Dragonet a écrit:Ma chère Sofja, mère Eloïn,
à tous ceux qui ont aimé ces deux êtres que nous avons perdus,
Quand je pense à eux, les mots et les souvenirs se bousculent et se mélangent, mais certains se font plus fort, loyauté, amitié, honneur. Mes liens avec eux furent profonds.
Dege tout dabord, fut non seulement mon meilleur ami, mais il incarne à mes yeux larchétype du chevalier, celui qui ne cherchait pas les titres ou la gloire, mais qui savait que la chevalerie est dabord spirituelle avant dêtre royale ou dEglise. Il savait que lennemi nest jamais un homme, mais quil nen est quun, le sans nom, et que cest lui quun chevalier doit combattre sous les manifestations quil adopte parfois. Dege était une des personnes qui avec feu Matthilde ont marqué au fer rouge ma vie, et il me manque terriblement, vous ne pouvez concevoir à quel point.
Je le vois encore parfois en rêve et nous chevauchons en plaisantant, et je ne doute pas que lorsque ma vie aura quitté lenveloppe qui la contient encore, cest non auprès dune femme, mais auprès de lui que jirais. Nous irons alors revoir Karel, puis lépée et la dague se retrouveront pour traquer les miasmes du San nom. Peut-être retournerons-nous alors sur la Lune, au-delà de larc en ciel, pour quelques échauffourées en attendant de revenir sur terre continuer notre quête. Il fut dans sa vie et au-delà de sa mort mon seul compagnons darmes. Et il en sera toujours ainsi.
Puis mes pensées vont vers Tiboulola, et cest un sourire qui vient remplacer la Nostalgie. Celui de cette jeune fille qui chez les hospitaliers, servait déjà léglise avec moi et écoutait passionné mes cours de médecine ou de guerre. Celle qui métait si loyale et si digne dhonneur que je savais quil maurait suffi de lui demander de garder une porte face à 1000 adversaires, elle laurait fait sans question aucune, sachant même que le trépas en était laboutissement, car sa vie nétait rien face à sa loyauté. Et jaurais alors tremblait non pour elle, mais pour les 1000 hommes.
Je me rappelle dailleurs du regard médusé des soldats lorsque au château du Mont Saint Michel, alors quelle sétait infiltrée en éclaireur chez nos ennemis, elle revint épuisé mais pleine de renseignement. Elle sétait alors déshabillée sur la demande laissant quelques mâchoires béantes, et pendant que je lenduisais de baume apaisant et soignant, elle me comptait le résultat de ces découvertes. Nous avions tout deux ce sens du jeu et de la provocation, cette complicité et le sentiment que nous étions tout 3 la même famille.
Puis mon souvenir suivant fut ce jour où naquit Sofja, puisque jai mis au monde chaque enfant de Tibou. Cela se fit dehors, nous nous ny attendions pas, louverture était étroite et lenfant sétouffait. Jai dû avec ma dague forcer louverture, et jai fixé sa mère dans les yeux, la défiant de sopposer à moi pendant que lame et mains accomplissait leur oeuvre de vie et de douleur. A aucun moment elle ne douta, à aucun moment elle ne flancha. Tels étaient tibou et Dege, des gens qui quand ils sétaient donné un but, rien ne pouvait jamais les ébranler, quel quen soit le prix, et jai eu cet honneur que leur but se mélangea aux miens.
Pour lamour que je leur ai porté à leurs parents, je considère sofja, Ilia et les jumeaux Nikolaï et Anna, mais aussi Clémence de lépine comme mes enfants. Et javoue une tendresse toute particulière pour Sofja, ma filleule, ma vassale et le souvenir de mon premier amour puisque son nom fut au départ Sophia, en hommage à celui-ci. Ses parents ont eu la courtoisie den accepter lhommage.
Tout comme Dege ou Alsbo, je fus un père souvent absent, mais je veux quelle sache quaprès Boskdeportkar que je salue, nul homme sur cette terre ne lui porte plus damour que moi, car quand je la vois, mon souffle vital cesse alors de quitter ma carcasse pour se remplir damour et de souvenir.
Je marrêterais là, car mes yeux sembuent trop à mon goût et que je naime pas ce sentiment de me savoir encore trop humain.
Je ne peux que louer le choix davoir pris mère Eloïn pour la cérémonie, elle sait lestime et laffection que jai pour elle, même si nos chemins se sont éloignés, mais je naurais pu voir nul meilleur choix.
Dragonet