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[RP] Église Saint-Germain-l'Auxerrois

Xalta
Elle avait fait le voyage jusqu'à Paris. Elle le faisait régulièrement pour s'acquitter de sa fonction d'ambassadeur royal. Elle avait un appartement à Paris, ni trop grand ni trop petit. De quoi l'accueillir, elle et ses fils, enfin surtout son fils, le dernier né. Les aînés menant désormais leur vie comme des adultes.

Paris. De cette ville, elle ne connaissait que les rues qui menaient de son appartements au Louvre, aux ambassades royales, quelques rues commerçantes, les jardins du Châtelet où elle avait attendu en vain l'homme qu'elle avait défié en duel. Lorsqu'elle était à Paris, elle redevenait cette petite provinciale qu'elle n'avait jamais cessé d'être au plus profond d'elle. Elle se rappelait encore du choc quand elle était venue , la première fois, ele qui venait de sa petite ville de Gien La Rebelle. Petite bourgade des bords de Loire. Paris lui avait donné le tournis: tant de monde, de rues, de cris, d'odeurs, de mouvements.

Une seule fois, elle s'était aventurée dans des quartiers plus sombres de la capitale. Mais elle l'avait fait en compagnie d'un homme. Un de ses rendez-vous improbables et secrets avec lui, le Géant qui bégayait au regard si bleu qu'il vous électrisait. Un homme dangereux dont elle n'avait jamais eu peur. Son brin d'inconscience surement à l'époque . C'était si loin. Mais depuis, elle n'avait plus arpentait les ruelles parisienne de nuit. Enfin qu'importe. En ce jour, en ce dernier jour de février, elle allait célébrer un mariage.

Oui, un mariage entre une femme qu'elle connaissait peu finalement voire même très peu. Elles avaient eu le loisir de discuter que ce soit en taverne ou entre membre de A.S.. La demande de la jeune femme l'avait surprise quand celle-ci lui avait demandé d'officier son union avec un homme que la Châtaigne n'avait finalement du croiser qu'une fois ou deux. Le couple parent d'un enfant aurait aimé se marier en Notre-Dame. Elle avait donc écrit à l'archevêque de Sens dont dépendait la cathédrale. elle connaissait plutôt bien Thimote. Il l'avait redirigé vers le Primat d'alors: Armaud d'Azayes. Elle lui avait écrit, il lui avait répondu par la négative et conseillé de célébrer le mariage dans l'église de Saint-Germain. Elle en avait parlé avec Axelle et donc le mariage se déroulerait dans cette église qui faisait face au Louvre.

Et il est était grand temps qu'elle s'active si elle voulait que le saint édifice soit prêt pour accueillir les futurs mariés et leurs invités. Donc branle-bas de combat, les ordres furent donnés, exécutés promptement et enfin au petit matin quand Paris s'éveille à peine. L'Exaltation et quelques personnes à son service s'activent pour que tout soit prêt pour l'heure dite. Décoration sobre parce que malgré tout, même si c'est un mariage, elle ne sait pas faire dans la décoration florale abondante , ou les breloques pleines de sentiments. Donc des cierges neufs qui éclairent de leur flamme dansante, quelques braseros pour réchauffer l'atmosphère pour le confort de tous. Deux vases avec les premières jonquilles qui attirent l'oeil de leur jaune vif.

Puis il lui faut sonner les cloches quand elle eut enfilé sa robe d'officiante: soutane blanche, rehaussée de sa médaille de diaconesse.
Les clochent chantent, un dernier coup d’œil, tout semble prêt. Il ne manque plus que les futurs mariés et leur proche.

Elle va les attendre sur le seuil de l'église. Il fait frais. Elle croise les bras pour contenir un peu de chaleur. Il faut espérer que le ciel sera clément et qu'il ne versera pas. Le nez levé vers le ciel et le soleil dont les rayons sont , en cet hiver, peu chaleureux.

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Alphonse_tabouret
Sur les toits de l’Eglise



Les toits de Paris avaient ceci de fascinant qu’ils ressemblaient aux vagues d’une mer d’ardoises, enflant çà et là leurs gros dos selon les silhouettes élancées de quelques hôtels particuliers, quand la tour d’un clocher en fendait l’onde, projetant au son de ses cloches une gerbe d’écume musicale, sirènes des temps modernes appelant les ouailles à venir se repaitre du fruit de la marée.
Aujourd’hui, leur chant serait pour eux, étrange cacophonie se voilant d’un accent particulier, semant aux oreilles des futurs mariés dans leur attente, les souvenirs communs dont ils gardaient pourtant chacun leurs propres intensités. Si la Bourgogne avait accueilli leur première rencontre, c’était Paris qui avait vu éclore le besoin d’elle, coquelicot perché à la rambarde des toits de la cathédrale menaçant de s’envoler s’il ne reprenait pas gout à la vie ; si c’était le chemin vers la Bretagne qui avait pansé leurs plaies le long d’une route silencieuse où chacun avait soigné son âme dans le mutisme de l’autre, c’était encore Paris qui leur avait offert un fils auquel il n’avait alors jamais songé, en guise de baume ; et si c’était le hasard des soirées partagées sur les routes de France qui avaient poussé les enfants perdus à se prendre la main, c’était encore et toujours Paris qui les unissait aux yeux des hommes.

On c’est d’jà rudement fait peur sur un toit, toi et moi, pas vrai.
Les doigts froids de la gitane se glissèrent aux lignes des siens, rompant le silence que faisait bruire le vent de sa voix rauque, colorant dans l’instant, la mer d’une ombre rouge. Le temps semblait loin et les souvenirs restaient pourtant parfois si vifs qu’il était étourdissant de les contempler sans en avoir le vertige, et en guise de réponse, le Chat pressa doucement la paume de la danseuse au creux de la sienne.
Màćka, t’as peur toi?, demanda-t-elle finalement, dans l’attentive crispation d’une interrogation, semant dans la ponctuation, la légitime interrogation de cette union entre elle qui avait subi le poids terrible de l’échec et lui qui l’avait fui de toutes ses forces.

Un instant, il se demanda où avait disparu l’alliance que la gitane avait si longtemps porté au bout d’une fine chaine sombre, quand elle avait choisi d’en faire le deuil définitif là où elle l’avait laissé à son cou de si longs mois après les résolutions douloureuses qu’elle s’était infligée pour survivre, surpris de ne point avoir fait attention à ce détail auparavant. D’un mouvement il pivota, ramenant l’attention d’Axelle sur lui, mêlant les prunelles noires à l’esquisse d’un sourire tendre.

Peur ? répéta-t-il au fil d’une voix que modulait l’amusement tandis que la dextre coulait sur la longue cape pour cueillir le creux des reins bruns, ramenant la silhouette de la jeune fiancée au plus près de la sienne, ponctuant le geste d’un baiser éthéré sur les lèvres fraiches à portée de souffle.
Factice, le mariage l’était, mais pouvait on toujours en employer le terme quand, si de ce fiévreux amour portant les cohortes de cœur à s’unir pour le meilleur et bien souvent le pire ils étaient exemptés, ils avaient tissé entre eux les indéfectibles liens d’un sentiment n’appartenant qu’à eux. L’Amour était laissé aux autres, à ceux qui y croyaient, à ceux qui s’y laissaient porter et si chacun d’eux avait offert son âme à vif à un Autre, c’était pourtant en toute légitimité et sans le moindre gout du mensonge, qu’ils avaient choisi aujourd’hui de lier aujourd’hui leurs noms.
Qui d’autre qu’Axelle pourrait comprendre ses chaines insensées pesant à ses poignets et ce défi à la vie de prendre toujours plus, sans commune mesure, égrenant travail et conquêtes sur le fil d’un temps qui se partageait sans fin le diurne et le nocturne ?
Qui d’autre que sa propre mère pourrait s’occuper de cet enfant qui grandissait sous leurs yeux et qui à lui tout seul, soignait de ses babillements, le cœur éventré de la gitane ?
Qui d’autre qu’elle connaissait la torpeur chaotique dans lequel le plongeait le retour d’Etienne, et savait que certains amours se couvrent d’un voile de mensonge pour respirer plus aisément ?
Au fil des années, ils avaient bâti un monde de ponts, de cordage et de havres entre leurs mondes où se blottir de ces Autres tyranniques pour mieux partir à leur rencontre à la suite d’une escale salvatrice, et si la façade de ce mariage avait tout du trompe l’œil, il n’en demeurait pas moins la véracité d’une affection pure, entière et indélébile .

Je n’ai pas peur Ballerina, fit il enfin. Et toi non plus…, lui rappela-t-il en aiguisant un accent amusé à ses lèvres visant à arracher un sourire à ce visage doucement concerné.
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--Bezelius



Paris la Belle, sous un matin frileux, accueillerait en ce jour l'union d'une Gitane au doux cœur et d'un... Parfait inconnu, surnommé à ses oreilles le Chat, que l'Egyptien se délectait d'imaginer en attendant de le rencontrer en chair et en poils.

L'invitation reçue l'avait quelque peu surpris, mais il s'était bien gardé de poser les mille questions qui lui brûlaient les lèvres et l'esprit, préférant découvrir par lui même, comme par inadvertance, les tenants et aboutissants de l'affaire. Car en bon espion dont il s'échine à être, le Flûtiste aime découvrir les évènements comme on se laisse frapper au fur et à mesure où l'on détaille une gigantesque fresque décrivant l'histoire d'une vie.

Et de cette fresque, il ne voulait pas être la tache mal dessinée, en ce jour. Alors il enfila les vêtements qu'il avait méticuleusement choisi les jours précédents.
Car à peine l'annonce de cette union lui fut-elle parvenue, que Bézélius avait décidé de passer quelques jours dans la capitale afin de s'acheter de nouveaux habits appropriés pour la cérémonie. Avec la solde offerte par le Prince et ses petits extra, il n'aurait aucun mal à trouver de habits qu'il considérerait de toute beauté pour l'occasion. Si toutefois ce voyage n'était pas qu'un prétexte pour retrouver cet écrin de vie qu'il avait parcouru quelques fois, il y a de cela déjà plusieurs années. Retrouver la bulle discordante du reste du monde qui continue de croître au rythme des saisons et des roys qui dominent et continuent d'y glisser leur souffle de vie. Cette ville qui ressemble à un plat gastronomique de maître cuistot, grouillant par le fond de vers plus toxiques et purulents que la plaie d'un vieux sanglier crevé au fond d'un bois.

Cette indescriptible opposition ravissait le saltimbanque plus encore que la contemplation des décors offerts par les nobles se sentant de patauger dans la boue de leurs terres pour faire croire à leur proximité manifeste avec le bas peuple. Car ici, rien de feint ou de menti. Les pauvres étaient réellement pauvres et crasseux, les riches étaient réellement riches et surfaits, et les intouchables étaient réellement intouchables. La preuve avec cette histoire qui lui avait griffé les oreilles. Une église où le bas peuple ne peut avoir accès, même pour un jour béni du Divin. Ceux-ci seraient relégués là où on tolère de salir le parvis de boue et de poussière. Alors soit, alons salir ce parvis de nos pêchers non confessés.

Enfilant ses poulaines couleur sable du désert, le Musicien pense à la belle danseuse. Encore une fois, elle sera l'étoile sur la piste, elle envoûtera l'assistance. Mais cette fois, ce ne sera pas son pipeau à lui qui la fera virevolter, mais la main d'un autre qui fera sans doute battre son cœur plus fort. Cet homme qui a réussi à obtenir sa vie. En échange de quoi ? Un sourcil parfaitement dessiné s'arque sur l’onix qui s'interroge. La liberté d'une Gitane de cette trempe ne se donne pas contre peu. Il doit avoir des arguments de choix, le félin. Qu'importe. Tout ce mystère sera éclairci plus tard. Pour l'heure, il est temps d'enfiler la cape neuve, d'un violet profond aux reflets de nuit, aux breloques et cordes d'or, sur l'ensemble de velours vert s'accordant avec son teint mât, et aller profiter d'être parmi les choisis de l'assistance pour ce jour si plein de signification. Ce jour parfait pour une demoiselle qu'il n'hésiterait pas à nommer Amie si on lui demandait de la présenter.
Anaon


      Les lueurs du matin nimbent la façade de leur éclat pâle, repoussant les ombres aux pieds des pierres et leurs sculptures. Devant le spectacle calme du frileux qui s'éveille, elle demeure bras croisés, petit pion sous les hauteurs. L'œil parcoure tranquillement le jeu des ombres dans les guillochis et les moulures, alors que l'esprit dans ce corps solidement campé sur ses hanches s'anime de bien des pensées emmêlées. L'Anaon, une fois encore face au religieux. La chose est ironique. En trente-six ans de vie, elle n'a jamais été forcée de se rendre dans un lieu saint, si ce n'est pour un baptême survenu si tôt qu'il n'en a plus d'importance. Et voilà que depuis un an, les circonstances abondent, poussant la sicaire à poser le pied sur ces sols qu'elle maudit depuis si longtemps. Le bonheur afflue enfin dans ce bas-monde, et tous s'empressent de se couronner du divin et de la mandorle du pieu. Mariage. Puisque qu'il s'agit encore de mariage.

    Les bras se soulèvent sous l'inspiration profonde qui gorge la poitrine. Elle aussi, elle va devoir y passer.

    L'invitation a été surprenante, et pourtant la balafrée n'aurait pu s'y soustraire. Et si aujourd'hui elle ne se défilera pas plus que la veille, la latence se fait maitresse dans les muscles mercenaires. L'esprit a besoin de s'y faire. On ne pénètre pas dans un tombeau comme on pénètre dans une taverne. Plus clairement que toutes les autres, elle se souvient de la nuit qui a scellé sa phobie des églises, avant même de consacrer sa haine. Elle avait fait l'erreur fatale de croire que le droit d'asile était inviolable. Qu'elle serait à l'abri dans l'épaisseur de ses murs. Cela n'a pas arrêté les mercenaires, ombres dévorantes de sa nuit. A ferrailler contre sept hommes, elle avait perdu. Et dans le silence des ténèbres, elle a vu son sang abreuver les rigoles du pavé comme de petites veines pourpres dans le marbre de la peau. Le temps n'avait plus d'écoulement. Plus rien n'avait de sens que le cuisant de cette douleur qui pourtant la gelait jusqu'à l'os. Elle ressent, le froid de la pierre sur sa joue. Et elle revoit, surtout, l'éclat de ce vitrail touché par le matin qui se lève. Une lueur lactescente illuminant le pâle des couleurs, perçant le verre dans un halo salvateur. Le seul point de lumière, la mort au bout des ténèbres. Ce vitrail, auquel elle s'est raccroché comme au dernier fil de sa vie, alors que ses pensées priaient tous les dieux de la terre pour le bonheur de ceux qu'elle laissait derrière elle. Il avait été décidé qu'elle ne mourrait pas cette nuit-là. Il en avait pourtant fallu bien peu pour qu'elle se laisse définitivement engloutir par l'abîme. Depuis ce jour, ces « Maisons de Dieu » étaient ses boîtes à Pandore. Écrins de traumatisme. Et de mépris justifiés.

    Les lèvres se pincent un peu. Dieux qu'elle aime les traditionnels qui se marient sur le parvis. Et à connaître – même peu – Alphonse, elle ne saurait en rien surprise qu'il ait décidé de ne pas faire comme tout le monde. Sa nuque se pare d'une brève chair de poule quand une bise fraîche l'asticote. Elle a redressé ses cheveux d'un chignon, et pour combler le vide sur son cou le col s'est fait haut. Puisque le marié n'aurait jamais eu l'idée de le lui demander, la sicaire n'a pas fait l'entorse de porter une robe. Elle a pourtant bien volontiers troqué le cuir pour la douceur du velours. Si le tabar est court et moulant, il n'en est pas moins habit d'homme. De noir comme ses bottes, chemise et chausse de pourpre. A l'ostentatoire, la balafrée préfèrerait mille fois le raffinement des choses travaillées, mais discrètes. Broderie couleur sur couleur. Elle s'extasie bien plus volontiers sur une couture parfaite que sur une perle de trop dans un passement trop lourd. Et si elle se gausserait grassement si on venait à lui dire que l'on entre pas armée dans une église, la sicaire n'en a pas moins eu le respect de la subtilité de ne laisser aucune lame clairement visible.

    Les azurites se perdent un instant aux alentours. Paris sera toujours pleine de surprises. Les prunelles reviennent aux vertiges de l'église pour se perdre enfin sur la ligne du parapet.

    Si on lui avait dit qu'un jour Alphonse se marierait et qu'on l'y inviterait... Elle ne l'aurait pas cru.

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    | © Image Avatar : Eve Ventrue | © Image Signature : Cristina Otero | Anaon se prononce "Anaonne" |
Serguei.novgorod
Il a cueilli l’aube, assis à un grand fauteuil, face à la fenêtre de l’auberge où ils dorment tous les cinq. Il a tant de fois arpenté Paris et ses pavés, à l’aune d’un précipice noctambule, qu’il en sait tout-à-fait les atours et les dangers. Un genou replié, son pied nu voit son talon appuyé à l’assise de son siège, comme son coude est posé à sa cuisse, et ses doigts à sa tempe.

Le cheveu ébouriffé, coiffé des draps qu’il a quittés il y a quelques dizaines de minutes, pas encore rasé, il offre au soleil pale un visage aussi clair, paré d’un voile brumeux de sommeil presque définitivement éteint. Un coup d’œil à la bassine posée au guéridon ; il n’ose pas encore y tremper ses mains pour ne pas éveiller les siens du bruit délicat des gouttes qui s’échapperaient de son emprise.

Il les regarde dormir. Lyson d’abord, qui, depuis qu’il s’est levé, demeure sourcils froncés, paume à l’oreiller qu’il a déserté. Il sait que le jour ne tardera pas à venir pointer son nez et ainsi vaincre l’inquiétude qui la prend dès qu’elle ne sent plus sa présence à son côté. Il l’a si souvent observée qu’il sait que dans ces instants de demie rêverie, elle demeure dans un sommeil sans rêves, et nettement plus agité que lorsqu’elle s’est endormie, sa joue à son torse musculeux, et exhale un soupir satisfait comme elle sombre dans le sommeil.

Il ira l’éveiller, d’ici quelques minutes ; il veut la savoir reposer, encore un peu.

Dans une même couche improvisée, les trois divins dorment à poings fermés. Tasha trône entourée de ses frères, et ces trois petits chatons-là sont muchés comme à l’accoutumée. « L’paquet de loutres », qu’il les appelle, quand il va les sortir du lit. « Ces gosses sont toujours entassés, ça vaut l’coup d’leur avoir fait un plumard large » ; ça l’amuse autant que le froncement de sourcils faussement réprobateur de leur mère. La vie coule, jour après jour ; les p’tits poussent, sur le même rythme.

Il a détourné le regard quelques minutes pour observer, en contrebas de l’auberge où ils dorment depuis quelques nuits, Paris qui s’éveille aux lueurs du soleil. Là, quelques étals sont montés, à l’instar de la voix des marchands qui, peu à peu, tentent d’appâter le chaland. Ici, quelques travailleuses de nuit s’en rentrent reposer après une nuit éreintante d’étreintes froides, fourbues d’un corps qui chaque fois s’abîme davantage à l’orée des bras trop pressants de clients trop pressés. Là encore, quelque gavroche débrouillard s’échine à dénicher, déjà, de quoi faire son déjeuner, avant d’aller chiper la bourse bien remplie d’un bedonnant bourgeois par le luxe alléché. Ca grouille de vie, ces rues pavées, comme un magma joyeux parmi les misères ; ça gigote de tripots, ça marchande du gigot, ça tente, ça échoue, mais toujours, c’est cette poussée d’envie qui l’a toujours enivré. Cette morgue au destin, ce pied-de-nez aux héritages loupés, aux coups tordus d’une existence trop dure ; ce « merde » à tout va, ce « j’y arriverai, tant pis pour moi » qu’ils semblent tous lancer, cet élan qu’ils ont tous à se débattre pour s’en sortir. C’est beau, Paris, parce que loin du luxe et de l’oisiveté, c’est la vie vraie, c’est les gens comme ils sont, petits jouets d’infortune aux marionnettes tenues par Dieu sait qui, pour son seul divertissement.

Au spectacle aujourd’hui, une gamine attire son attention. Il l’a déjà vue, celle-là, il le sait. Petite, menue, elle a le regard sombre, cerné d’un deuil que son jeune âge a déjà noué à son visage. Il ne sait d’où il la connaît, mais quand il ferme un instant les yeux pour se souvenir, c’est le gris des pavés qui entoure cette image.

La petite fille du placard.

Cette gosse dont il a lui-même tué la mère un soir à la Cour des Miracles et qu’il a menée à l’orphelinat tout proche, assortie d’une bourse chargée destinée à en assurer la survie. Il a toujours veillé à son confort, de loin ; a pris des nouvelles régulièrement. Il lui écrit même, parfois, et il signe d’un « Oncle Sergueï » mensonger. Et alors quoi ? Faudrait-il écrire « Le type qui a tué ta putain de mère, t’a extirpée, alors que celle-ci agonisait, du placard à demi ouvert où elle te cachait quand elle faisait ses passes, le tout pour te laisser à un groupe d’inconnus, dans une institution » ?. A la longueur inconcevable se serait liée la honte et pourtant, vu le débris maternel, il ne parvenait pas à se dire qu’il était moins coupable qu’elle de la situation. Et que serait devenue l’enfant, une fois passée la petite enfance ? L’aurait-elle vendue, la souillonne, pour une bouchée de pain ou un rebus d’alambic, au premier poivrot venu ? Il note un ruban à la chevelure, le dernier qu’il lui a envoyé, et il tire un peu le menton pour la voir passer sous sa fenêtre, suivre sa progression des yeux et la voir disparaître, une pomme attrapée à l’étal d’un primeur tout proche dérobée au passage, hors son champ de vision.

Il ira la chercher tout-à-l’heure ou demain. Lyson sait ; elle comprendra. Tasha moins, bien sûr. Cette petite tenait d’on-ne-sait-où un côté « mon papa slave n’est rien qu’à moi et je maudis quiconque croise son regard ». Jalouse, possessive… adorable petite sauterelle qu’elle était. La voilà qui se redresse, d’ailleurs, et grogne, les yeux presque clos, contre son frère qui aura eu l’audace d’un déplacement inopportun du bras. A la chamaillerie naissante qu’il veut contrer, Sergueï se lève de son assise, et s’en vient porter contre son torse la petite princesse, qui noue ses petits bras à son cou dans un « mon papa » engourdi de sommeil. Un passage de sa large main au visage poupon et à ses cheveux soyeux ; un baiser à son front tout chaud et délicieux, et les voilà tout deux, assis à l’observatoire vitré, à mirer la capitale qui s’éveille avec eux. Il admire plus qu’elle qui, assise contre lui, main agrippée à sa chemise, se rendort sourire aux lèvres.

Pourtant déjà, Marko s’agite dans les draps et Alekseï rejoint sa mère, contre laquelle il se muche en suçant son pouce, après avoir déposé son petit nez froid au creux du cou. Il a senti le tressaillement de la mère, et son bras protecteur entourer d’une alcôve protectrice son fiston chéri et plus fragile que son frère. Il esquisse un sourire et sent soudain la joue du premier né, Marko, se coller à son coude. Las, il espérait un réveil délicat, mais c’était sans compter le « C’est le jour, là, on va voir ta copine ? » de celui qui, à n’en point douter, lui ressemble le plus.

Quelques heures plus tard, ils sont sur le parvis de l’église. Avant que d’entrer à l’édifice, Marko dans les jambes, une main sur son épaule, il sourit à Lyson, laquelle tient fermement la main d’Alekseï et porte la princesse qui ne veut pas abîmer ses nouvelles chausses en marchant sur le sol. Sa main droite est portée au creux des reins de sa compagne et, dans un sourire, la voix suave vient murmurer à son oreille :


- T’sais, un d’ces quatres, faudra vraiment que j’t’épouse à l’église et qu’fasse de toi une honnête femme, M’dame Novgorod.

Pour une fois, ils ne sont pas en retard. Ca commence bien.
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Sabaude
Un matou pressé contre ses jambes, l'homme nu debout devant une fenêtre observe au dehors l'émancipation des premières teintes matinales, semblant guetter quelques indices de l'humeur d'un ciel des caprices duquel il se moque. Qu'il pleuve, vente, tonne, grêle, tempête, il sera auprès des mariés dans quelques heures, il s'y est engagé avec joie. Fixer les premiers émois parisiens l'aide à prendre une décision aussi fuyante que certains toits et qu'il remet au lendemain depuis trop longtemps. L'imminence d'un mariage l'encourage à prendre ses responsabilités, de celles qu'on ne peut laisser à d'autres quand tout s'enchaîne et se déchaîne.
Une dextre alanguie vient caresser le lien noué à son poignet gauche, s'y attarde, s'y accroche puis s'en écarte à regret pour se faire serre impitoyable sur son torse glabre qu'il dépouille d'un geste sec du contact du cordon et de l'anneau de métal alors lancés sur le lit derrière lui sans un regard. Fini. La mascarade s'achève là. C'est mieux ainsi, pour l'un comme pour l'autre, il le veut, s'en persuade, le martèle du poing jusqu'à saigner contre l'encadrement de l'ouverture sur un extérieur aussi froid que le frisson remontant son échine. Simplicité et complexité se mêlent dans la faute partagée. Un miaulement le tire de ses pensées, inquiet de son égarement impétueux.


Tout va bien, lâche un Renard aussi peu convaincu que convaincant.

La chair abîmée est plongée dans l'onde tiède du cuvier où son corps fut lavé plus tôt, débarrassé de l'engourdissement nocturne, parfumé du bergamote suave, piquant et vivifiant. Séchée, la peau subit l’examen sous l'oeil goupil et félin vers lequel un index se tend.


Pas un mot de tout ceci !

Réalisant qu'il parle à un chat, le sourire du vicomte point et s'étire jusqu'à laisser place au rire, bottes enfilées hâtivement à la suite de braies en lin et de la chemise de soie pourpres que vient recouvrir un long pourpoint de cuir à l'austérité tranchée par la boucle à face de renard de la ceinture offerte à la Noël par l'Anaon. Les doigts fins s’apprêtent à ajouter le grelot doré dont il se sépare rarement, glissant sur la peau tannée pour l'y fixer quand il choit, vite avalé par une patte joueuse.

Toi, tu bouges une moustache, tu remues un coussinet, je t'apprends à nager! Prévient le nouveau propriétaire du tas de poils rapporté d'Anjou dans un moment de faiblesse.

Le grelot de Calyce c'est sacré, pas touche ! Une course poursuite bruyante et mouvementée s'ensuit dans l'appartement rue de la Verrerie où les guéridons chancellent, les vases se brisent, l'eau s’épand, les papiers s'envolent, la couche craque sous les sauts. Puis le calme revient, le plus petit et velu coincé dans un coin la queue dressée, des jais assassins dardés sur son ventre geôlier. Le précieux est là, couvé avec défi. Deux bras plongent vers une proie bien décidée à ne pas s'en laisser conter par l'humain qui se retrouve rapidement avec mains, manches et cou lacérés. Le concert de feulements et de jurons prend fin lorsque paume et phalanges s'abattent en une poigne ferme et vengeresse sur l’arrière de la tête de l'animal soulevé sans ménagement du plancher, dirigé vers la bassine et lâché dedans.

Alors c'est qui le chef ?! Se pavane le jeune maître en direction du grelot qu'il ramasse et parvient enfin à attacher. Parvenu dans l'entrée près de la patère où l'attendent gants noirs et cape chaude il se retourne et prend la mesure des dégâts dans un profond soupir.

Alphonse a peut-être raison quand il dit que c'est le foutoir après nos entraînements....

Les épaules se haussent et s'affaissent, mouvement brisé d'un Aie et d'un Pffffff déconfit. L'épiderme est échauffé, strié de carmin là où la bestiole a planté ses griffes, sans parler de l’étoffe ruinée de sa tunique...Dans l'appartement il n'y a plus que ses vêtements de la veille, le reste est à la lessive. Les prunelles partent en quête du coupable trempé , s'écarquillent à sa vue, si piteux... si...

Ne me regarde pas ainsi c'est toi qui a commencé ! Vois dans quel état je suis !

La porte claque, Renard s'enfonce dans la rumeur de la capitale, pans épais resserrés sur lui, la face soudain rieuse de l'incident parvenu à le sortir de ses tourments passagers.


Aux abords de l'édifice il alterne contemplation et plongée dans l'obscurité de ses paupières closes, nez au vent. De son observatoire à l'écart il les devine perchés , et l'avancée de la sicaire est suivie avec intérêt. Quand le nom de la femme s'était associé à celui des invités il était resté comme un con, planté face à la danse des coïncidences et donc des non-dits, une fois de plus. Et maintenant il s'apprête juste à être lui, l'espiègle, le joyeux qui ne reste jamais longtemps à terre, et il s'élance, glisse sur les talons et se dresse devant-elle.


Le bonjour Naon ! accompagne-t-il gaiement le salut d'un baiser de la main avant de filer vers les hauteurs au son des cloches, sans demander son reste et ravi du petit effet. Les volées de marches sont d'abord avalées, puis mâchées et enfin dégluties le souffle court. Lui, avait fait venir son témoin sous un pommier ! Ou était-ce un chêne ? Bref, un arbre ! Au sol !
Enfin parvenu près du parapet il s'arrête et profite de la vue avant de tendre une main gantée aux deux enlacés après un petit raclement de gorge indicateur.


Si la future épouse et le futur époux veulent bien descendre de leur perchoir. L'Exaltation nous attend en bas... la diaconesse.... décide-t-il de préciser, et certains invités sont déjà là. Vous rêvasserez plus tard les enfants, ponctue-t-il d'un clin d'oeil.

L'air de rien le tissu lourd est replacé sur celui fin et en lambeau de son bras.
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Axelle
Il n’y avait pas grand-chose de plus chaud que le pelage du Chat quand la gitane avait froid. Froid au-dehors. Froid au-dedans. Ronronnant doucement à l’oreille féline, la Casas pensait à toutes ces froidures du dehors, mais surtout à ces gelures insidieuses qui fendaient la chair, même sous le soleil d’un été caniculaire, qu’il avait su réchauffer. Il avait ce don là, Alphonse, de la réchauffer sans la calciner, ne la brulant que lorsque qu’ils se consumaient à la cadence de leurs envies. Un instant, une idée saugrenue lui traversa l’esprit, sans qu’elle ne sache d’où lui en venait l’inspiration. D’ici quelques heures, ils pourraient jouer à tous les jeux leur passant par la tête sans que cela ne soit plus péché aux yeux des bigots. Voilà même que leurs danses, tribales ou tendres, se teinteraient d’une normalité aussi apaisante qu’outrageante pour les deux insatiables qu’ils ne cessaient d’être. Et à leurs parades volages, les regards alentours se courrouceraient d’une indignation toute autre quand ceux des futurs époux, ne cesseraient de s’en amuser jusqu’à en faire pétiller les iris noires.

« Peur ? »

L’idée promettait tant d’amusement qu’un hoquet joyeux, étouffé par la fraicheur d’un baiser, fut le premier à souligner la réponse d’Alphonse.


« Je n’ai pas peur Ballerina, Et toi non plus… »


Il avait raison. Aurait-elle fouillé chaque recoin de sa cervelle qu’elle n’aurait pas débusqué la moindre trace d’appréhension. Enfin peut être une petite cependant. Troquer son nom qui claquait comme un fouet pour Tabouret. Non pas qu’elle ne serait pas fière de le porter, bien au contraire. Il était même prévisible qu’elle amuse des regards jaloux de donzelles trop romantiques qui ne manqueraient pas, dans leur ignorance, de se poser sur elle. De ça elle en mettait d’avance sa main à couper, mais définitivement elle qui avait choisit avec soin ses mots pour remplacer toujours le meuble qui avait eu la mauvaise idée de se nommer tabouret par siège, chaise sans dossier, assise de bois, pour ne pas froisser l’éventuelle fierté d’un nom dont pourtant le Chat semblait se moquer royalement, se trouvait comme une imbécile face aux scrupules qu’elle avait eu. Mais de cela, elle ne dirait rien. Un jour peut-être, mais certainement pas aujourd’hui, quand c’était la sérénité qu’Alphonse lui offrait sur un plateau d’argent. La certitude d’être mère à part entière, enfin. L’assurance pour Antoine de grandir sans le poids d’un mot: bâtard. Le droit d’être l’Amie comme jamais elle ne pourrait l’être en se forgeant bouclier d’un amour défendu. Le sourire bohémien éclaira le visage brun alors que la dextre redessinait la pommette pale d’un revers léger. Pourtant, déjà, le regard se teintait d’une lueur espiègle.

Si j’ai peur ! Je crève de frousse d’avoir mal aux pieds, lâcha-t-elle en jetant un regard sur la paire de fins souliers verts, assortis à la ceinture velouté accrochée à ses hanches. Elle allait pourtant se pencher pour les enfiler, quand une voix résonna dans leurs dos.

« Si la future épouse et le futur époux veulent bien descendre de leur perchoir. L'Exaltation nous attend en bas... la diaconesse.... et certains invités sont déjà là. Vous rêvasserez plus tard les enfants ».


Dans une envolée de boucles surprises d’être cueillies sur le faitage d’une église, le regard noir glissa sur la silhouette masculine se découpant sur le ciel parisien. Sabaude, cela ne pouvait être que lui quand elle connaissait tous les autres invités pour être coupable de la plupart. Quand Alphonse avait prononcé le nom, il était resté embué d’inconnu, sans que la gitane ne pose davantage de questions, mais plissant ses mirettes pour détailler le témoin, la Casas trouva le visage familier, sans pourtant savoir le replacer dans un contexte. L’Aphrodite, peut être, alors qu’enceinte jusqu’aux yeux d’une enfant inconnue, elle avait accepté de fournir les costumes à l’occasion d’une soirée dont le thème lui échappait. Peu importait au final. Les premiers mots de l’homme s’envolaient d’une bienveillance joueuse qui ne manquèrent pas de la charmer. Et alors que les pieds menus se soumettaient au cuir fin, elle souffla dans un sourire joliment taquin. Seriez-vous donc goupil pour débusquer avec tant de facilité les étourneaux qu’nous sommes ?
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Sancte
« Si la future épouse et le futur époux veulent bien descendre de leur perchoir. L'Exaltation nous attend en bas... la diaconesse.... et certains invités sont déjà là. Vous rêvasserez plus tard les enfants »

« Seriez-vous donc goupil pour débusquer avec tant de facilité les étourneaux qu’nous sommes ? »


Le Montalbanais est là. Mais alors qu'il se prépare à entrer au sein de la modeste église, il ne s'attend pas à voir les futurs époux perchés au sommet de l'édifice. Il aurait d'ailleurs pu les manquer, si son oeil exercé n'avait pas été interpellé par une courbe qui n'était autre que le cul rebondi de la gitane.

« Mais qu'est-ce qu'elle raconte ? Même pas mariés, les fiancés, que vous pensez déjà au suicide ? »

L'enfer est pavé de bonnes intentions dont la première pierre peut effectivement être le mariage. À trop vouloir braver la mort, la vie lui cède. Il est à noter cependant qu'Axelle se prépare à s'envoyer en l'air -depuis un toit, s'entend- en ayant pensé à revêtir des petits souliers de cuir, et contrevenant de ce fait à l'entêtée modestie de ses habitudes -à la con. Était-ce du daim ? D'en bas, il ne peut l'affirmer avec certitude. Son regard s'allume alors, parant son visage d'un air hideusement turlupin. Il n'apprécie pas rester dehors. Il trouve toutefois la force de s'armer d'un souris, attendant calmement que ces deux là descendent. Et pas forcément par le plus court chemin qui soit. Parce qu'il n'est pas venu avec sa brouette.
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Tynop
L'invitation l'avait pris au dépourvu lors d'une énième matinée passée à glandouiller ici et là. Axelle se mariait. Axelle, à qui, en bon frère indigne, il n'avait pas pris la peine de donner de nouvelles depuis un bon bout de temps.
Bizarre. Elle n'était pas excommuniée, d'ailleurs ? Et s'il était indéniable que la bougresse était dotée d'une grâce et d'une beauté rares, il l'imaginait mal se pavaner dans une robe blanche inconfortable. Comment allait-elle faire pour lancer ses couteaux et danser à en donner le tournis aux spectateurs ?

Un sourire s'étira sur ses lèvres lorsque lui revint en mémoire la maîtresse de cérémonie parfaite qu'avait été l'Artiste à son propre mariage. Un discours parfait, mais surtout une capacité à boire jusqu'alors jamais soupçonnée chez elle et un réveil paisible, perchée sur un arbre dont elle seule savait comment elle avait pu atterrir là.
C'était Axelle qui avait officié lors de son mariage, la moindre des choses était donc de pointer le bout de son nez à Paris.

Il était donc là, plus ou moins à l'heure, devant la fameuse église. Tenue ordinaire, rapière au fourreau, il s'était frayé un chemin jusqu'à l'édifice. Avait tapoté l'épaule gauche de l'Anaon avant de se frayer discrètement un chemin vers la droite, ravi et fier du gamin qu'il était, pour entrer dans la maison de Dieu. Sans réellement prêter attention au petit homme qui semblait s'adresser au ciel.
Il s'était ensuite sagement assis. Ni trop loin, ni trop près. Au milieu, quoi. Toujours un peu incrédule que la Gitane se marie en un tel lieu.

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Lyson.novgorod
Une étape de plus dans le périple qui est le leur depuis des mois, l’idée avait été acceptée sans condition autre que celle, évidente, d’embarquer avec eux les Merveilles. Lyson, mère-poule à jamais.

Ca fait des années maintenant qu’elle entend parler de la première Sœur de Serguei. Axelle. Si, à la prime évocation du qualificatif la concernant, la brune avait tiqué –à sa décharge, la famille du coté Novgorod, est loin de celle des Ingalls où tout le monde il est beau..(*)- elle avait finalement évolué dans son cheminement intérieur.

Son grand Slave avait su lui expliquer. La rencontre avec la gamine de l’époque. Le lien, de cœur bien plus fort que celui du sang, les nuits de campements pendant les errances sur les routes, la gitane aux breloques accrochées au poignet. Tous ces petits rien qui, au final, remplissent une vie et en lient deux.

Alors sans même l’avoir jamais encore rencontrée, Lyson connait Axelle, de manière informelle, elle fait partie de leur vie. Et pour celle qui est restée fille unique, la future mariée est comme une grande sœur partie de la maison bien trop tôt. De celles dont on parle aux réunions de famille, mais que l’on voit trop peu.

D’ici quelques heures, la donne va changer, elle va enfin mettre un visage sur une silhouette qui jusque là lui est restée vaporeuse.

Mais avant ça, l’heure tourne et déjà, tous les matins c’est pareil, le réveil (*) par le chant du coq, elle ne l’entend pas. Ce n’est pas lui, non, qui la sort de ces songes certainement délicieux, pas non plus les petits malgré tous leurs efforts en ce sens certains matins, mais bien le vide, le froid aussi, l’absence de cette présence à ses cotés. Il n’y a pas à dire dès qu’il s’éloigne, elle le ressent.

C’est comme ça (*), il faut qu’elle reprenne forme humaine (*), qu’elle redevienne l’épouse, la maman aussi pour ce petit qu’elle devine contre son flanc.

Les rituels matinaux changent rarement, aussi elle le sait, celui qui, tout contre elle, suce son pouce, c’est Aleksei. Le plus câlin du trio. Marko doit déjà être en train de fomenter un super plan pour découvrir le monde sous un jour nouveau. Tasha, elle, peut être dort encore, petite marmotte, ou quémande déjà les bras paternels.

Quand le tout petit nez se niche à son cou, elle ne peut plus feindre le sommeil profond alors que son bras l’entoure et le rapproche plus encore. Pire, quand un tonitruant «
C’est le jour, là, on va voir ta copine ? » résonne dans la chambre, elle le sait, la journée commence. Et elle risque d’être longue.

Attraper l’un après l’autre les marmots pour les frictionner non loin de la bassine relève d’un exploit incroyable, mais elle s’en sort. Trempée, mais victorieuse malgré tout. Elle ne commet pas l’erreur de débutante de les habiller déjà. Elle les connait ses anges, ils sont capables de se transformer en terreurs, n’ayant pour seul but que de mettre à sac et la chambre et leurs fringues.

En dernier, le couple se prépare, s’apprête, se fait tout beau tout propre. C’est là qu’il lui parlera de la gosse à la pomme. De son envie d’aller la voir. Elle abondera dans son désir d’aller la chercher. Qu’est ce qu’une bouche de plus ?

Enfin, tous sont sur le point de sortir de l’auberge. Les garçonnets dans des habits semblables à ceux de Serguei, la princesse dans sa robe à volants, accompagnée de ses deux derniers caprices :ses nouvelles chausses et le bracelet qu’elle a tant réclamé, pour faire « comme la copine à Papa ».

Les recommandations sont rappelées, une fois de plus « On ne court pas dans l’église, on est polis avec tout le monde, on ne vole rien, on essaye de rien casser…. » la liste est longue.

Lyson, regarde, observe, découvre, visite ce Paris comme une touriste, avec de grands yeux souvent éblouis.

Arrivés au parvis de l’église, si elle ressent quelques timidités, curiosités ou autres inquiétudes à l’idée de rencontrer d’anciennes connaissances ou ami(e)s de Serguei, elle n’en montre rien. La main logée, à sa place aux creux de ses reins est là. Tout va bien. C’est un jour heureux, normalement tout ira bien.

Le sourire, elle le devine à la manière dont le souffle chaud vient lui chatouiller d’épiderme. Au murmure à son oreille, c’est son corps qui a la primeur de la réponse par un long frisson. Ensuite elle relève le nez, sourire heureux rivé au museau, pour susurrer à son tour.


-T’veux dire, sans menacer l’cur’ton tout ça ? M’ssieur Novgorod, m’dis pas qu’t’es en manque de nuit d’noces.

Son regard survole les alentours, se pose un instant à ces anonymes qui, comme eux, semblent attendre le couple du jour, avant de revenir couver la jeune génération, puis de poursuivre.

-J’crois qu’on ferait peut être mieux de rentrer avant qu’ils escaladent la façade.


(*) Allusions à Zazie.
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--Bezelius


Arrivé sur le parvis, il nota la présence d'une femme à la beauté tout à fait particulière. Une violente balafre sur le visage ne gâchait en rien sa féminité, cachée sur de délicats vêtements masculins. Une beauté sans âge et un regard à peine troublé alors que l'Eglise se dressait, imposant déjà son ombre malgré la brume tenace, sur quiconque osait prétendre à la pénétrer. Le sourire immuable du flûtiste la salua brièvement avant de la dépasser pour aller de réfugier à l’intérieur, et finir d'observer les arrivants.
Une homme tout en finesse passa pour aller chercher les tant attendus de la journée que l'Egyptien observait du coin de l’œil depuis qu'il les avait repéré, dans cet endroit tout a fait à leur image. Improbable, inattendu, et pourtant, pouvait-on les attendre sagement sur le tapis menant à l'hôtel ? Puis une famille se présenta. Tous ces gens lui étaient parfaitement inconnus. Sauf le Prince qu'il salua d'une légère révérence. Puis, en attendant les futurs mariés, le regard du musicien se posa sur les enfants. Seuls être capables de captiver son attention plus longtemps que le temps d'une prière.
Terreurs et cauchemars de leurs parents lorsqu'ils avaient une sale idée en tête, surtout dans un lieu où de simple chuchots peuvent résonner plus qu'un cris sur une lande déserte ; les enfants sont les êtres les plus purs après le Divin lui même. Sans doute une projection de ses anges sur la terre, pour nous rappeler qu'ils sont un cadeau dont nous devons prendre soin. Et si l'Egyptien les aime tant, c'est surtout parce qu'ils sont les seuls capable d'apprécier inconditionnellement sa musique, le garçons s'imaginant déjà le preux chevalier de ses chansons, tandis que les petites filles se voient princesse dans leurs robes de toile. Et la lumière éclaire leur visage d'espoir, d'envie, de plaisir et de rêves. Et le Flûtiste s'en nourrit, à défaut de sentir la chaleur de son soleil natal, il ressent la chaleur qui se dégage des petits cœurs pleins de vie et d'entrain.
Ceux-ci se tiennent bien sage, mais pour combien de temps? Deux garçons, une fille... Une chanson naît déjà dans l'esprit du Musicien, oubliant par là même le lieu où il est, la raison de sa présence et l'assistance qui commence à l'entourer.
Il se retient de siffloter, de peur de se faire mettre à la porte. Alors, joignant ses mains sous sa tunique chaudement coloré, il se mordille la joue pour se reconcentrer et son regard parcours à nouveau l'Adulte assistante.
Peu nombreuse, et cela ne l'étonne pas, en plus de le rassurer. La foule, c'est pour les lieux où l'on a le droit de faire du bruit, de jouer, de danser, de rire.
Malgré ce jour de grande liesse pour Axelle et son Chat, comment pourrait-on se laisser aller au plaisir dans un tel lieu de culte ? L'idée de liberté se trouve encore bridée lorsqu'il voit la belle, rouge, comme à l'accoutumée, rebelle, les cheveux lâchés, mais qui a trouvé le moyen de ne plus se lier à la terre en y opposant des semelles de cuir. Malgré cet avis qui le fait tiquer, il pense qu'elle n'a pas mal fait, plutôt que laisser ses petits pieds se glacer au contact du parterre de pierres froides.
Il aimerait aller la saluer, lui baiser délicatement la main, mais il se contente de s'approcher discrètement, assez pour entendre, comprendre, deviner.
Seuls ses yeux expriment alors le calme qui s'empare de lui pour la suite des évènements.
Xalta
Ils arrivent tous, les uns après les autres, des visages inconnus, d'autres pas. Elle n'est pas pressée. Elle ne l'est jamais lors de ce genre de cérémonie. Chacun vient à son rythme, et s'ils ne viennent pas ? C'est une possibilité. Un léger haussement d'épaules en réponse à ses propres pensées. Elle ne s'en formaliserai pas. Mais il semble que tout le monde soit là, même les mariés. Les gens passent, ne la voit pas. Elle se souvient d'une époque où cela l'aurait agacé. Maintenant, elle sait qu'elle fait partie du décor. Elle ou un autre clerc, qu'importe, les gens qui se marient ne songent qu'à eux en général, et les invités seulement à ceux qui vont se passer la corde au cou. C'est normal.

Est-ce réellement une corde ou une cage dorée comme elle le disait avant ? Non, quand on choisit sa propre cage on conserve sa liberté car on est les seuls à détenir les clefs. Il lui avait fallu quelques années pour le comprendre: elle qui avait eu tant de mal à se marier.Tant que la première fois, ils avaient du fermer les portes de la chapelle, et le second avait été obligé d'orchestrer un enlèvement et un mariage en pleine nature. Malgré tout, elle n'envisageait pas de se remarier dans le futur. Un sourire amusé éclaire ses traits quand elle quitte ses songes pour revenir dans le monde réel.

D'une vois enjouée, elle s'adresse à qui l'entendra.

Oui ce serait bien de descendre de là-haut. Je n'ai plus 20 ans depuis longtemps et il y a des lustres que je n'ai pas grimpé sur un toit.

Une époque lointaine où elle était giennoise, jeune avec Savhanna et les autres, en fin de soirée, ils allaient se coucher sur le toit de la taverne municipale, la Loire non loin, le ciel étoilé, un verre de gienlain à la main. Ils refaisaient le monde, riaient et généralement l'été, ils descendaient tous pour se jeter nus dans la Loire. Une époque révolue mais dont elle gardait un souvenir nosltagique mais non empreint de mélancolie.

Néanmoins, si vous aimez l'air , même s'il est frisquet, on peut débuter la cérémonie sur le seuil. cela se fait.

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Alphonse_tabouret
Si j’ai peur ! Je crève de frousse d’avoir mal aux pieds

Le rire silencieux du chat lui répondit, étirant le lien pour laisser à la gitane le loisir de se chausser sans pour autant le rompre, soucieux plus que jamais à ce qu’Axelle ne se sente pas seule ce jour-là, car sous les boucles brunes qui dansaient adorablement sur les épaules encapées, il savait la plaie d’un mariage raté, et si les serments qui se prêtaient aujourd’hui portaient le parfum d’un empirisme rigoureux pour l’un comme pour l’autre, il n’en demeurait pas moins la volonté d’étendre au-delà de leur entente, les horizons du nid forgé aux vents d’une indéfectible et lascive Amitié. Un trait vert fendit la grisaille de la pierre tandis que la pèlerine cédait un rugissement rouge à la sobriété de sa couleur, accrochant l’œil de l’animal fugitivement à une cheville entraperçue quand les marches résonnaient d’une arrivée imminente.

« Si la future épouse et le futur époux veulent bien descendre de leur perchoir. L'Exaltation nous attend en bas... la diaconesse.... et certains invités sont déjà là. Vous rêvasserez plus tard les enfants ».

La tête pivotant cueillit la silhouette Goupil, attardant un sourire au visage ami quand son bras assurait inutilement l’équilibre à la gitane passant la verdure d’un soulier à son pied nu. L’œil glissa sur la finesse des tissus choisis, en appréciant la tenue pour connaitre sur le bout des doigts chacune des formes qu’elle épousait, saluant d’une esquisse aussi tendre que narquoise, l’effort volontaire du costume que venait cingler de toute son espièglerie, le dos rougeoyant d’une main offerte à un chat.
Un instant, le regard glissa le long de la rambarde pour se poser, curieux sur le petit attroupement qui naissait sur le parvis de l’édifice, comptant, dans un réflexe méthodique, les visages qu’il connaissait déjà, avisant le nombre de ses invités encore estropié, pinçant brièvement le cœur d’une résignation qu’il chassa aussi promptement qu’efficacement, animal peu enclin à laisser la gangrène s’infiltrer s’il n’était pas seul réceptacle de ses humeurs.
La remarque du Prince leur parvenant étira un sourire en coin à la bouche mâle avant que la diaconesse ne se joigne au chœur des réclamations, poussant l’animal à se pencher pour confier à la silhouette rougeoyante qu’il apercevait, laissant les mots filer à l’échine d’un vent badin à son attention:

Tant que vous ne le commencez pas sans nous !

Entrainant la gitane d’une main glissée à ses reins, Alphonse donna le pas, raccourcissant au plus sommaire des présentations, qui, il en était certain, ne seraient que le début d’une connivence entre la danseuse et le Goupil, égrenant pour l’heure, le strict minimum quand la volée de marches apparaissait devant eux :
Axelle, je te présente Sabaude, un odorat infaillible et un appétit qui bâtit sa légende à chacun de nos entrainements, taquina-t-il le vicomte en passant un pouce léger sur la main laissée en pâture au félin de la garçonnière, glissant à son attention en passant devant lui : Il faudra me dire lequel de vous deux a eu le dernier mot…
Ouvrant la marche dans le réflexe d’une politesse ancrée à ses moindres gestes, Alphonse précéda la danseuse, les doigts toujours noués aux siens pour rejoindre la poignée d’invités et le sol dallé de l’église, attendant la jeune femme pour partir à leur rencontre, la tête s’inclinant dans la courtoisie des salutations à ces visages pour la majorité inconnus, s’agrémentant d’un sourire plus appuyé à l’adresse de la mercenaire tandis qu’ils rejoignaient la diaconesse.
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Anaon


      Penchée de carmin sur une balustrade si claire, Axelle est comme un rouge gorge juché sur une branche d'hiver. Énigmatique rencontre d'un mois d'automne, rumeur depuis ou simple évocation. A l'heure d'un jour si sacré pour elle, elle garde toujours l'image vaporeuse et indescriptible emportée lors de leur unique rencontre. Et de voir alors la mère, la sicaire ne peut s'empêcher de chercher du regard le petit Antoine. Elle s'attend presque à le voir emmailloté dans un drap de bain, petite chenille lovée au creux d'un bras, mais de blanc les azurites n'accrochent que l'immaculé du sacerdoce porté par des courbes bien trop féminines. Le regard fuit volontiers, s'intéressant enfin au Vivant qui s'anime autour des pierres.

    Elle aperçoit le sourire avenant d'un homme aux apparats diaprés, pénétrant d'office dans l'église. Troubadour, elle l'imagine immédiatement. La faute au chatoyant sans doute, et la balafrée se remémore subitement que la mariée fait partie de la communauté des gitans. Elle imagine alors un instant le parvis éveillé d'une cohorte de tambourins et de breloques s'entrechoquant sur le cuivré de chevilles dénudées. De bracelet carillonnant, elle en a bien un, mais femme avare de discrétion, elle n'aurait osé le porter parmi ce cénacle, et les murs de l'église si friands d'échos. Prunelles posées sur le dos de l'homme qui s'éloigne, l'oreille n'en entend pas moins les pas approchants, sans que leur cadence n'éveille ses instincts paranoïaques. Se retourner ? Pourquoi faire, et puis de tou....

    « Le bonjour Naon ! »

    Pensées se coupent. Oh ! Ce n'est que Sabaude...

    Sabaude ?!

    La mercenaire le lorgne avec une mine perplexe, trop perturbée pour envoyer gicler d'une pichenette le traditionnel baiser envoyé. Le cerveau se questionne, se tord, dubitatif. Pourquoi cette scène lui paraît à la fois si incroyablement normale autant qu'invraisemblable? Voir le Vicomte, c'est une chose de ce qu'il y a de plus familier, tant ils ont traîné ensemble, mais... Ah voilà... C'est le voir s'enfourner dans cette église-là, ici, à Paris, qui est improbable ! Renard est... invité au mariage ? Un sourcil se perche sur le front mercenaire. Quand a-t-elle loupé un chapitre dans l'histoire ? Elle qui se souvient de tout, elle aurait oublié un détail aussi capital ? Immobile, elle se perd en circonvolutions et recoupements pour tenter de lier d'une manière ou d'une autre Sabaude à l'un ou l'autre des mariés. La réflexion est bien vite interrompue par une voix qui claironne non loin, et c'est quand elle tourne la tête pour le voir, qu'une autre vision la fauche en pleine respiration.

    Le cœur bondit dans sa poitrine. Les pensées trébuchent dans un court-circuit violent. Issu d'un songe, d'un cauchemar, attendue, crainte et désirée, l'apparition se dresse aujourd'hui de chair et de vie. L'échine de la mercenaire se broie d'une brève crispation, se muant en un frisson gelé qui lui remonte la colonne comme une couleuvre. Et tandis que sa nuque se noue, une tendresse indicible lui calme la poitrine. Les azurites embrassent plus qu'elles n'accrochent la carrure du Novgorod, qu'elle n'a pas revu depuis tant de temps. Atterrée, cependant, de cet incroyable hasard. Sa simple présence est toujours à ce point lénifiante, mais alors qu'elle remise dans un coin de son crane les écueils et les craintes à venir, un autre détail vient agiter brusquement le palpitant dans sa poitrine.

    Si le cœur a bondi, sur le coup il se manque, oubliant un instant d'octroyer à son sang son battement vital. Aux côtés et aux pieds de sa stature, fleurie sa petite famille. L'Aimée racontée, les enfants désirés. Et à ce spectacle, l'Anaon patauge désagréablement en plein bourbier d'émotions. La joie simple de constater le bonheur de Sergueï... galvaudée par un inexplicable malaise. Une dérangeante sensation, comme un aiguillon qui lui picore l'estomac, sans que la sicaire ne parvienne à en trouver la raison. Les pupilles se détachent lentement, se braquant plus furtivement vers son épaule gauche soudain titillée, pour mieux regarder à droite et choper du regard le dos du rigolo. Tynop. Le monde est bien petit aujourd'hui, dites-moi.

    Un soupire s'évapore de ses narines. L'œillade se serait à nouveau glissée du côté slave si elle n'avait constaté les futurs mariés descendus de leur perchoir. Au sourire d'Alphonse, la balafrée, dans une expectative terrible et des tracas innommables, brise l'immobilise de ses expressions d'un sourire si fugace qu'elle ne sait s'il en est bien visible.

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    | © Image Avatar : Eve Ventrue | © Image Signature : Cristina Otero | Anaon se prononce "Anaonne" |
Sabaude
Seriez-vous donc goupil pour débusquer avec tant de facilité les étourneaux qu’nous sommes ?

Le froid des cimes exposées cède la place au délicieux et chaleureux sourire de la future épousée à laquelle il répond tout en velours et inspiration animale.

Tout bon renard sait débusquer ce qui porte plumes, et s'il ne peut atteindre l'oiseau il le fait descendre par belle demande ou fin stratagème.

Laissant le temps aux membres de se parer de cuir et de revenir du bon côté, le visage se tourne vers ces nuages à portée de main, ces toits pentus et glissants, ces ruelles minuscules loin en contrebas, ces petits êtres en pointillés animés, ces.... l'intervention d'Alphonse le tire de l'étrange attraction pour ce parvis devenu mouvant.

Axelle, je te présente Sabaude, un odorat infaillible et un appétit qui bâtit sa légende à chacun de nos entraînements

Avec ton propre appétit de moineau il faut bien que je mange pour deux afin de faire honneur à la cuisine de ces dames attentives à notre santé, se rengorge-t-il l'oeil brillant d'amusement et de ravissement à la proximité de son ami. Enchanté, Axelle, répond-il en accord avec la sobriété de la présentation. Ils auraient certainement l'occasion de l'approfondir à hauteur de plancher des vaches. Il s'agissait pour l'heure de descendre sans se gêner l'un l'autre et s'il laisse le Chat ouvrir la marche, il ferme celle-ci en marmonnant entre ces dents que c'est bien évidemment lui qui a eu le dernier mot... quoique....le tiraillement de sa peau et l'état de sa chemise ne sont pas du même avis.
Parvenus en bas il manque rentrer dans la gitane qu'il esquive de justesse pour venir se placer un peu en retrait le temps de découvrir des visages.....qu'il ne connait pas pour la plupart, et d'autres qui étirent ses lèvres: une Anaon déconfite à laquelle il ne sait ce qu'il répondra si elle lui pose des questions et s'il ne s'est pas caché dans le dos du comptable avant, un blond Tynop croisé à l'occasion en Anjou, et la diaconesse!

De cette dernière il s'approche, joignant ses traits avenants à l’espièglerie habituelle dans une légère inclination de la tête.


C'est un plaisir de vous revoir. Aimez-vous toujours autant les tapisseries? interroge-t-il sur le ton de la conversation, incertain qu'elle se remémore leurs rencontres et son nom. Il était venu la trouver en Orléans pour le mariage de Poney rose, elle lui avait aussi plus ou moins confié un orphelin qu'il avait ensuite ...égaré.... et que dire des tapisseries et des hommes dont la femme semblait à l'époque friande.
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