Elendillefin
Len écouta Esquimote en souriant.
Ha non, je ne connaissais pas cette légende!
Et toi, mon coeur, connais-tu cette légende qui provient de ma Bretagne natale?
On dit que pendant la nuit de Noël, nombreuses autant qu'énormes sont les pierres qui se déplacent pendant la Messe de minuit, pour aller boire, comme des moutons altérés, aux rivières et aux ruisseaux.
La plus célèbre était jadis la grosse pierre de Saint-Mirel, dont Gargantua se servit pour aiguiser sa faux, et qu'il piqua, après la fauchaison, comme on la retrouve encore aujourd'hui.
Elle cachait un trésor qui tenta un paysan des alentours.
Ce paysan était si avare qu'il n'eût pas trouvé son pareil : le liard du pauvre, la pièce d'or du riche, il prenait tout ; il se serait payé, s'il eût fallu, avec la chair des débiteurs.
Quand il sut qu'à la Noël les roches allaient se désaltérer dans les ruisseaux, en laissant à découvert des richesses enfouies par les anciens, il songea, pendant toute la journée, à s'en emparer.
Pour pouvoir prendre le trésor, il fallait cueillir, durant les douze coups de minuit, le rameau d'or qui brillait à cette heure seulement dans les bois de coudriers et qui égalait en puissance la baguette des plus grandes fées. Lors, ayant cueilli le rameau, il se précipita de toute sa force vers le plateau où le rocher de Gargantua profilait sa masse sombre, et, lorsque minuit eut sonné, il écarquilla les yeux.
Lourdement le bloc de pierre se mettait en marche, s'élevant au-dessus de la terre, bondissant comme un nomme ivre à travers la lande déserte, avec des secousses brusques qui faisaient sonner au loin le terrain de la vallée.
Jusqu'à ce moment la branche magique éclairait l'endroit que la pierre venait de quitter. Un vaste trou s'ouvrait, tout rempli de pièces d'or.
Ce fut un éblouissement pour l'avare, qui sauta au milieu du trésor et se mit en devoir de remplir le sac qu'il avait apporté. Une fois le sac bien chargé, il entassa ses pièces d'or dans ses poches, dans ses vêtements, jusque dans sa chemise. Dans son ardeur, il oubliait la pierre qui allait venir reprendre sa place. Déjà les cloches ne sonnaient plus. Tout à coup le silence de la nuit fut troublé par les coups saccadés du roc qui gravissait la colline et qui semblait frapper la terre avec plus de force, comme s'il était devenu plus lourd après avoir bu à la rivière. L'avare ramassait toujours ses pièces d'or. Il n'entendit pas le fracas que fit la pierre quand elle s'élança d'un bond vers son trou, droite comme si elle ne l'avait pas quitté.
Le pauvre homme fut broyé sous cette masse énorme, et de son sang il arrosa le trésor de Saint-Mirel.
Les pommes rouges qu'Esquimote avait préparées s'étalaient sur un plateau et Len avait bien du mal à ne pas en croquer une.
Il ne résistait que parce qu'elle était auprès de lui. Ils pendaient les pommes dans le sapin, une par une, discutant longuement de la position de chacune.
- Un peu plus haut!
- Tu crois?
- Un peu plus à gauche!
- Ha non! Un peu plus bas!
- Oui! Bouge plus! Là!
- Hmmmmmmm
Et chaque fois qu'ils étaient arrivés à se mettre d'accord sur la position d'une d'entre elles, ils échangeaient un long baiser complice.
Soudain, du bruit retentit à l'extérieur et on frappa à la porte. Len se dépêcha d'aller ouvrir et de faire entrer les visiteurs surprise.
C'étaient les enfants de Laval qui étaient venus jusqu'à la ferme, bravant la neige et le froid.
Esqui et lui les écoutèrent en souriant.
Bravo, les enfants! C'est magnifique!
Len plongea la main dans sa besace et en retira une poignée de bonbons qu'il distribua à chacun.
Tenez les enfants, voilà pour votre peine!
Ha non, je ne connaissais pas cette légende!
Et toi, mon coeur, connais-tu cette légende qui provient de ma Bretagne natale?
On dit que pendant la nuit de Noël, nombreuses autant qu'énormes sont les pierres qui se déplacent pendant la Messe de minuit, pour aller boire, comme des moutons altérés, aux rivières et aux ruisseaux.
La plus célèbre était jadis la grosse pierre de Saint-Mirel, dont Gargantua se servit pour aiguiser sa faux, et qu'il piqua, après la fauchaison, comme on la retrouve encore aujourd'hui.
Elle cachait un trésor qui tenta un paysan des alentours.
Ce paysan était si avare qu'il n'eût pas trouvé son pareil : le liard du pauvre, la pièce d'or du riche, il prenait tout ; il se serait payé, s'il eût fallu, avec la chair des débiteurs.
Quand il sut qu'à la Noël les roches allaient se désaltérer dans les ruisseaux, en laissant à découvert des richesses enfouies par les anciens, il songea, pendant toute la journée, à s'en emparer.
Pour pouvoir prendre le trésor, il fallait cueillir, durant les douze coups de minuit, le rameau d'or qui brillait à cette heure seulement dans les bois de coudriers et qui égalait en puissance la baguette des plus grandes fées. Lors, ayant cueilli le rameau, il se précipita de toute sa force vers le plateau où le rocher de Gargantua profilait sa masse sombre, et, lorsque minuit eut sonné, il écarquilla les yeux.
Lourdement le bloc de pierre se mettait en marche, s'élevant au-dessus de la terre, bondissant comme un nomme ivre à travers la lande déserte, avec des secousses brusques qui faisaient sonner au loin le terrain de la vallée.
Jusqu'à ce moment la branche magique éclairait l'endroit que la pierre venait de quitter. Un vaste trou s'ouvrait, tout rempli de pièces d'or.
Ce fut un éblouissement pour l'avare, qui sauta au milieu du trésor et se mit en devoir de remplir le sac qu'il avait apporté. Une fois le sac bien chargé, il entassa ses pièces d'or dans ses poches, dans ses vêtements, jusque dans sa chemise. Dans son ardeur, il oubliait la pierre qui allait venir reprendre sa place. Déjà les cloches ne sonnaient plus. Tout à coup le silence de la nuit fut troublé par les coups saccadés du roc qui gravissait la colline et qui semblait frapper la terre avec plus de force, comme s'il était devenu plus lourd après avoir bu à la rivière. L'avare ramassait toujours ses pièces d'or. Il n'entendit pas le fracas que fit la pierre quand elle s'élança d'un bond vers son trou, droite comme si elle ne l'avait pas quitté.
Le pauvre homme fut broyé sous cette masse énorme, et de son sang il arrosa le trésor de Saint-Mirel.
Les pommes rouges qu'Esquimote avait préparées s'étalaient sur un plateau et Len avait bien du mal à ne pas en croquer une.
Il ne résistait que parce qu'elle était auprès de lui. Ils pendaient les pommes dans le sapin, une par une, discutant longuement de la position de chacune.
- Un peu plus haut!
- Tu crois?
- Un peu plus à gauche!
- Ha non! Un peu plus bas!
- Oui! Bouge plus! Là!
- Hmmmmmmm
Et chaque fois qu'ils étaient arrivés à se mettre d'accord sur la position d'une d'entre elles, ils échangeaient un long baiser complice.
Soudain, du bruit retentit à l'extérieur et on frappa à la porte. Len se dépêcha d'aller ouvrir et de faire entrer les visiteurs surprise.
C'étaient les enfants de Laval qui étaient venus jusqu'à la ferme, bravant la neige et le froid.
Esqui et lui les écoutèrent en souriant.
Bravo, les enfants! C'est magnifique!
Len plongea la main dans sa besace et en retira une poignée de bonbons qu'il distribua à chacun.
Tenez les enfants, voilà pour votre peine!