Khy
La rage.
Quelque chose de beaucoup plus fort qu'une simple colère, de beaucoup moins fugace qu'une petite fureur.
A comparer sans doute aux ressacs fracassants de ces nuits de tempête où le sable découpe & où les bateaux coulent.
La rage.
Quelque chose de dévorant & violent, plus ardent que le fer coulant pour forger une lame, & plus froid que le corps que cette même lame a traversé.
Quelque chose qui se confonds aux ombres des dunes de sable que la lune a crée ce soir.
Elle n'est que rage.
Une rage sourde, bourdonnante, qui la fait trembler comme une feuille, qui tire sur sa dextre bandée à la sensibilité qu'elle pensait abolie.
Une rage qui lui ordonne de retourner en taverne, d'attraper le brun & de lui retirer les entrailles de son petit poignard.
Pour que la douleur fuse, pour que la douleur dure.
Qu'importe qu'elle lui donne raison lorsqu'il vient affirmer qu'elle n'est qu'une chienne. On peut lui retirer sa qualité d'être humain, si c'est tout ce qu'il lui faut pour pouvoir l'abattre. Ce n'est pas grand chose en vérité, on ne l'a jamais vraiment considéré comme tel.
Même Nashia.
A cette pensée, les yeux de l'adolescente se ferment quelques secondes, avant de se rouvrir sur cette mer qu'elle n'a jamais vu, & qu'elle ne voit toujours pas maintenant, puisqu'il fait nuit noire. Mais qu'importe, elle entend, les vagues qui lui murmurent, le vent qui la caresse, le sable qui l'engloutit, qui se mélange à cette eau à la saveur salée.
Nashia.
Elle a laissé sa vie entre ses mains. Elle lui a tout donné, bien qu'elle n'ait jamais rien eu. Elle a toujours finit par accepter, souvent en criant, parfois en tapant, les décisions injustes ou non de la dame de Pettinengo.
L'empêcher de sortir son poignard alors qu'un homme la traite de gamine & de chienne, c'est plus qu'une décision injuste.
C'est une trahison.
Une trahison, à Orléans, ça se soldait d'un saut dans le vide suivit d'un arrêt rapide*. D'une soupe à la belladone, pour les plus distingués. Ou d'un coup de couteau dans le dos, pour tous les autres traîtres.
Une trahison, pour les questions d'honneur, c'était la lice.
Demain matin, sur le bureau de la mercenaire, sera déposé ce pli, au cachet vierge.
Deux personnes manqueront à l'appel, dans l'entourage de la Pettinengo : Khy, & l'Alix.
En attendant, Khy ferme les yeux, tentant de ne pas imploser sous la violence de la rage qui se déchaîne en elle.
L'Alix, à quelques mètres derrière, pense que si la noble est vaincue, elle n'aura plus de salaire. Mais qu'importe, elle préfère ça que perdre sa petite & insupportable maîtresse.
Et dire que ce matin, la seule préoccupation n'était encore que la couleur des braies de l'adolescente.
*Réplique de Norrington dans les premières secondes de Pirates des Caraïbes 1, à propos des pirates.
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Les enfances volées font des ados voleurs. Et de grands emmerdeurs, aussi.
Quelque chose de beaucoup plus fort qu'une simple colère, de beaucoup moins fugace qu'une petite fureur.
A comparer sans doute aux ressacs fracassants de ces nuits de tempête où le sable découpe & où les bateaux coulent.
La rage.
Quelque chose de dévorant & violent, plus ardent que le fer coulant pour forger une lame, & plus froid que le corps que cette même lame a traversé.
Quelque chose qui se confonds aux ombres des dunes de sable que la lune a crée ce soir.
Elle n'est que rage.
Une rage sourde, bourdonnante, qui la fait trembler comme une feuille, qui tire sur sa dextre bandée à la sensibilité qu'elle pensait abolie.
Une rage qui lui ordonne de retourner en taverne, d'attraper le brun & de lui retirer les entrailles de son petit poignard.
Pour que la douleur fuse, pour que la douleur dure.
Qu'importe qu'elle lui donne raison lorsqu'il vient affirmer qu'elle n'est qu'une chienne. On peut lui retirer sa qualité d'être humain, si c'est tout ce qu'il lui faut pour pouvoir l'abattre. Ce n'est pas grand chose en vérité, on ne l'a jamais vraiment considéré comme tel.
Même Nashia.
A cette pensée, les yeux de l'adolescente se ferment quelques secondes, avant de se rouvrir sur cette mer qu'elle n'a jamais vu, & qu'elle ne voit toujours pas maintenant, puisqu'il fait nuit noire. Mais qu'importe, elle entend, les vagues qui lui murmurent, le vent qui la caresse, le sable qui l'engloutit, qui se mélange à cette eau à la saveur salée.
Nashia.
Elle a laissé sa vie entre ses mains. Elle lui a tout donné, bien qu'elle n'ait jamais rien eu. Elle a toujours finit par accepter, souvent en criant, parfois en tapant, les décisions injustes ou non de la dame de Pettinengo.
L'empêcher de sortir son poignard alors qu'un homme la traite de gamine & de chienne, c'est plus qu'une décision injuste.
C'est une trahison.
Une trahison, à Orléans, ça se soldait d'un saut dans le vide suivit d'un arrêt rapide*. D'une soupe à la belladone, pour les plus distingués. Ou d'un coup de couteau dans le dos, pour tous les autres traîtres.
Une trahison, pour les questions d'honneur, c'était la lice.
Citation:
Je n'ai pas quitté Orléans pour apprendre à baisser les yeux lorsqu'on m'insulte.
Je ne suis qu'une vulgaire fille de catin, oui. Mais j'ai de l'honneur, moi.
Et tu m'as trahi en m'empêchant de protéger le peu d'honneur qu'il me reste.
Dans sept jours, au coucher du soleil, sur la lice de La Rochelle, je t'attendrai.
Khy.
Je ne suis qu'une vulgaire fille de catin, oui. Mais j'ai de l'honneur, moi.
Et tu m'as trahi en m'empêchant de protéger le peu d'honneur qu'il me reste.
Dans sept jours, au coucher du soleil, sur la lice de La Rochelle, je t'attendrai.
Khy.
Demain matin, sur le bureau de la mercenaire, sera déposé ce pli, au cachet vierge.
Deux personnes manqueront à l'appel, dans l'entourage de la Pettinengo : Khy, & l'Alix.
En attendant, Khy ferme les yeux, tentant de ne pas imploser sous la violence de la rage qui se déchaîne en elle.
L'Alix, à quelques mètres derrière, pense que si la noble est vaincue, elle n'aura plus de salaire. Mais qu'importe, elle préfère ça que perdre sa petite & insupportable maîtresse.
Et dire que ce matin, la seule préoccupation n'était encore que la couleur des braies de l'adolescente.
*Réplique de Norrington dans les premières secondes de Pirates des Caraïbes 1, à propos des pirates.
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Les enfances volées font des ados voleurs. Et de grands emmerdeurs, aussi.