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[RP] Tour, détour Rue Mondétour - De taverne à bouge minable

--Felicie


[Parait que ça s’appelle.... THE coup de foudre ]

L’œil d’un spectateur avisé aura eu, lui, tout le loisir de voir que le rougeau et l’échevelée criarde n’avaient rien du couple «Bling-Bling» capable de faire la une de toutes les feuilles de choux à sensation du Royaume.

Et pourtant....
Et pourtant elle est en transe la donzelle, littéralement.
Le gras – est ce un effet d’optique ou il semble encore plus coincé dans ses frusques qu’avant d’ailleurs ? – se rapproche encore. S’il insiste il va nous la rendre liquide la roussette !

De son œil et demi, quel progrès hein, elle louche sur le moindre geste qu’il peut faire, et ses pensées sont de moins en moins sages et discrètes.
Oubliés totalement les bellâtres inondant le carreau de bave gerbante, Félicie n’en a plus que pour
Lefou .

Alors après oui, on pourrait vous expliquer, vous détailler même, ce qui arrive quand Félicie cède à ses pulsions.... Que suite au simulacre de baisemain, un truc se passe comme une envolée de papillons dans son ventre et qu’elle lâche prise... Qu’elle dégage d’un coup de botte l’une des greluches silencieuses pour lui piquer sa chaise et y faire assoir, non sans ménagement, l’objet de son désir... Qu’elle passe lentement l’index à l’ongle rongé depuis la tempe jusqu’au cou, pour suivre la coulée de sueur du rubicond...

Oui, on pourrait.


On pourrait aussi vous dire qu’elle se contente pas de si peu et que la main s’égare sur le ventre rebondi pour mieux venir sauter directement titiller la virilité...

Oh oui, on aurait pu, largement.

Vous faire savoir qu’en un geste ou toute timidité est absente, autant que toute discrétion d’ailleurs, elle remonte le jupon froissé et prend place sur le haut des cuisses du fou.

Oui, on pourrait, mais on ne va pas le faire, parce que quand même, un peu de tenue et d’intimité voyons ! Bande de voyeurs !

Alors on se contentera de vous dire qu’elle a approché ses lèvres de l’oreille pour murmurer
Fous me flaisez feaucoup....*


*Vous me plaisez beaucoup

Beren
- Mais ?!! M…

La main avait été portée à sa joue brûlante, un air effaré plaqué sur son visage. Ses grands yeux verts humides, il avait encaissé le choc, la lèvre tremblotante, la voix chevrotante. Le côté droit de son visage semblait crépiter sous le feu qui couvait sous sa peau ; avant même de pouvoir se raser, le jeune Fiole avait là un aperçu de l’abrasion qu’une lame pouvait provoquer, mais façon paume gauche de Natasha. Paume ou poing ? Elle lui avait au moins déplacé deux dents. Si, si, au moins. C’est avec l’impression qu’on lui avait écrasé une brique sur la face que Beren sentit une perle salée submerger sa paupière pour aller bouillir sur sa peau – c’était lui ou ça fumait ? -, et, très vite, il réalisa qu’il devait se taire – instinct de survie oblige.

Notez que c’était particulièrement injuste ; il était adorable, beau, attirant… Bon, d’accord, il était insupportable, maigrelet, et aussi attirant qu’une part de maroilles, mais toujours est-il que là, il était innocent. C’était même là son plus gros défaut, mais allez le dire à Natasha, vous, qu’il n’avait rien fait. Quoi, vous aussi vous mouillez vos braies à cette idée ? Vous faites bien ! Il ravala donc sa protestation, à défaut d’avoir une quelconque fierté, et exécuta ses ordres, en bondissant presque. Il leva bien vite un doigt, en tremblant, afin de lui faire remarquer qu’elle était bien plus lourde que lui déjà en temps normal, et que là, elle devait peser l’équivalent d’un cheval, mais allez savoir pourquoi, l’idée de voir sa langue coupée, ce que le sourire semblait étrangement présager, lui fit rebaisser la main aussitôt. Non parce que Natasha, c’était peut-être la seule personne au monde à être plus flippante quand elle souriait, et si Beren était naïf, il n’en était pas sciemment suicidaire.

Aussi s’attela-t-il à suivre son instinct, et enroula son bras autour de Lady, pour tirer dessus. Au premier assaut, c’est lui qui s’affala sur elle ; au second, après s’être redressé, il glissa en avant, emporté par la résistance de Lady ; au troisième, il parvint à la faire ciller. Finalement, après une supplique repoussant toute forme d’ego, il réussit à la faire se lever d’elle-même, et la soutint comme il le put.

Elle tanguait autant que le Berenaldo – pour comprendre, il fallait voir Beren ivre beugler
« hissez haut, Berenaaaaaldo ! » en taverne. Vous avez manqué ça ? Dommaaaaaaaaage. Elle l’emportait avec elle quand elle faisait des embardées, mais parvenait toujours à ce que ce soit lui qui se cogne dans les murs ou les balustrades, dans autant de « humpf » étouffés : chaque plainte lui aurait valu au mieux une beigne, au pire, un coup de dague, et ne dit-on pas que la douleur est temporaire ?

A bien y réfléchir, il n’était même pas sûr que la dague fut le pire qu’il aurait pu subir, alors autant ne pas pousser le vice jusqu’à tenter de vérifier cette assertion. Il tentait de se supplier Lady de faire attention, dans des chuchotements plaintifs, mais ne trouvait pour seule réponse qu’un gloussement. En bonne dindonne beurrée, Lady glougloutait. Et si elle faisait du bruit, c’était assurément lui qui allait prendre. A chaque regard en coin de Natasha, Beren rentrait la tête dans les épaules, façon enfant battu. Il se retenait tout-de-même de relever les bras au dessus de sa tête, ce qui aurait fait chuter la Miel ; et si elle chutait, il était mort, il le savait. En plus, personne n’aurait pitié de lui, ça ferait même plutôt rire tout le monde, qu’il prenne la branlée du siècle. D’ailleurs, il ne savait comment se l’expliquer, mais cette épée de Damoclès semblait flotter au dessus de ses cheveux de miel.

Ooooh, Carensa était arrivée ! Enfin, elle était apparue, d’on ne sait où, et Beren laissa échapper un cri aigu de surprise, avant de plaquer la main sur sa bouche, pour se faire taire tout seul. Ce faisant, il avait lâché Lady, et la rattrapa juste à temps avant qu’elle ne perde définitivement son équilibre précaire. Il s’arrêta une seconde, yeux fermés, dans l’attente d’un éventuel coup de maillet sur le crâne, qui ne sembla pas venir. Il retint sa respiration, mais bien plus qu’un coup venu de l’avant, c’est le sursaut d’une Lady maugréant qui le fit se retourner. Avant même qu’il eut dit quoi que ce soit, il était repoussé, et la Miel lui échappait, pour tomber dans les bras puissants d’un autre que lui. Affolé, il ouvrit de grands yeux apeurés, mais, bien décidé à défendre l’une des femmes qu’il affectionnait tant qu’il les suivait, il fit un pas en avant et tendit la main, pour la poser sur l’avant bras de son amie miel.

_________________
Charmant


[ Le clap se baisse : Action ]

Depuis leur fenêtre, Kiki et Charmant avaient assisté à l'arrivée de la jeune brune. Etant prêteurs avec ce qui leur appartenait pas, ils avaient appelé le bel Eugène. Quand il y en a pour 3 autant être 3. Et comme Le fou semblait avoir trouvé chaussure trouée pour son pied boiteux, autant faire profiter le jeûnot. 3 belles femelles pour 3 mâles virils, que demander de plus à la vie.

Rapides regards échangés qui se terminent en sourires de connivence et voilà les compères qui prennent la porte de derrière. Ils remontent la ruelle et se trouvent dans la rue qui abrite les cadeaux du ciel. Le groupe est face à eux, à quelques mètres. Charmant se dit que le grand échalas pourrait leur poser problème mais en regardant les bras de Kiki il se met à rire. Une gifle et plus de binoclard... Le marchand de sable est passé.

Il observe les jeunes femmes: Une blonde platine athlétique et magnifique, une brune au corps de rêve et une blonde limite rouquine aux courbes somptueuses. Difficile de choisir... Il a toujours aimé les femmes aux formes accomplies et la rouquine rentre parfaitement dans ce cadre là. Son choix est fait. Sa proie titube directement vers eux, le moustik a laché son bras et la voilà qui part destination " pavé " (alors oui on le sait sous les pavés, la plage mais pas la peine de plonger non plus hein) .

Promptement Charmant s'avance et rattrape la donzelle avant qu'elle ne touche le sol.


Ola ma jolie, on tient pas sur ses jambes ?


Il éclate de rire la maintenant debout et se tourne vers le reste du groupe.

Je suis le Prince Charmant de Selakjmetrouve. Ravi de faire votre connaissance gentes demoiselles.
Christian_kiki



[C'est toi l'champiooooon, Kikiiiiiiiiii !]


Le plus beau, c'est Kiki, l'plus costaud : bah, aussi. Demandez à tous les hommes attablés en taverne ce soir là, notamment Tony, bread et Norbert, ils vous le confirmeront : Christian est un caïd qui a du chien et des manières, et du chic, et de la prestance ! Ils disaient souvent, admiratifs, et emplis de sincérité qu'il était le plus chouette, qu'il était la vedette. Et lorsqu'ils allaient jusqu'à souligner que sa fossette au menton était si particulière, il se contentait de hausser les épaules, l'air suffisant, avant de répondre :


- J'ai un corps d'Apollon, du plomb dans la tête, je sais.

Ah, quel champion, Christian ! Souvent, deux à trois péronnelles qui avaient le chic pour "fortuitement" se trouver... partout où il allait admiraient et s'extasiaient devant son corps d'athlète - gonflé grâce à la bière, d'abord, ainsi qu'en exercices physiques ô combien utiles, du style "on parie un tonneau que je peux arriver à tailler la moitié de cet arbre avant toi", ou bien encore "mais laissez, ma demoiselle, je vais monter ce meuble, voyons, pourquoi faire appel à cinq porteurs quand Christian peut le faire ?" - il leur répondait, le tout additionné d'un sourire niais, sourcil relevé, front plissé - impressionnant -, comme il soulevait un quelconque objet ou pliait le bras pour en contracter les muscles :

- Ca, c'est pas du biceps en papier, hein?

C'est d'ailleurs après l'une de ces sorties légendaires que son oeil avait été attiré par la chevelure platine de la meneuse du groupe, à l'extérieur, et qu'il avait rejoint la fenêtre, pour la regarder de plus près, avec l'oeil aussi intéressé et scrutateur qu'un éleveur dans un marché aux bestiaux - les femmes n'étaient toutes-t-elles pas aussi consommables que des dindonnes ?*

Ses copains appelés, ils avaient confirmé que le groupe représentait une aubaine. Lui, n'était pas intéressé par la rouquine, même si elle était bien faite, ni par la brune, pourtant plantureuse. Lui, il n'avait d'yeux que pour la Platine, et les reflets des rayons de lune sur sa chevelure d'or. Avant que Charmant ne sorte, ou qu'Eugène ne dise laquelle il préférait, il plaqua chacune de ses mains sur leur ventre, les yeux toujours rivés sur la meneuse :


- Celle-là, mes coquins, elle est pour moi.

Avant qu'ils ne répondent même, il s'était redressé, et était sorti, avec eux à son côté, par la porte de derrière. Ils avaient paru, l'air le plus faussement inintéressé, à la ballustrade de la taverne, jouant les amis en pleine discussion - personne n'écoutait ce que l'autre disait, et de là où le groupe était, peut-être aurait-il entendu des bribes de conversation sans queue ni tête - comme les trois compères, si je puis me permettre. Ces crétins haletaient presque d'avoir pressé le pas pour arriver avant le groupe des passants, et leurs joues rougies trahissaient leur effort, mais qu'à cela ne tienne, Christian, lui, s'encourageait mentalement :

- Un homme comme moi, c'est la chance de sa vie, les femmes se battraient pour être à sa place. Pour sûr, ça : y'en a pas une qui dirait non ! De toute la Cour, c'est moi le chouchou, c'est moi le préféré de la bande... Et c'est pas difficile à comprendre !


Galvanisé par ces considérations - oserais-je dire "suicidaires" -, il avait regardé passer le groupe devant lui, le suivant du regard. Elle l'avait remarqué, pour sûr, qui ne n'aurait pas fait ? Il fit un signe de tête à ses comparses afin qu'ils bougent en même temps que lui, et ils passèrent derrière le groupe.

C'est lui qui bouscula le gringalet, pour désarçonner son emprise sur la vachette qu'il soutenait, et que Charmant rattrapa. A l'évidence, celui-là avait fait son choix.

Tout s'était accéléré, à tel point que Kiki n'avait pas remarqué que le groupe leur faisait maintenant face. Il sourit à la jolie platine, prenant soin de tourner le visage afin de la regarder légèrement de biais, selon son meilleur profil, et d'écarter le coin de sa bouche concerné en conséquence, l'oeil du même côté moins ouvert que l'autre, sous la plissure de son front.


- Bonsoir, jolie poupée.



[*Celle là, je sais que je vais la payer.]
--Eugene.


[Le mec parfait…]

… zéro défaut ! ouais, ouais… il s’aimait l’Eugène et pas qu’un peu. Sur de son charme, la gravure de mode de toute sa splendeur, le modèle aux mensurations idéales que s’arracheraient tous les tisserands… quand ils l’auront remarqué, bien sur. En attendant son heure de gloire, il profitait allégrement des oies blanches ou autres pucelles à la candeur délicieusement affichées ; un clin d’œil malicieux, un sourire séducteur et les donzelles fondaient comme neige au soleil, lui tombant dans les bras en terminant de se liquéfier.

Ce soir ne dérogeait pas. Le trio de bellâtres, un cheptel de génisses et les fûts en perce… la belle vie pour notre oisif vaniteux. Néanmoins, il évinçait volontiers sa paresse quand une belle conquête se présentait ; la satisfaction d’une victoire ardue flattant d’autant son orgueil, les créatures dégottées par Kiki, ne manquèrent pas d’attiser sa suffisance.
Le regard captivé par l’ondulation gracieuse des croupes, il ne songea même pas à émettre la moindre opposition au champion et suivit ses compères par la porte dérobée. Simulant une conversation de la plus haute importance, il observait son reflet dans une vitrine et ne pu s’empêcher de lancer :


J’y crois pas comment j’suis beau !

Le temps d’une œillade désapprobatrice et Christian lançait les hostilités. La demi-portion au tapis ou presque, il jetait son dévolu sur la platine ; la rouquine tanguait dans les bras de Charmant et lui, le bel que dis-je, le magnifique, dévoila son émail opaline à s’en décrocher la mâchoire ; sourcil légèrement relevé, lui donnant une allure désinvolte selon lui et la voix qui se veut suave en approchant la pulpeuse brunette :

Délicieux hasard qui vous met sur notre chemin Damoiselle...
Natasha
[La cour des mi…nables ?!]

Le convoi exceptionnel… s’en est un, suffit de connaitre Lady imbibée pour s’en convaincre… le convoi donc, avançait avec une lenteur déconcertante pour ne pas dire, franchement agaçante. La platine ignorait sciemment les geignements du freluquet ou les gloussements de la dinde flambée, sans quoi les raclées auraient surement fusé et, d’un naturel généreux qui n’était plus à prouver, se contentait d’ouvrir la marche en sifflant ses instructions entre ses mâchoires serrées.

Comme ils arrivaient à proximité d’une intersection, elle remarqua le trio et plissa les yeux ; la caboche turbina rapidement et l’onyx de se polluer… ceux-là étaient bruyants, trop ! Et, accessoirement, leurs visages lui rappelaient les braillards aperçus dans la taverne voisine. Le temps qu’elle réagisse à l’embuscade que, déjà, la miel s’effondrait dans les bras du blondin alors qu’un autre s’adressait à elle. Les prunelles glissèrent sur l’imposante stature, faussement séduites, avant de revenir scruter la trombine ; les lèvres carmines s’étirèrent sensiblement, attribuant un air angélique au minois tandis qu’elle s’approchait de son alcoolique amie et que la voix trancha :


J’rêve ou l’résidu d’fausse couche essaie d’communiquer là ?

Ricanement qui donna le ton… passez votre chemin les minables, y’a rien à voir ! Namého, comme si se palucher la barrique à vinasse et l’sot l’pleureur suffisait pas qu’elles allaient encore se farcir les ratés du quartier. Fière, elle se dressa devant Charmant sans perdre les deux autres des yeux et, un signe éloquent au binoclard :

Il va être mignon l’blondinet et il va rendre la donzelle au gamin !
_________________
Charmant


[ Mais euh méchante... ]

Vexé, par la façon dont la blonde lui avait parlé, Charmant avait serré, plus fort dans ses bras, sa charmante proie qu'il tripotait sans pudeur aucune. Pas question d'obeir à une femelle. Pour qui se prenait elle donc... Personne ne lui avait jamais parlé sur ce ton là. Il redressa la tête, fier comme un paon qu'il ètait au fond de lui.


Hé, Kiki, va falloir que tu lui apprennes à s'adresser aux gens à ta pimbêche. Sinon un jour elle tombera de très haut.
Alors, les pucelles, on se croit tellement au dessus des autres qu'on ne daigne même pas se présenter. Ce n'est pas que ça me gène d'habitude, les filles comme vous on les déniaise et on les laisse sur le chemin. On ne s'en encombre pas.
Allez les gars, montrons leur qui commande ici.



Et il partit dans un long rire gras et surjoué. C'est qu'elle avait titillé son orgueuil la Platine et qu'il ne s'en remettait pas. Pauvre petite chose...
Christian_kiki


[Ambiance romantique]


Elle avait fondu, il l'avait vu à son regard de biche, qui avait coulé sur sa silhouette. C'qu'il était séduisant, il faut dire ! Musclé, bien bâti, une longue crinière de jais nouée d'un ruban rouge assorti à sa chemise au col entrouvert, il avait de l'allure, et la langue qu'il passait sur ses dents perlées de blanc faisait un petit "scrouic scrouic", signe ô combien évocateur de la propreté éclatante qu'il tenait à conserver au niveau buccal : les femelles se laissaient davantage croquer, dans ces cas-là.

A coup sûr, celle-ci ne ferait pas exception, bien qu'elle fut une, à elle seule. Elle avait un je-ne-sais-quoi de particulier, une grâce certaine, et la lune semblait ne devoir sa paleur qu'à une volonté évidente de rendre hommage à cette crinière si peu courante. Enfin, la poésie de Christian s'arrêterait-là, car c'est à une toute autre ode qu'il souhaitait vouer sa nuit... ou, tout au moins, vingt bonnes minutes. Sauf que... sauf que parti comme ça, Charmant allait nous la contrarier, la mignonne, et Kiki pourrait se la caler sous le bras... sa nuit, si ça continuait.

Il leva le bras, tendant les doigts vers le ciel, pour arrêter son ami, faussement défenseur du groupe en présence.


- Allons, allons, Charmant, sois gentil...

Il s'approcha de son compagnon, et passa dans son dos, avant que son visage réapparaisse bientôt derrière son épaule. Il sourit à Natasha, tout en plaquant ses mains sur la poitrine d'une Lady plus qu'avinée, appuyant suffisamment son geste pour que davantage que la simple naissance de ses seins ne soient apparent :

- Ne t'en fais donc pas, ma belle, ton amie est entre de bonnes mains.

S'il était hors de question, pour lui, de songer à laisser son ami relâcher la petite grassouillette de son étreinte, il lui parut évident que la jolie Platine en face de lui devait être jalouse, pour prendre les choses de cette façon. Il appuya davantage son sourire, persuadé d'être irrésistible, et repassa devant Charmant, sans la quitter des yeux. Avec l'intention de détourner l'intention de la platine devant lui pour que son copain puisse s'affairer à profiter de la murge de la petite grosse, bien entendu.

Il donna un coup d'épaule au gringalet au passage, et fit face à Natasha, le sourire toujours fiché à ses lèvres :


- Vous habitez chez... *se reprenant* Et comment se nomme cette adorable enfant ? Moi, c'est Christian, mais tu peux m'appeler Kiki. Tous ici me connaissent, et me nomment ainsi. Mes copains se présenteront eux-mêmes, je vois bien que tu n'as d'yeux que pour moi. J'ai vu ton regard quand tu m'as détaillé... tu as peut-être entendu parler du torse velu qui fait ma célébrité.

Fier comme un [vacquer...] paon, il poursuivit, après avoir craché un glaviot sur la route, à distance :

- Je suis vraiment très doué en expectoration... Mais ce ne sont-là que quelques-unes de mes compétences, j'collectionne les trophées, j'en ai plein la maison ! Je suis un champion, vois-tu ! Quand j'étais petit, je gobais quat' douzaines d'oeufs, pour être fort, pour me sentir à l'aise... Maintenant qu' je suis grand, j'en avale quarante-neuf, c'est pour ça que je suis le Roi des balèzes ! J'ai vu comme tu étais admirative, et si tu es docile, peut-être pourras-tu tâter ce torse musclé et velu.

Il s'accouda à la ballustrade à leur côté, l'air désinvolote, et lui lança :

- Alors, comment nomme-t-on ce petit oiseau?
Natasha
[Erf, c’est du lourd… très lourd !]

Le minois refléta une impassibilité à toute épreuve, le regard s’obscurcit d’un voile sordide alors que le sang battait ses tempes, le poison s’y distillant lentement. Le blondinet tenta, sans doute, de la piquer au vif, lançant quelques phrases si communes aux bulots rencontrés sur les routes, qu’elle n’y prêta pas la moindre importance ; un mollusque restait un mollusque, qu’importe ses origines, sa caste ou même son sexe… pas sectaire l’irascible, et force était de constater qu’elle avait aussi croisé des spécimens féminins plutôt pathétiques. Mais pour l’heure, son attention se portait surtout sur l’armoire normande ; celui-là se déplaçant sournoisement.

Elle ne cilla pas quand il tripota Lady sans vergogne, menaçant de faire jaillir la poitrine du bustier ; crispa sensiblement la mâchoire quand il envoya Beren valser sans courtoisie ; serra davantage le manche de sa fidèle quand il lui fit face… La caboche turbinait à plein régime comme elle l’écoutait, délaçant le ruban de cuir qui entravait son abondante chevelure dans une lourde tresse, elle afficha un sourire charmé ; d’un gracieux mouvement de tête, l’or encadra le visage pour lui donner un air angélique alors qu’elle papillonna des cils, enjôleuse. L’attaque de front lui serait fatale, au vu d’une telle carrure, aussi la divine changea de tactique. Opération « séduction ». Les lèvres s’étirèrent à cette pensée, une furtive lueur malsaine traversant les prunelles… Le carmin bouillonnait dans ses veines comme elle imaginait déjà celui du pédant, suintant d’une morsure funeste ; délicieuse faucheuse.

Elle inspira profondément à l’expectoration, songeant qu’il cumulait les tares mais n’en laissa rien paraitre et l’onyx suivit son déplacement, comme elle l’aurait dévoré des yeux… c’est ce qu’il pensera d’ailleurs, à n’en point douter. Minauderie candide à l’interrogation, il ne fallait pas le décevoir ; l’issue dépendrait de sa propension à être « blonde », simplement. Que le spectacle commence !


Le p’tit oiseau s’nomme Beren *nouveau battement de cils* mais moi…*d’un déhanchement élégant, elle s’approcha du lourd* c’est Natasha…

La slave s’assit sur la balustrade et croisa les jambes, attitude ingénue dont elle connaissait l’impact sensuel ; position stratégique qui lui permettait de contrôler la situation ou du moins d’avoir un regard sur chaque individu.

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Serguei.novgorod
[Cour des Miracles – Another (place) in paradise.]

[J’ai une tendresse particulière
Pour ces filles qui n’ont pas d’manières,
Les hospitalières, les dociles,
Vous les appelez les filles faciles…*]



Surtout quand leur profession les y engage. En faisant escale à la Cour, Sergueï s’était mis en tête de se délasser le corps un moment, en compagnie d’une femme, de préférence muette, et bien faite, somme toute, une exception en elle-même. Trop las pour tenter de séduire l’une ou l’autre jouvencelle dans un endroit convenable – les deux étant bien rares, cela dit, en pareil endroit -, il était sorti, l’âme cliente, bien décidé à trouver rapidement celle qui pourrait par faveur se pendre à son cou**, le temps d’une étreinte furtive, et surtout, expéditive.

L’objet de son choix fut vite fait : une rousse aux courbes plus qu’avantageuses l’invitait, pour un prix somme toute modique, à élire domicile au creux d’elle, et, au passage, à laisser un souvenir de lui, au même endroit. Il la suivit dans une chambre miteuse, dont il ne s’offusqua pas : il n’était pas décorateur intérieur, et, si vite la raison de sa visite accomplie, il serait au dehors, aussi… Aussi, indiqua-t-il ce qu’il souhaitait. Nulle fioriture, aucune autre envie que de satisfaire ses propres besoins, le russe ne s’encombrerait pas des caresses dévouées qu’il réservait aux donzelles qu’il souhaitait combler : celles-là lui coûtait bien moins cher, tout au plus un verre ou un dîner. D’ailleurs, il souriait souvent, malicieux, comme elles acceptaient en rougissant la coupe offerte ; les pauvres oies blanches n’avaient pas même conscience qu’il ne s’agissait-là que d’un investissement sur sa nuit prochaine… et celle d’après, si elles étaient chanceuses, et efficaces.

Après le premier assaut, comme elle reprenait son souffle, la catin crut bon de se moquer de son accent, contrastant les qualités d’amant du robuste russe avec l’intonation méprisable de sa voix. Folle, qu’as-tu fait? Car c’est bientôt une main large, puissante, qui vient s’abattre sur ton cou pour l’enserrer, comme elle t’aurait presque cajolée, et payée grassement, si tu avais su tenir ta langue. Ton corps est plaqué rudement contre le mur, pas dans le même élan passionné que peu auparavant, non ; ton dos fait ce bruit atroce lorsqu’il heurte la pierre nue, sale, dégoulinant d’humidité comme bientôt il le fera de ton sang, quand cette autre main qui a saisi la dague plate viendra nicher celle-ci dans ton ventre. Ne crie pas, n’appelle pas ; là, tu le sais, le bout des doigts s’enfonçant presque entre tes lèvres t’en empêchent, tandis que ta tête est renversée en arrière, maintenue de force par le menton. Et qui viendrait, de toute façon ? Cet enfant que tu caches là, dans le placard, près du lit, et qui voit tout ? Ne tente pas de nier… tes yeux exorbités se sont dirigés un instant vers la porte de bois, et t’ont trahie. Tu suffoques, tu blêmis, maintenant qu’a sonné l’heure ; je suis venue te dire que tu t’en vas…***

Là, tu la sens cette lame qui s’enfonce peu à peu, sa pointe qui s’insinue en toi quand ce n’était pas ce qui était initialement prévu ?

Ton gémissement est étouffé, ton cri retenu, quand il était presque écrit qu’il résonnerait contre les murs, cette nuit… Tu ne comprends pas, ça va trop vite, la lame s’est enfoncée jusqu’au manche, mais la délivrance ne vient pas. Un sourire penché sur toi, des yeux d’un noir profond guettent ta souffrance, comme lentement, insidieusement, le tranchant s’en vient à gauche, sans quitter son nid, puis à droite, sans plus sortir de là où il est.

Te souviens-tu du moment où ton gamin s’est extrait de ton creux immonde, quand ton sang s’écoule entre tes cuisses, comme alors ? L’éclat de rire qui emplit la pièce comme ton souffle se fait plus douloureux, ces mots murmurés dans une langue que tu ne connais pas, aussi peu audibles que les chuchotements que glisserait un amant au creux de ton oreille, te font-ils saisir l’étendue de ton erreur ? Tu cèdes, comme ton corps plie, et tente de se dérober, à bout de forces, un dernier sursaut… Là, tu es au sol, allongée. Et l’épais lion au dessus de toi rit, comme il déchire et éviscère, comme il enfonce ses doigts dans ta panse, pour ta plus grande douleur. Tu n’as plus même la force de crier, ivre de souffrance, et c’est alors que tes yeux se ferment, lentement, que tu saisis enfin :


- Je suis russe, catin ; et toi, tu es folle.

Il t’a laissée, là, debout au dessus de toi, et s’est dirigé vers le placard ; dans un dernier élan, tu as tendu la main, vers lui, vers eux, vers lui qui s’approche de ton enfant. La douleur un instant se tait, comme tu ne penses qu’à lui, à ce petit être de chair que tu n’auras pas su aimer assez pour le protéger, pour quitter cette vie ; ou peut-être que tu as trop aimé pour avoir l’audace de tenter de mieux trouver… L’ironie de la chose est palpable, tu en rirais presque si tu n’avais pas si peur. Cherche ton souffle, tente de le retenir, comme il t’échappe davantage, à mesure que les secondes s’égrainent. La grande main ouvre l’armoire, en extirpe l’enfant ; ta petite fille a sept ans, et porte dans ses cheveux le ruban qui lui sauvera la vie, comme il ramènera l’homme au souvenir d’une autre petite fille, bien loin de lui.

Il est russe, catin, et tu es folle. Enfin tes paupières se soulèvent, difficilement, sur l’image de l’homme portant dans ses bras ta gamine, sans méchanceté, comme le ferait un oncle, comme le ferait… un frère. Un dernier crachat sur ton ventre béant, et tes yeux se ferment à nouveau… une dernière fois.

Les pas de Sergueï le mèneront ce soir-là dans les rues de la Cour, à l’orphelinat, où il déposera la petite, ainsi qu’une bourse chargée… Somme due à la fille, pour les services de sa mère. La matrone le sait, si elle malmène l’enfant, elle reverra à nouveau le large russe, mais Dieu lui vienne en aide, elle évitera ça ; elle a saisi dans le regard acier une pointe d’abîme qu’elle ne veut pas voir s’élargir.

Le même petit groupe qu’il a vu en passant tout à l’heure semble en tension, là-bas, le calme avant la tempête. Une chevelure attire son attention, et le regard est porté vers le ruban, posé au creux de sa paume. La petite a eu de la chance, ce soir. Grâce à cette autre petite, grâce à cette autre princesse de 7 ans. C’est ainsi.


*JJG, Filles faciles
** Aznavour, Je me voyais déjà
***Gainsbourg, Je suis venu te dire que je m'en vais.

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Christian_kiki



[Celle-là mon vieux, elle est terrible.]


Terrible de séduction, oui, quand ses cheveux soudain lâchés dégringolent en cascade sur ses épaules, les étoilant d’autant de points d’or. La mâchoire de l’armoire normande pend un peu, comme il l’observe, totalement aveugle à ce qui l’entoure sinon à cette jeune femme, dont l’apparition en pareil endroit paraît surréaliste, et qui semble habiter l’espace qu’elle parcoure, tout entier.

Et ce sourire, mon vieux, ce sourire ! Autant de perles au même endroit, ça ne l’en rendait que plus précieuse ; les yeux animés d’un feu nouveau, évidemment charmé devant sa carrure imposante, ses muscles saillants, et son charisme impressionnant. Un regard de biche en prime, un instant candide, l’autre dirigé vers lui dans une tentative évidente de l’échauffer… Comme si cela était nécessaire, et tout naturellement, il sourit en retour, le front plissé, un sourcil relevé, dans une mine affectée de séduction renvoyée… d’après lui.

Ce que femme veut, Dieu le veut, et chacun aura conscience ici que Christian s’adulait lui-même. Mais déjà, elle reprenait cette expression de candeur évidente… peut-être était-elle pure encore, et Kiki, comme on l’appelait, ne porterait alors jamais aussi bien son surnom que cette nuit, comme il ferait d’elle une femme, une de plus.

L’éclat de rire portant une pointe de fausseté lorsqu’elle désigna le… gringalet ? moucheron ? l’avorton ? – cette chose était-ce même masculine ? -, se tut bientôt comme l’intonation de sa voix devenait enjôleuse, presque câline. Il déglutit, comme elle s’approchait de lui, féline, animale, envoûtante. Elle prenait maintenant place sur la balustrade, toute aussi sensuelle de candeur, et, dans un élan qu’il pensa séduisant, vint se placer devant elle, plaquant les mains de par et d’autre de son corps, sur la rampe de bois. Il approcha son visage du sien, lentement, avec un sourire niais ; peut-être aurait-elle l’occasion d’humer son haleine fétide, qu’il pense fraîche.


- Natasha… que voilà un bien joli prénom.
Natasha
[Il était une fois dans… la cour]

Natasha 1- bouseux 0.
Elle l’observait, sans ciller ; l’œil glissant parfois sur ses compagnons, s’assurant d’un moindre mal, d’autant que le blond fadasse –et ouais, c’est marque déposée Novgorod, la chevelure d’or, étoilée toussa- palpait allégrement la miel sous le regard abasourdi dudit gringalet, à savoir Beren. Le dernier larron, sans doute à tenter de trouver la brunette qui avait disparu de son champ de vision depuis un moment… peu de chance qu’il la rattrape, sauf qu’elle lui tende un piège d’ailleurs.

La platine scrutait donc l’écœurant personnage ; celui-là ne perdait pas de temps, persuadé de son pouvoir de séduction ou affolé de manquer une telle occasion ? Généreuse au possible, un brin modeste, elle opta pour la seconde proposition. Un léger sourire éclaira le divin minois comme le visage masculin affichait la bêtise, la vilénie ; méprisant individu bien plus méprisable… près, il était trop près… et la caboche de turbiner avant que son haleine de chacal ne lui fasse perdre conscience. Lucidité toute relative quand on connait le succube.

Acte I – Scène… on s’en cogne !
L’idée même qu’il puisse effleurer la pulpe purpurine de sa bouche gluante la fit frémir de dégout, le corps irrigué du carmin gangrené se contracta sensiblement et la blonde d’arrêter la progression du corniaud en posant deux doigts sur ses lèvres épaisses. Affichant un sempiternel sourire, un battement de cils réfléchi et elle se pencha légèrement pour lui souffler à l’oreille :


Joli oui… et tout autant mystérieux…

Avec dextérité, elle glissa de la balustrade et se libéra du piège… Elle frôla le bras gros comme sa cuisse et passa dans le dos du faraud alors, qu'au loin, une crinière aurifère attirait son regard ; elle aurait sans doute pisté le géant si la situation avait été différente, mais l’attention se reporta rapidement sur l’armoire normande.

Acte II – Scène… pareil !
La senestre taquina dangereusement l’échine masculine d’une lame aiguisée comme elle posait la dextre sur la large taille. Sa main lui parue plus gracile encore et le nez de se froncer en songeant que le Kiki devait taper fort ; le cuir tressaillit à peine quand elle s’appuya pour murmurer :


Pas la bonne proie Machin… *accentuant la pression de la dague* dis à ton pote d’lâcher mon amie et on partira gentiment…

La slave détourna les yeux un court instant et l’onyx haineuse de fondre sur le misérable blondinet… peut-être n’aurait-elle pas dû se dissiper.
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Beren
[Et pendant ce temps-là...]

Ca allait trop vite, ça bougeait trop, et lui, et lui... Il restait là, debout, empâté et empoté, incapable de bouger. D'abord parce que ces types-là étaient bigrement costauds ; ensuite parce que s'ils le faisaient valser de gauche et de droite, puis de droite et de gauche, c'étaient bien les mouvements de Natasha qui l'impressionnaient le plus.

Il serait idiot de croire, même pour un insouciant comme Beren, qu'il la connaissait, et qu'il savait ce qu'elle était en train de faire. Elle... Elle flirtait ?! A... Avec lui? Alors que lui, et... et l'autre, là, ils malmenait Lady ? Et elle l'appelait p'tit oiseau?! Enfin, t'enflammes pas Beren, hein, ce n'est pas comme si tu pouvais y redire quoi que ce soit. Un petit sourire, presque, d'imaginer que cela ait pu être affectueux, et puis, finalement, moue boudeuse : c'était forcément une vacherie.

Il se frottait l'épaule, endolorie pour le coup, pour LES coups surtout, qu'il avait reçus. Fêtu de paille au vent, il regardait le géant de dessous, le visage relevé, impuissant, même si ses petits poings étaient serrés : la Miel était son amie, et il avait compris d'un seul regard de Natasha qu'esquisser le moindre mouvement était exclu.

Rouge de colère et de vexation, terrorisé d'impuissance, furieux après lui-même de ne pas posséder la même carrure que le brun, il trépignait, en silence, essuyant de temps à autres, du revers de sa manche, sa lèvre fendue qui perlait de sang, après qu'il l'eut mordue, dans une de ses glissades involontairement subies, volontairement provoquées.

Elle était envoûtante de grâce, et il trembla pour elle lorsque le grand musclé s'approcha d'elle... Et si elle était coincée, et si... Ouf, non, elle s'était dégagée, comment, d'ailleurs ? Cela avait été si habile, si grâcieux, que le jeune Fiole n'avait pas même réalisé le mouvement avant que celui-ci ne soit achevé. Un seul mot : wow !

Prendre son mal en patience, ne pas bouger, attendre un signal, un ordre, un... un quoi que soit, pourvu que cela provienne d'Elle.

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Ladyphoenix
[Et la victime innocente, elle en est où dans tout ça ?]



... Ouais, j'ai osé écrire "innocente", je m'étonne moi-même. Alors, où en est-elle, Lady ? Eh bien, elle n'a pas bougé, elle est toujours prisonnière des mains délicates mais malhabiles du "prince charmant" d'opérette ; elle grimace de temps à autres, sourit parfois, quand la lueur de lucidité qui l'a gagnée grâce à la douleur s'évade de ses yeux devenus soudains vitreux - à croire qu'elle n'est plus qu'une grosse barrique remplie de tellement de liquide que même les yeux s'en sont gorgés. C'est qu'il n'est pas très doux, le prince charmant ; les hommes ont cette propention à considérer qu'une caresse sur la poitrine d'une femme n'est réussie que s'ils s'y prennent comme sur un pis de vache : comprenez que ça pince, ça tire, ça malaxe, que dis-je : ça prend les monts veloutés pour de la pâte à pain.

Mais elle tangue, elle virevolte ; elle a presque l'impression de voler, hirondelle débutante, et l'étreinte du crétin lui offre un paradoxal sentiment de sécurité - en tous les cas, il l'empêche de se vautrer tête en avant. Petit moineau deviendra grand, pourtant, demain, et s'écrasera aussi lourdement qu'un piaf sur une vitre de taverne. La marée alcoolisée est montée, la houle commence déjà ; gare à la marée basse, et au retrait des eaux, qui laissera son esprit sec, désertique, en un mot : hostile !

Les échanges ont commencé entre la Platine et le colosse - il fait quelle taille ce type-là ? Lady-goret, les joues roses comme ses comparses porcins, ne peut, à l'instar de ceux-là, lever la tête pour jauger la hauteur du géant : c'est que c'est déjà lourd, tout ça, et avec un équilibre précaire, en plus... Les yeux ne sont pas d'accord.

Ca bouge, ça tangue, ça glougoute et ça danse au creux de son estomac. Tous aux canots, les femmes et les enfants d'abord : elle est aux prises avec le mal de mer. Pompons, pompons, trachée ; aspiration d'air, et la nausée de passer... pour l'heure. Le teint tantôt verdâtre, tantôt cireux, Lady est l'archétype-même de l'imitation du poireau ; avec ses cheveux en bataille en sus, charmant tableau...

Le geôlier, pendant ce temps-là, tente de la maintenir en place, reculant parfois, allant de gauche, de droite, ou encore en avant, pour les maintenir à flots.

Ecoppons, écoppons : la mer gronde ! Les joues se gonflent : déferlante maîtrisée, retour au creux de la vague, et l'estomac de retomber, dans un mouvement abyssal.

Si les yeux font des "huit", ils parviennent, regard précaire, à suivre les mouvements de la platine - notez qu'elle ne saisit véritablement que les cheveux, d'ailleurs, le reste est un peu trop, comment dit-on déjà ? Vague !*

Elle a gloussé, bêtement, l'oie plus si blanche que ça - excepté son teint, si vous avez suivi -, quand la Divine a appelé le tuteur de ce qu'elle considère encore comme une belle plante - l'inconscience de l'ivresse, dirons-nous -,
"résidu d'fausse couche". Elle a tant ri qu'elle ne s'arrête pas. Et Beren qui fait une de ces têtes ... A hurler de rire ! Ce qu'elle fait, d'ailleurs. La hyène est dans la plaaaaace, tout baiiiiiigne !

Et soudain, le hoquet. Vous me direz "et"... Inconscients ! Un hoquet, quand ça constitue un appel d'air suffisant à un ballon de baudruche gonflé à bloc, c'est un danger imminent.

I-mmi-nent, qu'on vous dit. Et moi, j'voudrais pas être les bottes du prince qui ne sera plus si charmant, dans quelque temps...



*On a les métaphores filées qu'on peut, quand on a dormi 3h.

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Christian_kiki



La soirée allait bon train, et, si ça continuait ainsi, s’achèverait sous les meilleurs auspices… la petite blonde criant son prénom, de préférence… Enfin de préférence, c’était si évident, à vrai dire, qu’il en aurait presque soupiré du manque de surprise, mais enfin… Elle était jolie, et bien faite, et ses formes alléchantes constituaient autant de promesses à l’esprit pervers de l’armoire à glace. Son visage si près du sien, il s’apprêtait à goûter ses lèvres quand elle s’était glissée jusqu’à son oreille, pour lui susurrer quelques mots. Réaction instantanée, et violente ; ses braies s’étaient méchamment resserrées, sous l’effet du murmure suave et envoûtant. Incapable de bouger sous la pulsion ardente, il n’avait pas esquissé le moindre mouvement lorsqu’elle avait quitté son assise, lui échappant par là-même. A peine remis du frisson qui l’avait secoué jusqu’à la moelle, causé par le contact furtif mais néanmoins éloquent de sa main sur son bras musclé, la pointe de la dague vient se loger dans le creux formé par la colonne vertébrale dans son dos musculeux. Il se raidit – cette fois-ci totalement -, et, avant d’ouvrir la bouche pour donner l’ordre à Charmant, entame une lente montée des bras, signe apparent de reddition… Du moins, il lui fallait gagner du temps… et il en eut, comme, pendant une infime seconde, il sentit une once de relâchement.

Réactif, à la bonne hauteur, le bras droit partit en arrière, comme il entamait un mouvement circulaire du buste, dans l’intention de lui faire face. Au léger bruit et au contact dur qu’il sentit, il sut qu’il avait fait mouche ; profitant de son petit effet, vif, ulcéré qu’elle ait osé le menacer, une femelle de surcroît, les traits déformés par la colère, il se tourna vers elle, et la regarda de toute sa hauteur : la lutte est entamée.

Sous la violence de l’impact, la dague est tombée, projetée par le choc. Ivre de rage, c’est calmement, le pas lourd, qu’il s’approche d’elle, écarte la dague d’un mouvement du pied, et, la surplombant comme elle est tombée au sol, empoigne avec rudesse ses cheveux, la relevant avec force. Lui maintenant la tête en arrière, il avise le gringalet, et lui
ordonne de sa voix rauque, dure, puissante :


- Un mouvement, elle meurt, sous tes yeux, et toi après, évidemment. Avance, je te guiderai… Et vite.

Puis, s’approchant de l’oreille de sa captive franchement pas volontaire, il glisse, perfide :

- Alors, ma petite chatte, on sort les griffes ? J’en ai mâté des plus dures que toi, et m’est avis que tu seras autrement plus docile au petit matin.

Un rire gras surjoué plus tard, il raffermit d’autant plus son étreinte sur la chevelure d’or, guide Beren ainsi que le couple charmant-miel du soir, et bientôt, les voilà dans un repaire miteux, garçonnière puant la sueur et le renfermé : le cadre idéal pour une petite sauterie entre amis.
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