Axelle
De la galanterie, la gitane ny entendait rien. Cela avait même le don de lagacer, quand farouchement indépendante, elle mettait un point dhonneur, stupide certainement, à se débrouiller seule. Elle nacceptait dêtre soutenue, ou portée, que les sens brouillés dune fièvre sulfureuse. Pourtant, ce fut avec un naturel teinté dévidence, quelle sappuya sur le bras dAlphonse. Dun sourire amusé soulignant léchange entre Renard et Chat et sous les exclamations fusant sous leurs museaux, elle descendit à son tour du perchoir des toits, prenant la place centrale du lardon dans le rang doignons. Cape de laine abandonnée distraitement sur la rambarde, la danseuse tourna sur elle-même, faisant un instant virevolter le jupon coquelicot de sa robe.*
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Le cadeau dAlphonse avait fait mouche. Si dordinaire la gitane ne voyait des robes et autres tissus que lutilité de ne pas se balader à poil, elle avouait sans mal lexception de celle-ci, de par sa légèreté et du rouge soyeux qui claquait dans lair comme un coup de fouet. Mais sans doute aucun, cétait la minutie avec laquelle le Chat avait manigancé sa surprise qui lavait le plus touchée. Amusée de se voir coquette et accrochant à nouveau le bras félin, elle se hissa sur la pointe des pieds pour murmurer à loreille comploteuse.
Fais gaffe Màćka, à me gâter de la sorte, je vais finir en épouse parfaite et vider ta bourse pour une ribambelle de tenues. Dun sourire espiègle, elle déposa un baiser frais sur la joue fiancée avant dajouter dune voix douce. Elle me plait. Et pour qu'une robe me plaise... 'Fin t'sais bien. Merci, merci, merci. Le regard noir dailleurs se posa sur la seconde comploteuse. Quand Axelle avait fait connaissance dAnaon, drapée à la sauvette dun drap de bain telle une statue grecque, jamais la gitane naurait imaginé quau bout des doigts de lemmaillotée se cachait un tel talent pour les travaux de couture. Et pour la danseuse qui ne savait tenir une aiguille sans massacrer ses mains, cétait là une véritable source et détonnement et dadmiration. Suivant le fil du regard de la couturière, ce fut sur le colosse blond que se posèrent les prunelles de geai. Et là, enchâssé dans le vermillon, le cur bohémien fit un bond. Sergueï. Lenvie de lui sauter dans les bras lempoigna avec une telle force quelle en sursauta. Les pas de ces frères et surs choisis ne sétaient plus croisés depuis le Lyonnais Dauphiné, pour ainsi depuis une vie entière. Elle avait tant de choses à lui dire, tant de choses à lui demander, que sans nul doute, la journée y aurait été consacrée. Mais maintenant que les souliers étaient enfilés, quils étaient à sa pointure, et non baillant daise au bout des orteils danseurs, le temps était compté. Aussi, elle prit sur elle de rester sage, mais se promit des retrouvailles dans les règles de lart une fois ses petons libérés de la gangue de cuir fin. La bouche toujours accrochée au lobe pale, la fiancée souffla de rapides présentations.
Lgrand blond, cest Sergueï. Jpourrais passer des nuits entières à tparler de lui et des feux de camps qunous laissions dans le sillage de nos pérégrinations. Comme il semble serein souffla-t-elle pour elle-même alors que son regard se posait sur la femme à ses cotés et sur les petites têtes blondes les encerclant. Cdoit être grâce à eux Dune tignasse blonde en suivit une autre. Le sourire doux qui flânait sur ses lèvres saiguisa. Lui, cest Tynop. Fichtre, faut que jme marie pour parvenir à voir la trogne du frangin! Et Heu Oui Lest blond. Tare quil a héritée dnotre mère et à laquelle jai échappé. Lhéritage paternel à finalement du bon. Ponctua-t-elle dune virgule moqueuse et étrangement détachée des turpitudes que limage du père Casas ne manquait pas de réveiller. En habit chatoyants, cest Bezelius. Dordinaire, son habit est bariolé dcouleurs qui me font perdre la tête, tout comme les notes qui sortent dsa flute quand jenchaine mes pas ddanse. Un clin dil complice à lEgyptien alors quelle ajoutait doucement rêveuse. Lui, ce sont mes nuits que jpeux perdre à lécouter mraconter des récits aussi colorés qusa vêture.
Les invités étaient assez peu nombreux pour que les absences brillent. Et lune dentre elles brillait bien davantage que les deux autres. Le visage gitan, un instant grave dinquiétude, se redressa sur le profil ciselé dAlphonse pour mieux se perdre dans le même élan au gris du sol afin de camoufler une bouche tordue dune égratignure quelle devinait racler le cur flamand.
Allons-y. Coupant court à toute brèche qui pourrait fendiller la journée, la danseuse noua ses doigts à ceux dAlphonse et lentraina dans son sillage coquelicot. Quelques pas suffirent à fendre son visage dambre dun sourire mutin. Sinclinant doucement devant le Prince, un regard espiègle pourtant accroché aux prunelles grises, elle lui glissa sur le ton de la confidence. Me suicider ? Fichtre ! Pas avant davoir débusqué les poules d'Clichy qu'vous semblez cacher avec soin. Cruel qu'vous êtes ! Baissant les yeux pour les relever plein de respect ajouta la pincée dessentiel. Je vous remercie davoir accepté dêtre mon témoin votre Altesse. Des enjeux de cette cérémonie, quelques mots échappés de la bouche princière en avaient souligné toute la compréhension. Dailleurs, il semblait que bien peu de choses néchappent au discernement de Sancte, à tel point que la gitane, malgré ses airs désinvoltes, lécoutait toujours avec une attention aiguisée.
Tournant le museau vers le but ultime du cheminement, la Casas découvrit que celui-ci était accaparé par le Renard qui déjà avait manqué la bousculer. Décidément, ce Goupil semblait pour le moins facétieux ou bien maladroit, lincertitude ne manquerait pas dêtre élucidée. Si cela réjouissait la future épousée, le compte à rebours des souliers ajustés nen avait pas moins implacablement débuté. Dune oreille animale à lautre, ce fut à celle du Renard quelle glissa taquine. Auriez-vous donc besoin des talents dune brodeuse pour la manche d'votre chemise ? Espérant que la diversion soit assez efficace, ce fut enfin sur le visage de la rousse diaconesse que les prunelles noires se posèrent. Le moins que lon pouvait dire, était que les deux femmes ne se connaissaient pas. Et cétait certainement cela qui rendait la bonté et laltruisme dExaltation plus étincelants encore. Face à limpossibilité de célébrer lunion à Notre Dame, la Châtaigne avait semblé plus contrariée encore quAxelle. Oui, à nen pas douter, cette femme recelait en elle les valeurs profondes de ce que la religion devait être, au point même dêtre capable de réconcilier la Casas avec lEglise. Dun sourire doux, les doigts se serrant sur ceux dAlphonse, elle salua lOfficiante poliment. Votre grâce, nous aimons lair frais, mais il fait néanmoins un peu frisquet. Jetant un rapide coup dil dans la nef. Et il serait fort dommage de ne pas profiter et des braseros et des jonquilles au gout de printemps que vous avez eu la gentillesse de préparer. Et relevant un regard vers Alphonse conclut. Nous vous suivons ?
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Le cadeau dAlphonse avait fait mouche. Si dordinaire la gitane ne voyait des robes et autres tissus que lutilité de ne pas se balader à poil, elle avouait sans mal lexception de celle-ci, de par sa légèreté et du rouge soyeux qui claquait dans lair comme un coup de fouet. Mais sans doute aucun, cétait la minutie avec laquelle le Chat avait manigancé sa surprise qui lavait le plus touchée. Amusée de se voir coquette et accrochant à nouveau le bras félin, elle se hissa sur la pointe des pieds pour murmurer à loreille comploteuse.
Fais gaffe Màćka, à me gâter de la sorte, je vais finir en épouse parfaite et vider ta bourse pour une ribambelle de tenues. Dun sourire espiègle, elle déposa un baiser frais sur la joue fiancée avant dajouter dune voix douce. Elle me plait. Et pour qu'une robe me plaise... 'Fin t'sais bien. Merci, merci, merci. Le regard noir dailleurs se posa sur la seconde comploteuse. Quand Axelle avait fait connaissance dAnaon, drapée à la sauvette dun drap de bain telle une statue grecque, jamais la gitane naurait imaginé quau bout des doigts de lemmaillotée se cachait un tel talent pour les travaux de couture. Et pour la danseuse qui ne savait tenir une aiguille sans massacrer ses mains, cétait là une véritable source et détonnement et dadmiration. Suivant le fil du regard de la couturière, ce fut sur le colosse blond que se posèrent les prunelles de geai. Et là, enchâssé dans le vermillon, le cur bohémien fit un bond. Sergueï. Lenvie de lui sauter dans les bras lempoigna avec une telle force quelle en sursauta. Les pas de ces frères et surs choisis ne sétaient plus croisés depuis le Lyonnais Dauphiné, pour ainsi depuis une vie entière. Elle avait tant de choses à lui dire, tant de choses à lui demander, que sans nul doute, la journée y aurait été consacrée. Mais maintenant que les souliers étaient enfilés, quils étaient à sa pointure, et non baillant daise au bout des orteils danseurs, le temps était compté. Aussi, elle prit sur elle de rester sage, mais se promit des retrouvailles dans les règles de lart une fois ses petons libérés de la gangue de cuir fin. La bouche toujours accrochée au lobe pale, la fiancée souffla de rapides présentations.
Lgrand blond, cest Sergueï. Jpourrais passer des nuits entières à tparler de lui et des feux de camps qunous laissions dans le sillage de nos pérégrinations. Comme il semble serein souffla-t-elle pour elle-même alors que son regard se posait sur la femme à ses cotés et sur les petites têtes blondes les encerclant. Cdoit être grâce à eux Dune tignasse blonde en suivit une autre. Le sourire doux qui flânait sur ses lèvres saiguisa. Lui, cest Tynop. Fichtre, faut que jme marie pour parvenir à voir la trogne du frangin! Et Heu Oui Lest blond. Tare quil a héritée dnotre mère et à laquelle jai échappé. Lhéritage paternel à finalement du bon. Ponctua-t-elle dune virgule moqueuse et étrangement détachée des turpitudes que limage du père Casas ne manquait pas de réveiller. En habit chatoyants, cest Bezelius. Dordinaire, son habit est bariolé dcouleurs qui me font perdre la tête, tout comme les notes qui sortent dsa flute quand jenchaine mes pas ddanse. Un clin dil complice à lEgyptien alors quelle ajoutait doucement rêveuse. Lui, ce sont mes nuits que jpeux perdre à lécouter mraconter des récits aussi colorés qusa vêture.
Les invités étaient assez peu nombreux pour que les absences brillent. Et lune dentre elles brillait bien davantage que les deux autres. Le visage gitan, un instant grave dinquiétude, se redressa sur le profil ciselé dAlphonse pour mieux se perdre dans le même élan au gris du sol afin de camoufler une bouche tordue dune égratignure quelle devinait racler le cur flamand.
Allons-y. Coupant court à toute brèche qui pourrait fendiller la journée, la danseuse noua ses doigts à ceux dAlphonse et lentraina dans son sillage coquelicot. Quelques pas suffirent à fendre son visage dambre dun sourire mutin. Sinclinant doucement devant le Prince, un regard espiègle pourtant accroché aux prunelles grises, elle lui glissa sur le ton de la confidence. Me suicider ? Fichtre ! Pas avant davoir débusqué les poules d'Clichy qu'vous semblez cacher avec soin. Cruel qu'vous êtes ! Baissant les yeux pour les relever plein de respect ajouta la pincée dessentiel. Je vous remercie davoir accepté dêtre mon témoin votre Altesse. Des enjeux de cette cérémonie, quelques mots échappés de la bouche princière en avaient souligné toute la compréhension. Dailleurs, il semblait que bien peu de choses néchappent au discernement de Sancte, à tel point que la gitane, malgré ses airs désinvoltes, lécoutait toujours avec une attention aiguisée.
Tournant le museau vers le but ultime du cheminement, la Casas découvrit que celui-ci était accaparé par le Renard qui déjà avait manqué la bousculer. Décidément, ce Goupil semblait pour le moins facétieux ou bien maladroit, lincertitude ne manquerait pas dêtre élucidée. Si cela réjouissait la future épousée, le compte à rebours des souliers ajustés nen avait pas moins implacablement débuté. Dune oreille animale à lautre, ce fut à celle du Renard quelle glissa taquine. Auriez-vous donc besoin des talents dune brodeuse pour la manche d'votre chemise ? Espérant que la diversion soit assez efficace, ce fut enfin sur le visage de la rousse diaconesse que les prunelles noires se posèrent. Le moins que lon pouvait dire, était que les deux femmes ne se connaissaient pas. Et cétait certainement cela qui rendait la bonté et laltruisme dExaltation plus étincelants encore. Face à limpossibilité de célébrer lunion à Notre Dame, la Châtaigne avait semblé plus contrariée encore quAxelle. Oui, à nen pas douter, cette femme recelait en elle les valeurs profondes de ce que la religion devait être, au point même dêtre capable de réconcilier la Casas avec lEglise. Dun sourire doux, les doigts se serrant sur ceux dAlphonse, elle salua lOfficiante poliment. Votre grâce, nous aimons lair frais, mais il fait néanmoins un peu frisquet. Jetant un rapide coup dil dans la nef. Et il serait fort dommage de ne pas profiter et des braseros et des jonquilles au gout de printemps que vous avez eu la gentillesse de préparer. Et relevant un regard vers Alphonse conclut. Nous vous suivons ?
[Un grand merci à JD Anaon pour ce magnifique portrait dAxelle et à JD Alphonse davoir su si bien comploter dans mon dos pour me concocter cette si jolie surprise ;)]
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