Elle boit à longs traits, en redemande, et encore, et en redemande encore.
Sa quatrième corne remplie à ras bord passe plus lentement, mais c'est à la cinquième seulement qu'elle s'aperçoit du vacillement de ses jambes.
Un sourire narquois flotte alors sur les lèvres, elle observe son Ami Tom et Esquimote, et tous les autres, en se maintenant à flots ( sic) simplement parce qu'elle s'adosse sur un mur opportunément maçonné là depuis un fort long temps. Malheureusement elle ne peut s'assoir dessus, il n'est point assez bas et s'interrompt à la hauteur de ses épaules.
Ce qui lui permet de voir derrière elle.
Mais la tête lui tourne trop pour cela.
De fait qu'y a-il à voir?
Des badauds rieurs, des gamins qui jouent dans la poussière, libérés de la vigilance parentale omniprésente par les fêtes ; du reste ils étaient plus discrets que les adultes : ceux-ci s'en donnaient rarement à cur joie, vu leurs devoirs et obligations, et en profitaient. Les "drôles", eux, restaient encore confinés dans leur habitude de ne point faire venir la vindicte éducative - et le fouet, sur leurs jeux et leurs petites personnes.
Des étals divers, des marchands, des troubadours et des acrobates, des bufs attelés aux charrettes des itin'errants...
Elle renonce à observer en arrière...Elle entend le fond sonore et persistant de la foule environnante, constitué des mots et des rires, des bousculades et des heurts d'objets divers au travers d'une épaisse ouate qui semble etouffer ses idées, ce qui la fait rire.
Elle tangue et bredouille, s'étonne de quelques sourires gênés, et se tape les cuisses une fois, hilare, en constatant d'autres visages navrés de Mainois et Mainoises.
Fichtre! Heureusement qu'elle nest point en plein office!
Levant un index mince et effilé vers le ciel ( l'autre tient une sixième corne pleine) la face munie d'un sourire extatique partant d'une oreille pour presque atteindre l'autre, elle murmure en articulant du mieux possible, sans jamais omettre de suçoter sa bière - oh combien délicieuse !
entre chaque phrases ; histoire de ponctuer, rien que de plus normal :
"- Et bien, (elle tente de prendre son air docte habituel mais la bière est forte!) voyez-vous cet illustre Apôtre est venu mourir à ..."
Elle s'arrête soudainement, les yeux écarquillés baissés vers sa corne, et semblant penser intensément à quelque chose de très sérieux.
Mais elle se rend seulement compte qu'elle a encore soif.
"- Scusez il faut que je boive un peu. Core un peu steuplé Tom!"
La demande est presque formulée comme un ordre... Une autorité d'ivrognesse.
"- Ah par Aristote, et le Saint Apôtre Thanos! Que cela rfafraichit. Rchaifrit. Rafraichit. Par-pardon. Rafléchit. La mémoire et la gorge!
Donc je vous disais que j'avais une carte qui montrait son perrible terriple. Terrible périple.
Je vais dacher de la détacher. Euh... Tacher de la dérouler.
Elle tangue dangereusement sur le muret, où sa besace est déposée, mais se redresse in extremis en riant : elle regarde triomphalement la foule, puisque elle arrive à se tenir encore bien droite. Ce qui elle en a conscience, est un exploit vu la bière ingurgitée!
La besace. Enfin elle la tient et la maitrise! elle en sort laborieusement une carte, la déroule en la fripant et s'énervant dessus, car le parchemin a fâcheuse tendance à la rébellion, et à rouler systématiquement en glissant sous ses doigts malhabiles.
Puis victorieuse et la présentant à bout de bras, sa corne enfin vide bien sertie dans son lacet de ceinture, elle éclate en mots distincts cette fois :
"- Walla walla! Voilà la carte! z'avez vu cette marche ??? Et tout cela en prêchant!"
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"- Thanos? mais il est mort à Laval bien sur, oui, à Laval, dans le Maine, où son image gravée sur l'or reste encore à découvrir dans les ruines du vieux château...!"
"Voici le parcours le Thanos, en recherche spirituelle avec Christos, puis en apprenti Apôtre, et enfin en Solitaire mais non ascète- transmetteur de la Foy Aristotélicienne.
On peut dire que cet apôtre aura fait du chemin, tant sur le point spirituel que sur le plan physique.
S'il a eu des défaillances, on peut aussi affirmer qu'il a su en retirer la force de voir de plus loin, et de voir plus haut.
Son périple a commencé à la mort de son frère déficient, seul vers la ville où il rencontra Christos et quelques Apôtres.
Son voyage avec le Prophète et les autres apôtres lui auront appris la rigueur de la Foy, et ses exigences. (Transmettre, évoluer, vie en commun, etc.)
La mort de Christos le choqua profondément, et sa peine se transforma en faiblesse. Il fuit donc les lieux. C'est là sa différence avec les autres apôtres, il part comme eux transmettre la bonne parole, mais les autres le font dans la continuité de ce que leur a appris Christos. Lui prêche, mais par fuite d'un évènement qui le sidère par sa barbarie.
Insensiblement, la force spirituelle lui revint.
Mais un naufrage le déposa sur une île qui devait le piéger par sa douceur de vivre.
Thanos n'a jamais renié sa Foy, ni rien fait contre elle, au contraire : partout où il est passé, il a prêché avec bénéfice pour lépanouissement de lÉglise l'Aristotélisme avec ferveur et recueillement.
Mais il avait besoin d'apprendre que prêcher ne suffisait pas et qu'il fallait aussi aller de l'avant, aller au devant des autres, se donner davantage.
Ainsi Le Très-Haut a t-il décidé de lui faire passer cette épreuve.
Gallinara fut cette île presque déserte où il fut chaudement accueilli pendant de longues années, durant lesquelles Thanos réalisa tardivement que "la vie était douce et facile, mais qu'elle amenait à la stagnation spirituelle si elle demeurait fermée du reste du monde", et que "de même le jeune enfant ne peut boire que du lait, en grandissant il doit apprendre à varier ce qui le sustente et connaitre d'autres nourritures.
C'est après bien des jours et des jours qu'il arriva enfin à Walla (LAVAL), après avoir marché sur les chemin de Provence et longé le Languedoc et le Lyonnais Dauphiné, pénétré légèrement le Bourbonnais Auvergne et bifurqué chez les Burgondes, prêché jusqu'en Champagne et à Lutécia, puis visité l'Orléanais et être passé les Turons qu'il se posa enfin par la force des choses dans le Maine.
Bien qu'immobilisé, Thanos alors s'était alors affranchi de sa"stagnation spirituelle" depuis bien longtemps...
Son voyage terrestre aura préparé toute sa vie celui vers le Soleil, et comme tout voyage terrestre, n'aura été ni définitif, ni éternel.
Il se terminera par un autre Voyage, plus déterminant pour son avenir céleste, et au moment de franchir la porte, il aura compris l'immensité du Don de Vocation que lui avait offert Le Très-Haut. "
Alors je n'ai malheureusement pu me connecter aux halles et gargottes façon réponse jusqu'à aujourd'hui, je suis désolée, mais puisque c'est passé fort justement à MM, je pose la suite ici par "édition".
Pardon du non suivi du RP.
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