Guillaume_de_jeneffe
Pas un mot dexcuse. Pas de parole de gêne. Pas de promesse de condoléances. La jeune fille reste muette comme une tombe. Au vrai, pendant les instants qui précèdent son geste auquel je vais arriver, ne vous en faites pas, chers lecteurs Guillaume la remercie mentalement. Rester dans le silence dun deuil qui reprend sans toujours sannoncer, voila qui ne lui déplaisait pas vraiment, au fond. Car il ne voulait en sortir trop rapidement. Le souvenir dun passé heureux vous rend toujours un peu du bonheur de ce passé, ait-il même disparu dans les plus affreuses des circonstances.
Cest en silence quil pense et sadresse à elle. Elle qui a disparu et qui, il nen doute pas, le voit et sait ce quil est devient. « Oui tu me vois, et tu retrouves en moi le jeune chevalier de la chevauchée de Saint-Laurent Tu vois, je nai guère changé, au fond ». Il lui sourit, comme si elle pouvait le voir, comme il sourirait à une grande sur quil na jamais eu, à une confidente quelle fut, tout au long des années quils vécurent lun à côté de lautre.
Avant que lon ne prenne ses mains entre une chair bien réelle, cette fois, que lon y diffuse une chaleur nouvelle et que lon sappuie sur son plastron comme on le ferait dun oreiller de plumes doie. Dune traction presque imperceptible, le chevalier repasse au pas. Tant quelle ne le collait pas, le trot ne posait aucun souci, mais maintenant quelle se rappelait à lui et se reposait sur son torse de métal, la chose nétait plus guère possible. Il retrouve un instant lodorat et inspire en grand les fragrances qui lui parviennent. De la forêt et du corps féminin qui se colle à lui.
Il la sait compliquée, croit deviner la raison de sa nouvelle attitude. Souvent femme varie, disait-on. Peut-être. Mais cette variation était loin de lui déplaire. Au moins les éclats et les incompréhensions passées ne lui revenaient pas au visage comme des traits darbalètes. Calmé, presque, il sentit la tension se relâcher dans sa nuque et ses bras. Dun geste mille fois plus lent que daccoutumée, il baisse la tête pour déposer, sur la joue gauche de la pucelle, un doux et chaste baiser.
- Merci.
Et se redresse, les yeux tentant de discerner le chemin qui souvrait devant eux.
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Cest en silence quil pense et sadresse à elle. Elle qui a disparu et qui, il nen doute pas, le voit et sait ce quil est devient. « Oui tu me vois, et tu retrouves en moi le jeune chevalier de la chevauchée de Saint-Laurent Tu vois, je nai guère changé, au fond ». Il lui sourit, comme si elle pouvait le voir, comme il sourirait à une grande sur quil na jamais eu, à une confidente quelle fut, tout au long des années quils vécurent lun à côté de lautre.
Avant que lon ne prenne ses mains entre une chair bien réelle, cette fois, que lon y diffuse une chaleur nouvelle et que lon sappuie sur son plastron comme on le ferait dun oreiller de plumes doie. Dune traction presque imperceptible, le chevalier repasse au pas. Tant quelle ne le collait pas, le trot ne posait aucun souci, mais maintenant quelle se rappelait à lui et se reposait sur son torse de métal, la chose nétait plus guère possible. Il retrouve un instant lodorat et inspire en grand les fragrances qui lui parviennent. De la forêt et du corps féminin qui se colle à lui.
Il la sait compliquée, croit deviner la raison de sa nouvelle attitude. Souvent femme varie, disait-on. Peut-être. Mais cette variation était loin de lui déplaire. Au moins les éclats et les incompréhensions passées ne lui revenaient pas au visage comme des traits darbalètes. Calmé, presque, il sentit la tension se relâcher dans sa nuque et ses bras. Dun geste mille fois plus lent que daccoutumée, il baisse la tête pour déposer, sur la joue gauche de la pucelle, un doux et chaste baiser.
- Merci.
Et se redresse, les yeux tentant de discerner le chemin qui souvrait devant eux.
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