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[RP] Diabolicum est per animositatem in erro..

--Marmiton




[Abbaye de Tastevin]

"Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere "

Monseigeur Honoré avait suggéré à Marmiton de partir quelques temps en l'abbaye de Tastevin afin de se familiariser avec la technique du brassage de la bière. Le bon moine qui ne s'était pas fait prier, s'était tout de même demandé où se trouviat la ruse, tant cette proposition l'avait surpris.

Et par cette fraîche matinée du dimanche 28 août 1459, quelle ne fut pas l'étonnement du frère Marmiton de trouver son supérieur agenouillé en la chappelle de l'abbaye de Tastevin, avait-il l'intention de le récupérer?

Mais une question titilla le moinillon, plus encore, quelle était cette lubie de voyager en des temps aussi troublés? L'évêque ne savait-il pas que l'Artois et la Normandie étaient en guerre?

Quelle insouciance pensa le moine en s'approchant du bon père pour aller le saluer:

Moncheigneur, quel bon vent vous amène en chette abbaye de Tachtevin, Z'êtes du genre téméraire ou cache cou?

Le prêtre resta muet, ce qui donna l'opportunité à Marmiton de se focaliser sur sa propre personne et de lui raconter tout ce qu'il avait déjà appris sur le brassage de la bière, moults détails à l'appui.

Honoré l'écouta religieusement, jamais il ne l'interrompit et lorsque la narration fut terminée, Honoré prit la parole et expliqua au Moine quelle était la quête qu'il avait entrepris d'accomplir, alors ça ce n'est pas banal pour un type comme l'Honoré.Saint-Cyr pensa Marmiton...

Le moine trouva Monseigneur Honoré soucieux mais ce dernier ne lui en dit pas plus, il se contenta de faire une chaleureuse accolade au moine en lui souhaitant d'en savoir autant que possible sur les techniques de brassage, il ajouta que dans un avenir plus ou moins proche, ça lui servirait au quotidien...Le moine ne savait quoi penser mais il aquiesça...

Peu avant son départ, le prêtre lui remit un pli caheté, qu'il devrait remettre à Irella au cas où il décéderait, le moine blémit mais à nouveau il se tut préférant ronger son frein et ce fut ainsi que les deux hommes se quittèrent. Le moine ne s'attendait aucunement que le lendemain on lui annoncerait la mort d'Honoré.Saint_cyr, son supérieur et mentor...
--Marmiton




[Abbaye de Tastevin]

"Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere "

Ce fut après mâtines que Marmiton fut appelé par l'abbé supérieur, ce dernier ne savait comment expliquer au moine ce qui était arrivé au père Honoré.

Ce fut donc le capitaine, qui était venu ramené le corps avec une troupe de soldats artésiens, qui justifia l'attaque et la mort du religieux en relatant les faits tels qu'ils étaient et son ton n'était pas des plus cordiaux.

Selon lui, le prêtre n'avait voulu en faire qu'à sa tête, il n'avait pas été autorisé à traverser l'Artois et malgré cette interdiction, il avait poursuivi sa route, il avait conclu en faisant déposer le corps dans la chapelle que l'armée artésienne n'était nullement responsable si le religieux était obstiné, voilà ce qu'il avait dit...

Ca fit l'effet d'une douche froide au moine, ce n'était pas Dieu Possible de mourir aussi stupidement, les yeux de Marmiton s'embuèrent, il retînt un sanglot qui lui coinçait la gorge, puis il se mit à grogner entre ses dents:

Chiens de choldats! armée ou pas, c'était un sacrilège d'assassiner un prêtre quelle que fut la raison invoquée...En se dirigeant vers le gisant, le moine avait l'espoir que ce ne serait pas monseigneur Honoré mais quand il souleva le drap dont on l'avait recouvert, il ne put que se rendre à l'évidence, c'était bien lui et il était salement amoché, son sang ne fit qu'un tour, la haine qui le submergea lui fit répéter haut et fort:

Bande de chiens enragès!
--Marmiton




[Abbaye de Tastevin]

"Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere "

Le frère Marmiton bougonnait, il aurait peut-être dû se réjouir qu'enfin il n'aurait plus l'évêque sur le dos mais il lui était difficile d'admettre qu'un homme comme Honoré.Saint_Cyr puisse disparaître en de telles circonstances, mourir oui mais de vieillesse, dans un lit, pensa naïvement le bon moine...Marmiton n'était pas le genre de personnage à rester très longtemps en colère, il émit un grognement de mécontentement et sans gêne , il alla interrompre la conversation que le père abbé avait avec le capitaine:

Dites mon père, ch'est pas tout cha mais on va p'tête préparer le mort et l'mettre dans un chercueil pour que j'le ramène à cha fille Irella, j'veux bien faire la route mais m'faut un laichez-pacher!

Marmiton ne s'embarrasa pas de regard noir que le capitaine artésien lui lança, l'abbée n'avait qu'à s'arranger, on allait tout de même pas laisser l'honoré moisir si loin de son patelin...

Le moine replet sortit de la chapelle et alla appeler du renfort pour s'occuper du corps et le charger sur une carriole, Marmiton était justement en possession de celle dont les roues étaient toutes neuves, celle qui avait fait l'Anjou...Au moins il était certain de son matériel, par contre, il était moins franc pour prendre le chemin de Dieppe, cette pensée le contraria et il dit plus pour lui que pour son entourage:

Pffff fallait vraiment qu'il nous fache ch'coup là, l'était moins pénible quand il était vivant!..Marmiton soupira...

--Marmiton




[Abbaye de Tastevin]

"Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere "

Le corps du père Honoré avait été lavé et préparé par Marmiton et ses acolytes du monastère, il avait déjà plus bel air.

Ensuite, tous les bons frères l'avaient placé dans le cercueil, il ne restait à Marmiton que de recevoir des mains du prévôt artésien le sauf-conduit requis et ce fut là que le bât blessa.

Après moults palabres entre le père Abbé et le capitaine de l'armée, ce fut à contre coeur que ce dernier finit par aller quérir le parchemin sacré pour ne pas dire le sacré parchemin, Marmiton l'eût seulement en sa possession en fin de journée.

Le moine potelé fut terriblement contrarié de devoir voyager de nuit et il lui faudrait au moins trois à quatre jours pour retourner en Normandie, il maudit cette armée de sanguinaires et tout en regardant le ciel il se mit à sermonner le père Honoré:

DiDiou Moncheigneur, z'avez pas choisi vot'jour, chuis dans d'beaux draps, j'vais pt'êt pas rejoindre choeur Irella dans ches condichions, quelle idée d'aller mourir à ch't'heure! Et marmiton grommela sans discontinuer.

A peine eût-il quitté le monastère avec la carriole à laquelle une mule avait été attelée, qu'il reprit sa litanie, laissant remonter tous ses ressentiments.

Marmiton mêlait le passé, le présent et même le futur, passant d'une histoire à l'autre, toute sa vie ou presque fut repassée au peigne fin, tant et si bien que si le moindre malandrin l'avait guetter, il l'aurait pris pour un fou furieux car les propos qu'il tenait étaient décousus et incohérents...il sautait du coq à l'âne...

le Moine avait beaucoup de difficultés à pardonner au père Honoré de lui imposer cette épreuve bien trop dangereuse pour sa vie, et le pire était à venir...Le frère ne ressentait même pas la faim, il était complètement noué de peur, tout le fromage et les denrées qu'il avait emportées ne lui ouvrait pas l'appétit, c'était un comble, que dis-je un sacrilège pour un homme comme Marmiton...Si ça continuait, c'est décharné qu'il arriverait à Dieppe, son bedon fondait à vue d'oeil...c'était du moins l'impression qu'il avait...il grognonnait de plus belle...c'était à vous casser les oreilles...
--Marmiton




[Entre Tastevin et Dieppe]

"Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere "

Marmiton avait fini par être fatigué à force de ronchonner sur sa destinée depuis qu'il était né, ça faisait déjà quelques années à remettre en question et s'il attaquait le futur, par dessus le marché, il n'était pas sorti l'auberge...De plus, son estomac avait décidé de lui faire défaut, tant et si bien qu'il s'imagina que c'était peut-être une malédiction qui s'était assaillie sur lui, pourquoi pas une punition divine?

Cette idée inquiéta franchement le moine qui se demanda si de là où il était Monseigneur Honoré n'avait pas encore plus de pouvoir? ...

Oh grand Dieu non! s'exclama-t-il complétement anéanti en échafaudant son futur fait de frugalité et de jeûne...

Ce fut la vue des portes de Dieppe qui le ramenèrent au présent, subitement, le moine prit conscience qu'il était arrivé sans encombre, son petit convoi ne s'était fait attaquer par aucuns brigands, ni soldats...A quoi devait-il cette trêve? Allait-il devoir payer de sa personne pour cette accalmie durant ce voyage impromptu? quel serait prix à payer? Son manque d'appétit? Un bien lourd tribut pensa le moine contestataire...^

Mais la réalité était bien plus simple, la rumeur qu'une carriole se trimballait avec un cercueil contenant le corps d'un religieux s'était rapidement répandue et aucun mortel, fut-il païen ou mécréant jusqu'au bout des ongles, n'était assez hardi pour risquer de s'attirer le mauvais oeil...Néanmoins, cette hypothèse n'avait même pas atteint l'esprit égocentrique du Moine...
--Marmiton




[Aux portes de Dieppe]

"Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere "

Encore quelques pas et Marmiton serait face à la garde Normande qui serait certainement sur les dents au vu des évènements de ces derniers temps.

Le bon moine devait reconnaître que la petite mule qui lui avait été prêtée par le monastère avait cheminé sans rechigner, mais maintenant que le but était presqu'atteint, elle refusa catégoriquement de n'avancer plus loin et cet entêtement n'allait pas adoucir le caractère de Marmiton qui de rage devînt rubicond.

Voulant lui ordonner de continuer sa route, Marmiton ne se souvînt pas qu'on lui avait dit comment l'appeler, il cracha un juron avant que deux noms lui viennent à l'esprit, Chrétiennote comme sa mère ou...Honor...HONORINE! S'exclama-t-il...elle s'appellera Honorine, en souvenir du père Honoré, le têtu qui venait de lui faire vivre ses heures les plus désagréables...Cha vous apprendra Moncheigneur! enchérit le moine...

Ce fut alors qu'un soldat méfiant vînt s'enquérir du manège qui se déroulait non loin de l'entrée du bourg, il dévisagea le moine avec ses yeux scrutateurs...Marmiton ne le laissa pas se poser trop de questions, il sortit son laissez-passer et lui présenta, le soldat s'en saisit...un ange passa...puis le garde se mit à causer sur un ton plutôt cordial:

Alors mon frère d'où s'qu'on vient comme ça? qu'est-ce qu'on transporte? Puis il agita le sauf-conduit sous le nez du moine qui faisait un effort surhumain pour ne pas se montrer sous son mauvais jour...N'êtes plus en ordre mon frère, le laissez-passer est périmé depuis deux jours, j'vais devoir vous refouler! Ah le vicieux pensa Marmiton qui essaya de garder son calme et quand il s'agissait de faire preuve de roublardise, il n'était pas le dernier le moine, de toute façon, la situation l'exigeait, marmiton se mit donc à parloter à l'oreille du trufion:

Chuis le frère Marmiton, on m'connaît dans l'coin, je fournis vot'chupérieur en fromage d'abbaye et j'en ai ichi, si cha vous dit, j'peux vous en chéder et d'la bière auchi!

Le soldat considéra la proposition et après une réflexion feinte, il accepta le marché et fit signe aux autres de laisser passer la carriole. On pouvait dire que le moine s'en était tiré à bon compte.

Marmiton ne demanda pas son reste, il tira un coup sur les rênes de la mule, elle n'avait pas intérêt à la contrarier cette bougresse d'ânesse...

Allez hue vieille bique!

Il ne lui restait plus qu'à tracer jusqu'à la demeure d'irella, comment allait-il lui annoncer cette nouvelle-là?

Marmiton préféra ne pas faire cas du coup que ça ferait à la fille du Prélat, ce n'était pas la délicatesse qui l'étouffait. Dés qu'il arriva devant la maison de la diaconesse, le moine immobilsa la carriole, il en descendit et ventre à terre il courut vers l'entrée en s'égosillant:

Ma choeur, ma choeur, l'est un grand malheur, vot'père est mort, on a achachiné Moncheigneur!
Irella
Il y a des périodes où la poisse vous colle aux chausses et c'était un de ces jours qui s'annonçait, doucement mais surement, depuis qu'Irella avait mit le pied par terre.
La cruche de lait qu'elle avait lâchée quand elle avait vu Gabriel tanguer dangereusement en haut des marches fut la première à en faire les frais. La jupe maculée de lait et les chausses détrempées, elle avait grimpé les escaliers quatre à quatre et avait attrapé le petit d'homme qui pensant à un jeu de sa mère réclamait alors qu'elle le prenait dans ses bras et le serrait contre elle.


- Encore, maman!

Bien sûr, cet épisode la mit en retard pour le reste de sa sainte journée. Et les choses allèrent de mal en pis.
Il n'y avait plus un élève devant le presbytère quand elle arriva, les étals des marchands de maïs étaient vides quand elle arriva sur le marché et les portes de l'Université étaient fermées à double tour quand essoufflée, elle s'y présenta.

Ce jour, quand elle revint chez elle, les mouvements de troupes d'hommes armés ne donnaient guère d'espoir sur l'issue du conflit qui remuait le royaume.
C'est cette sacrée guerre, qui semblait à portée d'arbalètes, qui occupait l'esprit d'Irella alors qu'elle épluchait quelques carottes pour la purée qu'elle s'apprêtait à faire pour Gabriel quand la voix qu'elle attribuait à Marmiton se fit entendre. Elle s'entailla légèrement le doigt qu'elle porta à sa bouche.


- Ramagna choeur, ramagnan malheur, ramagné mort, ranamanamagné Moncheigneur!

Elle n'avait pas tout compris mais le ton qu'avait employé le moine et sa présence improbable, lui qui devait être à Tastevin, lui glaça les sangs. Elle se leva brusquement de son tabouret qui versa.

"Malheur"... "Mort"... "Moncheigneur". Ces trois mots résonnaient dans sa tête quand elle se précipita pour ouvrir à porte.


- Mon frère! Que se passe...?

La question mourut dans sa bouche et le sang lui manqua au visage quand elle posa son regard sur la carriole chargée d'un cercueil. Elle porta une main à sa bouche qui étouffa un cri. Ses jambes se dérobaient, elle s'assit sur le seuil.

Gabriel qui était sorti de ses découvertes enfantines quand il avait entendu le tabouret tomber, s'approcha de sa mère et la regarda. Des larmes perlaient sur les joues d'Irella qui essayait de se reprendre.

Elle se releva avec l'aide du moine, prit Gabriel dans ses bras et se dirigea vers la carriole, le moine sur ses talons.


- Que s'est-il passé...?
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Vous pouvez voir le mauvais critique à ce qu'il commence par parler du poète et non du poème.
--Marmiton




[Devant chez Irella]

"Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere "


Jusque là Marmiton avait réussi à plus ou moins nier le fait qu’il transportait le corps sans vie du prélat même le garde de faction n’y avait pas précisément fait allusion alors qu’il était incontestable que la carriole était chargée d’un cercueil. La mort avait souvent tendance à aviver les craintes les plus refoulées, l’ignorer donnait l’illusion que la grande faucheuse n’atteindrait pas son but.

D’ailleurs, Marmiton avait annoncé la mauvaise nouvelle sans une once de discrétion, peut-être que de le dire vite, haut et fort débarrassait totalement son messager d’une éventuelle malédiction. Néanmoins, quand le moine vit que la sœur Irella était totalement effondrée, tant et si bien qu’elle se laissa choir sur le pas de la porte, le frère Marmiton dut renouer le contact avec la réalité. Sa nature reprit immanquablement le dessus, il regarda l’enfant rejoindre sa mère, ce qui déclencha son mécontentement, tandis qu’Irella souhaitait savoir ce qu’il s’était passé, Marmiton l’aida à se relever, ensuite, elle attrapa le petiot, du coup Marmiton ronchonna :

Pardi ! qu’est-che que vous faites là ma Chœur ? Ch’est pô un chpectacle pour les gamins !

De toute façon c’est trop tard pensa marmiton en faisant la grimace et plutôt que de répondre à la diaconesse, il s’adressa à Gabriel en lui désignant la mule, sa réflexion fut incongrue, du Marmiton dans toute sa lourdeur :

Eh petiot, j’te présente la mule Honorine, ch’est une grande têtue, ch’est moi qui l’ai baptisée de ch’nom, en chouvenir de ton papy, mais lui, chon entêtement l’a envoyé tout droit au chiel !

Puis marmiton se retourna vers la diaconesse, il désigna son bedon proéminent et l’interrogea:

Ma Chœur, vous n’trouvez pas qu’j’chuis maigri ?

Cette dernière phrase incita le moine à se focaliser sur lui-même, il commença donc à rapporter les faits à la sauce Marmiton, ce qui provoquerait inévitablement la confusion dans la tête d’Irella :

Ben oui ma chœur, j’étais au monachtère de tachtevin, je buvais à ma choif et je mangeais à ma faim quand Moncheigneur a débarqué un matin, l’était chouchieux, cha j’l’ai vu de chuite, mais l’a juchte dit qu’il partait…hum… chi j’me chouviens bien… en quête matérielle...ou un chtruc pareil …Marmiton resta perplexe l’espace d’un instant, il ne comprenait pas ce qu’il y avait de matériel à sillonner les marchés pour acheter du fromage, du jambon, du vin…Puis il poursuivit sa réflexion en parlant : Rien qu’des bonnes choses à manger quoi ! Et Marmiton de faire la moue avant de continuer :

j’serais bien allé avec lui, vous penchez ma chœur, j’chuis un connaicheur dans ch’domaine mais Moncheigneur ne m’a rien d’mandé, m’ a juchte remis une lettre et un coffret pour vous, alors j’ai rien dit parche que y m’avait permis d’aller à tachtevin, ben j’l’ai laiché partir et l’est revenu les pieds d’vant comme on dit, z’avez déjà entendu ct’exprechion ma chœur ?

Marmiton décrocha un instant, on ne pouvait exactement dire si c’était dû à l’émotion, à la tristesse ou au déni, quelques propos incompréhensibles sortirent de sa bouche bougonnante…
--Marmiton




[Devant chez Irella]

"Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere "

Après que Marmiton eût terminé de se perdre dans ses grognonneries indéchiffrables, il s'exclama sur un ton qui ne cachait rien de sa rancune:

Bande de Chiens galeux!

Ce fut alors qu'il se rappela qu'il était devant chez la soeur Irella et il reprit son récit comme si de rien n'était...

Ben oui ma choeur, l'était frais comme un gardon l'prélat, pour peu qu'on le compare à che poichon, un vieux gardon tout d'même mais bon, l'aurait pas dû partir et revenir les pieds devant, ch'est la faute à chette armée d'achoiffés de chang, lui chont tombés d'chus les artésiens et après, l'ont ramené à tchtevin, fin...ch'qui rechtait d'lui...Alors, l'intérêt du moine se fixa à nouveau sur cette fameuse lettre dont il avait déjà parlé précédemment, et tout le reste passa au secont plan, c'était sa nouvelle idée fixe.

S'il savait ce qui se trouvait dans le coffret parce qu'il n'avait pu résister à la tentation de l'ouvrir, par contre, il lui avait été impossible de prendre connaissance de la missive et ça l'avait rudement contrarié, il était temps de savoir ce que le prêtre avait écrit...

Ma choeur j'vais peut-être vous donner la lettre et le coffret! Et Marmiton d'avoir une sueur froide, où l'avait-il mise?

Ca déclencha une nouvelle salve de rouspétances:

Ch'est ti pas pochible, ch'il l'était pas mort, je cherais pas à m'demander ch'que j'ai fait d'chette michive...grrrrr

Voyant bouger les oreilles de la mule, il se rappela les avoir fourrés dans une de ses saccoches...d'un bond, le moine se précipita pour aller chercher le précieux colis, il ramena le tout à Irella...

Tenez ma choeur!
Irella
Alors qu'elle s'approchait de la carriole, le moine lui prit l'enfant des mains. Il avait surement raison, ce n'était pas un spectacle pour Gabriel. Mais à cet instant, celui où l'on ne se pose plus aucune question, celui que l'on vit en se demandant si ce n'est pas un mauvais rêve dont on va se réveiller, Irella voulait serrer contre son sein celui qui lui restait. Elle se sentit tout à coup seule au monde.

En un instant, tout le poids de la culpabilité la submergea. Si elle n'était pas venue s'installer en Normandie, si Dieppe n'avait pas été leur refuge, si elle avait su le retenir... si...

Marmiton avait porté Gabriel jusqu'à la mule, et lui, continuait de parler à l'enfant. Sûr, que si elle ne vivait un instant si tragique aurait-elle sourit aux dires du moine. Mais elle le regarda, l'air triste, portant la main à sa gorge. Plus un mot ne voulait en sortir. Aussi, elle secoua la tête quand il lui demanda si elle trouvait qu'il avait maigri. Elle entendait Marmiton qui lui parlait du monastère, mais était incapable de fixer son attention sur ses paroles. Seul le cercueil l'obsédait. Elle posait la main sur le bois brut quand il lui parla d'une lettre et d'un coffret.


- Si j'avais su le retenir... murmura-t-elle.

C'est le juron de Marmiton qui la sortit de sa torpeur. A la comparaison d'avec le gardon, elle sourit tristement au moine. Son père qui aimait tant la pêche et qui l'avait rejoindre tant de fois sur les flots, elle ne pouvait imaginer qu'il était coincé entre ces planches rugueuses et froides, lui qui lui avait apportait tant de chaleur depuis qu'ils se connaissaient.

Le moine se mit en tête de lui confier la missive d'Honoré. Elle le regarda chercher ces derniers objets que son père lui avait confiés et tendit les mains pour les recevoir.


- Merci mon frère... furent les premiers mots qui s’échappèrent de sa bouche. Voulez-vous bien prendre soin de Gabriel?

Sans même attendre la réponse du moine bougon, elle se dirigea vers sa demeure et s'assit à la grande table. Elle regarda longuement la missive cachetée sur laquelle son nom figurait. L'écriture de son père était reconnaissable entre mille et son souffle se coupa quand elle prit conscience que c'était le dernier courrier qu'elle lirait de lui.

Ils avaient échangé tant de mots écrits, tant d'idées qui avaient fusées de leur plumes. Elle avait prit tant de plaisir à le lire.

Elle se décida enfin à décacheter le parchemin.


Citation:
Ma chère et tendre fille...


Les mots se brouillaient à sa vue et c'est d'un revers de manche qu'elle essuya les larmes qui voulaient s'échapper. Elle déglutit douloureusement et commença la lecture.

- Mais que Diable allait-il donc faire dans cette galère?...

Elle se souvint de leur dernier entretien, juste avant qu'il ne parte de Dieppe où elle s'était inquiétée qu'il s'aventure seul sur les routes. En d'autres temps, elle avait su le convaincre de se faire accompagner. En d'autres temps, il s'était laissé convaincre comme la fois où son ami Squalow l'avait accompagné jusqu'en Anjou.

- Pourquoi ne l'ai-je pas retenu? Pourquoi?

Mais ses questions étaient vaines. Son père avait ce côté têtu contre lequel on n'y pouvait rien.

Les mots défilaient devant ses yeux et c'est à plusieurs reprises qu'elle du s'y prendre pour comprendre ce que voulait lui dire son père.

L'homme dans les derniers temps de sa vie semblait inquiet par la tournure qu'avait pris sa vie. Ils semblait ne plus être en adéquation avec les quêtes qu'il s'étaient mis en tête et la vie simple qui avait été la sienne.


Citation:
Je n’oublie pas mon petit-fils Gabriel, Marmiton vous remettra un petit coffret où j’ai rangé l’étoile d’Aristote d’argent que j’ai reçue, c’est à lui que je la cède...

Irella ouvrit le coffret et en sortit la médaille. Elle se souvint qu'elle avait été fière quand il l'avait reçue. Elle la serra dans sa main, inspira profondément et la reposa enfin dans son coffret.

Citation:
Quant à mes funérailles, je souhaite que ce soit vous ma fille qui les officiez en la cathédrale de Rouen...


Jamais elle n'aurait imaginer lire ces mots et ne put retenir un sanglot. Elle serra la lettre sur sa poitrine.

- Vous me jouez là un bien mauvais tour mon père...

Comment pouvait-elle imaginer porter son père en terre? Pour le moment, elle balaya l'idée, ne voulant se raccrocher qu'aux souvenirs qu'elle avait de lui quand il était encore bien vivant.

Elle termina la lecture et ferma les yeux. Ce qu'il lui écrivait la touchait au plus haut point et la laissait là, seule, devant l'adversité, avec plus que ses souvenirs, ceux que dorénavant elle se mettrait à chérir et s'en repaitrait jusqu'à plus soif.

Le temps semblait s'être arrêté. Pourtant il allait falloir agir et prévenir le reste du monde que son père... son père avait bel et bien rejoint le Très-Haut.

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Vous pouvez voir le mauvais critique à ce qu'il commence par parler du poète et non du poème.
--Marmiton




[Devant chez Irella]

"Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere "

Marmiton se frotta les mains, il allait enfin pouvoir découvrir le récit du prêtre, il ne manquerait pas de passer la tête par-dessus l’épaule d’Irella pour en prendre connaissance, il était certain que dans son état, la soeur ne s’en rendrait même pas compte.

Malheureusement le moine n’allait pas satisfaire sa curiosité car rien ne se déroula comme il l’avait prévu, elle le planta là avec le petiot sur les bras dont la charge commençait sérieusement à être pesante, au sens propre comme au figuré. Cette dernière impression fit son chemin dans la tête de Marmiton, il dévisagea l’enfant et à contre cœur il dut reconnaître, que le gamin ne s’était nullement manifesté, ni d’une façon, ni d’une autre, il n’avait pas pleuré, il n’avait pas souri, il n’avait rien dit. Le petit n’avait pas arrêté de fixer le visage rond de Marmiton en se laissant balancer au rythme des mouvements du moine qui jusqu’à cet instant n’avait même pas fait la différence entre lui et une roue de fromage, le poids était identique ou presque…

Néanmoins, Marmiton restait Marmiton et en parfait ronchon, il ne se fendit pas d’un sourire, nenni...il ronchonna :

Ben voilà petiot, ils nous ont touch largués ! Et pour sûr ils l’étaient en ces circonstances…et contre toute attente Gabriel se mit à rire, l’éclat était cristallin voire divin ?

Marmiton fut surpris par cette réaction mais il n’avait absolument pas l’âme d’une nourrice et ne connaissait pas les filons pour occuper un enfant, il s’était toujours gardé de fréquenter des gens qui étaient parents, d’ailleurs, il ne fréquentait presque personne, juste quelques individus pour ses besoins et ses intérêts, le moine voulait en tous les cas s’en persuader….Dans le même registre, il n’admettrait jamais que la disparition du père Honoré serait une grande perte qu’il serait difficile de combler.

Pendant quelques minutes, Le moine, Gabriel sur sa hanche rebondie, fit les cent pas en grognonnant, ce qui rendait le gamin totalement hilare, puis, franc-battant il entra et trouva la sœur complètement prostrée et abasourdie, que lui avait écrit le prêtre ?

Gabriel se tut instantanément, le moine alla le déposer dans sa chaise et puis n’y tenant plus il parla à la diaconesse avec pragmatisme:

Ben ma chœur, ch’est vrai que ch’est trichte mais faut continuer à vivre, ch’est ch’que Moncheigneur aurait dit, vous n’penchez pas ?

Tout naturellement il se dit qu’elle n’était pas seule puisqu’il était là et il le confirma :

Pis Chuis là moi !

Le moine regretta aussitôt ses paroles car se mettre trop rapidement à la disposition de quelqu’un supposait une implication trop éreintante, le prêtre n’était plus là et Marmiton comptait s’y adapter très rapidement, c'est-à-dire, être partisan du moindre effort….
--Marmiton




"Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere "

Marmiton n'était pas homme à prendre des initiatives mais lorsqu'il s'était rendu compte que le décès de Monseigneur Honoré n'avait pas encore été officiellement annoncé, ça l'avait chiffonné.

Ce qu'il lui importait surtout, c'était que son corps soit enterré, ainsi il aurait moins l'impression d'être épié, quoi que d'en haut, ce serait peut-être encore plus aisé pour le prêtre...Le moine aviserait en temps voulu, la première urgence était de se débarrasser le plus rapidement possible de la dépouille du curé.

Bien entendu le moinillon n'était pas près à consacrer des heures à la rédaction d'un faire-part, quant à la soeur irella, sans doute n'avait-elle pas encore eu l'occasion de s'atteler à cette tâche, en fait, Marmiton repoussait ses mauvaises pensées la concernant, sans quoi, il redoutait un retour de flamme de la part de Monseigneur Honoré, une raison de plus pour accélérer l'organisation des funérailles.

Ce fut ainsi que Marmiton se rappela au bon souvenir du frère Boniface, il était toujours au Mans et en bon rat de bibliothèque, il pourrait certainement mettre la main à la pâte.

Marmiton ne se perdit pas en considération, sa missive fut courte et brève, car connaissant le frère Boniface, il ne s’en formaliserait pas, en gros, il lui annonça la mort du prélat, lui donna les informations utiles et il sollicita son aide pour préparer le faire-part, point à la ligne…

Comme de fait, Boniface répondit promptement à la lettre de marmiton, il se fondit en affabilité de toutes natures, il était affligé, comment cela avait-il pu se produire, un si grand homme, si intelligent et bla bla bla et bla bla bla…bon cha chuffit comme cha Inutile de s’attarder chur ches détails!

Il était temps de passer aux choses sérieuses, le texte du faire-part était parfait, ça allait en jeter aux yeux de la sœur irella, une bonne opportunité pour l’amadouer.

Et là Marmiton y mit du sien pour la leurrer, il prit sa plume et lui écrivit, il relut sa lettre deux fois, à part la dernière phrase qui le contrariait, il se dit "ça c'est du grand art Marmiton!" ...Bah se rassura-t-il, Maint'nant qu'j'ai repris contact avec Bonifache, j'chaurai m'en chervir à bon eschient...le moine était bouffi de malice...

Ensuite, il alla déposer le pli sous la porte de la demeure de la sœur, prestement il repartit, il était impatient de savoir quelle réaction elle allait avoir...
Irella
"ch’est vrai que ch’est trichte mais faut continuer à vivre, ch’est ch’que Moncheigneur aurait dit".

La phrase de Marmiton avait fait mouche. Pour sûr que son père n'aurait pas aimé la voir se morfondre et oublier que la vertu incarnée par l'archange Galadrielle, la conservation, n'était pas à prendre à la légère. Alors petit à petit, elle avait retenu son chagrin et s'était mise en tête de prendre le taureau par les cornes.

Elle avait envoyer maint courriers qui lui avait valu d'autres courriers. Les temps de guerre ne sont pas les plus propices aux déplacements et voulant être certaine que les personnes attristées par la mort du saint homme puissent venir, elle avait appuyé leur demande de laissez-passer auprès du prévôt normand.

Malgré tous les efforts qu'elle déployait, elle avait pourtant oublier d'annoncer officiellement la mort de son père. Quelques siècles plus tard, un éminent médecin allemand qui l'aurait allongée sur son divan, aurait pu cataloguer cet oubli en acte manqué tant elle ne voulait pas dans son inconscient en affronter la triste réalité. Alors quand elle décacheta la missive qui avait été glissée sous sa porte, elle reconnut l'écriture du frère Marmiton et elle lâcha en se frappant le front:


- Mon dieu, mais c'est bien sûr!

Décidément, le moine dont elle ne connaissait pas ce don d'écriture allait lui être d'une aide précieuse.

Elle sourit à la dernière phrase.
Citation:
Si vous avez encore besoin d'aide n'hésitez pas je suis là. /SPAN>

Par deux fois, il lui signifiait qu'on pouvait compter sur lui. Elle ne put s'empêcher de penser que sous ses airs bourrus, bougon et parfois borné, il sommeillait en lui un homme au grand coeur.

En retour, elle lui fit porter une lettre pleine d'éloge pour son travail et se mit en quête de trouver un enlumineur qui pourrait s'occuper de la dite annonce.

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Vous pouvez voir le mauvais critique à ce qu'il commence par parler du poète et non du poème.






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