[RP] 4 rue du lac ... Chaumière d'Amy, Kory et Baudouin

Baudouin.

[Départ pour la grande aventure]

Il avait besoin d'en avoir le coeur net. Savoir si oui ou non c'était vrai. L'idée avait germé sans crier et gare et puis, il s'était dit qu'Amy refuserait mais comme on ne risque jamais rien à demander, il avait proposé à la jeune femme et, contre toute attente, elle avait accepté.

C'était décidé, le vieux soldat emmènerait sa fille sur les routes du Royaume, à la découverte du monde. Saint Noël aurait-il oeuvré pour lui suggérant à la brune Dehuit de lui dire oui? Qui sait... Noël cache toujours bien ses miracles.

Quoi qu'il en soit, ecapuchonné dans une chaude cape de laine noire, il avait scellé la monture de sa fille et installé leurs besaces sur la croupe de la bête. Le voyage serait long, il ferait froid, mais ils seraient ensemble et ça, c'était le plus important.

Il sentait l'inquiétude dans le regard d'Amy et la petite Dwen était excitée comme une puce. Après que l'enfant soit confortablement installée, il attira la jeune femme contre lui et l'embrassa avec tendresse.

N'aie crainte Amy, je veillerai bien sur elle et nous t'écrirons souvent, c'est promis. Ainsi, tu sauras tout ce qui nous arrive.

Derrière la porte de la grange: l'inconnu, l'incertain, l'ivresse des grands chemins, il n'en doutait pas, sa fille était faite du même bois que lui, elle aussi aurait cette passion au creux de l'âme.

Il lança un regard et un sourire de gratitude à Amy et poussant la porte, il entraîna la monture dans le froid hivernal.

Les dés étaient jetés.
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Amarante.

Quatre jours ... Quatre jours qu'ils étaient partis et elle n'avait encore rien reçu. Quatre jours et pas un mot ...

« ... Nous t'écrirons souvent »

Qu'il avait dit ! Pour elle souvent c'était tous les jours. Elle ne savait même pas où il l'emmenait ... Elle ne dormait plus et ne mangeait plus. Trop inquiète ...

Et si elle ne la revoyait plus ? Et s'il lui avait enlevé ? Pourquoi n'écrivait-il pas ? Elle était morte d'inquiétude. Mais pourquoi avait-elle dit oui ?

Elle était là, désespérée, mais elle n'avait plus aucune envie de se battre. Après tout qu'était-elle pour lui à part la mère de sa fille ? Rien ! Lui était tout pour elle, mais elle se battait contre des moulins à vents et là, elle n'avait plus envie. Elle rendait les armes ...

Déjà passer la Sainte Noël seule avait été un déchirement et elle avait attendu autre chose de sa présence à Sarlat. Enfin présence c'était vite dit ... Comme la présence d'un fantôme qu'elle ne voyait jamais. Elle n'appelait pas ça une vie de couple, car rien n'avait vraiment changé de quand elle était seule avec sa fille ...

Si lui retrouvait l'envie de vivre, elle, la perdait à petit feu ... A quoi bon après tout ...

Tel un zombi, elle allait au lac et revenait dans sa chaumière, froide, sombre et sans vie. Les volets étaient fermés et la cheminée éteinte. Un froid glacial envahissait la petie chaumière.

Sans un bruit, elle allait se coucher dans la chambre de sa fille.

Kory ...

Allongé sur la petite couche, elle laissa couler sans les retenir, les larmes sur ses joues et elle resta là jusqu'au lendemain.
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Amarante.

Nuit entre le cinquième jour et le sixième.

Elle ne dormait pas, somnolant tout au plus, plus épuisé par ses larmes intarissables que par une réelle fatigue. Elle avait froid, mais elle en avait cure. Elle tenait un des jouets de bois de sa fille, pressé contre son coeur. Ses yeux la brûlaient, rougit et gonflés. Elle était à ce moment précis, au fond du gouffre du désespoir et rien ou presque ne pourrait l'en sortir ...

Barricadé dans sa petite chaumière fermée à double tour, elle réalisa après un certain temps qu'il y avait un petit grattement sur un des volets. Pensant que c'était quelqu'un qui venait la voir, elle ne répondit pas et elle s'enroula même un peu plus en boule, tournant le dos à la fenêtre comme si cela allait empêcher le bruit.

Patiemment le pigeon attendit dans le froid, roucoulant et ramassant sur le sol ce qu'il pouvait trouver, remontant de temps en temps sur le bord de la fenêtre, qu'enfin on lui ouvre et sa patience fut enfin récompensée, quand la jolie brunette réalisa qu'il s'agissait d'un oiseau qui grattait comme ça. Elle se leva difficilement, chancelante et sans force. Prenant une chandelle qu'elle alluma, elle ouvrit la porte, sortie dans le froid et fit le tour pour enfin voir le petit messager qu'elle prit délicatement dans ses mains.

Chargé de son petit fardeau, elle entra de nouveau dans cette chaumière sans vie, froide et sombre. Elle referma la porte machinalement à clé, posa la chandelle sur un buffet, prit une petite boite de graines et posa le volatile sur un petit perchoir. Elle lui donna quelques grains et le débarrassa enfin du vélin. Reprenant la chandelle, elle alla s'asseoir sur un des fauteuils et déroulant le parchemin, ses yeux douloureux parcoururent les mots ...

C'était enfin un courrier de Baudouin. Après tout ce temps, il se décidait enfin à lui donner des nouvelles. Son coeur battit de soulagement. Ils étaient à La Rochelle, ils allaient bien et elle en remercia le Très Haut mentalement en fermant les yeux. Elle reprit ensuite sa lecture et plus elle lisait et plus son coeur se serrait douloureusement si tant est que ce soit possible.

Ils étaient au bord de la mer, alors qu'elle était ici à ce morfondre. Ne lui était-il pas venu à l'idée, qu'elle aussi, aurait aimé revoir cette immense étendue bleue qui lui manquait tant ... Et qu'allait-il faire en Anjou ? Qu'il aille à Mortagne chercher ses affaires, elle aurait compris, mais en Anjou ... Et pire que tout, douleur ultime, il allait en Bretagne et sans elle. Il retournait là-bas alors qu'elle aurait tant aimé y retourner elle aussi. Revoir la baie de Saint Brieux et surtout, surtout, pouvoir aller se recueillir sur la tombe de son frère ... Mais comme à chaque fois, il se moquait bien de ce qu'elle pouvait vouloir ...

Oh il pouvait la remercier pour ce cadeau oui, il pouvait s'en réjouir oui, mais elle, elle en était très affectée, plus qu'elle n'aurait cru. Que répondre à cela ? Elle qui avait le coeur brisé en plus de morceaux qu'il était imaginable. Seul le baiser de sa fille lui réchauffa un peu le coeur. Elle lui manquait terriblement et elle regrettait amèrement d'avoir accepté, elle voudrait la serrer tout contre elle à ce moment précis, entendre son rire et même ramasser son mantel sur le sol lui manquait ...

Elle froissa le parchemin, sans colère, mais de déception et d'écoeurement puis le jeta sur le sol, de nouveau en larmes, source intarissable. Il ne voulait pas d'elle, c'était maintenant évident, bien qu'au fond d'elle-même, elle le savait déjà, sinon il lui aurait proposé de les accompagner. Il savait pertinemment qu'elle aimait la mer et elle aussi était bretonne jusqu'au tréfonds de son âme et elle n'avait jamais refusé de partir avec ou sans lui.

Cet instinct d'exploration, ils n'étaient pas les seuls à l'avoir, mais de cela, il en avait cure. Si elle disparaissait maintenant, si elle quittait ce monde maintenant, elle était persuadée qu'il en serait même très heureux. Il aurait sa fille pour lui tout seul et elle ne serait plus une gêne pour lui. Plus de reproche en ce qui concernait la Rose, plus de reproche sur ses absences incessantes.

De toute façon, pour lui, elle n'avait jamais compté. Juste un tampon qui avait amorti la trahison de Cerdanne. Pourtant elle avait cru en ses belles paroles, douces, mielleuses mais aussi empoisonnées et qui se distillaient encore dans son sang, dans son corps et dans son âme, parce qu'au fond d'elle-même, elle l'aimait comme jamais, quitte à en mourir ... Elle souffla la bougie et se retrouva de nouveau dans le noir. Elle ne répondrait pas tout de suite, il n'y avait rien à répondre dans l'immédiat et elle n'avait pas la tête à cela. Elle verrait cela quand il ferait jour et même si elle ne répondait pas, elle était sure qu'il ne s'en apercevrait pas ...
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4 rue du lac ... Chaumière d'Amy, Kory et Baudouin

Amarante.

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Korydwen.

['voir mâma !]

Elle tenait pas en place, Kory. Elle partait à l'aventure avec son papa !! Alors, déjà, partir à l'aventure toute seule dans la ville, elle adorait ça, mais là, ils allaient visiter plein de nouvelles villes et découvrir tout un tas de nouvelles cachettes jamais découvertes ! Et puis, surtout, c'était avec son papa, bah oui, quand même hein...

Toute gentille, pour changer, elle se laissa habiller par sa maman. Même pas besoin de batailler pour lui faire enfiler son bonnet, c'est pour dire - oui parce que Kory, les bonnets, elle aime pas ça du tout, en fait.

{ Tu seras sage avec papa mon ange hein ?! }

Saze Ko'y mâma ! 'venture pâpa ! 'ventuuuuure !

Bah oui, elle tient pas en place, on vous a dit.

Elle se laissa ensuite guider à l'écurie, mais, pour tout dire, on aurait pu se demander si ce n'était pas elle qui guidait sa maman, tellement elle essayait de trottiner vite, toute pressée qu'elle était de partir en exploration avec son papa.
Sa maman lui expliqua que même si elle était pas à côté, elle allait être dedans elle, et qu'en plus elle lui donnait son foulard en souvenir. Elle était pas certaine de tout comprendre, là, Kory, et le sérieux ambiant la calma un peu, d'un coup. Elle hocha la tête, bouche à moitié ouverte, et fit un gros câlin à sa maman avant de se retrouver installée sur le cheval.

L'aventure, Kory elle adorait ça, en plus, là, elle était avec son papa !
Le soir, peut-être, ou le jour d'après, elle allait comprendre que sa maman ne les accompagnait pas et qu'elle n'allait pas la voir avant un certain temps...
Pour le moment, tout allait un peu trop vite. Et puis, elle partait à l'aventure avec son papa, quoi !
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Korydwen.

Korydwen regardait sa mère intensément. Elle voulait savoir pourquoi son père n'était pas avec elle comme les autres enfants du village. Sa maman se baissa pour être à sa hauteur, c'était bien ça quand elle se baissait, ça évitait de lever les yeux et de se faire mal au cou. Retour à la case départ pour la cape qui reprit sa place sur ses petites épaules et elle râla parce qu'elle ne voulait pas, elle avait chaud.

Mâma veux pas cape ! Chaud !

Petit caractère colérique qui se calma quand la voix de sa maman se fit entendre.

Je sais mon ange que tu aimes papa et lui aussi il t'aime très fort ... Kory ! Je ne sais pas quand papa va revenir te voir ... Tu vois, ton papa travail très loin et ...

Ah bin voilà, elles sortaient dehors pour s'installer sur le banc. Propulser sur ses genoux de sa mère, Korydwen se blottit contre elle, mettant dans sa bouche le bout de son doudou le plus abimé. Commença alors une longue explication qu'elle essaya de comprendre du mieux qu'elle pouvait.

Tu vois ton papa et moi on s'est aimé, avant ta naissance ...

« Aimé ?! Ils s'aiment pu ayors ? » Elle releva ses yeux sur sa maman sans comprendre pourquoi ils ne s'aimaient plus, mais ce n'était pas fini ! Tout ça s'était arrivé avant sa naissance ?!

Quoi passé mâma ?

Bon, elle poserait la question à son père quand elle le verrait ! Et pourquoi il travaillait loin ? Les autres papa travaillaient dans le village alors pourquoi pas lui ?!

Mâma fait quoi pâpa ?! Peut pas faire ici cravail ?!

Bon sang que les grands étaient compliqués, mais en attendant, Korydwen n'avait pas son papa elle ! Et hop le moment câlin venait de prendre fin et elle n'avait pas toutes les réponses à ses questionnenements. Maman éludait, elle le sentait bien. Pas si aveugle que ça la petite Kory !

Il reviendra mon ange, n'en doute pas.

Oui bin c'était facile de dire ça. Mais quand ? Parce qu'elle voulait le voir, mais maintenant !

Mâma ! Veux voir moi tout suite pâpa !

Petit coup de pied frapper sur le sol. Elle avait décidé ça et elle ferait la vie à sa mère tant qu'elle n'aurait pas vu son père. Il était là quand il faisait nuit, alors il ne devait pas être si loin que ça !
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Amarante.

[Jour du départ !]

Baudouin lui avait fait une drôle de demande la veille au soir. Il aurait pu s'y prendre un peu plus tôt parce qu'il l'avait quand même prise au dépourvu sur ce coup-là. Une grande faveur à lui donner qu'il avait dite. Pour sûr que là, c'était vraiment une énorme faveur qu'il lui demandait et pas des moindre. Partir avec leur fille ...

Elle savait bien que depuis un certain temps ... En fait depuis ce jour tragique, il n'était plus tout à fait le même et elle avait bien vu qu'il commençait à tourner en rond. Elle allait perdre son palefrenier à l'auberge de Lyly, mais si ce petit voyage avec leur fille lui ramenait l'homme qu'elle avait connu en Bretagne, alors soit, qu'il parte avec son ange.

Si ce petit sacrifice lui faisait du bien, alors elle était prête à le faire ...

Kory ?! Mon ange viens voir maman !

Elle avait préparé un petit baluchon et une petite sacoche qu'elle allait lui donner. C'était la première fois qu'elle se séparait de sa fille et elle avait une boule dans le ventre qui lui trifouillait les entrailles ...

Elle lui enfila son mantel, lui mit un bonnet de laine sur la tête, des gants aussi en laine et une écharpe bien chaude. Ce n'était pas la saison idéale pour partir, mais c'était ainsi.

Tu seras sage avec papa mon ange hein ?! Et si tu as froid tu lui dis surtout ...

Elle caressa le petit visage de sa merveille, les larmes aux yeux qu'elle refoulait le plus possible. Elle ne s'était jamais séparée de sa fille et ce moment était très dur pour elle. Elle la prit ensuite par la main et l'emmena a l'écurie où se trouvait Faran. Baudouin l'avait sellé. Elle avait insisté sur le fait, qu'elle ne voulait pas que Kory marche par ce froid et le cheval restait encore le meilleur moyen pour voyager en hiver. Et puis, elle s'inquiétait aussi pour Baudouin qui n'était plus de prime jeunesse ...

Tiens mon ange, je te donne mon foulard. Il te fera penser à moi ... Mais tu sais, même si je ne suis pas là à ton côté, je reste ici ma puce.

Elle posa sa main là où se trouvait son petit coeur, puis enlevant le foulard qu'elle portait pratiquement tous les jours autour de son cou, elle le mit dans la sacoche où sa princesse mettait ses poupées.

Je le mets avec Linon, elle le surveillera ...

Elle déposa enfin un baiser sur le front de sa merveille, la serra très fort contre elle et la souleva enfin pour l'installer sur la selle. Elle regarda Baudouin monter ensuite, elle s'approcha d'eux et posa sa main sur le bras de son Ours ...

Prends soin d'elle Amour ... Soyez prudent et écrivez moi tous les jours ... Je vous aime ...

Retenant ses larmes, elle les regarda ensuite s'éloigner doucement. Elle leva la main pour leur faire signe et ils disparurent de sa vue quand ils franchirent la porte du rempart ...
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Amarante.

[Le pain n’est pas meilleur ailleurs …]

Elle avait voulu faire plaisir à sa belle-soeur, elle avait tout vidé et même rendu les clés de la maison à Sandreen et tout ça pourquoi ? Pour revenir à son point de départ ... « Tu verras Ventadour c'est chouette » Mouai ! Tout dépendait du sens du mot chouette ... Ville complètement morte avec une ambiance à faire peur ...

Enfin, elle s'en était doutée un peu, mais c'était dit que cela avait peut-être changé ... Et bien non !! De pire en pire, village à éviter, à contourner, à ne pas s'approcher du tout ... Elle irait, peut-être ... Peut-être hein, mais juste pour rendre visite à son frère de temps en temps ...

En attendant, elle était bien contente de retrouver sa petite maison près du rempart. Les meubles avaient été replacés là où ils n'auraient jamais dû être enlevés et Kory avait retrouvé ses marques. Tout allait pour le mieux ... Enfin presque ... Baudouin était là, mais il n'allait pas très bien ... L'âme en peine ...

Elle finissait de ranger quelques affaires quand un pigeon arriva sur le bord de la fenêtre. Elle le libéra en prenant le vélin et une clé accrochée à son cou, puis parcouru le petit parchemin. Haussement de sourcil incrédule ... Ce vélin était de Lyly et elle lui demandait de s'occuper de son auberge ???!!! Mais enfin, elle n'y connaissait rien Ramponneau. Ah bin, elle en avait de bonne ! Et puis quelle idée de partir alors qu'elle était enceinte ... Bien une Bleizhmorgan tiens ...

Elle posa ce qu'elle était en train de faire, laissa un mot pour son amour sur la table ...

Amy a écrit:

Baudouin, Amour !

J'ai reçu une missive de Lyly et elle me demande de m'occuper de son auberge le temps de son voyage. Je vais là-bas avec Kory, si tu veux viens nous rejoindre à « La dame de Coeur ». J'aurais certainement besoin de tes compétences dans certains domaines ...

Je t'aime Amour
Amy

... Puis prenant leurs capes chaudes, elle appela sa fille ...

Kory !!! Viens mon ange, on doit aller à l'auberge de tatie Lyly
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Baudouin.

Depuis quelques temps, il jouait au fantôme. Apparaissant, disparaissant. Il avait trop besoin de solitude et de réflexion pour imposer en plus, ses états d'âme à Amy et à son adorable Kory. Le petit mot d'Amarante l'avait soulagé. Ainsi, il pourrait aller et venir entre leur petite maisonnette et l'auberge, profitant de ses instants de solitude et retrouvant un peu de sociabilité là où l'enfant et sa mère se trouvaient. C'était finalement aussi bien.

Il passait donc des jours paisibles à faire quelques réparations dans la demeure et à prêter main fort à Amy à l'auberge, autant que faire se peut.
Malgré tout, il sentait l'appel de la route et puis, bientôt, il lui faudrait retourner à la Rose Noire et reprendre son travail. Cependant, il voulait profiter au maximum de sa fille et, petit à petit, réapprendre à vivre avec Amarante.
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Baudouin.

Amarante.

Plusieurs jours qu'elles étaient rentrées dans leur chaumière. Plusieurs jours qu'elles avaient repris leurs petites habitudes, mais un soir, surprise, Baudouin était passé les voir. Comme il n'avait pas prévenu, sur le coup, elle était restée sans voix et c'était le coeur battant qu'elle l'avait fait entrer.

Cela faisait des mois qu'elle n'avait plus de nouvelle et elle ne cherchait pas à en avoir. En deux ans, ils avaient dû se voir à peine trois fois et elle se demandait s'il aimait vraiment sa fille pour venir aussi peu, mais là, elle ne s'était pas posée plus la question et quand il lui avait demandé d'embrasser Kory pour lui, elle l'avait invité à venir la voir, même s'il était déjà très tard ...

Elle avait alors réveillé Kory et ils avaient passé une bonne heure ensemble jusqu'à ce que la petite tombe de sommeille. Kory avait alors profité de son père qui lui avait donné une petite poupée de chiffon avec une tête en bois sculpté de ses mains de soldat. Elle trouvait cela merveilleux pour sa fille de passer du temps avec lui.

Pour profiter pleinement de sa fille, Baudouin aurait dû venir en journée. Après l'avoir laissé la coucher, il était reparti et c'était avec un serrement au coeur qu'elle refoula, qu'elle le laissa repartir.

Ses sentiments pour cet homme étaient tellement contradictoires. Elle lui en voulait, elle n'avait plus confiance, mais il restait le père de sa fille et cela avait son importance. Elle ne voulait plus souffrir à cause de lui alors, elle avait érigé un rempart épais autour de son coeur où seule sa fille avait le droit de passage.

Le lendemain du départ de Baudouin, mère et la fille étaient parties sur le chemin de Périgueux, là où commençait la grande forêt. Les champignons commençaient à sortir et c'était le bon moment pour en ramasser quelques-uns. Un panier à la main, elles étaient parties à la cueillette puis au bout de quelques heures, elles étaient revenues.

Kory avait les joues toutes rouges d'avoir pris l'air frais du matin et une fois rentré, elle lui servit une choppe d'eau puis elle prit un grand linge qu'elle posa sur la table. Elle commença à trier et à poser les champignons pour qu'ils sèchent. Cela prendrait plusieurs jours à sécher, mais les après-midi étaient encore chaudes, alors cela irait vite ...

La porte était ouverte et tout en triant, elle regarda ce que faisait sa petite merveille, sa raison de vivre ...

Mon ange si tu sors, ne va pas hors de la cour, tu sais que je n'aime pas te savoir loin de moi ! Et fait attention au chien du voisin. Il n'est pas méchant, mais il commence à devenir vieux ...

Elle avait bien grandit. Ses cheveux étaient noir comme les siens et ce qui lui faisait chavirer le coeur, c'était ses yeux noir. Les mêmes que ceux de Baudouin. Elle avait le regarde de son père et son caractère aussi, elle devait bien l'avouer, même s'il était plus tempéré et elle en était grandement soulagé ...

L'hiver arrivait et tout en la regardant, elle se disait que bientôt elles devraient aller toutes les deux à Paris pour aller acheter des bottes bien chaudes. Oh elle pourrait facilement en trouver sur Périgueux, mais elle voulait en même temps passer voir l'orphelinat.

Avec un sourire tendre, elle la regarda finir sa choppe.

Tu veux faire quoi alors ? Aller jouer dehors ou aider un peu maman à trier les champignons ?
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Korydwen.

Korydwen avait fait le plein de rêves. Des rêves rempli de son père vu la veille. Elle tenait sa nouvelle poupée près de son coeur mais n'en délaissait pas l'autre pour autant. Les deux étaient à elle et c'était comme ça !

Au réveille, maman avait préparé des paniers pour aller chercher des champignons. Korydwen ne savait pas ce que c'était, mais elle aimait aller partout avec sa maman. Après un petit-déjeuner fait de lait et de brioche, elle enfila sa petite cape à capuche et n'oublia pas de prendre ses poupées.

Dans la forêt, elle avait regardé avec curiosité ce qu'était un champignon puis comme la cueillette ne l'intéressait pas plus que ça, elle avait attrapé une branche et était parti à la chasse. Elle trouvait bien plus amusant de courir après les pauvres bêtes qui logeaient dans le sous bois.

Au bout d'un moment, il fallut bien rentrer et c'était les joues rouges, essoufflé d'avoir couru et des feuilles et de la terre de partout que Korydwen rejoignit sa mère.

Une fois à la maison, elle se débarrassa de sa cape qu'elle mit par terre sans plus de cérémonie et prit la choppe d'eau que lui donnait sa maman. Elle la but d'un trait.

Mon ange si tu sors, ne va pas hors de la cour, tu sais que je n'aime pas te savoir loin de moi ! Et fait attention au chien du voisin. Il n'est pas méchant, mais il commence à devenir vieux ...

Tu veux faire quoi alors ? Aller jouer dehors ou aider un peu maman à trier les champignons ?

Korydwen s'approcha de la table, grimpa sur le banc et prit un champignon dans sa petite main. Voulant enlever un peu la terre comme elle le voyait faire, elle finit par écraser le champignon entre ses doigts et fit une grimace de dégout.

Mâma garde ! Berk !

Elle lui tendit sa main en faisant tomber les morceaux sur la table puis elle descendit et alla vers la porte restée ouverte en s'essuyant sur sa robe.

Ko'y dehors !

Puis la petite haute comme trois pommes se ravisa et vint se poster juste à côté de la table.

Pâpa quand yent ? Quoi pas là pâpa ? Voir moi pâpa ! Mâma dis ?! Ko'y pâpa aime !

Regard rempli de questions, qui fixait la belle brune en face. Pourquoi son père n'était pas là avec elles ?
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Amarante.

Grand Dieu qu'elle aimait cette enfant. Comment ne pas s'attacher à cette petite fille remplie d'amour ?!

Mâma aime toi cro ...
Aime Li'on 'ssi ! Li'on c'est comme ça qui se appelle ! C'est joli dis ?!

Li'on ?! ... Réfléchir, il devait manquer une lettre. Lion n'était certainement pas un nom ... Linon peut-être ?! A part ça, elle ne voyait pas ... Elle tenta à l'aveuglette, au pire elle se ferait râler.

Linon c'est très joli mon ange ! Et moi aussi je t'aime ma chérie ...

Elle attendait maintenant la réaction pour sa proposition de voyage et elle ne se fit pas attendre ...

Et pâpa comment il sait où je suis, si suis pâ là ?! Faut dire à pâpa ! Hein mâma ?!

Elle ferma les yeux un moment et respira. Quand elle avait quelque chose en tête, elle ne l'avait pas ailleurs et elle ne lâcherait pas le morceau concernant son père aussi facilement, elle en avait bien peur ... Il fallait avant tout la rassurer !

Je laisserais un mot à ton père pour lui dire où on va ... Tu sais Kory, j'ai toujours dit à ton père où je me trouvais et ce n'est pas maintenant, que je vais le lui cacher ... Je tiens à ce qu'il puisse te voir quand il en a envie ... Tu pourras même signer le vélin si tu veux ! Tu voudras ?

Le sourire de sa fille et ses yeux brillants en disait long et le « oui » qu'elle lui lança, montrait pleinement sa satisfaction ...

Grand comment la ca'itale ? Va fai'e quoi là-bas ? Li'on vient hein ?! Faut aller 'vec le sariot ?!

Devant ce flot de questions, un rire frais lui échappa. Au moins, il n'était plus question de Baudouin ... Pour le moment et elle en fut soulagée ... Invitant sa fille à rentrer dans la maison parce qu'il commençait à faire frais, elle lui expliqua ce qu'elles allaient faire là-bas ...

Alors la capitale c'est ... Très très grand ... Heu, je dirais peut-être trois fois plus grand que périgueux ! Je ne sais pas trop, je n'y suis jamais bien allé ... Oui il faudra y aller en chariot et Faran viendra avec nous !

Une fois dans la maison, elle enleva la cape des épaules de sa fille et la posa sur le porte-manteau. Elle s'installa de nouveau devant ses champignons et continua son bavardage ...

Comme il commence à faire froid, il te faut des bottes chaudes, alors j'avais dans l'idée d'aller là-bas en acheter et puis j'aimerais retourner faire un tour à l'orphelinat voir une de mes amies, qui en est la directrice. Mais avant d'aller là-bas on va passer voir tonton Arga chez lui, comme c'est sur la route, autant en profiter ... Et oui mon ange, Linon viendra. La question ne se pose pas ma chérie !

La journée se termina ainsi. Champignon triés, les préparatifs du départ commencèrent ...

Il ne restait plus qu'à attendre l'escorte dont elles auraient besoin ...
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Amarante.

Elle fronça les sourcils quand sa fille laissa tomber sur le sol sa cape au lieu de la ranger comme elle le lui avait déjà montré plusieurs fois. Cependant, comme elle avait déjà les mains sales, elle ne la ramassa pas et regarda sa petite princesse boire sa choppe d'eau et venir finalement, voir ce qu'il se passait sur cette table.

Allait-elle l'aider ?! Peut-être ou pas ...

Mâma garde ! Berk !

Elle sourit amusé et lui prenant sa petite menotte, l'essuya un peu.

C'est parce que tu l'as tenue trop fort. C'est fragile un champignon tu sais ...

Elle se doutait bien, qu'elle n'allait pas rester longtemps à l'aider. Sa fille préférait être dehors à jouer plutôt que d'apprendre à être une petite femme d'intérieur ...

Ko'y dehors !

Elle hocha la tête et lui montra sa cape d'un coup de menton et quand elle la vit revenir, elle crut que c'était pour venir la prendre ... mais non ...

Pâpa quand yent ? Quoi pas là pâpa ? Voir moi pâpa ! Mâma dis ?! Ko'y pâpa aime !

Elle resta un moment interdite à la regarder fixement. Pourquoi ce flot de questions à propos de son père arrivait-il maintenant ?! Peut-être à cause de cette visite de la veille ... Elle se reprit, s'essuya les mains sur le grand drap qu'il y avait sur la table et se baissa pour être à son niveau.

Je sais mon ange que tu aimes papa et lui aussi il t'aime très fort ...

Elle ramassa la petite cape et la lui remit sur les épaules, la frottant un peu pour faire tomber la terre et les feuilles, qu'il y avait dessus et avec un sourire tendre lui enleva une mèche de devant ses yeux.

Kory ! Je ne sais pas quand papa va revenir te voir ... Tu vois, ton papa travail très loin et ...

Comment expliquer à une enfant de deux ans que ses parents ne sont plus ensemble ?! Elle qui pensait que ce flot de questions n'arriverait pas avant trois ou quatre ans ... Elle soupira. Elle allait lui expliquer du mieux qu'elle pouvait. Lui prenant la main, elles sortirent devant la maison et s'installèrent sur le banc en pierre qui se trouvait sur le côté de la porte d'entrée.

Elle prit sa fille sur ses genoux et la regarda dans les yeux.

Tu es un peu petite pour tout comprendre, mais je vais essayer de t'expliquer ... Tu vois ton papa et moi on s'est aimé, avant ta naissance ...

Elle soupira, elle l'avait cru du moins ...

Et puis un jour il s'est passé une chose et ton papa et moi on c'est séparé, mais pendant cette séparation, j'ai appris que j'allais t'avoir toi ! Ma petite merveille, alors j'ai écrit à papa pour qu'il sache que tu allais venir.

Elle lui tapota le bout du nez avec sourire amusé.

Pour ta naissance, il était là. Il t'a vu naitre et j'étais très heureuse qu'il soit là. Autant pour lui martyriser le bras, que pour puiser en lui la force don j'avais besoin pour te mettre au monde mon petit coeur ...

Après, il est un peu resté ici, puis il est reparti parce qu'il a sa vie ailleurs, son travail qui est au loin, mais il t'aime, n'en doute jamais même s'il n'est pas là très souvent ...

Oui ce travail, ce travail qu'elle exécrait et qu'elle lui avait demandé d'abandonner, mais bien évidemment, il avait refusé. Son coeur se serra, mais elle refoula ce sentiment en reposant sa fille sur le sol et en ce levant.

Il reviendra mon ange, n'en doute pas. Tu es une partie de lui et il t'aime presque autant que je t'aime et tu sais combien je t'aime ...
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Amarante.

Mâma veux pas cape ! Chaud !

Elle sourit amusé. Quel caractère ... Elle soupira légèrement. Elle ressemblait tant à son père ...

Quoi passé mâma ?

Nouveau soupir ! Elle ne voulait pas s'étendre sur ce sujet surtout avec sa petite merveille. Elle n'en avait jamais parlé à personne et ce n'est pas maintenant, qu'elle allait commencer. Cette histoire ne regardait que Baudouin et elle ...

Mâma fait quoi pâpa ?! Peut pas faire ici cravail ?!

Son coeur se serra et elle chassa cette sensation du mieux qu'elle pouvait ...

Non mon ange ! Papa ne peut pas faire son travail ici ! Il est ...

Elle se mordilla la lèvre inférieure. Elle ne pouvait pas lui dire qu'il était gardien d'un lupanar tout de même ! Après, elle aurait la question de savoir ce qu'était un lupanar et ça, elle ne voulait pas ...

... Il est soldat mon ange et c'est pour ça qu'il part souvent très loin ...

Ce n'était qu'un demi-mensonge après tout. Baudouin l'avait été soldat et de très nombreuses années.

Mâma ! Veux voir moi tout suite pâpa !

Nooon ... Elle allait avoir droit à une crise. Inspiration ! Expiration ! Elle se baissa de nouveau et posa ses mains sur ses petites épaules.

Kory ! Ma chérie ... Je sais très bien que ton papa te manque. Je sais très bien ce que tu ressens, je l'ai vécu, mais mon ange je ne sais pas où il est ... Il peut être loin à l'heure qu'il est tu sais ... Je t'en prie mon ange ne soit pas en colère ... Il reviendra je te le promets ...

Elle caressa sa joue de sa main et se releva de nouveau ... Puis elle tenta un changement de sujet ...

Dis-moi mon ange ?! Tu aimerais qu'on aille faire les boutiques dans la grande capitale ? Je ne parle pas de Périgueux ... Mais de Paris ...C'est encore plus grand que Périgueux tu sais !

Chassant toutes ses pensées sur Baudouin qui essayaient de franchir le rempart autour de son coeur, elle lui sourit attendant la réaction certainement bruyante de sa petite princesse ...
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Korydwen.

Kory ! Ma chérie ... Je sais très bien que ton papa te manque. Je sais très bien ce que tu ressens, je l'ai vécu, mais mon ange je ne sais pas où il est ... Il peut être loin à l'heure qu'il est tu sais ... Je t'en prie mon ange ne soit pas en colère ... Il reviendra je te le promets ...

Pourquoi ? Pourquoi il ne venait pas quand elle voulait le voir ? Avec ses grands yeux d'enfant, elle ne comprenait pas, pourquoi elle ne pouvait pas voir son père quand elle en avait envie.

Elle regarda sa mère se baisser encore une fois et sa colère disparue. Elle la croyait et son papa reviendrait pour venir la voir le soir comme la dernière fois. Sans la faire voler dans les airs, ce serait mieux.

Elle prit sa poupée à tête de bois et la serra très fort contre son coeur puis vint faire un câlin à sa mère en s'accrochant à son cou.

Mâma aime toi cro ...

Korydwen se recula et fit un câlin à sa poupée.

Aime Li'on 'ssi ! Li'on c'est comme ça qui se appelle ! C'est joli dis ?!

Elle faisait un grand sourire. A partir de ce moment-là, elle ne quitterait plus ce cadeau de son père, ni l'autre non plus ! Les deux poupées étaient à « Elle » !

Dis-moi mon ange ?! Tu aimerais qu'on aille faire les boutiques dans la grande capitale ? Je ne parle pas de Périgueux ... Mais de Paris ...C'est encore plus grand que Périgueux tu sais !

La grande capitale ? C'était où ? Si ce n'était pas périgueux alors c'était plus loin ? Elles allaient partir en voyage ? Mais et papa alors ? Comment il allait savoir où elle était ?

Elle prit un air grave, sa poupée serrée contre elle.

Et pâpa comment il sait où je suis, si suis pâ là ?! Faut dire à pâpa ! Hein mâma ?!

Ses yeux se mirent à briller.

Grand comment la ca'itale ? Va fai'e quoi là-bas ? Li'on vient hein ?! Faut aller 'vec le sariot ?!
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Amarante.

Que le temps passait vite ... Deux ans déjà !
De retour de voyage ...

La voilà revenue de Périgueux ... Petit voyage complètement inutile, couteux et où elle s'était ennuyé à mourir. Bon il n'y avait pas que là-bas qu'elle s'ennuyait et elle se posait sérieusement la question de savoir si elle n'allait pas partir définitivement ...

Les enfants grandissaient et ils n'avaient pas spécialement besoin d'elle, mise à part sa petite Kory bien sûr ...

Elles étaient rentrées avant la fermeture de la herse et elles avaient retrouvé leur petit confort certes modeste, mais tellement agréable. Le soir elle était allée faire un tour sur le rempart. Elle évitait de sortir hors du rempart la nuit, mais elle voulait voir le reflet de la lune sur le lac, même si quelques nuages c'étaient invités ...

Bien qu'elle soit entourée de beaucoup de monde, elle se sentait seule et ce sentiment ne la quittait plus, depuis bien longtemps déjà. Devait-elle vraiment penser à partir ? Mais pour aller où et faire quoi ?

Avant de rencontrer Leyah, elle voulait aller voir la mer. Devait-elle remettre ce projet au gout du jour ? Tant de questions sans réponses ... Elle ne savait que faire ...

Elle était ensuite rentrée, sa fille dormait comme un ange qu'elle était. Elle avait bien grandit et les visites de Baudouin se faisaient toujours aussi rare, mais quoi d'étonnant à cela me direz-vous ... Elle finit par s'endormir jusqu'à ce qu'un rayon de soleil vienne lui chatouiller la joue ...

Une nouvelle journée s'engageait ... Peut-être aussi ennuyeuse que les autres ...
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Amarante.

Plusieurs jours que Baudouin était parti ... Tout était bien fini cette fois entre eux ! Elle gardait cette rancoeur envers Cerdanne, comme si ça la rongeait de l'intérieur ... Elle avait essayé et elle avait cru y parvenir quand ils étaient partis pour Montauban, mais au retour tout avait dérapé et la brisure avait été nette ...

La douleur de son départ avait été beaucoup moins aiguë que la première fois ... Peut être parce qu'elle s'était fait une raison, ou simplement que ses sentiments pour cet homme qui avait été son plus grand amour avait considérablement diminué après cette trahison ... Elle ne savait pas trop en fait et ne cherchait pas à le savoir pour ne pas raviver la plaie dans son coeur ...

Elle avait repris son petit train de vie tranquille et passait le plus clair de son temps à s'occuper de sa fille qui grandissait ... Un mois, un mois qu'elle était née et qu'elle enchantait sa vie ... La petite avait bien profité, elle avait des joues bien remplis et des cheveux aussi noirs que les siens encadrait un joli visage poupon ...

Comme il faisait encore chaud, elle profitait de son jardin, bien à l'abri du rempart et à l'ombre d'un grand arbre. Elle avait fait installer un banc en bois devant la fenêtre de l'entrée de la maison et s'y était installé avec sa fille dans les bras, couffin posé sur le sol ...

Bien que la guerre fasse rage dans les villes voisines, elle ne se sentait pas menacé. Simplement un peu seule du fait que SA Marquise et tous ses amis étaient partis prêter main forte aux soldats voisins ... Elle avait appris que Fleurette avait donné naissance à des jumeaux et cela lui arracha un sourire ...

Elle ferma un moment les yeux en pensant à son frère défunt ... Son jumeau, son double et son opposé à la fois qui lui manquait terriblement. Un jour elle ramènerait Kory sur la terre de ses ancêtres et de ses parents. Elle voulait qu'elle grandisse dans la culture Bretonne. Cette même culture que Leyah lui faisait partager puisqu'elle, n'avait pas grandi dans son pays natal ...

Elle ouvrit de nouveau les yeux et regarda sa merveille qui mordillait son poing en regardant les feuilles de l'arbre qui bougeaient ... Il lui tardait de la voir courir dans ce même jardin et lui raconter plein de choses qu'elle ne comprendrait pas forcément ... Tout ceci, elle le vivrait seule, mais elle ne regrettait rien ... Baudouin avait son choix et son coeur avait fait le sien ...
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Baudouin.

C'était la deuxième fois en peu de temps qu'il préparait sa besace et c'était la troisième fois qu'il avait la volonté profonde de partir. Cette fois-çi, il ne regarderait pas en arrière. Son départ n'était pas facile pourtant. Il savait très bien ce qu'Amy pensait de lui. Il avait presque fini par s'en convaincre: c'était un salaud et en plus il l'avait brisée.

Quelque chose lui rendait son départ horriblement difficile, sa fille, petit bébé encore si fragile, à la chevelure de jais comme sa mère, elle était sa princesse, et tout salaud qu'il était, il lui fallait néanmoins s'arracher à elle. Elle, le sens de sa vie. Mais une petite fille si petite, a sans doute plus besoin de sa maman que de son père et il avait suffisamment fait souffrir Amy pour ne pas, en plus, lui enlever sa fille alors qu'il lui avait promis le contraire.

Ses affaires étaient prêtes. Il n'y avait pas grand chose, quelques miches de pain, quelques souvenirs de sa longue vie de guerrier, une dague et puis il y avait ce qu'il laissait. Sa médaille d'Aristote et... une lettre. Elle n'était pas pour Amy, tout était consommé entre eux et il n'avait plus envie de rien dire. Elle était pour sa fille. Un jour, peut-être, serait-elle en âge de comprendre, et un jour, peut-être, sa mère lui laisserait lire cette lettre.

Citation:

Sarlat, le dix du moins de septembre de l'an de grâce quatorze cent cinquante neuf

A ma très chère fille, à ma princesse, à Korydwen.

Tout d'abord, ma chère enfant, je te demande pardon de devoir te laisser ainsi, sachant que tu grandiras loin de moi. J'ai toute confiance en ta mère et je sais qu'elle t'élèvera comme il se doit. Sache que tu es ce qui compte le plus pour moi et si je pars, c'est pour ne plus faire souffrir ta mère, ça n'a rien à voir avec toi.

J'espère qu'un jour, nous nous reverrons, mais sache que si tu as besoin de moi, de ma présence, de mon soutient ou de quelqu'aide que ce soit, je serai toujours là.

La vie n'est pas facile et déjà, si petite, tu le découvres.

Ma fille, sois heureuse et sois forte! Ce sont les deux souhaits que j'ai pour toi, si tu es forte, tu seras heureuse, n'aie peur de rien, la vie est trop courte pour que tu perdes du temps et de l'énergie à avoir peur. Regarde ton vieux père, tous mes mauvais choix ont découlé de la peur que je pouvais ressentir.

Je sais que tu nous rendras fière de toi, ta mère et moi. Que le Très-Haut te protège, qu'Aristote te guide.

Je t'aime de toute mon âme.

Ton père.

Baudouin de Brélidy

C'était fait. La missive posée sur la table de la chaumière, harnaché comme il se devait, il ne voulu même pas regarder encore une fois son enfant qui dormait. Trop dur. Il n'avait plus qu'une chose en tête: marcher et s'éloigner, espérant que cela serait suffisant pour ne plus blesser Amy, et qu'ainsi, peut-être, elle retrouverait le bonheur.

Lui, il savait où il allait. Il ne rentrait pas à Mortagne, il y serait trop seul, il s'y serait morfondu, il ne rejoignait pas non plus Cerdanne. La jeune femme était comme l'océan, lorsque la marée serait montante, il la reverrait. Il allait à Paris, retrouver la Rose Noire, au moins là, il y aurait l'esprit occupé et il s'y sentait à sa place.

De toute cela, il en avait conclu qu'on ne force pas le bonheur et que, parfois, il n'y a pas de compromis possible. Il espérait du fond du coeur que les blessures d'Amy, à défaut de guérir, cicatriseraient un jour... qui sait.
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Amarante.

Sarlat, petit village de pêcheur où elle vivait dans une petite chaumière bordé d'un grand jardin qu'elle avait choisi exprès pour son enfant à venir et protégé d'un rempart. Non loin du dit rempart, il y avait le lac. C'était une des raisons qui lui avait fait choisir cette chaumière en plus du jardin et de la tranquillité ...

Ils étaient revenus de leur petit voyage improvisé en famille. La raison qui avait déclenché ce voyage avait été des plus houleuses et, le retour des plus silencieux où planait une « Ombre » morbide. Depuis cette grosse dispute, tout allait pour le mieux. Elle avait décidé de le laisser tranquille et c'était un soulagement pour son esprit torturé de questions ...

Cela ne dura pourtant pas. Un simple « qu'en penses-tu ? » avait tout fait basculer et si elle avait su, elle se serait abstenu de poser la question, car maintenant son coeur était blessé et rempli de doute ...

Deux jours plus tôt dans une auberge de Montauban, elle avait décidé de faire des faire part de naissance comme on le lui avait demandé. Chacun travaillait de son côté et on entendait le griffonnage des plumes sur le papier dans la chambre silencieuse. Seuls ses soupirs se faisaient entendre de temps en temps, quand ce qu'elle faisait ne lui plaisait pas ...

Une fois terminée et enfin satisfaite, elle s'était levée et avait déposé le parchemin enluminé sur tous les siens avec un grand sourire puis elle lui avait demandé ce qu'il en pensait si elle en envoyait un à Cerdanne. Elle savait que c'était un sujet à éviter, mais là, elle avait posé la question sans arrière penser et s'était prit une grande douche froide ...

Il l'avait déjà prévenu ! Quand l'avait-il fait ? Elle était déçue et blessé. Elle n'avait rien vu de mal la-dedans, elle voulait même profiter de cette naissance pour renouer avec la jeune femme, mais là, ce n'était plus la peine ...

Il lui demandait d'avoir confiance, d'y croire, mais comment faire quand l'être que vous aimez le plus au monde vous cachait des choses ... Et encore, elle ne lui posait pas de question sur son travail à la Rose ... Travailler avec des catins toute la journée, avoir la tentation de ses femmes quasiment nue, sous le nez ... Il savait qu'elle n'aimait pas ça, mais c'était SES filles comme il aimait à le dire et il devait les protéger, que c'était son travail ...

Elle secoua ses boucles brunes, autant ne pas penser à ça, la douleur dans son coeur était déjà assez lancinante comme ça, sans qu'elle en rajoute au doute ...

Les yeux cernés, le teint blafard, elle était fatiguée et pour cause, elle n'avait presque rien mangé, depuis leur départ ... Assise dans un fauteuil, elle nourrissait sa fille, qui accroché à son sien, la regardait de ses grands yeux curieux bien ouvert. Elle lui caressait tendrement ses fins cheveux aussi sombres que les siens. Perdu dans ses pensées, elle parlait sans vraiment s'en rendre compte et sans réellement attendre de réponse ...

Kory ! Que dois-je faire mon ange ? Je l'aime mais j'en souffre terriblement, ça fait si mal ... Pourquoi me cache-t-il de choses ? Cerdanne me manque et je souffre aussi de son absence. Je crois que j'ai surmonté ce qu'il s'était passé entre eux, mais ...

Elle soupira, laissant rouler de grosses larmes silencieuses sur ses joues ... Devait-elle le laisser partir pour qu'il aille enfin retrouver celle qu'il aimait ? Oui c'était sans doute la meilleure chose à faire ...

Ou alors ...
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Amarante.

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[RP] 4 rue du lac ... Chaumière d'Amy, Kory et Baudouin