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[RP Ouvert] Si le loup y était...

Lumena
Si vous avez envie que vos personnages croisent Lumena ou le vilain qui la poursuit, vous pouvez intervenir sans soucis à condition que cela reste cohérent.
Un doute, une question ? --> MP


[Carcassonne - 24 Septembre 1459]

Elle avait longuement réfléchis, longuement hésité... Rien n'avait été facile dans sa décision, mais elle avait fait le choix de quitter Carcassonne, entamant une promenade dans le Languedoc afin de pouvoir choisir où élire domicile.
Non pas qu'elle n'appréciait pas la citée...quoique...
Au début la ville avait été plaisante, accueillante, et la proximité d'Exat, Mesnie dont elle faisait partie, était un avantage certain. Oui mais voilà, les jours passants, il avait fallut se rendre à l'évidence, le calme régnant dans les rues de la ville n'était pas seulement dû au monastère débordant, les carcassonnais n'avaient simplement pas envie de sortir de chez eux.
Nombre de fois elle était venue toquer aux huis qui restaient fermés. Elle avait aidé un ancêtre à défricher l'ancien terrain de soule, mais personne d'autre n'était venu... Elle avait fait venir une saltimbanque afin de créer une animation, sans grand succès... Elle avait fini par envoyer un pigeon à chaque habitant afin de les inviter à sortir de leur demeure, sans résultat aucun.
C'est ainsi qu'après avoir passé de longues journées à arpenter les rues désertes de sa ville, elle s'était résolue à reprendre la route. Non pas en tant que vagabonde, cette vie appartenait bel et bien au passé, mais en tant que prospectrice, afin de trouver un endroit où déménager.



[Sur la route, entre Carcassonne et Narbonne - 25 Septembre 1459]

Certes, elle aurait pu tenter de s'équiper. Un bouclier, une épée, surtout un cheval ou au moins un mulet... N'importe quoi qui aurait pu rendre son voyage plus facile, mais non. Déjà, elle ne savait manier ni épée ni bouclier, ensuite, cheval ou mulet coûtait plus d'écus qu'elle n'en avait. C'est donc bâton en main et corbeau sur l'épaule qu'elle prit la route, marchant d'un pas rythmé par l'habitude.
Les premières minutes furent les meilleures... Chaque pas semblait faciliter un peu plus son souffle. L'oppression qu'elle avait ressenti lors de ses derniers jours à Carcassonne s'en allait comme elle était venue et ce n'était pas pour lui déplaire. Et puis, elle n'avait plus cette impression constante d'être épiée, même dans les rues les plus désertes. Maraud aussi semblait plus calme, volant de l'avant puis revenant vers elle avant de repartir et disparaître au loin. Dernièrement, il ne l'avait pas quittée un seul instant, même pas pour aller chiper de la nourriture - pourtant son passe temps favoris -, alors le voir s'envoler librement était un plaisir qu'elle savourait pleinement.

Pourtant, l'euphorie céda rapidement sa place à l'inquiétude, sorte de grondement sourd allant en s'amplifiant. Difficile de parcourir ce chemin sans se remémorer le jour tragique où elle avait perdu son père de coeur... Etait-ce ici ? Là, peut-être ? Satanée mémoire...
Elle avait répété comme une litanie les dernières paroles de Mathias durant des mois, mais elle était incapable de se souvenir sous quel arbre il avait rendu son dernier souffle.
Elle entendait encore le rire de l'envoyé du Sans Nom... Cette créature infâme qui avait tragiquement changé sa vie. Pourtant, elle n'aurait pu décrire son visage...
Oublié également le moment où elle avait été blessée et laissée pour morte aux portes de l'enfer lunaire. Quelques images ensuite, un goût métallique, le vent, la fraîcheur d'une herbe grasse, des plumes noires...

Elle secoua la tête avec force, obligeant son esprit à se concentrer sur des choses plus joyeuses... Ses nouvelles familles par exemple, Exat et l'Eglise Aristotélicienne...
Sa marraine... Le plongeon de Maraud dans le baptistère... Les travaux du colombier... Ses coéquipiers de l'équipe de Soule... Son passage en tant que Lieutenant de la Maréchaussée... Ses divers témoignages au tribunal...

Tout était plus joyeux, de toute façon, que ressasser le pire jour de sa vie.

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Coupe de Soule Royale - Bayonne vs. Béziers
--Hraesvelg


[Carcassonne - 25 Septembre 1459]

Difficile, le réveil. Il se retourne, sur la paillasse, et détaille le corps froid qui gît encore à ses côtés. Morte, la puterelle ne lui fait plus envie, mais elle reste un plaisir pour les yeux ; le plaisir du chasseur devant son gibier, à défaut d'autre chose.
Il se passe la main sur le visage pour en effacer les traces du sommeil. Se regrouper... Se souvenir... Il a à faire, aujourd'hui, pas le temps de traîner. Le nom de la puterelle ? El...Eléanore ? Non... Elise, oui, c'est ça, Elise...
Il se lève, nu comme au jour de sa naissance, et fait le tour de la paillasse afin de s'approcher du corps sans vie. Il se penche au dessus et lui ferme les yeux, billes turquoises la veille devenues grises dans le trépas. Par terre, au milieu d'une pile de vêtements, il attrape la seule miséricorde qu'il connaisse, sa lame mince à double tranchant, et taille trois lignes profondes dans la joue droite de la puterelle - Elise. Une moue de dégoût déforme ses traits, le toucher n'est pas naturel... Dans le feu de leurs ébats, il a oublié de la marquer avant de la tuer, le faire après lui semble déplacé mais ne pas le faire est juste impensable.


Foh, Elise. Que ta renaissance soit remerciée.

Marquer après la mort a en tout cas l'avantage d'être moins salissant, pense-t-il en essuyant rapidement sa lame sur le drap immaculé, un sourire fiché au coin des lèvres.
L'esprit déjà loin, il se défait temporairement de sa miséricorde en la posant sur la table de chevet et s'étire longuement, comme le ferait un chat après une bonne sieste au coin du feu. Enfilant ensuite vêtement après vêtement, il passe en détail les derniers jours écoulés.

Trois jours qu'il la suivait... Il avait entendu des rumeurs, une femme du Sans Nom, accoquinée avec un corbeau. Les pauvres gueux répandant la rumeur ne savaient visiblement que peu de choses du Sans Nom qu'ils redoutaient tant.
Il avait suivi les murmures et s'était retrouvé à Carcassonne, l'endroit semblait correspondre... Au détour d'une rue, il avait fini par l'apercevoir, elle et son oiseau noir. La traque avait commencé ce jour là, mais la bigote n'était jamais seule ! Elle semblait passer ses journées à genoux, ce qui aurait pu être drôle si elle n'avait fait que prier, et regagnait chaque nuit une mesnie cerclée de gardes.
La veille, alors qu'il se désoiffait en taverne, jurant contre la bigote et sa chambre gardée, la puterelle était venue l'aguicher, attributs en avant. Elle avait joué la gourdasse en quête d'un peu d'aventure, mais il savait reconnaître une puterelle quand il en voyait une, et il en voyait souvent...
Ensuite... Ensuite ?

Se tournant vers le cadavre marqué, il sourit, content de lui. Les minutes passent et c'est son estomac qui finit par le rappeler à l'ordre, il a faim ! Il récupère alors sa lame qu'il dissimule dans une manche, et, toute ombre qu'il est, encapuchonné et vêtu de sombre, il quitte d'un pas nonchalant la chambre aux odeurs naissantes de putréfaction.



[Plus tard, même jour, même ville]

Ventredieu !

Aucune trace de la bigote, ni à l'archevêché où elle passe normalement ses journées, ni dans la cabane qu'elle habite partiellement. Dans sa tête, les idées fusent...
La mesnie ? Je peux difficilement vérifier sa présence là-bas sans risquer de me trouver embroché par la garde. Hmm... Et attendre ? Après tout, la bigote a ses habitudes, elle ne va certainement pas disparaître du jour au lendemain. Ca y ressemble pourtant, si... Oui, mais non. Attendre, donc.
En fin de journée, ou après la nuit, elle finirait bien par passer dans une rue. Et puis, partie ou non, quelqu'un finirait bien par venir le trouver en taverne pour baver à ses oreilles les nouvelles d'une femme s'accouplant avec le Sans Nom, et il saurait où la trouver.
Lumena
[Narbonne - 26 Septembre 1459]

Enfin un peu de vie !
Lumena était arrivée à Narbonne la veille au soir et avait été une fois encore surprise par le contraste entre cette ville et Carcassonne... Si proches, les cités étaient pourtant comme le jour et la nuit.
Elle s'était présentée au bureau d'accueil des voyageurs - non sans penser amèrement au bureau identique qu'elle avait ouvert, sans succès, dans sa ville -, et eut l'agréable surprise d'y être reçue par sa marraine, la Dòna Ariana.
Par la suite, sa Mairina l'avait invitée à séjourner chez elle, et elle avait donc fait la désagréable rencontre de Tiberge, l'intendante aux allures de chien de garde de la Demeure Casalièr. Après quelques hurlements de terreur de la dite cerbère face au corbeau sur l'épaule de l'invitée, celle-ci avait fini par entendre raison et conduire la filhòla de la maîtresse de maison à sa chambre temporaire.

Après une bonne nuit de sommeil, sa Mairina était venue la convier à prendre la collation du matin et elles avaient parlé de tout et de rien. Lumena avait découvert alors une nouvelle facette d'Ariana, celle de la jeune femme fragile, insouciante et gaie qu'elle ne pouvait se permettre d'être en public. Malheureusement, toute bonne chose à une fin et un pli urgent était venu interrompre leurs précieux instants d'innocence, réclamant la présence de la Dòna Casalièr à l'autre bout du Languedoc.

Ainsi, Lumena, peu encline aux longs adieux, était sortie de la demeure avant le départ de sa marraine. Elle arpentait donc à présent les rues de Narbonne, croisant enfants turbulents et anciens à l'oeil réprobateur.
Ariana, avant de courir se préparer au départ, lui avait dit de rester à la Demeure Casalièr le temps qu'elle le souhaiterait... L'offre était aussi agréable que la bâtisse en elle-même, mais Lumena fut gagnée par l'inquiétude. Tiberge allait-elle, elle aussi, partir à l'autre bout du Languedoc ? Ou la jeune femme aurait-elle la mauvaise surprise de se retrouver seule avec la bourrue jusqu'à la fin de son séjour ?
Pas vraiment pressée de trouver réponse à cette question, elle parcourut une rue, puis une autre, s'arrêtant afin d'observer les échoppes ou pour discuter avec une menina toute fripée par les ans.
Enfin un peu de vie...

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Coupe de Soule Royale - Bayonne vs. Béziers
--Grampa


[Une taverne de Carcassonne - 26 Septembre 1459]

Bonjorn le vieux, quelles nouvelles ?

Le tavernier remplit un large godet de bière et s'empresse de venir le poser sur la table devant Grampa, on fait pas attendre ses réguliers.

*kuf* Ah, mon ptiot, mercé ben, ç'fait soif ! Il prend son godet à deux mains et le vide à moitié avant de le reposer et de s'essuyer la bouche d'un revers de manche. *kufkuf*

Qué nouvelles ? Pour une fois qu'on lui pose la question et qu'on est prêt à l'écouter, il va pas rater l'occasion, l'ancêtre.

J'ai l'dos qu'tient plus fort, pis j'crois ben qu'ma canne elle s'part en vrille, va finir à plat vent' dans l'rue un d'ces jours prochains. *kuf* Une petite gorgée de bière pour s'humecter le gosier avant de reprendre... Ah, j'a aussi voulu m'trouver une d'na pour m'chauffer l'paillasse mais j'm'a fait éconduire, pff, sont ben toutes pareilles ! *kufkuf*

Pauvre vieux, tu d'vrais essayer la diseuse de bonne aventure ptêtre, la vieille toute fripée là, l'est nouvelle dans l'comté...

Grampa, qui avait encore le nez dans sa chope, manque de s'étouffer en écoutant le tavernier.

*kufkufkuf brouaaaarrrr kufkuf*
Baah c'elle just'ment qu'm'a j'té comme un malpropre ! C't'y pas triste si les vieilles veulent pu m'chauffer l'paillasse ? Pff... Vais m'trouver une jeunette, ç'chauffe bien les jeunettes, oué...

Regard dubitatif du tavernier, m'enfin, il va pas casser les espoirs d'un de ses meilleurs clients, alors il dit rien.

*kuf* Ah ! *kuf* En parlant d'jeunette ! Y'a la ptiote au corbeau qu'a parti d'la ville vers Narbonne y parait, j'l'aimais ben moé c'te ptiote, j'espère qu'elle va rev'nir vite.

Il finit sa chope, farfouille dans une poche pour en sortir un écu et le pose sur la table.

Bon, c'pas tout ça mais j'va m'en r'tourner chez moé, j'a ben sommeil d'un coup. *kuf*

Dors bien l'vieux, à demain !

Il se lève, bascule, retombe sur sa chaise, se relève... Oué, à d'main l'jeunot ! *kufkuf* Et de sortir de la taverne en traînant les chausses...
--Hraesvelg


[Une taverne de Carcassonne, Très tôt le 27 Septembre 1459]

Toute la journée il a alterné la mesnie et l'archevêché, pas de traces ni de la bigote ni de son stupide oiseau. Bouillonnant de rage et tous les muscles du corps en tension sous un extérieur calme, il pousse la porte de la taverne et va s'installer à la table du fond.

Lo bonjorn senher, je vous sers quoi?

Les yeux rivés sur l'huis qu'il vient de franchir, il annonce son choix d'une voix blanche.
Sangdragon...
Le félin regrette presque d'avoir cassé son jouet de la veille. Personne pour jouer cette nuit...
Un godet est posé devant lui à la hâte et il daigne enfin lever son regard d'acier vers le tavernier. Peut-être qu'il connaît un jouet, lui ? T'es pas là pour jouer ! Non, et alors ? Et alors t'as plus important à faire ! Il grogne en réponse à la voix intérieure, il la hait, cette voix ! Il la hait, mais malgré le grognement il obtempère et rentre ses griffes.

C'est bien calme par chez toi mon brave.
Il attrape le godet et le vide d'un trait pour dissimuler son dégoût, pas facile de jouer le mielleux. Le liquide trace un chemin de feu dans son corps et en détend chaque fibre. Voilà, tu vois quand tu veux...

C'est souvent comme ça, par ici, senher.

Vraiment ? Le ton passe du mielleux au charmeur...
Sers moi donc un autre godet, et un pour toi, je te l'offre.
Il sort une bourse pleine d'écus et la pose de l'autre côté de la table en guise de paiement.

Mon senher est trop généreux.
Trop généreux, sans doute, mais en tout cas la bourse disparaît dans la paluche du tavernier qui s'empresse de servir deux godets de Sangdragon.

Le charmeur ignore la fausse politesse du tenancier et continue dans son idée.

Beaucoup de gens quittent la ville, sans doute ?
Il a trouvé un jouet, finalement. Ce n'est pas le même jeu qu'avec la puterelle, mais il s'y prend et s'y amuse pareillement...
Lumena
[Narbonne - 27 Septembre 1459]

Le soleil semblait déjà haut dans le ciel lorsqu'elle ouvrit les yeux...
Elle avait longuement erré, la veille, dans les rues colorées de la ville, reculant au plus tard son retour dans la Demeure Casalièr de peur d'en croiser la Cerbère. Justifiée ou non - elle ne savait toujours pas si la bourrue était partie en même temps que sa marraine -, la peur justifiait les moyens et Lumena n'était donc rentrée se coucher qu'aux petites heures du matin, se faufilant aussi sûrement que le maraud le plus agile afin de passer inaperçue...
S'étirant longuement, elle sourit à cette pensée et chercha l'autre Maraud du regard, se demandant pourquoi il ne l'avait pas réveillée plus tôt, lui qui était d'habitude si matinal. L'interrogation fut aussi brève que la recherche et l'oiseau fut trouvé, tête fourrée dans une poche - la poche aux grains de maïs bien entendu - des braies de sa maîtresse. Elle avait dû s'agiter, dans son sommeil, et les vêtements qu'elle avait ôtés et déposés en pied de lit s'étaient retrouvés à même le sol.


Et bien, ne te gêne pas pour moi surtout, marmonna-t-elle au corbeau d'un ton faussement courroucé. Le maraud Maraud prit en flagrant délit de maraudage (ouhla, mal au crâne d'un coup) leva la tête innocemment et regarda sa deux pattes un temps avant de reprendre ses festivités au fond de la poche aux blondes céréales.

Tout semblait calme dans la bâtisse, mais Lumena laissa quand même s'écouler plusieurs minutes, guettant le moindre bruit de pas qui pourrait annoncer une présence...bourrue.
Lorsqu'elle fut certaine d'être seule dans la demeure, elle s'étira une nouvelle fois et s'extirpa du lit moelleux. Peu habituée à un tel confort, elle commençait pourtant à y prendre goût et redoutait déjà son retour aux paillasses plus modestes... Enfin, en dormant chez elle sur sa paillasse, au moins, elle n'avait pas à éviter de Cerbère mal léché en se faufilant la nuit. Réconfortée par l'idée, elle versa de l'eau d'un broc à une cuvette et se lava visage et mains avant de se vêtir, interrompant le corbeau dans sa ripaille.

En dehors de la chambre, le silence pesait toujours sur la demeure, et elle finit par murmurer un appel à l'oiseau...

Maraud, va.
...avant de quitter la pièce, puis la bâtisse, direction la taverne municipale.
Elle avait prévu de reprendre la route dans l'après-midi et comptait bien profiter de ses derniers instants à Narbonne en en savourant l'animation.

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Coupe de Soule Royale - Bayonne vs. Béziers
--Hraesvelg


[Narbonne - Crépuscule du 27 Septembre 1459]

Trois godets... Il avait fallut trois godets pour que le tavernier se mette à parler de choses intéressantes. A coups de Miséricorde, ça aurait peut-être été plus rapide, mais saigner les hommes n'était pas ce qu'il préférait. Bien sur, des fois il fallait bien en passer par là, mais s'il pouvait l'éviter en déboursant quelques écus ce n'était pas plus mal.
Après avoir trouvé ce qu'il cherchait - la bigote semblait être partie en direction de Narbonne, il avait payé pour une chambre et dormi la plupart du jour. Si, comme il le pensait, elle était à pieds, il n'aurait pas de mal à la rattraper et pouvait donc se permettre le luxe de se reposer.

De toute la hauteur de Svadil, son frison à demi sauvage, il aperçoit au loin les premières lumières de Narbonne et tire sur les rênes pour ralentir sa course. C'est au pas qu'il pénètre dans la cité, quelques minutes plus tard, le visage dans l'ombre de son capuchon. Il fait nuit, mais les rues ne sont pas vides... C'est à en regretter la morte Carcassonne, là-bas au moins une ombre pouvait se mouvoir tranquillement dans les rues désertées. Ici, il devra se faire discret. Oui mais plus de monde veut aussi dire plus d'informateurs... Il arque un sourcil, la voix marque un point.

Il continue sa route vers les écuries de la ville et lance un écu au gamin qui arrive en courant pour s'occuper de Svadil.

Pas de geste brusque, petit, tu risquerais un coup de sabot. A un adulte, il n'aurait sans doute rien dit, mais c'est un sentimental notre félin, on ne touche pas aux enfants.

Oc senher, z'inquiétez pas, j'sais y faire avec les bêtes qu'il parait.

Un signe de tête en guise d'acquiescement et il laisse l'animal et l'enfant derrière lui.
Le premier endroit à visiter est toujours la taverne municipale, c'est incroyable le nombre de choses qu'on peut apprendre en taverne, pour peu qu'on sache un peu amadouer...
Lumena
[Narbonne - Crépuscule du 27 Septembre 1459]

Déjà, la nuit ? Elle salua ceux qui avaient égayé son après midi et sortit de la taverne, sourire aux lèvres.
Elle n'en revenait toujours pas, de tout ce que l'on pouvait apprendre dans ces lieux de convivialité...

Quelques chopes avaient été vidées au nom de Sainte Boulasse, mais rien d'irraisonnable. Il faut dire, la sauvageonne avait désormais l'habitude de l'alcool. La sauvageonne...
L'évocation du surnom fit passer un voile triste sur son visage. C'est Mathias qui l'appelait ainsi, depuis ce jour où il l'avait trouvée dans la nature, accompagnée de son roublard de corbeau... Bien entendu, on ne l'avait pas appelée de la sorte depuis cet autre jour où... Mais pourquoi pensait-elle à cela d'un coup ? Elle déglutit péniblement et redirigea ses pensées vers l'après midi écoulée.
Elle avait parlé de Carcassonne, de son voyage... En retour, on lui avait raconté les ragots de la ville, qui courtisait qui ou bien qui était ennemi avec qui. Il y avait eu le passage de quelques voyageurs, une ou deux personnes aux regards fuyants, et elle avait même tenté de transmettre l'amour du Très-Haut en invitant des âmes égarées à se rendre à la messe.
Occupée à tout cela, elle n'avait pas vu l'heure passer, et voilà qu'elle allait devoir voyager de nuit...
Non pas que cela la dérange vraiment, elle avait déjà souvent voyagé de nuit avec Mathias. Mais Mathias avait une épée et pouvait les défendre contre quelques loups ou un ours, pas Lumena. Enfin, elle savait que la plupart des animaux ont plus peur des humains que le contraire et qu'en faisant un peu de bruit elle serait en relative sécurité. Et puis, à choisir entre un ours ou le risque de croiser la bourrue de la demeure Casalièr...



[Béziers - Très tôt le 28 Septembre 1459]

Pas d'ours, pas de loups, pas de bourrue...
Elle sourit en apercevant le bureau d'accueil des voyageurs de Béziers. La nuit était bien avancée, mais au moins le voyage s'était déroulé sans encombre et elle avait une nouvelle ville à découvrir. Elle entra dans le bureau rapidement et, n'y voyant personne vu l'heure tardive, remplit un vélin qu'elle laissa en évidence afin de déclarer son arrivée.
Ne restait plus à présent qu'à trouver une paillasse où dormir quelques heures ; le coeur du village avec ses diverses tavernes serait un bon endroit pour commencer la recherche...

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Coupe de Soule Royale - Bayonne vs. Béziers
--Hraesvelg



[Narbonne - Nuit du 27 Septembre 1459]

Il pousse la porte de la taverne, tout en retenue, sûr de lui. Un coup d'oeil autour du bouge et l'état des lieux est fait mentalement. Une tavernière aussi attirante qu'un banc, un vieux qui dort à moitié sur une table du fond et une blonde dont l'oeil pétille quand il se pose sur l'arrivant.
Il est temps d'allier devoir et plaisir, pense-t-il en s'avançant vers la jouvencelle d'un pas assuré mais lent, passant doucement une main sur sa barbe dans un geste sensuel. Et tu crois pas qu'on va finir par te repérer non ? La voix, encore... Il l'ignore et continue son approche, tête baissée, les yeux ancrés sur ceux de la blonde.


Ma dame, ouvre-t-il en s'inclinant devant la jouvencelle, une main sur le coeur, il ne pourrait être dit que je laisse une telle vision esseulée. Qu'est-ce qu'il faut pas entendre... Laisse faire ! Oh oui je laisse faire, mais qu'est-ce qu'il faut pas entendre quand même...
Son regard s'assombrit un instant et il en profite pour se tourner vers la tavernière, camouflant la seconde d'incertitude.

Deux sangdragons pour la damoiselle et moi-même.
Il attrape la blonde par la main et l'entraîne doucement, mais fermement, vers une table proche. Elle glousse de plaisir, trop heureuse d'être le centre de tant d'attentions. Une fois installés, le félin enchaîne, tout excité de s'être trouvé un jouet.

Hraesvelg, pour vous servir...

Emma, enchantée senher.

Emma... Emma, ne pas oublier surtout. Buvons à votre inégalable beauté et à ma chance de pouvoir l'admirer, dit-il, levant le godet que la tavernière blette vient de poser devant lui et invitant la jouvencelle - puterelle - à faire de même.
Cul sec, il boit. L'alcool fort est une de ces rares choses qui arrivent encore à faire éclore un peu de chaleur en lui, alors il aime sans modération, forcément.
La blonde, elle, doit moins aimer... Elle trempe ses lèvres, fait une grimace et repose le godet, le tout sous l'oeil amusé de son prétendant.


Trop fort à votre goût, ma dame ? Il avance une main et passe son pouce sur les lèvres de la jouvencelle, les essuyant d'un geste délicat avant de porter ce même pouce à sa propre bouche pour en savourer les traces d'alcool. Vous seriez pourtant agréablement surprise de la chaleur qui se trouve derrière cette force...
Se laissant convaincre par les paroles et le sourire angélique, la blonde reprend son godet et le vide, à son tour, d'un trait. Elle place sa main libre devant sa bouche pour en cacher l'affreuse torsion et se met ensuite à tousser avec violence.
Ah oui, c'est pas de l'alcool à donzelle ça... Ca dépend ce qu'on veut faire avec la donzelle.
Sans se déparer de son sourire charmeur, il attend que le feu liquide fasse son effet, le regard avide. Ca ne rate jamais, il suffit d'être patient...
La blonde se détend et sourit. Elle repose son godet et regarde le félin, les yeux brillants et les joues rosies.


Oc, bien agréable, malgré cette force troublante.

Ca ne rate jamais...
Il alterne sourire enjôleur et sérieux charmeur et resserre son emprise, mots après mots. Le temps est doux, la nuit est belle, tous les sujets légers y passent, y compris la magnificence des yeux de la blonde et la dorure parfaite de sa chevelure soyeuse. Profitant de l'heure avancée, il termine enfin sur une cabriole...


Permettez, ma dame, que je vous reconduise, il se fait tard et les rues ne sont guère sûres. Ca, pour pas être sûres... Laisse faire !

Elle permet, bien entendu, l'alcool lui a tourné la tête et elle s'appuie même avec soulagement sur le bras offert, sourire aux lèvres, appréciant d'une senestre délicate les muscles saillants sous l'étoffe grossière de la chemise toute féline.

Je m'en remets à vous, senher.

Maintenant, l'autre jeu commence...
Lumena
[Béziers - 29 Septembre 1459]

Après son arrivée en milieu de nuit, la veille, elle avait trouvé une chambre modeste au dessus d'une des nombreuses tavernes de la ville et s'était endormie comme une pierre pour n'ouvrir les yeux qu'en fin d'après midi. Elle avait fait un repas de fruits frais et de pain, et s'était ensuite rendue à la messe, bien contente de s'être réveillée à temps.
Elle avait fini sa courte journée en se baladant dans les rues de Béziers - pas aussi vivantes que celles de Narbonne, mais toujours plus que celles de Carcassonne -, s'arrêtant ça et là afin de faire connaissance avec quelques biterrois bien sympathiques.
Une deuxième nuit dans sa mansarde et elle reprit son exploration de la cité. Avec ses derniers écus, elle acheta une belle miche de pain au premier boulanger qu'elle croisa et en profita pour lui demander quelques renseignements.


Savez-vous où je pourrais trouver emploi dans la ville ?

Elle accompagna ses paroles d'un sourire avenant et, attendant la réponse du marchand, arracha un morceau du pain qu'elle venait d'acheter et commença à le grignoter.

Pourquoi qu'z'essayez pas l'verger, d'na ? L'fruits c'est bon contre la mort qu'y parait... Il la regarda en train de manger son morceau de pain et se reprit bien vite, ne voulant sans doute pas perdre de clients. Enfin, l'pain aussi hein, surtout l'pain, oc.

C'est ainsi qu'elle alla occuper sa journée, suivant la direction indiquée par le boulanger afin de trouver le verger. Elle pouvait revendre une partie des fruits et garder l'autre partie pour se nourrir... C'est qu'en dehors de Béziers elle n'en avait pas mangé souvent, des fruits, alors elle comptait bien en profiter.
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Coupe de Soule Royale - Bayonne vs. Béziers
--Hraesvelg


[Narbonne - 28 Septembre 1459]

Sourire aux lèvres et tout en lassant ses braies, il regarde celle qui a partagé sa nuit, sur la paillasse. Les yeux vitreux, la blonde, elle, regarde le plafond comme s'il allait lui tomber sur la tête, la bouche tordue dans un cri silencieux. La couche est passée d'un blanc immaculé au vermeil du sang, et de longues traces séchées se dessinent sur la peau laiteuse de la puterelle, de sa joue à son cou gracile. Il n'avait pas omis de la marquer, cette fois, et même si c'était plus salissant, il y avait trouvé une bien plus grande satisfaction.
Toujours à demi nu, il s'approche du corps et lui ferme les yeux d'un geste tendre. Elle s'était débattue, celle la, et pas qu'un peu. Elle avait planté ses griffes dans son large torse, essayant tout ce qu'elle pouvait pour qu'il arrête, qu'il la laisse tranquille. Il fallait plus que quelques griffures pour l'arrêter, lui, mais il respecte l'envie de vivre dont elle avait fait preuve.
Il ramasse sa chemise au sol et entreprend de l'enfiler, sentant rouler sur sa peau les traces brûlantes que la blonde a gravées. Dans quelques jours les chairs meurtries deviendront simples blessures de guerre - ni ses premières, ni ses dernières.
Dans un geste routinier, sa Miséricorde est essuyée sur un pan de drap et il termine de s'habiller. La puterelle avait fait un jouet plus que correct, mais elle ne s'était pas avérée aussi utile qu'il l'avait espéré. Tu prends des risques, et pour rien en plus !
Un soupire et il abaisse sa capuche, il n'a ni le temps ni l'envie de répondre à cette voix qui aime pointer l'évidence d'un doigt accusateur.



[Route entre Narbonne et Béziers - 29 Septembre 1459]

Foutre Dieu ! Malpeste ! C'est quand même pas si dur de refroidir une bigote, non ? La refroidir, sans doute que non, la trouver par contre... Oui, oui, j'ai compris !
Le monologue intérieur se prolonge tout le long du chemin, titillant les nerfs du félin et l'approchant dangereusement d'un état de rage incontrôlée. C'est que normalement, il est plutôt posé, patient et froid, on l'appelle pas le félin pour rien, mais il reste humain, alors des fois, il craque, le pauvre chaton.
Tu aurais dû la marquer la première fois, au lieu de t'associer avec ces brigands du dimanche... Oui et alors ?! C'est fait, revenir sur le passé ne règle pas le problème présent ! En plus, une bigote comme ça, sûr qu'elle est pucelle... Ca peut encore s'arranger, ça. Oui, enfin, si tu la retrouves... Je sais au moins qu'elle est partie en direction de Béziers ! Comme tu savais qu'elle était partie en direction de Narbonne... Et alors ? C'est pas une science exacte, c'est une traque ! Une traque ? Oui, une traque ! On dirait pas, à te voir courir dans tous les sens comme un poulet sans tête... Tu sais ce qu'il te dit, le poulet ?!
Lumena
[Béziers - 29 Septembre 1459]

Juste à la sortie du verger se trouvait un marchand ambulant, Lumena n'eut donc pas loin où aller afin de se défaire de sa cueillette du jour. Elle garda tout de même un fruit, pour son repas du soir, mais vendit les autres sans grand remord, trop contente qu'elle était de pouvoir gonfler sa bourse de quelques écus.
Sur son épaule, le corbeau ne semblait pas partager sa joie... Depuis plusieurs minutes déjà il déployait ses ailes, s'envolait, revenait...pour repartir de plus belle. Elle tenta de le calmer en lui offrant quelques grains de maïs, mais il bouda son offrande et continua ses allers retours impétueux. S'éloignant du marchand que les mouvements répétés de l'animal commençaient à énerver, elle se mit à parler à l'oiseau dans un murmure réconfortant.


Shhh, Maraud... Tout va bien...

N'ayant pas l'air d'accord avec cette affirmation, le corbeau attrapa une mèche de cheveux de sa maîtresse et tira dessus en secouant la tête.

Maraud ! Le ton s'était fait plus ferme, mais la voix était restée un murmure. Parler à un oiseau en public - à un corbeau, qui plus est -, risquait de lui attirer plus d'ennuis qu'autre chose. On dirait encore qu'elle était l'envoyée du Sans Nom et que son animal en était la représentation... Difficile d'expliquer à des gens simples que le jour où elle s'était fait baptiser, Maraud avait pataugé allègrement dans le baptistère, prouvant ainsi qu'il était certainement beaucoup plus proche du Très-Haut que du Sans Nom...
Elle poussa un long soupir et gratta doucement la tête de l'oiseau, celui-ci semblant enfin prêt à se détendre.
Ce n'est qu'après plusieurs minutes qu'elle s'aventura enfin à se remettre en marche en direction de la place publique, mais le corbeau reprit son agitation au bout de trois pas à peine.


Tout va bien, Maraud... Vraiment ? Tout allait bien ? Sa voix n'était plus aussi assurée dans son affirmation et elle se demanda même si ce n'était pas elle, cette fois, qu'elle essayait de convaincre. L'oiseau était connu pour ses facéties, des petits larcins aux grands cris en public, mais là c'était différent. Déjà, il ne criait pas. Lui d'habitude plutôt bavard ne laissait pas un son s'échapper de son bec. Et puis, cette agitation ? En temps normal son comportement lui permettait d'attirer l'attention des gens et de faire le beau, là il ne faisait qu'aller et venir, refusant même les céréales dorées qu'il aimait tant.
Elle continua d'avancer malgré son appréhension grandissante, et c'est en approchant de la place centrale de la cité qu'elle l'entendit... Tranchant, froid... Un rire à vous glacer le sang, même par le plus chaud des jours.
Son premier réflexe fut de reculer. Son deuxième réflexe ? Hurler, mais son cri resta bloqué dans sa gorge nouée. Maraud s'était calmé, lui, comme s'il avait accompli son devoir. S'il avait voulu la prévenir que quelque chose d'horrible venait d'entrer en ville, il venait de réussir, en effet...
Elle recula encore, tremblante. Elle avait froid, et chaud, son ventre se tordait... Voulait-elle tomber à terre ou s'enfuir en courant ? Les deux lui semblaient tout aussi irréels, la laissant indécise. Un rêve, c'était sans doute cela, juste un rêve... Elle secoua la tête malgré elle, non, ce n'était pas un rêve, ça ne pouvait pas être un rêve. Dans ses rêves, Mathias était encore auprès d'elle. Dans ses rêves, l'envoyé du Sans Nom ne riait pas, ne respirait pas, n'avait même pas d'existence.
Elle recula encore, les yeux pleins de larmes. Une nouvelle fois le choix s'imposa à ce qui lui restait de lucidité : tomber à terre ou s'enfuir en courant ?
Protégez Lumena, Seigneur...
S'enfuir !
Pas de carte, pas de plan de route, pas de direction... L'esprit embrumé, coincée entre passé et présent, elle courut pour fuir ce rire, fuir ces souvenirs...

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Coupe de Soule Royale - Bayonne vs. Béziers
--Hraesvelg


[Béziers - 29 Septembre 1459]

Fut un temps, tu l'aurais déjà attrapée, tu vieillis... Et alors ? Alors tu te ramollis, c'est tout... Tu vas voir si j'me ramollis !

Arrivé à Béziers, devant les écuries, il descend de cheval sans vraiment en avoir conscience, tout occupé qu'il est à sa diatribe intestine.

Tu aurais dû la marquer la première fois... Tu te répètes ! En plus, une bigote comme ça...

Un palefrenier de la cité s'est approché trop vite, trop brusquement, et le frison s'est cabré et lui a ouvert le crâne d'un coup de sabot.
Le félin regarde la scène au ralentit et fini par éclater de rire. Non pas qu'un palefrenier mort - ou pas loin - l'amuse, il s'en moque comme de ses premières bottes... Par contre, un palefrenier qui avale sa chique et coupe du coup celle de la voix qui l'a exaspéré depuis des heures, ça, ça le rend joyeux.
Souriant toujours, il s'approche d'un gamin, le secoue un peu pour qu'il arrête de gober les mouches en regardant le crâne de l'homme à terre, et lui met un écu dans la main...


Toi ! Occupe toi d'mon cheval, et soit doux si tu n'veux pas finir comme l'autre.

...avant de se diriger nonchalamment vers la taverne la plus proche.
--Anna_




Huit printemps que je suis ici, dans cette taverne crasseuse de Béziers, ma maman est morte quand je suis née. Je pense qu'elle travaillait ici, pour l'homme qui possède cet endroit. Une fois j'ai demandé, je m'en souviens, il m'a frappée si fort que je voyais plus rien autour de moi. Je dis plus rien, je travaille et dis merci pour le pain rassi qu'il me donne.

Aujourd'hui, je sers les clients, c'est comme ça que je gagne mon seul repas du jour. Une fois, un homme a voulu me prendre avec lui, j'ai pas compris, pas tout de suite, mais quand il a commencé à vouloir me caresser la joue, j'ai hurlé ! Le tavernier est arrivé, j'ai eu de la chance je crois. Maintenant, je fais attention, je donne les plats et les pichets les yeux baissés, et je suis aussi silencieuse qu'une souris. Je veux rester en vie, même si elle est pas marrante, ma vie.

Un homme, la tête couverte, entre dans la taverne. La journée commence.


Bonjorn, j'vous sers un godet ?
--Hraesvelg


[Une taverne de Béziers - 29 Septembre 1459]

Il arrive dans la taverne et la parcourt du regard... Pas grand monde à cette heure... Il lâche un grognement sourd, oubliant la joie de courte durée qu'il a ressenti quand la voix s'en est allée quelques minutes plus tôt, et s'avance vers une table du fond où il s'installe en prenant garde de faire face à l'entrée. Toujours faire face à l'entrée, toujours voir qui entre ou sort, c'est comme ça qu'on reste en vie.

Du coin de l'oeil, il voit la gamine s'approcher et lui demander ce qu'il veut. C'est pas rare de voir des gamins servir dans les tavernes, bien souvent ils sont maigrelets et peureux, et grandiront les pires vermines. En même temps, dur de grandir autrement quand on passe ses journées entre alcool, viol et torgnole...
Une grimace tord les lèvres du félin un instant, et il chasse ses idées pour répondre à l'enfant.


Un godet de sangdragon... Autre grognement sourd, et il continue d'un ton rude. Et un lait de chèvre pour toi, gamine. Ramène nous du pain et du miel aussi, si t'en trouves dans ce bouge.
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