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[RP] Tour, détour Rue Mondétour - De taverne à bouge minable

Natasha
[Le trop de confiance attire le danger] Pierre Corneille

Peut-être n’aurait-elle pas dû se disperser… surement pas même !
Excès de confiance, assurance suffisante ; ne jamais sous-estimer l’ennemi, d’autant moins quand ledit adversaire faisait deux fois votre taille et le poids, n’en parlons pas.
Excès de confiance, mépris démesuré ; ne jamais comparer les antagonistes, d’autant moins quand on ne les connaissait pas et qu’ils étaient susceptibles de réagir rapidement.

Peut-être n’aurait-elle pas dû se disperser… elle avait péché par orgueil !
L’onyx passait de Charmant à Lady, de Lady à Beren ; la caboche turbinait à plein régime afin de trouver quelque échappatoire. Quelle équipe en vérité. Le binoclard semblait proche de la syncope, la miel proche de la noyade et elle, la platine proche…

… d’embrasser les pavés parisiens.

Acte III – Scène… c’est la mouise !
Un mouvement, un choc, un grognement, un choc et ce gout ferrugineux qui lui emplit la bouche ; la dague fut lâchée pour amortir la chute due à la violence du coup, ultime réflexe avant de choir telle une poupée de chiffon. L’interrogation passée trouvait réponse, il tapait fort !
Sonnée, c’était peu dire et l’arrogante slave fut incapable d’échapper à la solide poigne de l’homme. Fébrile, une douleur lancinante dans la mâchoire tant que dans les reins, elle tachait de taire la rage qui bouillait dans ses veines ; la senestre se posa sur la main de la brute comme il tirait sa crinière, la dextre vint essuyer le sang qui perlait à ses lèvres après qu’elle eut craché avec morgue aux pieds du vilain. Les paupières se fermèrent un court instant, la belle contraignant la plainte provoquée par sa nuque malmenée et d’afficher l’indifférence quant à la menace alors qu’un regard invitait finalement le jeune Fiole à obéir sagement.

Elle ne lutta pas sur le trajet, docilité apparente pour furie en sommeil… celui-là lui paierait l’affront au centuple, parole de Novgorod ! Mais déjà, il l’entrainait dans un bouge misérable aux remugles plus que douteux ; une grimace de dégout apparue malgré elle, comme elle cherchait à reprendre l’avantage… sauf que chassez le naturel, il revient au galop et le sarcasme de fuser :


Erf… t’les as mâtées les p’tites chattes ou asphyxiées ?

Bravade qui lui vaudrait probablement un retour de flammes. Aussitôt, un léger sourire se dessina sur la pulpe fendue, provoquant le suintement carmin ; elle ignora volontairement le filet écarlate qui se répandit lentement sur son menton, glissant bientôt dans son cou pour rejoindre la naissance de sa poitrine. Les prunelles sombres scrutaient maintenant le brun, provocantes de sensualité comme elle transpirait la haine… la danse funeste était lancée, l’ivresse macabre s’accroissait d’autant et l’oxygénée de reprendre la main.
_________________
Charmant




[Ce coup ci ça bouge vraiment]




Et d'un coup tout s'était accéléré... La blonde perfide avait tenté le coup de l'ingénue pour se rapprocher de Kiki mais elle ne savait pas à qui elle avait affaire. Des pouliches il en avait dressé plus d'une et des bien plus robustes. Elle se prenait pour qui... Mais bon ce n'était pas son problème. Lui avait la sienne de donzelle dont il palpait les seins sans se faire prier. Elle gloussait, riait, se tremoussait...



Faut dire qu'il était un expert en tripotage en tout genre et toutes les demoiselles des environs d'ici comme celles d'ailleurs en redemandaient. Il avait des doigts en or disaient elles. Et lui il y croyait dur comme fer. Sinon pourquoi seraient elles revenues, hein...
Donc les choses s'étaient précipitées et ils étaient partis vers leur garçonnière, entrainant avec eux toute la troupe. Charmant, en bon prince, avait quasiment porté sa greluche tout le trajet. Et ce n'était pas une sinécure tellement elle gigotait en tous sens. Mais ils y étaient finalement parvenus. Et notre blondinet allait pouvoir profiter en toute quiétude de sa Miel. Il y avait pleins de choses qu'il souhaitait lui faire. Il la reluquait avec perversité l'imaginant dans des postures délicates pour elle mais tellement bandantes pour lui.
.

Il la colla contre lui, profitant de laisser glisser ses doigts sur sa poitrine ô combien généreuse et de la pétrir avec entrain.


Que chacun s'occupe de ses affaires était sa devise et il en usait jusquà la lie. Tant que des femmes se laisseraient faire, il profiterait et avec celle là, c'était gagné d'avance...
--Eugene.


[Eugène est dans la placeuuuuuh !]

Mortecouille ! Il avait couru le bellâtre et pas qu’un peu… la ténébreuse pouliche était endurante et la cadence soutenue, aussi l’avait-elle semé au coin d’une ruelle. Offensé, révolté même, il était retourné dans leur chambrette afin d’y noyer sa déception et quelle ne fut pas sa surprise d’y retrouver ses comparses.

La tête haute, fier, il entra dans la garçonnière d’un air dégagé. Un coup d’œil avisé lui suffit à comprendre que les donzelles étaient en mains et, d’ailleurs, blondie semblait mal en point ; un regard interrogatif à Kiki en lui demandant, d’un ton doucereux qui agace carrément les victimes habituellement :


Ta mère ne t’a donc pas appris à soigner tes jouets ? A cette allure, elle ne servira qu’une fois mon ami !

Il s’esclaffa d’un rire gras, pensant qu’il aurait bien testé la marchandise, quand il aperçu Beren assis dans un coin de la pièce sombre. Alcoolisé plus que de raison, vexé par la brunette évadée et les braies étriquées, l’illumination ne tarda pas à éclairer ses prunelles ; il s’avança vers le jeune homme, le sourire s’élargissant à mesure qu’il approchait de la cible.
Dans un mouvement qui se voulait d’une sensualité sans borne, il posa son fessier sur une des couches miteuses qui faisaient face au miel. Un furtif regard au miroir tout proche, une œillade de satisfaction quant à son reflet et la gueule d’ange se pencha dangereusement sur le moustique, une main lui soulevant le menton :


Et bien, et bien… quel est donc ce p’tit oiseau abandonné ?
Christian_kiki


Le chemin avait vite été parcouru jusqu’à la garçonnière, où les membres de la clique des bellâtres ramenaient leurs conquêtes, quand l’affaire pouvait durer plus qu’un troussage furtif derrière une poutre de taverne, venaient entreposer les recettes de menus larcins que d’autres avaient dérobés, avant d’être volés à leur tour, avec force violence, évidemment, ou encore faisaient des exercices physiques… en tous genre, de musculation en plaisirs solitaires. C’est donc dans un subtil mélange de fragrances diverses et variées, mais loin d’être d’une extrême fraîcheur, que baignait le Palais de l’onanisme. Les cadavres de bouteilles, dispersés ça et là, témoignaient de l’atmosphère joyeuse qui régnait souvent dans le repaire, ainsi que ces couverts et assiettes sales qui jonchaient la seule table de la pièce.

Christian avait inspiré profondément, comme il était entré ; rien de tel qu’une odeur suave, virile, musquée, pour se mettre en appétit de femme… Et de femmes, il en avait une paire plus qu’appétissante sous la main… pour l’instant. Non pas qu’elles puissent lui échapper, mais ne parler que de la main serait extrêmement réducteur, et les projets du colosse brun étaient bien plus étendus…

Pourtant, allez savoir pourquoi, la donzelle s’offusqua du doux parfum d’homme planant dans l’endroit. Les femmes minaudaient toujours, pour se donner de l’importance, et celle-ci, coquette, n’échappait pas à la règle. Cela aurait pu l’amuser si elle n’avait pas pris le pli de laisser échapper ce rire cruel et moqueur. Une sensation de malaise le gagna à l’entente de cet éclat qui semblait gagner en puissance comme il rebondissait contre les murs, qui lui faisaient écho. Toute la pièce semblait emplie de ce rire, qui lui brûlait presque les oreilles, lui battait aux tempes, lui oppressait le poitrail. Gêné par cette impression – funeste, d’aucuns diront -, son souffle s’était accéléré, la veine devenue apparente sur son front et dans son cou, comme la rage montait, bouillait, et, pour faire taire autant la risée que ce pressentiment, une main saisit le col de la jeune femme, tandis que l’autre partait avec force se loger au creux de son estomac, dans un choc puissant du poing. Ah… au bruit que cela avait fait, peut-être qu’il avait un peu dérapé, mais ça lui apprendrait, à la ribaude, à se permettre de jouer les critiques en décoration.

Profitant de l’occasion, il parvint, comme il le put, à la plaquer avec rudesse sur une chaise bancale plus ou moins solide, mais, comme chacun le sait, le principal intérêt d’un tel siège ne résidait qu’en cela que le visage serait à bonne hauteur pour que la petite chatte puisse se faire pardonner l’offense qui l’avait offensé !* Attachée mains dans le dos, il ne faudrait alors que se méfier de ses dents, mais cela pourrait s’arranger, le cas échéant… Ces petites perles se délogeaient plus ou moins facilement, si l’on tirait assez fort.

Comme le filet de sang s’échappant de la fissure sur ses lèvres caressait la peau avec sensualité, il posa sa main sans aucune délicatesse sur la joue diaphane, et le pouce partit caresser – et accessoirement appuyer sur – la fente labiale, histoire d’une part de lui rappeler la douleur que provoquait l’insolence, et d’autre part, pour récupérer le nectar griotte afin de le porter avec délectation à ses lèvres charnues. Il s’adressa alors à elle d’une voix doucereuse, pleine de condescendance :


- Allons, allons, poupée, tu apprendras à aimer l’endroit. Et ce qui si passe, sinon…

La main s’était relevée, comme autant de menace, mais justement, comme Eugène – il était temps qu’il revienne, celui-là – l’avait judicieusement fait remarquer, il ne fallait pas trop abîmer la petite, s’il voulait en profiter encore, et encore, et encore… Et encore, ouais. Il sourit à son complice, interrompant son geste, et lui répondit :

- Si t’es pas rassasié de la brune, je te laisserai profiter de mes restes, quand je l’aurai remise à sa place. Cette petite garce s’est permis de me menacer.

Il suivit son ami du regard, et s’amusa de ce qu’il devinait déjà ; le beau gosse ne se refusait jamais rien, et, pour autant qu’il pouvait le dire d’ici, le blondinet qu’ils avaient ramené pouvait aisément passer pour femelle… Et si ce n’était déjà fait, il pourrait se comporter comme telle, après qu’Eugène se soit occupé de lui. Il rit, cruel, et se pencha à l’oreille de Natasha :

- Je crois que tu ne seras pas la seule à profiter de notre virilité ce soir. Ni ta copine imbibée, d’ailleurs.

Pour ajouter en éloquence à sa petite phrase, il tourna le visage en direction de Beren, appuyant sa joue sur la sienne, un sourire plaqué sur ses lèvres répugnantes :

- Reste à savoir qui criera le plus fort.


*Ouais ouais, il se prend pour Dieu (cf le Notre Père)
Natasha
[De la folie aux fantasmes…]

Reprendre la main… sur la gueule ouais ! Transcendé par sa victoire précédente, il resta insensible à l’humour de la blonde et même, s’en agaça assez pour lui remettre une volée ; brutalité des mouvements qui ne la troubla pas outre mesure, cependant, le coup l’atteignit violemment sous le plexus et la belle d’en rester le souffle coupé… L’inconscience ou l’instinct la fit sans doute se mouvoir sous le choc et les phalanges puissantes finirent leur course en heurtant violemment le sternum, dans un craquement révélateur qui lui arracha un cri.

Natasha 1 – bouseux 2.
Poussée sur une chaise à la solidité sommaire, elle chercha à retrouver sa respiration, difficulté accrue comme elle se concentrait davantage à ravaler ses larmes… perles salées témoins de la douleur éprouvée tant que de l’animosité qu’il suscitait. Longtemps qu’elle n’avait croisé tel adversaire ; si la nature avait négligé l’octroi d’une once d’esprit, elle avait néanmoins comblé le brun d’une force renversante – ouais, fastoche !
La tête esquissa un furtif mouvement de recul quand la large main s’abattit sur sa joue et les paupières de se fermer pour dissimuler l’impact des coups reçus ; à peine tressaillit-elle à la pression sur sa pulpe ensanglantée et de réprimer péniblement le fiel qui monta à l’unisson de la nausée. La menace licencieuse et à peine déguisée la fit, cependant, se raidir sensiblement et elle salua l’arrivée d’Eugène qui détourna l’attention du tortionnaire un court instant.

Nébulosité… les glandes lacrymales altérant la vision d’un voile humide, elle peina à distinguer le troisième larron mais sa voix ne lui avait pas échappée ; les mâchoires se crispèrent tant au rire qu’au chuchotement du colosse, lui rappelant le traumatisme subit plutôt, dans la ruelle.
Quand il joignit leurs joues, elle cru vomir mais déjà, il forçait la caboche à pivoter ; d’un battement de cils, elle libéra les fines gouttelettes saumâtres et la rage de reprendre ses droits en saisissant les dernières paroles du pervers…

Réveilles-toi Natasha… Entends la provocation… Ecoutes le danger… Laisses ton essence souiller ton sang… Poison, lèves-toi !

Une lueur de folie traversa les prunelles sombres qui se posèrent sur Kiki, comme elle plantait la nacre dans le lobe tout proche ; une goutte carmine lui fit lâcher prise et de siffler :


Libères-les et tu vivras…

Folle qu’on vous a dit… et rien ne sied mieux à la slave que la perte d’une conscience déjà toute relative.

_________________
Beren
[Extérieur]


Et le signal en question vint bien vite ; tout avait pris une vitesse folle, et c’est maintenant les yeux exorbités, le visage tour à tour blême et pourpre… Bon là, il était livide, les yeux rivés sur Natasha, en mauvaise posture, le visage aussi tiré vers l’arrière que sa chevelure, après un vol plané violent direction le sol humide d’un Paris d’octobre. Et là, le vent pouvait faire craquer les branches, la brume venir dans sa robe blanche*, hein, mais c’était bien le visage la Platine qui attirait chacun de ses regards. Impossible, c’était impossible. Pas elle, si forte, si agile, si… foutredieu, elle était si dangereuse habituellement, elle ne pouvait pas être maîtrisée, c’était elle, l’Insaisissable.

Fort heureusement, le mouvement de tête, léger, évidemment, qu’elle lui adressa pour lui ordonner silencieusement de suivre docilement était venu, qui le rassurait quand même : elle lui commandait encore de bouger, elle était toujours là.

Pour autant, croire que Beren avait suivi serait une erreur ; l’homme brun avait ramassé la dague de Natasha, la maintenant tout en se baissant, et avait fait prendre la tête du cortège au jeune Fiole, ne lésinant pas sur les menaces, envers lui, envers Elle. Aucune possibilité pour lui d’agir, petit moineau frêle contre grosse buse : même avec un cerveau, il ne faisait pas le poids. David contre Goliath… Pourquoi diable s’appelait-il Beren ?!



[Bouge pourrave : si ça c’est masculin, j’veux bien être un homard plutôt qu’un homme]


… Sauf que fait de homard, Beren, c’est juste une crevette ; et taillé pareil, en plus. Il eut beau traîner des quatre… six… huit - ça a combien de foutues pattes, une crevette ? -, bref, il eut beau traîner des quatre fers – ne cherchons pas de logique à l’imagerie merveilleuse de la langue française -, il fut immobilisé, lui aussi, et sans mal aucun, par Charmant, armé, ayant délaissé Lady, allongée, à moitié délirante sur une couche crasseuse, le temps de le maîtriser.

Le cauchemar continuait ; et Dieu sait que d’habitude, son pire cauchemar, c’est Natasha – elle fait peur, sérieusement, même mon LJD tremble quand j’entre en sa compagnie en taverne -, mais là, le brun, il mène un peu trop la danse à son goût. Beren a relevé le menton, fièrement, amusé du sarcasme de Natasha, et fier de son courage quand ils ont pénétré l’antre répugnante … Mais le sourire narquois du « hein, et tu dis quoi, hein, là, sale petit mécréant » qu’il avait immédiatement pensé fut vite remplacé par une grimace et un élan de rage, quand la briq.. quand la main du costaud s’est logée dans le ventre de la slave, et qu’elle a poussé un cri. Elle a poussé un cri, sérieusement ! Ca, ça n’est jamais arrivé, et Beren, s’il a tenté de se relever en tirant sur la chaîne qui noue ses poignets, le visage déformé par la colère, n’en est pas moins impuissant, à son grand désespoir. Il tremble, il a peur ; elle a crié. Si elle a crié, elle a mal, hein ? Il tire sur ses chaînes, comme une bête enragée, fou de rage, il hurle, il crie, il peste ; ce sale petit enfoiré ne va donc pas s’écarter d’elle ?

Mais soudain, du bruit. L’oreille se dresse – aurait-il enfin pris quelque réflexe ? -, et le visage se tourne vers la porte, qui s’ouvre sur celui des trois qui avait suivi Carensa, SA Carensa. Lueur d’inquiétude, yeux écarquillés, il écoute ces deux là parler d’elle, de Natasha, de Lady comme de vulgaires denrées. Il a peur. Pour elle, qui n’est pas là, pour elles, qui sont là. Il est entré naturellement, il n’a pas l’air déçu… Comment va-t-elle ? Où est-elle ?

Il s’est immobilisé, silencieux, mais son cœur semble cogner dans sa poitrine ; cela ne prendra-t-il donc jamais fin ? Il a un léger mouvement de recul devant le sourire que lui a soudain tendu ce brun-là, qui lui avait paru inoffensif à côté de l’autre, jusque là, jusqu’à ce qu’il ne se tourne vers lui avec ce sourire étrange, qui grandit à mesure que l’espace entre eux rétrécit. Il recule, Beren, il est acculé, bientôt, et se retrouve assis sur une couche. Il le regarde s’installer, tout semble suspendu… Trop calme, soudain.

Et l’échange prend une tournure nouvelle, quand après s’être lui-même admiré, l’homme tend la main, lui saisit le menton avec force, comme son visage s’approche du sien. Il ne peut reculer, et c’est les yeux écarquillés qu’il se demande ce qu’il va advenir de lui. Il fait froid, soudain, il tremble à nouveau, seul son menton, prisonnier de ses doigts, ne se meut pas ; il bredouille, presque inaudible :


- Je… Beren.

* Francis Cabrel, Octobre.

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--Eugene.


[Sodome et… Beren]

Si c’est pas mignon ! Le vaniteux, d’une oscillation de la tête, repoussa une mèche brune – notez que ce mouvement sera légion d’ici quelques années… siècles – et sourit au moustique. Les yeux glissèrent lentement sur la silhouette recroquevillée contre le mur, la langue lécha vulgairement sa lèvre supérieure et le pouce caressa doucement la bouche du prisonnier :


Beren. Mon ami est un grossier personnage n’est-ce pas ? Injurier ainsi une si jolie jeune femme… quel manque de diplomatie !

Diverses scènes d’une indécence indescriptible traversèrent l’esprit du pédant qui, d’un coup de rein calculé, quitta l’assise afin de libérer les poignets du blondinet. Se faisant, il en profita pour lui murmurer à l’oreille :

Et toi Beren, tu n’oserais pas nous menacer… *perfide, il gouta la peau juvénile du dard humide, suivant les courbes du cou, remontant sur le menton glabre avant de flatter la pulpe timide qu’il aspira sans scrupule*… je vais bien m’occuper de toi…

La pointe indiscrète força les lèvres du jeune homme et, d’autorité, vint quérir sa semblable pour une danse corrompue. Malgré l’outrage que pourrait ressentir un non-initié, Eugène s’avéra d’une délicatesse étonnante ; sa langue se fit caressante quand elle enlaça sa jumelle puis, plus hardie, alternant fougue et douceur. Il abandonna à regret le fruit encore vert, permettant à la Fiole de reprendre son souffle et c’est un regard graveleux qu’il posa sur sa victime du soir.

Les genoux du bellâtre gagnèrent le sol, séquestrant la crevette entre ses cuisses. Il laissa passer un long moment, guettant ses camarades et leurs greluches, songeant qu’il était dommage d’abîmer une telle marchandise et que, surement, ils en auraient tiré bon prix dans un bordel. Et ses braies le rappelèrent aux besoins dépravés, imaginant une catin aux formes engageantes ou, simplement, un mignon terrifié… Ses doigts se fermèrent sur la gorge aussi gracile que celle d’une femme, si ce n’est la boule toute masculine nommée « pomme d’Adam », et la voix, teintée de vice, susurra :


…à condition que tu sois une ribaude bien docile !
Beren
[Approchez, approchez, venez un peu plus près… trop près, un peu trop près!]


La peur. C’est la peur, qui lui tiraille le ventre, là ? Il ne peut pas être si dangereux, i…il est plutôt bel homme, en plus. Bon, il se regarde plutôt qu’autre chose, mais c’est compréhensible, finalement, parce que bon, en même temps, quand on regarde, bon… Il est séduisant, quand même. Mais qu’est-ce que je dis, moi ? Il est effrayant, point. Effrayant, mais sédui… terrifiant.

Pourquoi il le regarde comme ça ? On dirait le même regard que porte sa petite sœur sur l’étal du confiseur, au marché… Elle ouvre les yeux de la même façon, et les fait dévorer du regard les bonbons et autres sucreries présentées devant elle. Comme hypnotisée, elle se demande par quel bout elle va commencer… Il… Sérieusement, il n’a pas une tête de praline, Beren, y a quelque chose qui cloche. Parce que c'est le regard d'un gourmand devant une friandise allêchante que lui lance maintenant Eugène.

Les yeux du jeune Fiole se font fuyants, et il offre ce léger sourire un peu nerveux, celui qu’il utilise quand il ne sait pas si c’est du lard ou du cochon – a priori, la suite de l’histoire nous le confirmera -, et qu’il attend de voir la réaction de son vis-à-vis. Les joues pourpres, il observe le jeune homme passer sa langue sur ses lèvres… Y a VRAIMENT quelque chose qui cloche.

Le frisson. Celui qui l’agite, lui glaçant les os, quand son pouce vient se poser sur ses lèvres ; à tous les coups, il va lui arracher les dents, ou lui élargir le sourire avec une dague, voire lui en dessiner un second, ou lui arracher la peau des lèvres ? Le visage tente de partir en arrière, position cobra pas ravi. A sa grande surprise, il n’en est rien, et c’est un ton doucereux qui vient remplacer le tranchant de la lame… Mais pourquoi ça fait peur quand même, alors ?

Quand il se lève d’un habile mouvement du bassin – pas le dernier de la nuit, barrés comme ça -, le jeune Fiole a un élan de panique incontrôlable, et il lui faut serrer les jambes pour ne souiller que légèrement ses braies – je précise qu’on est plus côté verso que recto sur ce coup-là, si ça aide à saisir l’idée. Le blondinet ouvre de grands yeux affolés comme il a déjà fondu sur lui, et laisse échapper un léger cri aigu, de surprise. Il se tut sitôt la voix de son geôlier se fit entendre à son oreille, doublement attentif comme il s’attend à entendre par là-même sa dernière heure sonner. Et… encore une fis ô surprise, il n’en est rien. Ses poignets ont été délesté de la lourde chaîne, il ose à peine frotter ses chairs meurtries ; ne pas bouger, c’est peut-être un moyen de disparaître, au moins aux yeux gourmands posés sur lui. Perdu dans ces considérations-là, les yeux rivés sur l’endroit où était assis quelques instants plus tôt son tortionnaire, il tremble comme une feuille au moment de répondre au brun. A sa prime phrase, il n’a pas osé répondre, mais peut-être, que peut-être l’homme sera de leur côté et les aidera… ou peut-être pas.*

D’accord ; clairement pas. Alors qu’il bafouille un ensemble de « oui… non… je… peut-être» dignes du prix de la répartie de l’année, un sursaut vif prend possession de lui qui vient accueillir le contact de la langue adverse… Mais qu’est-ce qu’il fait ce cinglé ?! Panique générale ! Mais quand je disais que quelque chose clochait ! Il croit que Beren… qu’il… qu’il… Noooon ?! Il peut pas croire ça ? Il a certes les cheveux un peu longs, n’a pas de pectoraux très développés, mais quand même, il a un minimum de muscles, et.. et il porte pas de boucles d’oreilles, ou de chausses roses ! « Je suis un homme, je suis un homme, quoi de plus naturel en somme ? » a envie de hurler Beren, mais il a à peine le temps d’ouvrir la bouche pour protester que le… la ?!... langue de son vis-à-vis précédent s’immisce pour aller cajoler la sienne, dans un ballet… somme toute plutôt tendre, et pas tellement désagréable, ce qui le rend plutôt perplexe. Bon, on est loin de l’étreinte passionnée de son côté quand même ; y a deux secondes, il se pissait à moitié dessus, mais… mais… mais à l’évidence, il n’est pas le seul à trouver le moment plutôt sympathique… paradoxalement. Il a répondu, non ? Du moins, il a rendu le baiser, levé les mains, les a laissées suspendues en l’air, mais déjà, l’assaillante a opéré une retraite et abandonné les cadavres derrière elle – comprenez ceux de l’innocence et des certitudes de Beren ; ramassez vos morts, petit interlude. Médusé, le franc-comtois regarde cet homme, qui aura su conférer plus de passion et de sensualité dans ce baiser que dans presque tous les baisers reçus de femme – et tu sais que je pense à toi, toi, là-bas, dont je tairai le nom - poser genoux à terre ; pour la demande en mariage, on repassera quand même.

C’est quand même vachement le moment de s’interroger sur les conséquences de tels ressentis, de telles, et il met du temps à le formuler, « envies d’encore », mais impossible n’est pas Beren ; normalité, idem.

Il se sent presque rassuré, et il s’autorise un léger soupir adéquat, oubliant un instant l'endroit dans lequel il se trouve, pour se focaliser sur ce qu'il a ressenti au baiser. Mais soudain, la main vient enserrer son cou, imprimer sur celui-ci une compression douloureuse, presqu’aussi terrifiante que le murmure qui l’accompagne. Le souffle saccadé, toute satisfaction ou étincelle éteinte, il laisse échapper un traître gémissement de douleur, et tente de se dégager, comme ses mains sont enfin libres. Et ça se débat, et ça serre les dents pour tenter d’échapper à l’emprise sur sa gorge – ce type-là est cinglé, même s’il est beau comme un Dieu -, et ses poings malhabiles et chétifs de venir tambouriner sur le torse de son adversaire, comme autant de bouteilles à la mer.

Ribaude ?! Ben manquerait plus que ça !


* cf. Fiori/Goldman

_________________
Charmant



[ Passons aux choses sérieuses...]


Les choses avançaient doucement dans la garçonnière. Chacun avait pris en main sa victime plus ou moins consentante. La sienne l'était assurément du moins c'est ce dont était certain notre Charmant. Ne s'accrochait elle pas à lui comme une amante conquise ? Ne riait elle pas quand il tatait ses tétons dressés ? Le blondinet souriait ( genre pub Colgate, mes dents sont si blanches qu'il faut donner un nouveau nom au blanc ) à s'en décrocher les machoires. Trop sûr de lui vous me direz ? Mais non pas du tout, juste lui même. Il est beau, intelligent, charmant, spirituel... Toutes les femmes le savent, se pavanent et les hommes en sont jaloux. La perfection rend toujours ainsi. Des yeux inquisiteurs pourraient se dire que si elle s'accroche à lui c'est juste pour pas tomber et que si elle rit c'est juste parce qu'elle est bourrée. Mais ce genre de chose bassement terre à terre n'atteint pas notre beau gosse. Ses neurones ne fonctionnent que pour trouver celle qui comblera ses moindres désirs. Et dieu sait que son appétit sexuel est sans fin.


Tout en continuant à tripoter la Miel de toutes les manières indécentes imaginables, il regarda ses comparses s'amuser à leur façon. Le jeune Eugène que rien ne répugnait du moment qu'il y trouvait du plaisir avait décidé de s'occuper du freluquet. Il rit en voyant la tête de la jeune proie qui passait de la colère à la peur en oubliant pas un petit air qui semblait montrer qu'il ne trouvait pas ça si désagreable au final. Puis il passa au colosse et la petite platine. Il n'approuvait pas la violence de son copain mais bon il fait comme il veut avec son joujou, ce n'est pas lui qui ira lui reprocher. Surtout contre une armoire à glace comme l'est Kiki. Ah oui je ne vous ai pas dit, le courage n'est pas non plus une des qualités du prince. Alors il se contente de tourner la tête quand la brute frappe la pauvre petite slave. Après tout on ne peut juger ce qu'on ne voit pas hein...


C'est donc tout naturellement qu'il se reconcentre sur la sienne. Il la colle contre le mur et tente de déboutonner son corsage. Mais il n'est pas très doué pour ça, d'habitude les femelles font le travail toutes seules. Décidément rien n'est vraiment comme d'habitude ce soir là. Certains y auraient vu un signe, lui se contente d'essayer d'arracher le dit corsage.
Christian_kiki



Ah, il allait la calmer, celle-là, et bien vite, elle finirait comme les autres… Remise à sa place de femelle, honorée comme elle le méritait, et plutôt deux fois qu’une ! Et la cogner avait fait monter d’un cran son plaisir sadique, la violence nourrissant le flux de son sang, qui stagnait néanmoins au niveau de ses braies, resserrées d’autant à chaque fois que la main s’est abattue sur la peau délicate.

Et ça tiraille, et ça demande à être soulagé, et c’est bon d’attendre… Elle n’en profitera que davantage, la ribaude. Et elle pourra crier, se débattre, tenter de le repousser… l’imaginer, déjà, durcit d’excitation ce qui n’en demandait pas tant.

Le sang, qui coule lentement sur sa peau dessine une arabesque enivrante, et la suivre porte le regard vers la naissance de sa poitrine… Diable, quel effet lui fait-elle ! Il va en devenir fou de désir, et pourtant, c’est lui-même qu’il fait souffrir, comme il retarde l’étreinte, pour mieux la savourer encore. Et ce regard haineux qu’elle lui porte, sensuel de haine, profond de colère… C’en est divin. Imaginer voir disparaître cette expression haineuse, mais voir demeurer cette expression au plus profond des ambres, élargies comme le noir l’emportera sur le reste, tandis qu’il s’immiscera en elle avec force, ça… ça… Foutues braies !

Le ter camarade est arrivé, il s’occupe de son jouet, et, visualisant la scène qui va suivre, et les minauderies, à n’en point douter, de la coquette qu’il a dégotté – et il ne parle pas de l’imbibée, hein -, le fait éclater d’un rire guttural, cruel, méchant. Aucun doute, la menace l’a blessé si fort dans son orgueil qu’il la fera supplier, qu’il les entendra tous geindre, prier, hurler la faveur du coup fatal… Qui ne viendra pas, remplacé par une étreinte encore plus brutale, encore plus violente, encore plus douloureuse, jusqu’à ce que la pire des morts s’en suive : celle de l’estime de soi. Et ensuite, ensuite… Il les laissera là, dociles, n’offrant plus à leur corps l’importance que l’esprit n’aura plus… à quoi bon ?

Il s’est penché, il a forcé le prime contact, sa joue sur la sienne, l’a contrainte à regarder. Et elle regardera, dût-il lui maintenir les paupières ouvertes ; elle le verra, son gringalet d’acolyte, rabaissé avant qu’elle ne le soit elle-même, devant ses sbires… Car c’est elle la meneuse, évidemment. Il l’a bien vu à l’attitude de ses comparses, à la façon dont elle s’est mû au milieu d’eux, l’air qu’elle a affiché, tout en assurance toute détachée, ce commandement silencieux inhérent aux chefs. La meneuse… La plus dure… Celle qui subira le plus, déshonorante déchéance pour leur apprendre à toutes, à tous, qui mène la danse par ici. N’est-il pas enseigné à chacun, à travers toutes circonstances, que pour asseoir son autorité, c’est au plus fort qu’il faut asséner le premier coup, pour rabattre le caquet des plus faibles ? Elle n’échappera pas à la règle, aussi femelle soit elle.

Elle regardera chacun de ceux qu’elle commande, qu’elle possède peut-être, être asservi au bon vouloir, à la force d’un autre, autrement plus viril, de surcroît. Que n’est-elle pas restée à sa place de femme ; n’ont-elles toutes pas assez d’espace dans les cuisines ou les bordels ? Voir les siens ployer devant le joug d’un autre, quelle petite mort avant la grande… Plus douloureuse encore, pour un chef. Oh, ses yeux se voilent… Va-t-elle pleurer, pauvre petite chose ? Il s’en amuse, il en rirait presque, si l’idée de deviner ses pensées à la vue de son ami malmené n’était pas plus réjouissante encore de perversion… La haine qu’elle doit ressentir, la fougue qu’elle mettra à lutter… Et les braies de se resserrer encore davantage ; vont-elles exploser ? Il n’est pas loin d’éclater de rire quand la douleur vive lui saisit le lobe de l’oreille, où ses dents ont croqué. La garce… Elle l’a meurtri dans ses chairs, elle a osé, mais surtout, la menace est venue encore, sous-jacente. D’un geste rude, il lui enserre le menton, et lui fait maintenant face :


- Et qui crois-tu tromper ? Arrogante quand tu es faible, liée sur une chaise… Impuissante devant le sort réservé à tes larbins… Tu les vois, les entendras, bientôt… Connaîtras ce qui t’attend, sans même savoir à quel point ma propre fougue sera décuplée du spectacle la précédant. Peste, persiffle, râle, va… Tu crieras, toi aussi, bientôt. Tu pleureras, toi aussi, tu supplieras. Regarde bien.

Et puis surtout, ma foi, c’est plutôt agréable, cette douleur lancinante, elle le rappelle à ses sensations ; méprisant, franchement moqueur, il pousse à la provocation, encore une fois :

- Si tu griffes aussi, le tableau est complet… A moins que tu ne saches que mordre, chienne ?

Le bal des maudits se poursuit… Qui se relèvera, à son terme?
--Eugene.


[Fais-moi mal…]

Les yeux du mignon en disaient bien plus long que ses lèvres. D’ailleurs, la bouche s’ouvrait et se fermait comme s’il était un poisson hors de l’eau, sans pouvoir émettre le moindre son… hilarant. Le ténébreux éclata d’un rire effrayant, savant mélange d’amusement, de moquerie et surtout d’excitation malsaine ; la peur du blondinet, associée à sa rébellion, procura une ivresse particulière au bellâtre qui serra la gorge un peu plus. Il ne le tuera pas, pas maintenant, pas avant d’en avoir profité jusqu’à la lie. Et la brute, ce n’était pas lui dans le trio, c’était Kiki bien qu’Eugène ne crachait pas sur un petit bonus assez exaltant.

Méprisant, il infligea un nouveau baiser à sa victime ; plus masculin que le précédent, sa langue imposant sa cadence, ordonnant les échanges. Quand il lui permit de respirer un peu, relâchant à peine la pression des doigts sur le cou si féminin, ses prunelles dilatées par le désir s’accrochèrent aux émeraudes affolées et son sourire si éclatant d’apparaitre :


Ouhhh, tu sors les griffes chaton ? Je vais te faire miauler moi !

Tout en jouant du pouce sur la peau qui prenait une teinte légèrement violacée, l’autre main se posa sur le ventre de Beren. Les regards vissés, il la fit descendre jusqu’à plaquer sa paume sur l’entrejambe du moustique ; les dents mordirent la lèvre inférieure alors qu’une lueur libidineuse illuminait son visage, ses braies semblant rétrécir à la vitesse de l’éclair :

Beren, tu devrais jeter un œil à ta belle amie *associant le geste à la parole, il libéra la gorge pour l’obliger à tourner la tête* elle est déjà moins jolie d’ailleurs… tu ne voudrais pas finir dans le même état n’est-ce pas ? *il lui saisit le menton et frôla la pulpe de sa langue* Kiki serait surement ravi de s’occuper de toi, il n’en a jamais assez et, pour quelle finalité ? Tu ne serais qu’une vulgaire catin, mais en sang ! * il sourit de nouveau, charmeur comme il savait si bien l’être* En revanche, si tu es sage et docile, tu ne le regretteras pas et je dirais même que tu en redemanderas !

Il caressa doucement la chevelure du miel et, affectant l’innocence de sorte qu’un visiteur lui donnerait le bon dieu sans confession, il effleura la virilité prisonnière avec un certain doigté.
Natasha
Regardes-moi… profites-en… fanfaronne tant que tu le peux encore… la faucheuse est un enfant d’chœur à coté de moi… la mort sera libératrice… tu me supplieras de te l’offrir… regardes-moi pourriture, lis dans mes yeux, comprends ton destin…

Elle subissait la blonde, elle subissait fièrement, elle subissait en silence… comme on le lui avait enseigné ; elle rongeait son frein, elle attendait son heure, elle imaginait déjà le sort qu’elle lui réserverait, les souffrances qu’elle lui infligerait. Un grognement sourd quand il saisit son menton, réveillant d’autant les douleurs physiques, des larmes qui perlaient oui mais point de sanglot, et le regard qui ne cilla pas. Le venin nourrissait son sang, son corps entier contaminé par cette haine cruelle ; la rage barbare cognait dans ses tempes, battait dans sa poitrine, palpitait dans ses veines. Elle attisait la flamme destructrice, consumait l’étincelle de raison et la belle de sourire sensuellement à son tortionnaire. Folle !
Sa langue, provocante, glissa nonchalamment sur sa pulpe suppliciée, y récoltant le carmin ; elle s’apprêtait à répondre aux menaces quand les paroles moururent sur ses lèvres blessées et que, d’un mouvement brusque, elle se dégagea en entendant Eugène.

Beren…

L’onyx passa du binoclard à la miel, qui au passage ne semblait pas vouloir cuver, de la miel au binoclard… Une lueur sinistre les traversa furtivement quand elles se posèrent sur le narcissique ; plutôt séduisant, aux antipodes du colosse la malmenant. Une moue de dégout en lorgnant sur le blond ; fadasse, le charisme d’une huitre.

Lady…

Son poul s’accéléra dangereusement comme l’estomac se serrait, poinçonnant le minois d’un rictus. Elle s’étourdissait dans la douleur des blessures, sombrant lentement dans les limbes qu’elle affectionnait tant… en marge de l’enfer, aux portes du réel, balade dont elle jouissait souvent ; régulièrement sur le fil, toujours dans l’excès jusqu’à flirter avec la faucheuse. Mais seule à en être la cause, seule à en subir les conséquences. Folle !

Cette fois était différente… elle n’avait pas choisi, elle n’avait pas cherché. Cette fois, le danger n’engageait pas qu’elle mais sa famille aussi. Tout sentiment est une faiblesse dont l’ennemi se servira… Combien de fois lui avait-on répété, encore et encore, jusqu’à murer son cœur dans un puits sans fond. Et ils croisèrent sa route ; ils, ses loups, ses amis, ses complices… Elle se redressa soudain, les épaules droites, le port de tête altier, ignorant l’ossature abîmée ; colère stagnante et la slave de minauder en papillonnant des cils :


Tu as raison, je suis faible… Kiki… détaches-moi et tu verras comme je sais être docile…

Oui, regardes-moi… libères mes poignets… donnes-moi une opportunité, juste une… tu crois m’asservir… tu me vois déjà soumise à tes fantasmes… regardes-moi sale porc ! savoures mon sourire… avant de déguster.

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Ladyphoenix
[Elle danse seule
Ephémère et légère
J’oublie tout, mon passé, mes misères
Elle danse, seule…]*

Ah bah ouais, parce que Lady, quand elle titube, quand elle oscille dangereusement entre équilibre précaire et entame sérieuse de chute, dans sa tête, elle virevolte. Un petit pas de menuet, délicat, quand son pied écrase lourdement celui de son prince charmant ; l’arabesque habile d’une danseuse quand ses bras tendus sur les côtés, façon équilibriste, partent d’un seul coup en arrière, cinglant au passage le visage princier, comme la porte battante d’une taverne claquée au nez d’un consommateur trop zêlé, ou trop fougueux. Elle danse… seule, éphémère et légère, et elle oublie tout, son passé, ses misères… Elle danse, seule… mais accompagnée.

Et c’est à son cavalier, dans les oreilles duquel elle glousse bruyamment, presque vulgaire, comme elle tient à peine debout, qu’elle confie, après une révérence maladroite, poupée désarticulée comme la tête flirte dangereusement avec les pavés, la mine boudeuse comme elle se relève et plaque avec lourdeur sa main sur ses cheveux, loin de la grâce qu’elle imagine conférer à ses gestes :


- Et je trime toute la journée… Oui ! Je trime pour ne pas penser ! J’ai quitté les miens depuis si longtemps. Quand la nuit vient, je m’enivre et j’attends !**

Elle a hoché la tête pour ponctuer ses assertions ; comme pour se convaincre, comme pour le convaincre :

- Mais vous ne pouvez pas comprendre, vous, vous êtes prince, alors trimer, je suis sûre que tu sais même pas l’écrire, hein, ton altesse ?

Ouais, parce que les références pronominales se sont noyées, elles aussi, dans l’alcool, ce soir. Si elle s’entendait, elle se frapperait elle-même ; bien sûr qu’elle est avec les siens, les vrais. Pas ceux qu’elle a tantôt épousé, tantôt engendrés, mais bien ceux qu’elle a rejoint, et à qui elle appartient désormais, et pour jamais. Ce sont eux, sa famille, ses compagnons de ce soir, et ceux absents, aussi, même si elle ne remarque pour l’instant ni les uns ni les autres, trop occupée à se dandiner sous les « caresses » multiples de son amant du soir.

A rire, à glousser, à pousser des « rooooh » amusés chaque fois que ses mains enserrent avec peu d’adresse – mais l’aura-t-elle noté, cela ? – sur ses formes généreuses, la Miel ne décuve pas, elle ne réalise même pas être entrée dans un endroit lugubre, à peine remise des quelques vomissements qu’elle a eus sur la route, soutenue par la taille par le chevaleresque prétendant.

Elle se laisse bercer par la danse entamée par celui-là, quand son estomac menace d’une nouvelle reddition… qui vient bien vite, comme elle a le réflexe de se tourner sur le côté. De toutes façons, l’endroit ne manque déjà pas d’odeurs, alors une de plus, une de moins, cela fera-t-il une réelle différence ? Elle se redresse, elle lui sourit, et lui se débat pour dégrafer son corsage. Elle ne l’aide pas, elle ne le pourrait pas, même si elle le voulait ; elle le maîtrise pas ses gestes.

Même si elle voulait, oui, parce que par à coups, la conscience vient, repart, revient, s’enfuit à nouveau. Il le sentira peut-être, s’il note qu’elle ne soupire pas, mais maugréé, grommelle un peu, par moments. Elle ne peut pas voir ses comparses, elle ne parvient pas à les entendre, il fait trop de bruit. Et soudain, le bruit. Celui-là qui la fait décuver bien plus que n’importe quoi auparavant ; elle n’a pas entendu le coup, elle ne l’a pas même vu, mais il est un bruit qui emplit sa tête, et semble l’appeler à la raison, comme un murmure qui prend de l’ampleur, à mesure que les secondes s’égrainent. Elle l’a entendue crier, et ça la rappelle à elle. Elle a crié, Elle.

Les sourcils se froncent, et elle réalise, soudain. Bon Dieu, qu’est-ce qui s’est passé ? Un regard au sol, à la flaque visqueuse, et elle comprend à sa langue pâteuse qu’il y a peu, la flaque était encore à elle. Le goût âpre, amer de la bile ayant enflammé sa trachée n’est rien à côté de la boule de rage qui l’anime soudain. Mais elle ne peut bouger. Elle comprend bien que quelque chose n’est pas normal, si la Platine Divine (ou l’inverse, c’est selon) a échappé un cri, et si elle, la miel, se trouve dans cette situation alors que Natasha est dans la même pièce. Elle regarde son « amant », les yeux rivés sur son corsage, à tenter de le défaire, en vain. Réfléchir – ‘tain, c’est dur avec la mine qui commence déjà à lui marteler le crâne, et l’inquiétude qui la ronge ; il faut qu’elle La voit. Et pour cela, il faut qu’elle prétende, il faut qu’elle se retienne de faire valser cet homme-là aussi sec ; elle a tant combattu en armée et battu tellement plus fort qu’elle le dominerait à la lutte facilement… Bon, peut-être pas si facilement, ses gestes sont lourds, lents, trop prévisibles encore… Mais tout-de-même, il faut qu’elle fasse semblant de rien, qu’elle simule, après tout, elle a pratiqué tant de fois cet exercice qu’elle le maîtrise jusqu’au bout des ongles, maintenant.

Un soupir d’extase pas ci, un gémissement à peine étouffé entre ses lèvres – pourquoi être subtile avec cet imbécile qui l’agace prodigieusement dorénavant – par là, il finira bien par bouger… Mais oui, enfin, il bouge, et…

Wow.

La lèvre est fendue, la joue légèrement tuméfiée, mais trop… Elle en reste terriblement sensuelle, mais ce rat a osé lever la main sur elle ; ah, si elle pouvait se dégager sans risquer d’attirer l’attention du grand balèze ! Il faut attirer son attention, pour que seule elle comprenne qu’elle est enfin lucide. S’attelant à paraître aussi saoûle qu’auparavant, la Miel, qui n’a alors pas encore ouvert la bouche pour autre chose que glousser, dit assez fort :


- Je suis une louve, tu sais ?

Petite tentative déguisée de mettre en garde le prince de pacotille, de lui laisser une petite chance, peut-être, mais vrai élan pour rappeler Natasha à la conscience ; son regard est terrifiant. Elle est furieuse, animale, presque, et même son alliée miel essuie un long frisson, comme ce qu’elle voir la glace d’effroi. Il ne sait, inconscient, ce qui l’attend, et à bien y réfléchir, Lady comprend qu’elle-même ne pourrait pas l’imaginer, à la regarder comme ça. Celui-là paiera… cher… très cher. Et le blond qui ne la lâche pas… Elle pousse un soupir ; il le prendra peut-être pour un encouragement, mais pour elle… il est juste pénible. Et le grand, là-bas… bientôt mort. Le regard parcourt la pièce, et un léger cri de la faire presque sursauter, et se trahir : Beren est en de beaux draps ! ‘Fin, pas encore… mais ça s’annonce comme ça… Celui-là aussi, couinera, et longtemps !


*De Palmas, Elle danse seule
** Idem, modifiée.

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Beren
[La cage aux folles]


L’étouffement. La peur, qui tiraille ses entrailles, et le manque d’air associé, ça vous casse un homme ; Beren survivra, niveau masculinité, y a encore du chemin à faire... Enfin, si le brun relâche l’étreinte de sa gorge. Les doigts compriment le cou frêle, emprisonnant l’air, qui se raréfie dans sa trachée, et la lueur de sadisme malsain dans le regard fou de son vis-à-vis de geôlier lui fait autant écarquiller les yeux de frayeur que de douleur ressentie. Mauvais pressentiment. Il va mourir, c’est certain.

Et en fait… Non. Non ?! Au lieu d’un coup lourd, violent, douloureux et du gémissement ou du cri plaintif qui en aurait été extirpé d’entre les lèvres du Fiole, c’est un baiser qu’il reçoit. Plus cruel, néanmoins, mais ça, Beren ne le saisit pas, du moins, pas encore. Le baiser est moins agréable que le premier, moins délicat, plus viril sans doute, comme les lèvres sont forcées, la langue domptée, prisonnière de l’étreinte dominatrice du pervers. Moins docile, le blondinet se débat comme il le peut, étouffé maintenant ET par la poigne, et par le muscle buccal de son tortionnaire.

A peine libéré, le Franc-comtois aspira l’air à grandes bouffées, le poitrail maigrelet se soulevant avec douleur et difficultés. On pourra parler d’ « apnée juvénile », si, si. Terrifié. Tremblant de peur, c’est néanmoins la perplexité devant le sourire ravageur d’Eugène, qui prima à l’instant où celui-ci s’afficha sur ses lèvres. Avec un sourire comme ça, et un physique pareil, il ne peut pas être vraiment mauvais, si ? A peine l’idée lui a traversé l’esprit que son bourreau se fend d’une menace toute animalière, et c’est tout naturellement que Beren laisse échapper un cri aigu, digne d’une jouvencelle surexcitée par l’arrivée en ville du dernier ménestrel en vogue, expression de panique et de surprise qui s’éteint brusquement, comme la seconde main du sadique se pose sur son ventre, puis à égale distance de chacune de ses aines. Nouveau cri étouffé, de douleur cette fois, comme il est secoué de terreur, et bientôt, de sanglots, à la morsure du brun dominateur. Il lui parle encore, et il utilise son prénom ; c’est qu’il s’intéresse un peu à lui, hein ? C’est qu’il ne va pas lui faire du mal, c’est qu’il va le laisser vivre, pas vrai ? Et il a dit que Natasha était une « belle amie »… mais aïe, si la gorge est libérée, le mouvement qu’il lui inflige est sec, rude ; pas autant que la vision d’horreur qu’il est forcé à avoir. Natasha est mal en point. De là où il est, il peut distinguer le visage bleui, violacé par endroits, et il note le griotte profond caractéristique du sang – il se coupe tellement souvent qu’il y est habitué, le Fiole.

La voix d’Eugène lui semble douce, elle le rassure ; mielleuse comme elle lui apparaît à cet instant – divague-t-il, où est-ce bien cela ? -, elle fait s’accrocher Beren à ses dires, l’écouter avec attention, et il aurait hoché la tête vivement si son menton n’avait pas été prisonnier de sa paume.

Lorsque la langue effleure sa lèvre, il frissonne, à mi-chemin entre l’impression qu’un serpent froid et dangereux lui glisse sur la peau et l’idée qu’elle est un témoignage d’affection, et… et de protection face à l’homme qui brutalise Natasha. Car, si ses yeux se sont embués de larmes du sort réservé à son amie - bien que celle-ci fut sublimement frondeuse, à cet instant -, le déconcentrant de fait, il a quand même saisi quelques mots, que son esprit martèle « Kiki… toi… sang ». Quand la vision se fait plus claire, Eugène lui sourit, plein de charme, et Beren, n’en pouvant plus de torture, tente se s’agripper à sa chemise, suppliant son geôlier, se jetant lui-même dans la gueule du loup :


- NON ! Pitié ! De grâce, ne le laissez pas me toucher ! Demandez-lui de lâcher mon amie… S’il-vous-plaît, je… Je ferai tout ce que vous voudrez ! Mais pitié, pitié, mon sieur, laissez-nous partir, laissez-nous rentrer chez nous… Je serai comme vous avez dit, sage et docile, s’il-vous-plaît !

Il est trop difficile d’aller plus loin, et les pleurs de déferler sur ses joues ; après tout, la caresse entamée sur son entrejambe réveille quelque chose qu'il n’a jamais maîtrisé, et… et rien ne pourrait-être pire que ce que vit Natasha….

Ah ? vraiment ?!

_________________
Christian_kiki



Ah le regard… Portes de l’esprit, s’il en est ; regard qui tait tant, mais qui affirme bien plus, quand les phrases sont fastidieuses et les mots, vains. Et les deux billes noires, sans expression, de Christian, attentif, scrutateur d’aucuns diraient, observaient avec avidité l’expression des deux ambres levées vers lui.

Et ce qu’elle lui renvoyait de colère, de rage sourde et tue, de haine indicible, violente, sanglante d’intentions, l’aurait fait frémir, s’il avait une conscience, et si son esprit n’était pas aveuglé par son propre courroux qu’elle ait osé lui porter préjudice, en calant cette dague contre lui, en le mordant, ensuite. Satanée bougresse qu’elle est, il lui percera les yeux s’ils ne se font pas assez dociles. Ah, il l’éteindra, cette lueur sombre, il la soufflera la flamme qui y brûle. Elle se consumera, quand il la consommera ; et les choses seront alors de nouveau à leur place.

Il rit comme elle se dégage pour regarder ses amis, et tente d’imaginer ses pensées ; est-elle furieuse ? Atterrée ? Désespérée ? Apeurée ? Plein d’appréhension ? A bien l’y regarder, il n’y voit rien que… En vérité, il est difficile de le dire ; celle-là sait taire ce qu’elle ressent. Comme c’est frustrant ! Il a presque envie de la cogner encore, pour pouvoir au moins lire quelque chose sur ses traits. La malmener n’a été jusque là que le seul moyen de déchiffrer ce qu’elle ressentait. Elle va jusqu’à lui faire l’affront de cacher les sentiments qui l’habitent, la garce, elle lui tait même cela.

Mais bientôt, elle relève la tête, frondeuse dans l’attitude, le port trop haut, les épaules trop droites ; elle l’agresse de son absence de reddition, elle le provoque, elle continue, n’a-t-elle donc pas compris ? Et pourtant, pourtant… Ses yeux se font plus doux, ses cils plus caressants dans le mouvement, et sa voix résonne contre les murs ; ils semblent seuls, un instant, et sa voix hante l’espace entier du repaire miteux et humide.

Une seconde, il va la détacher, et l’honorer sauvagement, jusqu’à plus soif ; il entame même le mouvement pour défaire ses liens, mais il entend tour à tour le garçonnet et la blonde beurrée. Il revient à lui, interrompt son intention, sonné lui-même de ce qu’il s’apprêtait à faire.
Il se force à rire, doucement, les mains sur les liens qu’il a tout-de-même un peu défaits, songeant qu’il les renouera plus tard, bien décidé à achever la platine qu’il croit toujours tenir sous son joug, et s’approche de son oreille :


- Oh non. Je veux que tu assistes au spectacle, impuissante que tu es... et seras.

Ah, le sadisme suicidaire...
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