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34, Quartier Ste Catherine, chez Anyya et Thuf

Anyya
- Mamaaaaan !

Anyya tourna la tête vers la fillette qui courait à toutes jambes vers elle, traversant le carré d'herbe qui ornait l'arrière de la maison. Par la porte de derrière, restée ouverte, elle entendait sans peine ce qui avait motivé Elya à venir la chercher. Les cris colereux d'un petit estomac affamé. Elle esquissa un sourire, termina d'étendre le grand drap blanc sur le fil à linge sous le soleil provençal, avant de ramasser la bassine de bois et de la caler sur sa hanche pour aller à la rencontre de sa fille.

- Maman, Raphael pleure !

Avec douceur la jeune femme repoussa une meche blonde, si semblable aux siennes pour l'heure disciplinées en un chignon vaporeux, derrière l'oreille d'Elya.

- C'est ce que j'ai cru entendre.


Ensemble, elles rentrerent et se dirigerent vers la chambre que partageait la fratrie. Au fond de son berceau, le nourrisson battait l'air de ses petits poings rageurs.


- Là, là, à t'entendre on croirait que tu meurs de faim, petit glouton !

Elle prit l'enfant dans ses bras, qui à ce contact daigna baisser légèrement son volume sonore, sentant l'heure du repas toute proche.
Anyya sourit en voyant les yeux bruns la fixer, pour sur que son pere ne pouvait le renier celui là. Car si Elya tenait d'elle, son frere était lui le portrait craché de leur géniteur.
En fredonnant un air apaisant, elle langea le bébé avant de s'installer sur le fauteuil à bascule dans la pièce à vivre. Son corsage degraffé, elle n'eut pas besoin d'encourager l'affamé pour qu'il se mette à teter goulument. Heureusement qu'il commençait maintenant à faire ses nuits, laissant ses parents renouer avec le concept de sommeil.


- Il revient quand papa ?


Anyya posa son regard d'émeraude sur sa première née, installée avec sa poupée sur l'épais tapis de laine devant l'âtre. Mere et fille avaient mis du temps à nouer un lien, separées brutalement à la naissance de la petite et ne s'étant retrouvées que deux longues années plus tard. Mais le temps et l'amour avaient fait leur oeuvre, et la naissance de Raphael avait scellé pour de bon leur famille.

- Je ne sais pas mon ange... J'espère qu'il rentrera pour le diner.

Anyya exhala un leger soupir. Certes sa seconde grossesse et la venue au monde de leur fils avaient été un grand bonheur pour eux. Mais les derniers mois, émaillés d'abord de son ventre lourd de vie, puis des semaines necessaires à se remettre de ses couches, sans compter les tetées nocturnes, n'avaient guere été propices à leur intimité de couple. Et si elle avait une confiance absolue en l'amour qui les unissait, elle aspirait à retrouver de tendres tete-à-tetes avec son époux, surtout maintenant que son corps avait retrouvé sa silhouette déliée, sa taille fine, ses formes galbées.
Qui sait, peut-être ce soir, une fois les enfants couchés... Et c'est avec encore plus d'impatience que d'habitude qu'elle se surprit à guetter le bruit familier de la canne battant les pavés.

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Thufthuf
C'est tard dans la nuit, presqu'à l'aube, que ThufThuf arriva enfin chez eux. La route depuis Aix est longue, surtout quand on part en retard. Heureusement pour notre distrait, un marchand en route pour le marché de Brignoles l'avait pris en chemin. D'huile, le marchand, pas de vin. Dommage.

A l'aurore donc, la canne évite de se faire entendre. La porte, pour une fois complice, oublie de grincer. A pas les plus feutrés possible, il s'avance dans la maison, évite de justesse de trébucher quand Dragon, le chat de la maisonnée, se faufile entre ses jambes (d'ailleurs, ça doit être programmé génétiquement chez cette espèce, d'essayer de faire culbuter les gens dans les moments les plus inopportuns. Sales bêtes!). Il ne se cogne pas, non plus, dans le pied du fauteuil, celui qui lui a déjà fait pousser nombres de jurons tonitruants. Ces derniers on souvent, voire toujours, provoqué la colère d'Anyya, consternée de laisser leurs enfants entendre de tels expressions.

Tout réjoui de sa réussite inhabituelle, il relâche son attention et pose le pied là où il n'aurait jamais du: sur un des jouets d'Elya. Oh, pas un qui fait mal, non non non. Juste la balle que sa mère lui a fabriquée avec les rebuts de laine et de peau d'un de ses moutons. Et, comme n'importe quel objet rond, une balle, ça roule. Voici donc notre discret retardataire transformé en retardataire plus discret du tout, vu qu'il valdingue en arrière, renverse une chaise et retombe lourdement au sol, réveillant du même coup le petit Raphaël et, par ricochet, toute sa petite famille.

Pleurs et cris dans la chambre des petits, chandelle qui s'allume dans celle du couple. Rien ne pouvait se passer plus mal. Ah... Si... Il exhale toujours les odeurs du bain de Madame.
Anyya
La soirée fut longue. Anyya avait repoussé au plus tard le moment de passer à table, espérant que son époux finisse par rentrer de sa journée de travail. Mais point de bruit de canne, et point d'époux. Elya en avait été fort chagrine, chipotant tout du long du repas, et son humeur avait deteint sur celle de son frere, qui les avait gratifiées d'un long concerto strident. La nuit était tombée et les étoiles brillaient déjà quand la jeune femme extenuée avait enfin pu refermer la porte de la nurserie sur deux enfants endormis, grâce au ciel.
Avec une inquiétude grandissante elle se hata de rentrer son linge et de remettre de l'ordre dans la maison. Le sommeil la fuyait, malgré sa fatigue. Où pouvait donc se trouver Thufthuf ? Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé... Elle finit par rejoindre le lit conjugal, pour s'y tourner et s'y retourner, somnolant par intermittence, guettant un bruit... Elle ne sombra que tardivement dans un sommeil agité, duquel elle fut tiré brutalement par un "boum" sonore, suivi de peu des pleurs conjoints et effrayés de deux petits reveillés en sursaut.
A peine le temps de rallumer la chandelle, et Anyya se précipita pieds nus, les cheveux flottant sur ses épaules, pour découvrir son époux affalé sur le sol de la grande pièce.


- Par le ciel Thuf !

Un coup d'oeil par la fenetre pour évaluer l'heure, le ciel nocturne commençait à peine à se teinter des premieres lueurs rosées de l'aube.

- C'est à cette heure ci que tu rentres ?!

Remarque il est vrai typiquement feminine, que toutes les épouses étaient amenées à prononcer un jour ou l'autre dans leur vie conjugale.
Les pleurs redoublérent d'intensité, Anyya exhala un soupir en se dirigeant vers la chambre d'enfants, les explications allaient devoir attendre.


- Calmez vous les enfants, ce n'est que Papa !

Elya, à ce dernier mot, s'arreta de pleurer et sauta hors de son lit, pour courir jusqu'à son père.

-Papa !

Un gloussement enfantin secoua la fillette juchée sur le ventre paternel.

- Tu sens drôle Papa !

Anyya leva les yeux au ciel. Encore une soirée en taverne qui s'était éternisée, sans doute, alors qu'elle se faisait du soucis et gérait toute la maisonnée...
La chandelle toujours en main, elle alla recuperer la petite, en profitant pour se pencher sur son homme et évaluer son état. Et là surprise ! Car non seulement il ne fleurait pas l'alcool comme elle s'y attendait mais l'odeur fraiche d'un savon à la lavande -à moins qu'on ait inventé depuis peu un alcool à base de savon à la lavande- mais en plus, de ses cheveux brillants à ses mains récurées, il était étrangement propre... Ses yeux s'écarquillerent une seconde de surprise, avant qu'elle ne hausse un sourcil circonspect. Finalement les explications n'allaient pas attendre longtemps.


- Allez Elya, il faut retourner te coucher, ce n'est pas encore l'heure de se lever.

La jeune femme déposa la chandelle sur la table, qui projeta une lueur diffuse venant dessiner en ombre chinoise sa silhouette galbée sous le fin tissu de batiste de sa chemise de nuit. Elle raccompagna Elya, rassurée d'avoir vu son père, dans son lit, la borda tendrement avant de déposer un baiser sur son front. Puis elle sortit le petit Raphael de son berceau, tira la porte de la nurserie derrière elle, et alla s'installer dans son fauteuil, face à Thufthuf.
Elle delaça le devant de sa chemise, fit glisser la bretelle sur son épaule, pour mettre l'enfant au sein. Le silence enfin revenu, elle posa un regard scrutateur sur son époux.


- Et maintenant aurais tu l'amabilité de m'expliquer comment cela se fait que tu rentres à cette heure, cocottant comme un champ de lavande ? Et ne me dis pas que tu as travaillé dans le dit champ, tu brilles un peu trop comme un sou neuf pour ça !
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Thufthuf
Question entrée discrète, c'était raté. Non seulement il avait réveillé tout sa petite famille, mais en plus leur fille allait éveiller les soupçons d'Anyya quant à ses fréquentations de la veille. Mais revenons à l'instant présent: couché par terre, la fesse et le dos douloureux, sa femme devant lui. Belle, sa femme, comme toujours. Ses longs et ondulants cheveux blonds, son visage fin et son corps fin aux formes généreuses sont mis en valeur par les jeux d'ombres et de lumières créés par la chandelle. Si la situation n'était à ce point gênante, il l'aurait embrassée fougueusement. Madame, c'est bien, Anyya, c'est mieux! Déjà, il l'aime, elle l'aime, ils s'aiment. Ensuite, elle ne porte pas de capuche, est désirable sans avoir besoin de s'entourer de mystère, et lui pardonne toutes ses gaffes. Bref, c'est sa femme, la meilleure, la plus belle, la plus mieux! Même si, en ce moment, elle arbore son air de dragon furieux...

Oui, oui, c'est à cette heure-ci qu'il rentre. Et non, non, il n'en est pas fier. Content, peut-être, fier, non. Mais la soirée fut délicieuse et la promesse d'une travail moins épuisant est réjouissante. La nature du dit travail risque de ne pas faire sourire sa femme, loin de là. Mais il trouvera bien un moyen de la convaincre. Il faut l'espérer, en tous cas.


Papa !

Une petite boule d'énergie lui saute sur le ventre et enroule les bras autour de son cou. Sa fille, son joyau, le portrait craché de sa mère. pendant les deux ans où il a été séparé d'Anyya, il l'a élevée seul, aidé sur la fin par sa compagne du moment, Alrune. Tout l'amour qu'il ne pouvait plus donner à son épouse, il l'a reporté sur elle, au point de lui passer maintenant pratiquement tous ses caprices. Au grand désespoir de sa mère, qui essaie de maintenir la discipline dans sa petite famille. les deux femmes de la maison ayant chacune leur petit caractère, les disputes mère-fille sont souvent houleuses et ThufThuf a bien du mal à trancher pour savoir de quel côté se placer, laquelle consoler en premier.

Bonjour, ma petite chérie! Je suis désolé, je rentre tard...

Message à double cible, visant aussi bien la fille que la mère. Grand sourire, bisou qui claque sur la joue enfantine, nez qui se frotte au sien.

Tu sens drôle Papa !

Aïe. Voilà une démonstration de la spontanéité enfantine qui survient au mauvais moment. D'autant qu'Anyya, imaginant sûrement qu'il rentrait de la taverne, se penche vers lui, renifle, écarquille les yeux puis lui adresse son regard "toi il va t arriver des bricoles si tu n'as pas une bonne explication à me donner". "Mais bien sûr que j'en ai une, si tu me laisses le temps de la trouver", lui répond-il de la même façon. le temps, elle le lui accorde, mais il n'en profite pas. Trop occupé à admirer sa silhouette se découper sous sa chemise de nuit, puis sa poitrine se découvrir. Pas de chance, elle est destinée au petit gourmand qui pleurait dans son lit. La vie est tout de même mal faite! Nouveau regard, style "Et maintenant, avoue. De toutes façons, je sais déjà tout! Ou du moins, je te le fais croire."

Eh bien... j'ai fini plus tôt que prévu et j'en ai profité pour prendre un bain, tout simplement! La vérité, rien que la vérité. Et j'étais si bien dedans que... Je m'y suis endormi... Jusqu'à maintenant. Alors, évidemment, je suis reparti plus tard que prévu d'Aix, et me voilà... Bon, tout n'est pas vrai, mais presque. Allons y pour la partie la plus délicate. Et puis, j'ai trouvé un nouveau travail! A long terme, bien payé, pas fatiguant...
Anyya
Je suis désolé, je rentre tard...

Tard, doux euphemisme ! Quand à en être desolé... Il aurait pu être crédible. Il aurait pu... sans ce vague air de matou content d'avoir pu mettre son museau dans le bol de crème sans se faire prendre.
Le fauteuil à bascule se mit sans bruit en mouvement, berçant doucement ses deux occupants. L'un retombait peu à peu dans le sommeil dont il avait eté si brutalement tiré, au fur et à mesure que son petit estomac se remplissait, l'autre écoutait avec attention les explications de Thufthuf.
Un leger soupir s'échappa des lèvres ourlées. Anyya se renversa dans son fauteuil, son regard se perdit sur les ombres que la lumière de l'unique chandelle faisait danser sur le plafond, comme si elle pouvait trouver dans ce ballet clair-obscur des réponses. Fallait il s'étonner qu'avec de telles explications, le radar de son intuition féminine ne se declenche ? Et pourtant c'est d'une voix basse et calme qu'elle parla, une voix presque monocorde. Trop, sans doute...


Donc si je comprends bien... Tu étais à Aix. Tu as travaillé la-bas. Puis tu as réussi comme ça à y trouver de quoi y prendre un bain. Et pas un simple bac d'eau chaude, mais un bain aux herbes aromatiques. Tu t'y es endormi et c'est pour ça que tu es rentré tard.
Et dis moi, ce nouveau travail si merveilleux, tu l'as trouvé à quel moment et où ? Dans le fond de ce bain ?


Les yeux d'émeraude se detacherent des poutres pour un instant se poser sur l'homme en face d'eux. Un instant, avant de descendre plus bas, en apparence pour s'assurer que l'enfant à présent repu et somnolent allait bien, mais en réalité pour cacher les sentiments qui en animaient les volutes irisées, que dechiffrait bien trop facilement son époux, habitués tous deux à jouer de leurs regards respectifs, parfois mieux que les mots.

Car au fond de ces yeux brillait un éclat de douleur, devant des explications qui semblaient bien trop étranges pour être tout à fait honnetes.
On aurait tort de toujours prendre la jalousie pour ce qu'elle semblait être... Elle n'était pas que possessivité et refletait souvent d'autres peurs, plus profondes, plus sombres. Des peurs que deux ans de separation forcée avaient engendrées pour Anyya. Deux ans à ne plus savoir qui elle était, deux ans à errer seule dans ce monde, avec le sentiment qu'il lui manquait un morceau de son coeur et de son âme, sans pouvoir s'en rappeller, sans pouvoir le retrouver. A vivre, ou plutôt survivre ainsi, on perdait vite toute confiance en soi... Certes son âme et son coeur étaient à nouveau entiers, certes les blessures étaient refermées, soignées par les tous ces derniers mois d'amour et de bonheur retrouvés.
Mais à toute blessure sa cicatrice, indélébile, qui ne demandait qu'à se reveiller pour peu qu'on appuie dessus. Et ce n'étaient pas toujours les cicatrices les plus visibles les plus douloureuses.

Voilà ce qu'Anyya cachait dans ses yeux fuyants. Seule sa main tremblante, qui alla lisser derrière son oreille une mèche de cheveux mordorés en un geste familier, trahit ses pensées devenues plus obscures que les ombres du plafond, à la crainte que son époux ne lui mente et ne lui cache des choses tout aussi obscures qui auraient pu mettre en péril leur bonheur, à la crainte de le perdre, de ne pas être assez pour lui...

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Thufthuf
Un soupir, un regard qui se perd au plafond, une mèche remise en place. Avant elle se serait énervée, aurait crié, pleuré, puis calmée, excusée. Depuis sa longue maladie, son caractère avait changé. Sa colère était plus froide, plus déterminée, plus dure à éteindre. La naissance du jour serait donc pénible pour ThufThuf, même s'il arrivait à la convaincre de sa (fausse) bonne foi .

Evidemment, qu'elle met en doute ses explications. Qui ne le ferait pas? Pendant les quelques secondes où elle a plongé le regard dans le sien, il a perçu plus que du désaveu. Elle sait qu'il ne lui dit pas toute la vérité, mais son regard exprimait aussi un mal plus profond, une douleur, une peur qu'elle a au fond d'elle depuis qu'ils se sont retrouvés. Sans mémoire à l'époque, Anyya a du se contenter des souvenirs de ThufThuf pour reconstituer les siens. Lui, a volontairement oublié de lui remettre en tête quelques épisodes, dont celui où elle a failli le délaisser pour suivre un amant de passage. Inutile qu'elle se sente mal pour des actes dont elle n'a plus le souvenir.

Bref! Tout ceci n'intéressant surement pas énormément nos lecteurs, revenons au déroulement de l'histoire. Et à la réponse que lui fait notre éclopé.


Mais tout à fait, ma douce! A ceci près que je n'ai pas trouvé un baquet d'eau chaude traînant dans la rue mais bien dans de nouvelles étuves du centre ville. Et bien que ce ne soit pas au fond de mon bain, c'est bien là-bas que j'ai trouvé du travail. Ils viennent d'ouvrir, et ils cherchent un portier.

Presque toute la vérité. C'est mieux que rien, non?
Anyya
Anyya semblait perdue dans la contemplation de l'enfant dans ses bras, mais elle n'en écoutait pas moins avec attention la réponse de son époux, guettant les intonations de sa voix grave pour lire entre les mots.
Le nourrisson, repu, dodelina de la tête, et sa bouche se détacha du sein maternel. Ses petites lèvres s'étirerent en une mimique de sourire angélique alors qu'il replongeait dans le sommeil dont il avait été extirpé brutalement par l'arrivée sonore de son père. La jeune femme avec douceur se leva, et ses pieds nus glissant sans bruit sur le parquet, alla recoucher l'angelot dans son berceau. Un coup d'oeil sur sa soeur qui s'était rendormie elle aussi, et elle referma derrière elle la porte de la chambre d'enfants. Elle s'y adossa un instant, avant de poser enfin les yeux sur Thufthuf.


Portier aux nouveaux bains d'Aix dis tu... Je ne te savais pas l'âme à tenir des portes.

Pensive, elle remonta la bretelle de sa chemise de nuit sur son épaule, mais ne prit pas la peine de renouer les cordons qui en maintenaient normalement l'échancrure décemment fermée. Elle s'avança de quelques pas dans la grande pièce, avisa la balle en laine de sa fille qui trainait par terre, se pencha pour la ramasser et joua avec distraitement de ses doigts graciles. Sa voix était toujours aussi calme, toujours aussi neutre.

Et tu envisages de faire le trajet matin et soir pour aller y travailler ? Enfin le soir... A condition bien sur que tu ne retombes pas par accident dans une cuve d'eau chaude pour y faire la sieste.

Elle coula un regard en coin à Thufthuf. L'incertitude et le doute dessinaient des ombres mouvantes dans les profondeurs de jade de ses yeux, qui laisserent entrevoir la faille de son âme derrière.
Faille qui ne demandait pour l'heure qu'à être comblée par l'amour, la confiance mutuelle et l'envie de le croire .

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Thufthuf
La laisser réfléchir. Dans ces moments-là, il n'y a rien de mieux à faire. En tous les cas, il le pense et agit en conséquence. De fougueuse et emportée, Anyya est passée posée et réfléchie (pas en toutes circonstances, je vous l'accorde, mais les exceptions relèvent de leur vie privée). C'est donc sans un mot que la jeune femme se lève et va recoucher leur dernier né. Quand elle ressort de la chambre et se tourne vers lui, ThufThuf est de nouveau debout, massant sa fesse douloureuse, la regardant.

Tenir des portes, tenir des portes... Oui et non... Mon rôle consistera aussi bien à conseiller les clients qu'à les guider, les renseigner, les éloigner au besoin. Bref, disons... gardien?

Elle est belle, dans sa chemise de nuit. La chandelle, posée sur la table, dessine toujours sa silhouette en ombres chinoises, réveillant le désir de ThufThuf, pas aidé du tout par le décolleté plongeant qu'elle lui a laissé à portée des yeux. Mais l'heure n'est pas, n'est plus, n'est pas encore, au badinage. D'autant qu'elle renchérit.

Non, ma douce... Je compte surtout te demander d'envisager avec moi la possibilité de déménager à Aix et d'y élever nos enfants. Court silence. La vie à Brignoles est paisible et heureuse, mais le sera beaucoup moins si je dois passer plusieurs jours loin de vous... Des allers-retours hebdomadaires étant impossibles. Je te demande juste d'y réfléchir...

Les derniers mots avaient étaient susurrés au creux de son oreille. Tout en parlant, il avait comblé les derniers pas les séparant et c'était les mains posées sur les bras tièdes de sa femme qu'il avait fini de lui parler.

Je t'aime...
Anyya
De surprise, Anyya écarquilla grand les yeux et lâcha la balle qui alla rouler sous la table. Elle était (pour une fois) sans voix.

Déménager ?!

Thufthuf s'approcha d'elle, faisant frémir sa peau veloutée lorsqu'il posa ses grandes mains chaudes sur ses bras. La jeune femme s'accrocha à sa taille, et renversa la tête en arrière pour lever un regard noyé d'incertitude vers son visage, la lueur de la chandelle venant danser sur sa gorge diaphane ainsi exposée.


Mais Thuf... Notre maison est ici, notre vie, nos souvenirs...

Et ils en avaient des souvenirs, à Brignoles. Leurs retrouvailles, leur seconde première fois, la naissance de leur fils... Oui, tant de souvenirs merveilleux, qui ancraient le coeur de la jeune femme en ces lieux. Brignoles était devenu son foyer, ses racines, à elle qui en avait été cruellement privé. Ajouter à cela une propension chez la jeune femme, suite à sa maladie et sa perte de mémoire, à avoir du mal à s'ouvrir au monde et aux autres, et il n'était guère difficile de comprendre que l'idée de déménager, alors même qu'elle commençait à vraiment se sentir à l'aise à Brignoles, lui donne quelques sueurs froides. Dire qu'elle avait réussi, maintenant que Raphael avait quelques mois, à se lancer en proposant son aide à la Mairie ! Elle n'en avait pas parlé à son époux, attendant d'être sûre de la chose, elle esperait lui faire la surprise, voir l'étincelle de fierté pétiller dans son regard profond lorsqu'il apprendrait qu'elle osait...
Et tout d'un coup le voilà qui rentrait pour lui demander ça.
Déménager...
Resserrant son étreinte, elle vint blottir son fin minois dans le creux de son cou, fronçant le nez, que l'odeur aromatique qu'il degageait venait chatouiller, pour étouffer un éternuement.


Tu l'as dit... Notre vie ici est paisible et heureuse... Ne l'avons nous pas meritée après toutes ces épreuves que nous avons du affronter ? Nous avons eu tant de mal à trouver ce bonheur, ne le gachons pas je t'en prie... Apres tout, nous avons tout ce qu'il nous faut ici, ne tentons pas le diable à trop en vouloir.

Elle frotta son nez contre sa peau, pour en chasser les effluves d'herbes de Provence, et ne plus sentir que son odeur virile, qui l'enivrait plus surement que le plus capiteux des vins. Dieu comme elle l'aimait, son homme... Malgré ses craintes, malgré cette discussion, le simple fait d'être ainsi avec lui suffisait à embraser tout son être, comme toujours.

Mais il fallait malgré cela qu'elle sache... Puisant dans son parfum, dans la chaleur de ses bras, elle trouva le courage de formuler la question qui lui brulait les lèvres et les yeux, ses mots venant se poser en une caresse chuchotée dans le creux de son cou.


Et... qu'adviendra-t-il de nous si je refuse de partir ? Me laisseras tu quand même pour courir dieu seul sait quelle aventure ?

A cette simple évocation, être separée de lui, elle se raidit, dans l'expectative de sa réponse. Son étreinte se fit plus sauvage, presque desespérée, les courbes de son corps se collant aux angles du sien comme pour s'y fondre, ses mains s'agrippant au tissu de sa chemise comme si elle craignait qu'il ne disparaisse tel du sable qui vous file entre les doigts sans qu'on puisse le retenir...
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Thufthuf
De haut en bas et de bas en haut, ses mains glissent sur les bras de sa femme. Il peut sentir la peau frémir sous ses bras et il sourit tendrement quand elle s'accroche à lui et se laisse aller en arrière, lui offrant une vue panoramique sur sa poitrine gonflée par le lait maternel. La conversation est devenue échange de murmures et de regards, quand il arrive à rester dans le sien plutôt que de plonger dans son décolleté.

Il veut répondre mais est arrêté dans son élan par le frisson incontrôlable qu'elle déclenche en posant le visage dans son cou. Son souffle est une caresse subtile et pénétrante, qui le transit. Comme si elle voulait le faire taire, elle commence à multiplier les douceurs: nez qui se frotte dans son cou, mains qui se baladent dans son dos, jambes qui se frottent contre les siennes. A chaque fois qu'il veut placer un mot, une nouvelle vague de frissons le tourmente. Pourtant, il faudra bien répondre à Anyya, lui expliquer, tenter de la convaincre. Mais plus les secondes passaient, plus elle se faisait chatte en chaleur. A tel point que son désir, d'abord refroidi par la discussion qui s'était lancée, avait repointé le bout de son nez. Et que sa présence se traduit vite par une raideur de son entrejambe, impossible à masquer.

Nouvelle tentative de réponse, nouvel échec. A nouveau elle susurre dans son cou, provoquant un nouveau et long frisson, un gonflement supplémentaire, un soupir contenu. Elle se colle à lui, le serre si fort qu'elle ne peut plus ignorer ce qu'elle a provoqué en lui, comprime sa poitrine sur son torse, joue de son souffle chaud dans son cou. Piégé, le ThufThuf. Au plus adorable des pièges sans doute, mais piégé quand même. Glisser un murmure, tout de même, alors que ses bras puissants se sont coulés derrière elle et plaqué sur son dos.


Qui parle de t'abandonner, ma douce? Ne t'ai-je pas répété des centaines de fois que ma vie ne s'écrira qu'avec toi et nos enfants? Que plus jamais nous ne serons séparés?

Lente descente de ses bras vers la croupe de sa femme tandis qu'il souffle les mots dans son oreille, pression de plus en plus forte de son bassin contre le sien.

Mais en vieillissant, mon bras commence à fatiguer, ma jambe à ne plus supporter la journée de travail... Tu l'as bien vu, je rentre de plus en plus tard... Bientôt, je ne pourrai plus aller aux champs... Alors autant me reconvertir tant que je n'y suis pas forcé...

Nouvelle pression du bassin, caresse précise sur ses reins, léger baiser sous son oreille, murmure à peine audible.

Mais il est tôt... si nous en parlions demain... après une bonne fin de nuit... ?
Anyya
Qu'ils ne soient plus jamais séparés, tel était le le seul voeu d'Anyya.
Qu'ils puissent l'être un jour, telle était sa plus grande peur.

L'étreinte de son époux se resserra, et elle se fit prisonnière consentante, s'abandonnant sans nulle résistance à ses bras, à ses mains puissantes. Contre son corps, elle percevait de nouveaux angles se dessiner, de ceux qui font battre le coeur plus vite et embrase le sang. Quelques autres arguments glisserent dans son oreille, en réponse un nouveau soupir s'échappa de ses levres pour caresser la peau aimée. L'idée ne lui plaisait toujours pas, elle ne lui plairait sans doute jamais, car il n'y avait que quand il était à ses côtés que sa peur disparaissait, que son coeur et son âme étaient entiers. Mais de même qu'elle savait qu'il ne lui demanderait pas de se sacrifier pour lui, de même en avait elle le droit ?

Pour l'heure, sa reflexion devenait de plus en plus dure, en réaction à une autre dureté. Nouveau murmure à son oreille, mains viriles jouant sur sa chute de reins. La jeune femme esquissa un sourire.


Tu as raison. Nous en reparlerons plus tard. Nous avons tous deux mérité une bonne fin de nuit. Surtout que...

Rapide coup d'oeil à la porte de la nurserie.

...nous pouvons même esperer une grasse matinée.

Elle se hissa sur la pointe des pieds pour effleurer sa bouche d'un baiser. Doucement elle s'échappa de ses bras, pour se diriger vers la porte de leur chambre en ondulant des hanches. Sur le seuil, elle se retourna vers lui, et plongea un regard lourd de sens dans le sien.

Tu m'as manqué cette nuit...


D'un geste fluide, ses mains firent glisser les fines bretelles de sa chemise de nuit sur ses épaules, et le vêtement cascada sensuellement le long de son corps, devoilant au fur et à mesure de sa glissade les courbes et les creux de sa silhouette à la lueur de la chandelle. Elle resta immobile un instant, à le regarder, à s'offrir à son regard, et le vert de ses yeux s'assombrit de désir, invite plus explicite que les mots.


Je t'aime Thufthuf.

Puis elle se retourna, offrant apres le recto, une vision complete de son verso, avant de se fondre dans la penombre de la chambe. La lumière pâle de l'aube se coulait entre les interstices des volets, laissant juste deviner les contours des objets.
Seulement vetue de sa longue chevelure dorée et de son alliance, Anyya se glissa entre les draps.

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Thufthuf
L'aube. Un isolement entre la nuit et le jour.*

Il y a des instant qu'on voudrait voir durer. Des instants qui, s'ils duraient la vie entière, suffiraient à faire le bonheur. Et celui-ci en était un. Dans le grand lit défait, une silhouette féminine dort, enroulée dans les draps froissés par les ébats qui ont duré de l'aube au midi. Sa chevelure blonde tombe en cascade sur ses épaules, cachant la partie de son dos que les couvertures ont laissé découverte. Au bout de son bras fin, l'anneau brille à son doigts. Elle semble sereine, Anyya.

Réveillé par une douleur dans la jambe, ThufThuf est redressé, dos contre la tête de lit, torse à découvert, un anneau identique à celui de son épouse pend à une chaînette et repose entre ses pectoraux. Et il regarde sa femme, amoureusement. Oh, bien sûr, depuis quelques temps, il pense à partager une nuit avec une autre. Mais aucune femme ne pourra jamais remplacer la sienne dans son coeur. Trouvée, perdue, retrouvée. Il l'aime, sa petite Anyya, plus que tout. Deux années de séparation et la douleur de l'avoir perdue l'ont changé, assurément. Mais même si sa notion de l'amour a pu évoluer, il est resté désespérément amoureux de la belle lorraine blonde un peu timide qui, une nuit de pleine lune, avait calmé la douleur provoquée par les orties sur ses mains rugueuses de paysan. Leur premier baiser avait été hésitant, maladroit, mais néanmoins magique. Leur première nuit, malgré quelques couacs, de la timidité, des maladresses, fut inoubliable. Et même si, depuis leur rencontre, leur vie commune a été rythmée par les disputes, le bonheur d'être avec elle n'avait jamais été égalé par rien d'autre.

Les yeux toujours posé sur sa femme, il descend le regard le long de son corps, gravant un peu plus sa silhouette dans sa mémoire. Tendant la main, il joue avec les ondulations de ses mèches blondes comme les blés, revenant alors à des souvenirs plus récents...



[quelques heures plus tôt]

Collés l'un à l'autre, les époux se promettent une matinée faite d'amour et de passion. Leurs corps toujours enlacés se fondent l'un dans l'autre, leurs mains redécouvrent les lignes des muscles, les bouches glissent sur la peau, les bassins s'agacent. Dans les bras de sa femme, ThufThuf oublie tout le reste, redécouvre le bonheur.

A peine le temps d'un baiser, et elle s'arrache à lui, le faisant grogner de frustration. Il n'aime pas ça, être séparé d'elle alors qu'ils se promettaient des choses qui feraient pâlir un diacre. Mais le spectacle qu'elle lui offre vaut toutes les frustrations du monde. Ses hanches roulent alors qu'elle s'avance lentement vers la porte, mettant ainsi ses fesses encore plus en valeur. Après un court arrêt et un regard du style "attends que je mette la main sur toi, tu vas voir ce que tu vas voir" et la petite phrase qui va bien avec, le spectacle prend des allures sulfureuses. D'abord les épaules fines et musclées, ensuite la poitrine gonflée de désir et de lait, le ventre si doux au toucher et au regard, son mignon nombril, ses hanches généreuses et le fin duvet d'or qui couvre son pubis, ses longues jambes galbées pour finir. Magnifique n'est pas le mot. Anyya, nue, est un ode à la beauté sculpturale des idoles anciennes, des déesses païennes qui, paraît-il, séduisaient les hommes pour leur bon plaisir. Nouveau regard, plus osé, plus... "finalement, non... attrape-moi, fais de moi ta chose".

Message reçu, mon adjudant. C'est donc les yeux rivés à la silhouette qui s'éloigne vers le lit, ondulant de plus belle, portant le sang de ThufThuf à ébullition, qu'il se déshabilla lui aussi, la chemise et les braies rejoignant la chemise de nuit au sol. Comme elle, il ne porte plus que l'alliance, preuve de leur union, de leur amour. Cette union qu'il vont renouveler, lubriquement, sous les draps où il la rejoint, bouche et mains déjà travail.


Je t'aime, Anyya...


*Dominique Blondeau
Anyya
Un doux frôlement dans son dos fit naitre un sourire rêveur sur les lèvres de la belle aux draps dormant. Elle fronça le bout de son nez, tourna la tête, et entrouvrit ses paupières pour discerner son époux adossé contre la tête du lit. Son sourire s'élargit, elle s'étira comme une chatte avant de se redresser et d'enjamber les jambes du-dit époux, pour se retrouver à califourchon sur lui. Et ce fut ainsi qu'elle lui dit bonjour-je-t'aime, les yeux dans les yeux, ses hanches ondulant sur son bassin, ses mains errant sur sa peau, son souffle se melant au sien, pour une brulante prolongation midinale de leur match de la nuit.
Le coeur battant et le souffle court, elle vint ensuite se blottir contre lui, nichant la tête dans son cou. Un leger rire heureux resonna dans sa poitrine. Finalement le reveil nocturne, et surtout la tétée qui avait eu lieu du fait de cet incident, avait au moins eu l'avantage de decaler le reveil des enfants. Decalage dont ils avaient su pleinement profiter... Le temps qui passait n'avait pas que des inconvénients. Elle était loin leur première nuit d'amour, où la jeune femme avait timidement decouvert dans les bras de Thufthuf les plaisirs du corps. Son premier amant... et celui qui serait sans nul noute son dernier. Oui, aujourd'hui leurs ébats avaient gagné en experience, mais n'avaient rien perdu de leur amour et de leur passion. Elle chuchota au creux de son oreille, mutine:


Tu vieillis peut-être, mais pas pour tout...
Baiser volé sur la bouche, main qui joue dans les boucles brunes..

... et je ne m'en plains pas.

Mais même les moments les plus parfaits ont une fin, et celui ci se termina par les babillements sonores de deux enfants qui s'éveillent. Anyya exhala un leger soupir.

La grasse matinée est finie on dirait bien.

Souplement elle redescendit de sur son époux avant de se lever. Quelques pas pour récuperer sa chemise de nuit, la renfiler, ramasser les habits de Thufthuf et les déposer sur le lit. Elle attrapa un châle, le posa sur ses épaules en se dirigeant vers la porte de leur chambre.
Anyya s'arreta sur le seuil, se retourna pour poser son regard sur Thufthuf et graver dans son esprit cette vision de lui. Ebouriffé, mal rasé, alangui sur leur lit, l'air heureux... Ses yeux d'émeraude n'exprimaient à cet instant précis que l'amour infini qu'elle ressentait pour lui, déclaration qui se passait de mots.

Ils reprirent le cours de leur journée, lever les petits, partager un petit-dejeuner en famille, jouer avec leurs enfants heureux de profiter de leurs deux parents...
Jusqu'a ce que la voisine vienne toquer à leur porte, pour leur annoncer la nouvelle, toute excitée. Anyya était élue Maire de Brignoles.
Pas de déménagement donc. Mais des changements en perspective.
Et une seule prière dans le coeur de la jeune femme.

Pourvu, pourvu qu'ils ne s'y perdent pas...

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