Della
Citation:
Ma Colombe Blanche,
Me voici à présent au Louvre où s'est tenue une soirée des plus particulières en ces temps troublés. Alors que la guerre fait rage, l'on a amusé les princes et princesses avec une soirée jeux et un buffet sucré ! Ah, qu'il m'est douloureux de songer à notre Reyne, voyant ce spectacle de son Paradis. Te dire combien cette soirée fut longue est impossible, noyée de rires et de stupidités comme seuls les bâtards royaux peuvent en débiter. Grand Ciel, puisse ma lettre ne pas tomber entre certaines mains, je prendrais la porte, à coup sûr ! Mais non, je sais que personne ne linterceptera. Qui donc jouerait à chaparder notre courrier ? Mais je reste à ma place d'Officier Royal car ainsi, je m'estime le témoin muet du règne de notre Mie Béatrice, paix à son âme, reflet de celle qui fut si bien Reyne aux yeux de ceux qui occupent le trône aujourd'hui. Et puis, j'aime ce que je fais ! Je me suis prise à tenter des mélanges d'épices et de sauces, accompagnant les gibiers frais et faisandés ! Certains sont un véritable délice ! Lorsque je serai près de toi, je te ferai goûter quelques merveilles, je te le promets !
Je suis heureuse que ton futur époux soit un homme bien. D'ailleurs, cela vaut mieux pour lui ! Sinon, qui sait ce qu'il pourrait ingurgiter avec son repas ? Oh, n'aie crainte, je n'ai encore porté la mort à personne mais comme il me semble facile de le faire, maintenant. Puisse le Très Haut me retenir de cette tentation ! C'est un peu dommage qu'il n'ait qu'un oeil bon alors qu'il en faudrait cent pour voir ta beauté parfaitement. Ta fille sera-t-elle héritière ? Car d'après ce que tu me dis, il n'a plus d'héritier directement et si j'ai bien compris, il n'est peut-être plus en âge d'en faire facilement. Il serait prudent d'inclure dans le contrat de mariage (tu en as fait un, j'espère) que l'enfant que tu mettras au monde sur ses terres héritera, sans condition, de ces terres. Penses-y.
D'Aimbaud, je ne sais rien. Où est-il ? Vit-il ? Aucune idée. N'ayant vu son père depuis trop longtemps, je ne peux te répondre, j'en suis désolée, sache-le. Mais ne serait-il pas salutaire que tu effaces cet homme de ta vie, définitivement ? Maintenant que tu te tournes vers un autre, accueille celui-ci sans aucune ombre. Tel est notre destin, à nous, femmes, de tirer trait sur tout autre lorsque devant l'autel, on s'avance.
C'est, je le crains, poursuivie par une nourrice que je viendrais à tes noces. L'enfant devrait voir le jour dans les semaines à venir, si Dieu le veut. J'ai peur de ces moments. Il me souvient d'avoir assisté par deux fois à des naissances et par deux fois, l'effroi que j'ai vu dans le regard de la mère, m'a fait froid dans le dos. Si la première mit au monde un enfançon bien petit, la seconde, Béatrice, accoucha d'un fils tout rond et hurlant qui à elle aussi, avait arraché bien des cris. Quelle est donc notre tache pour que le Ciel ainsi nous punisse par tant de souffrances ?
Tiens, j'ai encore une nouvelle pour toi. Je devrais bientôt devenir diaconesse ! N'est-ce pas amusant ? Ainsi, pourrais-je peut-être bénir ta fille lorsqu'elle naîtra, au nom du Très Haut. J'aimerais moi aussi avoir une fille. Pourtant, il me faut donner un fils à Kéridil. Ta fille sera un peu la mienne aussi, veux-tu accepter ? Car il n'y a qu'entre filles que l'on peut s'aimer réellement, traversant les mêmes épreuves que la vie nous inflige.
Ô que me voilà bien sentencieuse, ne trouves-tu ? C'est paraît-il mon état qui m'afflige de ces sauts d'humeur. Redevient-on vraiment soi-même après ? Puisse-t-il !
Je t'embrasse, ma Douce.
Tendrement,
Della.
Me voici à présent au Louvre où s'est tenue une soirée des plus particulières en ces temps troublés. Alors que la guerre fait rage, l'on a amusé les princes et princesses avec une soirée jeux et un buffet sucré ! Ah, qu'il m'est douloureux de songer à notre Reyne, voyant ce spectacle de son Paradis. Te dire combien cette soirée fut longue est impossible, noyée de rires et de stupidités comme seuls les bâtards royaux peuvent en débiter. Grand Ciel, puisse ma lettre ne pas tomber entre certaines mains, je prendrais la porte, à coup sûr ! Mais non, je sais que personne ne linterceptera. Qui donc jouerait à chaparder notre courrier ? Mais je reste à ma place d'Officier Royal car ainsi, je m'estime le témoin muet du règne de notre Mie Béatrice, paix à son âme, reflet de celle qui fut si bien Reyne aux yeux de ceux qui occupent le trône aujourd'hui. Et puis, j'aime ce que je fais ! Je me suis prise à tenter des mélanges d'épices et de sauces, accompagnant les gibiers frais et faisandés ! Certains sont un véritable délice ! Lorsque je serai près de toi, je te ferai goûter quelques merveilles, je te le promets !
Je suis heureuse que ton futur époux soit un homme bien. D'ailleurs, cela vaut mieux pour lui ! Sinon, qui sait ce qu'il pourrait ingurgiter avec son repas ? Oh, n'aie crainte, je n'ai encore porté la mort à personne mais comme il me semble facile de le faire, maintenant. Puisse le Très Haut me retenir de cette tentation ! C'est un peu dommage qu'il n'ait qu'un oeil bon alors qu'il en faudrait cent pour voir ta beauté parfaitement. Ta fille sera-t-elle héritière ? Car d'après ce que tu me dis, il n'a plus d'héritier directement et si j'ai bien compris, il n'est peut-être plus en âge d'en faire facilement. Il serait prudent d'inclure dans le contrat de mariage (tu en as fait un, j'espère) que l'enfant que tu mettras au monde sur ses terres héritera, sans condition, de ces terres. Penses-y.
D'Aimbaud, je ne sais rien. Où est-il ? Vit-il ? Aucune idée. N'ayant vu son père depuis trop longtemps, je ne peux te répondre, j'en suis désolée, sache-le. Mais ne serait-il pas salutaire que tu effaces cet homme de ta vie, définitivement ? Maintenant que tu te tournes vers un autre, accueille celui-ci sans aucune ombre. Tel est notre destin, à nous, femmes, de tirer trait sur tout autre lorsque devant l'autel, on s'avance.
C'est, je le crains, poursuivie par une nourrice que je viendrais à tes noces. L'enfant devrait voir le jour dans les semaines à venir, si Dieu le veut. J'ai peur de ces moments. Il me souvient d'avoir assisté par deux fois à des naissances et par deux fois, l'effroi que j'ai vu dans le regard de la mère, m'a fait froid dans le dos. Si la première mit au monde un enfançon bien petit, la seconde, Béatrice, accoucha d'un fils tout rond et hurlant qui à elle aussi, avait arraché bien des cris. Quelle est donc notre tache pour que le Ciel ainsi nous punisse par tant de souffrances ?
Tiens, j'ai encore une nouvelle pour toi. Je devrais bientôt devenir diaconesse ! N'est-ce pas amusant ? Ainsi, pourrais-je peut-être bénir ta fille lorsqu'elle naîtra, au nom du Très Haut. J'aimerais moi aussi avoir une fille. Pourtant, il me faut donner un fils à Kéridil. Ta fille sera un peu la mienne aussi, veux-tu accepter ? Car il n'y a qu'entre filles que l'on peut s'aimer réellement, traversant les mêmes épreuves que la vie nous inflige.
Ô que me voilà bien sentencieuse, ne trouves-tu ? C'est paraît-il mon état qui m'afflige de ces sauts d'humeur. Redevient-on vraiment soi-même après ? Puisse-t-il !
Je t'embrasse, ma Douce.
Tendrement,
Della.
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