-même, choisissant de ne point le faire trop attendre reprit le chemin du château.


L'histoire de ces deux-là était à peu près aussi compliquée que celle de Beaumont, fief de Seignelay, et d'ailleurs, les deux étaient imbriquées indissociablement.
Ces histoires se jouaient sur des tableaux bien différents allant du simple profit - argument peu louable il est vrai - au jeu de la séduction tout en effleurant des sentiments bien difficiles à démêler.
Car Della en était consciente, elle avait été et serait sans doute pour toujours amoureuse d'Arquian.
C'était son point faible, son talon d'Achille, le seul bémol de toute sa vie faite de droiture et de rectitude.

Theognis était à ses yeux, l'incarnation de l'homme que l'on désire. Pas seulement au sens physique du terme car lorsqu'elle avait éprouvé ce désir pour la première fois, la pauvre ne connaissait encore rien aux affaires d'alcôve, mais aussi au sens propre, désir de possession, de l'avoir à elle, pour elle, rien qu'à elle, comme une enfant désire une pomme bien rouge...
Il n'avait pas fallu longtemps pour qu'elle comprenne qu'il n'en serait jamais rien. Theognis n'était pas homme à se laisser ainsi saisir et capturer à perpétuité. Elle l'avait vu à l'oeuvre, elle avait vu ses compagnes souffrir jusqu'à en mourir de n'avoir pu le garder.
Un mariage qui arrangeait tout le monde avait été prémédité et avait avorté sur un coup de marteau d'un juge : Theognis était coupable, il s'était attaqué à la mauvaise brebis. Le couperet tombait : le Baron était déchu, le mariage foutu.

La vie avança.


Quelques jours plutôt, la Baronne avait écrit au Héraut Bourgogne afin qu'il daigne faire son office et veille à ce que l'octroi de fiefs se fasse rapidement.
Hélas, depuis, aucune nouvelle, ni mauvaise ni bonne, n'était revenue en réponse.
Qu'importe !
Le destin était en marche, pour tous.


La Baronne passa la porte de la cour, elle était à pied, elle avait les joues rouges du pas pressé qu'elle s'était forcée à tenir pour arriver au plus vite au château, ses cheveux devaient s'échapper pour quelques uns d'un chignon sévère caché sous une coiffe légère, elle fit signe à un valet qui venait au devant d'elle probablement pour lui transmettre un message ou lui annoncer une catastrophe, de ne pas l'importuner...


Bonjour Theo...
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Theognis
Bonjour Della...Baronne de Seignelay.

Un léger sourire trahit son émotion. Chapeau à la main, la posture raide sur cette selle inconfortable, il marqua l'arrêt un instant pour rendre hommage à la baronne mais ses yeux dévisageaient avec intensité la bourguignonne. Une lueur amusée traversa son regard. Loin de la société, il avait oublié le bonheur d'être espiègle, en pensées et en actions.

Vous avez couru....Je ne dérange pas, au moins?

Sans attendre la réponse, il mit pied à terre puis il confia sa monture au valet de Della. Sa présence inopportune rendait les choses compliquées, pour des retrouvailles entre la femme mariée et l'amant, entre le seigneur et son futur vassal.

Amenez mon cheval à l'écurie, nourrissez-le et bouchonnez-le avec le plus grand soin, je tiens à cette bête.

La phrase sonna comme un ordre et le valet s’exécuta avec déférence. Peut-être avait-il reconnu l'ancien maître des lieux, bien que Théo eut toujours préféré les forêts sauvages d'Arquian aux contrées fertiles de Seignelay. Le domestique s'éloigna et ils se retrouvèrent seuls.

Vous avez une mine éclatante. Les vignes promettent une bonne récolte, les élections sont-elles en bonne voie? Eclairez-moi sur le secret de votre beauté.

En s'approchant, pas à pas, lentement, il cueillit d'un geste sûr la main de Della et posa un long baiser sur le revers des doigts, sa langue appliquée sur une petite coupure fraîche de ce matin. Ses yeux, où le bleu disputait au noir l'éclat des pupilles, ne quittaient pas les siens. Les souvenirs se bousculaient en ses pensées.

Le soleil devient brûlant....Les vendanges seront précoces cette année. Vous me feriez l'honneur d'une visite dans les vignes?

Il se redressa devant elle, si proche qu'il distinguait le grain de l'épiderme, les ridules au coin des yeux, la pulpe gourmande de ses lèvres. Le deuil de sa Reyne n'altérait pas son sourire, nota Théo en une observation fugace.

A moins que ton mari ne soit au château, évidemment...

Le ton de sa dernière phrase ne laissait aucun doute sur l'ardente complicité qui le liait à la châtelaine. Au fond de lui-même, il eut l'impression de s'en nourrir avec délectation, comme à la suite d'un hiver long et rude.
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Les Terres d'Arquian
Della
La fascination n'a de maître que le plaisir que l'on retire d'un jeu de séduction où le chat devient la souris. Les regards et les sourires échangés concourraient au trouble partagé, laissant flotter entre le visiteur et la Baronne, ces subtiles et innocents points de suspension auxquels ils attachaient leurs secrets.
Car des secrets, ils en avaient. De ces secrets qui pimentent le quotidien, qui font que l'auréole d'une sainte a besoin d'un coup de chiffon et que la hagiographie du saint sera revue et légèrement corrigée.


Mon époux n'est pas ici. Il se bat.
Tout était dit.

Viens...Sans attendre de réponse, elle l'entraina sur le même chemin menant aux vignes, passant son bras sous le sien.
Silence alors qu'ils marchent, elle regardant droit devant elle pendant de longues minutes, serrant juste un peu ce bras auquel elle semble s'accrocher.

Le vignoble vers lequel ils se dirigeaient s’étendait sur de longs arpents, baigné de soleil, reflétant la chaleur de cette fin d'été.
Une source jaillissait à l'orée du bosquet bordant le vignoble. Source canalisée irriguant le sol réclamant cette eau nécessaire à la vie.
C'est à la source qu'elle s'arrêta, y plongeant les mains en offrande pour y recueillir le liquide salvateur qu'elle présenta à Theognis avant de se désaltérer elle aussi.


Savais-tu que cette source existait ?

Elle s'assit alors sur le rebord de pierre, contemplant tour à tour Seignelay et le Baron éternel.
Je voulais cette terre...Fallait-il insister ? Il savait ce qu'elle voulait dire, la façon dont elle aurait voulu avoir cette terre et cette autre par laquelle elle l'avait finalement obtenue.
Et je te veux avec elle. Theudbald a été averti, Montjoie également. Tu redeviendras Seigneur...de Beaumont...et la boucle sera bouclée.
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Theognis
Il plongea le menton entre les mains de Della et but une longue gorgée de soleil. Leur complicité s'offrait un moment de répit, en cette époque où les délations, au nom de la Vertu, pullulaient comme les miasmes de la peste.
Son regard coulait parfois au-delà du menton sur le galbe du corsage et les mots, les phrases, les questions frissonnaient sous la chaleur des souffles de leurs bouches. Les couleurs fauves embrasaient l'horizon.

L'eau de source ne rafraîchit pas les pensées de Théo. Della, pendant ce temps, fournissait à son existence des raisons d'espérer. Elle avait de l'assurance dans ces affirmations, trahie seulement mais de manière décisive par l'errance de ces yeux sur les vignes amarantes.

Le Déchu garda le silence un moment assez long pour méditer la formule de la Baronne. La boucle bouclée. L'assertion lui semblait étrange. Le point d'arrivée se confondait alors avec le point de départ et le voyage se résumerait à une parenthèse dans le cours des saisons. C'est une réalité implacable que le marcheur peut courir, peut ramper, la vigne à la fin de l’Été mûrit. Mais devenir seigneur de Beaumont quand on a été Baron d'Arquian et Baron de Seignelay n'entrait pas dans les plans du Destin. C'était un pied de nez à la Raison, la rédemption offerte au coquillard, sans confession. La boucle terminerait en arabesque.

Les gardiens de la Morale, habiles renards prompt à fleurer le gibier déplumé, auraient là belle occasion de mordre les chevilles de la Baronne. Ils s'accrocheraient à ses basques comme des enragés de la Foi. Ils dresseraient des Croix grâce au Charpentier. Leurs sentences claqueraient comme cent verges. Pourtant, l'oeil de Théo s'anima d'une lueur d'ironie. Debout devant elle, il répondit seulement:


Qu'il en soit fait selon votre Volonté.

Après une courte révérence amusée, conforme à son caractère insouciant, il s'éloigna de quelques pas entre les rangs de vigne, choisit une belle grappe mûre pour la cueillir. Un grain éclata entre ses dents, ornant ses lèvres d'une pellicule sombre. Il sourit.

Laissons ces Hellequin mener l'armée des morts et parler en leur nom. Eux-même périront dans les flammes qu'ils ont créé.

Une main tendue invita Della à se lever, à s'approcher de lui. En cet endroit caché, loin de la ville, proche des vignes, entouré par les forêts, ces cathédrales de bois, il se sentait bien, il se sentait libre.

Si nous répétions la cérémonie d'allégeance?

Contre le protocole, son bras s'enroula autour de la taille de Della, ses doigts écartèrent une mèche blonde de son front. Et ses lèvres lui offrirent un baiser qui n'avait rien de vassalique.
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Les Terres d'Arquian
--Vendangeur
Avec Septembre viennent les vendange, et vendanges en Bourgogne sont coutume. La récolte du raisin, et son prestigieux devenir seraient-ils possible sans d'insignifiants mais nombreux vendangeurs ? Certes non.
A Seignelay comme en Chablis, à Beaune comme en Nuit Saint Georges, les serfs se pressent aux presses, aux vignes, couteaux en main et hotte sur le dos, aux fins que le vin coule à flot.

En la Baronnie bourguignonne de Dame Della d'Amahir-Euphor, de la Mirandole et en certains détails, sanguins notamment, de Volvent, la coupe du jour fut terminée, et chacun s'est rendu là où l'on écrase le fruit.
Nul n'est plus dans les arpents verts, nul n'est même resté afin de se repaître d'une grume, la punition serait sévère.
Néanmoins, un sujet dont le nom importe peu, mais qui aurait pu s'appeler Simplet, étourdi, a oublié sa hotte.
Quittant son ouvrage, et se lavant les pieds ornés de quelques peaux sucrées, le brave travailleur s'en retourne dans les collines, au soleil orientée, et où plus tôt il s'est activé.
La voilà, la hotte pleine d'un raisin pourpre, et en suite de s'être nourri d'une grappe, voici ladite hotte portée sur le dos robuste du gaillard, et la descente prête à être amorcée.

L'acoustique intéressante de ses montagnes faibles en dénivelé permet à l'écho de vous répondre, et de vous faire ouïr. Si le vendangeur ne sait quelle est la teneur de la conversation, il ne manque pas d'en déceler une, non loin, quelques rangs plus bas.
Blonde et brillante chevelure qui ne trompe pas, la Baronne en personne, accompagnée de quelque va-nu-pieds. Ne prenant pas gare, le garçon met un pied devant l'autre, et tête basse descend, priant pour ne pas être arrêté.
Mais le sort est parfois taquin, et le va-nu-pied qui n'en est pas un embrasse la Dame des lieux, et l'on jurerait qu'il n'est pas le Seigneur d'ici.

Vendangeur témoin, vendangeur pauvre en sus, voilà qui s'ouvre à lui d'amusantes perspectives d'avenir. Viendra tôt le temps de rappeler à Della son méfait, et de la faire chanter, douce et diplomate colombe.
A pas de loup, mais la hotte haute, le serf s'en va.

A-t-il été vu ? Rien n'est impossible. Après tout, quand l'on peut voir, l'on peut être vu, cela semble logique, bien entendu.
Della
Il était son Démon, en avait-elle conscience, il l'emmenait sur une pente dangereuse, le sentait-elle aussi chaud que le soleil de cette fin de journée. Il savait jouer avec elle, connaissant ce penchant qu'elle avait pour lui. Avait-il été déçu de ne pas la mener à l'autel ? Ils n'en avaient jamais vraiment parler. Mais pour elle, cela avait été bien plus qu'un plan qui tombait à l'eau. Elle avait perdu l'objet de son obstination.

Il serait tellement facile alors, de succomber à nouveau. Le baiser échangé, qu'elle savoura comme s'il eut été le premier et le dernier à la fois, n'en était-il pas le signe ? Déjà, elle se laissait aller à ce délicat tourment...
Ce fut un bruit, un frémissement dans les vignes, là, tout près, peut-être rien, un goupil ou même un lapin, le Ciel qui sait ?, à moins que ce ne soit un ouvrier ? qui la ramena à la Raison, repoussant la Folie, écartant la tentation...La Baronne se dégagea doucement des bras de Theognis, s'éloigna de lui, de quelques pas, distance rassurante...

Il ne faut pas, Theognis. Elle enchaîna, sans lui laisser le temps de répondre. Ce serait une folie, je ne veux pas de folie.
Il te faudra faire preuve d'humilité...peut-être aussi te montrer repentant et...
Il n'allait pas aimer la suite...sans doute demander le pardon de Guiguil. Et tant qu'on en était à toucher à des points délicats...Il y a sans doute beaucoup de personnes qui vont tenter de se dresser contre ce que je veux, Bourgogne a demandé ton casier judiciaire et Montjoie m'a prévenue que l'affaire serait délicate.
Elle respira profondément, fermant les yeux, semblant se noyer dans les parfums entêtants des herbes folles puis, rouvrant les yeux, son visage se marqua d'un air décidé...Comment osent-ils s'opposer à ce que je veux ? L'eau à couler sous les ponts depuis le temps...Ne connaissent-ils donc pas le mot "Pardon" ? Pourquoi n'aurais-tu pas droit à une seconde chance ? Pourquoi préférer nier ce que tu as fait depuis cette malheureuse affaire pour toujours revenir sur le passé ? Le ton montait lentement mais sûrement, Della perdait son assurance et son calme, contrariée. On efface l'ardoise de certains qu'on porte aux nues ou qu'on gracie...Pourquoi ne serait-ce pas la même chose pour toi ?

Un geste vague de la main, chassant l'air qui devenait lourd lui aussi.
Tu ne me trahirais pas, n'est-ce pas ?
_________________
Della
Non, pas à Seignelay mais dans une petite ville non loin de la frontière savoyarde.

Elle était revenue de sa visite au Procureur et elle était assise, songeuse, près de la fenêtre de cette si agréable auberge de Mâcon. Elle pensait...pensait...et pensait encore.

Dans un premier temps, elle avait voulu céder à la colère.
Colère contre Theognis, colère contre les andouilles aussi...colère contre la bêtise humaine.
Puis, parce qu'elle avait appris à maîtriser ses émotions, sans doute aussi parce qu'elle grandissait, elle avait préféré porter plainte.
Mais ce qui la contrariait par-dessus tout, c'était qu'il s'était moqué d'elle...
Oh, bien sûr, elle devinait qu'il plaiderait sa cause en lui disant que puisqu'on le trouvait indigne, alors, il le serait vraiment...Mais elle n'y croirait pas. Il avait brisé la confiance qu'elle avait en lui. Définitivement.
De rédemption, il n'y aurait pas donc.
Trahie, oui, elle l'était. Il avait osé.


Citation:
A Theognis Montereau.

Bonjour.

C'est pleine de déception que je prends cette plume.
Ce que j'ai appris, ce que vous avez fait, est ignoble, indigne, malhonnête.
J'espère que l'on vous pendra pour ce brigandage.

Je prierai alors pour votre âme, implorant le Très Haut de vous laisser une toute dernière chance puisque celle que moi je vous offrais, vous n'en avez pas voulu.

A Dieu, messire de Montereau.


Baronne de Seignelay et de Montpipeau
Dame de Railly et de Bréméan.

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Karel
Désolé pour la cohérence temporelle, mais si tu m'as reconnu, tu sais que ça ne m'a jamais spécialement intéressé de la respecter dès lors que ça créait du jeu



Route pourrie, château pourri, godasses pourries, Stilton de Lasteyrie pourrie! L'encapuchonné était furieux contre l'expéditrice qui ne s'était pas laissé arnaquer, mais comme il avait faim, il était bien obligé de lui obéir...
Et le voilà maintenant à saigne-les, un peu tremblant à l'idée de rencontrer Vampira, qui devait vivre ici...

Après s'être fait introduire, il tendit la missive à la maîtresse des lieux...

Dame Vam... Drac... heu... Dame...

Inclinaison phénoménale...

Dame Stilton de Lasteyrie m'a demandé de vous remettre ce pli...

Pli qu'il lui tendit...

Citation:
Chère Della,

Vous demander si vous allez bien serait de mauvais goût, aussi je vais me contenter de vous souhaiter que votre appétit vous revienne.
Ce qu'il fera sans aucun doute dans peu de temps, ces petits désagréments ne durent jamais tout le long de la grossesse.
Et vous verrez vous serez ravie de le tenir dans vos bras de le sentir contre votre cœur et tout sera oublié.

Je vous remercie encore pour ce que vous avez fait pour Ulrich.

Amitiés

Elisabeth



Elle a ajouté que vous me donneriez vingt écus, et une réponse!

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le joueur de Falco. a écrit:

Jouons.
Peu importe la victoire
Pourvu que le spectacle soit beau (et partagé )
Della
Vingt écus ?!?!
Etes-vous certain de cela, mon brave ?

Un sourcil levé, interrogateur et intrigué, Della saisit le pli envoyé par Elisabeth.

Quel votre nom ? Demanda-t-elle en décachetant la missive.
Etes-vous le serviteur de dame Stilton de Lasteyrie ?

Rapide lecture de la lettre, petit moue marquant un doute, un léger soupir...Pourvu qu'elle dise vrai, Elisabeth, sinon...

Retour au messager.

Hé bien...?
_________________
Karel
Rha! Toutes les mêmes ces nobliotes!

Oui, m'dame, vingt écus! Ca vous paraît beaucoup? A une dame qu'a l'air riche et bonne comm' vous?


J'suis Karel de Chaipaou, messager pour la journée pour la m'dame Stilton, voyez-vous, y faut bien que j'me nourrisse un peu!


Il tendit la main...


'lors? Concernant c'te réponse?


La main restait tendue, mais ce n'était pas la réponse qu'elle attendait...
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le joueur de Falco. a écrit:

Jouons.
Peu importe la victoire
Pourvu que le spectacle soit beau (et partagé )
Della
Il n'avait pas tort, le bougre. Qu'est-ce que c'était 20 écus pour elle ? Une bagatelle.

La réponse...je vais l'écrire. Elle doutait un peu de ce que le bougre aille répéter parfaitement les paroles qu'elle essayerait de lui faire entrer dans le crâne. C'est pas qu'il avait l'air méchant mais...simplet plutôt.

Allez donc aux cuisines, et dites que je vous invite à vous restaurer. L'on vous donnera ce que vous désirez.
Elle prenait peut-être un risque mais...elle se voulait charitable, sa foi lui obligeait.

Citation:
Chère Elisabeth,

Je vous remercie pour votre réponse qui me réconforte énormément.
Ainsi, je vais continuer de subir les assauts intrépides de l'enfant, avec patience.

Au plaisir.

Della.

Etait-elle réellement réconfortée ? Elle aurait bien voulu, oui. Parce que porter l'enfant tant espéré dans ces conditions était absolument horrible...même pour l'amour de Kéri Chéri.

Alors qu'elle avait fini d'écrire, que la lettre était prête, Della s'en alla aux cuisines à la recherche du sieur Karel.


Messire Karel ?
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