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[RP] Les guerres rapprochent...

Sorianne
Quelques jours auparavant...


Enlevée, mais elle avait finit par lui promettre de ne pas s'en aller. Elle tenait paroles, lui avait même proposé de se marier rapidement. Cela aurait pu se faire si le village où ils avaient échoué n'était pas un ramassis de sorciers. Ils avaient décollé rapidement et avait réussi à traverser Anjou et Poitou sans encombre. Il lui avait proposé Angoulême... Peu d'hésitation puisque c'était là qu'ils s'étaient découverts. La boucle aurait été bouclée, retour dans ce village maudit qu'ils avaient fuis.

Elle était allée se promener dans les rues d'elle ne savait plus quel village, presque sûre qu'ils y resterait au moins deux petits jours. C'était sans compter le courrier du douanier qui les sommait de partir illico, d'éviter Poitiers... Contrariée par beaucoup de chose, elle l'avait prit par dessus la jambe, n'y faisant pas attention plus que nécessaire. Les douaniers, prévôts et autres chefs de guerre étant bien plus occupés à la guerre et avec les armées que par deux pauvres voyageurs.

Départ raté, la noiraude fila aussitôt qu'elle s'en aperçut, se dépêchant d'écrire au brun afin de le prévenir, qu'il ne s'en fasse pas, qu'il ne croit pas qu'elle s'en ira rejoindre le petit groupe hétéroclite qui l'avaient "recueilli" l'espace de quelques mois... Bien qu'elle irait un jour ou l'autre, voulant les revoir sans fautes, mais il le savait, elle n'avait pas manqué de le prévenir. Mais pour l'instant... C'était autre chose qui était prévu!

Les villages défilaient, tout comme les chemins, bois, champs... Les armées étaient croisées, mais la boiteuse, seule sur la route se faisait petite en passant non loin, il ne manquerait plus qu'elle se fasse remarquer... Le trajet fut des plus calme jusqu'à Saintes. Arrivée dans ce village des plus déserts, la brune à la hanche douloureuse s'empressa d'écrire à son fiancé.
"Je te rejoins, ne m'attends pas, je me repose un peu avant de reprendre la route ce soir". Quelque chose approchant du moins. Sans compter le fait de le rassurer de nouveau sur son hypothétique fuite qu'elle ne comptait pas faire.

Elle allait partir quand on lui fit porter un courrier. Un pli froissé, une écriture inconnue, serrée et hâtive. Les mots couchés sur le vélin la firent pâlir. "Le maitre est tombé!" Col... Inquiétude, culpabilité, regret de lui en avoir voulu, haine à l'égard de ce Comté pourri qu'était le Périgord, soulagement de lire qu'il n'était que blessé, colère envers cet Angloys qu'elle avait bien du mal à comprendre... Tant de sentiments qui venaient de faire surface! Aussi rapidement qu'elle le put, la So s'empressa de se rendre à l'endroit indiqué par Bingley, oubliant tout ce qui n'était pas Colhomban.

La porte s'ouvrit avec grand fracas, allant claquer contre le mur, laissant place à une noiraude échevelée, les pommettes rougies à cause de la fraîcheur d'Octobre et de s'être dépêchée.


Bign'lé! Comment va-t-il?!
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Colhomban
Quel mal leur avaient-ils pris de vouloir rallier le Périgord en temps de guerre… Pourtant la boisson n’avait pas du tout était de la partie, et le couple de bruns avaient décidé de son itinéraire l’esprit clair de tout alcool, choisissant même des étapes de prédilection pour un éventuel badinage marchand. Comme quoi la guerre allait plus vite que les hommes, et avec la meilleure volonté des royaumes on leur avait coupé l’herbe sous le pied (sur le pied même…).
 
Dès son passage à Thouars, le nobliau n’avait eu de cesse de recevoir des courriers des douaniers l’exhortant de sortir au plus tôt de ce maudit comté qu’était le Poitou. Si les bougres étaient zélés dans leur travail, multipliant les missives sur un parchemin de qualité moyenne, ils n’étaient pas doués en calcul… Combien de fois avait-il du leur expliquer qu’en avançant à son allure il ne pouvait gagner les frontières qu’en plus de 48 heures. Il avait fini par arrêter de « s’époumoner » à l’écrit et avait continué sa route le cœur contrit de devoir laisser sa mie se débrouiller seule à quelques nœuds de là. Pas si seule la brune, puisqu’un nouveau né emmailloté comme la huitième merveille du monde dormait paisiblement contre le ventre de sa mère… L’esprit de Colhomban passait de l’une à l’autre avec brio, tandis que d’une main fébrile il tâtait dans sa poche les courriers que sa fiancée lui envoyait, dispensant ainsi l’équipage de son futur mari de ses propres avancées.
 
Col n’était pas seul non plus. Son anglais de valet trottinait allègrement sur son canasson, presque content de s’être « débarrassé » de la brunette. Pas qu’il ne supportait pas Lady Sorianne, comme il l’appelait, mais la compagnie des femmes n’avait jamais été de son goût, surtout quand ces dernières empiétées le périmètre de sécurité qu’il se plaisait à établir autour de son maître. Ils en étaient là tous les deux de leur pérégrination quand à l’approche de la frontière périgourdine un cliquetis métallique les sorties de leurs pensées.
 
Une armée.
 
Le nobliau, sourcil froncé, fit avancer sa monture d’un coup de botte vers le capitaine qui se tenait devant sa troupe. Point armé depuis sa dernière rixe contre une bande de soldats en Franche Comté, Col espérait ne pas perdre de sa superbe sans épée et s’enquit ainsi du commandant. Montrer pattes blanches fut aisé puisque notre homme n’était pas équipé de façon belliqueuse, mais les croix bretonnes que son blason arborait eurent tôt fait de rappeler à ses vis-à-vis qu’il était étranger à la région. Sans laisser passer Colhomban était dans l’illégalité et le ton monta assez vite. Il eut beau se targuer de n’être point impliqué dans le conflit en cours, rien n’y fit. On le délogea de sa selle avant même qu’il ne se débatte, et ainsi traîné au sol par trois gaillards il fut passé à tabac en bonne et due forme. Quant à Bingley, il tomba à terre de lui-même et n’eut le temps que de ramper sur quelques mètres avant d’être rattrapé par des soudards qui le ramenèrent auprès de son maître pour lui faire subir le même sort. L’anglais opta alors pour une position dite « en boule » qui lui permit d’éviter les coups les plus mesquins. Sûrement lassés par l’exercice, peut-être fatigués d’avoir tabassé le nobliau, le valet fut rapidement abandonné au profit des montures. Une fois les fontes délestées de leur maigre butin, elles vinrent fouler le chemin tandis que nos deux bougres en sang furent abandonnés à eux-mêmes.
 
Ha ça ils s’en souviendraient de l’intelligence poitevine et de ses sommations ! Comment pouvait-on sciemment châtier deux hommes innocents en balade d’un comté à l’autre ? Surtout quand ils se faisaient connaître des autorités. Les grands de ce monde devenaient-ils tous stupides ?
 
Rapidement Colhomban perdit connaissance tandis qu’à côté de lui Bingley s’agitait.

 
 
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--Arthur_bingley
Au diable les armées ! Cela faisait deux fois que ces ramassis de guerriers mettaient à mal le maître. Bingley agita frénétiquement les pieds, essayant de plier ses jambes douloureuses pour mieux se redresser. Ses mains endolories vinrent racler la poussière avant de trouver un point d’appui et de pousser la carcasse qui se trouvait au bout. Dans une série de gémissements, de couinements et de pleurs (tant qu’à faire), Arthur parvint à s’agenouiller auprès du corps de son jeune maître. Les yeux embués, les lèvres frémissantes, il ne put constater qu’avec effroi le piteux état dans lequel ce dernier se trouver.
 
Ils avaient osé toucher son visage !
 
Un gros sanglot lui barra la gorge et il se jeta sur le torse de Colhomban qu’il croyait perdu à jamais. Toute l’adoration qu’il portait à l’homme se mua alors en des pleurs incontrôlables, eut-il voulu les contrôler...

 
Maîtwe ! Maîtwe ! Laissez-moi vous accompagner dans la mowt !
Ho my god ! Save my Colhomban !

 
L’anglais pleurait tant et si bien qu’il finit par en mouiller la chemise du nobliau, qui à cet instant poussa un grognement audible. Fichtre ! Il n’était donc pas si mort que ça ! Bingley s’arcbouta au dessus de la bouche du brun, et fit silence. Là, dans la sérénité de la campagne on entendit tout à coup un souffle roque. Le valet bondit sur ses pieds, poussa un juron quand une de ses chevilles se déroba à lui, et bravant sa souffrance entreprit d’hisser son maître sur sa selle.
 
Il fallait à tout prix revenir à Saintes !
 
Une fois au village un courrier hâtif prévint Lady Sorianne de leur mésaventure et en attendant que la brune ne vienne, Arthur s’occupa au mieux de son maître. Car en dépit de nettoyer ses plaies et de les bander, l’anglais ne sachant pas le faire, il se mit à genoux auprès du D’Eusébius et pria tout son saoul. A coup de psaumes, de textes sacrés et de rosaires, il s’assomma et finit par sombrer lui-même dans un sommeil profond, assuré qu’au lendemain Colhomban serait remis de ses blessures comme Lazare des siennes…
 
Sa nuit fut bientôt perturbée par une porte qui s’ouvrit à la volée, laissant voir dans l’entrebâillement de la porte une brunette échevelée à faire peur. N’y comprenant rien, Bingley claudiqua jusqu’à la cheminée et entreprit d’y allumer un cierge, tout tremblant de peur.
 
On pouvait l’entendre murmurer à l’autre bout de la pièce :

- Ho ! Awistote ! On ne méwite pas Lucifer !
Sorianne
La jeune femme essaya de percer l'obscurité envahissant la pièce. Vrai qu'il faisait nuit mais elle ne s'en était pas réellement préoccupée. Bon sang mais où était donc cet Angloys de malheur? Du bruit se fit entendre, des pas et un ronchonnement qui arracha un grognement à la jeune femme. Quel idiot! La noiraude pénétra plus avant dans la pièce, laissant tomber besace et alla poser Nominoée dans un fauteuil trônant là. Endormie, le bébé ne devrait pas bouger s'pas? Se redressant, elle réajusta cette mèche qui lui tombait devant le visage et se dirigea vers Bingley, passablement en colère... Pour changer...

Bignlé, ou est Col? Il va bien? Vous en avez fait quoi? Qu'a dit le médicastre?! Et laissez donc le Sans Nom où il est sinon je vous assure que je vous envoie le rejoindre plus tôt que prévu!

Déjà qu'elle n'aimait pas les Angloys, il fallait qu'elle prenne sur elle, mais en plus qu'il lui serve de chaperon, et qu'il ne lui réponde pas!


Rhaa!

Au Diable! La brune fit demi-tour en arrachant au passage la bougie des mains de Bingley histoire d'y voir clair, laissant l'homme à bésicles en plan, et se dirigea vers le lit, après tout, où placer un blessé si ce n'était là? Elle en voulait à son brun, il serait dur de lui refaire confiance, mais il n’empêchait qu'elle tenait à lui, que ses sentiments n'avaient pas changés, et le savoir blessé l'inquiétait plus que tout. Déjà son œil... Elle arriva jusqu'à lui, parlant à voix basse, voix tremblotante, et inquiète.

Col? Tu m'entends?

La So posa la bougie allumée sur le meuble de chevet et se coula doucement auprès de lui, prenant soin de faire bien attention, ne voulant pas réveiller une quelconque douleur. Le regard perdu sur le visage qu'elle avait cherché à ne pas oublier pendant des mois, elle passa un doigt léger sur la tempe, le faisant glisser jusqu'au menton, réveil en douceur si tant est qu'il dormait.

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