Edern
Une taverne pour ses manigances...
À la Résistance.
Citation:Messire,
Je ne sais si cette missive vous parviendra en ces temps troublés.
A défaut de m'avoir rallié à vos desseins, vous avez su éveiller ma curiosité. Et je dois reconnaitre qu'à mon âge ce n'est pas si commun.
J'aimerais entendre plus sur vos projets. Car voyez-vous, je suis moi-même venu en ces terres chargées de douleurs dans le but de la changer en profondeur. Même si ma volonté se porte sur un renouveau de la foi dans ce duché qui a été trop longtemps abandonné à l'hérésie en tous genre.
Si vous voulez reformer un comté il faudra commencer par la base et l'essentiel : l'Aristotélicisme. Vous ne pourrez donner foi en un nouvel avenir, un nouveau pacte entre les Angevins et leurs gouvernants, si ceux si sont perdus spirituellement.
Je ne sais ce que vous recherchez vraiment, n'ai que peu de raison de croire en la sincérité de votre engagement, mais vous souhaitez changer les choses et c'est déjà beaucoup.
C'est pour cette raison que je vous envoi ce pli, sachez que nous sommes au moins deux à vouloir donner une nouvelle prospérité à l'Anjou. A vous de me donner votre vision, que nous sachions si nous marchons dans la même direction ou si nos routes se sépareront aussi vite qu'elles se sont croisées.
Que le Très Haut vous accompagne.
Regort.
La plume reste suspendue au-dessus d'une liste pleine de promesses.
Plongée sur le parchemin. Angers vaut bien une messe...
Citation:À l'homme qui connaît le sens du sacré.
Nul dessein n'est le mien, si ce n'est la volonté de faire germer un gigantesque espoir sur les cendres d'un monde qui n'a cessé de me décevoir.
Mes projets sont simples : une reprise en main rapide des affaires courantes expédiées en catastrophe par la présente administration, une collaboration exemplaire avec l'ensemble des conseillers élus, la victoire à nos frontières, l'affirmation du pouvoir ducal par un coup de poing à la table du Ponant et un coup de pied au cul des Angevins récalcitrants, la mise à plat de toutes nos institutions et l'instauration d'un royaume d'Anjou éclipsant jusqu'aux rayons du soleil levant. Sans oublier le redressement économique par l'impôt, la pérennisation des bonnes pratiques et une étude collective des changements à venir, ainsi que la mise en place d'une coutume digne de ce nom...
Tout ceci reste bien sûr à compléter, étayer et détailler d'ici trois semaines avec le concours du plus grand nombre de votants.
Je me dois cependant de souligner un désaccord avec certains de vos propos : si le peuple s'est éloigné du pouvoir, la religion seule ne l'en rapprochera pas. Paris a abandonné ces terres depuis plus d'une éternité, Rome aussi malgré la joie que vos mots de renouveau causent à mon cur. Vous ne trouverez donc pas en moi un législateur du divin : un conseil ducal ne saurait forcer la foi de ses concitoyens. Ce ne serait qu'usurpation de sa part... je serai donc honnête avec vous en affirmant que la propagation pacifique du message de Christos relève de l'entière responsabilité de l'Église. En revanche, j'estime qu'elle ne pourra avoir lieu en dehors d'un État fort assurant à chacun la liberté de se convertir sans courir de danger. L'Anjou est encore contrée païenne : tant les prêtres que l'ensemble de la communauté aristotélicienne ne doivent ainsi plus se voir menacés dans leur personne et leur croyance comme cela a pu être le cas par le passé. Il n'y a que la paix pour favoriser le dialogue ; je compte bien l'amener en cette terre, qu'elle soit civile ou militaire, contre l'envahisseur français ou la haine qui nous gangrène.
À mon tour de questionner, si vous permettez au profane que je suis de se faire inquisiteur. Outre votre présence conciliatrice, qu'êtes-vous capable d'apporter au gouvernement de cette contrée ? Passée la porte de votre église, vos sermons trouvent-ils à se matérialiser en quelque uvre de chair et de sueur ?
Qu'importe que les réponses me plaisent, vous m'intéressez.
Puissiez-vous parler aux égarés de ce duché !
Le Fou,
Prochain duc d'Anjou.
Liste incomplète...
Plus pour longtemps.
Regort
Angers, sur les remparts.
On vint lui apporter une réponse de ce curieux personnage qui s'annonce comme "Le Fou". Ainsi cet homme était bien réel, l'éphémère rencontre dans une taverne bien vide laissait planer le doute.
A la lecture de la missive il ne put se retenir de sourire. Insaisissable, audacieux, déterminé. Voilà une combinaison qui ne laisse pas indifférent.
La plume à peine reposée après avoir fignolé l'amicale lettre pour Aeline, celle-ci allait de nouveau gratter.
Citation:Pour un homme se faisant appeler le fou, vous avez l'art et la manière de savoir vous faire écouter.
Vous vous demandez ce que je puis apporter au sein du gouvernement comtal et c'est tout à votre honneur. Nul doute que toute prêche non suivie d'action se laisse emportée par le vent, volatile. Hors rien n'est plus concret que de comprendre notre monde à travers La Parole. C'est ainsi que l'homme sage se doit de s'impliquer dans la vie de la cité, et pour cela des connaissances lui sont indispensables. Permettez moi de ne pas vous présenter une liste présomptueuse de capacités que je pourrais revendiquer mais laissez-moi les exprimer dans la réponse que je ferais à vos propositions.
Vous semblez avoir conscience que la situation économique nécessite de ne pas souffrir de considérations électorales quand à l'énergie et les mesures qu'il faudra employer pour redresser le duché. Ne soyez pas dupe, un impôt n'y suffira malheureusement pas. C'est tout un système de gestion qui est à revoir, à remplacer par une économie rigoureuse coordonnée avec les maires. Il faudra trouver où emprunter pour pouvoir affronter la réforme économique. Avant de se baser sur cette réforme pour donner un nouveau cap financier sain pour le duché. Redynamiser l'économie par un commerce fort entre les villes et avec les voisins. C'est en impliquant tous les acteurs économiques, je dirais même tous les angevins que vous avancerez. Voyez, l'économie est un domaine qui m'est tout aussi familier que la théologie. Je pourrais en parler encore longuement mais cela m'éloignerait du propos général. Il y a un temps pour tout.
Avant d'aller plus loin à mon tour de répondre à ce que vous n'avez encore posé. Je vous ai demandé quel projet vous souhaitez porter pour l'Anjou. Cependant je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps s'il s'avérait que ma vision du renouveau se trouvait incompatible avec la votre. A vous de me dire si celui-ci vous convient.
Laissez-moi vous conter l'avenir que j'espère pour ce duché.
Dans mon imaginaire l'Anjou est un champ de blé. Depuis longtemps, si longtemps, trop longtemps, plus aucun homme ne prit la peine de s'en occuper avec attention. Au fil du temps, les moissons s'amenuisèrent et aujourd'hui seul quelques pâles épis sortent encore de terre. Ces terres sont en jachère. L'économie n'en porte que le nom, les halles semblent plus désertes que les dunes ensablées où Christos fut éprouvé par le sans nom. Les quelques fidèles Aristotéliciens trouvent porte close à leur Église. L'armée angevine se nomme traité de défense du ponant. La politique s'appelle tractations en sous mains et prises du château.
Alors si nous voulons y planter quelques chose il va falloir labourer. Jeter par delà la parcelle les gros cailloux, faire respirer cette terre qui a durci et ne serait plus bonne à combler un fossé. Pour faire respirer cette terre il faut de l'espoir. L'espoir d'un nouvel élan. Et pour que vive l'espoir il faut casser le carcan enfermant l'Anjou. Pour semer un pouvoir comtal fort il faut que ce dernier ait une légitimité. Quelle légitimité a aujourd'hui le conseil ? Elu par les angevins oui, mais sans aucun débat. Avec des listes montées dans le coin d'une taverne, sans qu'aucun nouvel acteur y prenne part. Une élection sans débats ni programme donne une légitimité ne tenant qu'à un fil. Hors ce fil ténu peut être rompu par le caprice d'une famille. Quel espoir donner dans ce régime ?
Oui il faut labourer pour remuer tous ces angevins qui ont préférer se murer dans le silence que de s'investir pour ce rendre compte qu'ils semaient vainement sur de la terre qui n'était point arable. Qu'on leur rende la parole, leur donner les moyens d'être une force de proposition et non une simple troupe d'exécution. Il y a des viviers de talents prêt à relever le pari, mais personne ne leur tend la main, au contraire. Ce constat est aussi vrai pour ces Aristotéliciens qui ne trouvent aucun prélât pour les baptiser que ces hommes et femmes ne demandant qu'à se mettre au service de leurs terres qui ne reçoivent que mépris. Redonner droit de cité au citoyen est un préalable à tout projet novateur.
Une fois labouré il faudra semer. Et une bonne semence commence par bien choisir ses graines. Puis il faut les semer équitablement, que chaque parcelle reçoive son dû, sa poignée de graines. Que chacune puisse germer et que les épis aient la place de grandir et s'épanouir. Parmi ces graines pour moi il faudra comme je l'ai dit prendre une économie saine. Également il faudra y faire germer l'Aristotélicisme. Mais je vous rejoins, ce n'est pas la place du pouvoir comtal, qui doit garantir la place du culte mais ne pas l'implanter à marche forcée. L'Amitié Aristotélicienne a besoin de temps et ne s'implante jamais si elle est apportée par la contrainte.
Y planter un nouveau contrat oui. Vous parlez d'indépendance, je ne sais si c'est ce qui sied ici en ces circonstances. Mais en tout cas oui, il faut créer un nouvel équilibre politique, avec une véritable participation ouverte à tous. Et pour que tout ceci puisse germer, il faudra renouveler l'armée et la diplomatie. Que l'Anjou se dote des moyens de son existence. Qu'elle ne dépende plus que du bon vouloir de ses alliés. Il faut réformer mais je dirais même re-former l'Anjou. Je crois que les atouts du duché sont réels mais abandonnés. Il est vrai qu'entre une allégeance à la couronne vacillante de France, qui n'a jamais respecté ses devoirs de suzerain et la dépendance à ses alliés le duché ne peut trouver sa place.
Enfin le duché pourra alors grandir et prospérer. Une nouvelle génération angevine pourra prendre part au débat, pourra prendre en main leur avenir. Et l'Anjou sortira de ses cycles ternes pour progresser. Une moisson de talents sortira de terre pour repeupler et rassembler l'Anjou.
Voilà tout le bien que je souhaites à l'Anjou, et vous ?
Regort
Expédier les missives au plus vite, l'une n'a que trop attendu, l'autre appelle de promptes réponses.
Mmelamarquise
Durtal, au petit matin du 12 octobre de l'an 1459.
La nuit avait été courte, mais se réveiller à ses côtés n'était que bonheur.
Mais comment pouvait-on à la fois vivre des temps ci durs et ci doux ? Marquise avait parfois l'impression de passer sans cesse du rêve au cauchemar, sans jamais se réveiller.
Vraiment, la vie prend parfois des tours surprenants.
Heureusement, certains repères persistent. Et les cris des enfants qui l'appellent, le matin, en font partie. La baronne arbora son plus beau sourire et entama sa journée.
Comment s'habiller ?
Les enfants ont-ils mangé ?
La nuit a-t-elle été calme ?
Qui va au marché ?
Des nouvelles du front ?
Doit-on acheter des veaux ?
Le précepteur est-il arrivé ?
Y a-t-il du courrier ?
Oui.
Citation:Madame la Marquise,
Plutôt que de tourner autour du pot électoral, je vous écris pour trois raisons : je nourris d'immenses espoirs pour l'Anjou, j'ai besoin de personnes fiables et compétentes pour travailler à ce projet, et d'après ce que beaucoup m'ont dit, vous êtes une personne fiable et compétente.
Vous convaincre, à présent.
Je ne suis pas certain que vous souhaitiez que je développe directement un argumentaire général sur l'ensemble des points d'un programme qui n'est pas encore totalement arrêté. Aussi, parlons de la plus profonde de mes convictions : l'indépendance angevine ne sera pas le résultat d'une simple décision administrative mais le fruit d'une unité retrouvée entre des institutions soudées et le peuple martyrisé qui souffre aujourd'hui de l'apathie et de la guerre. Je me propose de construire avec tous ceux qui le voudront pareille relation de confiance qui fait la beauté et la puissance d'un duché. Ouverture constructive au débat, fermeté dans les décisions et exemplarité dans l'exercice du pouvoir seront les trois mamelles de notre action... nous avons tous à y gagner.
Intéressée ou non, toute question est naturellement la bienvenue.
Cordialement,
Le Fou.
Le Fou... L'Anjou avait-elle vraiment besoin d'un fou à sa tête ?
Marquise s'installa confortablement dans un fauteuil et se perdit dans ses pensées.
Après tout, si ceux qui sont sains d'esprit sont aussi ceux qui ont déclenché cette guerre, pourquoi un fou ne pourrait-il pas ramener la paix ?
L'indépendance... Ce mot avait le don de la ramener en 1454, ou 1455. Qu'en penserais-tu Gigi la despote ?
M'enfin, rien n'empêchait de répondre !
Citation:Messire,
Je suis flattée d'apprendre qu'on vous parle de moi en des termes si respectueux. Et je vous remercie de m'avoir écrit. Votre plume est d'ailleurs très agréable à lire.
On m'a aussi parlé de vous. On m'a dit qu'une Vicomtesse disait du bien de vous. C'est déjà ça.
Toutefois, on ne se connait pas, et j'aimerais commencer par me présenter. Mon nom est Marquise. Je vis à La Flêche depuis toujours. Si par "fiable" vous entendez "fidèle à l'Anjou", alors n'ayez aucun doute à ce sujet. Je n'ai aucune autre attache, et, comme on dit chez moi, j'ai La Flêche en plein cur. D'autre part, je veille à ne pas prendre d'engagement que je ne pourrais tenir. En ce qui concerne mes compétences, elles ont été reconnues dans le domaine de la communication, dans l'organisation de débats. Je connais aussi les différentes ficelles de l'économie du Duché et ai déjà occupé presque tous les postes ducaux. En revanche, je suis incompétente en commerce et dans le domaine militaire, je préfère le dire tout de suite.
Ma première question sera donc : et vous ? Qui êtes-vous exactement ? Quelles sont vos expériences ?
Ce sera même peut-être ma seule question.
Des programmes électoraux, j'en ai lu des dizaines. Et pas un seul n'a vraiment été appliqué. Pas un seul. Le mode de scrutin l'empêche. Toutefois, cela ne signifie pas qu'aucun Conseil Ducal n'a été efficace. Il y en a même eu d'excellents : ceux qui avaient un bon Duc... Ou une bonne Duchesse ! Les programmes servent à réfléchir en amont, à faire émerger des idées, et à distinguer des tendances. Les détailler m'amusent souvent. Mais ce ne sont pas eux qui me dictent mon vote, plus depuis longtemps.
Alors, serez-vous disponible plusieurs heures par jour pour nous guider vers l'Anjou dont vous rêvez ? Saurez-vous être clair dans vos directives ? Et saurez-vous toutefois déléguer ? Écouter ? Rallier vos opposants à vos idées ? Saurez-vous être présent pour le peuple, vos conseillers et vos alliés à la fois ?
Pour le reste, les décisions politiques et autres, je pense que nous aurons tout le loisir d'en discuter si vous alliez toutes les qualités précitées.
Je dois vous dire que j'ai déjà refusé de rallier une liste à ces élections car, malgré toute la bonne volonté de son meneur, je ne connais en Anjou qu'une seule personne en qui je mettrais toute ma confiance. Mais elle ne monte pas de liste, elle fera partie de la vôtre. Elle m'a convaincue que je gagnerai à vous connaitre.
Dans l'attente de votre réponse, Messire, recevez mes salutations distinguées.
La baronne cacheta sa lettre et la rangea avec d'autres de ses affaires, prévoyant de la faire porter par un Flêchois volontaire : le village n'en manquait pas._________________
Marquise, Baronne de Durtal
Edern
Scritch, scritch.
Citation:Au futur conseiller ducal,
Je partage l'intégralité de votre constat et accueillerai avec enthousiasme toutes les propositions que vous ferez...
Si cela ne sera pas suffisant, l'afflux d'écus se révèlera évidemment nécessaire au financement de cet Anjou rêvé.
Il est venu le temps du prêche électoral !
Le Fou.
Deux lettres pour gagner leur confiance...
Citation:Madame la Marquise,
Qui je suis ? Ce que ce pays a besoin que je sois. Je n'y suis pourtant pas né, et nombreuses sont les routes que j'ai déjà marquées de mes pas ; ce parchemin ne suffirait pas à en recenser la moitié. J'ai gravi des montagnes plus hautes que les nuages, marché aux côtés de créatures oubliées, navigué en des eaux dont l'esprit ne soupçonnerait même pas l'écume. J'ai aperçu la réalité et découvert à quel point elle était mouvante. Je suis exactement le reflet de ces flots troublés...
Mon expérience du pouvoir est à la fois relativement courte et extrêmement longue. Courte, parce que je n'ai jamais officié en Anjou que l'an dernier à titre de porte-parole et de chambellan, me mobilisant parfois sur des projets très précis - la construction du port d'Angers, par exemple - ou tentant plus largement d'assainir nos relations avec l'Alliance du Ponant, voire d'apaiser un conseil ducal déchiré par des haines ancestrales. Longue, parce que je connais l'orgueil des hommes et les nombreuses façons de s'en accommoder : il n'est en ce monde aucun puissant, aucun paysan à qui je ne sache parler.
Tout programme n'est que pistes à explorer, je vous l'accorde. La fréquence des élections empêche effectivement la tenue du travail de fond nécessaire à son application. C'est pourquoi mon plan d'actions - le nôtre ? - contient un élément qui sera à même de permettre à l'Anjou de se projeter efficacement dans l'avenir : l'instauration d'une royauté angevine, donc l'introduction d'une plus grande stabilité et d'une certaine cohérence dans la politique générale du nouveau royaume. Quant à ma disponibilité future, la réponse est évidente : me présenterais-je si je n'étais pas convaincu de pouvoir officier en tant que duc ? Toutes les têtes de liste vous répondront ainsi, qui trahissant la vérité, qui se donnant les moyens de son engagement. Je ne peux en cela pas faire plus que me reposer sur la sincérité dont, peut-être, vous me créditez.
Enfin, le portrait que vous dressez de votre personne confirme l'intuition qui a présidé à l'envoi de mon précédent courrier. Si d'aventure vous acceptiez de vous joindre au collectif que j'ai l'honneur de conduire, il me faudrait préciser une chose que vous comprendriez certainement étant donné que vous n'êtes pas ravagée par cette soif de pouvoir qui caractérise trop de politiciens. La priorité dans un duché ruiné et en guerre est à la victoire et au redressement économique : devront d'abord être élus des conseillers immédiatement capables de s'y engager, dont notre connaissance commune. Bien que je l'ambitionne, je ne suis donc pas en mesure de garantir votre élection comme peuvent le promettre d'autres listes. Ceci dit, le nombre de postes que la Confédération obtiendra importera moins que la portée des débats que ses membres devront initier. La parole est aujourd'hui trop rare pour être négligée...
Quels que soient les résultats électoraux, je serai heureux de pouvoir compter sur la vôtre.
Amicalement,
Le Fou.
Deux semaines pour retourner la tendance.
Mmelamarquise
Durtal, le lendemain soir.
Il n'était pas né en Anjou...
Il a été au Conseil Ducal l'an dernier...
Surtout dans la communication, la diplomatie...
Il sait parler à tous...
Une royauté angevine...
Réponse évidente...
Sincérité...
Ne peut garantir l'élection...
La parole...
Amicalement ?
Vraiment, il écrivait bien.
La baronne prit sa plume et se concentra pour rédiger une réponse à la hauteur.
Citation:Messire,
Permettez-moi d'abord une question. Si vous nêtes pas né en Anjou, quest-ce qui vous y a amené ? Ou quest-ce qui vous fait y rester ? Je vous ai dit que j'avais La Flêche en plein cur, je pourrais ajouter que j'ai l'Anjou dans le sang. Mais vous ? Pourquoi vous apprêtez-vous à consacrer toutes vos journées à ce Duché qui ne vous le rendra peut-être jamais ?
Vous m'assurez votre disponibilité et vos compétences en diplomatie, je vous crois. Je voulais seulement attirer votre attention sur l'énergie considérable à déployer pour faire se mouvoir ce Duché. Des Angevins convaincus s'y sont cassés les dents. Préparez-vous.
Vous parlez de "royauté angevine". Ces mots sont forts. Ils me laissent imaginer une élection d'un "roy", pour une durée de six mois peut-être, qui garantirait la continuité entre les conseils ducaux élus bimensuellement. Un "roy" avec un droit de veto peut-être... Est-ce ce à quoi vous pensez ? Mais en quoi cela règlera-t-il notre position inconfortable entre le Royaume de France et le Grand Duché de Bretagne ? Cela changera-t-il notre façon de fonctionner au sein du Ponant ?
Une chose est certaine, vous avez éveillé ma curiosité, mes questions sont plus nombreuses cette fois-ci. Je serais ravie de vous rencontrer pour discuter de tous ces sujets plus en profondeur. Toutefois, je ne peux encore vous assurer mon soutien. Mais dans cette hypothèse, je vous le confirme, je ne cherche pas particulièrement à siéger au conseil ducal, seulement à être utile, à servir les Angevins.
Merci donc de me préciser le lieu où nous pourrions nous rencontrer.
Cordialement,
_________________
Marquise, Baronne de Durtal
Edern
Halte andégave, dernière pause citadine avant le lancement de la campagne...
Citation:Madame la Marquise,
Pourquoi ? Parce que sous la poussière, l'Anjou est une toile blanche qui mérite un pinceau extraordinaire.
Alors oui, des Angevins convaincus s'y sont peut-être cassés les dents...
Mais je ne veux être qu'un Angevin convaincant.
Le royaume m'est connu, les modalités du choix et du pouvoir de son régnant ne me le sont pas encore. C'est un des nombreux chantiers qu'il faudra initier avec les forces vives du duché dès que nous disposerons d'un minimum de répit à nos frontières. Dans tous les cas, la royauté devra unir et arbitrer, symbole populaire d'un Anjou nouveau qui ne laissera pas ses institutions s'attribuer le monopole de l'utilité.
La déclaration de notre indépendance n'a aucune chance d'améliorer à court terme nos relations avec Paris ; elle mettra un terme à une situation ambiguë qui n'a que trop duré malgré les timides tentatives de rupture dues au présent conflit. L'Anjou n'est plus française depuis des années et ceux qui le savent n'ont pas osé en prendre acte. Du jour où il sera reconnu par tous nos voisins que les Angevins n'obéiront jamais à d'autres dirigeants que les leurs, nous n'aurons plus à nous soucier de l'inconfort qu'il y a à prêter allégeance à une couronne combattue par ailleurs...
Concernant la Bretagne, elle est notre alliée et notre amie, gardons-le bien à l'esprit. Nous ne pouvons cependant pas nous défaire de la tyrannie parisienne pour nous engluer dans un protectorat armoricain, aussi doux et rassurant soit-il. Il ne tiendrait d'ailleurs guère longtemps, tant la fraction ignorante du peuple breton s'exaspère de payer continûment pour notre défense. En cela notre responsabilité est immense, puisqu'un Anjou puissant forcera le respect de nos ennemis et renforcera la sécurité de nos alliés. Au sein d'un Ponant brouillon et asymétrique, nous ne pourrons nous contenter de rétablir l'équilibre diplomatique. Nous devons avoir l'ambition, réfléchie et concertée, de le diriger...
Je fais route pour la Flèche, nous aurons bientôt tout le loisir d'en discuter.
Le Fou.