Madame.de.
Citation:
Amie,
Voulez-vous mon avis de la Bretagne ? Il est simple, à dire vrai. Il s'agit là d'un groupuscule de mauvais joueurs. Ils ne sont en tout cas rien de plus.
Le Grand Duché qui n'a de Grand que l'orgueil est le refuge de ces hommes et de ces femmes qui, il y a encore peu, ont prétendu à une indépendance.
Pourquoi mauvais joueurs me direz-vous ? L'affaire est aisée, très chère. Leur Cour est pitoyable, leur influence déplorable et ils s'ennuient, dans leur coin de France. Et que font huit abrutis qui ne savent que faire, parce qu'ils ont trop voulus, et qu'ils furent seuls ? Ils vont embêter les autres, parce que la chose est simple : ils n'assument en rien l'indépendance trop vite cédée par le Roi Fol. Voyez, l'on leur offre la liberté, l'autonomie, et les voilà bien vite empressés d'Alliance, et une alliance vous attache.
Ces importuns sont en réalité bien faibles. Ils tirent leur force de la crédulité de Provinces lassées d'une Couronne qui, trop longtemps, les a dédaigné. Mais à qui le doit-on ? Ne sont-ce pas des Nebisa et autres Armoria qui oublièrent le sens même de Diplomatie ? Qui, imbues, ne cessèrent d'isoler ce qui devint le Ponant ? Elles sont la cause de bien des choses. Pourtant, un manteau de Pair aurait parfois été une carotte suffisante pour éviter la sédition.
D'aucuns blâmeront Béatrice, mais à son arrivée, elle n'a fait que contenir ce que la grosse avait déjà embrasé.
Est-ce leur faute, à elles, ces femmes inutiles ?
Je ne sais. Elles ne sont pour rien en la bêtise des hommes. Bretagne, Provence : ces gens nous pourrissent. On leur dit : bien, prenez votre envol, allez au diable et laissez-nous. Ils partent le temps de six mois, et reviennent quémander de l'attention ensuite. Pauvres, pauvres bretons. Je les plains, avec leur vue sur un Mont Saint Michel que ma foi, je n'ai jamais trouvé qu'humide.
Voulez-vous connaître l'issue de cette guerre ? Lorsque la Reine Nebisa passera à trépas, tous ceux qui ont rejeté Couronne et Royaume de France - entendez poussins et autres créatures à fausses plumes - se jetteront sur iceux. Le Royaume ; ils y reviendront, parce que ce n'est pas l'oppression dont ils souhaitent s'affranchir, nenni. Ils souhaitent en fait l'appliquer aux autres.
Mais les conséquences de cela sont simples. Là où ces mauvais bretons, ces sales angevins, ces flamands versatiles se sont amusés, là où ils ont causé un brouillard géopolitique indéfinissable, une situation d'où se tirer sera décourageant, ils ne laisseront qu'un vide. Tous ces enjeux furent mal réglés. Tout cela fut traité par des enfants sans conscience de leurs actes. La France est un terrain de sable, et les chiens y vont faire leurs étrons les plus gras. Lassitude est un mot idéal : la lassitude aura dépeuplé le Royaume, ou le fera.
A l'issue de cela, nos terres seront défigurées, et le cours même de notre Histoire aura perdu son sens, sa nature.
Que le Très Haut entende mes prières. Qu'il nous offre un retour en le temps, et qu'il éradique la peste bretonne, où lui donne de quoi se faire les dents. Nous ne demandions rien.
Mais le Très Haut. La moitié du clergé n'est-il pas breton ? Et sous couvert d'universalité, n'a-t-il pas propagé le choléra ? N'a-t-il pas laissé impunis les hérétiques, pour peu qu'ils se rachetaient en travaillant pour le félon ? N'a-t-il pas failli à garantir la paix ? Le clergé est une plaie, une plaie.
Un Sancte von Frayner vaut peut-être douze Clodeweck de Montfort. Ce nom même est un vomissement quotidien. Je ne me confesse plus, tant je crains que mes colères du soir ne servent à l'ennemi. Tous des fourvoyés, que l'on appelle Princes.
Non, Athénaïs, vous n'aurez pas les nouvelles de la Cour aujourd'hui. La Cour, elle survit, elle se donne l'air de vivre, mais ces danses macabres ne sont qu'un voile.
Mais enfin, n'ai-je pas entendu un jour qui si nous voulons que tout reste tel qu'il est, il faut que tout change ? L'expansion d'un Royaume Ponantais ne fera que recréer un Royaume de France ; et chacun le sait, les Rois se valent tous, à peu de choses près.
Lisez cette lettre à votre cercle. Dites-moi leur pensée.
Adieu. Saint Louis bénisse le Royaume de France, ou ce qu'il en restera.
- A la Maréchale de.
Amie,
Voulez-vous mon avis de la Bretagne ? Il est simple, à dire vrai. Il s'agit là d'un groupuscule de mauvais joueurs. Ils ne sont en tout cas rien de plus.
Le Grand Duché qui n'a de Grand que l'orgueil est le refuge de ces hommes et de ces femmes qui, il y a encore peu, ont prétendu à une indépendance.
Pourquoi mauvais joueurs me direz-vous ? L'affaire est aisée, très chère. Leur Cour est pitoyable, leur influence déplorable et ils s'ennuient, dans leur coin de France. Et que font huit abrutis qui ne savent que faire, parce qu'ils ont trop voulus, et qu'ils furent seuls ? Ils vont embêter les autres, parce que la chose est simple : ils n'assument en rien l'indépendance trop vite cédée par le Roi Fol. Voyez, l'on leur offre la liberté, l'autonomie, et les voilà bien vite empressés d'Alliance, et une alliance vous attache.
Ces importuns sont en réalité bien faibles. Ils tirent leur force de la crédulité de Provinces lassées d'une Couronne qui, trop longtemps, les a dédaigné. Mais à qui le doit-on ? Ne sont-ce pas des Nebisa et autres Armoria qui oublièrent le sens même de Diplomatie ? Qui, imbues, ne cessèrent d'isoler ce qui devint le Ponant ? Elles sont la cause de bien des choses. Pourtant, un manteau de Pair aurait parfois été une carotte suffisante pour éviter la sédition.
D'aucuns blâmeront Béatrice, mais à son arrivée, elle n'a fait que contenir ce que la grosse avait déjà embrasé.
Est-ce leur faute, à elles, ces femmes inutiles ?
Je ne sais. Elles ne sont pour rien en la bêtise des hommes. Bretagne, Provence : ces gens nous pourrissent. On leur dit : bien, prenez votre envol, allez au diable et laissez-nous. Ils partent le temps de six mois, et reviennent quémander de l'attention ensuite. Pauvres, pauvres bretons. Je les plains, avec leur vue sur un Mont Saint Michel que ma foi, je n'ai jamais trouvé qu'humide.
Voulez-vous connaître l'issue de cette guerre ? Lorsque la Reine Nebisa passera à trépas, tous ceux qui ont rejeté Couronne et Royaume de France - entendez poussins et autres créatures à fausses plumes - se jetteront sur iceux. Le Royaume ; ils y reviendront, parce que ce n'est pas l'oppression dont ils souhaitent s'affranchir, nenni. Ils souhaitent en fait l'appliquer aux autres.
Mais les conséquences de cela sont simples. Là où ces mauvais bretons, ces sales angevins, ces flamands versatiles se sont amusés, là où ils ont causé un brouillard géopolitique indéfinissable, une situation d'où se tirer sera décourageant, ils ne laisseront qu'un vide. Tous ces enjeux furent mal réglés. Tout cela fut traité par des enfants sans conscience de leurs actes. La France est un terrain de sable, et les chiens y vont faire leurs étrons les plus gras. Lassitude est un mot idéal : la lassitude aura dépeuplé le Royaume, ou le fera.
A l'issue de cela, nos terres seront défigurées, et le cours même de notre Histoire aura perdu son sens, sa nature.
Que le Très Haut entende mes prières. Qu'il nous offre un retour en le temps, et qu'il éradique la peste bretonne, où lui donne de quoi se faire les dents. Nous ne demandions rien.
Mais le Très Haut. La moitié du clergé n'est-il pas breton ? Et sous couvert d'universalité, n'a-t-il pas propagé le choléra ? N'a-t-il pas laissé impunis les hérétiques, pour peu qu'ils se rachetaient en travaillant pour le félon ? N'a-t-il pas failli à garantir la paix ? Le clergé est une plaie, une plaie.
Un Sancte von Frayner vaut peut-être douze Clodeweck de Montfort. Ce nom même est un vomissement quotidien. Je ne me confesse plus, tant je crains que mes colères du soir ne servent à l'ennemi. Tous des fourvoyés, que l'on appelle Princes.
Non, Athénaïs, vous n'aurez pas les nouvelles de la Cour aujourd'hui. La Cour, elle survit, elle se donne l'air de vivre, mais ces danses macabres ne sont qu'un voile.
Mais enfin, n'ai-je pas entendu un jour qui si nous voulons que tout reste tel qu'il est, il faut que tout change ? L'expansion d'un Royaume Ponantais ne fera que recréer un Royaume de France ; et chacun le sait, les Rois se valent tous, à peu de choses près.
Lisez cette lettre à votre cercle. Dites-moi leur pensée.
Adieu. Saint Louis bénisse le Royaume de France, ou ce qu'il en restera.
- Madame de.