Victorine
Attila était mort dans de tragiques et mystérieuses circonstances dont nul ne parlait en présence de Victorine ou de tout Ysegrin que ce fut. Le Vicomte de Saint-Pardoux n'était plus, c'était un fait. Il avait emporté avec lui sa fureur, la cruauté de ses mots, la suprême arrogance de son panache. Mais aussi la fêlure de son âme, sa sensibilité secrète, sa louve douceur.
Le Vic' était mort mais la Vic était bel et bien là.
Vous allez me dire, rien de comparable. Regardez-la donc, cette divine enfant, cette blondeur sacrée, sa robe immaculée, ses sourires à donner le bon dieu sans confession. Si jeune, elle ne peut être qu'ignorante de la vie, inconsciente des alliances qui se trament, des stratégies qui se montent, des complots naissants. Introduisons-la sans crainte en notre bergerie.
Victorine a les yeux verts et purs. La légende dit que, dans le jaune du regard Ysengrin, est tombé une goutte d'azur d'une mère inconnue. Adoptée, bâtarde, illégitime, nul ne saura jamais. En tout cas le chef de meute l'avait reconnue comme sienne fille, petite merveille qu'il avait prévu de choyer sa vie entière.
Parfois, on prévoit de vivre vieux...
Ces yeux verts ont pleuré, en secret. Mais vous ne les verrez que s'assombrir à l'évocation de ce père aimé. Car elle sait que nul ne peut comprendre cet amour qui les liait. Nul n'a saisi cette sensibilité masquée de babines retroussées, de coups de crocs et de crinière hérissée.
A quelques jours de la date fatidique, Victorine prit la plume et invita le seul qu'elle était sûre de ne pas croiser à la taverne pour le prévenir : son ami de toujours, Aymeric de Wroclaw, sans savoir qu'il était en fait dans un piteux état au monastère. Et comme d'habitude, elle s'évertua à le faire fulminer à la lecture du début de la lettre. C'était un sale jeu entre eux : se faire croire mille engagements ailleurs, pour mieux se retrouver à la fin.
A ce jeu, parfois, la mort gagne.
C'est pas malin.
Le Vic' était mort mais la Vic était bel et bien là.
Vous allez me dire, rien de comparable. Regardez-la donc, cette divine enfant, cette blondeur sacrée, sa robe immaculée, ses sourires à donner le bon dieu sans confession. Si jeune, elle ne peut être qu'ignorante de la vie, inconsciente des alliances qui se trament, des stratégies qui se montent, des complots naissants. Introduisons-la sans crainte en notre bergerie.
Victorine a les yeux verts et purs. La légende dit que, dans le jaune du regard Ysengrin, est tombé une goutte d'azur d'une mère inconnue. Adoptée, bâtarde, illégitime, nul ne saura jamais. En tout cas le chef de meute l'avait reconnue comme sienne fille, petite merveille qu'il avait prévu de choyer sa vie entière.
Parfois, on prévoit de vivre vieux...
Ces yeux verts ont pleuré, en secret. Mais vous ne les verrez que s'assombrir à l'évocation de ce père aimé. Car elle sait que nul ne peut comprendre cet amour qui les liait. Nul n'a saisi cette sensibilité masquée de babines retroussées, de coups de crocs et de crinière hérissée.
A quelques jours de la date fatidique, Victorine prit la plume et invita le seul qu'elle était sûre de ne pas croiser à la taverne pour le prévenir : son ami de toujours, Aymeric de Wroclaw, sans savoir qu'il était en fait dans un piteux état au monastère. Et comme d'habitude, elle s'évertua à le faire fulminer à la lecture du début de la lettre. C'était un sale jeu entre eux : se faire croire mille engagements ailleurs, pour mieux se retrouver à la fin.
A ce jeu, parfois, la mort gagne.
C'est pas malin.
Citation:
Mon cher Aymeric,
Je vous sais en retraite volontaire et j'espère qu'une part de vos pensées est pour moi. Pas tout pour Aristote ! Moi, je pense à vous, souvent. Vous me connaissez, même si j'écris peu, vous demeurez en mon cur.
Amicalement bien entendu.
Par cette lettre, je vous annonce un fait marquant, un tournant dans ma vie de jeune femme qui va déterminer tout mon avenir. Il était plus que temps, Mère m'avait prévenue qu'il me faudrait être forte et quitter le nid. Voila, tout est prévu, j'habiterai Sainte Feyre la Montagne, mon nouveau fief.
Pour cette occasion que je vous invite à assister à la petite cérémonie qui sera donnée à Saint Pardoux en présence d'Arnaut de Malemort. Ce sera une occasion de revoir votre ami (?) et pour moi de vous serrer dans mes bras.
Avec une chaleur toute amicale, bien entendu.
Je vous embrasse,
Vôtre pour toujours, Victorine.
Je vous sais en retraite volontaire et j'espère qu'une part de vos pensées est pour moi. Pas tout pour Aristote ! Moi, je pense à vous, souvent. Vous me connaissez, même si j'écris peu, vous demeurez en mon cur.
Amicalement bien entendu.
Par cette lettre, je vous annonce un fait marquant, un tournant dans ma vie de jeune femme qui va déterminer tout mon avenir. Il était plus que temps, Mère m'avait prévenue qu'il me faudrait être forte et quitter le nid. Voila, tout est prévu, j'habiterai Sainte Feyre la Montagne, mon nouveau fief.
Pour cette occasion que je vous invite à assister à la petite cérémonie qui sera donnée à Saint Pardoux en présence d'Arnaut de Malemort. Ce sera une occasion de revoir votre ami (?) et pour moi de vous serrer dans mes bras.
Avec une chaleur toute amicale, bien entendu.
Je vous embrasse,
Vôtre pour toujours, Victorine.
_________________