Messire Taf, il semblerait que vous n'ayez pas tout à fait compris ce que j'entendais par "liens inextricables". Jusqu'à présent, le Berry et la France étaient liés par une allégeance, et nous avions un rapport de vassal face à son suzerain.
Or, comme la Bretagne et la Provence l'ont fait jadis, il est tout à fait possible que nous obtenions notre indépendance. Il n'en reste pas moins que nous resterons lié à la France, par des liens commerciaux et diplomatiques, et que nous devrons cohabiter avec la France comme deux pays frères qui ont eu un passé commun mais qui doivent à présent aller de l'avant.
Vous dites ensuite que la Reine vit mal que nous lui imposions nos amitiés. Mais nous ne lui imposons rien du tout, le Berry n'est pas une province du Domaine royal. Le Berry était vassal de la Couronne de France jusqu'à ce que Nebisa rompe son serment d'allégeance, nous aurions donc du bénéficier d'une certaine autonomie, et avoir la possibilité de choisir nos amitiés comme nous l'entendons !
Néanmoins, vous soulevez un point très intéressant lorsque vous dites qu'aucune alliance avec un Royaume étranger ne peut être conclue sans l'accord du pouvoir royal. Contrairement à ce que vous dites, cette disposition n'a pas été validée par les Régnants du Royaume de France. Pour la petite histoire, cette "loi" a été élaborée par la Pairie il y a plusieurs années et a suscité de nombreux débats au sein de la plupart des provinces vassales qui, tout comme le Berry, refusaient que le pouvoir royal fasse acte d'ingérence dans la diplomatie des provinces vassales et ne s'octroie des prérogatives qui ne sont pas les siennes.
Je ne veux pas entrer dans les détails de cette affaire, au risque de perdre notre auditoire, mais il faut savoir que le prédécesseur de Nebisa, la reine Beatritz, considérait en ce qui la concerne que la diplomatie relevait des provinces vassales, et elle n'a jamais fait acte d'ingérence dans nos affaires.
Nebisa, en revanche, fait partie de ces royalistes très conservateurs qui pensent que la Couronne doit contrôler la diplomatie de tout le Royaume et s'octroyer des prérogatives qui ne sont pas les siennes.
C'est d'ailleurs à mon sens son échec le plus éclatant depuis le début de son mandat : elle a démontré que les ingérences de la royauté dans la diplomatie des provinces vassales étaient néfastes et qu'il était préférable de laisser les provinces vassales gérer leur propre diplomatie.
Si la France échoue dans cette guerre, il y a fort à parier que le pouvoir royal sera fragilisé et que Nebisa devra renoncer à imposer le contrôle de la royauté dans la diplomatie française.
Donc, comme vous pouvez le voir, et contrairement à ce que vous prétendiez auparavant, la guerre a de nombreux enjeux qu'il ne faut pas négliger. Il ne s'agit pas seulement de se battre "pour la fierté et l'honneur", mais de lutter pour préserver nos libertés et nos droits, dans le domaine diplomatique notamment.
Citation:Ne croyant pas que combattre soit la solution unique pour mettre un terme à cette guerre, oui je suis pour la collaboration et la négociation.
Ah mais sachez que moi aussi, je suis pour la négociation ! Si ça n'était pas le cas, je n'aurais sûrement pas pris la peine de répondre à tous les courriers que j'ai reçus de messire Pikattosai.
Alleaume lui aussi est favorable à la négociation. Il a entrepris de multiples démarches afin de rétablir la paix avec nos voisins, démarches qui se sont avérées vaines parce que le duc de Touraine n'a nullement l'intention de faire le paix.
Rendez-vous à l'hôtel des échevins, demandez à accéder aux discussions avec l'ambassadeur de Touraine et vous pourrez constater par vous-même que la coalition n'a jamais fait parvenir d'exigences au Berry qui puissent servir de bases pour des négociations.
Toutes nos tentatives d'apaisement sont restées lettre morte.
J'aimerais à ce propos vous poser une question. Pensez-vous qu'Angelyque ait proposé à Alleaume de collaborer afin de pouvoir espérer retrouver son poste de duc ?
Pensez-vous qu'Angelyque ait proposé aux 7 conseillers ducaux fieristes de retrouver leurs sièges au conseil ducal ? Non.
A la vérité, ce que je vous reproche, c'est de jouer le jeu de l'ennemi et de mépriser la majorité des Berrichons qui ont accordé leur confiance à Alleaume pour gouverner le duché.
Ce que je vous reproche, c'est de baisser trop rapidement les bras alors que des centaines de Berrichons ont toujours les armes à la main et se battent pour libérer le Berry de l'occupation étrangère.
Ce que je vous reproche, c'est de donner à la coalition le sentiment qu'elle a réussi à se faire accepter des Berrichons, et de profiter de la régence militaire pour asseoir votre ministère sur le Berry par la force plutôt que par la voie des urnes.
Vous me parlez du déficit gigantesque du Berry. Sachez que j'ai conscience de cette réalité. Mais si nous acceptons la paix à n'importe quelle condition, ne pensez-vous pas que l'occupant va demander des indemnités de guerre aux Berrichons ? Ne pensez-vous pas que nous risquons de montrer à la coalition que nous leur sommes inféodés et qu'il leur suffit d'apporter la guerre en nos terres pour que nous plions et répondions à leurs exigences ?
Deux options se présentent aujourd'hui à nous :
- soit nous continuons à résister, les armées du Ponant viennent libérer le Berry du joug royaliste et la paix est rétablie dans le royaume. Nous pourrons alors envisager l'avenir avec nos voisins sur de nouvelles bases, et ceux-ci y réfléchiront à deux fois avant d'envahir le Berry.
- ou bien nous acceptons les conditions de l'ennemi, nous versons des milliers d'écus d'indemnités à la coalition, accroissant le déficit du Berry, et nous nous exposons au risque que dans deux ans, les royalistes reviennent et que la guerre reprenne de plus belle.
Citation:Alors donc le Ponant décide d'une expédition, il a besoin pour cela de troupes. Naturellement, il nous demande de l'aider. Mais comme nous ne pouvons, faute de moyens, répondre à cette demande il se fache. Nos gouvernants expliquent, justifient de cette impossibilité et le ton monte.
Bref! Il retire ses armées pour mener son expédition et nous voilà aussi vulnérables que l'agneau venant de naître.
Que feront ceux que les libérateurs ont chassés d'après vous?
Messire Taf, il faudrait peut-être arrêter d'extrapoler... Vous pouvez inventer tous les scénarios saugrenus que vous voulez ! ma réponse sera la même : l'alliance du Ponant est une alliance défensive, elle a pour but de protéger ses membres des agressions extérieures, et non d'apporter la guerre.
De plus, il faut garder en tête que le Berry, avant de signer un traité de partenariat avec le Ponant, avait déjà conclu des alliances bilatérales avec plusieurs provinces du Ponant.
Jusque là, cette alliance a su résister face à la tyrannie nebisienne, animée par un même désir de liberté et de prospérité, il n'y a pas de raisons pour que cela ne continue pas.
A mon avis, vous auriez mieux de vous inquiéter du Domaine royal, cette alliance imposée par la royauté et dont la mécanique peine à se mettre en place !
Citation:Quant à l'indépendance... Entre ceux de chez vous qui clament "plus d'allégeance à la reyne mais à la Bretagne ou même au MAO" et ceux qui disent "pour le moment nous retirons notre allégeance jusqu'à ce que le reyne fasse amende honorable", si pour vous c'est une ligne claire tant mieux!
Encore une fois vous vous fourvoyez, Taf, personne n'a jamais parlé de prêter allégeance à la Bretagne !
Si nous combattons pour nous affranchir des ingérences parisiennes, ce n'est pas pour aller faire allégeance à une autre couronne.
Je vous mets au défi de trouver un seul fieriste qui a jamais parlé de prêter allégeance à la Bretagne.
Il faut savoir que le mythe de la Bretagne qui cherche à faire des provinces du Ponant ses satellites a été inventé de toute pièce par les royalistes.
En effet : au lieu de voir l'alliance du Ponant comme ce qu'elle est, une formidable alliance commerciale qui a permis d'apporter la paix à l'ouest, entre des provinces comme le Poitou et l'Anjou qui se faisaient continuellement la guerre, on essaie de se convaincre que la méchante Bretagne veut avaler les provinces du Ponant pour les tenir sous sa coupe.
Mais, de vous à moi, je pense que personne n'a jamais cru à cette farce, à commencer par ceux qui ont inventé ce mensonge.
Citation:En USB par contre, aucune menace n'est proférée envers ceux qui nous quittent si jamais ils allaient en un autre parti. Ca vous parle ça sans doute? Mais le propos n'est pas là.
Ah non, je regrette, ça ne me parle du tout. Mais je suis sûr que vous allez m'éclairer, et par la même occasion éclairer les Berrichons.
Voyez-vous, c'est bien beau de lancer des accusations en l'air pour tenter de salir les gens, mais quand il s'agit d'étayer ce qu'on avance par des exemples et des preuves, il n'y a plus personne !
Citation:Collaborer en vue de retrouver un Berry aux Berrichons, s'il faut entendre des mots comme traître, vendu, ou autres gentillesses, si ça amène à une gestion par des Berrichons, ça vaut le coup. Et le coût pour mon amour propre aussi. Quitte à exister autant être utile en essayant de faire ce en quoi on croit pour l'être... Utile . C'est mon avis.
Quel courage, dites donc ! Vous réussiriez presque à me faire verser une petite larme.
Non, vraiment, soyons sérieux un instant s'il vous plait ! Jusqu'à présent, je n'ai entendu personne vous invectiver et parler de vous comme des "traîtres" ou des "vendus".
On essaie seulement de vous faire comprendre la faillite de votre choix par des arguments construits. Le coup du "on brave les insultes et les bassesses pour le bien des Berrichons" ne marchera pas avec moi.
Vous comprendrez aisément que j'éprouve un peu plus d'admiration pour des gens comme Alleaume, qui travaillent d'arrache-pieds depuis le début de cette guerre, ont fait beaucoup de sacrifices, et pourtant répondent toujours présents quand on a besoin d'eux et prennent même la peine de formuler des propositions de négociation !
Ou bien Pandorha, qui se bat aux côtés du Berry libre depuis le début et n'a jamais failli dans son engagement auprès des Berrichons, alors que tout l'incitait au contraire.
Le courage, c'est d'assumer ses convictions jusqu'au bout, et non pas de changer d'avis à chaque fois que le vent tourne.
Vous pensez que ces convictions nous mèneront droit dans le mur ? Je puis comprendre qu'après plusieurs mois de guerre et de privations, vous veniez à le penser. Mais ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
Une fois ces paroles prononcées, Retz réfléchit avant de répondre à Ysabeau et Syllara.